L’année 2001 est marquée par la sortie de la superproduction The Legend of Suriyothai (La légende de Suriyothai), un film historique thaï mettant en scène l’héroïsme de Suriyothai, reine du royaume d’Ayutthaya au Siam au XVIe siècle. L’ouverture du long-métrage comporte des soldats portugais tirant à l’arme à feu. Ce détail pourrait paraître anodin si le film n’avait pas reçu la participation et le soutien de la famille royale thaïe[1]. L’écho est de taille : les Européens sont donc inclus dans le tableau officiel de l’histoire thaï.
Néanmoins, ces soldats portugais sont particuliers : ce sont des mercenaires, c’est-à-dire qu’ils proposent leurs services armés contre rémunération[2].
Si cette définition a le mérite d’être claire, elle ne permet toutefois pas de rendre compte de l’intégralité des activités de ces soldats de fortune. De surcroît, le mercenariat s’incarne de différentes manières selon le contexte historique et politique : il est tantôt largement discrédité, voire illégal, tantôt largement accepté et affiché[3]. Postulat qui s’illustre dans Le Prince où, en 1532, Machiavel énonce une diatribe envers le mercenariat pourtant largement employé par les puissances européennes. C’est le cas par exemple au Maroc où le roi Sébastien Ier du Portugal engagea de nombreux mercenaires lors de la bataille des Trois Rois en 1578[4].
En effet, il est logique que les grandes puissances de l’époque, comme le Portugal, aient employé ces soldats de fortune dans leur expansionnisme, que ce soit lors de la conquête des Amériques aux XVe et XVIe siècles, ou lors des campagnes menées en Afrique et en Asie. Quoique peu connu, ce dernier théâtre n’en est pas moins riche en exemples. Il serait donc intéressant de se pencher sur les différentes facettes du mercenariat en Asie du Sud-Est, notamment depuis l’unification des couronnes portugaises et espagnoles en 1581, jusqu’au déclin de leur présence sud-asiatique face aux Hollandais, entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle.
Sous quelles formes s’est donc incarnée l’activité mercenaire en Asie du Sud-Est ? Quels en furent ses motivations, ses acteurs et les relations de ces derniers avec cet environnement ?
En effet, si l’aspect pécunier demeure l’un des principaux attraits du mercenariat, nous ne saurions expliquer son engouement uniquement par cet argument qu’est l’appât du gain. Parmi les autres raisons évocables, nous pouvons citer la soif d’aventure, l’exotisme, voire l’idéologie[5].
Ainsi, il semble bien difficile d’isoler une raison commune qui expliquerait le choix du mercenariat dans la mesure où celui-ci apparaît comme le produit d’une histoire personnelle, marquée par des motivations singulières et un contexte général. Dans ces conditions, il devient possible de proposer une lecture existentialiste du mercenariat au sein de l’histoire militaire et des armées régulières[6].

Le sujet mettant au centre l’interaction entre Asie et Europe, notre article s’efforcera au mieux de ne pas tomber dans l’eurocentrisme, notamment grâce à l’utilisation de sources primaires et secondaires non-européennes. Cependant, il reste inévitable que de nombreuses sources à disposition se basent sur des sources primaires rédigées par des Européens.
Les « descubridor » du continent asiatique
En 1558, le roi Philippe II d’Espagne bannit le mot de conquista (conquête) au profit du terme descubrimiento (découverte). « Aventuriers »[7], c’est ainsi que sont appelés les marginaux[8] de la péninsule ibérique envoyés en découverte afin de ne pas perturber davantage la société civile. Ce sont des professionnels de l’armée, des condamnés, des exilés…
C’est à cette initiative de « découverte » que le mercenariat est accepté, voire promu. Il ne sera donc pas question ici de déserteurs ou renégats, mais de baroudeurs qui pouvaient, par exemple, s’entretenir volontiers avec le célèbre général Alfonso de Albuquerque, le chef des opérations portugaises de la région et représentant de la couronne.
Situé à l’ouest de la péninsule, le port malais de Malacca – conquis par Albuquerque lui-même en 1511 – devient la base principale des Portugais. Depuis cette possession, ils tentèrent d’amorcer le contrôle de la mer de Chine. Des relations se nouèrent aussi avec le royaume d’Ayutthaya, royaume depuis lequel le commerce se pratiquait aisément avec les différents États asiatiques. Albuquerque y envoya ainsi la première mission, avec Duarte Fernandes, l’année où il posa son ancre au port malais[9].

