Au Japon, la division des grandes périodes temporelles n’est pas la même qu’en occident. Nous remarquons, en effet, que l’archipel n’entre dans sa période médiévale qu’à l’issu d’une période de transition avec l’Antiquité durant la seconde moitié du XIIe siècle. Cette période de transition délimite un ensemble de conflits pour obtenir le pouvoir politique et militaire entre divers acteurs : la maison impériale, la grande maison aristocratique Fujiwara 藤原, certains grands temples bouddhiques et sanctuaires shintoïstes, et deux clans aux origines aristo-guerrières , les Minamoto 源 (ou Genji 源氏) et les Taira 平 (ou Heike 平家, ou Heishi 平氏).
Elle atteindra son paroxysme entre 1180 et 1185, avec ce qui fut appelé à postériori Jishō-Juei no ran 治承・寿永の乱, « le conflit des ères Jishō et Juei »[1], ou plus communément Genpei no sōran 源平の争乱, « le conflit de Genpei »[2]. De cette période émergea un vainqueur : Minamoto no Yoritomo 源頼朝 (1147-1199), premier véritable shōgun 将軍[3] de l’archipel, et qui instaura en 1192 un bakufu 幕府, un gouvernement féodal.

Sur l’archipel, cette période de transition fut contée à travers trois textes épiques[4] : le Hōgen monogatari 『保元物語』[5], le Heiji monogatari 『平治物語』[6], et le Heike monogatari 『平家物語』[7]. Récités par des biwa hōshi 琵琶法師, soit des conteurs itinérants et aveugles jouant du biwa 琵琶 (un luth à quatre cordes), ces textes, et en particulier le Heike monogatari, ont participé à la popularisation de certaines grandes valeurs de la culture japonaise. Ils ont, par exemple, mis en avant la « Voie de l’arc et du cheval », kyūba no michi 弓馬の道, qui peut être considérée comme l’ancêtre de la « Voie du guerrier », le bushidō 武士道.
Nous pouvons également voir dans ces œuvres les premières représentations de seppuku 切腹, une forme ritualisée de suicide par l’éventrement qui s’est développée durant l’époque médiévale au sein de la seigneurie et de la haute classe guerrière. De plus, ces textes participent à la promulgation de thèmes bouddhiques tels l’impermanence de toute chose et la vanité du monde, ou encore la pratique du nenbutsu 念仏 qui consiste à imaginer et penser aux mérites des bouddha et des boddhisattva et prononcer (si possible à voix haute) leurs noms[8].

En outre, ces textes furent compilés environ un siècle après les faits qu’ils narrent. Nous notons même que, dans le cas du Heike monogatari, certaines personnes ayant vécu les évènements – soit des témoins directs – étaient encore en vie lorsque l’œuvre épique fut mise à l’écrit. Ainsi, de par, entre autres, ce court intervalle de temps entre la réalisation et la rédaction, le Heike monogatari est considéré comme étant une source historique relativement fiable. Bien sûr, l’histoire a été quelque peu remaniée afin d’être romantisée et dramatisée, mais son squelette, soit les conflits et batailles que le texte relate, est considéré comme relativement fidèle aux évènements qui se sont réellement produits.
De fait, le Heike monogatari fut pendant longtemps utilisé par la grande majorité des chercheurs japonais comme source historique primaire, et l’est encore de nos jours par certains historiens dans le monde entier. Nous pouvons, par exemple, remarquer que l’Azuma kagami 『吾妻鏡』(Le Miroir de l’Est), une chronique historique du bakufu allant de 1180 à 1266 qui fut compilée entre la seconde moitié du XIIIe siècle et la première moitié du XIVe siècle, reprend des éléments de ce texte épique. Bien plus récemment, l’historien Stephen Turnbull a utilisé le Heike monogatari comme l’une de ses deux sources primaires principales[9] lors de la rédaction en 2016 de son ouvrage The Gempei War – 1180-85[10].
L’histoire militaire fut donc utilisée comme base de la littérature et de la culture populaire, il s’agit d’un phénomène que nous pouvons retrouver dans une très grande majorité de sociétés qui connurent l’émergence des textes épiques. Néanmoins, au Japon, nous pouvons observer que la littérature épique fut, à son tour, utilisée afin de « refaire » de l’histoire militaire. Or, avec l’avancée de la recherche, nous savons de nos jours que certaines données, notamment le nombre de soldats participant aux batailles, furent exagérées. De même, l’authenticité des dialogues et de la plupart des épisodes romantiques inclus dans ces œuvres est, à raison, constamment remise en question.
Ainsi, nous pouvons nous demander en quoi devrions-nous toujours estimer les faits énoncés relatifs aux batailles comme étant certains, ou ne serait-ce que relativement fiable, comme l’ont fait avant nous de très nombreux historiens ? Dans cet article, nous nous attarderons sur l’exemple de la « bataille » de la rivière Fuji 富士川 (1180) dans le but de montrer que la littérature peut entraver la transmission de l’histoire militaire. Dans un premier temps, nous résumerons le contexte historique de cette « bataille » et montrerons en quoi elle fut décisive pour l’issue du conflit de Genpei. Puis, nous confronterons les versions de plusieurs sources dites « primaires » sur le déroulement de cette « bataille » afin d’essayer de déterminer comment et pourquoi l’une de ses versions est préférée à une autre par une grande majorité des historiens.
