Sœurs d’armes et âmes sœurs : des engagements et des femmes au sein du monde militaire

Au-delà des batailles, des armes, des vainqueurs et des vaincus, au-delà du seul fait guerrier, l’histoire militaire est aussi racontée à travers les récits des héros qui les ont façonnées ; ceux qui, par leur courage et leurs actes, font la fierté d’une nation reconnaissante. Accède ainsi au statut de héros celui dont l’action est jugée bénéfique et portée à la connaissance de tous. La reconnaissance qui s’ensuit semble alors accordée à la hauteur de la perception du service rendu. Pourtant, les héros ont de cela qu’ils agissent dans l’ombre, qu’ils ne sont pas toujours ceux que l’on soupçonnerait. Qu’en est-il pour les héroïnes ? Comment contribuent-elles au fait militaire ? Qui sont-elles ?

L’objectif de cet article est de mettre en avant le rapport des femmes au domaine martial. L’engagement des femmes envers la défense, qu’elles soient militaires elles-mêmes ou conjointes de militaires, s’il est différent, semble pourtant converger vers une seule et même voie : celle de la résilience et du courage.

Etre une femme militaire aujourd’hui : féminisation des armées, histoire et condition militaire

Militaires français déployés dans le cadre d'une mission de l'ONU (bérets et insignes bleu clair). La militaire au centre est lieutenant.
Militaires français déployés dans le cadre d’une mission de l’ONU (bérets et insignes bleu clair). La militaire au centre est lieutenant. Source : Ministère des Armées via https://twitter.com/Armees_Gouv?s=20 disponible sur : https://twitter.com/Armees_Gouv/status/1103588104630353921?s=20

« L’armée c’est la nation » aurait affirmé Napoléon Bonaparte. Si ce postulat semble confirmer la prise en compte de l’importance de l’armée et du lien qu’elle crée entre les membres d’un même pays dès le XVIIIe siècle, il n’est du reste pas incontestable. Si l’armée est la nation, qu’est-ce que la nation ? Le Dictionnaire Larousse la qualifie d’« entité abstraite, collective et indivisible […] titulaire de la souveraineté »[1] constituée par une communauté qui évolue sur un territoire commun et délimité. La définition reprend aussi ce qui semble central dans la notion : l’ensemble des êtres humains.

Ainsi, la nation serait constituée d’hommes et de femmes, qui partagent les mêmes traditions, cultures et la même histoire, tout en créant une communauté politique par leur regroupement . En somme, celles et ceux qui, par leur cohésion, composent et façonnent la nation, en sont l’essence même. Peut-on dès lors avancer que l’affirmation de Napoléon Bonaparte induit la présence d’hommes mais aussi de femmes au sein de l’armée ?

La théorie : rappel historique et cadre juridique de la féminisation des armées en France et à l’échelle internationale

Un peu d’histoire…

La participation des femmes aux affrontements armés n’est pas nouvelle et remonte jusqu’à l’Antiquité. Ce sont pourtant les XVIIIe et XIXe siècles qui semblent marquer un tournant sur la considération qui leur est accordée en tant que combattante[2]. À ce titre, l’apparition du régime parlementaire en 1875 semble impulser la « militarisation » des femmes. Néanmoins, celles alors présentes au sein des armées n’occupent majoritairement que des postes paramédicaux, comme par exemple ceux d’infirmières. De même, elles ne font pas véritablement partie de l’institution militaire et leur statut oscille entre celui de membre de l’armée et de simple civile. Par ailleurs, le rôle qu’elles occupent peine à obtenir une reconnaissance sur les plans capacitaire et technique : l’accent est la plupart du temps mis sur le soutien moral qu’elles peuvent constituer pour les soldats par leur simple présence.

Les guerres mondiales ont entraîné un changement de paradigme dans la lente féminisation des armées. En effet, le déclenchement de la Première Guerre mondiale semble marquer les prémices d’un véritable tournant, progressif certes, de la considération des femmes dans l’institution militaire. Lors de cette période, c’est surtout leur adaptation à la guerre qui est valorisée : les hommes aux fronts, elles se doivent de gérer seules un quotidien chamboulé et incertain. L’État les réquisitionne notamment pour pallier le manque d’effectif masculin. En ce sens, leur implication est la plupart du temps agricole, elles deviennent bien souvent gestionnaires des exploitations paysannes familiales.

Pourtant, les voilà également propulsées au rang d’ouvrières d’usine, notamment dans le secteur de la sidérurgie pour contribuer à l’effort de guerre national. Elles sont ainsi engagées majoritairement dans des postes de soutien et ne sont pas des combattantes à proprement parler. Néanmoins, c’est là le déclencheur relatif de l’émancipation sociale des femmes. La guerre et les emplois qu’elle leur a attribués sont en effet le témoin de leur capacité à travailler dans des secteurs et à des postes autrefois réservés à la gente masculine. Pendant la période de l’entre deux-guerres, c’est également la peur d’un autre conflit mondial qui a conduit à asseoir véritablement leur reconnaissance dans le monde militaire.

Durant la Seconde Guerre mondiale, sans qu’elles soient hissées au même rang que les hommes, les femmes patriotes sont celles engagées pour la défense du pays. En ce sens, la loi du 11 juillet 1938 qui prévoit l’organisation nationale en temps de guerre acte la possibilité de faire appel à des hommes et à des femmes, si tant est qu’ils et elles aient reçus une instruction militaire préliminaire[3]. Le personnel féminin reste majoritairement représenté dans les mêmes secteurs que pour le premier conflit mondial (secrétariat, santé, etc.) et si leurs possibilités d’affectations sont étendues ; la loi précise pourtant que la mixité n’est pas permise et que les formations sont spécifiques en fonction du sexe.

En 1940, l’organisation de la Résistance marque des avancées fondamentales, notamment hors des frontières françaises. Au sein des Forces Française Libres (FFL)[4], les femmes portent l’uniforme au même titre que les hommes. Le Special Operations Executive (SOE) est créé en 1940 par Winston Churchill pour soutenir la résistance qui s’organise en Europe. L’antenne française la plus active du SOE, la section F, voit le jour la même année et est commandée par le colonel Maurice Buckmaster. Elle compte plusieurs centaines de volontaires de toute origine, dont des femmes. Quarante d’entre elles ont été recrutées et projetées sur le territoire français notamment car elles constituaient des engagées discrètes face à l’ennemi allemand.

Madeleine Riffaud est l’une des figures emblématiques de la Résistance. Lorsque l’Allemagne envahit la France en 1940, la jeune femme quitte sa Somme natale pour rejoindre le Limousin puis Paris. En 1942, à seulement 17 ans, elle rejoint le Front national des étudiants et s’engage dans la Résistance. Deux ans plus tard, elle exécute un officier allemand en plein Paris alors qu’elle n’a que 20 ans. Elle est presque immédiatement capturée et remise aux officiers de la Gestapo puis à la police française. Elle sera finalement libérée le 19 août, échappant de peu à la déportation et à la mort. Après la Libération, elle souhaite intégrer l’armée régulière ; possibilité qui lui sera interdite en raison de son sexe et de son âge.

Forte de sa rencontre avec Aragon, Picasso ou encore Paul Éluard, elle trouve finalement une parade pour continuer la lutte armée et devient correspondante de guerre. Elle couvrira notamment la Guerre d’Algérie ou celle du Vietnam. Début avril 1945, un mois avant la proclamation officielle de la fin des combats de la Seconde Guerre mondiale en Europe, on ne compte pas moins de 18 300 femmes au sein de la seule armée de Terre[5]. Témoin de leur dévouement, leur engagement est incontestable, et la féminisation de l’armée française est en marche.