La présence des mercenaires portugais se borne alors au Siam, Cochinchine, Champa et Birmanie. La Malaisie n’est pas encore concernée, comme le veut la « reconquista »[10] qui se poursuit en Asie du Sud-Est. En effet, proposer ses services aux sultanats malais – musulmans – aurait été ressenti comme une trahison[11]. C’est pour cela que cet article se basera principalement sur le Siam et ses voisins[12].
Succincte présentation de l’histoire moderne d’Ayutthaya
Fondée en 1351 par le roi Râma Thibadi Ier, Ayutthaya est la capitale de l’empire de Siam, empire prospère et bénéficiant de nombreuses richesses ; exception faite des épices. L’absence de cette ressource semblerait, par ailleurs, être la principale raison du désintérêt des Européens[13] – alors en pleine course aux épices de l’Extrême-Orient – pour le Siam.
Cependant, Ayutthaya possède quelques ressources précieuses et donc convoitées, notamment les éléphants et l’ivoire issu de leurs défenses. Le navigateur Vasco de Gama y décrit ainsi 400 éléphants en 1498 et l’historien portugais Joao de Barros 10 000 en 1551[14]. Toutefois, l’ivoire n’est pas le seul objet de convoitise : ces éléphants constituent aussi une arme de guerre redoutable dont la maîtrise permet de changer le cours des batailles prémodernes[15]. L’intérêt de cette ressource est tel que le poème Yuan Phai[16] dit qu’un éléphant peut même valoir une ville.
Il arrive ainsi que cet animal devient le héros des combats en lieu et place du roi, comme pour la bataille de Nong Sarai en 1593, où le roi de Siam, Naresuan, met en échec le prince héritier de la Birmanie. Les manuels d’histoire thaïs présentent davantage son éléphant comme le véritable héros de cet affrontement historique[17]. Le pachyderme est alors considéré comme symbole martial.

Le rôle des mercenaires au Siam et au Cambodge
Les descubridores sont particuliers en raison de leur indépendance, qui n’est pas sans rappeler celle dont bénéficient les marchands portugais en l’absence de compagnie marchande officielle (comme la Vereenigde Oost-Indische hollandaise, l’East India Company anglaise ou la Compagnie française des Indes orientales). Les exemples de mercenaires européens au Siam et au Cambodge dont l’histoire garde mémoire ne sont pas légion, mais nous pouvons tout de même en citer deux : Domingo de Seixas et Diego Soares de Melo.
Domingos de Seixas est un mercenaire de renom du XVIe siècle. Il est mercenaire pour Ayutthaya et combat contre la dynastie Taungû, régnant sur le Second Empire birman en constante adversité avec celui de Siam[18]. Il convient de préciser que de Seixas n’est pas seul : en 1540, on dénombre 120 portugais dans la garde personnel du raja Chai[19] (ou Chairachathirat, r. 1534-1546). Ces Portugais étaient originellement des marchands à Ayutthaya[20]. Le roi Chai les remercia d’ailleurs par la construction d’un lieu de culte chrétien dans cette ville.
Cependant, ironie de cette indépendance d’action des aventuriers portugais, certains finissent par s’affronter lors de différents conflits, notamment entre Birmans et Siamois : les uns au service du roi d’Ayutthaya et les autres sous le service du roi Tabinshwehti (r. 1530-1550) de la récente dynastie birmane Taungû[21]. La présence portugaise en terre birmane s’expliquerait par l’installation d’un point de ravitaillement au port de Martaban en 1519 afin de pouvoir ravitailler en riz Malacca, alors sous occupation portugaise.

La biographie de Diego Soares de Melo[23], l’un des mercenaires s’étant mis au service du roi Taungû Tabinshwehti, est également relatée par l’aventurier Fernao Mendes Pinto dans son ouvrage Pèlerinages[24]. Soares était rémunéré dix fois plus que de Seixas et reçut de nombreux avantages comme une place royale – il était considéré comme le frère du monarque – et le titre de gouverneur de la région birmane de Pegu. En outre, il était réputé loyal par le palais royal et bénéficiait même des faveurs du beau-frère de Tabinshwehti, le futur roi Bayinnaung (r. 1550-1590)[25].
Deux mois après l’assassinat de Tabinshwehti en 1550 par Smim Sawhtut, un prétendant qui s’empara ainsi du trône, Bayinnaung s’attela à s’emparer du pouvoir. En effet, devant cette instabilité politique, l’empire s’était fragmenté. Diego et 39 de ses hommes[26] le rejoignirent. Plusieurs campagnes se déroulèrent de 1550 à 1553 et permirent finalement la restauration de l’ancien empire de Tabinshwehti.