Le contexte historique
à partir du milieu des années 1150 et ce durant environ vingt-cinq années, nous pouvons observer que le clan d’origines guerrières et provinciales Taira s’est progressivement inséré dans le milieu aristocratique et politique de la cour impériale de Heian-kyō 平安京[11]. Son chef, Taira no Kiyomori 平清盛 (1118-1181), gagna de manière exponentielle en puissance économique, guerrière, politique et sociale.
à la fin des années 1170, le clan Taira était devenu omnipotent : ses principaux membres occupaient les grandes fonctions « gouvernementales » et administratives de la cour, Kiyomori décidait de la succession impériale[12], les Taira s’étaient débarrassés de leurs ennemis politiques et avaient isolés l’empereur retiré Go-Shirakawa 後白河院 (1127-1192) avec qui Kiyomori se disputait le pouvoir auparavant. Le prince héritier, futur empereur Antoku 安徳天皇 (1178-1185), était même d’ascendance Taira[13], ce qui donnait au clan l’opportunité d’instaurer une nouvelle lignée impériale et une régence Taira comme l’avaient fait la famille Fujiwara durant plus de deux siècles par le passé.

Néanmoins, ils ne faisaient pas l’unanimité à la cour : leurs méthodes peu conventionnelles et leurs origines provinciales déplaisaient à l’aristocratie. Ainsi, le régime Taira fut petit à petit remis en questions, et, en 1180, le prince Mochihito 以仁王 (1151-1180), soutenu par Minamoto no Yorimasa 源頼政 (1104-1180), produisit un édit incitant à renverser les Taira. Il appela aux armes les clans guerriers de province, notamment les diverses branches du clan Minamoto, qui étaient alors éparpillées sur l’ensemble du territoire et sans réel chef depuis le conflit de Heiji en 1159.
Cette tentative de « coup d’Etat » fut cependant déjouée, le prince Mochihito tué et Yorimasa poussé au suicide lors de la bataille du pont de la rivière Uji 宇治川 le vingt-sixième jour du cinquième mois de l’année 1180. Toutefois, cet édit et la mort du prince provoquèrent l’entrée en rébellion de plusieurs leaders militaires provinciaux, et Kiyomori ordonna d’arrêter tous ceux qui reçurent l’édit du prince.
Minamoto no Yoritomo, techniquement à la tête de sa branche du clan mais sans réel grand pouvoir ou soutien militaire, fut l’un de ceux qui entra en rébellion contre les Taira peu après la mort du prince. Il prit le parti d’attaquer rapidement et de manière locale les porteurs d’autorité Taira de sa province afin de contrer une potentielle arrivée de renforts militaires et pour se garantir un effet de surprise.
Après une première victoire à Yamagi 山木, il subit cependant une lourde défaite à Ishibashi-yama 石橋山 face à un vassal de Kiyomori, O.oba Kagechika 大庭景親 ( ?-1180), originellement envoyé défaire le petit-fils de Yorimasa, Minamoto no Aritsuna 源有綱 ( ?-1186) [14], mais qui prit la décision d’attaque Yoritomo lorsqu’il apprit la nouvelle de sa victoire à Yamagi. Yoritomo parvint à s’échapper de justesse, et comprit qu’il lui faudrait du soutien militaire supplémentaire pour défaire les Taira. Yoritomo partit ainsi en campagne politique autour de Kamakura afin de rassembler une armée anti-Taira avec le soutien de seigneurs locaux. Le septième jour du dixième mois de l’année 1180, il arriva à Kamakura où il établit son quartier général[15].

De son côté, Kiyomori, avec le support des hauts dignitaires de la cour impériale, décida d’envoyer des troupes dans l’Est du pays afin de mettre fin à la rébellion de Yoritomo. Les troupes Taira, menées par Taira no Koremori 平維盛 (1158-1184, petit-fils de Kiyomori), partirent de la capitale le vingt et unième jour du neuvième mois de l’année 1180[16]. Néanmoins, Koremori subit le mois suivant une lourde défaite alors que ses troupes campaient sur une rive de la rivière Fuji dans la province de Suruga 駿河国. Montrant que les Taira n’étaient pas invincibles, la nouvelle de cette défaite provoqua l’entrée en rébellion de nouveaux chefs militaires et seigneurs locaux qui se joignirent aux deux principaux leaders de l’époque : Yoritomo et Minamoto no Yoshinaka 源義仲 (ou Kisō Yoshinaka 木曽義仲, 1154-1184) qui lança sa révolte de la province de Shinano 信濃国.

à la suite de cette bataille de la rivière Fuji, Yoritomo gagna beaucoup en réputation de chef militaire, il devint un homme à craindre, et fut notamment rejoint par son frère cadet Yoshitsune 源義経 (1159-1189) qui devint l’un de ses principaux généraux et gagna de nombreuses victoires majeures et décisives durant cette période de conflit[17]. En outre, cette bataille fut également la première réelle défaite des Taira, elle fut une humiliation qui les poussa à prendre de mauvaises décisions stratégiques par la suite. Cette bataille fut ainsi décisive, il s’agit de la première pierre de l’édifice que fut la défaite Taira, et donc l’entrée dans la féodalité et le début du régime shôgunal de l’époque Kamakura 鎌倉時代 (1185-1333), elle fut la première véritable victoire pour les rébellions anti-Taira, et elle est généralement attribuée par les historiens à Minamoto no Yoritomo et son armée.