Dès la seconde moitié du XXe siècle, on assiste à la démocratisation de leur présence au sein des armées. Entre 1970 et 1980, on compte presque 50 000 femmes au sein des armées, tous corps confondus. Pourtant, les dialectiques « femme-soldat » et « femme-guerre » confrontent encore deux visions diamétralement opposées de la prise en considération des femmes dans l’armée. Autorisées à être parties intégrantes des forces armées, elles ne représentent pourtant qu’environ 10 % des membres des unités combattantes à cette époque. À cette période encore, il semble plus acceptable d’entendre le fait militaire féminin comme la contribution des femmes à l’effort de guerre que comme leur réelle incorporation aux combats.

Si la présence de militaires femmes semble acceptée depuis lors, des questions subsistent et ressurgissent concernant leur apport sur le plan du strict combat. La plus-value créée par leurs compétences techniques semblent faire l’unanimité quand leur capacité à combattre fait débat et revient fréquemment dans l’espace public. En 2019, en France, on estime que les femmes représentent 15,5 % des effectifs militaires et seulement 6,7 % des militaires déployés en OPEX (opération extérieure)[6].

 Le maréchal-des-logis (MDL) Mélanie, spécialiste des transmissions du 4e Régiment de Chasseurs (4eRCh) déployée pour l’opération Barkhane.
Le maréchal-des-logis (MDL) Mélanie, spécialiste des transmissions du 4e Régiment de Chasseurs (4eRCh) déployée pour l’opération Barkhane. Source : État-major des armées – Ministère des Armées via www.defense.gouv.fr disponible sur : BARKHANE : 4ème mandat pour le maréchal-des-logis Mélanie, spécialiste des transmissions (defense.gouv.fr).
La légalité de la féminisation des armées à l’échelle internationale

Lorsque l’on s’intéresse à l’émergence des femmes dans les armées, il convient de rappeler que les avancements concernant leur engagement, et par essence, la reconnaissance de l’équité femmes-hommes dans le travail militaire accompli, ont majoritairement été permis par le maintien d’une paix internationale relative en Occident depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Par ailleurs, on considère surtout l’évolution de la société comme facteur principal ayant conduit à l’accélération de la féminisation des armées à cette période.

Il est important ici de comprendre et de mettre en avant les différentes échelles de gouvernance qui façonnent le recrutement militaire. La féminisation des armées dépend évidemment de la compétence nationale des États. Pourtant, le cadre européen et otanien ont tenté d’impulser une plus grande intégration des personnels féminins aux armées des pays membres, comme le rappelle Irène Eulriet dans sa contribution à l’ouvrage Les femmes militaires. L’objectif de cette initiative est d’offrir une ébauche de cadrage juridique du recrutement des femmes au sein des institutions militaires. De même, il est intéressant de s’interroger sur la véritable portée de ces actions. La législation, qui concourt en théorie à l’approfondissement de la féminisation des armées, constitue-t-elle une doctrine juridique ou n’est-elle qu’une tentative de concrétisation de ce qui ne reste finalement qu’un vœu pieux?

En effet, au-delà d’une volonté affichée d’harmonisation des normes légales, ceci peut être perçu comme une contrainte par les autorités politiques du fait de leur avancement individuel et inégal sur la question de la féminisation des armées. Au plan légal, se pose ainsi la question même de la nécessité, supposée, de séparer voire spécifier la féminité en matière militaire. En parallèle, sur l’aspect juridique, la question de la féminisation des armées semble peiner à être véritablement prise en compte, en témoigne la difficulté pour le droit communautaire international de s’accommoder du « particularisme féminin » au sein des conflits.

Au plan européen, Irène Eulriet évoque que la Cour de Justice des Communautés européennes (CJCE)[7], considérait qu’elle se devait d’œuvrer en faveur du recrutement des femmes dans les armées[8]. En ce sens, elle a rendu quatre arrêts fondamentaux dans l’harmonisation des normes d’incorporation féminine au sein des armées des pays membres[9]. Ces arrêts dessinent, avec les normes nationales, les contours du cadre juridique pour le recrutement féminin dans les armées des États membres ; mais soulèvent déjà certaines limites. Si ces derniers doivent par exemple se prévaloir régulièrement de réévaluer les motifs de restriction d’accès à certaines fonctions pour les femmes, ils peuvent pourtant tout à fait les en exclure.

Au plan international, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a elle aussi tenté de concrétiser sa compréhension du fait militaire féminin. En 1973, elle crée le « Comité du personnel féminin »[10] qui n’aura pourtant son bureau permanent que quinze ans plus tard au sein de l’État-major militaire international[11]. À sa création, on pouvait légitimement s’interroger sur son caractère opérationnel, le rôle de l’organisme se limitant surtout au lobbying concernant l’accession des femmes à tous les postes. En 2009, son nom évolue – « Comité de l’OTAN sur la dimension de genre » – au rythme de la modification de l’étendue de ses attributions ; prévues par la résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU)[12].

Aujourd’hui, le rôle de ce comité est majoritairement d’appréhender la condition des femmes pendant les périodes de guerre, ainsi que leur réinsertion post-conflits. Néanmoins, cette tentative semble s’inscrire dans les critiques qui sont souvent adressées à l’OTAN par les experts, et ce, quel que soit le sujet abordé : si le cadre se veut contraignant pour les États membres, il s’avère surtout limité. En dernier lieu, ce sont bien les États, souverains, qui décident ou non d’appliquer une prérogative proposée par l’OTAN et la féminisation des armées ne semble pas échapper à cette règle.

De légalité à égalité : la condition militaire en question

La France et sa compréhension du fait guerrier féminin

Les cadres juridiques, parfois étroits certes, de l’Union européenne et de l’OTAN, sont néanmoins autant de témoins d’une véritable volonté d’approfondir l’égalité professionnelle, y compris au sein des armées. Ces tentatives peuvent ainsi servir de référentiel aux États membres dont les armées sont les moins féminisées et/ou de « Livre blanc de la féminisation des armées » pour les pays les plus avancés en la matière.

À ce titre, la France entend bien conserver sa souveraineté en la matière et se charge elle-même de mettre en place et d’évaluer ses propres indicateurs de performance. En ce sens, le septième rapport du Haut comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM)[13] sur la place des femmes dans les forces armées françaises dresse plusieurs constats positifs. Cependant, il veut aussi alerter sur la nécessité d’inscrire le processus de féminisation à la fois dans la durée et dans les esprits. Le rapport pose ainsi qu’en 2013, seulement 22,3 % des femmes militaires servent en unité de combat ou opérationnelle. De même, moins de 11 % d’entre elles sont employées pour la filière combat.

Pourtant l’un des premiers points avancés par le HCECM est que la présence des femmes dans les armées n’est plus contestée. Néanmoins, ceci ne saurait dissimuler des difficultés persistantes. Elles sont par exemple moins présentes dans les formations militaires supérieures, de même que dans certains métiers[14]. En outre, il existe une grande disparité des taux de féminisation entre les armées (Terre, Air[15], Marine nationale).

Capture d'écran du troisième tableau du septième rapport du Haut Comité d'évaluation de la condition militaire publié en juin 2013, Les femmes dans les forces armées françaises
Capture d’écran du troisième tableau du septième rapport du Haut Comité d’évaluation de la condition militaire publié en juin 2013, Les femmes dans les forces armées françaises – De l’égalité juridique à l’égalité professionnelle disponible au téléchargement sur : Les rapports thématiques (defense.gouv.fr).
La difficile intégration des personnels féminins

Développée par Emmanuelle Prévot, ancienne enseignante-chercheuse pour l’Armée de l’Air, la « virilité du métier des armes »[16] est une notion qui peut sembler complexe de prime abord. En réalité, elle découlerait simplement de la définition hommes-femmes qui prévaut au sein de la société. En somme, les hommes seraient forts et résistants psychologiquement, quand les femmes auraient de très bonnes capacités organisationnelles et feraient preuve d’une grande bienveillance[17]. Ainsi, consciemment ou inconsciemment, les personnels féminins de l’institution pourraient se retrouver face au choix suivant : être une femme ou être un militaire.

