Nous sommes le 2 décembre, date de la bataille d’Austerlitz. Il n’est pas nécessaire de présenter plus avant cette grande victoire de l’empereur Napoléon Ier. Plus de 85 000 soldats austro-russes sont défaits par environ 75 000 combattants français.
Cette bataille est très intéressante puisqu’elle permet de souligner deux éléments tactiques importants : la diversion ainsi que l’utilisation de l’environnement, dont la prise du fameux plateau de Pratzen est très représentative.

Avant même cette bataille, Napoléon fit en sorte de laisser ses ennemis gagner en confiance, en nourrissant le doute quant à sa force véritable : ainsi il replia par endroits ses troupes et demanda des pourparlers (qui permettraient par ailleurs d’évaluer le dispositif ennemi). Le but est clair, persuader les austro-russes qu’ils ont l’avantage et les pousser au combat sans attendre les renforts de l’Archiduc Charles.
Comme convenu, ceux-ci n’attendirent pas et les hostilités purent débuter. Cependant, la déception de l’adversaire n’inclut pas uniquement ce passage à l’acte : elle concerne aussi la mise en place du dispositif français. Napoléon Ier a volontairement délaissé le plateau de Pratzen qui domine le champ de bataille et présente à l’ennemi un flanc droit affaibli. L’objectif poursuivi est simple : pousser ses adversaires à s’attaquer à son aile vulnérable, et, de ce fait, les contraindre à affaiblir leurs positions, notamment sur le plateau. Plus qu’un avantage tactique, c’est un avantage stratégique qu’il « offre » aux coalisés, cette direction leur permettant, en cas de succès, de couper la route vers Vienne, que ces derniers pensent être la voie de retraite que suivrait l’armée française en cas de défaite – alors même qu’en cas d’échec, Napoléon Ier se dirigerait plutôt vers Paris -.
L’environnement joue un rôle important à ce stade. Les forces du flanc droit français, composées de cavaliers, du 3e de ligne et de la division Legrand, peuvent s’appuyer sur deux localités, Sokolnitz et Telnitz, ainsi que sur le renfort des troupes de Davout, arrivées depuis Vienne. Les Austro-russes, motivés par leur supposé avantage, lancent leur attaque principale dessus et semblent près de l’emporter par leur supériorité numérique. Au nord, des combats s’engagent aussi, où les forces françaises tiennent bon. Mais c’est au centre que tout se joue. Les forces coalisées ont dégarni le plateau de Pratzen pour attaquer le flanc droit français. Toutefois, ces troupes en marche sont soudainement attaquées sur leur propre flanc par les troupes de Soult – au centre du dispositif français -, qui montent à l’assaut du plateau.

La confusion est telle que les Français s’emparent de la hauteur et exploitent ses avantages : en déployant leur artillerie dessus et en s’y fixant, ils coupent l’armée ennemie en deux et la surplombent. Aussi, les contre-attaques austro-russes s’épuisent dans la montée du plateau tout en subissant un feu d’enfer causant de lourdes pertes et renforçant la confusion. Celle-ci finit par se transformer en déroute une fois les forces austro-russes repoussées – dont la Garde impériale russe – au prix de violents affrontements.
Au nord et au sud, les coalisés sont aussi battus. Isolées, leurs forces se replient en bon ordre au nord, tandis qu’au sud, la débâcle est générale. La victoire française est donc totale.
Austerlitz constitue ainsi un excellent exemple de diversion et d’utilisation de l’environnement pour en tirer un maximum d’avantages. En somme, un véritable cas d’école.
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