BRAVES COMBATTANTES, HUMBLES HÉROÏNES : TRAJECTOIRES ET MÉMOIRES DES ENGAGÉES VOLONTAIRES DE LA RÉVOLUTION ET DE L'EMPIRE

Braves combattantes, humbles héroïnes : trajectoires et mémoires des engagées volontaires de la Révolution et de l’Empire. GOUPIL-TRAVERT Maria

Préfacé par Sylvie Steinberg, ce livre s’ouvre sur le cas emblématique de Liberté-Rose Barreau. Jeune mariée de vingt ans, engagée volontaire avec son mari François Layrac comme grenadier au 2e bataillon du Tarn, elle se bat à Biriatou (Basses-Pyrénées) le 13 juillet 1793 et porte secours à son mari blessé. Sur le rapport du capitaine de La Tour d’Auvergne au général de La Bourdonnaye et au député Garrau, la Convention nationale inscrit son exploit dans le Recueil des actions héroïques et civiques des Républicains français, distribué aux écoles, aux mairies et aux armées. Le décret du 30 avril 1793 excluait pourtant les femmes des armées de la République. En dehors des « suiveuses » – vivandières, blanchisseuses et prostituées -, Jean-Clément Martin a dénombré 80 combattantes des armées républicaine, vendéenne et impériale de 1789 à 1815. Le panel retenu par l’auteur groupe 28 dossiers et 10 mémorialistes, surtout vendéennes[1].

Dès 1792 des citoyennes, comme Pauline Léon et Claire Lacombe, ont revendiqué le droit de porter les armes, en dépit du décret de 1793 et de la Constitution du 24 juin 1793 qui leur refusait le droit de vote. Leur enrôlement est politique : défendre la Patrie pour Sophie Julien, Marie Trotté, Reine Chapuy, Félicité Duguet ; servir Dieu et le Roi pour Renée Bordereau, Françoise Desprès, Louise de Haussay, Marie-Rose Bouillon. Il est parfois dû à l’attrait pour le métier des armes, ainsi dans le cas d’Angélique Brulon née Duchemin, sergent, première femme décorée de la Légion d’Honneur le 15 août 1851, et de Thérèse Figueur dite « Sans-Gêne », qui servit dans les dragons. Marie-Henriette Xaintrailles, elle, a servi en qualité d’aide de camp son mari général, et la Brabançonne Ida Saint-Elme, maîtresse de Moreau puis de Ney, a parcouru l’Europe avec la Grande Armée.

Pour nombre d’entre elles, blessées ou mères de famille, le retour à la vie civile a été synonyme de précarité, et elles ont dû solliciter une pension : ce fut ainsi le cas de Jeanne Collignon, Madeleine Petitjean, Marie Charpentier, Marie-Anne Bruet, Marie Lefèvre, Anne Quatresault, Marie Schellinck. Les récompenses, en ce qui les concerne, sont rares et tardives : en 1817, Rose Urson reçoit la médaille d’or – et non la croix de Saint-Louis – de Louis XVIII, et Angélique Brulon le grade de « sous-lieutenant invalide » en 1822. A leur mort, en 1852 et 1859, Marie Ducoud-Laborde, alias « Breton-Double » et Angélique Brulon reçoivent les honneurs militaires[2].

Cet ouvrage comprend huit pages d’illustrations, des annexes, un état des sources, une bibliographie et un index.

Michel LOUSTAU secrétaire général de la Commission Française d’Histoire Militaire

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Bibliographie

GOUPIL-TRAVERT Maria, Braves combattantes, humbles héroïnes : trajectoires et mémoires des engagées volontaires de la Révolution et de l’Empire, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2021, 212 p.


[1] GOUPIL-TRAVERT Maria, Braves combattantes, humbles héroïnes : trajectoires et mémoires des engagées volontaires de la Révolution et de l’Empire, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2021, 212 p., p. 19

[2] Ibid., pp. 161-162

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