Selon le HCECM, « la place des femmes dans les forces armées est un révélateur de problématiques intéressant la condition militaire dans son ensemble »[18]. Tout au long de son rapport, l’instance s’attache à traiter la question de la féminisation des armées d’une manière différente de celle à laquelle on aurait pu s’attendre. Sans renier la spécificité des personnels féminins, elle entend dresser un constat objectif et proposer des solutions pertinentes en se basant sur « la réalité de l’état de militaire »[19]. Le but affiché est de traiter la question non pas comme une contrainte de chiffres et de taux mais plutôt comme une opportunité de se questionner sur la condition militaire d’aujourd’hui dans son ensemble.

Du côté des hommes militaires, on parle souvent d’« adaptation » au personnel féminin. Cet élément de langage montre pourtant bien que la différenciation s’effectue naturellement entre hommes et femmes. Certains d’entre eux pensent[20] même que la simple présence de femmes les oblige à avoir un comportement différent, notamment lorsqu’elles sont leurs subordonnées : contrairement à ce que l’on pourrait croire, certains cadres militaires se montrent plus durs avec les femmes qu’avec les hommes. Les raisons poursuivent une dialectique bien paradoxale.

D’un côté, la volonté que l’on ne puisse pas leur imputer quelconque privilège ou traitement de faveur, en réalité dans le but de favoriser leur intégration au sein d’un groupe à dominante masculine. De l’autre, la peur de la séduction. Pour ne pas prêter à confusion, adopter un comportement froid envers elles, et de préférence en public, serait la preuve ultime qui viendrait contrer une potentielle accusation de toute agression ou harcèlement sexuel.

L’une des autres composantes de la difficile intégration des femmes au sein des armées peut paraître stupéfiante. On entend souvent la nécessité de « solidarité féminine ». Par le sexe, nous devons nous regrouper et nous soutenir, les un(e)s, les autres. Au sein de l’institution militaire, le concept ne prévaut pas. Les personnels féminins, selon Emmanuelle Prévot[21], auraient tendance à privilégier des stratégies d’intégration individuelles. Leur volonté de ne pas être qualifiées de « mauvaises » militaires conduirait ainsi à une adaptation pure et simple au fonctionnement du groupe masculin. De même, celles-ci condamneraient plus volontiers les comportements des autres personnels féminins que ne le feraient les hommes. Elles se montreraient ainsi bien plus intransigeantes que les hommes lorsqu’elles jugent que les attitudes de ces dernières desservent leur cause et contribuent à leur stigmatisation.

Il semble en effet que les femmes aient plus à se battre que les hommes pour se faire accepter. On peut aisément imaginer que ce facteur, s’il est peu souvent soulevé, est pourtant bien supposé, voire connu, par chaque femme qui s’engage sous le drapeau. La question étant désormais de savoir dans quelle(s) mesure(s) cela peut-il freiner leur incorporation au sein de l’armée. De même, on peut s’interroger sur le degré de confiance que les plus sceptiques d’entre elles accordent à l’institution militaire dans la prise en compte de ces réalités et la résolution des problèmes rencontrés.

Des hommes et des femmes au sein des forces armées

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Des hommes et des femmes s’engagent dans l’armée. Pourtant, les femmes sont bien moins représentées que les hommes, notamment dans les postes combattants. Avec cette disparité, c’est la condition militaire dans sa globalité qui semble remise en question ou, tout du moins, questionnée. Néanmoins, il existe un certain paradoxe dans cette perception du soldat féminin. Dans les armées nationales régulières, leur vocation combattante n’est pas évidente. À l’inverse, dans les mouvements insurrectionnels, elles semblent tenir un rôle particulier et leur spécificité est utilisée pour certaines missions jugées importantes par l’organisation dont elles défendent la cause.

De la théorie à la pratique, la question du recrutement et des carrières des femmes au sein de l’armée française

Le recrutement féminin

En théorie, tous les postes militaires, pour la France tout du moins, sont ouverts aux femmes, y compris ceux en unités combattantes. Si la féminisation des armées semble parfois peiner à trouver sa place dans une législation difficile à construire, la prise de conscience de la légitimité des personnels féminins au sein de l’institution militaire est, quant à elle, actée. Cet avancement peut paraître anodin, pourtant il est bien la clé vers une plus grande reconnaissance de l’engagement des femmes dans les forces armées. Au-delà du seul caractère contractuel lorsqu’elles rejoignent l’institution militaire, nous nous intéresserons ici aux profils des femmes qui intègrent les rangs de l’armée et surtout à leurs motivations dans ce choix.

L’armée et les valeurs qu’elle prône continuent d’attirer chaque année des milliers de personnes désireuses d’appréhender une carrière militaire dans les CIRFA (Centre d’Information et de Recrutement des Forces Armées), et notamment des femmes. Parmi les trois corps d’armée, c’est l’armée de l’Air qui arrive en tête avec un taux de féminisation de 23 %[22]. Interrogé sur les profils des personnes rencontrées, un Major de l’Armée de l’Air, conseiller en recrutement, insiste sur la diversité[23]. Hommes et femmes de tout âge, sans diplôme ou titulaire d’un bac +5, n’ayant jamais travaillé ou au contraire fort de déjà dix années de carrière professionnelle, tous poussent la porte des centres de recrutement.

Lorsque l’on s’intéresse aux motivations pour rejoindre l’armée, la distinction hommes-femmes ne semble plus pertinente. Pour les plus jeunes qui s’y intéressent, l’institution représente parfois l’opportunité de se former, de travailler rapidement et également d’acquérir une certaine indépendance financière[24]. À l’inverse, d’autres peuvent montrer un réel désintérêt, voire même une réticence de principe quant à l’engagement pour la cause militaire, quand il ne s’agit pas de désapprobation complète des missions de l’armée.

Concernant la féminisation des effectifs, l’objectif pour les CIRFA semble être, comme pour les hommes, d’orienter chaque potentielle candidate vers le poste lui correspondant le mieux. Cette ambition fait apparaître une autre dimension majeure du recrutement féminin : le rapport de ces dernières à leur engagement. Les recrues féminines sont parfois issues de familles de militaires et veulent en perpétuer la lignée[25]. Certaines ont effectué tout ou partie de leur scolarité au sein de collèges ou de lycées militaires et ont par la suite souhaité s’engager. D’autres encore, sans avoir de lien particulier avec l’institution, sont en quête d’aventure lorsqu’elles poussent la porte d’un centre de recrutement. L’institution peut également offrir un cadre strict et rassurant aux jeunes recrues rencontrant des difficultés dans leur orientation professionnelle.

De manière générale, on peut également s’interroger sur leur rapport à la défense nationale : la volonté de servir le pays, de se sentir utile est-elle encore la principale raison de l’engagement aujourd’hui? Il pourrait être intéressant de s’interroger sur ce que représente l’armée pour les personnels féminins. À ce jour, aucune étude ne nous semble avoir été conduite et/ou rendue publique à ce sujet.

Il ne semble pas exister aujourd’hui de biographie type, de persona dirions-nous en marketing, sur les femmes, jeunes et moins jeunes, qui s’engagent dans les rangs de l’institution militaire. Est-ce là le témoin d’une méconnaissance des femmes sur leurs possibilités de carrières au sein de l’institution ou de l’existence d’un « plafond de verre militaire » ?

Photo officielle de Madame Florence Parly, Ministre des Armées depuis 2017 sous le mandat du Président Emmanuel Macron, du gouvernement Philippe puis du gouvernement Castex.
Photo officielle de Madame Florence Parly, Ministre des Armées depuis 2017 sous le mandat du Président Emmanuel Macron, du gouvernement Philippe puis du gouvernement Castex. Source : Ministère des Armées via www.défense.gouv.fr disponible sur : Photo officielle de Florence Parly (defense.gouv.fr) publiée le 3 octobre 2017.
La carrière, le « plafond de verre militaire » et les modèles

Pas d’hommes, pas de femmes. À l’armée, il n’y a « que des soldats ». Cette image est souvent véhiculée pour appuyer la mixité de l’institution militaire ; en témoignent les dernières campagnes de recrutement mises en place par le Ministère des Armées. Pourtant, la condition du soldat féminin, sans la comparer à celle des hommes, semble spécifique. Y a-t-il véritablement une différence entre un engagé masculin et une engagée féminine ? Les motivations diffèrent-elles ? Le sens du devoir n’est-il pas motivé par les mêmes raisons ? Ces interrogations ne peuvent trouver réponse qu’avec une étude approfondie de ce qui poussent hommes et femmes à s’engager sous le drapeau d’une nation. Lorsque l’on s’intéresse aux perspectives de carrières au sein de l’armée, un début de réponse peut néanmoins y être apporté.

