Mercenaires en Asie du Sud-Est péninsulaire : le Siam, un cas d’école

L’année 2001 est marquée par la sortie de la superproduction “The Legend of Suriyothai” (La Légende de Suriyothai), un film historique thaï mettant en scène l’héroïsme de Suriyothai, reine de l’empire Siam d’Ayutthaya au XVIe siècle. L’ouverture du long-métrage comporte des soldats portugais tirant à l’arme à feu. Ce détail pourrait paraître anodin si le film n’avait pas reçu la participation et le soutien de la famille royale thaïlandaise[1]. L’écho est de taille : les Européens sont donc inclus dans le tableau officiel de l’histoire Thaï.

Néanmoins, ces soldats portugais sont particuliers : ce sont des mercenaires, c’est-à-dire qu’ils proposent leurs services armés contre rémunération[2].

Si cette définition a le mérite d’être claire, elle ne permet toutefois pas de rendre compte de l’intégralité des activités de ces soldats de fortune. De surcroît, le mercenariat s’incarne de différentes manières selon le contexte historique et politique : il est tantôt largement discrédité[3] voire illégal[4][5], tantôt largement accepté et affiché[6]. Postulat qui s’illustre dans Le Prince où, en 1532, Machiavel énonce une diatribe envers le mercenariat pourtant largement employé par les puissances européennes. C’est le cas au Maroc où le roi Sébastien 1er du Portugal engagea de nombreux mercenaires lors de la Bataille des Trois Rois en 1578.[7]

En effet il est logique que les grandes puissances de l’époque, comme le Portugal, ait employé ces soldats de fortune dans leur expansionnisme, que ce soit à la conquête des Amériques aux XVe et XVIe siècles, en Afrique ou en Asie. Quoique peu connu, ce dernier théâtre n’en est pas moins riche en exemples. il serait donc intéressant de se pencher sur les différentes facettes du mercenariat en Asie du Sud-Est, notamment depuis l’unification des couronnes portugaises et espagnoles en 1581, jusqu’au déclin de leur présence sud-asiatique face aux Hollandais, entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle.

Sous quelles formes s’est donc incarnée l’activité mercenaire en Asie du Sud-Est ? Quels en furent ses motivations, ses acteurs et les relations de ces derniers avec cet environnement ?

En effet, si l’aspect pécunier demeure l’un des principaux attraits du mercenariat, on ne saurait expliquer son engouement uniquement par cet argument qu’est l’appât du gain. Parmi les autres raisons évocables, nous pouvons citer la soif d’aventure, l’exotisme voire même l’idéologie[8].

Ainsi, il semble bien difficile de dégager une raison commune qui expliquerait le choix du mercenariat dans la mesure où celui-ci apparaît comme le produit d’une histoire personnelle, marquée par des motivations singulières et un contexte général. Dans ces conditions, il devient possible de proposer une lecture existentialiste du mercenariat au sein de l’histoire militaire et des armées régulières.[9]

Carte synthétique des différents états dans la zone qui nous intéresse, à la fin du XVIe siècle : le Siam (et sa capitale Ayutthaya), le Champa, Pégou (Pegu) ainsi que Malacca (Melaka). Source : Cyril B., Inkscape.
Carte synthétique des différents états dans la zone qui nous intéresse, à la fin du XVIe siècle : le Siam (et sa capitale Ayutthaya), le Champa, Pégou (Pegu) ainsi que Malacca (Melaka). Source : Cyril B., Inkscape.

Les « Descubridor » du continent Asiatique

En 1558, le Roi Philippe II d’Espagne banni le mot de Conquista (conquête) au profit de Descubrimiento (découverte). « Aventuriers »[10], c’est ainsi que sont appelés les marginaux[11] de la péninsule ibérique, envoyés en découverte afin de ne pas perturber davantage la société civile. Ce sont des professionnels de l’armée, des condamnés, des exilés…

C’est à cette initiative de “découverte” que le mercenariat est accepté voire promu. Il ne sera donc pas question ici de déserteurs ou renégats, mais de baroudeurs qui pouvaient par exemple s’entretenir volontiers avec le célèbre général Alfonso de Albuquerque, le chef des opérations portugaises de la région et représentant de la couronne.

