Un soldat sous shell shock selon la dénomination anglophone, sous l’objectif d’un photographe de guerre britannique, dans une tranchée près d’Ypres, en 1917

Hystériques de guerre, ces blessés d’un autre genre

En 1917, le psychiatre français Jean Lépine évoque, dans un traité de médecine de guerre, les nouveaux patients que le conflit en cours a donné à voir à sa profession. La « grosse artillerie » présente sur les champs de bataille aurait fait son lot de

victimes d’un nouveau genre, présentant souvent des symptômes graves, sans blessure apparente. L’heure était peu propice aux observations détaillées et suivies, les centres de spécialités n’existaient pas encore, chacun interprétait ce qu’il voyait suivant ses connaissances médicales et son tempérament personnel, et ce n’est que lentement qu’un peu d’ordre se mit dans ce chaos. On apprit que, chez des hommes qui se sont trouvés au voisinage d’une explosion d’obus, de mine, d’engin de tranchée, se développe un syndrome, variable mais réductible à certains traits communs, auquel participent des signes à la fois physiques et psychiques. […] La controverse persiste sur la nature des troubles. Certains pensent que l’élément organique domine, d’autres l’élément névropathique. Cette opposition n’est pas seulement un fait de doctrine, elle correspond à une distinction clinique, certains malades étant nettement des émotionnés, plus que des commotionnés.[1]

Ces troubles d’une nature nouvelle font l’objet de réflexions au sein du corps médical. Si le temps du « chaos » où « chacun interprétait ce qu’il voyait suivant ses connaissances médicales et son tempérament personnel » est apparemment terminé en 1917, la caractérisation de ces maux est encore débattue. Le traumatisme est-il d’ordre somatique, une conséquence physique de l’exposition à de nouveaux armements, ou lié à un dérangement psychique généré par l’atmosphère des combats ? Pour le docteur Lépine, on trouve bien, aux côtés des « commotionnés », des « émotionnés ». Le patient rattaché à ce dernier type, reconnaissable au fait qu’il n’a « pas perdu connaissance au moment de la commotion », n’est autre qu’un « hystérique »[2].

L’emploi de ce terme, s’il ne constitue pas une nouveauté absolue, est loin d’être choisi au hasard. Au début du XXe siècle encore, ce qualificatif renvoie toujours largement à un imaginaire de la féminité, a priori bien éloigné des champs de bataille.

Le terme d’hystérie est, en effet, étymologiquement issu du mot grec hystera désignant l’utérus. Il remonte donc à l’Antiquité. Dès le Ve siècle avant notre ère, Hippocrate (460-377 av. J.-C.), communément considéré comme le père de la médecine occidentale, parlait, dans Des maladies des femmes, d’un mal dû aux mouvements intempestifs de cet organe dans le corps. Ainsi se développa l’idée d’une « hystérique gouvernée par son sexe »[3] plutôt que par sa raison. Le terme fut largement repris et redéfini à travers les siècles, tout particulièrement lorsque se développèrent, aux XIXe et XXe siècles, les disciplines touchant aux troubles psychiques. De fait, la pensée médicale prit peu à peu ses distances avec l’hypothèse d’un trouble d’origine organique que l’étymologie suggérait. Toutefois, cette dénomination ne fut pas abandonnée pour autant ni, de même, sa connotation genrée, qui fut réinvestie, aux XIXe et XXe siècles, par les disciplines touchant aux troubles psychiques. Après la Révolution française, on assista en effet à un « processus général de naturalisation et d’infériorisation des femmes » au moyen, notamment, du discours médical[4] : un tel terme y trouvait toute sa place. On attribua un temps à cette maladie des causes neurologiques, nerveuses, qui servaient également un discours misogyne en cela que « la » femme apparaissait toujours comme gouvernée par sa nature[5]. Toutefois, au tournant du XXe siècle, il apparut que la maladie était psychique ; si cela induisait un changement de paradigme médical, le discours sur l’hystérique n’en resta pas moins lié dans l’imaginaire collectif à une figure de femme à l’écart de la rationalité, un imaginaire nourri par le champ de la psychanalyse qui s’en empara allègrement.

Femmes diagnostiquées hystériques soumises à l’hypnose à l’hôpital de la Salpêtrière, dans le service du neurologue Jean-Martin Charcot. Photographies de Désiré-Magloire Bourneville et P. Régnard, montage de Damiens.rf
Femmes diagnostiquées hystériques soumises à l’hypnose à l’hôpital de la Salpêtrière, dans le service du neurologue Jean-Martin Charcot. Photographies de Désiré-Magloire Bourneville et P. Régnard, montage de Damiens.rf – domaine public – Wikimedia Commons.

Au vu de l’évolution de l’étude scientifique – ou, dans le cas de ladite psychanalyse, non strictement scientifique – de ce mal et des débats qu’il a pu susciter, il est ardu d’en donner une définition rigoureuse et consensuelle. Toutefois, on peut relever des caractéristiques essentielles à ce syndrome tel qu’il est envisagé à l’époque contemporaine. L’hystérie est une névrose, c’est-à-dire un trouble d’origine psychique caractérisé par une souffrance, dont les manifestations, les crises, sont pourtant d’ordre physique, corporel et spectaculaire, entre convulsions, paralysies, contractures et perte de connaissance. Si l’emploi de ce mot est aujourd’hui de plus en plus rare chez les psychiatres, il fit longtemps autorité dans cette discipline dont les théoriciens et praticiens étaient largement masculins, et il servit essentiellement à la qualification de femmes.

Quoi de plus étonnant, dès lors, que de le voir employé pour caractériser des militaires ? En effet, le métier des armes est, en principe, éminemment masculin. Selon l’historienne des masculinités Raewyn W. Connell, la violence constitue, à l’échelle des continents européen et américain, l’arène, l’élément le plus important dans la définition d’une « masculinité hégémonique »[6]. À l’heure de la Première Guerre mondiale, non seulement les gens de guerre sont des hommes, mais, en retour, la conscription, en vigueur dans bien des pays européens, constitue un passage obligé pour leurs ressortissants masculins et, dans bien des cas, la condition sine qua non de l’obtention des droits civiques. La qualité de citoyen ne va pas sans le port des armes, y compris, en France, pour les hommes d’Église – c’est le principe des « curés sac au dos », en vigueur à partir de 1889. Sous l’aune de ce principe, tous les militaires sont des hommes et, réciproquement, tous les hommes d’un pays sont des militaires à un moment de leur vie, si ce n’est quelques exemptés. On peut parler à ce sujet, comme l’historien allemand George Lachmann Mosse, de « militarisation de la virilité »[7]. Si l’existence d’hommes hystériques est observée par nombre de médecins et psychanalystes dès le XIXe siècle, elle n’en constitue pas moins « le renversement des lois constitutives de la société »[8], écrit en 1859 le médecin français Pierre Briquet. La qualification de gens de guerre comme tels, et en nombre suffisant pour apparaître comme une catégorie parmi les différents maux dus au conflit, représente donc à coup sûr un bouleversement de l’ordre des genres dans les sociétés en guerre.

La subversion semble plus grande encore dans l’espace germanique, vivier d’une pensée médicale et psychanalytique bouillonnante. Sigmund Freud, neurologue de formation et fondateur de la psychanalyse, co-auteur des Études sur l’hystérie parues en 1895, était lui-même Autrichien. De fait, avant même la Grande Guerre, le corps médical allemand parlait de Kriegsneurosen (« névroses de guerre ») et de Kriegshysterie (« hystérie de guerre »). Cette dernière désignation relève, on l’aura compris, de l’oxymore.

Cette précocité germanique dans la détection d’un tel mal s’explique par la pratique de guerres dont les difficultés et les armements ont pu occasionner des troubles du même ordre que ce que la Première Guerre mondiale donna à voir par la suite. Étudier les hystériques de guerre implique donc d’adopter une perspective plus large que ce seul conflit. Si la Grande Guerre est centrale dans l’histoire de ces militaires diagnostiqués d’un mal lié à un imaginaire féminin, qui ne furent jamais aussi nombreux qu’alors, elle ne fut pas le premier conflit dont des hommes revinrent ainsi traumatisés. Si l’historiographie a assez largement privilégié l’étude de la guerre de 1914, notre perspective s’étend donc à l’ensemble des guerres considérées comme modernes, dont la guerre de Sécession américaine (1861-1865) est souvent perçue comme la première représentante au vu de l’usage de tranchées et du recours massif à l’industrie qu’elle impliqua. De ce fait, nous étudierons également des conflits survenus dans l’intervalle, parmi lesquels la guerre russo-japonaise (1904-1905) et des conflits de moindre envergure. De même, non seulement dans un souci de comparaison, mais aussi pour prendre en compte les échanges intellectuels transnationaux, nous ne nous limiterons pas à l’étude d’un pays en particulier, préférant prendre en considération l’ensemble des régions dans lesquelles le champ médical a investi le terrain de la psychiatrie touchant aux gens de guerre. Seront donc abordées l’ensemble des puissances européennes – Russie comprise – et d’Amérique du Nord engagées dans au moins un conflit pendant cette période, ceci étant également lié au caractère occidental de telles problématiques médicales centrées sur une notion remontant à l’Antiquité grecque.

Cette étude propose ainsi de revenir sur ces militaires blessés qui sont, pour reprendre l’expression du docteur Lépine, « sans blessure apparente » mais atteints psychiquement. Ceux-ci ont fait l’objet de divers diagnostics selon les pays mais furent qualifiés assez tôt d’« hystériques de guerre » en Allemagne, une dénomination qui fut, on le verra, inégalement employée. Nous ne nous limiterons pas ici aux seules problématiques médicales, mais chercherons à comprendre les enjeux de ce trouble sur le plan social, tout particulièrement en termes de genre. S’entend par là « la différence des sexes construite socialement, ensemble dynamique de pratiques et de représentations, avec des activités et des rôles assignés, des attributs psychologiques, un système de croyances »[9] selon les mots de l’historienne Françoise Thébaud dans Écrire l’histoire des femmes et du genre. De fait, nous l’avons dit, l’hystérie fut longtemps rattachée au féminin, aussi la désignation non seulement d’hommes, mais d’hommes de guerre, comme souffrant de ce mal vient troubler l’ordre du genre, aux côtés, notamment, des violences sexuelles en temps de guerre ou du remplacement massif des hommes par les femmes au travail à l’arrière et du veuvage généré par la mort de nombreux soldats. Cette maladie aux symptômes rattachés à la féminité contribue aux « crises identitaires » qui touchent les hommes et leur virilité, la guerre réelle s’avérant bien éloignée de la guerre idéalisée[10]. Ce travail s’insère donc dans le champ de l’histoire du genre, au sens de l’histoire du masculin et du féminin, de ce qui définit un homme ou une femme dans une société et une époque données, et de ce qui régit les relations entre les sexes.

Qu’implique le diagnostic, plus ou moins explicite, d’un trouble perçu comme féminin chez des hommes de guerre ? Au-delà du seul plan symbolique, dans quelle mesure la masculinité militaire, l’honneur et l’amour-propre des militaires, est-elle mise à mal par une telle perception médicale ? Comment médecins et soldats, sujets essentiellement masculins, y font-ils face ?

Le guerrier et l’hystérique : quand les contraires s’attirent

En 1914, en France comme en Allemagne, bien des jeunes gens partent se battre « pleins d’espoir et d’enthousiasme »[11], écrit George Lachmann Mosse en 1990. Chacun est alors guidé, déclare-t-il, par « le patriotisme, le désir de donner un sens à sa vie, le goût de l’aventure » mais aussi par « l’idéal de virilité ». De longue date, « le modèle masculin s’était déjà chargé de dynamisme et de vigueur, formant un puissant contraste avec l’image traditionnelle de la femme. Ses deux terreurs étaient l’efféminement et la décadence »[12], cette dernière constituant « l’exact contraire de la masculinité », « ceux que l’on méprisait ou qui faisaient peur », des personnes « esclaves de leur système nerveux malade et en proie à une constante agitation, totalement contraire à la force de volonté caractéristique des “vrais hommes” ». La décadence n’est rien d’autre, écrivait J. K. Huysmans dans son roman À Rebours (1884), que « l’efféminement progressif des hommes »[13], de sorte que le décadent « dessinait l’envers de l’idéal masculin : inquiet, épuisé et, de surcroît, libertin ».

Le combattant et l’efféminé : tels sont les deux pôles de l’ordre du genre masculin ainsi qu’il s’entend alors. Pourtant, le champ scientifique a alors déjà démontré que l’uniforme ne préserve pas toujours des maux perçus comme féminins.

La possibilité d’un hystérique au masculin

En 1914, cela fait des siècles, sinon des millénaires, que l’archétype du guerrier est en première ligne des imaginaires sociaux et culturels du masculin[14] et dans la définition de son idéal, supposément apprécié des femmes et régulièrement mis en valeur auprès des jeunes garçons. Le baptême du feu se donne à comprendre comme l’ultime « rite de passage »[15] pour l’accession à la pleine et entière virilité.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, cette glorification de l’homme de guerre n’est donc nullement un fait nouveau, mais elle n’est plus alors tout à fait la même que par le passé. Les manières de se battre – comme les visées de ceux qui s’engagent – ont évolué. Le temps n’est plus aux combats singuliers mis en valeur dans les poèmes épiques antiques ou médiévaux, et on met désormais moins en valeur le coup d’éclat grandiose en vue de la gloire personnelle que le service de la patrie, qu’il s’agit de défendre ou d’étendre contre l’ennemi – l’éclosion des nationalismes ayant marqué l’Europe du siècle précédent. « Sujet à la fois politique et combattant »[16], le conscrit doit servir, et ce en tenant sa place dans le rang. L’art de la guerre suppose la soumission du soldat à la « discipline militaire, au double sens de savoir organisé et de dispositif coercitif », chacun devenant « un point dans la géométrie des manœuvres militaires », et ce encore pendant la guerre de mouvement de l’année 1914.

Ainsi, dans l’Allemagne unifiée depuis seulement 1871, le journal du Mouvement de la jeunesse allemande, mouvement éducatif et culturel de masse, donne à voir comme idéal masculin un homme au corps superbement formé, sachant se maîtriser, modeste, retenu, décent, bon joueur dans la vie quotidienne comme dans la lutte et le sport et, non des moindres, chevaleresque envers les femmes[17]. La virilité, y compris chez des militaires chargés de tenir face à l’ennemi, ne correspond pas – ou plus – au seul culte de la vigueur, celle-ci devant être soumise au contrôle d’un esprit placide et à une certaine bonne tenue en société.