Dans sa contribution à l’ouvrage « Les femmes militaires »[26] sous la direction de Claude Weber, le lieutenant-colonel Sophie Caussel offre quelques pistes de réflexion sur le recrutement et la carrière des personnels féminins. Selon elle, lorsque une candidate se rend en CIRFA, elle est déjà informée et s’est renseignée en amont sur ses possibilités au sein de l’institution ; « si bien qu’une fois prise, elle revient rarement sur sa décision [de s’engager] »[27].

Cette perspective a, selon elle, un impact sur ce que l’on nomme le « taux d’attrition ». Cet indicateur sur les ressources humaines quantifie le pourcentage de départs (retraites, démissions, renvois) d’une organisation. C’est un élément permettant de comprendre le turnover au sein du personnel et également la fidélité des employés à l’entreprise. En l’espèce pour l’armée, Sophie Caussel rappelle qu’il y a moins de « départs précoces »[28] de l’institution chez les femmes que chez les hommes. En prenant en compte cette dimension, et ce malgré une augmentation récente du taux de dénonciation des contrats, notamment chez les jeunes[29] ; l’institution militaire française peut se féliciter de son taux de féminisation mais également de la fidélité de ses recrues.

Une fois le recrutement évoqué, il peut être intéressant de s’interroger sur la carrière des personnels féminins et sur les grades qu’elles occupent. En 2015, on estime qu’elles représentent 17 % des militaires du rang, 17 % des sous-officiers, contre 13 % des officiers[30]. Deux ans auparavant, en 2013, le rapport du HCECM mettait en avant certaines données particulièrement significatives sur la trajectoire des personnels féminins[31]. Au sein de l’armée de terre, les femmes se montrent plus satisfaites de leur évolution professionnelle que les hommes. Pourtant, lorsque l’on s’intéresse seulement au corps des officiers, cette tendance s’inverse et les femmes se disent bien moins comblées par leurs perspectives de carrière.

De même, interrogées pour savoir si ces dernières correspondent à leurs ambitions, là encore les femmes s’avèrent bien moins optimistes sur leurs réelles possibilités d’évolution au sein de l’institution. À titre d’exemple, 80,6 % des postes en état-major, direction ou école sont occupés par du personnel militaire masculin, contre seulement 19,4 % par du personnel féminin[32]. Lorsque l’on s’intéresse aux raisons d’un tel constat, la cause la plus souvent avancée est celle de la mauvaise combinaison des opportunités professionnelles et personnelles. Au moment où la militaire peut prétendre à une évolution de carrière – expérience suffisante, ancienneté, compétences légitimes -, celle-ci ferait plus souvent le choix de la vie personnelle, et notamment celui de la maternité.

En définitive, si les femmes semblent plus informées et plus sûres de leur choix au moment de s’engager dans les forces armées, leur accession aux échelons supérieurs de la hiérarchie est encore aujourd’hui très relative. Se pose ici selon nous la question des modèles. Hormis quelques figures historiques comme celle de Madame le général Valérie André[33], l’institution peine parfois à raconter l’engagement des femmes qui ont fait la défense d’hier et font celles d’aujourd’hui et de demain. Ce manque de représentation, de modèles, ne favorise pas la création de vocation chez les jeunes femmes, composante pourtant si chère à l’armée.

Capture écran de la publicité “Rester soi-même” issue de la dixième campagne de communication de l’armée de Terre.
Capture écran de la publicité “Rester soi-même” issue de la dixième campagne de communication de l’armée de Terre. Source : Chaîne Youtube Recrutement armée de Terre, publiée le 12 novembre 2020, disponible sur : #Pub- Rester soi-même – YouTube.

Pour poursuivre notre analyse, nous partirons du postulat que la grande majorité des candidats au recrutement sont relativement jeunes (17-23 ans) et ce, quel que soit leur sexe. Slogan fort, musique galvanisante et esprit de corps sont autant de caractéristiques qui constituent les campagnes de communication des armées. L’institution sait comment atteindre sa cible grâce notamment à un plan média mixte (réseaux sociaux, diffusion télévisée, panneaux publicitaires au cœur des villes, affiche sur les arrêts de transports collectifs…).

Le constat semble être celui de la génération. Pour les jeunes, il existe une réelle difficulté à s’identifier et une sorte de contrainte sociale qui nécessiterait d’appartenir à un groupe pour exister en tant qu’individu. En communiquant, l’armée s’efforce de mettre en avant la mixité de ses rangs, les possibilités d’y trouver sa voie, de se former et de gravir les échelons petit à petit. Comment expliquer alors les disparités hommes-femmes dans l’accès à la carrière martiale ?

Une partie de réponse peut selon nous être apportée par la difficulté qui subsiste pour l’armée de faire émerger des modèles jugés légitimes par les jeunes qu’elle souhaite attirer. Mettre en avant des personnalités et des parcours pourrait largement contribuer à susciter des vocations, notamment chez les jeunes femmes. Cette théorie peut également être poussée bien plus loin : face à une génération impatiente qui marche à l’instantanéité, comment le fonctionnement méritocratique de l’armée peut-il continuer à susciter de l’intérêt ?

Néanmoins, il semble que cette génération, parfois en manque de repères, continue de faire confiance à l’institution militaire pour impulser des « success stories » et nombreux sont les jeunes ayant déjà songé à s’engager au sein de l’armée française[34]. En témoignent les chiffres de 2011 : 25 % des candidats au recrutement au sein des forces armées étaient des femmes[35].

À l’échelle mondiale : une appréciation plurielle du soldat féminin

Aux États-Unis, une féminisation des armées impulsée par l’État face à la réticence de certains corps militaires
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La poursuite de la lutte pour l’égalité des sexes à tous les niveaux, y compris dans le domaine de la défense nationale, n’est pourtant pas sans soulever certaines disparités. À titre d’exemple, la vocation combattante d’une femme qui s’engage au sein des forces armées est appréhendée différemment selon qu’elle serve la cause nationale ou celle d’un mouvement insurrectionnel. Comme nous l’avons précédemment évoqué, dans l’armée française, la place du militaire féminin semble ainsi voir sa spécificité quelque peu cultivée. Avec plus de 15 % de féminisation, la France dispose de l’une des armées les plus féminisées du monde[36]. Pourtant la vocation « combattante » du soldat féminin n’y est pas nécessairement évidente.

Ainsi, seulement 10,5 % du personnel militaire féminin sert dans la filière combat alors qu’il s’agit de la spécialité la plus occupée chez les hommes (38,7 %)[37]. Les États-Unis disposent quant à eux d’un taux de féminisation très proche de celui de la France. Si le gouvernement Obama a permis la féminisation des postes combattants, les stéréotypes continuent pourtant de freiner les femmes dans leur accession aux corps d’élite outre-Atlantique. Le recrutement des femmes dans les institutions militaires nationales pose encore question, notamment sur la légitimité de l’accession à certains postes.

Le 3 décembre 2015 aux États-Unis, l’ouverture de l’ensemble des postes de combat aux femmes est annoncée par Ashton Carter, le Secrétaire à la Défense américain – impulsée par le gouvernement Obama en 2013[38]. Cette prérogative leur était interdite depuis 1994. Malgré cette avancée historique, l’accès à certains postes stratégiques leur restait impossible, notamment l’intégration au sein du corps de forces spéciales de la Navy, les SEALs (Sea, Air and Land).