Soares fut également officier dans deux attaques notoires, sous le règne de Tabinshwehti, comme la destruction des murs de Martaban en 1540 et 1541. Il devint ensuite chef d’une troupe de 185 mercenaires portugais pour une offensive d’envergure à Ayutthaya en 1548. Les témoignages notent, par ailleurs, la présence d’un ingénieur militaire grec dans ces offensives. Néanmoins, l’attaque d’Ayutthaya est bien celle affichant une modernisation drastique des techniques militaires des deux royaumes en raison de la présence d’Européens de part et d’autre.
La force birmane disposait de mousquets et de canons montés sur éléphants, tandis que les murs d’Ayutthaya étaient garnis d’artillerie. Les tactiques de défense utilisées à Ayutthaya furent, pour le moins, surprenantes également. De fait, il est relaté par les Birmans que les défenseurs jetaient des jars remplies d’excréments mélangés à de l’urine du haut des remparts de la ville[27]. Tactiques en réalité communes à la poliorcétique où assiégés comme assiégeants rivalisent d’ingéniosité pour l’emporter.
L’offensive de la dynastie Taungû de 1548-1549 menée par Tabinshwehti, épaulé par Bayinnaung, alors général, est contenue en partie grâce aux Portugais n’ayant pas changé de camp[28], ainsi que des mercenaires javanais[29] appelés « Amuk »[30]. Notons aussi le manque de puissance de feu des Birmans, alors incapables de percer les murs, la fatigue, la maladie, mais aussi l’annonce de l’arrivée d’une armée de secours pour les défenseurs. L’éclatement de révoltes dans l’Empire taungû a aussi pu jouer un rôle.
Après cette attaque, le roi d’Ayutthaya intensifia les préparations militaires de ses armées pour parer à une éventuelle nouvelle attaque birmane et s’engagea notamment dans un grand plan de chasse d’éléphants. Sept pachydermes blancs furent capturés au cours de cette chasse. Leur extrême rareté équivalant leur sacralité, les Birmans, ayant ouïe de ces captures et sûrs de leur puissance, ne manquèrent pas d’exiger deux de ces découvertes sacrées. L’échec des négociations afin d’acquérir ces éléphants blancs capturés par l’Empire siam déclencha une nouvelle offensive de la part des Taungû en 1563-1564, menée par le roi Bayinnaung que nous avons évoqué précédemment.
Cette attaque fut un véritable succès birman contre Ayutthaya : Bayinnaung profita de la mobilité avantageuse de ses chevaux pour compenser la puissance des pachydermes et son artillerie musela celle de ses adversaires siamois et portugais. Ces atouts non négligeables permirent aux troupes birmanes d’acculer Chakkraphat (r. 1548-1564 ; 1568-1569), roi du Siam, à la reddition.
Les éléphants blancs furent capturés, ainsi qu’une bonne partie des princes d’Ayutthaya – dont supposément Naresuan -, désormais otages. Le roi Chakkraphat abdiqua en 1564, mais reprit le pouvoir quatre ans après, en 1568. Le royaume Siam se trouva ainsi vassal des Birmans jusqu’à la mort de Bayinnaung, en 1581[31].
Ces deux tentatives de siège motivèrent Chakkraphat à grandement renforcer les remparts de sa capitale, qu’il reconstruisit avec des briques. Les Européens participèrent aussi à la fortification de ces royaumes pour protéger leurs propres intérêts[32].
Néanmoins, le royaume birman se lança dans une nouvelle offensive contre Ayutthaya en 1586, après l’ébranlement de sa domination sur le Siam. Le roi Naresuan (r. 1590-1605), né en 1555 et alors âgé de 22 ans, ayant vraisemblablement fait partie des otages du conflit de 1563, mena une stratégie de terre brûlée. Il ordonna le retour de toutes les ressources avoisinant la ville, vidant par conséquent les plaines du nord d’Ayutthaya, où l’armée birmane prenait l’habitude de se retrancher.
Cette action permit également de fortifier au maximum les défenses de la cité, le roi souhaitant placer toutes les chances de son côté. L’offensive fut alors déjouée avec succès.

Jusqu’à présent, il a été question de l’emploi des mercenaires dans les affrontements entre Birmans et Siamois. Néanmoins, les raisons de leur engagement n’ont toujours pas été évoquées. Elles sont pourtant primordiales. La raison principale et la plus largement évoquée est bien évidemment leur maîtrise des armes à feu. Ces armes étaient déjà présentes sur place – probablement venues de Chine, d’Inde, voire de Perse -, mais leur utilisation dangereuse et l’insuffisance de leur mobilité, marginalisèrent leur usage. L’importation d’arquebuses et de serpentines par les Portugais, à partir de l’entrepôt de Malacca, notamment vers le Siam et la Birmanie, impacta l’art de la guerre dans cette zone.