L’envers de cet idéal n’est donc pas nécessairement une personne faible ou chétive, mais une personne incapable de toute maîtrise d’elle-même et de finesse, gouvernée par son corps plutôt que par son esprit. Cela correspond, de fait, à la figure de l’hystérique telle que l’élabore le champ médical d’alors : celle d’une personne qui se fait remarquer pour son exubérance maladive et incontrôlée, loin de la raison. Alors que cet archétype se rapporte pour l’essentiel aux femmes, la médecine s’inscrivant pleinement, depuis la Révolution française, dans le « processus général de naturalisation et d’infériorisation des femmes »[18], il existe bien un hystérique, d’autant plus déconsidéré qu’il est masculin.

Si, comme on l’a dit, l’explication organique de l’hystérie est finalement abandonnée par la médecine, cette pathologie ne cesse pas pour autant d’être associée au genre féminin. Ainsi, Freud, lorsqu’il parle d’hystérie masculine devant la Société médicale viennoise, se serait vu rétorquer : « Mais mon cher collègue, comment pouvez-vous dire de telles absurdités ! Hysteron veut dire utérus. Comment un homme peut être hystérique ? »[19]. Pourtant, il n’est pas le premier à évoquer la possibilité pour un homme d’être ainsi diagnostiqué.

En effet, en 1859, le médecin Pierre Briquet a déjà travaillé, le premier, à une conception moderne de l’hystérie[20]. Le « siège » de l’hystérie ne saurait, écrit-il, se trouver dans l’utérus, « comme on l’a cru depuis Hippocrate jusqu’à nos jours »[21], mais ailleurs. Pour lui, ce mal principalement féminin est une conséquence du « mode spécial de sensibilité » dont la femme aurait été dotée, « qui est fort différent de celui de l’homme », au vu de sa mission supposée « d’élever l’enfance, de soigner et de faire le bien-être de l’âge mûr et de la vieillesse »[22]. Cette sensibilité propre à la gent féminine serait une cause non « déterminante » mais « prédisposante » à l’hystérie, c’est-à-dire « une tendance à subir certaines modifications physiologiques ou pathologiques de préférence à certaines autres », une « disposition organique qui rend[e] apte à contracter » cette maladie[23]. Autrement dit, l’hystérie n’est pas un mal propre aux femmes, mais le résultat d’une « cause accidentelle »[24] à laquelle les femmes résistent bien moins souvent que les hommes, même si la croyance selon laquelle ces derniers ne peuvent devenir hystériques relève de l’« erreur », une erreur « prolongée »[25]. Jean-Martin Charcot, neurologue à l’hôpital de la Salpêtrière, partage cette vision dans ses travaux cliniques mieux connus mais ultérieurs, datés des années 1880.

Selon Briquet, n’importe qui peut subir un tel « accident » à même de déclencher l’hystérie chez lui, mais les femmes, plus sensibles, ont bien moins de chances d’y résister que les hommes. Ces accidents peuvent être les conséquences « de passions contrariées ou d’attachements déçus », comme le « chagrin » d’une veuve[26]. Briquet croit donc savoir que « l’hystérie est très commune chez les femmes » et que « la moitié au moins d’entre elles est hystérique ou impressionnable », ce à quoi les hommes seraient « à peu près vingt fois moins » disposés qu’elles[27].

De telles données quantitatives, si hasardeuses qu’elles soient, en disent long : l’hystérie n’a pas de cause organique, située dans le corps de la femme, mais la nature supposée de celle-ci la rend plus vulnérable au développement de ce mal consécutivement à un accident. Un homme peut donc bien être hystérique, mais ce « par exception »[28]. Parmi les sujets masculins étudiés par le médecin, ceux qui le sont « s’impressionnaient exactement à la manière des femmes », éprouvant, « lors des plus légères émotions », « tout ce que peut ressentir la femme la plus impressionnable »[29]. L’hystérique masculin est donc un marginal, un homme loin des normes masculines.

Pourtant, parmi les hommes hystériques mentionnés par Briquet, se trouve « un ancien militaire, âgé de trente-cinq ans » observé par un certain docteur Alègre, qui précisait que celui-ci « n’avait jamais éprouvé d’affections nerveuses »[30]. L’étonnement est visiblement de rigueur : de fait, Briquet explique ne rapporter son cas « qu’avec réserve »[31], signe que la profession de cet homme et son absence d’antécédents semblent autant de doutes à la possibilité pour lui de contracter un tel mal. En prenant le problème à l’envers, l’absence de névroses précédentes de cet ancien homme de guerre pourrait justement amener le médecin à envisager un lien avec l’activité militaire du patient, à faire de celle-ci l’incident déclencheur de l’hystérie chez lui, mais il ne semble pas l’envisager.

Toutefois, avec un tel exemple, la messe scientifique est dite : un homme, et un homme de guerre de surcroît, peut être hystérique. L’hystérie est en effet pour Briquet le résultat d’un incident, le délire dont est pris l’hystérique n’est rien d’autre qu’une « reproduction des actes intellectuels qui sont habituels aux malades » ou des sensations qui les ont frappés ultérieurement : tous rejouent une scène passée, de manière plus ou moins transposée[32]. Ainsi, même un homme de guerre peut être hystérique, et il n’est pas interdit de penser que son activité même ait un lien avec son mal, que l’« accident » qui donna lieu à son hystérie provienne du champ de bataille.

De l’hystérique à l’hystérique de guerre

Dans les années et les décennies qui suivent, des conflits donnent un écho particulier, mais inégalement reçu, aux travaux de Pierre Briquet.

En effet, dès la guerre de Sécession, qui oppose États-Unis et États confédérés d’Amérique de 1861 à 1865, sont relevés des troubles psychiques chez nombre de combattants[33]. Dans l’armée nordiste, 5213 cas de « nostalgie »[34] sont diagnostiqués, parmi lesquels de nombreux hystériques, qui souffrent des mêmes symptômes que les blessés des nerfs et les épileptiques[35]. Au lendemain d’un tel conflit où furent employées de puissantes pièces d’artillerie et des armes lourdes, de telles observations ont de quoi avertir le corps médical, à commencer par celui des États-Unis.

La guerre russo-japonaise, qui se déroule de 1904 à 1905 et se caractérise elle aussi par une certaine modernité technologique et logistique, constitue à son tour un champ d’observation d’intérêt pour bien des médecins dont les travaux sont scrutés de près par certains de leurs confrères étrangers. Dans Troubles mentaux de guerre, ouvrage cité plus haut, Jean Lépine mentionne, « entre autres », « Serge Souhanoff, Vladitchko, Ermakoff, Autokratoff »[36]. Six ans plus tard, un certain docteur Simonin parle, à la suite des troubles observés par d’autres, de « psychose des combats »[37], une notion imprécise mais caractérisant clairement le mal spécifique aux militaires. Toutefois, l’intérêt du corps médical comme de l’opinion publique française est bien trop faible pour que le sujet fasse davantage de bruit et remette en question la pensée ou la structure du champ médical.

Dans l’Empire allemand, en revanche, le corps médical sort enrichi de cette expérience. C’est en effet sous la plume d’un médecin allemand, dénommé Honigmann, que se lit la compréhension la plus aboutie de l’innovation représentée par ce type de guerre sur le plan psychiatrique : c’est lui qui parle le premier de « Kriegsneurose », de « névrose de guerre », en 1907[38]. La notion de névrose traumatique a, de fait, été forgée en 1888 par le psychiatre allemand Hermann Oppenheim, pour qui il ne fait alors pas de doute que le trouble ressenti par une victime d’accident de chemin de fer est d’ordre psychogénique, un ébranlement psychique dû à l’effroi[39]. Les « Kriegsneurotiker », les névrosés de guerre dont on parle en Allemagne, sont ceux dont la psyché ne parvient pas à accepter l’incompréhensible qui se produit sur le front, au milieu des explosions de grenades, et dont le corps cesse également de tenir, la violence étant d’ordre psychosomatique[40]. Le mal est bien de nature psychique, et non neurologique, concluent les médecins allemands, qui ne tardent guère à employer le terme de « Kriegshysterie »[41], « hystérie de guerre ». C’est ainsi que, en 1916, alors que la Première Guerre mondiale fait rage, le docteur Carl Happich parle clairement, dans un périodique médical allemand, d’« hystérie en hôpital de campagne », un mal dont il détaille les symptômes :

Les névroses que le conférencier a observé à l’extérieur peuvent être réparties en trois catégories : les attaques hystériques (par exemple des convulsions) sans symptômes prodromiques, les paralysies avec ou sans contracture et les troubles vasomoteurs ou névroses cardiaques, parmi lesquels on trouve des candidats à l’hystérie, des personnes assez instables de manière générale et des vasomoteurs proprement dits. Les causes de ces maladies sont toujours un moment psychique : des lettres de l’arrière, des émotions de nature personnelle, etc. Toutefois, c’est la guerre de position, avec sa monotonie, qui est la plus susceptible de déclencher des phénomènes semblables à ceux d’une psychose de détention ; ses nuisances acoustiques permanentes (tirs, bombes aériennes, etc.), ses exigences temporaires en matière de vigilance de l’individu (manque de sommeil et épuisement) sont également d’une grande importance. Toutes ces psychonévroses se composent de deux éléments : l’excitation et l’épuisement.[42]

Happich, qui est à la fois thérapeute et gynécologue et donc a priori qualifié tant pour l’appréhension du mal-être de soldats que pour des maladies supposément liées à la féminité, relève, parmi les maux dont souffrent les militaires, des « attaques hystériques », la notion d’attaque étant synonyme de celle de crise. Celles-ci se manifestent par des « convulsions ». Ces phénomènes surviennent, dit-il, aussi bien lors des combats de tranchée que pendant la lecture des lettres, donc tant des temps de pression et de danger que des temps de relaxation. Les « lettres de l’arrière », adressées aux soldats par leurs proches masculins, et surtout féminins, sont ainsi désignées comme autant de « moments psychiques ». À cause d’éléments extérieurs qui l’entourent sans le toucher directement, le soldat semble sujet à des débordements incontrôlables, à des réactions du corps plutôt que de l’esprit… comme, pense-t-on alors, les femmes hystériques. De fait, pendant la Grande Guerre, la psychiatrie allemande perçoit les émotions, la peur en premier lieu, comme autant de maladies contagieuses au caractère épidémique, aussi les communications de l’arrière, émanant notamment de femmes, font-elles l’objet d’une attention particulière[43], comme autant de porteuses potentielles d’un tel mal. Aussi étonnante que soit une telle caractérisation, au moins témoigne-t-elle de l’existence d’une pensée médicale précise sur le sujet. Les crises d’hystérie ne seraient donc rien d’autre que des réactions à l’intrusion de soucis personnels – liés aux femmes – au front, faisant perdre au soldat la maîtrise de lui-même. De telles réactions sont celles d’un organisme tourmenté, rendu sensible par la situation. En effet, aucun doute n’est permis pour Happich : c’est bien la « guerre de position », avec son atmosphère générale et ce qu’elle a d’oppressant pour l’homme, qui est le facteur majeur de ces maux. L’exposition générale à la « monotonie » et aux « effets acoustiques » de la guerre semble plonger le combattant dans un état de sensibilité extrême aux « agitations de nature personnelle ». En bref, l’atmosphère générale de la guerre, y compris hors des combats, est propice à de telles manifestations des maux de l’âme.

Cette compréhension n’est pas sans rappeler celle de l’Américain Thomas Salmon, qui, après avoir passé les premières années du XXe siècle à Ellis Island auprès d’immigrants entrant aux États-Unis, développe l’idée selon laquelle les troubles mentaux résultent d’une mauvaise interaction des individus avec leur environnement. En 1916, ce médecin exerce à la frontière mexicaine, théâtre d’un conflit de basse intensité avec des raids de rebelles mexicains, où il relève l’importance des troubles psychiques : « les maladies mentales sont approximativement trois fois plus nombreuses au sein de nos troupes sur la frontière mexicaine que dans la population adulte de New York », écrit-il[44]. Envoyé en 1917 par le ministère de la Guerre américain enquêter auprès des médecins du corps expéditionnaire britannique en Europe, il théorise la même année la nécessité d’une psychiatrie d’urgence, de l’avant, immédiate et proche du front, suivant cinq principes : immédiateté, proximité, espérance de guérison, simplicité, centralité[45]. Là encore, l’expérience d’autres théâtres d’opérations, même mineurs, se montre particulièrement précieuse pour l’appréhension des pathologies du front une fois les hostilités massives de la Grande Guerre engagées, accréditant l’idée que c’est bien l’exposition aux combats qui explique ces troubles.

De fait, lorsque ce conflit éclate, le retard de la France en la matière est manifeste. N’ayant que peu pris en considération les travaux psychiatriques des années précédentes, les autorités n’anticipent pas l’afflux massif de soldats vers l’arrière qui ne tarde guère à arriver dès 1914[46]. On assiste certes, en 1917, à la publication d’un ouvrage intitulé L’hystérie-pithiatisme et troubles nerveux d’ordre réflexe en neurologie de guerre signé Jules Froment et Joseph Babinski[47], signe manifeste que les troubles hystériques liés à la guerre finissent bel et bien par être envisagés en tant que tels, même si un autre nom les désigne. Cependant, sur le plan de la pratique médicale, l’heure est à l’improvisation. En témoigne la création le 9 octobre 1914, à peine deux mois après le déclenchement de la guerre, de la direction du service de santé militaire, chargée d’organiser dans le pays des centres spécialisés dans le traitement des affections et blessures des gens de guerre[48].