Situé à l’ouest de la péninsule, le port malais de Malacca – conquis par Albuquerque lui-même en 1511 – devient la base principale des Portugais. Depuis cette possession, ils tentèrent d’amorcer le contrôle de la mer de Chine. Des relations se nouèrent aussi avec l’empire d’Ayutthaya, Empire depuis lequel le commerce se pratiquait aisément avec les différents états asiatiques. Albuquerque y envoya d’ailleurs la première mission, avec Duarte Fernandez, l’année où il posa son ancre au port malais.[12]

Portrait posthume d’Albuquerque au musée des arts anciens de Lisbonne
Portrait posthume d’Albuquerque au musée des arts anciens de Lisbonne

La présence des mercenaires portugais se borne alors au Siam, Cochinchine, Champa et Birmanie. La Malaise n’est pas encore concernée, conformément à l’idée de « Reconquista[13] se continuant en Asie du Sud-Est ». En effet, proposer ses services aux sultanats malais – musulmans il va sans dire – aurait été ressenti comme une trahison.[14] C’est pour cela que cet article se basera principalement sur le Siam et ses voisins[15].

Succincte présentation de l’histoire moderne d’Ayutthaya

Fondée en 1351 par le roi Râma Thibadi I, Ayutthaya est la capitale de l’empire de Siam, empire prospère et bénéficiant de nombreuses richesses ; exception faite des épices. L’absence de cette ressource semblerait, d’ailleurs, être la principale raison du désintérêt des Européens[16] – alors en pleine course aux épices de l’Extrême-Orient – pour le Siam.

Cependant, Ayutthaya possède quelques ressources précieuses et donc convoitées : les éléphants et l’ivoire issu de leurs défenses. Le navigateur Vasco de Gama y décrit ainsi 400 éléphants en 1498 et l’historien portugais Joao de Barros 10 000 en 1551[17]. Mais l’ivoire n’est pas le seul objet de convoitise ; ces éléphants constituent aussi une arme de guerre redoutable dont la maîtrise permet de changer le cours des batailles pré-modernes[18]. La valeur de cette ressource est telle que le poème Yuan Phai[19] dit qu’un éléphant peut même valoir une ville.

Il arrive d’ailleurs que cet animal devienne le héros des combats en lieu et place du roi, comme relaté dans la bataille de Nong Sarai en 1593, où le roi de Siam, Naresuan, met en échec le prince héritier de la Birmanie. Les manuels d’histoire thaïlandais présentent ainsi davantage son éléphant comme héros de cet affrontement historique[20]. Le pachyderme est alors considéré comme symbole martial.

Duel d'éléphants entre Naresuan (à droite) et Mingyi Swa (à gauche) pendant la bataille de Nong Sarai, comme représenté sur le sceau de la province de Suphan Buri (Fine Arts Department of Thailand, 1999, Wikimedia Commons).
Duel d’éléphants entre Naresuan (à droite) et Mingyi Swa (à gauche) pendant la bataille de Nong Sarai, comme représenté sur le sceau de la province de Suphan Buri (Fine Arts Department of Thailand, 1999, Wikimedia Commons).

Le rôle des mercenaires au Siam et au Cambodge

Les descubridores sont particuliers en raison de leur indépendance, qui n’est pas sans rappeler celle dont bénéficient les marchands portugais en l’absence de compagnie marchande officielle (comme la Vereenigde Oost-Indische Compagnie hollandaise, l’East India Company anglaise ou la Compagnie Française des Indes Orientales).

Les exemples de mercenaires européens au Siam et au Cambodge dont l’histoire garde mémoire ne sont pas légion, mais nous pouvons tout de même en citer deux : Domingo de Seixas ainsi que Diego Soares de Melo.

Domingos de Seixas est un mercenaire de renom du XVIe siècle[21]. Il est mercenaire pour Ayutthaya et combat contre l’empire Toungo, empire birman en constante adversité avec celui de Siam[22]. Il convient de préciser que De Seixas n’est pas seul : en 1540, on dénombre 120 portugais dans la garde personnel du raja Chai[23] (ou Chairachathirat, r. 1534-1546). Ces Portugais étaient originellement des marchands à Ayutthaya.[24] Le roi Chai les remercia d’ailleurs par la construction d’un lieu de culte chrétien dans cette ville.

Cependant, ironie de cette indépendance d’action des aventuriers portugais, certains finissent par s’affronter lors de différents conflits, notamment entre Birmans et Siamois : les uns au service du roi d’Ayutthaya, et les autres sous le service du roi Tabinshwehti (r. 1530-1550) de la récente dynastie birmane Toungo[25]. La présence portugaise en terre birmane s’expliquerait par l’installation d’un point de ravitaillement au port de Martaban en 1519 afin de pouvoir ravitailler Malacca, sous occupation portugaise, en riz.

Nat de Tabinshwehti, Sir R. C. Temple, 1906, Wikimedia Commons
Nat[26] de Tabinshwehti, Sir R. C. Temple, 1906, Wikimedia Commons

La biographie de Diogos Soares de Melo, un des mercenaires s’étant mis au service du roi Toungo Tabinshwehti, est également relatée par l’aventurier Fernao Mendes Pinto, dans son ouvrage « Pèlerinages »[27]. De Soares était rémunéré dix fois plus que de Seixas et reçu de nombreux avantages comme une place royale – il était considéré comme le frère du monarque – et le titre de gouverneur de la région birmane de Pegu !