La version « shôgunale »
Qu’il s’agisse d’un livre d’histoire japonaise générale ou traitant plus en particulier du conflit de Genpei, nous remarquons, comme nous l’avons noté dans notre introduction, que la version de cette « bataille » communément admise et mise en avant est celle donnée par le Heike monogatari, à laquelle sont ajoutés quelques détails supplémentaires avancés par l’Azuma kagami. Soit respectivement un texte épique et une chronique. La première version écrite du Heike monogatari fut probablement compilé entre 1220 et 1250 par un aristocrate nommé Fujiwara no Yukinaga 藤原行長 (dates inconnues, XIIe siècle) s’étant fait moine.
La version la plus connue et répandue de nos jours est la Kaku.ichi-bon 覚一本, « le livre de Kaku.ichi », qui fut dictée par le biwa hōshi Akashi Kaku.ichi 明石覚一 (?-1371) à l’un de ses disciples peu avant sa mort en 1371. Cette version est divisée en treize rouleaux, chacun divisé en épisodes formant des unités narratives presque autonomes. L’Azuma kagami, quant à elle, est une chronique commandée par le gouvernement shōgunal et narrant en cinquante-deux[18] volumes les événements des années 1180 à 1266. La première moitié de la chronique fut compilée durant la seconde moitié du XIIIe siècle, et la seconde moitié au début du XVIe siècle. Ses compilateurs sont inconnus.
Le Heike monogatari, comme son titre l’indique, vient conter l’histoire des Heike, soit l’avènement puis la chute de l’orgueilleux clan Taira. Ainsi, dans les épisodes onze et douze du cinquième rouleau, l’œuvre narre la « bataille » de la rivière Fuji. Elle nous indique que Taira no Koremori, suivi de son grand-oncle Taira no Tadanori 平忠度(1144-1184) et de 30 000 hommes, aurait été envoyé dans l’Est du pays afin de réprimer la rébellion de Yoritomo. Il aurait quitté la capitale impériale de Fukuhara 福原[19] le dix-huitième jour du neuvième mois de l’année 1180, et atteint la province de Suruga le seizième jour du mois suivant[20].
Ayant recruté des hommes sur son chemin, environ 70 000 hommes appartenant à l’armée Taira auraient alors établis leur camp sur la rive ouest de la rivière Fuji. Selon le récit, Koremori aurait proposé de travers le col d’Ashigara 足柄峠 afin d’affronter Yoritomo dans la région du Kantō 関東. Néanmoins, un autre commandant de l’armée Taira, Fujiwara no Tadakiyo 藤原忠清 (?-1185), souhaitant attendre des renforts, l’en aurait dissuadé. Au même moment, Yoritomo et ses troupes auraient passé ce même col d’Ashigara et, rejoint par les Minamoto de Kai 甲斐源氏 et de Shinano 信濃源氏, un total de 200 000 hommes aurait alors établi leur camp près de la rivière Kise 黄瀬川.

Apprenant cette nouvelle, Tadakiyo aurait alors annoncé regretter le fait que les Taira aient précipité leur départ de la capitale, les empêchant de rassembler plus d’hommes. Les dirigeants de l’armée Taira auraient également été informés du fait que les Minamoto de Kai et de Shinano disposeraient d’une bonne connaissance du terrain, leur facilitant une potentielle attaque par revers. Toutefois, les deux camps auraient convenu que le ya awase 矢合わせ – un échange de flèches rituel signalant le début d’une bataille à l’époque – aurait lieu le matin du vingt-quatrième jour du dixième mois.
Durant la nuit précédant la bataille, de nombreux soldats Taira auraient désertés et, faisant tout de même camp dans les environs, auraient allumé des feux. Le nombre important de ces feux auraient alors effrayé les soldats Taira qui pensaient être encerclés par l’armée Minamoto. En outre, au milieu de la nuit, un grand groupe d’oiseaux aquatiques aurait pris son envol d’un coup. Prenant le vacarme du battement des ailes pour une armée les attaquant, la majorité des soldats Taira, terrifiés, auraient pris la fuite dans un désordre général.

Le vingt-quatrième jour au matin, les troupes Minamoto auraient traversé la rivière Fuji et découvert le camp Taira complètement abandonné. Yoritomo aurait alors déclaré qu’il ne méritait aucun crédit car cette victoire était celle du boddhisattva Hachiman 八幡大菩薩, le protecteur du clan Minamoto. S’inquiétant de la force de son arrière-garde, Yoritomo aurait donc décidé de ne pas poursuivre les forces Taira. Le Heike monogatari narre alors que se serait répandu sur l’archipel une rumeur selon laquelle les Taira se seraient enfuis sans même avoir tiré une seule flèche par peur d’oiseaux. Les Taira sont présentés comme étant la risée du monde, et l’œuvre incorpore même des poèmes utilisant des jeux de mots afin de moquer leur lâcheté.
Ainsi, le Heike monogatari décrit en détails sa version de la bataille, mais ne donne que peu d’informations sur les Minamoto. L’Azuma kagami peut combler ce manque. Selon la chronique, Yoritomo aurait quitté son quartier général basé à Kamakura 鎌倉 le seizième jour du dixième mois de l’année 1180 afin d’affronter les troupes Taira menées par Koremori[21]. Il aurait passé le col d’Ashigara le dix-huitième jour du même mois, et serait arrivé à Kajima 賀島, près de la rivière Kise, le vingtième jours.