Comprendre pourquoi ces nouvelles armes font rapidement écho en Asie du Sud-Est est aisé : celles-ci, plus efficaces et fiables, s’avèrent aussi bien plus faciles à utiliser que l’archerie, qui nécessite, elle, de nombreuses années d’entraînement. Les ressources militaires sont alors opérationnelles plus rapidement pour servir dans l’effort de guerre, dans un pays où il n’existe pas d’armée véritablement régulière (c’est une caractéristique des voisins également)[33]. En outre, le bruit des armes provoque un effet psychologique non négligeable, notamment sur les éléphants, l’une des armes de choc de la région, fuyant à son écoute. Néanmoins, ces changements ne durent pas, notamment au Siam où la mort de Naresuan entraîne un revirement idéologique dans le domaine militaire.
Concernant les motivations des mercenaires, la gloire, la richesse, voire un moyen d’assurer leur retraite, figurent parmi les raisons majeures. Par ailleurs, une partie d’entre eux effectuaient aussi des opérations marchandes, notamment au cours des échanges officiels entre les couronnes ibériques – à travers des représentants à Malacca et Goa – et les rois successifs de Siam, notamment Chakkraphat.
Rappelons que les mercenaires ne formaient pas un ensemble uniforme et seuls quelques-uns étaient peu ou prou nantis socialement, à l’instar de nos deux protagonistes portugais dont il était question auparavant[34]. Toutefois, leur cas n’était pas pour autant une généralité.
En effet, à cette époque, seule la maîtrise du sabre était considérée noble au Portugal. Les armes à feu étaient largement rejetées par la haute société. Il est donc présumable, par leur maîtrise de ces armes, que les mercenaires étaient rarement nobles[35]. Cependant, le devenir de ces aventuriers portugais change drastiquement avec les événements de la seconde moitié du XVIe siècle…
L’unification des couronnes, l’Inquisition : le déclin ibérique sur la terre et sur les mers
L’offensive portugaise au Maroc initiée par le roi Sébastien Ier en 1578 est un échec lourd de conséquences. L’élite portugaise est décimée à la bataille des Trois Rois. Le roi y perdit la vie et, sans descendance, il est succédé par son grand-oncle Henri Ier, qui ne tarde pas à mourir lui aussi. Philippe II d’Espagne, qui convoite le trône portugais, s’en empare en 1580 après sa victoire d’Alcántara sur un prétendant : c’est le début de l’Union ibérique[36]. Les expéditions ne suivirent dorénavant plus un schéma de « découvertes », mais d’autres objectifs, alors même que l’Europe se déchirait sur fond de schisme religieux.
L’Union ibérique et, a fortiori, l’Espagne choisirent fervemment le camp catholique et intensifièrent les mesures de l’Inquisition espagnole instaurée depuis 1478 (Inquisition qui s’appliqua aussi au royaume du Portugal dans ce cadre d’Union). L’Espagne se dote alors d’un objectif clair et simple : convertir. Les missions envoyées en Asie du Sud-Est revêtent alors cette fin. Les missions commerciales ralentissent et s’estompent au profit des missionnaires. Toujours sous l’Union ibérique de 1578, les portugais « partagent » alors Manille avec les Espagnols, où nombre de membres du clergé sont établis.
Or, jusqu’alors, Portugais et Espagnols s’étaient partagé le monde en vertu du traité de Tordesillas (1494)[37], pour régler les conflits nés de la « découverte » du Nouveau Monde. Pour déroger à ce traité et trouver à l’ouest une route vers les îles aux épices – les Moluques et Banda, en Indonésie actuelle -, la couronne portugaise avait même financé l’expédition de Fernand de Magellan en 1519. Cette première circumnavigation fut un succès, malgré la mort de Magellan à mi-chemin. Le traité de Saragosse (1529) vint compléter celui de Tordesillas en fixant cette répartition dans le Pacifique. Ces deux traités permirent ainsi de légitimer la présence portugaise ou espagnole dans telle ou telle région.

Ces traités furent néanmoins rendus caduques par l’Union ibérique.
Parallèlement, cette période de l’Union ibérique est aussi marquée par la mort du roi d’Ayutthaya Naresuan en 1605, sous le règne duquel la guerre se métamorphosa au Siam. Cependant, cela reste à nuancer par la mythique bataille de Nong Sarai où il est conté que Naresuan proposa au prince Birman Mingyi Swa de se battre avec des méthodes traditionnelles[38], ici un duel d’éléphant, comme nous l’avons indiqué dans notre partie exposant l’histoire d’Ayutthaya.
Le mercenariat est aussi impacté par la mort du souverain siamois : son parcours victorieux contre la Birmanie des Taungû[39] a renforcé la puissance d’Ayutthaya et donc attisé l’intérêt d’autres pays européens, soit celui d’autres mercenaires. Les soldats de fortune ibériques doivent alors composer avec le changement de souverain et l’arrivée d’autres volontaires.