En outre, il était réputé loyal par le palais royal et bénéficiait même des faveurs du beau-frère de Tabinshwehti, le futur roi Bayinnaung (r. 1550-1590)[28].

Deux mois après l’assassinat de Tabinshwehti en 1550 par Smim Sawhtut, un prétendant qui s’empara ainsi du trône, Bayinnaung s’attela à s’emparer du pouvoir. En effet, devant cette instabilité politique, l’empire s’était fragmenté. Diogos ainsi que 39 de ses hommes[29] le rejoignirent. Plusieurs campagnes se déroulèrent de 1550 à 1553 et permirent finalement la restauration de l’ancien empire de Tabinshwehti.

Statue du général et roi birman Bayinnaung devant le musée national de Birmanie. Source : Wikimedia commons.
Statue du général et roi birman Bayinnaung devant le musée national de Birmanie. Source : Wikimedia commons.

De Soares est également officier dans deux attaques notoires, sous le règne de Tabinshwehti, comme la destruction des murs de Martaban en 1540 et 1541. Il devient ensuite chef d’une troupe de 185 mercenaires portugais pour une offensive d’envergure à Ayutthaya en 1548. Les témoignages notent d’ailleurs la présence d’un ingénieur militaire grec dans ces offensives. Mais l’attaque d’Ayutthaya est bien celle affichant une modernisation drastique des techniques militaires des deux royaumes, en raison de la présence d’Européens de part et d’autre.

La force birmane disposait de mousquets et de canons montés sur éléphants tandis que les murs d’Ayutthaya étaient garnis d’artillerie. Les tactiques de défense utilisées à Ayutthaya furent, pour le moins, surprenantes également ; il est relaté par les birmans que les défenseurs jetaient des jars remplies d’excréments mélangés à de l’urine du haut des remparts de la ville[30]. Tactiques en réalité communes à la poliorcétique où assiégés comme assiégeants rivalisent d’ingéniosité pour l’emporter.

Probable armoirie de Diego Soares de Melo (source : Pinterest). Cf note 22. Ce dernier subira une triste mort, lapidé à Pegu par les autochtones dû à son impopularité. Ce jugement fait suite à une affaire durant le règne de Tabinshwehti avec un marchand birman, Mambogoá, qu’il manqua de tuer afin de posséder sa fille (cette dernière se suicida pour ne pas être possédée par Diogos). Diogos ne possédant plus de protection royale grâce au statut de beau-frère, Mambogoá, soutenu par une partie de la population demandera justice. Ce qui sera accordée.[31]
Probable armoirie de Diego Soares de Melo (source : Pinterest). Cf note 22. Ce dernier subira une triste mort, lapidé à Pegu par les autochtones dû à son impopularité. Ce jugement fait suite à une affaire durant le règne de Tabinshwehti avec un marchand birman, Mambogoá, qu’il manqua de tuer afin de posséder sa fille (cette dernière se suicida pour ne pas être possédée par Diogos). Diogos ne possédant plus de protection royale grâce au statut de beau-frère, Mambogoá, soutenu par une partie de la population demandera justice. Ce qui sera accordée.[31]

L’offensive de la dynastie Toungo de 1548-49 menée par Tabinshwehti, épaulé par Bayinnaung, alors général, est contenue en partie grâce aux portugais n’ayant pas « changé de camp »[32], ainsi que les terrifiants mercenaires javanais[33] appelés « Amuk »[34]. Notons aussi le manque de puissance de feu des birmans, alors incapables de percer les murs, la fatigue, la maladie mais aussi l’annonce de l’arrivée d’une armée de secours pour les défenseurs. L’éclatement de révoltes dans l’Empire Toungo a aussi pu jouer un rôle.

Après cette attaque, le roi d’Ayutthaya intensifia les préparations militaires de ses armées pour parer à une éventuelle nouvelle attaque birmane et s’engagea notamment dans un grand plan de chasse d’éléphants. Sept pachydermes blancs furent capturés au cours de cette chasse. Leur extrême rareté équivalant leur sacralité, les Birmans, ayant ouïe de ces captures et sûrs de leur puissance, ne manquèrent pas d’exiger deux de ces découvertes sacrées.

L’échec des négociations, afin d’acquérir ces éléphants blancs capturés par l’empire Siam, déclencha une nouvelle offensive de la part des Toungo en 1563-64, menée par l’éminent roi Bayinnaung évoqué précédemment.

Cette attaque fut un véritable succès birman contre Ayutthaya : Bayinnaung profita de la mobilité avantageuse de ses chevaux pour compenser la puissance des pachydermes et son artillerie musela celle de ses adversaires siamois et portugais. Ces atouts non négligeables permirent aux troupes birmanes d’acculer Chakkraphat, roi du Siam, à la reddition.