À ce titre, on procède à la militarisation des services psychiatriques et neurologiques de Paris, parmi lesquels celui de Villejuif[49]. L’étude réalisée par l’historienne Véronique Fau-Vincenti sur les dossiers des centaines de soldats passés par la section militaire de ce dernier asile met en évidence que seuls 1 % des entrants sont caractérisés comme « hystériques de guerre », quand plus de la moitié des autres se voit diagnostiquer, en quelques semaines, cinq maladies différentes pour autant de médecins consultés[50]. L’hystérie de guerre, notion d’origine germanique, n’ayant pas été pensée comme telle en France, son emploi y reste d’autant plus rare qu’il est contradictoire avec l’absence d’une telle théorisation. L’année 1917 est également celle de la parution du traité Troubles mentaux de guerre de Jean Lépine, compris dans une « Collection de précis de médecine et de chirurgie de guerre » dont tous les ouvrages sont porteurs d’un avertissement :

Les Traités de Médecine et de Chirurgie parus avant la guerre conservent actuellement toute leur valeur, mais ils ne contiennent pas les notions nouvelles nées des récents événements. – L’heure n’est cependant pas encore venue d’incorporer à ces ouvrages les données acquises dans les Ambulances, les Hôpitaux et les Laboratoires d’Armées. Ce sera la tâche de demain, dans le silence et avec le recul qui conviennent au travail scientifique.

Il était cependant nécessaire que les Médecins aient, dès à présent, entre les mains une mise au point et un résumé des travaux qui ont fait l’objet des nombreux Mémoires publiés dans les revues spéciales et qu’ils soient armés, pour la pratique journalière, d’ouvrages courts, maniables et écrits dans un dessein pratique.

C’est à ce but que répond cette COLLECTION. Nous publions, sur chacune des multiples questions qui préoccupent les médecins, de courtes monographies dues à quelques-uns des spécialistes qui ont le plus collaboré aux progrès récents de la Médecine et de la Chirurgie de Guerre.[51]

Une telle précision en dit long. Mal préparé à la prise en considération de troubles mentaux liés au conflit, le corps médical français en arrive à publier des bilans d’étape, sans remise en cause explicite des savoirs d’avant-guerre, plutôt que de véritables mises à jour scientifiques sur les maux qui accablent bien des militaires. La Première Guerre mondiale constitue donc, y compris sur le plan médical, une expérience.

La guerre, déclencheur ou révélateur ? Le champ de bataille comme expérience

En 1921, Justin Godart, président d’honneur de la nouvellement créée Ligue française d’hygiène mentale et ancien Sous-secrétaire d’État au Service de Santé militaire, écrit :

Les blessures de la guerre n’ont pas toutes été sanglantes. Il y en a eu d’innombrables, invisibles et profondes, qui ont affaibli, mutilé des volontés, privé des hommes de la maîtrise de leurs corps et de leurs pensées, annihilé des consciences, mis la peur où était le courage, et fait de vaillants soldats, des déchets d’hôpitaux.[52]

Le propos peut sembler ordinaire et de bon sens, sinon banal, au lecteur contemporain. Il ne relevait toutefois pas de l’évidence lorsqu’il fut énoncé. Que des hommes soient revenus de la guerre avec des afflictions mentales, nul n’en doute en 1921. Mais l’idée que la guerre serait bel et bien la cause de ces maux, et leur cause unique, fait débat. Tout au long de la Grande Guerre, les réflexions des psychiatres et des autres médecins quant aux malheurs des soldats sont marquées non seulement par une certaine sensation de nouveauté mais aussi par l’habitus d’une pensée psychiatrique forgée par les décennies, que la guerre n’ébranle pas dans son intégralité. Aussi la question se pose-t-elle d’emblée dans le corps médical : est-ce bien la guerre qui a fait de ces malades ce qu’ils sont ? N’a-t-elle pas seulement révélé ou activé une pathologie latente ? Voire, les patients ne sont-ils pas des simulateurs, mentant sur leur état pour pouvoir s’éloigner des dangers du front ?

 Un névrosé de guerre - Wellcome Collection, London, United Kingdom, pendant ou après la Première Guerre mondiale
La guerre, ça ne vous quitte pas. Un névrosé de guerre – Wellcome Collection, London, United Kingdom, pendant ou après la Première Guerre mondiale (date et auteur inconnus) – Wikimedia Commons.

L’hystérie, fruit d’une prédisposition ?

L’appartenance au sexe féminin est, on l’a dit, une « cause prédisposante » à l’hystérie selon son penseur Pierre Briquet. Mais ce n’est, pour lui, que l’un des facteurs prédisposants à cette maladie – le premier d’entre eux -, que l’on a d’autant plus de chances de contracter que l’on a de « facilité à être impressionné »[53], facilité supposément plus grande pour les femmes que pour les hommes. Si l’hystérie venait à gagner un homme, c’est donc que celui-ci y serait prédisposé. Ainsi, un militaire revenant hystérique du front aurait moins contracté ce mal à cause de la guerre qu’à cause de sa propre prédisposition à celui-ci. Autrement dit, l’hystérie est le résultat d’une tare, d’un défaut pathologique, potentiellement héréditaire.

Cette thèse n’est alors pas rare. Elle est même majoritaire chez les psychiatres, convaincus que la guerre ne ferait que « révéler une pathologie “latenteˮ, souvent héritée, un “terrainˮ psychopathologique ou une “constitution émotiveˮ »[54]. Comment expliquer, alors que tous les militaires sont exposés aux mêmes conditions, que seuls certains reviennent ainsi malades ? La guerre ne peut pas rendre fou n’importe qui, pensent-ils, pétris de la culture psychiatrique de leur temps[55]. Il en va ainsi d’Anthony Rodiet et d’André Fribourg-Blanc, auteurs de La Folie et la guerre, paru en 1930, donc bien après la fin des hostilités. S’ils perçoivent bien dans « l’état de guerre » la réunion de « toutes les conditions les plus favorables à l’éclosion de [nombreuses] psychopathies », ils y soulignent « l’importance considérable qu’il faut attribuer aux prédispositions héréditaires, à la débilité ou à la dégénérescence mentale, aux tendances constitutionnelles »[56]. De la sorte, outre « ceux qui avaient déjà eu antérieurement à la guerre des accès vésaniques », les « fils d’aliénés » sont à leurs yeux les plus susceptibles de développer des troubles psychiques :

Lorsque le sujet était un impressionnable, un nerveux, c’est-à-dire un prédisposé émotif, il ne résistait pas aux deux causes d’émotion, les plus habituelles lors des attaques : d’une part l’affolement produit par l’éclatement proche d’un obus et, d’autre part, le saisissement douloureux suraigu, éprouvé devant le spectacle effrayant de camarades, de voisins, d’amis ou de chefs tués ou blessés sous leurs yeux.[57]

Si les « causes d’émotion »[58] sont bien des événements liés à la guerre et à ses nouveaux armements, certains sont plus susceptibles que d’autres de revenir de la guerre avec des séquelles, cela étant supposément lié à l’ascendance, à la génétique. On trouve d’ailleurs, chez ces « prédisposés », les « grands déséquilibrés » et les « alcooliques », des profils censés être plus sensibles en raison d’une hygiène de vie perçue comme mauvaise. La bataille étant de longue date perçue, à l’échelle anthropologique, comme une épreuve de virilité, un test[59], une telle perception médicale semble le corroborer en distinguant scientifiquement ceux qui réussissent de ceux qui échouent. Ce n’est pas la guerre qui ferait la déchéance masculine, mais l’insuffisance masculine qui empêcherait de faire et de supporter la guerre.

De fait, au début du XXe siècle, la psychiatrie n’est pas une discipline médicale à part entière comme elle l’est aujourd’hui[60] – on a vu que plusieurs médecins s’intéressant aux blessés psychiques, alors appelés « aliénistes », ont une formation de neurologue, une spécialité qui est, à l’heure actuelle, bien distincte de la psychiatrie. Il s’agit moins de guérir des malades que de surveiller et de contenir des « aliénés » qui représentaient une frange dégénérescente de la société, les maladies étant expliquées par « l’abâtardissement de la race », race que la médecine doit pourtant maintenir forte[61]. De telles observations quant au profil des névrosés de guerre s’expliquent donc, en premier lieu, par le biais de confirmation de ces médecins, un biais cognitif que le contexte de la guerre ne peut qu’exacerber. En effet, un tel discours racialiste trouve dans le moment guerrier un écho bien particulier, l’ennemi étant perçu comme le représentant d’une autre race, nécessairement inférieure. Le discours médical est donc manipulé, au double sens d’induit en erreur en amont et d’instrumentalisé en aval, par la logique patriotique qui « interdit dans un premier temps de considérer que la guerre rend fou » : la neurologie est « un front comme un autre »[62] dans cette guerre pétrie de nationalisme et de tâtonnements scientifiques.

De fait, même les divergences préexistantes ou nouvelles entre les approches médicales des blessés psychiques de guerre servent bien le patriotisme combattant. La psychiatrie allemande fut, on l’a vu, bien plus prompte et disposée à apposer un diagnostic d’hystérique à des combattants que la psychiatrie française, un état de fait bien commode pour cette dernière qui pouvait dès lors affirmer qu’un tel mal était propre aux seuls « Boches », en aucun cas aux solides poilus. On notera d’ailleurs la connotation virile de ce terme, loin du mal prétendument féminin qui gagnerait les rangs des soldats allemands. On peut donc raisonnablement émettre l’hypothèse qu’une telle discordance ait pu s’expliquer, plutôt que par de supposées différences raciales, par un refus quasi-systématique de la psychiatrie française – on a vu que le diagnostic d’hystérique de guerre ne fut attribué qu’à 1 % des internés de Villejuif – de toute prise en considération de l’approche allemande du problème. N’est-ce pas un déni français de la Kriegshysterie qui est alors à l’œuvre ?

De fait, après des décennies d’échanges scientifiques féconds entre pays européens, la guerre voit des praticiens français prôner « de couper court à l’invasion de la psychiatrie allemande et de revenir à la culture et à la psychiatrie française », une psychiatrie « belle dans ses origines, belle dans ses développements, belle dans sa justesse, dans sa vérité, dans sa sincérité », loin de « l’anarchie née de la psychiatrie allemande »[63], signe d’une opposition dogmatique à la pensée médicale d’outre-Rhin. Les sociétés savantes françaises se purgent par la même occasion de leurs membres allemands et autrichiens[64]. Ne voyons toutefois pas dans de telles considérations une attitude française unilatérale, sans réciproque en Allemagne : dans le même temps, bien des médecins allemands prédisent que les Français, à qui on prête un « caractère faible et inconscient »[65] et une « prédisposition » pour les accidents névropathiques, ne tiendront pas les tranchées face à la « résistance nerveuse de la race allemande ». Désormais, le discours psychiatrique sert bel et bien la raison militaire.

Toutefois, durant le conflit, une part de la réflexion germanique autour des troubles hystériques de guerre échappe quelque peu aux seules logiques militaires et raciales. Il en est ainsi de Karl Abraham et Sándor Ferenczi, deux disciples de Freud qui, sous les drapeaux, s’attachent à déchiffrer les symptômes hystériques, qu’ils assimilent à une régression infantile liée à une perturbation de la libido narcissique des gens de guerre. Ces psychanalystes participent, aux côtés de leur mentor viennois, au cinquième Congrès international de psychanalyse, pour partie consacré aux gens de guerre, qui se tient en septembre 1918 à Budapest et dont il ressort la décision des autorités des puissances centrales de créer un centre de traitement psychanalytique des névroses de guerre, un projet abandonné après l’armistice[66]. Une telle démarche de la part de ces psychanalystes et des pouvoirs publics est certes plus constructive et, sinon scientifique, du moins méthodique, que l’attitude du corps médical français pendant la guerre. Néanmoins, elle peut être interprétée comme un repli des professionnels austro-allemands de la psychê sur une méthode qui fut, à l’origine, la leur, et à laquelle les renvoient d’ailleurs volontiers leurs confrères ennemis.

Si l’on sait alors déjà que l’hystérie est d’origine psychique et non organique et si l’on attribue, à tort ou à raison, la compréhension de ce concept à une école austro-allemande disqualifiée dans son principe même, il est donc impensable, en France, de diagnostiquer des soldats comme hystériques sans se contredire. Cela vaut tout particulièrement pour « des hommes qui s’étaient jusque-là conduits très bravement »[67] et donc a priori non prédisposés à un tel mal. Qu’à cela ne tienne, se dit-on chez les médecins français gagnés de gré ou de force par les logiques militaires et nationalistes, nos soldats ne sont donc pas hystériques. C’est ainsi que le corps médical en revient à trouver des explications mécaniques et organiques, plutôt que psychiques, à un tel mal. Dès juin 1915, le docteur Charles Myers, psychologue consultant dans l’armée britannique, alliée à la France, parle de shell shock, littéralement de « choc de l’obus », pour décrire un mal consécutif à une explosion[68]. Si Myers ne tranche pas clairement sur la nature physique ou psychique de ce syndrome, le corps médical français le perçoit rapidement comme commotionnel plutôt qu’émotionnel. Les praticiens Albert Mairet et Henri Piéron parlent, en effet, de « syndrome du vent de l’obus », une notion rappelant celle de « vent du boulet » qui avait cours pendant les guerres napoléoniennes : l’explosion de l’obus créerait une compression puis une décompression brutales de la pression atmosphérique, entraînant des hémorragies cérébrales temporaires[69]. C’est une explication organique, physique, des symptômes dont souffre le blessé. Par la validation d’un tel raisonnement complètement dénué de preuves scientifiques[70], un trait est tiré par le corps médical français sur l’hystérie et sa connotation germanique… et féminine : pas question d’ainsi qualifier les nôtres.

Cette compréhension finit toutefois par reculer devant l’évidence. En 1916, on donne finalement raison à ceux qui, en France, parlent de choc émotif et d’hystérie[71]. On limite les dégâts intellectuels et patriotiques en attribuant ce mal à la prédisposition héréditaire, mais les blessés sont trop nombreux pour que cette explication satisfasse. Il paraît alors pertinent de se référer à Babinski qui parlait de pithiatisme, un néologisme ayant pour origine les racines grecques signifiant « persuader » et « guérir »[72], plutôt que d’hystérie. Pour Babinski,

L’hystérie est un état pathologique se manifestant par des troubles qu’il est possible de réduire par suggestion, chez certains sujets, avec une exactitude parfaite et qui sont susceptibles de disparaître sous l’influence de la persuasion seule.[73]

La maladie serait due à l’autosuggestion du sujet, qui se persuaderait lui-même de son mal[74]. Les troubles mentaux seraient tributaires de l’intention du malade, mais déterminer si celui-ci est conscient ou non de cette intention relève, selon les mots mêmes de Babinski, de l’« impossible »[75]. La notion de suggestion et l’impossibilité de juger de la sincérité du malade ont de quoi favoriser un dangereux glissement sémantique[76] : comment s’assurer que ces malades ne sont pas tous des simulateurs ?