Dans les faits, l’incorporation au sein de la prestigieuse et célèbre unité des Navy Seals n’est possible qu’avec une formation en académie militaire et qu’après avoir réussi les deux longues semaines d’épreuves physiques et mentales du SOAS prévues par la Naval Special Warefare (NSW)[39]. Pour la première fois, en septembre 2019, une militaire réussit ce test et pourtant, n’obtient pas de contrat SEAL. S’exprimant sur le sujet, la porte-parole de la NSW avance que la non-contractualisation intervient en raison de l’ordre des affectations choisi par la candidate. Les Navy Seals n’étant pas son premier choix, la recrue se serait vue intégrée à la première unité qu’elle avait inscrite dans l’ordre de ses vœux d’incorporation.

Cette réussite succède à celles du lieutenant Shaye Haver et du capitaine Kristen Griest qui, quant à elles, étaient les deux premières femmes à valider la formation de l’école des Rangers de la US Army à Fort Benning (État de Géorgie) en 2015[40]. Cependant le lien de cause à effet entre la réussite de la formation et l’intégration effective à un corps d’élite peine à se démocratiser. Certains pensaient même que les formations perdraient de leur prestige quand les femmes les réussiraient, notamment chez les Rangers[41]. Au moment de l’annonce de cette féminisation, le corps des Marines avait par exemple été le premier à montrer quelques réticences quant à la féminisation potentielle des postes combattants et, en conséquence, des services de forces spéciales.

En 2015, les femmes représentaient 15,6 % des soldats actifs de l’armée des États-Unis et malgré une légère évolution de cette proportion, en 2017, moins d’un militaire sur cinq est une femme[42].

À des milliers de kilomètres du continent américain, au Moyen-Orient, il existe un exemple tout à fait singulier de la considération accordée aux femmes combattantes dans les forces militaires. À ce titre, la place des femmes dans les unités combattantes kurdes est particulièrement intéressante. Leur combat est souvent mis en avant et elles se voient parfois érigées au rang de véritables modèles d’émancipation féminine. Pourtant, l’engouement porté à la cause qu’elles défendent sert également des raisons médiatiques et les motivations de leur engagement ne semblent pas aussi idylliques qu’il puisse y paraître. Explications.

L’engagement féminin dans les mouvements insurrectionnels : les femmes et la cause kurde
Combattantes kurdes des YPG
Combattantes kurdes des YPG[43]. via Kurdishstruggle sur https://www.flickr.com.

L’apparition de nouveaux acteurs dans les conflits a considérablement changé la manière traditionnelle de faire la guerre. L’émergence des mouvements insurrectionnels, c’est-à-dire l’augmentation des révoltes armées organisées pour et par le peuple, partout dans le monde, a notamment conduit au recrutement, forcé ou volontaire, de protagonistes inattendus ou que l’on jugeait tout du moins néophytes dans la violence armée. Depuis plusieurs années, la question du genre dans la violence armée est, par exemple, de plus en plus étudiée. L’engagement des femmes dans la lutte armée semble en effet être devenue une composante importante dans les conflits contemporains. De même, le statut de victime qui semblait d’office leur être accordé est plus souvent remis en question. Ce changement de paradigme s’illustre notamment au Levant avec l’apparition des femmes combattantes dans les mouvements pro-kurdes[44].

L’engagement féminin pour la cause kurde suscite l’intérêt et relève premièrement d’une réalité historique. Au Moyen-Orient, le peuple kurde ne compte pas moins de 40 millions d’individus, répartis de manière disparate sur quatres pays frontaliers (Turquie, Iran, Irak et Syrie).

Durant la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman se rapproche de l’Allemagne, notamment pour trouver un partenaire face à l’ennemi russe. Accumulant les défaites et les pertes territoriales au cours des batailles, l’Empire ottoman voit peu à peu l’affaiblissement de son leadership au Proche et Moyen-Orient. En 1916, la signature des accords de Sykes-Picot finit par sceller le sort de ce qui fut l’une des plus grandes puissances impériales de l’histoire ; et les deux sous-régions sont divisées en zones d’influence française et britannique. En 1920, le traité de Sèvres prévoyait la création d’un état kurde indépendant pour répondre au besoin de cette communauté historiquement opprimée.

Pourtant, trois années plus tard, cette promesse est oubliée et le traité initial est remplacé par celui de Lausanne. Les Kurdes se retrouvent alors sans État et le manque de reconnaissance accordé à leur peuple par la communauté internationale aurait continué à accentuer leur frustration. L’engagement des femmes dans la cause kurde prend ainsi son essence et sa motivation dans le combat pour un Kurdistan libre ; constitué sur une zone chevauchant les quatre pays où la communauté évolue principalement aujourd’hui.

Évoquée par Nazand Begikhani dans l’article « Les combats des femmes kurdes », la « mythification » de ces dernières n’est pas une notion nouvelle. Elles font parfois figures d’ « amazones »[45] ou de guerrières des temps modernes. Dans sa contribution, l’écrivaine rappelle que c’est « la mobilisation pour la cause nationale »[46] qui les a conduites à s’engager militairement et politiquement pour un état kurde indépendant. Il apparaît aussi que cet engagement ait été permis par l’empreinte communiste du milieu militant kurde qui souhaite l’égalité hommes-femmes.

Plus récemment, l’intérêt porté à leur mobilisation a été largement relayée par les médias. Leur contribution à la lutte contre l’État Islamique, en Syrie particulièrement, a contribué à l’augmentation de leur capital sympathie aux yeux de la communauté internationale. Pourtant la participation des femmes à la mobilisation kurde reste à relativiser et à recontextualiser. À ce titre, Olivier Grosjean – spécialiste de la question kurde – rappelle que leur appartenance aux factions combattantes est disparate en fonction des quatre pays où les kurdes sont mobilisés pour la reconnaissance d’un territoire qui leur serait propre[47].

Au moment de l’émergence des mouvements indépendantistes, il semble que la place des femmes dans les unités combattantes est ainsi, si elle est indéniable, peu représentative d’une véritable « cause féminine kurde ». C’est la montée en puissance du PKK[48] en Turquie qui aurait véritablement conduit à l’essor de l’engagement des femmes pour la cause de leur peuple. Au cours de son article, l’auteur précise par ailleurs les véritables motivations qui poussent les femmes à se mobiliser pour ce combat.

Dans un premier temps, le « patriotisme » de la famille favoriserait l’engagement pour la cause kurde. Pour les personnes vivant en milieu urbain, l’incarcération[49] serait bien souvent le déclencheur de la mobilisation par les armes. Dans cette région, la condition rurale est dominante pour un grand nombre de kurdes. L’engagement des femmes et celui des hommes issus de ce milieu diffère. Quand les hommes qui rejoignent le combat pour la cause kurde sont motivés par des raisons professionnelles, les femmes se mobilisent pour fuir l’avenir qui leur a été prédestiné : se marier jeune, avoir des enfants et ne pas avoir accès à l’éducation.

Ainsi, si la mobilisation des femmes kurdes est souvent saluée, voire parfois érigée comme un témoin même de la capacité des femmes à combattre, leur ambition guerrière reste à relativiser au visa des motivations véritables qui les poussent à s’engager.

Si certaines femmes rejoignent les groupes armés pour affirmer leur émancipation sociale face au schéma de vie qui leur a été prédestiné, il existe pourtant une toute autre forme d’engagement: celui des femmes de militaires.

Vivre avec un militaire : une autre forme d’engagement qui peine à être reconnue

Un parachutiste des troupes de marine porte un enfant.
Un parachutiste des troupes de marine porte un enfant.
Image d’illustration sur la publication en ligne du guide pour les familles de militaires en OPEX de la section « Actualités » du Ministère des Armées. Source : État-major des armées – Ministère des Armées via www.defense.gouv.fr disponible sur : Le guide pour les familles de militaires en OPEX est en ligne ! (defense.gouv.fr) mis à jour le 16 janvier 2013 par la Délégation à l’Information et à la Communication de la Défense (DICoD).