Les éléphants blancs furent capturés ainsi qu’une bonne partie des princes d’Ayutthaya – dont supposément Naresuan -, désormais otages. Le roi Chakkraphat abdiqua en 1564, mais reprendra le pouvoir quatre ans après, en 1568. Le royaume Siam se retrouva ainsi vassal des Birmans jusqu’à la mort de Bayinnaung, en 1581[35].

Ces deux tentatives de siège motivèrent le raja de Siam Chakkraphat (r. 1548-64 ; 1568-69), à grandement renforcer les remparts de sa capitale, qu’il reconstruisit avec des briques. Les Européens aussi participèrent à la fortification de ces royaumes pour protéger leurs intérêts.

Mais le royaume birman se lança encore dans une nouvelle offensive contre Ayutthaya en 1586, après l’ébranlement de sa domination sur le Siam. Le roi Naresuan (r. 1590-1605), né en 1555 et alors âgé de 22 ans, ayant vraisemblablement fait partie des otages du conflit de 1563, mena une stratégie de terre brûlée. Il ordonna le retour de toutes les ressources avoisinant la ville, vidant par conséquent les plaines du Nord d’Ayutthaya, où l’armée birmane prenait l’habitude de se retrancher.

Cette action permit également de fortifier au maximum les défenses de la cité, le roi souhaitant placer toutes les chances de son côté.

Cette offensive fut alors déjouée avec succès.

Statue du roi Naresuan dit « Naresuan le Grand » à l’Université Naresuan, Phitsanulok. Wikimedia commons.
Statue du roi Naresuan dit « Naresuan le Grand » à l’Université Naresuan, Phitsanulok. Wikimedia commons.

Il a été question jusqu’à présent de l’emploi des mercenaires dans les affrontements entre Birmans et Siamois. Néanmoins, les raisons de leur engagement n’ont toujours pas été évoquées. Elles sont pourtant primordiales. La raison principale et la plus largement évoquée est bien évidemment leur maîtrise des armes à feux. Ces armes étaient déjà présentes sur place – probablement venues de Chine, d’Inde voire de Perse – mais leur utilisation dangereuse et l’insuffisance de leur mobilité, marginalisèrent leur usage.

L’importation d’arquebuses et de serpentines par les Portugais, à partir de l’entrepôt de Malacca, notamment vers le Siam et surtout la Birmanie, impacta l’art de la guerre dans cette zone.

Comprendre pourquoi ces nouvelles armes ont rapidement fait écho en Asie du Sud-Est est aisé : celles-ci, plus efficaces et fiables, s’avèrent aussi bien plus faciles à utiliser que l’archerie, qui nécessite, elle, de nombreuses années d’entraînement. Les ressources militaires sont alors opérationnelles plus rapidement pour servir dans l’effort de guerre, dans un pays où il n’existe pas d’armée véritablement régulière (c’est une caractéristique des voisins également).[37] En outre, le bruit des armes provoque un effet psychologique non négligeable, notamment sur les éléphants fuyant à son écoute, l’une des armes de choc des armées régionales.

Cependant, ces changement ne durèrent pas, notamment au Siam où la mort de Naresuan entraîna un revirement idéologique dans le domaine militaire.

Concernant les motivations des mercenaires, la gloire, la richesse, voire un moyen d’assurer leur retraite, figurent parmi les raisons majeures. Par ailleurs, une partie d’entre eux effectuaient aussi des opérations marchandes, notamment au cours des échanges officiels entre les couronnes ibériques – à travers des représentants à Malacca et Goa – et les rois successifs de Siam, notamment Chakkraphat.

Rappelons que les mercenaires ne formaient pas un ensemble uniforme et seuls quelques-uns étaient peu ou prou nantis socialement, à l’instar de nos deux protagonistes portugais dont il était question auparavant[38]. Mais leur cas ne justifie pas une généralité.

En effet, à cette même époque, seule la maîtrise du sabre était considérée noble au Portugal. Les armes à feux étaient largement rejetées par la haute société. Il est donc présumable, par leur maîtrise de ces armes, que les mercenaires étaient rarement nobles.[39]

Mais le devenir de ces aventuriers portugais changera drastiquement avec les évènements de la seconde moitié du XVIe siècle…

L’unification des couronnes, l’Inquisition : déclin ibérique sur la terre et sur les mers

L’offensive portugaise au Maroc initiée par le roi Sebastien 1er en 1578 est un échec lourd de conséquences. L’élite portugaise est décimée à la bataille des Trois Rois. Le roi y perdit la vie et sans descendance, est succédé par son grand oncle Henri 1er, qui ne tarde pas à mourir lui aussi. Philippe II d’Espagne, qui convoite le trône portugais, s’en empare en 1580 après sa victoire d’Alcántara sur un prétendant : c’est le début de l’Union Ibérique.[40]

Les expéditions ne suivirent dorénavant plus un schéma de « découvertes » mais d’autres objectifs, alors même que l’Europe se déchirait sur fond de schisme religieux.