La chasse aux simulateurs

L’association de l’hystérie à la simulation ne date pas de la guerre. Dès 1903, dans le Traité de pathologie mentale, Gilbert Ballet définissait la simulation comme un trouble subjectif ou objectif imaginé par le sujet dans le but d’induire, volontairement et consciemment, l’observateur en erreur ; il y associait l’exagération consciente et la persévération consciente et voulue d’un trouble réel[77]. Même un patient qui, souffrant d’un mal authentique, grossirait le trait de celui-ci, pouvait être qualifié d’hystérique. Ainsi, lorsque vient la guerre avec son lot d’hystériques masculins, le soupçon règne sur tous ceux qui semblent souffrir de ce trouble. Quand bien même on admettrait l’existence d’un mal tel que l’hystérie de guerre, rien n’interdirait aux médecins de penser que des faibles, non atteints de ce trouble mais trop anxieux pour courir le risque de la guerre, et voyant que ceux qui présentent effectivement des symptômes sont enfermés dans des conditions qui, pour être difficiles, sont moins dangereuses que celles du front, développeraient plus ou moins volontairement, par hypocondrie, des symptômes s’en rapprochant. Telle est l’hypothèse de Babinski, qui écrit en 1915 :

[…] tel trouble manifestement simulé aujourd’hui peut ne plus mériter ce qualificatif demain. Et de même que le menteur, convaincu d’abord de la fausseté d’une assertion, donnée dans un but intéressé, finit par se persuader lui-même de l’authenticité de ses dires, à force de les répéter, de même un sujet qui, au début, aura simulé une contracture ou une paralysie avec l’intention de tromper autrui, peut devenir à la longue la propre victime de sa supercherie.[78]

Deux ans plus tard, la guerre de tranchée persistante ayant fait son lot de nouveaux blessés, le neurologue Pierre Marie, lui aussi disciple de Charcot, va encore plus loin en désignant les hystériques comme des simulateurs inconscients[79]. En plein conflit international impliquant des armées de conscrits, l’heure est à l’obsession pour le simulateur et l’exagérateur, individus déséquilibrés développant une telle idée pour mieux se soustraire aux obligations militaires[80]. En percevant de la sorte certains hystériques – sinon les hystériques –, la pratique médicale s’inscrit pleinement dans les logiques militaires, se faisant l’alliée objective des officiers soucieux de mater les tire-au-flanc.

Cette analogie n’est alors pas rare. Chez les psychiatres allemands se développe l’idée d’un « instinct de conservation » qui générerait des « complexes imaginaires » et, avec eux, « une accumulation de délits de subordination, de désertion, de défection et d’automutilation dans des tentatives de simulation de maladie »[81], une maladie qui constituerait un point de fuite. Les malades sont explicitement mis sur le même plan que les déserteurs : les uns comme les autres apparaissent comme fuyant, physiquement ou mentalement, le champ de bataille. Le corps médical français n’est pas en reste. Dès les 18 février et 14 mars 1915, lors des discussions de la Société de neurologie de Paris, le docteur Marie assimile explicitement les hystériques, censés représenter la faiblesse de l’armée, à l’ennemi[82]. Le 21 octobre suivant, la Société adresse un vœu au sous-secrétaire d’État au service de santé Justin Godart préconisant de ne présenter « en aucune circonstance, aucun militaire atteint de psycho-névroses devant les commissions de réforme »[83] qui pouvaient les amener à quitter le front, car cela reviendrait à récompenser la lâcheté, à accorder une prime à la trouille. Si la dimension raciale du propos n’est pas aussi limpide que chez certains psychiatres allemands, le moral semble là aussi primer sur le thérapeutique[84]. Comme les déserteurs, les hystériques apparaissent comme des lâches, comme des militaires abandonnant leurs obligations de militaires, des rebuts de l’idéal masculin incarné par le volontaire de l’année 1914. La pathologie est assimilée à la lâcheté, exact contraire du courage dont est censé faire preuve le soldat dans le rang.

Aux yeux des psychiatres, le défaut mental, même réel, est presque systématiquement accompagné d’une « infériorité éthique »[85], d’une « inclinaison antisociale ». Les psychiatres doivent, à ce titre, travailler à l’éducation de ces simulateurs et de leur volonté défaillante, briser leur réticence[86].

Une telle attitude de la part de professionnels de la santé, chargés de venir en aide à des malades, peut paraître surprenante. De fait, elle s’inscrit dans le contexte intellectuel particulier du darwinisme social. La révolution de la pensée scientifique opérée au XIXe siècle par Charles Darwin, qui conceptualisa l’évolution des espèces comme le produit de la sélection naturelle, c’est-à-dire de la survie des seuls individus dotés de caractères génétiques avantageux résultant des hasards de l’évolution dans une atmosphère de concurrence vitale entre tous, n’alla en effet pas sans émanations dans les autres champs intellectuels. Bien des auteurs pensaient lire dans les « lois sociales » un « prolongement de la nature », estimant que « la lutte pour la vie menant à la survivance du plus apte » valait également pour « la lutte entre individus ou à la lutte entre groupes »[87]. Ainsi naquit le darwinisme social, une pensée résultant de cette application des thèses darwiniennes à des problématiques touchant aux sociétés humaines plutôt qu’aux espèces, aux problématiques sociales plutôt que biologiques – précisions que le terme de « darwinisme social » fut seulement employé par les détracteurs de cette idée, jamais par ses adeptes. Selon le darwinisme social, chaque société humaine est donc sujette à un mécanisme de sélection de ses meilleurs individus, condamnant les faibles et les inaptes à la disparition. À la charnière des XIXe et XXe siècles, cette idée n’est donc pas rare dans les milieux intellectuels et notamment médicaux, et la Grande Guerre vient la perturber mais nullement l’invalider à leurs yeux.

En effet, ce conflit est rapidement perçu comme donnant lieu à une « contre-sélection » : la guerre de tranchée mettrait en danger les plus forts, qui resteraient au front et courraient en permanence le risque de mourir, tout en protégeant les seuls inaptes, internés à l’abri[88]. Cette guerre irait à l’encontre de la logique évolutive telle que perçue par les darwinistes sociaux, provoquant la destruction involontaire des meilleurs parce que ces derniers sont « les plus aptes au sacrifice »[89], selon les mots de l’hygiéniste munichois Max von Gruber, tandis que les plus faibles seraient sauvés parce qu’inaptes au combat. La guerre représenterait, aussi paradoxal que cela puisse paraître, une « quasi-assurance-vie », écrit le physiologiste et pacifiste berlinois Friedrich Nicolai en 1919[90]. La distinction social-darwiniste entre les forts et les faibles, si elle relève en partie de la vigueur et de la résilience physique, ne se limite toutefois pas à cet aspect : parmi ceux qui survivent, on trouve, outre ceux qui sont « inférieurs physiquement et mentalement »[91], les « inutiles » et les « parasites », dont il aurait mieux valu qu’ils aient une « catharsis » en connaissant « la gloire d’une mort héroïque », regrette, en 1922, le neurologue et psychiatre allemand Max Nonne. Derrière les dénominations de « parasites » et d’« inutiles » qui auraient pu aller au-devant d’une mort glorieuse se lisent sans aucun doute ceux qui ont refusé de risquer leur vie au combat, qui ont trouvé un moyen de fuir les dangers du front… en d’autres termes, les déserteurs, les simulateurs et les exagérateurs. Pour les praticiens adeptes du darwinisme social, il faut donc que la médecine corrige le tir, qu’elle empêche aux lâches de se planquer. Pourtant, il est des médecins qui, guidés par leurs observations scientifiques, s’opposent à de telles logiques.

L’hystérie, produit de la guerre

Certains praticiens n’hésitent pas à voir derrière les troubles des militaires, aux côtés desquels ils ont passé des années, le fait non d’une prédisposition ou d’une quelconque lâcheté de ces derniers mais bien celui de la guerre elle-même. S’ils sont alors loin de faire l’unanimité, il s’en trouve chez les différents belligérants pour soutenir cette thèse, en dépit des différences d’appréciation des névroses de guerre d’un corps médical à l’autre.

En Allemagne, Robert Gaupp, directeur de la clinique psychiatrique de Tübingen, écrivit quatre ans après la guerre que « l’effarant essor de la technique de guerre »[92], à savoir « le terrible pouvoir de destruction des obus d’artillerie modernes, le feu roulant, les attaques au gaz, les bombes aériennes, les lance-flammes et toutes les autres formes de dommages qu’on n’aurait pas soupçonnés », ont, « de près ou de loin, entraîné une accumulation de terribles effets les plus violents, comme il ne s’en est certainement jamais encore connu sur la Terre ». Clairement,

La force des événements guerriers, le bouleversement complet des conditions d’existence physiques et psychiques pour la plupart des combattants, les effarantes fatigues psychiques et physiques auxquelles le soldat du front était exposé quasi sans interruption, avaient créé les conditions générales pour l’épanouissement de l’hystérie de guerre.[93]

Pour le médecin wurtembergeois, le doute n’est pas permis : les armes nouvelles et les changements qu’elles induisent dans la manière de mener combat et la vie près des lignes sont à l’origine de l’hystérie de guerre. Le terrain favorable à l’éclosion de ce mal n’est pas une quelconque prédisposition biologique, mais assurément l’évolution de la « technique » guerrière, inédite. Le psychiatre ne relève d’ailleurs pas seulement les combats en eux-mêmes mais les « conditions d’existence physiques et psychiques », liées à la fois au combat et à la vie des militaires, qui ont passé des années à se terrer dans les tranchées, conséquence indirecte de l’emploi des nouveaux armements. Ce type de guerre est une nouveauté. À nouveaux armements et nouvelles manières de combattre, nouvelles pathologies.

Dans le même temps, en Grande-Bretagne, le personnel médical prend peu à peu conscience que le shell shock, dont la nature de la cause – psychique ou organique – n’avait dans un premier temps pas été mise au jour par Charles Myers, est bien le produit des troubles émotionnels occasionnés par la guerre et son atmosphère incessante de peur, de tension, d’horreur, de dégoût et de peine et que les névroses de guerre relevaient du compromis négocié par la pscyhê entre l’instinct de survie et l’impossibilité morale de fuir ou de trahir[94]. Plusieurs décennies plus tard, le sociologue américain Erving Goffman poursuit cette réflexion en faisant remarquer que le peu d’autonomie et l’impuissance du soldat ainsi asphyxié le placent dans une position comparable aux femmes victimes d’un patriarcat qui leur aurait retiré la maîtrise d’elles-mêmes : de la sorte, la guerre, expérience masculine par excellence, féminise ceux qui la mènent et n’est autre qu’une « apocalypse du masculinisme »[95].

Cette idée selon laquelle l’impuissance est susceptible de générer une pathologie semble, sur le coup, échapper à bien des hommes, à commencer par des médecins, au contraire de femmes britanniques qui écrivent dès 1918 des romans, comme The Return of the Soldier de Rebecca West, mettant en scène des hommes revenus du front amnésiques, sujets à une « fugue hystérique », qui peinent à retrouver le sens de leurs responsabilités sociales d’avant-guerre, celles de « l’automate masculin » qu’ils étaient[96]. Visiblement, ce sont ces femmes, mieux conscientes du sujet que des hommes impliqués dans des structures patriarcales[97], qui ont le mieux compris ce que traversaient les soldats souffrant de shell shock, comme on nommait ce mal de ce côté de la Manche. Ces remarques, effectuées par l’universitaire féministe Elaine Showalter en 1983, soulignent que, au-delà de l’analogie médicale entre hystérie féminine et syndromes apparus au front, le sort et le devenir des femmes dites hystériques de l’époque victorienne et ceux des hommes appelés au front pendant la Grande Guerre sont bel et bien comparables sur le plan médical et humain.

C’est au contact de soldats des mêmes armées que le psychiatre Thomas Salmon en arrive à percevoir la guerre comme responsable des maux dont beaucoup souffrent :

La guerre actuelle est le premier conflit dans lequel les maladies nerveuses et fonctionnelles (« shell shock ») constituent un problème médical et militaire majeur. Comme tous les pays et toutes les races engagés dans le conflit souffrent de ces symptômes, il apparaît clairement que ce sont les nouvelles conditions de guerre qui sont principalement responsables de leur fréquence.[98]

Le praticien américain avait, on l’a dit, côtoyé des soldats ayant de tels maux dès avant la guerre, aussi a-t-il davantage d’expérience que bien d’autres ; toutefois, pour lui, la Grande Guerre est bien la première où ceux-ci « constituent un problème médical et militaire majeur ». Une telle affirmation relève sans doute de l’appréciation quantitative, au vu du nombre de blessés de ce type et de leur prise en considération par les autorités militaires et sanitaires. La guerre est massive non seulement par les effectifs de ses participants, mais aussi par la proportion de ceux-ci qui développent des « maladies nerveuses et fonctionnelles » en la menant. En effet, en 1916, l’année précédant l’arrivée du docteur Salmon sur le continent européen, le shell shock aurait représenté pas moins de 40 % des pertes britanniques dans les zones de combat ; à la fin de la guerre, 80 000 patients souffrant de ce mal peuplent les établissements médicaux de ce pays[99]. De même, alors qu’il n’avait jusqu’ici eu affaire qu’à des blessés américains, Salmon constate cette fois que « tous les pays et toutes les races engagés dans le conflit souffrent de ces symptômes », signe que ceux-ci ne sont propres à aucun groupement particulier par sa nature ou sa culture : tous sont susceptibles de développer une névrose de guerre. Le fait que Salmon, médecin américain, n’ait pas participé aux controverses franco-germaniques sur le sujet, favorise une plus grande objectivité médicale et, par là même, le constat logique quant à la diversité de ces malades.