Tout comme dans le Heike monogatari, les Taira auraient établi leur camp sur la rive ouest de la rivière Fuji, et les estimations numérales des soldats appartenant aux deux armées sont identiques. Seules les dates changent quelque peu. La chronique narre ainsi que, durant la nuit du vingtième jour, certains hommes de Yoritomo se seraient apprêtés à contourner le camp Taira afin de les attaquer de revers, et auraient provoqué l’envol d’un grand groupe d’oiseaux aquatiques.
Ici également, les Taira se seraient imaginés subir l’attaque d’importantes troupes et, Fujiwara no Tadakiyo aurait décidé de battre en retraite, le reste de l’armée Taira le suivant promptement avant l’aube. Similairement au texte épique, l’Azuma kagami nous informe que Yoritomo aurait découvert le camp Taira vide le lendemain matin, et aurait décidé de rester stabiliser et affermir sa position dans l’Est du pays plutôt que de poursuivre les Taira.
Nous pouvons donc retrouver dans ces deux textes et récits de la « bataille » des éléments extrêmement similaires, qu’il s’agisse des chiffres avancés, des personnages principaux, ou même de l’anecdote des oiseaux aquatiques. Une version de l’histoire mélangeant les informations avancées par ces deux textes fut pendant des siècles retenue comme étant la version « officielle » et ne fut, à notre connaissance, pas remise en question avant la fin du XXe siècle. Ainsi, pour cette bataille, l’histoire militaire retint une version grandement basée sur un texte épique. Néanmoins, cette version que nous appellerons « shôgunale », peut être remise en question.
En premier lieu, nous remarquons que les estimations du nombre de soldats appartenant aux deux armées furent exagérées[22]. Il s’agit ici d’un phénomène courant dans la littérature épique, et les ouvrages japonais n’y ont pas échappé. De plus, les sources primaires subsistantes encore de nos jours ne s’accordent pas sur la date de cet « affrontement », le plaçant entre le dix-huitième et le vingt-troisième jour du dixième mois, mais ne donnant pas de jour précis identique[23].
Enfin, ce problème de concordance des dates en soulève un autre plus technique dans notre version « shôgunale ». En effet, comme l’a théorisé Akiyama Takashi 秋山敬 (1946-2011), un spécialiste de l’histoire des Minamoto de Kai, la vitesse de déplacement d’aussi grandes troupes à l’époque était de moins de trente kilomètres par jour[24]. Or, selon la temporalité proposée dans notre version « shôgunale », Yoritomo et ses troupes auraient parcouru plus de soixante-dix kilomètres en une journée : il est impossible pour les forces du futur shōgun d’avoir pu « affronter » les Taira.
La version de la cour
Ainsi, la version « shôgunale » possède de nombreux défauts et, bien qu’elle fût considérée comme possédant une base suffisamment solide pour être utilisée en tant que source primaire d’histoire militaire, nous ne pouvons plus nous y référer sans évoquer ces problèmes. En outre, bien que de nombreux historiens se soient basés par le passé, et pour certains encore aujourd’hui, sur une œuvre littéraire et une chronique rédigée environ un siècle après que les faits se soient déroulés, nous remarquons qu’il subsiste de nos jours au moins trois nikki 日記[25], des « notes journalières » de hauts fonctionnaires de la cour impériale, contemporains au conflit et citant au moins brièvement cette « bataille ».
Dans ces notes journalières écrites en sino-japonais (kanbun 漢文), les aristocrates consignaient les faits de la vie publique. Il s’agissait de recueils de précédents destinés à leur descendance. La datation, ainsi que la précision des détails fournis dans certains nikki, en font des documents historiques fondamentaux pour la compréhension des mœurs et de l’histoire de la cour impériale antique et médiévale. En outre, ces notes étaient journalières et généralement tracées dans l’immédiat des faits qu’elles reportaient. Néanmoins, concernant le conflit de Genpei, les auteurs des nikki subsistants de nos jours n’ont pas participé au conflit armé et n’étaient donc pas sur les champs de batailles, ce qui peut entraîner une certaine imprécision, voire même des erreurs, dans la narration des faits.
Des trois nikki mentionnant ou résumant la « bataille » de la rivière Fuji, nous retiendrons en particulier celui de Fujiwara (Kujō) no Kanezane 藤原(九条)兼実 (1149-1207) intitulé Gyokuyō 『玉葉』, Les Feuilles précieuses. Durant l’entièreté du conflit, Fujiwara no Kanezane était une grande figure politique de la cour impériale, et l’un des rares grands rivaux du clan Taira à ne pas avoir été exécuté, banni, ou exclu de la scène politique de l’époque. En 1180, il occupait le poste de ministre de la droite, udaijin 右大臣, soit l’une des plus hautes fonctions de la cour.
Ses notes journalières, tenues de 1164 à 1203, sont extrêmement précieuses pour la compréhension des rouages du système politique sous la direction de la figure omnipotente de Taira no Kiyomori. Dans son entrée du cinquième jour du onzième mois de l’année 1180, Kanezane retransmit par écrit ce qui lui fut rapporté de la « bataille » de la rivière Fuji[26]. Taira no Koremori étant rentré le jour même à la capitale de Fukuhara, nous pouvons supposer qu’il s’agit d’une version directement rapportée par le commandant à ses supérieurs et donc, entre autres, à Kanezane.