L’Union Ibérique et a fortiori l’Espagne choisirent fervemment le camp catholique et intensifièrent les mesures de l’Inquisition Espagnole instaurée depuis 1478 (Inquisition qui s’appliquera aussi au Royaume du Portugal dans ce cadre d’Union). L’Espagne se dote alors d’un objectif clair et simple : convertir. Les missions envoyées en Asie du Sud-Est revêtent alors cette fin. Les missions commerciales ralentissent et s’estompent au profit des missionnaires. Toujours sous l’Union Ibérique de 1578, les portugais « partagent » alors Manille avec les Espagnols, où nombre de membres du clergé sont établis. 

En effet, jusqu’alors, Portugais et Espagnols s’étaient partagé le monde en vertu du traité de Tordesillas (1494), pour régler les conflit nés de la “découverte” du Nouveau Monde.

À noter que le traité n’est qu’une ligne de démarcation interdisant toute interférence d’une couronne ou de l’autre, basé sur les découvertes officiellement connues par les ibériques en 1494, c’est-à-dire une assez mince partie du monde.
À noter que le traité n’est qu’une ligne de démarcation interdisant toute interférence d’une couronne ou de l’autre, basé sur les découvertes officiellement connues par les ibériques en 1494, c’est-à-dire une assez mince partie du monde. Cette carte (en très grand format) représente ce que les ibériques connaissaient du monde au XVIe siècle.

Pour déroger à ce traité et trouver à l’ouest une route vers les îles aux épices – les Molluques et Banda, en Indonésie actuelle -, la couronne portugaise avait même finançé l’expédition de Fernand de Magellan en 1519. Cette première circumnavigation fut un succès, malgré la mort de Magellan à mi-chemin. Le traité de Saragosse (1529) vint compléter celui de Tordesillas en fixant cette répartition dans le Pacifique. Ces deux traités permirent ainsi de légitimer la présence portugaise ou espagnole dans telle ou telle région.

Ces traités furent rendus caduques par l’Union Ibérique.

Parallèlement, cette période de l’Union Ibérique est aussi marquée par la mort du roi d’Ayutthaya Naresuan en 1605, sous le règne duquel la guerre se métamorphosa au Siam. Néanmoins, cela reste à nuancer par la mythique bataille de Nong Sarai où il est conté que Naresuan proposa au prince Birman Mingyi Swa de se battre avec des méthodes traditionnelles[41], ici un duel d’éléphant, comme on a expliqué dans notre partie exposant l’histoire d’Ayutthaya.

Le mercenariat est aussi impacté par la mort du souverain siamois : son parcours victorieux contre la Birmanie des Toungo[42] a renforcé la puissance d’Ayutthaya et donc attiser l’intérêt d’autres pays européens, et donc d’autres mercenaires. Les soldats de fortune ibériques doivent alors composer avec le changement de souverain et l’arrivée d’autres volontaires.

En Europe aussi des changements ont lieu, avec un impact sur les activités extra-européennes. L’inquisition n’est pas sans conséquence pour l’Union Ibérique. De nouvelles puissances européennes émergent aussi. Les territoires ibériques eux-même sont ébranlés par ces événements avec notamment la guerre d’indépendance puis l’émergence d’un rival important : les jeunes Provinces-Unies.

Les Hollandais, un cas particulier

Bien qu’il soit ici question des Hollandais[43], on peut aussi inclure, dans une moindre mesure, les mercenaires français ou même anglais qui suivent un schéma similaire. La présence hollandaise commence avant la création de la VOC (Vereenigde Oostindische Compagnie Compagnie Unie des Indes Orientales). La réunification des compagnies commerciales néerlandaises en 1601 marque le tournant officiel de l’influence hollandaise locale et le début d’une nouvelle forme du mercenariat, qui devient alors largement plus organisé, avec des profils plus atypiques, mobiles et s’engageant sur des périodes moindres. Le capitaine Ripon[44] en donne l’exemple probant. La raison en est la forme de financement des expéditions, par obligations de particuliers hollandais ; contrairement aux expéditions portugaises financées par la couronne, dont les « explorateurs » se plaindront d’une inconstance[45].