Un soldat sous shell shock selon la dénomination anglophone, sous l’objectif d’un photographe de guerre britannique, dans une tranchée près d’Ypres, en 1917
Un soldat sous shell shock selon la dénomination anglophone, sous l’objectif d’un photographe de guerre britannique, dans une tranchée près d’Ypres, en 1917 – domaine public – Wikimedia Commons

Ce sont donc bien les « nouvelles conditions de guerre » qui expliquent, du moins « principalement », de tels maux. Là aussi, l’argumentaire est celui de la nouveauté : indépendamment de ce que le champ médical avait pu jusqu’ici penser de ces malades, la guerre et ses moyens inédits viennent complètement remettre en question ces présupposés quasi dogmatiques. C’est là une mise en perspective de l’épistémologie médicale : plutôt qu’un fait évident et indépassable de la psychiatrie, les troubles psychiques humains apparaissent comme une donnée évolutive, sensible aux dangers nouveaux d’activités humaines ancrées dans leur siècle. Tous les contextes, notamment celui de la guerre, ne sont plus bons à confirmer des théories psychiatriques préexistantes, celles-ci devant au contraire évoluer pour mieux prendre en compte les observations nouvelles. Sa clairvoyance, dans la lignée des héritages de la guerre de Sécession, favorise l’émergence précoce de la psychiatrie de guerre américaine, à l’heure où cette discipline manque encore de reconnaissance en Europe, même s’il faut attendre 1943 pour que l’ordre soit donné, aux États-Unis, de garder tout blessé psychique en observation et, éventuellement, de l’évacuer[100], signe que les décideurs ne suivent pas les recommandations médicales dans l’immédiat. Point de prédisposés ou de simulateurs selon Salmon, qui souligne au contraire le sens du « devoir, du patriotisme, et de l’honneur »[101] de la plupart des patients rencontrés. En reconnaissant ainsi les vertus dont font preuve ceux-ci, vertus qui sont précisément celles attendues des militaires et, plus généralement, des hommes, le médecin dissocie pathologie et absence de qualités morales, et réhabilite de la sorte ces derniers.

Cependant, on trouve aussi des praticiens français qui s’opposent à la doxa de la prédétermination et de la simulation. En 1917, Jean Lépine écrit ainsi que :

[…] plus nous allons et plus nous constatons dans cette guerre que la prédisposition perd de sa valeur, et que les circonstances occasionnelles apparaissent au contraire comme le véritable facteur du trouble mental […]. Au début, la question se posait de savoir s’il y avait, ou non, des psychoses de guerre. Quelques travaux […] ont montré alors que si la guerre ne faisait très souvent que donner un caractère particulier à certains délires, les colorer, si d’autres fois elle ne faisait que révéler des psychoses latentes, il y avait d’autres cas, et nombreux, où elle était responsable sans mélange. Le débat a pris depuis une autre forme. On a dit : la guerre a bien créé des troubles mentaux, mais aucun qui ne nous fût connu, elle ne nous a rien appris de nouveau. Je ne suis pas du tout de cet avis. Au risque de paraître avouer une ignorance extrême au début de la campagne, je dois dire que mes notions psychiatriques se sont non seulement complétées, mais modifiées, et que presque chaque jour me paraît apporter sa part de faits utiles, différents de ce qui était connu. Assurément, nous ne voyons que des symptômes déjà décrits, nous vivons au milieu de formes mentales qui nous sont familières, mais, ce qui diffère souvent du temps de paix, c’est leur origine et leur évolution. […] Les raisons de ces troubles, leur mécanisme quand nous pouvons le supposer, les circonstances qui peuvent les modifier, voilà qui fait de ces psychoses de guerre quelque chose d’à part, d’instructif et de nouveau […].[102]

Le médecin français souligne une opinion courante selon laquelle le conflit n’aurait « rien appris de nouveau » aux médecins, pour s’en distinguer immédiatement : pour lui, la Première Guerre mondiale, avec son lot de blessés psychiques, représente, plutôt que la confirmation de thèses préexistantes, l’occasion d’une progression sur le plan épistémologique. La guerre ne donnerait pas naissance à des psychoses nouvelles, inconnues de la science en temps de paix, mais celles qui s’observent seraient alors différentes par « leur origine et leur évolution », aussi la médecine progresserait-elle à les étudier dans leur nouveauté. Lépine admet avec modestie l’évolution et même la remise en question quasi quotidienne de ses « notions psychiatriques », lui qui exerçait déjà plusieurs années avant la guerre. Un tel appel au renouvellement de la pensée médicale fait bel et bien écho aux objections avancées deux ans plus tôt par d’autres, au sein même de la Société de neurologie, aux thèses de Babinski et de Marie. Les journées de discussion de la Société en février et mars 1915 avaient en effet vu Jules Déjerine, de l’hôpital de la Salpêtrière, prendre la parole, arguant n’avoir jamais « eu l’impression d’avoir affaire à de la simulation »[103] chez ses patients :

Je ne crois pas qu’on puisse jamais me montrer un sujet qui, volontairement – le simulateur n’étant autre chose que l’individu qui volontairement reproduit un symptôme –, qui volontairement, dis-je, puisse maintenir un membre en contracture, non pas pendant des semaines et des mois – je n’en demande pas autant –, mais seulement pendant quelques heures. Je ne crois pas davantage que par la volonté un sujet puisse, sans contracter énergiquement ses muscles des membres inférieurs – et alors la supercherie est facile à découvrir –, empêcher son réflexe cutané plantaire de se produire.

En plus d’accuser ses confrères d’exagérer la fréquence[104] de ceux qu’eux-mêmes percevaient comme exagérant leurs symptômes, Déjerine oppose à ceux-ci des arguments d’ordre médical plutôt que moral ou politique, s’appuyant sur l’impossibilité physique pour un patient de simuler de tels maux. En vain, puisque Joseph Babinski juge bon « d’écarter de notre discussion tout ce qui est d’ordre théorique », et en revient à mieux accabler les « menteurs » pris à leur propre suggestion qui faisait d’eux de « vulgaires » simulateurs, des « délinquants », « indignes de toute commisération »[105]. En France, le courant de pensée qui voit derrière de tels troubles le fait de la guerre seule reste donc minoritaire et l’on continue, après-guerre, d’accabler ces soldats qui n’avaient pas pu rester au front. Ce n’est qu’en 1992 qu’un décret vient bannir les termes d’hystérie et de pithiatisme, assurant de l’indemnisation ceux qui en avaient été diagnostiqués et interdisant de chercher dans des éléments antérieurs à l’expérience combattante l’explication de tels maux[106]. En attendant, on suit l’avis de Babinski, qui voulait « considérer exclusivement, dans les circonstances actuelles, le côté pratique, avoir uniquement en vue ce qui présente un intérêt utilitaire et formuler quelques propositions précises dont on puisse tirer un parti immédiat »[107]. Pour le théoricien du pithiatisme, le rôle du psychiatre n’est pas de comprendre ou d’étudier ces maux encore mal connus. En renonçant de la sorte à la compréhension des maux, le médecin renonce à une grande partie de sa profession de scientifique, se contentant de les traiter plutôt que d’agir sur leurs causes. Ainsi, le psychiatre se fait plus que jamais auxiliaire d’une hiérarchie militaire soucieuse, avant toute chose, de prendre au plus vite en charge des militaires qui n’en sont plus pour, avant toute chose, les faire retourner au front.

Le face-à-face du psychiatre et du soldat

En 1914, corps médical et autorités politiques et militaires de nombreux États en guerre ne peuvent qu’être surpris et déstabilisés de la redirection rapide de soldats et d’officiers en très grand nombre vers des services de soins neuropsychiques. Des symptômes d’hystérie – « paralysie, aveuglement, surdité, contracture d’un membre, mutisme, boitillement »[108] – sont constatés chez nombre de soldats du rang, quand des officiers font des cauchemars, ont des insomnies, des palpitations, des vertiges ou souffrent de dépression ou de désorientation[109]. Un tel afflux vers les hôpitaux d’hommes partis la fleur au fusil bouscule les convictions scientifiques et culturelles qui perçoivent encore de tels maux comme essentiellement féminins, en dépit des progrès médicaux effectués depuis le siècle précédent. L’étonnante répartition des symptômes n’aide pas : en Grande-Bretagne, le taux de névrotiques de guerre est quatre fois plus important chez les officiers que chez les militaires du rang, un écart qui pourrait s’expliquer par la pression plus grande sur les officiers de se conformer à un stoïcisme masculin ou par leur attitude plus fréquente d’aller au-devant de risques inutiles. Dès lors, les médecins militaires ont-ils, on s’en doute, des réticences à qualifier d’hystériques, avec toute la connotation de ce terme, des hommes qui, bien souvent, proviennent d’un milieu social proche du leur[110].

Là où des décennies de pratique avaient forgé un habitus médical voulant qu’un médecin masculin, aux connaissances cultivées par des années d’études, diagnostique d’hystériques des femmes, et des femmes souvent issues de milieux populaires, praticiens et médecins sont, pour la première fois, souvent du même sexe et de la même extraction sociale. Un tel face-à-face est alors, du moins sur le plan quantitatif, inédit. L’asymétrie entre les deux protagonistes n’est plus une donnée du genre et de la classe sociale préalable à l’examen médical, elle est supposément liée uniquement à des données scientifiques élaborées au moyen de celui-ci. Mais elle est loin de disparaître pour autant.

Le diagnostic ou la déchéance du soldat

Nul ne peut prétendre savoir comment les hystériques de guerre vécurent le diagnostic qui leur fut attribué. Toutefois, au sein d’un corps médical qui, dans sa majorité, persiste à comprendre un tel mal selon des schémas anciens, le discours sur l’hystérique reste un « instrument de la différenciation entre les sexes »[111], aussi une telle dénomination impliquait-elle une déchéance de la masculinité.

Ces traumatisés de guerre, qui viennent contredire l’image que le pays voudrait donner de lui-même, ne sont pas traités comme les autres malades[112]. Pendant la Première Guerre mondiale comme après celle-ci, ces soldats sont, métaphoriquement sinon physiquement – les asiles étant des espaces fermés permettant de limiter les contacts avec l’extérieur – ségrégués et perçus comme des êtres à part, marginaux. Ils ne cessent en effet de faire l’objet de recherches dans le champ médical.

Dans l’Allemagne post-Grande Guerre, celle de la République de Weimar, les Kriegshysteriker apparaissent comme des objets de science équivoques. Ce pays étant celui où la notion d’hystérie de guerre apparut et fut le plus largement diagnostiquée, mais aussi un pays qui, vaincu, semble collectivement voir ses combattants dévirilisés dans leur ensemble, ces malades incarnent plus encore qu’ailleurs, aux yeux des idéologues militaristes et nationalistes, les craintes d’efféminement (« Verweiblichung ») et de dépérissement du peuple (« Volkssterben »)[113]. Toutefois, dans le même temps, les mots employés par les psychiatres qui étudiaient ces malades donnent plutôt à lire une infantilisation (« Verkindlichung »)[114]. En effet, Ferdinand Adalbert Kehrer, neurologue et psychiatre à l’université de Münster parle, dans un article scientifique accompagné de photographies et publié en 1924[115], d’attitudes de « clownisme » et de « pitreries infantiles » de leur part, entre autres attitudes « étranges », « fantastiques » ou encore « monstrueuses », par opposition à la « position normale » du visage. Le terme de « clownisme » correspond alors à l’une des quatre phases d’une attaque hystérique selon la description qu’en donnait Charcot, après la phase épileptoïde et avant celles des attitudes passionnelles et du délire ; c’en est la phase la plus spectaculaire, caractérisée par de grands mouvements et contorsions[116]. L’usage d’un tel mot qui, de fait, est finalement délaissé par le corps médical par la suite, évoque une forme de spectacle censé être divertissant, surtout couplé à ceux d’« étrange », « fantastique » ou « monstrueux ». Même ceux qui prennent en charge ces malades et étaient censés les guérir semblent ne pas les prendre au sérieux, les considérer comme des êtres bizarres, des objets d’étude déshumanisés et prétextes à l’amusement, loin des figures héroïques que sont censés représenter les soldats encore au début de la guerre.

« Mouvements chroniques » d’un soldat atteint de shell shock, cliché d’Albert Norman visiblement destiné à l’étude par des médecins au King George V Military Hospital, Londres, en 1916 - Wellcome Library, London, United Kingdom
« Mouvements chroniques » d’un soldat atteint de shell shock, cliché d’Albert Norman visiblement destiné à l’étude par des médecins au King George V Military Hospital, Londres, en 1916 – Wellcome Library, London, United Kingdom – Wikimedia Commons

Les praticiens français ne sont pas en reste, et ce dès le Congrès de neurologie militaire qui se tient à Doullens en 1916. Les professeurs Georges Dumas et Achille Delmas écrivent alors que la guerre avait donné à revoir « presque toutes les formes des temps héroïques de l’hystérie, depuis celles des épidémies médiévales jusqu’à l’époque de Charcot »[117], « une cour des miracles où seraient représentés tous les cas de la pathologie humaine ». La guerre montrerait une belle anthologie des marginaux de l’histoire, les « cours des miracles » étant des rassemblements de défavorisés et d’infirmes dans des espaces parisiens sous l’Ancien Régime. Les « aliénés », en nombre désormais anormalement grand, donnent à s’extasier à ces médecins, qui semblent exposer ces bêtes de foire à leurs confrères dans des cabinets de curiosités.

Chez les psychanalystes, cette perception des hystériques de guerre ne va pas sans association avec un autre trait perçu comme relevant de la marginalité : l’homosexualité. La féminité supposée de ces hommes se rapporterait à de tels penchants. Pour Karl Abraham, les névrosés de guerre sont passifs, narcissiques et impotents, et l’environnement masculin de la guerre aurait révélé leur homosexualité latente[118]. Une telle association de la névrose de guerre à la lâcheté, de celle-ci à la féminité et de cette dernière à l’homosexualité, relève bien entendu des lieux communs de ce temps, lieux communs à laquelle la psychanalyse, discipline dont le caractère scientifique est éminemment discutable, prend largement sa part. Toutefois, aussi hasardeuses ces idées soient-elles, les maux des soldats de la Première Guerre mondiale ne peuvent être dissociés de leur contexte : si la société les percevait alors comme tels, ces blessés ont pu vivre le diagnostic d’hystérie de guerre ou de shell shock de la sorte.

De fait, l’historien Eric J. Leed a relevé la fréquence, chez ces anciens combattants de l’impotence sexuelle[119], relevant peut-être une confusion chez les psychanalystes des années 1920. Le symptôme d’impotence apparaît pourtant comme un topos de la littérature moderniste, un courant artistique en vogue, ce que la critique littéraire et théoricienne féministe Sandra Gilbert résume en une formule selon laquelle ces « anti-héros modernistes » qui avaient « traversé physiquement ou métaphoriquement le No Man’s Land étaient devenus non seulement des hommes de rien [“No Men”], des moins-que-rien, mais des hommes qui n’en sont pas [“not men”], des non-hommes [“unmen”] »[120]. Le rapprochement sémantique entre le no man’s land, espace séparant les tranchées des armées où ne devait circuler aucun homme sous peine d’être considéré comme une menace et abattu, et l’émasculation due à la guerre est certes quelque peu artificiel, mais l’énoncé n’est pas sans une certaine exactitude sur le plan empirique, rendant compte de la perception de cette part de la gent masculine de l’après-Première Guerre mondiale comme relevant de la marginalité.