Ainsi, dans ses notes journalières, Kanezane rappelle tout d’abord que Koremori était arrivé dans la province de Suruga le seizième jour du dixième mois dans le contexte d’une expédition punitive contre Yoritomo[27]. Puis énonce que le jour suivant, deux messagers furent envoyés par les Minamoto de Kai à Koremori afin de lui proposer, comme le voulait la coutume, un combat entre les deux armées. Toutefois, cette demande officielle aurait été trouvée arrogante par Fujiwara no Tadakiyo, et, irrité, il aurait fait couper les têtes des messagers. Les troupes Taira étant envoyées officiellement réprimer des révoltes, Tadakiyo se serait senti supérieur aux rebelles qu’étaient les Minamoto de Kai, et ne se serait donc pas senti obligé de respecter les obligations guerrières dues à un adversaire égal en laissant les messagers vivre.
Le lendemain, soit le dix-huitième jour, Koremori aurait installé son camp sur la rive ouest de la rivière Fuji en préparation d’un affrontement avec les troupes Minamoto de Kai le dix-neuvième jour. Néanmoins, durant la nuit, des centaines de soldats Taira auraient désertés, certains rejoignant même le camp adverse, réduisant ainsi fortement les effectifs des troupes de Koremori à environ 2000 hommes. Ayant estimé l’armée des Minamoto de Kai à plus de 40 000 hommes, Fujiwara no Tadakiyo aurait alors entreprit de battre en retraite, et les autres dirigeants des troupes Taira en auraient fait de même à sa suite.
Nous notons ainsi des différences flagrantes avec la version « shôgunale ». Tout d’abord, comme nous l’avons signalé précédemment, sur les dates et effectifs des armées. L’estimation avancée pour les troupes des Minamoto de Kai nous semble encore quelque peu surestimée, mais celle des forces Taira est bien plus réaliste que les données de la version « shôgunale ».
Ensuite, nous remarquons que les oiseaux qui auraient provoqué le départ en retraite ne sont pas mentionnés. Ils sont toutefois évoqués comme étant l’une des raisons de cette fuite par l’un des trois autres nikki : le Sankaiki 『山塊記』, Notes journalières de Nakayama Tadachika, tenu par Fujiwara no (Nakayama) Tadachika 藤原(中山)忠親 (1131-1195) de 1151 à 1194.
Le troisième journal, le Kikki 『吉記』, Notes journalières de Yoshida, tenu par Fujiwara no (Yoshida) Tsunefusa 藤原(吉田)経房 (1143-1200) de 1166 à 1192, ne les mentionne pas non plus, et invoque, tout comme Kanezane, la flagrante supériorité numérique des troupes des Minamoto de Kai comme unique justification de la retraite.
Nous pouvons alors poser deux hypothèses. Soit cette anecdote d’oiseaux est issue d’une fausse rumeur parvenue aux oreilles de l’auteur du Sankaiki, soit Koremori et ses généraux auraient délibérément caché l’intervention de ces oiseaux afin de ne pas être davantage humiliés et vus comme des lâches. Ne disposant pas davantage d’arguments réfutant ou soutenant l’une de ces deux hypothèses, nous ne pouvons pas prendre position.
Enfin, la troisième différence majeure entre les notes journalières de Kanezane et la version « shôgunale », est, bien sûr, l’ennemi principal des troupes Taira. Et dans le Heike monogatari, et dans l’Azuma kagami, les Minamoto de Kai sont nommées comme faisant parti de l’armée de Minamoto no Yoritomo. Or, selon la version de Kanezane, les troupes de Yoritomo n’ont pas influencé la « bataille », car seuls les Minamoto de Kai étaient présents. Cette source historique extrêmement fiable et contemporaine aux faits vient donc contredire la version sur laquelle de très nombreux livres d’histoire militaire sont basés.
Les conséquences
Que l’armée de Minamoto no Yoritomo ait été celle qui inflige cette humiliation aux Taira, ou qu’il s’agisse des Minamoto de Kai ne change rien à l’issue du conflit. Ces deux groupes étaient unis par un ennemi commun et furent alliés, et cette victoire servit les desseins de Yoritomo, qu’il y ait participé ou non. Néanmoins, cette représentation littéraire de la « bataille » a participé à la construction d’un personnage mythique de Yoritomo, premier « grand » shōgun qui a participé à la justification et à la fortification du shôgunat de Kamakura.
Le Gyokuyō fut très probablement l’une des sources qu’utilisa le premier compilateur du Heike monogatari, mettre en avant une victoire de Yoritomo alors qu’un témoignage aussi important ne le place pas même dans les environs de la « bataille » n’est pas, à notre avis, anodin. Durant le conflit de Genpei, Yoritomo n’a gagné quasiment aucune bataille dont il était le principal général et n’a accompli aucun réel exploit guerrier. Son général et frère cadet Yoshitsune fut celui qui a mené au nom de Yoritomo les principales batailles du conflit.
Donner cette victoire à Yoritomo pouvait ainsi permettre de le légitimer comme étant un réel chef militaire et non pas juste un commandant fantôme n’ayant presque pas quitté son quartier général à Kamakura. En outre, la version « shôgunale », grâce au contraste entre les personnages Taira et Yoritomo, met franchement en avant la dévotion bouddhique, l’humilité, et les qualités de stratège de ce dernier.