En Europe, des changements ont également lieu, avec un impact sur les activités extra-européennes. L’Inquisition n’est pas sans conséquence pour l’Union ibérique. De nouvelles puissances européennes émergent aussi. Les territoires ibériques eux-mêmes sont ébranlés par ces événements avec notamment la guerre d’indépendance, puis l’émergence d’un rival important : les jeunes Provinces-Unies.
Les Hollandais, un cas particulier
Bien qu’il soit ici question des Hollandais[40], nous pouvons également inclure, dans une moindre mesure, les mercenaires français ou même anglais qui suivent un schéma similaire. La présence hollandaise commence avant la création de la Vereenigde Oostindische Compagnie (VOC, Compagnie unie des Indes orientales). La réunification des compagnies commerciales néerlandaises en 1601 marque le tournant officiel de l’influence hollandaise locale et le début d’une nouvelle forme du mercenariat, qui devient alors largement plus organisé, avec des profils plus atypiques, mobiles et s’engageant sur des périodes moindres. Le capitaine Ripon[41] en donne l’exemple probant. La raison en est la forme de financement des expéditions, par obligations de particuliers hollandais ; contrairement aux expéditions portugaises financées par la couronne, dont les « explorateurs » se plaignent d’une inconstance[42].
Les navires partent alors en mer pour une certaine période et ont pour mission de revenir avec un butin (les épices surtout) remboursant largement les obligations, et dont les bénéfices sont gigantesques. À un point tel que les marins de la VOC ne repartent que rarement en mission, préférant profiter de ces bénéfices en retournant « au pays » et retrouver leur famille ; ceci contrastant avec une bonne partie des mercenaires portugais n’ayant que rarement des proches « au pays ». Ces derniers fondent alors des familles dans les pays où ils s’aventurent, ce qui est rarement le cas chez les membres de la VOC.
Paradoxalement, l’empreinte culturelle portugaise est restreinte en dehors de quelques patronymes et de la religion chrétienne, qui intrigua d’ailleurs davantage le Champa que le Siam, ou encore, de façon paradoxale, le Japon (rappelons que les missionnaires portugais furent exclus du Japon à cause, entres autres, de leur prosélytisme défiant la suprématie du shōgun Tokugawa).
Le prince Damrong du Siam est, par ailleurs, plus équivoque et écrit ironiquement en 1926 « [les portugais ont amené] l’art de créer des armes, de les utiliser et les fortifications contre celles-ci »[43]. L’apport culturel n’ayant pas été un objectif de premier plan, nous pouvons aisément deviner le peu de biens apportées par les mercenaires, en dehors du matériel nécessaire et de leur propre bagage personnel (relativement conséquent, si l’on considère le vécu de chacun comme une relique immatérielle).
Conclusion
L’Histoire retient de ces nombreux mercenaires en Asie du Sud-Est relativement peu de souvenirs, excepté ceux d’aventuriers en quête d’exotisme ; quête d’exotisme représentée à son paroxysme par « l’Oiseau de Dieu » (manu codiata)[44].

Toutefois, il reste évident que ces aventuriers ne sont pas seulement, comme on peut l’imaginer, un Cizia Zykë, satisfaisant sa soif d’aventure tout en ayant un impact minime (excluant les possibilités offertes par l’effet papillon) sur l’écosystème local. Ici, les aventuriers se mettent au service des États asiatiques, vivent des plus grands luxes locaux entre deux guerres et prennent aussi la tête de troupes, parfois de véritables armées de mercenaires, à l’image de « l’armée toujours victorieuse » de Frederick Ward lors de la révolte des Taiping en Chine à la fin du XIXe siècle. Leurs actions, dans les quelques affrontements où elles sont référencées, sont décisives, comme nous l’avons vu dans les affrontements entre l’empire de Siam et les empires birmans au XVIe siècle.
Par l’importation d’armes légères, mobiles et contrôlées[45], les mercenaires ont drastiquement changé les tactiques militaires de la zone[46] ; que ce soit dans les infrastructures comme nous l’avons vu pour Ayutthaya ou bien la tombée en désuétude des éléphants dans le cadre des affrontements, pourtant considérés comme un élément sacré. La modernisation est alors tantôt subie, tantôt entreprise par les régents locaux.
Cependant, il convient de ne pas surévaluer cet apport car, comme l’étude de Trakulhun le souligne, la tradition résiste face à cette modernité dans un État où la guerre ne se fait pas par volonté d’acquérir du territoire à ensuite défricher, mais se fait par volonté d’acquérir de nouveaux sujets. Il remarque très justement : « De trop nombreuses victimes de guerre affaiblissent l’influence royale étant donné que celle-ci est davantage basée sur la force démographique du royaume qu’à son territoire »[47].
