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Napoléon à Waterloo, une histoire de mensonges – Bernard COPPENS

Cette recension a préalablement été publiée dans la lettre n°14 BIS de la Commission Française d’Histoire Militaire en avril 2022. Nous partageons ce texte avec leur autorisation et celle de l’auteur, Michel LOUSTAU.

Auteur de L’aveuglement de Napoléon. Russie 1812 (2012), B. COPPENS nous livre ici une vision iconoclaste de la célèbre bataille. Il démontre que Napoléon, qui n’avait plus, depuis son retour de Moscou, la prodigieuse énergie et la résistance à la fatigue dont il avait jusque-là bénéficié avait une vue inexacte de la topographie du champ de bataille et des positions réelles des Anglo-Prussiens. Il a, dans ses trois récits ultérieurs des combats de cette funeste journée, fait porter la responsabilité de l’échec final à Ney et à Grouchy.

Au sujet du major général Soult, l’auteur consacre quinze pages à la lettre qu’il aurait envoyée à une heure à Grouchy, et prononce même à son encontre le mot de « trahison », ajoutant qu’il n’a jamais rien écrit sur la bataille, ce qui est exact1. Cette opinion nous paraît excessive ; le duc de Dalmatie, ministre de la Guerre du 3 Décembre 1814 au 11 Mars 1815, aimait bien Louis XVIII et avait reçu l’ordre de concentrer dans le Sud-Est des troupes destinées à agir contre Joachim Murat, le roi de Naples. Des royalistes soupçonneux l’accusèrent de duplicité, et le roi le remplaça par Clarke. Retiré à Villeneuve l’Etang, il céda aux sollicitations de l’Aigle que peu de maréchaux avaient rallié (Davout, Suchet, Ney et Mortier qui tomba opportunément malade à Lille). En fait, l’Empereur avait un atout maître dans la présence à ses côtés de l’homme qui connaissait le mieux la tactique de Wellington en Espagne, mais il l’a rembarré2.

B. COPPENS cite un texte inédit du général Kellermann, comte de Valmy, chef du 3e corps de cavalerie, qui estime que si la France n’avait plus qu’une seule armée, la faute en incombait au Petit Caporal : « 400 000 hommes engloutis en Russie, 300 000 fondus en Espagne, 400 000 gaspillés dans la courte campagne de 1813 et 1814 (…). Quelle nation pourrait reproduire et former des armées aussi rapidement que Napoléon les consommait ? »3 Quant au mot de Cambronne, le doute subsiste4… 

Michel LOUSTAU secrétaire général de la Commission Française d’Histoire Militaire

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Bibliographie

COPPENS Bernard, Napoléon à Waterloo : une histoire de mensonges, Paris, Éditions Jourdan, 2021, 508 p.

LENTZ Thierry, Waterloo : 1815, Paris, Perrin, 2015, 315 p.


[1] Bernard COPPENS, Napoléon à Waterloo, une histoire de mensonges, Paris, Éditions Jourdan, 2021, 508 p., pp 391-394

[2] LENTZ Thierry, Waterloo : 1815, Paris, Perrin, 2015, 315 p., pp. 91, 193, 205 et 233

[3] COPPENS Bernard, op. cit., p. 341

[4] Ibid., pp. 405-424

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