La littérature épique valorise ainsi une dualité entre Taira et Yoritomo, un conflit simplifié, qui permet peut-être une meilleure compréhension pour le public qui écoute l’histoire lui être récitée par le musicien itinérant. Néanmoins, c’est cette version plutôt que la réalité historique qui fut la plus retenue et la plus retransmise, entrainant ainsi une fausse vision de l’histoire militaire avec cette dualité « Taira contre Minamoto ».
La « bataille » de la rivière Fuji n’est qu’un cas parmi d’autres dans le Heike monogatari. Il est très récurrent dans ce texte épique d’avoir des conflits complexes avec de nombreux partis simplifiés en une dualité. De nos jours, le nom le plus connu de ce conflit est « Genpei no sōran », « le conflit de Genpei », soit le conflit entre Minamoto et Taira, laissant alors de côté les grands acteurs que furent la maison de l’empereur retiré, la famille Fujiwara ou encore certains grands temples. La culture populaire a entraîné une vision simplifiée, douteuse, voire erronée de l’histoire militaire.
De nos jours encore, dans la grande majorité des livres japonais d’histoire générale, la version « shôgunale » est celle qui est privilégiée. La tendance actuelle pour les ouvrages plus spécialisés sur ce conflit ou sur l’histoire militaire japonaise est de mettre les deux versions présentées dans cet article à un niveau égal, en dénonçant parfois les problèmes que pose la version « shôgunale ». Il est extrêmement rare de voir les historiens prendre parti uniquement pour le témoignage de Fujiwara no Kanezane. En langues française et anglaise, il n’y a pas, à notre connaissance, d’ouvrages qui ait ne serait-ce que cité le témoignage de Kanezane[28].
Dans son ouvrage Histoire du Japon médiéval – Le monde à l’envers[29], le grand historien du Japon Pierre-François Souyri cite directement le Heike monogatari lorsqu’il aborde le sujet de la « bataille » de la rivière Fuji, sans même s’interroger sur l’historicité de sa source. Pire encore, l’ouvrage The Gempei War – 1180-85 de l’historien spécialiste des samurai et des ninja Stephen Turnbull (qu’il estime par ailleurs de manière particulièrement fausse dans sa note introductive comme étant « the most authoritative account of the Gempei War currently available »[30]) est presque exclusivement basé sur le Heike monogatari et comporte ainsi de très nombreuses erreurs historiques facilement corrigeable à condition d’utiliser des sources non littéraires.
Lors de l’écriture de notre propre mémoire consacré au clan Taira en 2018[31], nous avions tenté de contacter le professeur Turnbull afin de comprendre cette décision de privilégier une source littéraire. Nous sommes cependant restés sans réponse et ne pouvons donc que proposer des hypothèses. De par l’existence de traductions en langue japonaise contemporaine et en langues occidentales, le Heike monogatari est bien plus accessible que la plupart des sources historiques primaires. Choisir l’œuvre épique comme principale source serait donc une solution de facilité, ou une preuve de méconnaissance des données historiques subsistantes de nos jours.
Ainsi, à travers la préférence de l’utilisation de la littérature épique médiévale comme source par les historiens, nous pouvons observer un phénomène de remplacement de l’histoire militaire par la culture populaire, comme si un historien utilisait comme source principal un film où est réinventé et réinterprété un événement de l’histoire militaire afin d’écrire sur les faits initiaux. La culture populaire, et en particulier la littérature, a toujours été un moyen de démocratiser l’histoire militaire, mais ce n’est pas pour autant qu’elle doit la remplacer.
Pour en lire plus sur le Heike monogatari, cliquez ici !
Si vous avez aimé cet article, nous vous conseillons également :
Bibliographie sélective
–Azuma kagami 1 Yoritomo no kyohei 吾妻鏡1頼朝の挙兵 (« Le Miroir de l’Est 1 La mobilisation de l’armée de Yoritomo »), Tōkyō, Yoshikawa Kōbunkan 吉川弘文館, 2016 (1re éd., 2007), 210 p., compilé et traduit en japonais contemporain par GOMI Fumihiko 五味文彦 et HONGŌ Kazuto 本郷和人.
–Azuma kagami 2 Heishi metsubō 吾妻鏡2平氏滅亡 (« Le Miroir de l’Est 2 L’anéantissement des Heishi »), Tōkyō, Yoshikawa Kōbunkan 吉川弘文館, 2012 (1re éd., 2008), 244 p., compilé et traduit en japonais contemporain par GOMI Fumihiko 五味文彦 et HONGŌ Kazuto 本郷和人.
–Heike monogatari kaku.ichibon zen 平家物語 覚一本 全 (Le dit des Heiké), Tōkyō, Muzōno shoin 武蔵野書院, 2013, 490 p., annoté par ŌTSU Yūichi 大津雄一et HIRAFUJI Sachi 平藤幸.
-ATSUMI Kaworu 渥美かをる, Heike monogatari no kisoteki kenkyū 平家物語の基礎的研究 (« Recherches fondamentales sur le Dit des Heike »), Tōkyō, Sanshōdō 三省堂, 1962, 427 p.