Les justifications, de ce fait, transcendent les volontés de renforcement démographique ; elles sont également spirituelles et civilisationnelles. Toutefois, il serait simpliste de dire qu’il s’agit d’une explication civilisationnelle propre aux autochtones ; la noblesse ibérique voyait l’usage des armes à feux comme caractéristique du « bas-peuple », elles n’arrivaient pas à la cheville du prestige qu’octroyaient les lames traditionnelles[48].
Enfin, pour répondre à la question posée en introduction, il est donc difficile de considérer les mercenaires uniquement d’une façon essentialiste dû à leur excentricité et leur libre arbitre. Il s’agit avant tout de soldats de fortune, comme le capitaine Ripon, qui vivent de l’aventure en semblant avoir peu d’incidence directe sur leur environnement. Il est d’ailleurs possible que ceux-ci soient les plus nombreux, mais aussi ceux dont l’Histoire ne retint pas forcément les noms. Rappelons ainsi que, pour une majorité de mercenaires, la plume n’est, de loin, pas autant maîtrisée que le fusil, en raison notamment de leur origine sociale.
Si vous avez aimé cet article, nous vous conseillons également :
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[1] Le réalisateur, Chatrichalerm, en fait partie, et la reine Sirikit soutient financièrement la production. Certains acteurs sont également issus de la famille royale et les soldats du film sont des militaires de l’armée et de la marine du royaume. Enfin, de nombreuses scènes ont été tournées dans des endroits habituellement inaccessibles ; ce qui n’est pas sans rappeler le film Le Dernier Empereur de Bernardo Bertolucci, lui aussi tourné dans des endroits normalement prohibés, à l’instar de la Cité interdite de Beijing.
[2] Le terme étant construit par analogie à « salariat ».
[3] En 1863, lors de la guerre civile américaine, l’Union a rétribué le baron Ernst von Vegesack de Suède de la prestigieuse Medal of Honor (soit la plus importante récompense militaire américaine), pour son implication à ses côtés. Voir DODENHOFF George H., « A HISTORICAL PERSPECTIVE OF MERCENARIES », dans Naval War College Review, vol. 21, n°7, Newport, U.S. Naval War College Press, 1969, 117 p., pp. 91-109, [en ligne] https://www.jstor.org/stable/44641084?seq=1 (dernière consultation le 21/09/2020)
[4] La bataille des Trois Rois opposa le royaume du Portugal au sultanat zianide en Afrique du Nord. Ce dernier, victorieux, engageait également des mercenaires. NEKROUF Younès, La bataille des Trois Rois, Paris, Albin Michel, 1984, 286 p.
[5] Comme ce fut le cas durant la guerre d’Indochine entre 1946 et 1954, BECCARIA Laurent, « Soldats perdus des guerres orphelines, », dans Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n°22, Paris, Presses de Science Po, 1989, 183 p., pp. 103-110, [en ligne] https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1989_num_22_1_2132 (dernière consultation le 22/09/2020) ; les raisons sont abondantes, peuvent également être cités les fameux Flying Tigers américains du théâtre sino-japonais des années 1940. Il semblerait, par ailleurs, que l’amitié entre les généraux Chennault et Xue Yue ait été vecteur de l’implication des Flying Tigers.
[6] KINSEY Christopher, « Le droit international et le contrôle des mercenaires et des compagnies militaires privées », dans Cultures & Conflits, n°52, Paris, L’Harmattan, 2003, 181 p., pp. 91-116, [en ligne] https://www.jstor.org/stable/23698970 (dernière consultation le 24/09/2020)
[7] Nom parfois utilisé pour désigner ces soldats de fortune, probablement afin d’éviter un malentendu définitionnel ou bien une idée négative de l’activité.
[8] Voir l’introduction d’Antoine Cabaton, qui énonce l’origine de ceux-ci dans QUIROGA DE SAN ANTONIO Gabriel, Les derniers conquistadores : la non-conquête du Cambodge, Toulouse, Anacharsis, 2009, 149 p., traduit par CABATON Antoine
[9] HUTCHINSON Edward Walter, Adventurers in Siam in the Seventeenth Century, London, The Royal Asiatic Society, 1940, 283 p., p. 20.
