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Marengo ou l’étrange victoire de Bonaparte – TULARD Jean

Cette recension a préalablement été publiée dans la lettre n°14 BIS de la Commission Française d’Histoire Militaire en avril 2022. Nous partageons ce texte avec leur autorisation et celle de l’auteur, Michel Lousteau.

Défaite transformée en victoire, Marengo occupe une place originale parmi les batailles livrées par Bonaparte. Ignorant les mouvements de l’Autrichien Melas, il a fait avancer le 14 juin 1800 sans précaution les 17 000 hommes de Lannes et Victor. Attaqués par 38 000 Impériaux, enfoncés les Français sont en pleine retraite en début d’après-midi. Arrivé vers onze heures, le Premier Consul stoppe le repli et Desaix, à la tête de la division Boudet, appuyé par la cavalerie de Kellermann et l’artillerie de Marmont, culbute l’ennemi qui laisse plus de 9 000 hommes sur le terrain contre 6 000 Français. Les généraux Desaix de Veygoux et Hadik von Futak ont été tués. Mais c’est la victoire de Moreau et de Richepanse à Hohenlinden le 3 décembre qui a contraint François II à signer l’armistice de Steyr puis le traité de Lunéville.

Afin de faire oublier sa responsabilité dans cette journée qui a failli tourner au désastre, Bonaparte dicte les bulletins des 15, 17 et 18 juin, suivis de l’ordre à l’armée du 24 juin et du récit officiel de la bataille de 1804, remanié en 1805, qui minimisent le rôle de Desaix et exaltent le génie du Premier Consul qui a tout prévu. Les peintres sont chargés d’illustrer les épisodes de cette campagne : le passage du Grand Saint Bernard (David en 1801, Thévenin en 1806, Lebel en 1810), Marengo (Lejeune, 1802) et la convention d’Alexandrie (Drolling). La mort héroïque de Desaix suit celle de Muiron à Arcole, les peintres Bagetti, Broc, Girodet la représentent. Elle annonce celle de Lannes à Essling en 1809 et de Duroc près de Görlitz en 1813[1].

Jean Tulard, auquel rien de ce qui est napoléonien n’est étranger, nous rappelle que le mot « gastronomie » est né en 1801 et nous donne la recette du poulet Marengo : frit à l’huile, avec des tomates, des oignons, des œufs frits, de l’ail, des croûtons et des écrevisses, le tout arrosé de vin blanc. Quant à Stendhal, qui prétendra en 1837 avoir participé à la bataille en qualité de dragon, il était en réalité à Milan. Autre légende, la « ténébreuse affaire » de l’enlèvement du sénateur Clément de Ris qui, selon Balzac, aurait formé avec Fouché et Talleyrand un triumvirat disposé à s’emparer du pouvoir à la nouvelle de la défaite française, annoncée avant la volte-face de l’armée consulaire.

Cet ouvrage contient d’autres textes inédits de l’auteur, des documents, deux schémas et une bibliographie.

Michel LOUSTAU secrétaire général de la Commission Française d’Histoire Militaire

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Bibliographie

TULARD Jean, Marengo ou l’étrange victoire de Bonaparte, Paris, Buchet-Chastel, 2021, 208 p.

[1] TULARD Jean, Marengo ou l’étrange victoire de Bonaparte, Paris, Buchet-Chastel, 2021, 208 p., pp. 56-57

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