-DAUVERGNE Cécile, L’Evolution des pouvoirs politique et poétique du clan Taira durant la seconde moitié du XIIe siècle, mémoire pour l’obtention du Master « Langues, cultures et sociétés du monde », INALCO, 2018, 255 p. Sous la direction de VIEILLARD-BARON Michel.
-FUJIWARA (Kujō) Kanezane 藤原(九条)兼実, Kujō kebon gyokuyō 7 九条家本玉葉7 (« Livre des feuilles précieuses du clan de la neuvième avenue, tome 7 »), Tōkyō, Kunaichō shoryōbu 宮内庁書陵部, 2001, 343 p.
-FUJIWARA (Kujō) Kanezane 藤原(九条)兼実, Kujō kebon gyokuyō 8 九条家本玉葉8 (« Livre des feuilles précieuses du clan de la neuvième avenue, tome 8 »), Tōkyō, Kunaichō shoryōbu 宮内庁書陵部, 2002, 302 p.
-FUJIWARA (Kujō) Kanezane 藤原(九条)兼実, Kujō kebon gyokuyō 9 九条家本玉葉9 (« Livre des feuilles précieuses du clan de la neuvième avenue, tome 9 »), Tōkyō, Kunaichō shoryōbu 宮内庁書陵部, 2003, 348 p.
-FUKUDA Toyohiko 福田豊彦 et SEKI Yukihiko 関幸彦, Genpei kassen jiten 源平合戦事典 (« Dictionnaire du conflit de Genpei »), Tōkyō, Yoshikawa Kōbunkan 吉川弘文館, 2006, 350 p.
-HERAIL Francine, Fonctions et fonctionnaires japonais au début du XIe siècle 3e, 4e, et 5e parties, Paris, Publications Orientalistes de France, 1997, 937 p.
-HERAIL Francine (dir.), Histoire du Japon : des origines à nos jours, Paris, Hermann, 2009, 1413 p.
-KAWAI Yasushi 川合康, Heike monogatari wo yomu 平家物語を読む (« Lire le Dit des Heike »), Tōkyō, Yoshikawa Kōbunkan 吉川弘文館, 2009, 281 p.
-KUSAKA Tsutomu 日下力 (dir.), ŌTSU Yūichi 大津雄一 (dir.), SAEKI Shin.ichi 佐伯真一 (dir.) et SAKURAI Yōko 櫻井陽子 (dir.), Heike monogatari daijiten 平家物語大事典 (« Grand dictionnaire du Dit des Heike »), Tōkyō, Tōkyō Shoseki Kabushiki Kaisha 東京書籍株式会社, 2010, 876 p.
-PIGGOTT Joan (dir.), SMITS Ivo (dir.), VAN PUT Ineke (dir.), VIEILLARD-BARON Michel (dir.), VON VERSCHUER Charlotte (dir.), Dictionnaire des sources du Japon classique – Dictionnary of sources of classical Japan, Paris, Collège de France – Institut des Hautes Etudes Japonaises, 2006, 576 p.
-SOUYRI Pierre-François, Histoire du Japon médiéval – Le monde à l’envers, Malesherbes, Perrin, 2013, 522 p.
-SOUYRI Pierre-François, Nouvelle histoire du Japon, Lonrai, Perrin, 2010, 627 p.
-TAKEMITSU Makoto 武光誠, Jinbutsu de wakaru omoshiro Genpei kassen 人物でわかるオモシロ源平合戦 (« Comprendre l’intéressant conflit de Genpei grâce aux personnages »), Tōkyō, Kadokawa Gakugei Shuppan 角川学芸出版, 2011, 204 p.
-TURNBULL Stephen, The Gempei War 1180-85, Oxford, Osprey publishing, 2016, 96 p.
-UESUGI Kazuhiko 上杉和彦, Genpei no sōran 源平の争乱 (« Le conflit de Genpei »), Tōkyō, Yoshikawa Kōbunkan 吉川弘文館, 2007, 272 p.
-UESUGI Kazuhiko 上杉和彦, Taira no Kiyomori 平清盛 (« Taira no Kiyomori »), Tōkyō, Yamagawa shuppan sha 山川出版社, 2011, 87 p.
-YAMASHITA Hiroaki 山下宏明 (dir.), Heike monogatari – Kenkyū to hihyō 平家物語 研究と批評 (« Dit des Heike, études et critiques »), Tōkyō, Yūseidō shuppan 有精堂出版, 1996, 333 p.
-YOSHIDA Kenkō 吉田兼好, Tsurezuregusa 徒然草 (« Les Heures oisives »), Tōkyō, Iwanami shoten 岩波書店, 2014 (1re éd. 1922), 438 p., annoté par NISHIO Minoru 西尾実 et YASURAOKA Kōsaku 安良岡康作.
[1] Il était à l’époque courant de nommer un conflit selon l’ère durant laquelle il eut lieu, en l’occurrence les ères de Jishō (1177-1181) et Juei (1182-1185).
[2] Le terme « Genpei » est issu de la combinaison des caractères des patronymes Taira et Minamoto, soit ceux des deux clans principaux ayant militairement et politiquement participé au conflit.
[3] Contraction du terme sei.i taishōgun 征夷大将軍, « grand général pacificateur des barbares ». Ce titre avait été utilisé à quelques reprises durant l’époque Antique, mais les pouvoirs attribués à son possesseur n’était pas les mêmes.