[10] Reconquista, soit reconquête, à ne pas confondre avec conquista (conquête) qui implique deux notions totalement différentes. La conquista est le terme utilisé pour les expéditions menées par les conquistadores tandis que la reconquista est la volonté de reconquérir les terres ibériques par les chrétiens espagnols et portugais des mains des sultanats d’al-Andalus. Malgré qu’elle se finisse officiellement en 1492 (date de la prise de Grenade, le dernier territoire musulman de la péninsule ibérique), le terme s’utilise allègrement par les rois de Castille, d’Aragon ou du Portugal pour toute volonté de conquête de zones musulmanes.
[11] TRAKULHUN Sven, « Suspicious friends. Siamese warfare, Portugal, and the military revolution in Southeast Asia (1540‐1700) », dans GRABOWSKY Volker (éd.), Southeast Asian historiography unravelling the myths : essays in honour of Barend Jan Terwiel, Bangkok, River Books, 2011, 320 p., pp. 190-209, [en ligne] https://www.researchgate.net/publication/279832491_Suspicious_friends_Siamese_warfare_Portugal_and_the_’military_revolution’_in_Southeast_Asia_1540-1700 (dernière consultation le 20/09/2020)
[12] Notons la présence d’articles dans ce dossier thématique relatant l’expérience « aventureuse » portugaise dans d’autres contrées comme le Kongo ou bien le Japon.
[13] Notons qu’avant les Portugais, étaient présents des marchands vénitiens, probablement les premiers à avoir introduits les épices d’Extrême-Orient en Europe et donc à alimenter cette course folle de l’époque moderne.
[14] Chiffres probablement surestimés comme l’indiquent les auteurs, mais qui rendent compte d’une présence nombreuse. BAKER Christopher et PHĀSUK Phongphaičhit, A History of Ayutthaya : Siam in the Early Modern World, Cambridge, Cambridge University Press, 2017, 325 p., p. 91
[15] Ici, nous nous calquons sur la périodisation historique européenne, donc la période précédant les expéditions ibériques : de la création du royaume Ayutthaya au XIVe siècle jusqu’aux premières expéditions ibériques du XVIe siècle.
[16] Poème siamois historique important du XVIe siècle, d’auteur(s) inconnu(s), relatant les batailles entre le Siam et le peuple thaï des Yuan de la fin du XVe siècle, ainsi que différents exploits guerriers d’Ayutthaya.
[17] Il est possible que l’impopularité du roi, qui était excessivement belliqueux et ne protégeait pas assez sa population, soit aussi une des raisons de la mise en avant de l’éléphant à cette période. Ibid.
[18] Le prince Damrong Rajanubhab (1862-1943) énonce quinze affrontements Siam-Birmanie entre 1539 et 1604, TRAKULHUN Sven, art. cit.
[19] BAKER Christopher et PHĀSUK Phongphaičhit, op. cit.
[20] Prince Damrong Rajunabhab, Our Wars With The Burmese, Bangkok, White Lotus, 2001, 423 p.
[21] La dynastie Taungû acquit en relativement peu de temps une influence gigantesque sur la région, influence qu’elle mit à profit contre son voisin Siam au cours de plusieurs conflits.
[22] Les nats sont les esprits dans le culte prébouddhique en Birmanie, le roi Anawrahta (considéré comme père fondateur de l’identité birmane) en dénombre 37 au XXIe siècle. L’image de Tabinshwehti pourrait alors ne pas représenter le roi Taungû, mais sur le nat Tabinshwehti.
[23] Diego Soares de Melo subit une triste mort, il fut lapidé à Pegu par les autochtones à cause de son impopularité. Ce jugement fait suite à une affaire durant le règne de Tabinshwehti avec un marchand birman, Mambogoá, qu’il manqua de tuer afin de posséder sa fille (cette dernière se suicida pour ne pas être possédée par Diego). Diego ne possédant plus de protection royale grâce au statut de beau-frère, Mambogoá, soutenu par une partie de la population, demanda justice. Ce qui fut accordé. Cette version est soutenue par de nombreuses sources selon l’ouvrage de Pinto. Cependant, cette information comporte des incohérences historiques que nous aimerions soulever, notamment la relation entre Bayinnaung et Soares. En outre, la date de ce jugement et cette mort n’ont pas été recensées.
[24] Une des seules sources primaires complètes de cette période dans cette partie de l’Asie, rassemblant les témoignages et les expériences de Pinto.
[25] Bayinnaung et Tabinshwehti furent élevés ensemble à la cour royale.
[26] AUNG-THWIN Maitrii et AUNG-THWIN Michael, A History of Myanmar since Ancient Times, London, Reaktion Books, 2012, 325 p.
[27] BAKER Christopher et PHĀSUK Phongphaičhit, op. cit., p. 94
[28] Soit n’ayant pas changé de camp au profit des Taungû pour l’appât du gain.