Les navires partent alors en mer pour une certaine période et ont pour mission de revenir avec un butin (les épices surtout) remboursant largement les obligations, et dont les bénéfices sont énormes. Tant énorme que les marins de la VOC ne repartent que rarement en mission, préférant profiter de ces bénéfices en retournant « au pays » et retrouver leur famille ; ceci contrastant avec une bonne partie des mercenaires portugais n’ayant que rarement des proches « au pays ». Ces derniers fondent alors des familles dans les pays où ils s’aventurent, ce qui est rarement le cas chez les membres de la VOC.

Paradoxalement, l’empreinte culturelle portugaise est restreinte en dehors de quelques patronymes et de la religion chrétienne, qui intrigua d’ailleurs davantage le Champa que le Siam, ou encore, de façon paradoxale, le Japon (rappelons que les missionnaires portugais furent exclus du Japon à cause de leur prosélytisme défiant la suprématie du shogun Tokugawa).

Le Prince Damrong du Siam sera d’ailleurs plus équivoque et écrira ironiquement en 1926 « (les portugais ont amené) l’art de créer des armes, de les utiliser et les fortifications contre celles-ci »[46].

L’apport culturel n’ayant pas été un objectif de premier plan, on peut largement deviner le peu de biens apportées par les mercenaires, en dehors du matériel nécessaire et de leur propre bagage personnel (relativement conséquent, si l’on considère le vécu de chacun comme une relique immatérielle).

Pour conclure

Manu codiata (Swann Auction Galleries)
Manu codiata (Swann Auction Galleries)

L’Histoire retiendra de ces nombreux mercenaires en Asie du Sud-Est relativement peu de souvenirs, excepté ceux d’aventuriers en quête d’exotisme ; quête d’exotisme représentée à son paroxysme par “l’Oiseau de Dieu” (manu codiata)[47].

Mais il reste toutefois évident que ces aventuriers ne sont pas seulement, comme on peut l’imaginer, un Cizia Zykë, satisfaisant sa soif d’aventure tout en ayant un impact minime (excluant les possibilités offertes par l’effet papillon) sur l’écosystème local. Ici, les aventuriers se mettent au service des états asiatiques, vivent des plus grands luxes locaux entre deux guerres et prennent aussi la tête de troupes, parfois de véritables armée de mercenaires, à l’image de “l’armée toujours victorieuse” de Frederick Ward lors de la révolte des Taipings en Chine à la fin du XIXe siècle. Leurs actions, dans les quelques affrontements où elles sont référencées, sont décisives, comme nous l’avons vu dans les affrontements entre l’empire de Siam et les empires birmans au XVIe siècle.

Par l’importation d’armes légères, mobiles et contrôlées[48], les mercenaires ont drastiquement changé les tactiques militaires de la zone[49] ; que ce soit dans les infrastructures comme nous l’avons vu pour Ayutthaya, ou bien la tombée en désuétude des éléphants dans le cadre des affrontements, pourtant élément sacré. La modernisation est alors tantôt subie tantôt entreprise par les régents locaux.

Cependant, il convient de ne pas surévaluer cet apport car, comme l’étude de Trakulhun le souligne, la tradition résiste face à cette modernité dans un état où la guerre ne se fait pas par volonté d’acquérir du territoire à ensuite défricher, mais se fait par volonté d’acquérir de nouveaux sujets. Il remarquera très justement : « High casualties in war proved detrimental to royal power, since a king’s authority was based on manpower rather than on territory » (De trop nombreuses victimes de guerre affaiblissent l’influence royale étant donné que celle-ci est davantage basée sur la force démographique du royaume qu’à son territoire)[50].

Les justifications, de ce fait, transcendent les volontés de renforcement démographique ; elles sont également spirituelles et civilisationnelles. Mais il serait simpliste de dire qu’il s’agit d’une explication civilisationnelle propre aux autochtones ; la noblesse ibérique voyait l’usage des armes à feux comme caractéristique du « bas-peuple », elles n’arrivaient pas à la cheville du prestige qu’octroyaient les lames traditionnelles[51].

Enfin, pour répondre à la question posée en introduction, il est donc difficile de considérer les mercenaires uniquement d’une façon essentialiste dû à leur excentricité et libre arbitre. Il s’agit avant tout de soldats de fortune, comme le Capitaine Ripon, qui vivent de l’aventure en semblant avoir peu d’incidence directe sur leur environnement. Il est d’ailleurs possible que ceux-ci soient les plus nombreux mais aussi ceux dont l’Histoire ne retint pas forcément les noms… Rappelons ainsi que pour une majorité de mercenaires, la plume n’est, de loin, pas autant maîtrisée que le fusil, en raison notamment de leur origine sociale. Yves Giraud ne manquera pas de souligner ce fait bien que le Capitaine Ripon « écrive sensiblement bien pour un mercenaire ».