[4] Un quatrième texte épique, centré autour des troubles de l’ère Jōkyū 承久の乱 (1221) et nommé Jōkyūki 『承久記』, leur est généralement associé.
[5] Le dit de Hōgen, récit épique retraçant les événements du conflit de l’ère Hōgen (1156).
[6] Le dit de Heiji, récit épique retraçant les événements du conflit de l’ère Heiji (1159).
[7] Le dit des Heike, récit épique retraçant principalement les événements du conflit de Genpei.
[8] Il s’agit généralement du nom du bouddha Amida (Amitābha).
[9] La seconde étant l’Azuma kagami.
[10] TURNBULL Stephen, The Gempei War 1180-85, Oxford, Osprey publishing, 2016, 96 p.
[11] Ancien nom de la ville de Kyōto.
[12] Ce pouvoir de décision était la plus grande marque de puissance politique de l’époque. Au Japon, on ne se disputait pas le titre d’empereur, mais celui de décider de la succession.
[13] Plus exactement le petit-fils de Kiyomori.
[14] Azuma kagami 1 Yoritomo no kyohei 吾妻鏡1頼朝の挙兵 (« Le Miroir de l’Est 1 La mobilisation de l’armée de Yoritomo »), Tōkyō, Yoshikawa Kōbunkan 吉川弘文館, 2016 (1re éd., 2007), 210 p., pp. 9-10, compilé et traduit en japonais contemporain par GOMI Fumihiko 五味文彦 et HONGŌ Kazuto 本郷和人.
[15] Ibid., p. 41.
[16] UESUGI Kazuhiko 上杉和彦, Genpei no sōran 源平の争乱 (« Le conflit de Genpei »), Tōkyō, Yoshikawa Kōbunkan 吉川弘文館, 2007, 272 p., p. 84.
[17] Yoritomo se retourna néanmoins contre lui par la suite.
[18] De nos jours, le quarante-cinquième volume est manquant.
[19] A la décision de Taira no Kiyomori, la cour impériale fut déplacée de Heian-kyō à Fukuhara en 1180, mais divers problèmes survinrent et la capitale redevint Heian-kyō dès la fin de cette même année.
[20] Heike monogatari kakuichibon zen 平家物語 覚一本 全 (Le dit des Heiké), Tōkyō, Muzōno shoin 武蔵野書院, 2013, 490 p., pp. 183-189, annoté par ŌTSU Yūichi 大津雄一et HIRAFUJI Sachi 平藤幸.
[21] Azuma kagami 1 Yoritomo no kyohei 吾妻鏡1頼朝の挙兵 (« Le Miroir de l’Est 1 La mobilisation de l’armée de Yoritomo »), Tōkyō, Yoshikawa Kōbunkan 吉川弘文館, 2016 (1re éd., 2007), 210 p., pp43-49, compilé et traduit en japonais contemporain par GOMI Fumihiko 五味文彦 et HONGŌ Kazuto 本郷和人.
[22]TAKEMITSU Makoto 武光誠, Jinbutsu de wakaru omoshiro Genpei gassen 人物でわかるオモシロ源平合戦 (« Comprendre l’intéressant conflit de Genpei grâce aux personnages »), Tōkyō, Kadokawa Gakugei Shuppan 角川学芸出版, 2011, 204 p., pp. 110-111.
[23] Nous remarquons que toutes ne donnent pas de date précise.
[24] FUKUDA Toyohiko 福田豊彦 et SEKI Yukihiko 関幸彦, Genpei kassen jiten 源平合戦事典 (« Dictionnaire du conflit de Genpei »), Tōkyō, Yoshikawa Kōbunkan 吉川弘文館, 2006, 350 p., p. 9.
[25] A ne pas confondre avec les nikki littéraires, généralement écrits par des femmes en wabun 和文, japonais classique.
[26] FUJIWARA (Kujō) Kanezane 藤原(九条)兼実, Kujō kebon gyokuyô 7 九条家本玉葉7 (« Livre des feuilles précieuses du clan de la neuvième avenue, tome 7 »), Tōkyō, Kunaichō shoryōbu 宮内庁書陵部, 2001, 343 p., pp. 211-212.
[27] Les détails de l’ordre sont en l’occurrence consignés dans l’entrée du onzième jour du neuvième mois de la même année. Ibid., pp. 197-198.
[28] En dehors de nous même dans notre mémoire consacré au clan Taira. DAUVERGNE Cécile, L’Evolution des pouvoirs politique et poétique du clan Taira durant la seconde moitié du XIIe siècle, mémoire pour l’obtention du Master « Langues, cultures et sociétés du monde », INALCO, 2018, 255 p. Sous la direction de VIEILLARD-BARON Michel.
[29] SOUYRI Pierre-François, Histoire du Japon médiéval – Le monde à l’envers, Malesherbes, Perrin, 2013, 522 p., p. 80.
[30] TURNBULL Stephen, The Gempei War 1180-85, Oxford, Osprey publishing, 2016, 96 p., p. 2
[31] DAUVERGNE Cécile, L’Evolution des pouvoirs politique et poétique du clan Taira durant la seconde moitié du XIIe siècle, mémoire pour l’obtention du Master « Langues, cultures et sociétés du monde », INALCO, 2018, 255 p. Sous la direction de VIEILLARD-BARON Michel.
Good readding your post