Les oubliés de Nolette - Catherine Costanza

Les oubliés de Nolette – Catherine Costanza

Avec son livre Les oubliés de Nolette, Catherine Costanza refuse de laisser tomber dans l’oubli une thématique parfois occultée de notre mémoire collective : l’utilisation des travailleurs chinois pendant la Première Guerre mondiale. Elle met ainsi en avant les plus de 145 000 chinois qui vinrent soutenir l’effort de guerre français tout au long du premier conflit mondial.

En effet, en 1914, la mobilisation générale entraîne un manque drastique de main-d’œuvre ouvrière, notamment dans les secteurs agricole et industriel. Le gouvernement Poincaré recourt d’abord aux femmes et aux colonies, avant de compter sur un nouvel apport : les pays étrangers, dont la Chine. En 1917, les contingents expéditionnaires américains et anglais situés dans les régions du Nord-Pas-de-Calais, de la Picardie, de la Normandie, en Champagne, dans la Nièvre et en Touraine augmentent ce besoin de main d’œuvre pour accomplir des activités civiles.

La Chine, neutre, ne peut participer militairement à l’effort de guerre. Le contrat franco-chinois stipule alors que l’ouvrier chinois ne pourra en aucun cas accomplir d’opérations militaires, qu’il sera engagé dans l’une des deux industries précitées pendant cinq ans (le contrat étant résiliable par la partie française au bout de trois ans), touchera un salaire de cinq franc pour dix heures de travail, six jours sur sept. Une fois recrutés, les futurs ouvriers sont gardés dans des camps, dont ils ne peuvent plus sortir, sans pouvoir changer d’avis, ni revoir leur famille. Une visite médicale précède le moment où on leur tond la tête, puis s’ensuit la douche ; après quoi, ils sont finalement photographiés avec leur numéro d’immatriculation au cou.

1916, sur le front, réfection de tranchées par les travailleurs chinois
1916, sur le front, réfection de tranchées par les travailleurs chinois

Arrivés en France, certains sont à nouveau installés dans des camps régis par une discipline militaire. Ils sont escortés jusqu’à leur lieu de travail, comme dans le cas des usines Renault. Les camps français accueillent 200, voire 400 hommes, parfois jusqu’à 2000. Ils sont gardés par des militaires.

« Ils construisent des dépôts de munitions, des hôpitaux, des voies ferrées, travaillent dans les poudreries, dans les arsenaux, chargent et déchargent les trains, les bateaux, ou entretiennent l’état des routes. A la fin des hostilités, certains sont affectés au nettoyage ou au déminage et à l’inhumation des soldats tués sur le champ de bataille. »[1]

À la fin de la guerre, la France s’occupe du rapatriement de ces ouvriers, à l’exception d’une petite minorité (3350) qui reste sur le sol français.

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Bibliographie :

COSTANZA Catherine, Les oubliés de Nolette : en hommage aux travailleurs chinois en France et en Belgique de 1916 à 1921 durant la Grande Guerre, Cagnes-sur-Mer, EDD Strapontins, 2014, 206 p.

LIVE Yu-Sion, « Les travailleurs chinois et l’effort de guerre », dans Hommes et Migrations, n°1148, Paris, Musée de l’Histoire de l’Immigration, 1991, 79 p., pp. 12-14, [en ligne] https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_1991_num_1148_1_1742#:~:text=des%20t%C3%A2ches%20civiles.-,Le%20recrutement%20des%20ouvriers,aucune%20sorte%20d’op%C3%A9ration%20militaire. (dernière consultation le 06/02/2023)


[1] LIVE Yu-Sion, « Les travailleurs chinois et l’effort de guerre », dans Hommes et Migrations, n°1148, Paris, Musée de l’Histoire de l’Immigration, 1991, 79 p., pp. 12-14, p. 14, [en ligne] https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_1991_num_1148_1_1742#:~:text=des%20t%C3%A2ches%20civiles.-,Le%20recrutement%20des%20ouvriers,aucune%20sorte%20d’op%C3%A9ration%20militaire. (dernière consultation le 06/02/2023)

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