NB : Le sujet mettant au centre l’interaction européo-asiatique, l’article s’efforcera au maximum de ne pas tomber dans l’eurocentrisme et des sources primaires uniquement européennes, notamment grâce à des ouvrages comme celui écrit par Chris Baker et Pasuk Phongpaichit ou l’article de Sven Trakulhun notamment, utilisant pléthore de sources primaires thaïlandaises.

Cependant, il reste inévitable que les nombreuses sources à disposition se basent sur les sources primaires reconnues comme l’œuvre de Fernao Mendes Pinto et Joao de Barros.

Si vous avez aimé cet article, nous vous conseillons également :

Bibliographie : 

Ouvrages :

Yves Giraud éd., Voyages et aventures du Capitaine Ripon aux Grandes Indes Journal inédit d’un mercenaire – 1617-1627 -, Paris : Les Éditions de Paris : 1997, 205 p.

Jean-G Picard, Le mandarin de Trùong-Lam: Mercenaire insolite, Perpignan : Woinville Editions, 1991, 230 p.

Anthony Reid, Southeast Asia in the Age of Commerce 1450-1680: Volume One: The Lands below the Winds, Yale University Press, 1988, 272 p.

Chris Baker et Pasuk Phongpaichit, A History of Ayutthaya Siam in the Early Modern World, Cambridge University Press, 2017, 270 p.

Gariel Quiroga de San Antonio (trad. Antoine Cabaton), Les Derniers Conquistadores La Non-Conquête du Cambodge, Toulouse : Anacharsis, 2009 (1re éd. 1914),160 p.

E. W. Hutchinson, Adventurers in Siam in the Seventeenth Century, London : The Royal Asiatic Society, 1940, 280 p.

Alain Forest, Les missionnaires français au Tonkin et au Siam (XVIIe-XVIIIe siècles), Paris : L’Harmattan, 1998, 460 p.

Jacq-Hergoualc’h Michel, L’Europe et le Siam du XVIe au XVIIIe siècle. Apports culturels, Paris : L’Harmattan, 1993

Jacq-Hergoualc’h Michel, Le Siam, Paris : Les Belles Lettres, 2004, 250 p.

Prince Damrong Rajunabhab, Our Wars With The Burmese, Bangkok : White Lotus, 2001, 423 p.

Articles :

Lombard Denys. Yves Giraud éd. : Voyages et aventures du Capitaine Ripon aux Grandes Indes, journal inédit d’un mercenaire (1617-1627). In: Bulletin de l’Ecole française d’Extrême-Orient. Tome 83, 1996. pp. 400-402

Trakulhun Sven, Suspicious friends. Siamese warfare, Portugal, and the military revolution in Southeast Asia (1540‐1700), 2011, p. 11

Péré-Noguès Sandra, Mercenaires et mercenariat d’Occident : réflexions sur le développement du mercenariat en Sicile. In: Pallas, 51/1999. Guerres et sociétés dans les mondes grecs à l’époque classique. pp. 105-127

George H. Dodenhoff, A HISTORICAL PERSPECTIVE OF MERCENARIES. Naval War College Review Vol. 21, n°7, march 1969, pp. 91-109

Beccaria Laurent. Soldats perdus des guerres orphelines. In: Vingtième Siècle, revue d’histoire, n°22, avril-juin 1989. Lesgénérations. pp. 103-110

Christopher Kinsey, « Le droit international et le contrôle des mercenaires et des compagnies militaires privées », Cultures & Conflits [Online], 52 | hiver 2003 pp. 91-116


[1] Le réalisateur, Chatrichalerm, en fait partie, et la reine Sirikit a soutenu la production financièrement. Certains acteurs sont également issus de la famille royale et les soldats du film sont des militaires de l’armée et de la marine du royaume. Enfin, de nombreuses scènes ont été tournées dans des endroits habituellement inaccessibles ; ce qui n’est pas sans rappeler le film “Le Dernier Empereur” de Bernardo Bertolucci, lui aussi tourné dans des endroits normalement prohibés, à l’instar de la Cité Interdite de Pékin.

[2] Le terme étant construit par analogie à « salariat » comme le souligne André Aymard en 1967 dans Mercenariat et histoire grecque.

[3] https://www.un.org/press/en/2019/sgsm19452.doc.htm

[4] https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000602805&categorieLien=id

[5] Les notes 2 et 3 sont toutefois à mettre en contexte. Le Monde Diplomatique de Novembre 2004, page 29, l’indique ; la loi française répond à une demande des pays africains par suite des affaires de mercenaires comme Bob Denard, le plus connu. Ce que l’étude de Christopher Kinsey (2003) met aussi en lumière. En effet, on peut prendre en exemple les Private Military Companies (Sociétés Militaires Privées) américaines, qui contournent la pénalisation du mercenariat adoptée par la Convention internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires en 1989, car les États-Unis n’ont pas ratifié celle-ci.

