C’est au cours du week-end des 14 et 15 septembre que s’est tenu le salon culturel et du livre d’Histoire militaire à Bonningues-lès-Calais. Une occasion de découvrir plusieurs auteurs, exposants et passionnés de cette discipline. La Revue d’Histoire Militaire était elle aussi présente, notamment en proposant trois interventions. Ce genre de manifestations étant encore rare, nous avons fait le déplacement afin de s’y plonger. C’est dans la salle Futurum que s’est déroulé l’événement, où ont pu se rencontrer trois catégories d’exposants : ceux qui écrivent l’Histoire, ceux qui l’ont vécu et en témoignent (acteurs, témoins…), enfin, ceux qui la vivent en la reconstituant de diverses manières.
Ces salons faisaient, en effet, partie d’un événement plus global, un Mémorial Day, organisé conjointement par la Fédération du Mémorial de l’Otan, l’Association Nationale des participants aux Opérations Extérieures (ANOPEX) et les municipalités de Frethun (où se situe le mémorial de l’OTAN) et de Bonningues-lès-Calais. L’occasion pour nous d’assister, en plus de ces salons dont il sera question ici, à une cérémonie dédiée aux militaires ayant pris part aux opérations de l’OTAN mais aussi à des concerts comme ceux des orchestres de Coquelles-Sangatte et des carabiniers du Prince de Monaco.
De la littérature au développement d’initiatives en histoire militaire
Plusieurs auteurs ont donc exposé sur les stands de la salle Futurum où avait lieu le salon. Dans la catégorie des bandes dessinées, étaient présents Philippe Zitka, auteur de Commando Kieffer, et de Les Lions de Maczek – mettant à l’honneur la Division Blindée (DB) polonaise – ou encore Jean-Luc Calyel et Pascal Pelletier pour la bande dessinée GIGN, la BD. S’agissant des livres nous pourrions citer Jean-François Mercier, ancien gendarme d’élite, qui exposait son ouvrage Cher Yemen je m’en vais, véritable hommage à ce pays meurtri par les conflits ; Martine Gay dans Femmes dans un Ciel de Guerre évoquait l’histoire des femmes pilotes lors de la Seconde Guerre mondiale, Les écoutes de la victoire du général Jean-Marc Degoulange qui relate l’histoire des services d’écoute français lors de la Première Guerre mondiale ou encore Les oubliés de Nolette, étude de Catherine Costanza sur les ouvriers chinois employés en France durant ce même conflit. Pour terminer, indétrônable Art de la Guerre de Sun Tzu était à la vente au stand de la Revue d’Histoire Militaire, exposant aussi pour la toute première fois en exclusif sa version papier de sa gazette du mois de septembre 2019.
Mais la littérature n’était pas seule à l’honneur. L’histoire militaire, pour exister dans notre quotidien et nous interpeller sur ses nombreuses thématiques, doit aussi se tourner vers des initiatives commémoratives, associatives, personnelles. Ce salon, dédié à la littérature, fut l’occasion de démontrer que cette démarche est bel et bien possible. Qu’il s’agisse de la cérémonie de commémoration du Memorial Day, des Valentines Zazous – fans des années 40 et 50 – et de leurs représentations mêlant spectacles musical et burlesque en tenues d’époque, ou bien encore des interventions que La Revue d’Histoire Militaire a eu l’honneur de faire, chacune de ces actions a contribué à ancrer l’Histoire militaire dans le réel.
Retour sur un week-end complet
Durant la cérémonie, des hommes et des femmes, en uniforme, suivaient, calmes, le rythme de discours solennels. Venus de différentes régions de France et du monde, les individus alors présents arboraient les couleurs de leur nation. Les Porte-étendards d’un côté, les vétérans de l’autres. Les responsables des lieux de mémoires ici et là. Le silence laissant place aux souvenirs. Une cérémonie conclut par une chanson prononcée par une jeune fille à la voix claire et retentissante, dont la dernière strophe enclencha le mouvement vers le salon du livre et culturel d’histoire militaire.
C’est après cette commémoration dédiée aux militaires ayant pris part aux opérations de l’OTAN que le salon a débuté. Une heure ou deux suffirent à terminer les dernières préparations, avant l’arrivée des visiteurs. Le programme fut chargé, mais digne du plus grand intérêt. Deux débats littéraires ont rythmé la matinée du samedi, et l’après-midi du dimanche. Trois conférences de La Revue d’Histoire Militaire – sur l’Histoire militaire à travers la culture, sur le Japon et la guerre du pacifique et enfin sur les contre-insurrections au Moyen-Orient – ont incarné la devise du salon, “l’histoire militaire autrement”, empruntée aux éditions Pierre de Taillac. Enfin, et avec une énergie consommée sans modération, les Valentines Zazous ont chanté, joué, défilé, et donné de sublimes représentations en vêtements des années 1940. Une figure, celle d’un garçon à peine âgé d’une dizaine d’année maximum, aura marqué notre souvenir, pour être venu assisté à toute cette programmation.
Encore en quête d’identité et de moyens d’expressions, l’histoire militaire de ce début du XXIe siècle doit se tourner davantage vers ces acteurs du quotidien. Passionnés, militaires, universitaires, reconstituteurs, étudiants, néophytes, tous portent potentiellement l’initiative de projets, comme acteur ou spectateur. Les uns opèrent une maïeutique pour les événements à venir, les autres, transmettent leurs écrits – mémoires, études, récits ou même essais – ; certains convoquent l’existence de gens disparus depuis longtemps déjà et, joliment parés de leurs vêtements et leurs uniformes d’autrefois, narrent la vie de ceux-ci ; d’autres, encore, recherchent dans la compilation de nos documents et ressources, le plaisir et la joie partagés de la transmission du savoir et de l’avancée de la recherche.
En somme, chacun de ces acteurs a raconté, vécu, communiqué l’Histoire, le temps d’un salon, dans un événement qui n’aurait pu exister sans la détermination, le courage et la passion de ses organisateurs.