C’est toutefois d’abord à leurs particularités physiques que se reconnaissent ces traumatisés psychiques. Il ressort souvent des sources que ces hommes ne parviennent plus à se tenir droits, qu’ils sont voûtés. C’est le « syndrome des éboulés » décrit par Léon Lortat-Jacob, celui de soldats au tronc courbé en avant[121]. Ces corps qui dévient de leur axe idéal semblent aller à l’encontre de la théorie évolutionniste qui perçoit l’évolution du genre humain comme répondant à une finalité dirigée vers la position debout : ils semblent autant de bêtes curieuses ou de sous-produits de l’évolution[122]. La perception sous-jacente de ces hommes comme mis au ban d’une certaine idée de l’humanité se couple à celle qui veut que l’hystérie dont ils souffrent relève de la féminité : non contents de ne plus être des héros, ces soldats semblent ne plus être des hommes, au double sens d’êtres humains et d’êtres masculins. Les soigner implique donc d’abord de redresser ces corps et de les traiter.

Traiter le blessé

Perçus comme anormaux sur le plan physique et, bien souvent, comme des simulateurs sur le plan psychique, les hystériques de guerre sont pris en charge en tant que tels par les médecins des différents pays en guerre. Les conditions de guerre et l’urgence de la recherche de thérapies sont telles que les psychiatres se retrouvent dotés de pouvoirs de domination, d’intervention et de contrôle à un niveau sans précédent[123], plus encore que lorsqu’ils avaient affaire à leurs patientes féminines qu’ils traitaient pour le même genre de symptômes. Les psychiatres tiennent un rôle masculin face à ces militaires démasculinisés, un rôle disciplinaire assez proche de celui de l’officier, un rôle de punition qui rabaisse des soldats déjà malmenés. Ces figures masculines, habituées à traiter des femmes, sont censées rappeler à l’ordre ces déviants.

Les hystériques étant dénués de leur stature d’hommes, il faut d’abord, pense-t-on dans le champ médical, redresser leurs corps[124], en agissant sur ceux-ci mêmes. Avant même la guérison, se pose la problématique du genre, la nécessité de retrouver une stature perçue comme digne d’un homme. On revêt donc parfois ces blessés de corsets de cuir et de bois, ou d’un plâtrage sous anesthésie[125]. À l’hôpital installé dans le lycée Buffon de Paris, Babinski expérimente l’immersion du pied ou de la main dans un bain de paraffine en fusion. À Marseille, le docteur Siccard procède à des injections d’alcool à 90° sous la peau dans les régions contracturées[126] quand, à Salins-les-Bains, Gustave Roussy injecte de l’éther. Ces deux produits n’ont aucune action thérapeutique par eux-mêmes[127] : il s’agit ni plus ni moins que d’infliger la douleur, que le docteur Maurice Dide, du centre neurologique de Bourges, qualifie d’« élément essentiel, fondamental du traitement des états névropathiques »[128]. Telle est la « méthode brusquée » promue par Babinski[129]. En effet, selon ce dernier et ses disciples, l’hystérie, ou plutôt le pithiatisme, est le résultat d’une « suggestion » du malade, aussi le traitement de celui-ci relève-t-il de la « contre-suggestion ». Le pithiatique s’étant lui-même persuadé de son mal, étant de près ou de loin un simulateur, il faut, au moyen de la violence, le persuader de sa guérison. On fait ainsi croire aux malades que les substances qu’on lui injecte sont bien des médicaments, qui seraient déjà parvenus à guérir des malades tels que lui[130] : on cherche à provoquer, de la sorte, le plus douloureux des effets placebo. On mentionne devant le malade le sort de ceux qui l’ont précédé, tant pour leur guérison supposée que pour les douleurs qu’ils ont subies, pour l’exemple.

En effet, on invite souvent des malades à assister à des séances de « torpillage », de traitement électrique tel que le promeut le docteur Vincent, du centre de neurologie de Tours : l’application de l’électricité à intensité croissante, sabordage violent fait au corps, vise à faire céder le malade[131], à le persuader là encore, ce à quoi le spectacle d’un camarade violenté aiderait. La douleur doit faire comprendre au patient que l’état de fuite du réel dans lequel il est supposément lui est plus douloureux que l’état de conscience, c’est la « psycho-électrisation »[132]. Si l’hystérique fuit, comme on le pense, la violence militaire, il faut rendre plus douloureuse encore l’alternative, et donc déployer une violence médicale, y compris par procuration. Alors que l’hystérie est un mal psychique qui a des conséquences physiques, son traitement répond à la logique inverse : on s’en prend au corps pour chasser l’hystérie de l’esprit.

Toutefois, il arrive qu’on violente également les âmes. Lors de la séance du 20 juin 1916 de la Société de neurologie, le docteur Vincent promeut ainsi la violence verbale comme juste traitement des « hystériques invétérés » :

“Pour les avoirˮ, il a fallu leur livrer une vraie bataille. Pendant une heure, deux heures parfois, il a fallu s’acharner sur eux (exhortations mille fois répétées sous formes diverses, injures très injustes souvent, jurons, manifestations diverses de colère sans colère, le tout appuyé par des excitations galvaniques intenses) et tout ce temps on avait l’impression qu’ils faisaient des efforts pour ne pas guérir, qu’ils s’opposaient à leur guérison, qu’ils ne voulaient à aucun prix guérir et invinciblement l’idée qu’ils étaient des simulateurs est entrée dans l’esprit du médecin qui s’épuise en vains efforts. Pourtant, un moment après, ils se rendaient et étaient heureux.[133]

L’usage par le praticien du vocabulaire militaire pour parler des traitements d’ordre psychologique faits aux malades est éloquent : il faut leur mener « une vraie bataille » jusqu’à ce qu’ils « se rendent ». Se rendre est l’attitude d’un combattant démoralisé ou qui se sait vaincu : il semble donc s’agir, pour le médecin, de vaincre l’hystérique qui est en chacun de ses patients. De là à considérer le médecin comme un ennemi du soldat, il n’y a qu’un pas.

De tels procédés sont loin d’être rares. Selon l’historien Pierre Darmon, 20000 soldats de France passent par des centres où ils subissent de tels traitements[134]. Toutefois, il faut apporter quelques nuances au tableau. Si les médecins sont si nombreux à pratiquer ce genre de traitements, ce n’est pas toujours par adhésion aveugle aux méthodes promues par certains des leurs, et encore moins par pure cruauté. Certains médecins promeuvent d’autres méthodes et pratiques, à l’instar du docteur Jacques Baruk qui fonde dès août 1914 un service ouvert pour militaires frappés de symptômes aigus, comme le réclamaient avant lui le docteur Lunier après les « événements de 1870-1871 » et les psychiatres russes Chaikowitz, Rynakoff et Jacoubovitch après la guerre russo-japonaise. Les malades n’y sont pas internés et on y pratique une « thérapeutique moderne » et différenciée selon les patients, à base d’isolement, d’alitement, de régimes spéciaux, de sérothérapie, de balnéation et d’utilisation de toniques et calmants[135]. D’autres s’engagèrent ouvertement contre les pratiques brutales de la psychiatrie de guerre, tant en Allemagne qu’en France. Paul Sollier, médecin-chef du centre de Lyon, s’oppose à la « méthode brusquée » de Babinski dans une lettre au ministre de la Guerre avec des arguments formels, agrémentés de radiographies, prouvant que les troubles des soldats ne sont pas simulés. Il dénonce comme atteinte à la conscience professionnelle et à l’indépendance scientifique des médecins les directives visant à généraliser les « théories enfantines de Babinski »… signées par Justin Godart[136], celui-là même qui, plus tard, déplora les troubles psychiques causés par la guerre. L’a-t-il fait par désillusion quant à l’efficacité de telles méthodes, ou pour faire oublier son passé ? Nous ne saurions le dire.

Un malade bien traité, cliché de l’American Red Cross, France, 1/10/1918, près du château de Chambord - United States War Department - National Archives and Records Administration
Un malade bien traité, cliché de l’American Red Cross, France, 1/10/1918, près du château de Chambord – United States War Department – National Archives and Records Administration, Wikimedia Commons

Toujours est-il que ces oppositions et pratiques alternatives sont par là même condamnées à rester extrêmement minoritaires. Eu égard aux impératifs liés à la défense nationale et au patriotisme, les pouvoirs publics veulent que la médecine s’avère rentable, en mesure de renvoyer au front le plus de soldats possible en peu de temps[137], forçant les médecins à placer la déontologie médicale au second plan, qu’ils adhèrent à ces considérations nationalistes ou qu’ils ne fassent que céder aux pressions politiques.

Renvoyer le soldat au front

Quels que soient les moyens thérapeutiques mis en œuvre, les médecins ont, tout au long de la Grande Guerre, un devoir précis : renvoyer les soldats blessés au front.

Les derniers mots du docteur allemand Carl Happich dans son article, étudié plus haut, en disent long :

Le principe de la thérapie doit être de faire suivre le repos d’un endurcissement. Pour assurer le repos, on a fait dormir de force les patients pendant 48 à 60 heures, éventuellement en les isolant. Progressivement, on devait les mettre hors de leur lit de plus en plus longtemps, on leur faisait faire des exercices de marche, travailler dans le jardin, etc. Les personnes qui se sont rétablies au bout de quelques semaines ont toutes été invitées à rentrer chez elles, ce qui semble avoir favorisé leur guérison. L’endurcissement est considéré comme particulièrement important, dans l’optique de prévenir une rechute. La plupart des patients sont redevenus aptes au service militaire.[138]

Le médecin conclut l’énoncé de ses suggestions thérapeutiques par une mention de leur efficacité à rendre les patients à nouveau « aptes au service militaire », moyennant un « endurcissement » censé permettre d’éviter toute « rechute ». Le but d’un tel traitement est bel et bien de rendre les soldats capables de revenir combattre, en phase avec les intérêts de l’armée plutôt qu’avec le bien-être des patients. Cette efficacité est, à lire Happich, attestée par l’expérience.

Si les traitements prônés par ce médecin ne sont pas les plus pénibles que des soldats aient connus pendant cette guerre, l’impératif de leur retour sur le champ de bataille tend à justifier toute thérapie qui permettrait de parvenir à cette fin. De fait, le docteur Clovis Vincent, tout en reconnaissant que la douleur liée au traitement électrique « est vive, très vive même sans doute, parfois »[139], ne se prive pas de tels arguments pour sa défense lorsqu’il est incriminé dans une affaire judiciaire l’opposant à un zouave qui refusait une séance de torpillage :

Grâce au torpillage, nous avons renvoyé à leur dépôt, guéris, du 1er janvier au 1er juillet 1916, environ 300 hommes atteints de troubles pithiatiques. Cela représente […] environ 800 hommes dans l’armée, reprenant leur place dans le rang, et cela dans la XIe région […]. Or, il y a vingt et un corps d’armée en France. C’est, par conséquent, de 15 000 à 20 000 hommes par an que l’on pourrait rendre au pays si la méthode était systématisée. N’est-ce donc rien que deux divisions d’infanterie ?

L’argumentaire du médecin est d’ordre quantitatif. Il met en avant le nombre de soldats ainsi renvoyés au front, pour souligner l’impact militaire qu’il y aurait selon lui à généraliser ses méthodes. Peu importe qu’on fasse souffrir les patients, tant qu’on est en mesure de les renvoyer risquer leur vie pour la patrie. Peu importe également que les « résistances » des patients ne cèdent qu’un temps : souvent, ceux-ci s’en retournent au combat à peine « redressés »[140]. La fin, qui est celle du retour au combat en nombre, justifie les moyens.

De la sorte, la psychiatrie de guerre n’est nullement une échappatoire de la violence : elle prend au contraire sa place dans celle-ci, tout particulièrement lorsque ses méthodes sont elles-mêmes violentes. Oskar Maria Graf, ancien militaire du génie allemand condamné pour insubordination en 1916 et interné par la suite en hôpital psychiatrique, le donne à lire dans son autobiographie Wir sind Gefangene (« Nous sommes des prisonniers »), où un médecin se voit répondre de la sorte par son patient :

Vous êtes le plus grand criminel. Vous ne guérissez que pour que nous puissions servir de chair à canon. Vous êtes pire que n’importe quel général ou empereur, car vous n’utilisez votre science que pour qu’il y ait à nouveau des gens à tuer. Vous ressuscitez les blessés à mort pour qu’on puisse à nouveau les assassiner, les déchiqueter ![141]

Dans ce dialogue, probablement romancé, les soins prodigués aux hystériques de guerre apparaissent comme rien de moins que des procédés visant à rendre à nouveau apte, sur un champ de bataille où le feu a pris le pas sur le choc et occasionne des blessures graves, à se faire trouer la peau, d’où le terme de « chair à canon ». La guérison des troubles psychiques ne serait donc qu’une étape vers une nouvelle exposition au risque de mourir, plutôt que la porte de sortie d’une guerre déjà éprouvante.

Graf rend ces médecins complices des logiques meurtrières, les jugeant même « pires » que les donneurs d’ordres des armées. S’il est difficile de juger de l’adhésion personnelle de ces médecins aux logiques patriotiques et guerrières, certains semblent bien s’être avérés plus militaristes que les militaires. Le 21 octobre 1915, la Société française de neurologie adressa un vœu au sous-secrétaire d’État Godart pour enjoindre les pouvoirs publics à ne présenter « en aucune circonstance, aucun militaire atteint de psycho-névroses devant les commissions de réforme »[142], car cela viendrait, aux yeux de ces médecins, à accorder une prime à la trouille, à récompenser la lâcheté. Dans le même temps, en Allemagne, le corps médical, en pleine « crise de l’éthique », semble avoir consenti, au nom de la Nationalsache (« cause nationale »), à la famine générée dans les asiles d’aliénés par le choix de détourner les maigres vivres échappant au blocus naval britanniques vers des bouches « plus dignes » que ces malades. Ce sont de tels médecins qui, après-guerre, adhèrent pour une grande part d’entre eux à l’eugénisme et à l’euthanasie et collaborent avec le Troisième Reich[143]. Médecins et psychanalystes comme idéologues sont en effet marqués par cette guerre qui, en faisant déchoir le soldat, a déclenché une crise de la masculinité.