[29] En effet, les mercenaires portugais ne furent pas les seuls mercenaires au Siam : mercenaires javanais, minangkabaus (deux peuples de l’Indonésie actuelle, les premiers se situant à Java et les seconds à l’ouest de Sumatra), turcs, japonais, malais…
[30] Mot polysémique d’origine malaise désignant, de façon simplifiée, un état de folie destructrice.
[31] Mort qui enclenchera le déclin du royaume Taungû.
[32] Il est suspecté que des architectes français aient été impliqués pour cette forteresse qui a l’apparence des constructions atypiques opérées par le célèbre ingénieur français Sébastien le Prestre de Vauban.
[33] La main-d’œuvre y est trop précieuse pour entretenir une armée régulière. JACQ-HERGOUALC’H Michel, Le Siam, Paris, Les Belles lettres, 2004, 254 p, p. 86
[34] Notamment Diogos Soares, qui pourrait être affilié à la famille Soares de Albergaria dont Lopo Soares de Albergaria, gouverneur de l’Inde portugaise en 1505 faisait partie.
[35] Voir l’introduction d’Antoine Cabaton dans QUIROGA DE SAN ANTONIO Gabriel, op. cit.
[36] Voir MARQUES António Henrique Rodrigo de Oliveira, Histoire du Portugal et de son empire colonial, Paris, Éditions Karthala, 1998, 615 p., traduit par BAUDRILLART Marie-Hélène
[37] À noter que le traité n’est qu’une ligne de démarcation interdisant toute interférence d’une couronne ou de l’autre, basé sur les découvertes officiellement connues par les ibériques en 1494, c’est-à-dire une assez mince partie du monde.
[38] Trakulhun ou Yuan Phaï dans tous les cas. Le format épique du récit romantise très probablement les faits.
[39] Ainsi que le Cambodge et le Champa au XVIe siècle, bien que les affrontements contre ces royaumes puissent être considérés comme mineurs.
[40] Ou « Néerlandais ». L’usage de « Hollandais » est préféré dans cet article pour la raison que la Hollande étant la plus connue des provinces des sept Provinces-Unies. C’est d’ailleurs par le nom d’Hollandais, davantage que de Néerlandais, que les sources du monde malais nommeront les personnages venant des Provinces-Unies. En effet, en malais, les Provinces-Unies sont appelées « Belanda », mot venant de Hollande (Nederland étant Netherland). Cependant, les sources anglaises utilisent quasiment exclusivement le nom de « Dutch ». En Europe continentale, le terme Hollandais est aussi souvent utilisé pour des raisons historiques : avant l’indépendance des Provinces-Unies, Amsterdam, dans la province de Hollande, était le port commercial le plus utilisé. Les marchands des provinces néerlandaises étaient donc dénommés Hollandais par habitude.
[41] Agent de la VOC, mais aussi mercenaire, dont le récit, trouvable en bibliographie, ne manque pas d’intérêt afin de connaître l’ethos du personnage de Ripon et ainsi lire un des rares témoignages directs de mercenaire de la période moderne.
[42] Voir l’introduction d’Antoine Cabaton dans QUIROGA DE SAN ANTONIO Gabriel, op. cit.
[43] Cité dans TRAKULHUN Sven, art. cit.
[44] Ou « manu dewata » en javanais. Oiseau dont la légende disait ne pas posséder de pattes, ne jamais se nourrir et en vol perpétuellement. Ce mythe est rompu par les naturalistes étudiant les espèces sur place. La légende de « l’Oiseau de Dieu » n’existait seulement que par le fait que les chasseurs les mutilaient. QUIROGA DE SAN ANTONIO Gabriel, op. cit., p. 42
[45] Bien que les armes occidentales vendues dans le marché non-européen fussent de moindre qualité que celles vendues dans l’Ancien Continent. TRAKULHUN Sven, art. cit.
[46] Bien que l’article se concentre sur le Siam, le Champa et la Birmanie, nous pouvons aussi voir que, à la même période, les portugais ont contribué à l’évolution de l’art de la guerre japonais, voir à ce sujet SERAFINO Steve, « La première arquebuse japonaise et la légende de la jeune Wakasa », dans La Revue d’Histoire Militaire, Les Lilas, La Revue d’Histoire Militaire, 2020, [en ligne] https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2020/06/19/la-premiere-arquebuse-japonaise-et-la-legende-de-la-jeune-wakasa/ (dernière consultation le 21/09/2020)
[47] TRAKULHUN Sven, art. cit.
[48] Voir l’introduction d’Antoine Cabaton dans QUIROGA DE SAN ANTONIO Gabriel, op. cit.

Une réflexion sur “Mercenaires en Asie du Sud-Est péninsulaire : le Siam, un cas d’école”