Au-delà de la féminisation des armées, du rapport des femmes à leurs pairs masculins ou des différences de reconnaissance du fait guerrier féminin, cet article vise à mettre en avant une toute autre forme d’engagement : celui des conjointes de militaires. Inévitablement, celles-ci voient leur vie personnelle étroitement liée au monde militaire. Sans être sur le front, elles peuvent être comparées à des soldats de l’ombre qui, une fois leur conjoint(e) déployé(e) en opérations, en France ou à l’étranger, se retrouvent souvent seules face au quotidien. Certes plus discret, leur engagement mérite autant de reconnaissance qu’il nécessite de courage.

Celles qui restent

Femmes de militaires : « l’autre armée »

En 2019, à l’occasion des commémorations du 11 novembre pour la signature de l’armistice de la Première Guerre mondiale en Occident, l’hebdomadaire Madame Figaro publie un article qui dénote. Alors que les chaînes de télévision projettent en direct les hommages qui ont lieu partout en France, que la presse et la radio couvrent les commémorations, le magazine féminin du Figaro titre « “On ne s’y fait jamais”, le quotidien des femmes de militaires »[50].

Cet article rédigé par Sofiane Zaizoune – alors journaliste société pour Madame Figaro – condense et retranscrit longuement les témoignages de plusieurs conjointes de militaires. Entre difficultés de communication, indépendance, angoisse et intenses retrouvailles, le quotidien de ces femmes peut paraître rythmé par les départs et les retours. À la lecture, c’est pourtant leur capacité de résilience qui se remarque. Dans l’article, l’une d’entre elles part « […] du principe [qu’elle est] seule, et s’il est là tant mieux ».

Un militaire est projeté en opération extérieure (OPEX) une fois par an en moyenne. Chacune d’entre elles dure environ 4 mois. Additionné aux opérations intérieures (OPINT), aux « terrains », stages, exercices, formations, et aux périodes préparatoires au départ (environ 2 à 3 semaines avant chaque projection), le militaire peut être absent de son domicile plus de la moitié de l’année.

Certains couples, en addition à la mobilité permanente du militaire, vivent ce que l’on appelle le « célibat géographique ». Il s’agit d’une séparation temporaire, plus ou moins longue, que subissent souvent les couples dont l’un des partenaires est militaire ou quand les deux conjoints font partie de l’institution. Dans le premier cas, le militaire vit souvent sur son lieu d’affectation dans une chambre qui lui est réservée au sein du régiment et qu’il partage parfois avec un ou plusieurs collègue(s). S’il le souhaite, il peut également vivre en dehors de la caserne par ses propres moyens.

On estime qu’environ 60 % des femmes militaires qui sont en couple sont mariées à un militaire[51]. Dans cette situation, il arrive bien souvent que leurs lieux d’affectations diffèrent. En fonction de sa spécialité, un militaire peut demander sa mutation dans un autre régiment proposant le même poste que celui qu’il occupe actuellement. Quand les deux partenaires n’ont pas la même spécialité ou même qu’ils n’appartiennent pas à la même armée (Terre, Air & Espace, Marine Nationale) le célibat géographique est bien souvent inévitable.

Au moment de son incorporation et même avant cela, de son recrutement, chaque candidat est normalement informé et conscient de ce mode de vie. Toujours en alerte, prêt à partir rapidement, c’est le quotidien d’un militaire qui s’engage pour la défense de son pays. Au-delà de la préparation, de la formation et de la logistique que cette caractéristique nécessite pour nos armées sur le plan opérationnel, ces départs parfois précipités, répétés et dont la durée est conséquente ont bien souvent un impact immédiat sur la vie personnelle des militaires. Lors d’un entretien accordé à l’auteure, Mathilde, conjointe de militaire, a accepté de raconter son histoire et ce qui la relie aujourd’hui à l’armée.

Mathilde et Julien* vivent en Haute-Garonne. Elle est aide-soignante, lui sous-officier dans l’armée de Terre[52]. Julien fait partie de la 11e brigade parachutiste (BP) et comme les 8 500 autres militaires qui la composent, il est en mesure de prendre part au dispositif Guépard TAP[53]. En cas d’urgence, le déclenchement de l’alerte Guépard peut mobiliser 700 hommes en moins de 24 heures, projetables n’importe où en France et à l’étranger. Quelques mois avant le premier départ en OPEX (opération extérieure) de Julien, le couple apprend une heureuse nouvelle : ils accueilleront leur premier enfant à l’été prochain.

Lorsqu’ils se rencontrent, Mathilde vit très bien le métier de son nouveau compagnon. Elle-même issue d’une famille de militaires, les contraintes du métier ne lui font pas peur. Interrogée sur son rapport à l’armée et à l’institution militaire en général, Mathilde rit et affirme qu’elle a « le sentiment de [s’] être un peu engagée »[54] elle aussi. En effet, la programmation de certains événements sont parfois soumis au métier de Julien : les vacances, week-ends, ou même déménagements demandent encore plus de logistique et tout se fait « à la dernière minute »[55].

Faisant preuve de résilience face au nombre de départs, la future maman souhaiterait pourtant que ces derniers puissent davantage être anticipés pour une meilleure organisation de leur quotidien à venir, surtout avec l’arrivée de leur premier enfant. Julien doit rentrer un mois avant l’accouchement, pourtant, Mathilde déplore l’incertitude qui règne autour de la date exacte du retour de son conjoint. Selon elle, l’armée ne prend pas encore assez en compte l’entourage et la vie familiale des militaires.

Mathilde fait néanmoins partie de ces femmes pour qui l’indépendance est primordiale. Elle continue de travailler, organise sa vie comme elle l’entend lors des absences de Julien, en profite pour voir des amis, passer du temps en famille et s’occuper d’elle. Loin d’être fataliste, la jeune femme témoigne d’un courage admirable face à une situation que nombre de personnes se sentiraient incapables de surmonter.

Un militaire retrouvant sa famille.
Un militaire retrouvant sa famille.
Image d’illustration pour un appel à témoin pour les 80 ans de l’Armée de l’air A.Millet / Armée de l’air. Source : État-major des armées – Ministère des Armées via www.defense.gouv.fr sur : Appel à témoins : 80 ans de l’armée de l’air : une histoire de familles (defense.gouv.fr) mis à jour le 24 octobre 2014 par l’Armée de l’Air et de l’Espace.
L’engagement de la « base arrière » : entre méconnaissance et reconnaissance

Les témoignages recueillis par Sofiane Zaizoune et celui de Mathilde sont autant de preuves de l’engagement des femmes de militaires. Sans prendre part à la défense de la France, elles sont pourtant la base arrière solide qui permet aux militaires de partir en opération sereinement. De même, elles sont en permanence confrontées à l’angoisse de voir leur conjoint périr dans l’exercice de ses fonctions. Elles font ainsi preuve d’un grand courage dans un quotidien rythmé par les départs, les retours, et les incertitudes.

Lorsque Mathilde réussit à contacter le père de son enfant par téléphone, elle met un point d’honneur à l’intégrer, à distance, à son quotidien. Tendrement, elle tente de lui décrire ses sensations de femme enceinte, le bébé qui bouge dans son ventre et qui arrondit son ventre de plus en plus. Pour le futur papa, difficile de comprendre. Difficile aussi de ne pas culpabiliser de son absence. Pourtant, il n’y a « pas le choix »[56], alors ils font au mieux.

Malgré le courage dont elles font preuve, les clichés concernant les femmes de militaires ont la vie dure. Pour beaucoup, elles arrêtent de travailler, ne sont « que » des femmes au foyer qui attendent patiemment que leur mari rentre à la maison. Certaines répliques maladroites sont le quotidien de beaucoup d’entre elles. « Tu savais que ce serait comme ça », « 4 mois ? Ce n’est pas aussi long que je le croyais », « Il part souvent, mais le salaire est conséquent ». Sans être forcément mal intentionnées, les personnes qui les prononcent sont souvent éloignées du monde militaire et ne sont pas en mesure d’en comprendre la difficulté. Nombre de femmes de militaires ne se sentent comprises que par leurs pairs, celles qui voient aussi tous les trois ou quatre mois, le départ de leur conjoint.