Épilogue : le soldat n’est plus, vive le soldat ? Réinventer la masculinité militaire

Le 11 novembre 1918, l’armistice est signé et les militaires sont invités à regagner leurs foyers. Connaissent-ils véritablement la paix pour autant ? L’état dans lequel reviennent nombre d’entre eux ne le permet pas. Les infirmes physiques eux-mêmes, loin d’arborer la « belle blessure » longtemps exaltée comme signe ostentatoire d’héroïsme masculin, sont souvent gravement handicapés et défigurés et repoussent bien des personnes[144]. Mais au moins bénéficient-ils d’une relative reconnaissance nationale et même étatique, touchant, dans bien des cas, des indemnités de l’État, comme les familles des morts. Il n’en va pas de même pour les blessés psychiques, qui sont revenus quand d’autres sont morts et qui, pour certains, ont justement pu revenir parce que leur mal leur a valu de ne pas rester au plus près des lignes. Ceux-là restent soupçonnés d’avoir fui et simulé, un soupçon particulièrement prégnant dans l’Allemagne de la République de Weimar, un régime né de la défaite : qui sait, le sort des armes eut-il changé si ces soldats étaient restés à leur poste ? Ces stigmates sont alimentés par la culture psychiatrique : on parle bien dans ce pays, contrairement à certains autres, de Kriegshysteriker, d’hystériques de guerre, associant explicitement leur mal à la féminité, loin de l’idéal masculin que les militaires étaient censés représenter.

Pourtant, on n’en a alors pas fini avec la glorification du soldat. Comme la France au lendemain de la défaite de 1870, l’Allemagne voue un culte à ceux de ses militaires qui sont tombés au champ d’honneur, entretenant ainsi la flamme de la guerre auprès de la jeunesse[145] qui pourrait se trouver bien découragée de voir ceux qui en reviennent effectivement. Aux yeux de la société allemande, mieux vaut ne pas revenir du combat que d’en revenir taré.

C’est donc bien une crise de la masculinité qui se joue dans l’Allemagne de Weimar avec le retour de vétérans vaincus et blessés physiquement ou psychiquement[146]. Malmenée par la guerre, la masculinité militaire, qu’on pensait éternelle, doit se réinventer. Y contribuent les représentations visuelles des citoyens de Weimar, qui apparaissent musculeux et protecteurs de leur famille[147], à l’heure où, pourtant, les blessés de guerre sont souvent dépendants de celle-ci. C’est davantage encore le cas de la littérature, qui idéalise le guerrier et son corps. Ernst Jünger, ancien lieutenant des Sturmtruppen, écrit ainsi, dans Le Combat comme expérience intérieure :

Lorsque le sang tourbillonne à travers le cerveau et les veines comme à la veille d’une nuit d’amour ardemment désirée, et de façon bien plus chaude et plus folle encore (…) Le baptême du feu ! L’air était si chargé de virilité débordante que chaque souffle apportait l’ivresse, que l’on aurait pu pleurer sans savoir pourquoi. Oh ! cœurs d’hommes capables de ressentir cela ![148]

En exaltant de la sorte un « baptême du feu » relié sans ambigüité à la « virilité », plus encore constitutif de celle-ci que l’acte sexuel, le vétéran dresse une image violente de l’homme, en phase avec le nationalisme militariste[149]. La violence apporte à l’homme-soldat, en perte de repères dans cette crise de la masculinité, la « protection d’une cuirasse largement mise en place »[150]. L’auteur va plus loin encore, proclamant l’avènement d’une race nouvelle qui aurait pour figure les hommes des Sturmtruppen[151] dont il a fait partie, troupes de choc créées par l’Allemagne pour la guerre de positions, chargées de servir de têtes de pont aux assauts sur les tranchées ennemies. À l’avant-garde des troupes, celles-ci constitueraient également une avant-garde de la race. On est loin des réalités sociales induites par la guerre : il s’agit justement de contrecarrer et d’exorciser celles-ci. En crise du fait de la violence d’une guerre, perdue qui plus est, la masculinité ne s’effondre pas autant aux yeux de la société qu’à ceux des médecins[152] mais se reforme pour mieux stabiliser la domination masculine[153]. Jünger, parmi d’autres, se fait tenant d’une masculinité positive et véritable, non dénaturée, dans les tranchées ou à l’assaut de celles-ci.

De tels exemples soulignent, en creux, comment la violence de guerre s’est transmise dans une société allemande censée, désormais, connaître la paix. Si Jünger la fantasme, nombreux sont ceux qui la pratiquent également[154]. « La poursuite, dans la paix, des attitudes agressives de la guerre entraîna une “brutalisation” de la vie politique et accentua l’indifférence à l’égard de la vie humaine », écrit George Mosse[155]. Le terme de « brutalisation » est un néologisme, auquel l’auteur consacre un chapitre de son ouvrage Fallen Soldiers: Reshaping the Memory of the World Wars, paru en 1991. Il désigne bien, chez lui, cette continuation dans « toute » la vie politique de l’Allemagne de Weimar, et dans ce régime en particulier, de tels comportements liés à la guerre et non, comme des effets de traduction et d’interprétation par l’historiographie ont pu le suggérer, un gain en vigueur cumulatif entre belligérants au combat. Ainsi banalisée sinon glorifiée, cette violence est centrale dans la montée au pouvoir du fascisme qui, en quête de revanche, exalte cet homme nouveau pétri d’expérience de la guerre moderne, qui aurait durci les stéréotypes du masculin guerrier[156].

En célébrant de la sorte la tranchée comme « le creuset où aurait été fondu l’homme nouveau »[157], le fascisme semble innover. En effet, de la sorte, il réhabilite, plutôt que des combattants masculins effectivement mis à mal par la guerre et qui, pour beaucoup, ont justement pris leurs distances vis-à-vis de celle-ci en devenant pacifistes, la guerre elle-même. Pour les fascistes et les nazis, elle redevient un lieu où se forge la masculinité hégémonique, alors même que les circonstances, celles de la Grande Guerre, ont au contraire contribué à déchoir les soldats de celle-ci. Le nazisme n’invente pas tant de chose avec l’homme nouveau qu’il promeut, celui-ci correspondant en fait à un vieux stéréotype, aiguisé par la guerre et tourné vers l’avenir, mais il glorifie le seul aspect héroïque de celle-ci sans en mentionner le prix à payer[158]. Il fait ainsi abstraction, à dessein, des dommages que la guerre a effectivement causés à certains de ceux qui la pratiquaient, dont la masculinité même fut remise en cause. Ceux-là, ces Kriegshysteriker, ces tarés ou ces simulateurs, ne sont pas de vrais hommes, pensent beaucoup dans la lignée d’une partie du corps médical allemand. La glorification recommencée du guerrier, connexe à un eugénisme nazi hostile aux malades physiques et mentaux, est préférée aux leçons tirées par d’autres médecins, selon lesquelles l’hystérie n’est en rien contraire aux devoirs militaires, pouvant à l’inverse être un mal causé par la guerre.

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Bibliographie

Sources primaires

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[1] LÉPINE Jean, Troubles mentaux de guerre, Paris, Masson et Cie, 1917, 203 p., p. 50, [en ligne] https://archive.org/details/troublesmentaux00lpgoog/page/n9/mode/2up?view=theater&q=hyst%C3%A9ro (dernière consultation le 14/06/2022)

[2] Ibid., p. 65

[3] EDELMAN Nicole, Les métamorphoses de l’hystérique : du début du XIXe siècle à la Grande Guerre, Paris, La Découverte, 2003, 346 p., [en ligne] https://www.cairn.info/les-metamorphoses-de-l-hysterique–9782707134547.htm (dernière consultation le 03/06/2022)

[4] Ibid.

[5] Ibid.

[6] CONNELL Raewyn W., Masculinities, Berkeley, University of California Press, 1995, 295 p., p. 213

[7] MOSSE George L., De la Grande Guerre au totalitarisme : la brutalisation des sociétés européennes, Paris, Hachette-Littératures, 2009 (1re éd. 1999), 291 p., dans AUDOIN-ROUZEAU Stéphane, « Massacres. Le corps et la guerre », dans CORBIN (dir.) Alain, COURTINE Jean-Jacques (dir.), VIGARELLO Georges (dir.) Histoire du corps, vol. 3, Paris, Seuil, 2006, 522 p., pp. 281-320

[8] EDELMAN Nicole, op. cit.

[9] THÉBAUD Françoise, Écrire l’histoire des femmes et du genre, ENS Editions, Lyon, 2007, 312 p., p. 114

[10] THÉBAUD Françoise, « Penser les guerres du XXe siècle à partir du genre. Quarante ans d’historiographie », dans VIRGILI Fabrice (dir.), Clio. Femmes, Genre, Histoire n°39, 2014, Paris, Belin, 313 p., pp. 157-182, [en ligne] https://journals.openedition.org/clio/11914 (dernière consultation le 03/06/2022)

[11] MOSSE George L., op. cit., p. 65

[12] Ibid., pp. 75-76

[13] Cité par ibid., pp. 65-66

[14] CONNELL Raewyn W., op. cit., p. 213

[15] En français dans le texte, RESIC Sanimir, « From Gilgamesh to Terminator: The Warrior as Masculine Ideal – Historical and Contemporary Perspectives », dans OTTO Ton (éd.), THRANE Henrik (éd.) et VANDKILDE Helle (éd.), Warfare and Society: Archaeological and Social Anthropological Perspectives, Aarhus, Aarhus University Press, 2006, 557 p., pp. 423-432, p. 425

[16] DRÉVILLON Hervé, L’Individu et la Guerre : du chevalier Bayard au Soldat inconnu, Paris, Belin, 2013, 306 p., pp. 10-11

[17] MOSSE George L., op. cit., p. 72

[18] EDELMAN Nicole, op. cit.

[19] GRULIER Jean-Claude, Petite histoire de la psychiatrie allemande, Budapest/Paris/Torino, L’Harmattan, 2006, 207 p., p. 113

[20] CATONNÉ Jean-Philippe, « On a retrouvé l’inventeur de l’hystérie ! », dans L’Histoire, n°182, Paris, Société d’éditions scientifiques, 1994, pp. 72-74

[21] BRIQUET Pierre, Traité clinique et thérapeutique de l’hystérie, Paris, J.-B. Baillière et fils, 1859, 724 p., p. 33, [en ligne] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10251330.texteImage (dernière consultation le 14/06/2022)

[22] Ibid., p. 51

[23] Ibid., p. 9

[24] Ibid., p. 10

[25] Ibid., p. 11

[26] BRIQUET Pierre, op. cit., dans CATONNÉ Jean-Philippe, art. cit., p. 72

[27] BRIQUET Pierre, op. cit., p. 51

[28] Ibid., p. 10

[29] Ibid., p. 50

[30] Ibid., p. 14

[31] Ibid., pp. 14-15

[32] CATONNÉ Jean-Philippe, art. cit., pp. 73-74

[33] DEAN Eric T. Jr., Shook Over Hell: Post Traumatic Stress, Vietnam, and the Civil War, Cambridge, Harvard University Press, 1997, 315 p., dans CABANES Bruno, « Thomas W. Salmon, les traumatismes de guerre et la société américaine », dans GUIGNARD Laurence (dir.), GUILLEMAIN Hervé (dir.) et TISON Stéphane (dir.), Expériences de la folie : criminels, soldats, patients en psychiatrie (XIXe-XXe siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, 327 p., pp. 173-181, p. 173

[34] Cette notion, qui remonte à un médecin alsacien du XVIIe siècle, désigne le mal ressenti par les soldats éloignés de leur foyer. C’est, à l’origine, un concept médical.

[35] CROCQ Louis, « XIV. Les traumatismes psychiques de guerre », dans BAECHLER Jean (dir.), BARDIÈS Laure (dir.), Guerre et psychologie, Paris, Hermann, 2018, 228 p., pp. 183-201, [en ligne] https://www.cairn.info/guerre-et-psychologie–9782705695477-page-183.htm (dernière consultation le 03/06/2022)

[36] LÉPINE Jean, op. cit., p. 3

[37] COCHET François, La Grande Guerre : fin d’un monde, début d’un siècle : 1914-1918, Paris, Perrin, 2018, 623 p., [en ligne] https://www.cairn.info/la-grande-guerre–9782262074432.htm (dernière consultation le 03/06/2022)

[38] CROCQ Louis, art. cit.

[39] Ibid.

[40] ECKART Wolfgang U., « Hilfe für verwundete Seelen – Der Beginn der Traumaforschung im Ersten Weltkrieg » (« À l’aide des âmes blessées – le début du traumatisme de guerre pendant la Première Guerre mondiale »), dans CASPARY Ralf, SWR2 Aula, 2004, [en ligne] https://www.kultur-punkt.ch/akademie4/kooperation-swr2/swr2-eckart-verwundeteSeelen04-12.htm (dernière consultation le 02/07/2020, désormais inaccessible)

[41] AUDOIN-ROUZEAU Stéphane, art. cit., p. 299

[42] HAPPICH Carl, « Hysterie im Frontlazarett » (« Hystérie en hôpital de campagne »), dans Deutsche Medizinische Wochenschrift (« Revue médicale allemande »), vol. 42, n°2.2, Leipzig, Thieme, 1916, 1620 p., p. 839, [en ligne] https://archive.org/details/DeutscheMedizinischeWochenschrift1916422.HalbjahrAb809/page/n75/mode/2up (dernière consultation le 14/06/2022). Nous traduisons.

[43] MICHL Susanne, « Gefühlswelten: Konzepte von Angst in der Kriegspsychiatrie » (« Mondes affectifs : concepts de la peur dans la psychiatrie de guerre »), dans Deutsches Ärzteblatt, vol. 33-34, Cologne, Bundesärztekammer, 2014, 111e année, cahier 33-34, pp. 1414-1417

[44] CABANES Bruno, art. cit., pp. 174-175

[45] CROCQ Louis, art. cit.

[46] TISON Stéphane, « Des soldats à l’asile : étude prospective de la 4e Région militaire (Alençon, Le Mans, Mayenne) », dans GUIGNARD Laurence (dir.), GUILLEMAIN Hervé (dir.) et TISON Stéphane (dir.), op. cit., pp. 101-115

[47] Joseph Babinski (1857-1932), neurologue disciple de Charcot, s’est attaché à revoir complètement les thèses de ce dernier quant à l’hystérie, qu’il renomme « pithiatisme », voir FAU-VINCENTI Véronique, « Corps en guerre, raison désaxée ? », dans ibid., pp. 153-161, p. 155

[48] MONFORT Emmanuel et TRÉHEL Gilles, « Psychoses de guerre des combattants du premier conflit mondial », dans BAECHLER Jean (dir.) et BATTESTI Michèle (dir.), Guerre et santé, Paris, Hermann, 2018, 274 p., pp. 187-197, [en ligne] https://www.cairn.info/guerre-et-sante–9782705697488-page-187.htm (dernière consultation le 03/06/2022)

[49] Ibid.

[50] FAU-VINCENTI Véronique, art. cit., p. 155

[51] LÉPINE, op. cit., préface non paginée.

[52] GODART Justin, « Appel en faveur de l’hygiène mentale », dans Bulletin de la Ligue d’Hygiène mentale, n°1-2, Paris, A. Maloine et fils éditeurs, 1921, p. 6, dans GUÉRIN Vincent, « Un Service ouvert pour les militaires : Saint-Gemmes-sur-Loire (1914-1919) », dans GUIGNARD Laurence (dir.), GUILLEMAIN Hervé (dir.) et TISON Stéphane (dir.), op. cit., pp. 117-127

[53] BRIQUET Pierre, op. cit., p. 50

[54] VON BUELTZINGSLOEWEN Isabelle, « La Grande Guerre : une parenthèse dans l’histoire de la psychiatrie française ? », dans COMPAGNON Antoine (dir.), Autour de 1914-1918 : nouvelles figures de la pensée, Paris, Odile Jacob, 2015, 414 p., pp. 309-329, [en ligne] https://www.cairn.info/autour-de-1914-1918-nouvelles-figures-de-la-pensee–9782738133267-page-309.htm (dernière consultation le 03/06/2022)

[55] Ibid.

[56] Ibid.

[57] Ibid.

[58] Ibid.

[59] RESIC Sanimir, art. cit., p. 423

[60] CLERVOY Patrick, « Les suppliciés de la Grande Guerre », dans CYRULNIK Boris (dir.) et LEMOINE Patrick (dir.), La folle histoire des idées folles en psychiatrie, Paris, Odile Jacob, 2017, 275 p., pp. 51-76, p. 54, [en ligne] https://www.cairn.info/folle-histoire-des-idees-folles-en-psychiatrie–9782738135018-page-51.htm (dernière consultation le 03/06/2022)

[61] Ibid.

[62] LE NAOUR Jean-Yves, « Pour la patrie et par la douleur. Le corps médical face aux psychonévroses de guerre », dans GUIGNARD Laurence (dir.), GUILLEMAIN Hervé (dir.) et TISON Stéphane (dir.), op. cit., pp. 163-172, pp. 164-165

[63] Ibid., p. 164

[64] Ibid., p. 164

[65] Ibid., p. 164

[66] CROCQ Louis, art. cit.

[67] VACHET Pierre, Les troubles mentaux consécutifs au shock des explosifs modernes, Paris, Université de Paris, 1915, 52 p., p. 42, thèse de doctorat sous la direction de PIERRE Marie, dans LE NAOUR Jean-Yves, art. cit., p. 166

[68] MYERS Charles Samuel, « A Contribution to the Study of Shell Shock: Being and Account of Three Cases of Loss Memory, Vision, and Taste, Admitted into the Duchess of Westminster’s War Hospital, Le Touquet », dans The Lancet, vol. 185, n°4772, Amsterdam, Elsevier, 1915, 358 p., pp. 316-320, [en ligne] https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(00)52916-X/fulltext (dernière consultation le 14/06/2022)

[69] LE NAOUR Jean-Yves,art. cit., pp. 165-166

[70] Ibid., p. 166

[71] Ibid.

[72] Ibid., pp. 166-169

[73] Cité par CLERVOY Patrick, art. cit., p. 55

[74] LE NAOUR Jean-Yves, art. cit., p. 169

[75] CLERVOY Patrick, art. cit., p. 58

[76] LE NAOUR Jean-Yves, art. cit., p. 169

[77] BALLET Gilbert (éd.), Traité de pathologie mentale, Paris, Octave Doin, 1903, 1600 p., dans CLERVOY Patrick, art. cit., p. 59

[78] « Discussion sur les troubles nerveux dits fonctionnels observés pendant la guerre. Bulletins de la Société de neurologie de Paris », séances du 18 février et du 4 mars 1915, Revue neurologique, vol. 2, Paris, Société neurologique de Paris, 1916, dans CLERVOY Patrick, op. cit., p. 61

[79] COCHET François, op. cit.

[80] QUÉTEL Claude, Histoire de la folie : de l’Antiquité à nos jours, Paris, Tallandier, 2020 (1re éd. 2009), 619 p., pp. 248-249

[81] ECKART Wolfgang U., art. cit.

[82] CLERVOY Pierre, art. cit., p. 60

[83] LE NAOUR Jean-Yves, op. cit., p. 170

[84] Ibid., p.170

[85] ECKART Wolfgang U., art. cit.

[86] Ibid.

[87] BECQUEMONT Daniel, « Darwinisme social et eugénisme anglo-saxons », dans Revue d’Histoire de la Shoah, n°183, Paris, Mémorial de la Shoah, 2005, 570 p., pp. 143-158, [en ligne] https://www.cairn.info/revue-revue-d-histoire-de-la-shoah-2005-2-page-143.htm (dernière consultation le 03/06/2022)

[88] ECKART Wolfgang U., art. cit.

[89] Ibid.

[90] Ibid. Nous traduisons.

[91] Ibid. Nous traduisons.

[92] Ibid. Nous traduisons.

[93] Ibid. Nous traduisons.

[94] SHOWALTER Elaine, The Female Malady: Women, Madness, and English Culture, 1830-1980, New York, Pantheon Books, 1985, 312 p., p. 170

[95] Ibid., p. 173

[96] Ibid., pp. 173 et 191

[97] Ibid., p. 194

[98] STRECKER Edward A., « Military Psychiatry : World War I, 1917-1918 », dans American Psychiatric Association, One Hundred Years of American Psychiatry, New York, Columbia University Press, 1944, 649 p., p. 385, dans CABANES Bruno, art. cit., p. 176

[99] SHOWALTER Elaine, op. cit., p. 168

[100] CROCQ Louis, art. cit.

[101] Cité par CABANES Pierre, art. cit., p. 176

[102] LÉPINE Jean, op. cit., cité par VON BUELTZINGSLOEWEN Isabelle, art. cit.

[103] « Discussion sur les troubles nerveux dits fonctionnels… », op. cit., dans CLERVOY Pierre, art. cit., p. 61

[104] Ibid.

[105] Ibid., p. 62

[106] GUILLEMAIN Hervé et TISON Stéphane, « La guerre rend-elle fou ? », L’Histoire, n°449, Paris, Les Éditions Croque Futur, 2018, 138 p., pp. 96-100

[107] CLERVOY Patrick, art. cit., p. 62

[108] SHOWALTER Elaine, op. cit., p. 174

[109] Ibid., p. 174

[110] Ibid., p. 174

[111] EDELMAN, op. cit.

[112] LE NAOUR, art. cit., p. 163

[113] CANNING Kathleen, « The Order and Disorder of Gender in the History of the Weimar Republic », dans METZLER Gabriele (dir.) et SCHUMANN Dirk (dir.), Geschlechter(un)ordnung und Politik in der Weimarer Republik (« (Dés)ordre de genre et politique dans la république de Weimar »), Bonn, Dietz, 2016, 306 p., pp. 59-79, p. 67 ; KIENITZ Sabine, « Körper – Beschädigungen. Kriegsinvalidität und Männlichkeitskonstruktionen in der Weimarer Republik » (« Corps – dégâts. Invalidité de guerre et construction de la masculinité dans la République de Weimar »), dans HAGEMANN Karen (dir.), Heimat-Front. Militär und Geschlechterverhältnisse im Zeitalter der Weltkriege, Frankfurt am Main/New York, Campus, 2002, 399 p., pp. 188-207, p. 194

[114] Ibid.

[115] KEHRER Ferdinand, Spezielle Symptomatologie der Hysterie und Neurasthenie (« Symptomatologie particulière de l’hystérie et de la neurasthénie »), Berlin, Julius Springer, 1924, 258 p., dans KÖHNE Julia Barbara, Kriegshysteriker: strategische Bilder und mediale Techniken militärpsychiatrischen Wissens (1914-1920) (« Hystériques de guerre : stratégies d’image et techniques médiatiques du savoir psychiatrique militaire »), Husum, Matthiesen, 2009, 344 p.

[116] EDELMAN Nicole, op. cit., p. 117

[117] DELMAS Achille et DUMAS Georges, « Les troubles mentaux de guerre », dans FRANÇOIS Albert, Science et dévouement, Paris, Aristide Quillet, 1918, 430 p., dans CLERVOY Patrick, art. cit., p. 63

[118] SHOWALTER, op. cit., p. 172

[119] LEED Eric, No Man’s Land: Combat and Identity in World War I, Cambridge, Cambridge University Press, 1979, 257 p., pp. 183-184, dans Showalter Elaine, op. cit., p. 172

[120] GILBERT Sandra M., « Soldier’s Heart: Literary Men, Literary Women, and the Great War », dans Women and Violence, vol. 8, n°3, Chicago, The University of Chicago Press, 1983, 594 p., p. 423, dans SHOWALTER Elaine, op. cit., p. 173

[121] CLERVOY Patrick, art. cit., p. 57

[122] FAU-VINCENTI Véronique, art. cit., pp. 158 et 160-161

[123] SHOWALTER Elaine, op. cit., p. 190

[124] FAU-VINCENTI Véronique, art. cit., pp. 154-155

[125] Ibid., p. 156

[126] Ibid., pp. 155-156

[127] CLERVOY Patrick, art. cit., pp. 65-66

[128] Ibid., p. 65

[129] Ibid., p. 59

[130] Ibid., pp. 65-66

[131] FAU-VINCENTI Véronique, art. cit., p. 156

[132] LE NAOUR Jean-Yves, art. cit., p. 170

[133] VINCENT Clovis, « Au service de l’hystérie et de la simulation (Séance de la société de neurologie de Paris du 29 juin 1916) », dans Revue neurologique, vol. 2, Paris, Société neurologique de Paris, 1916, séance du 29 juin 1916, pp. 104-107, p. 104, dans CLERVOY Patrick, art. cit., pp. 68-69, [en ligne] https://www.cairn.info/folle-histoire-des-idees-folles-en-psychiatrie–9782738135018-page-51.htm (dernière consultation le 03/06/2022)

[134] DARMON Pierre, « Des suppliciés oubliés de la Grande Guerre : les pithiatiques », dans Histoire, économie et société, vol. 20, n°1, Armand Colin, Malakoff, 2001, 144 p., pp. 49-64, dans CLERVOY Patrick, art. cit., p. 65

[135] GUERIN Vincent, art. cit., pp. 118-119

[136] Cité par CLERVOY Patrick, art. cit., p. 66

[137] LE NAOUR Jean-Yves, art. cit., p. 170

[138] HAPPICH Carl, art. cit., p. 839. Nous traduisons.

[139] VINCENT Clovis, « La rééducation intensive des hystériques invétérés », Bulletin et mémoires de la société médicale des hôpitaux de Paris, Paris, Société médicale des hôpitaux de Paris, 1916, pp. 1198-1208, dans CLERVOY Patrick, art. cit., p. 70

[140] FAU-VINCENTI Véronique, art. cit., pp. 156-157

[141] ECKART Wolfgang U., op. cit., Nous traduisons.

[142] LE NAOUR Jean-Yves, art. cit., p. 170

[143] LERNER Paul, « Historiographie de la psychiatrie de guerre », dans Jean-Jacques Becker (dir.), Histoire culturelle de la Grande Guerre, Paris, Armand Colin, 2005, 272 p., pp. 217-230

[144] KIENITZ Sabine, art. cit., p. 192. « Belle blessure » est en français dans le texte.

[145] MOSSE George L., op. cit., pp. 83-123 et 188

[146] USBORNE Cornelie, « Bio-Politics and Gender in the First World War and Weimar Germany », dans METZLER Gabriele (dir.) et SCHUMANN Dirk (dir.), Geschlechter(un)ordnung und Politik in der Weimarer Republik, Bonn, Dietz, 2016, 306 p., pp. 109-134, p. 115

[147] CANNING Kathleen, art. cit., p. 74

[148] PEUKERT Detlev J. K., La république de Weimar. Années de crise de la modernité, Paris, Aubier, 1995, traduit par KESSLER Paul, 301 p., p. 113

[149] Ibid., p. 113

[150] Ibid., p. 113

[151] MOSSE George L., op. cit., p. 202

[152] CANNING Kathleen, art. cit., p. 74

[153] LÜCKE Martin, « Hegemonie und Hysterie – Perspektiven der Männlichkeitsgeschichte » (« Hégémonie et hystérie. Perspectives de l’histoire de la masculinité »), dans Neue Politische Literatur (« Nouveaux écrits politiques »), Frankfurt, Peter Lang, 2009, pp. 191-206, p. 201

[154] MOSSE George L., op. cit., p. 181

[155] Ibid., p. 198

[156] CAPDEVILA Luc, « L’identité masculine et les fatigues de la guerre (1914-1945) », dans Vingtième Siècle. Revue d’Histoire, n°75, Paris, Presses de Sciences Po, 2002, 210 p., pp. 97-108, [en ligne] https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2002-3-page-97.htm (dernière consultation le 03/06/2022)

[157] MOSSE George L., L’image de l’homme. L’invention de la virilité moderne, Paris, Editions Abbeville, 1997 ; HORVATH Suzanne, « Philosophie au masculin ? Georg Simmel et les images de la virilité à l’aube de l’ère nazie », cités par CAPDEVILA Luc, art. cit.

[158] MOSSE George L., De la Grande Guerre aux totalitarismes…, op. cit., pp. 211-212

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