En ce sens, dans son rapport de 2013, le HCECM semble vouloir alerter sur une donnée centrale à prendre en compte pour le Ministère des Armées : la nécessité d’améliorer la conciliation de la vie professionnelle et de la vie privée des militaires[57]. Les femmes de militaires sont dures au mal. Souvent influencées par le métier de leur conjoint où l’abandon n’est pas une option, elles ne se plaignent que très rarement.

Conscient de l’importance du soutien exercé par les familles de ses personnels, le Ministère des Armées déploie depuis plusieurs années un ensemble d’actions et d’outils visant à préserver la vie privée des soldats. Ouverture de plus de places réservées en crèches pour les enfants ou encore tarif de train préférentiel étendu aux familles de militaires ; avec ses actions l’institution essaye de témoigner sa reconnaissance envers les femmes et les familles de militaire grâce à des actions concrètes visant à faciliter leur quotidien.

 En 2010, Madame le Général Valérie André recevant le brevet militaire de pilote d’hélicoptère n°001 sur la base aérienne de Villacoublay de la part du général Jean-Paul Paloméros, chef d’état-major de l’armée de l’air (CEMAA) de 2009 à 2012
En 2010, Madame le Général Valérie André recevant le brevet militaire de pilote d’hélicoptère n°001 sur la base aérienne de Villacoublay de la part du général Jean-Paul Paloméros, chef d’état-major de l’armée de l’air (CEMAA) de 2009 à 2012, disponible sur : Une héroïne de guerre à l’honneur (defense.gouv.fr).

Le 8 mars dernier, à l’occasion de la Journée internationale des Droits des femmes, la 28e promotion de l’École de guerre a pu assister à un débat intitulé « Mon chef est une femme ». Réunissant des professionnels civils et militaires, ce temps d’échange a été conclu par une intervention de la Ministre des Armées elle-même. Au cours de son allocution, Florence Parly rappelle un point central : ce qui est important pour les armées, c’est le mot « chef » et c’est bien celui-ci qui « l’emporte sur tout le reste »[58].

La professionnalisation de l’armée et la féminisation des rangs qui s’en est progressivement suivie ont en effet permis aux femmes d’accéder aux fonctions militaires. Néanmoins, si les écoles de formation leurs sont toutes ouvertes, la représentation féminine au sein des échelons supérieurs de la hiérarchie s’avère en pratique peu élevée. Le choix, la crainte de ne pas être capable, ou le déficit d’informations quant à leurs possibilités de carrières, sont autant de facteurs qui peuvent potentiellement expliquer l’absence significative des femmes aux plus hautes fonctions de l’institution.

À l’inverse, une chose est certaine. Si les femmes n’accèdent pas à certaines carrières, on ne peut remettre en question ni leur engagement ni leur action envers l’armée. Lorsqu’elles intègrent l’institution, elles semblent réalistes sur le défi à relever. Ont-elles le sentiment de devoir se battre plus que leurs collègues masculins pour asseoir leur légitimité dès qu’elles rejoignent l’armée ? Cette notion serait, selon nous, intéressante à questionner, et ce dès l’enrôlement de recrues féminines. Si nombreuses sont les personnes à s’être posé la question de la vie militaire, combien de femmes – comparativement à leurs pairs masculins – sont allées au bout du processus de recrutement en signant un contrat avec l’institution?

Malgré des questions en suspens qui peinent parfois à trouver réponse, l’armée française peut se féliciter de son taux de féminisation et de l’intégration qu’elle permet à chacune et chacun souhaitant s’engager pour la France. Depuis plusieurs années, le Ministère des Armées semble également prendre davantage conscience de la nécessité pour ses militaires de pouvoir concilier carrière professionnelle et vie personnelle.

De même, l’institution tente également de valoriser la place de celles et ceux qui restent : les conjoints et conjointes de militaires. À titre d’exemple, le service Défense Mobilité[59] créé en 2009 a pour objectif d’accompagner l’ensemble du personnel du Ministère (militaire et civil) ainsi que leurs compagnons et compagnes dans leur « continuité professionnelle »[60]. Pour ce faire, l’organisme s’appuie sur des entreprises partenaires au niveau local et national pour notamment permettre aux conjoints et conjointes du personnel ministériel de retrouver un emploi suite à une nouvelle affectation. Localement, le soutien et la solidarité entre familles de militaires s’organisent au cœur même des régiments. Logements sur place, aide au déménagement, temps de partage, ou encore aide pour la garde des enfants sont autant d’actions et d’événements qui renforcent l’esprit de corps si cher à l’armée.

De leur présence dans les forces armées à leur quotidien avec un militaire, l’ambition de cet article était de mettre en lumière le rapport des femmes au monde martial. Leur combat semble permanent, leur résilience impressionnante. En définitive, l’armée peut compter sur des engagé(e)s fort(e)s ; dont les conjoints et les familles concourent eux aussi à la bonne conduite des opérations et à l’excellence de ses militaires.

*Prénom modifié

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Bibliographie

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Notes

[1] Source Dictionnaire Larousse : Définitions : nation – Dictionnaire de français Larousse

[2] Notamment du début de la monarchie constitutionnelle en 1791 jusqu’à la fin du Second Empire en 1870. Source : Les femmes dans les armées, survol historique, Rémy Porte, p. 54 Les femmes militaires, sous la direction de Claude Weber, contributions multiples, 274 p.

[3] Loi du 11 juillet 1938 sur l’organisation générale de la nation pour le temps de guerre, art. 11

[4] Les FFL sont créées à l’été 1940, faisant suite à l’appel du 18 juin du Général de Gaulle. Cette appellation englobe les forces militaires terrestres, les forces navales et les forces aériennes de la France libre. Elles seront dissoutes en 1943 et ensuite intégrées à l’armée de la Libération.

[5] Les corps féminins, Christian Benoît, Distribution électronique Cairn.info pour C.N.R.S. Editions « Corps », 2014, pp. 113-114

[6] Les femmes dans l’armée française – Ministère de la Défense, disponible sur : https://www.bing.com/search?q=les+femmes+dans+l%27armée+française+OPEX&qs=n&form=QBRE&msbsrank=0_0__0&sp=-1&pq=les+femmes+dans+l%27armée+française+opex&sc=0-38&sk=&cvid=39BE323100594EB698CFB78CCEEF5EE2

[7] La Cour de Justice des Communautés européennes (CJCE) est l’ancêtre de l’actuelle Cour de Justice de l’Union européenne.

[8] Source : Le recrutement des femmes dans les forces armées des États-membres de l’Union européenne : entre contrainte et imitation, Irène Eulriet, contribution pour l’ouvrage Les femmes militaires, sous la direction de Claude Weber, 2015, 274 p.

[9] Jurisprudence des arrêts prononcés en 1986, 1999, 2000 et 2003.

[10] Source : Dossiers OTAN: Le Comité du personnel féminin des forces de l’OTAN – Historique (nato.int)

[11] Source : NATO – Topic: Genre, Comité OTAN sur la dimension de –

[12] Résolution adoptée à l’unanimité le 31 octobre 2000 relative aux droits des femmes, à la sécurité et à la paix.

[13] Source : Les femmes dans les forces armées françaises – De l’égalité juridique à l’égalité professionnelle – Rapport thématique – Septième rapport du Haut Comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM), 161 p.

[14] Par exemple, l’EMS de Saint-Cyr n’ouvre ses portes aux femmes qu’en 1983. Source : « La féminisation des armées européennes », Élodie Jauneau, Julie Le Gac, Yannick Ripa, Fabrice Virgili, Encyclopédie d’Histoire Numérique de l’Europe EHNE, Sorbonne Université, disponible sur : Féminisation des armées européennes | EHNE

[15] Armée de l’Air et de l’Espace depuis 2020.

[16] Source : Féminisation de l’armée de terre et virilité du métier des armes Emmanuelle Prévot, Cahiers du Genre n°48, 2010, pp. 81-101

[17] Ibid.

[18] Source : Les femmes dans les forces armées françaises: de l’égalité juridique à l’égalité professionnelle du Haut Comité d’évaluation de la condition militaire, 7e rapport, juin 2013, p. 161

[19] Ibid., p. 44

[20] Propos recueillis par l’auteure lors d’entretiens informels.

[21] Source : Féminisation de l’armée de terre et virilité du métier des armes – La hiérarchisation dans la représentation du « féminin militaire » Emmanuelle Prévot, Cahiers du Genre n°48, 2010, pp. 81 à 101

[22] Source : Chiffres Armée de l’Air 2020.

[23] Propos recueillis par téléphone lors d’un entretien informel.

[24] Source : Pourquoi s’engage-t-on, Thierry Marchand – Armée de Terre – Revue Inflexions n°36 publié en 2017, pp. 165-177, disponible sur : www.cairn.info

[25] Source : « Je suis attiré par l’action » : au Havre, sept jeunes signent leur engagement dans l’armée, Ouest France, publié le 02/02/2021, disponible sur : « Je suis attiré par l’action » : au Havre, sept jeunes signent leur engagement dans l’armée (ouest-france.fr),

[26] Les femmes militaires, sous la direction de Claude Weber, Contributions multiples, Presses Universitaires de Rennes, 2015, 274 p.

[27] Source : Un état des lieux institutionnel sur le recrutement des femmes au sein de l’armée de Terre, Lieutenant-colonel Sophie Causse Les femmes militaires sous la direction de Claude Weber, p. 134

[28] Par « départs précoces », Sophie Caussel évoque ici les dénonciations de contrat (ruptures de contrat dans le monde civil) qui entraînent pour un militaire son départ volontaire des rangs de l’armée.

[29] Source : « En 2019, 31% des jeunes recrues de l’armée de Terre ont dénoncé leur contrat durant leur période probatoire », Laurent Lagneau, zone militaire, opex360.com, publié sur opex360.com le 13 décembre 2020, disponible sur : En 2019, 31% des jeunes recrues de l’armée de Terre ont dénoncé leur contrat durant leur période probatoire | Zone Militaire (opex360.com).

[30] Source : Infographie sur la féminisation des forces armées tirée du magazine Armées d’aujourd’hui de mars 2015, Loïc PICARD, réalisation Agence Idé, via DICoD (Délégation à l’Information et à la Communication de la Défense) disponible sur : Les femmes dans la Défense (defense.gouv.fr).

[31] Source : Les femmes dans les forces armées françaises – De l’égalité juridique à l’égalité professionnelle du Haut Comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM), septième rapport, p. 25

[32] Source : Les femmes dans les forces armées françaises – De l’égalité juridique à l’égalité professionnelle du Haut Comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM), septième rapport, juin 2013, 161 p.

[33] Valérie André est la première femme à être nommée général en France. Médecin militaire et pilote d’hélicoptère, elle obtient ce grade en 1976 et a notamment servi pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie.

[34] La sécurité de l’emploi que leur procurerait un engagement militaire a aussi motivé de nombreux jeunes dans la période sanitaire et économique actuelle.

[35] Source : Les femmes dans les forces armées françaises: de l’égalité juridique à l’égalité professionnelle du Haut Comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM), septième rapport, juin 2013.

[36] Source : Les femmes dans l’armée française – Ministère de la Défense – 2019 disponible sur : https://www.bing.com/search?q=les+femmes+dans+l%27armée+française+OPEX&qs=n&form=QBRE&msbsrank=0_0__0&sp=-1&pq=les+femmes+dans+l%27armée+française+opex&sc=0-38&sk=&cvid=39BE323100594EB698CFB78CCEEF5EE2

[37] Source : Les femmes dans les forces armées françaises : de l’égalité juridique à l’égalité professionnelle du Haut Comité d’évaluation de la condition militaire, 7e rapport, juin 2013.

[38] Source : « Aux Etats-Unis, tous les postes de l’armée sont désormais ouverts aux femmes », franceinfo avec AFP, France Télévisions, publié le 03/12/2015 disponible sur : Aux Etats-Unis, tous les postes de l’armée sont désormais ouverts aux femmes (francetvinfo.fr).

[39] SOAS : épreuve longue de deux semaines créée par la Naval Special Warefare (NSW), la composante navale du Bureau de commandement des opérations spéciales au sein de l’armée américaine.

[40] Source : « Deux femmes militaires américaines sont de véritables guerrières », Alexis Morel, franceinfo, Radio France, publié le 24/08/2015, disponible sur : Deux femmes militaires américaines sont de véritables guerrières (francetvinfo.fr)

[41] Source : « Deux femmes racontent leur vie chez les Rangers », Ouest France, publié le 21/08/2015, disponible sur : Deux femmes racontent leur vie chez les Rangers (ouest-france.fr).

[42] Source : « Armée américaine : malgré la réforme, les femmes restent largement minoritaires », Juliette Redivo, L’ Express, publié le 30/09/2017, disponible sur : Armée américaine: malgré la réforme, les femmes restent largement minoritaires – L’Express (lexpress.fr).

[43] YPG : Yekineyen Parastina Gel, unité de protection du peuple kurde en Syrie.

[44] NB : La qualification de « mouvement insurrectionnel » n’est pas générale à l’ensemble des groupes armés pro-kurdes. En effet, certains pays reconnaissent l’autonomie du peuple kurde sur une partie de son territoire, comme par exemple pour le Kurdistan irakien.

[45] Source : « Les combats des femmes kurdes », Nazand Begikhani, Le Monde Diplomatique « Manière de Voir », n° 169, février-mars 2020.

[46] Ibid.

[47] Source : « Penser l’engagement et la violence des combattantes kurdes : des femmes en armes au sein d’ordres partisans singuliers », Olivier Grosjean, S’émanciper par les armes ? Sur la violence politique des femmes, INALCO Presses, 2019, pp. 177-197

[48] PKK : Parti des Travailleurs du Kurdistan. Organisation politique armée créée en 1978, elle est aujourd’hui considérée comme une organisation terroriste par une partie de la communauté internationale y compris pour son pays d’origine historique, la Turquie.

[49] L’incarcération pour militantisme notamment. Source : « Penser l’engagement et la violence des combattantes kurdes : des femmes en armes au sein d’ordres partisans singuliers », Olivier Grosjean, S’émanciper par les armes? Sur la violence politique des femmes, INALCO Presses, 2019, pp. 177-197.

[50] Source : « On ne s’y fait jamais », le quotidien des femmes de militaires, Sofiane Zaizoune, Madame Figaro, publié le 11 novembre 2019 [dernière consultation le 11/04/2021] disponible sur : «On ne s’y fait jamais», le quotidien des femmes de militaires – Madame Figaro (lefigaro.fr).

[51] Source : Les femmes dans les forces armées françaises – De l’égalité juridique à l’égalité professionnelle – Rapport thématique – Septième rapport du Haut Comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM) – p. 11

[52] Propos recueillis par l’auteure le 10 avril 2021.

[53] TAP : Troupes Aéroportées.

[54] Propos recueillis par l’auteure le 10 avril 2021.

[55] Propos recueillis par l’auteure le 10 avril 2021.

[56] Propos recueillis par l’auteure le 10 avril 2021.

[57] Source : Les femmes dans les forces armées françaises – De l’égalité juridique à l’égalité professionnelle – Rapport thématique – Septième rapport du Haut Comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM) – p. 9

[58] Source : Vidéo de communication sur l’événement “Mon chef est une femme” via le profil LinkedIn de l’École de Guerre, disponible sur : Publier | LinkedIn.

[59] Défense Mobilité : Service ministériel de transition professionnelle dépendant de la Direction des Ressources Humaines du Ministère des Armées.

[60] Source : Profil Linkedin Défense Mobilité.