[6] En 1863, lors de la guerre civile américaine, l’Union a rétribué le baron Ernst von Vegesack de Suède de la prestigieuse Medal of Honor (soit la plus importante récompense militaire américaine), pour son implication à ses côtés. Voir Dondenhoff, 1969.

[7] Voir Younès Nekrouf, La Bataille des Trois Rois, Albin Michel, 1984, 286 p. La bataille des Trois Rois opposa le royaume du Portugal au sultanat Zaydanide. Le Sultanat marocain, victorieux, engageait également des mercenaires.

[8] Comme ce fut le cas durant la guerre Indochine entre 1946 et 1954, voir Beccaria, 1989. Les raisons sont abondantes. Peuvent également être cités les fameux Tigres Volants américains du théâtre sino-japonais des années 40. Il semblerait d’ailleurs que l’amitié entre les généraux Chennault (américain) et Xue Yue (chinois) ait été vecteur de l’implication des Flying Tigers

[9] Kinsey, 2003. Voir le point 21 de l’article qui s’accorde sur ce point de vue.

[10] Nom parfois utilisé pour désigner ces soldats de fortune, probablement afin d’éviter un malentendu définitionnel ou bien l’idée négative de l’activité.

[11] Voir l’introduction de Cabaton, qui énonce l’origine de ceux-ci.

[12] Hutchinson, 1940 p. 20.

[13] Reconquista, soit reconquête, à ne pas confondre avec Conquista (conquête) qui implique deux notions totalement différentes. La Conquista est le terme utilisé pour les expéditions menées par les Conquistadores tandis que la Reconquista est la volonté de reconquérir les terres ibériques par les chrétiens espagnols et portugais des mains des sultanats d’al-Andalus. Malgré qu’elle se finisse officiellement en 1492 (date de la prise de Grenade, le dernier territoire musulman de la péninsule ibérique), le terme s’utilise allègrement par les rois de Castille, d’Aragon ou du Portugal pour toute volonté de conquête de zones musulmanes.

[14] Trakulhun, 2011, p. 3.

[15] Notons la présence d’articles dans le dossier moderne relatant l’expérience « aventureuse » portugaise dans d’autres contrées comme le Kongo ou bien le Japon.

[16] À rappeler qu’avant les portugais étaient présents des marchands vénitiens, probablement les premiers à avoir introduits les épices d’Extrême-Orient en Europe et donc à alimenter cette course folle de l’époque moderne.

[17] Baker et Phongpaichit, 2017. P.91. Chiffres probablement surestimés comme l’indique les auteurs. Mais rend compte d’une présence nombreuse.

[18] Ici, nous nous calquerons sur la périodisation historique européenne, donc la période précédant les expéditions ibériques : de la création de l’empire d’Ayutthaya au XIVe siècle jusqu’aux premières expéditions ibériques du XVIe siècle.

[19] Poème siamois historique important du XVIe siècle, d’auteur(s) inconnu(s), relatant les batailles entre le Siam et le peuple taï des Yuan de la fin du XVe siècle, ainsi que différents exploits guerriers d’Ayutthaya.

[20] Voir Baker et Phongpaichit. Il est possible que l’impopularité du roi, qui était excessivement belliqueux et ne protégeait pas assez sa population, soit aussi une des raisons de la mise en avant de l’éléphant à cette période.

[21] Voir le début du film “The Legend of Suriyothai” où allusion est faite à de Seixas correspondant avec la couronne portugaise.

[22] Trakulhun p. 8 : le prince Damrong Rajanubhab (1862-1943) énonce 15 affrontements Siam-Birmanie entre 1539 et 1604.

[23] Baker, Phongpaichit.

[24] Rajanubhab, 2001.

[25] Petit aparté sur la dynastie Toungo : c’est une dynastie qui, en relativement peu de temps, acquiert une influence énorme sur la région, influence qu’elle mettra à profit contre son voisin Siam au cours de plusieurs conflits

[26] Les nats étant les esprits dans le culte pré-bouddhique en Birmanie, le roi Anawrahta (considéré comme père fondateur de l’identité birmane) en dénombre 37 au XXIe siècle. L’image de Tabinshwehti ci-contre pourrait alors ne pas se baser sur le roi Toungo mais sur le nat Tabinshwehti.

[27] N.B. : Une des seules sources primaires complète de cette période dans cette partie de l’Asie, rassemblant les témoignages et les expériences de Pinto.

[28] Bayinnaung et Tabinshwehti furent élevés ensemble à la cour royale.

[29] Voir Aung-Thwin, A History of Myanmar Since Ancient Times, Honolulu: University of Hawai’i Press, 2012.

[30] Baker, Phongpaichit p. 94.

[31] Version soutenue par de nombreuses sources selon l’ouvrage de Pinto. Cependant cette information comporte des incohérences historiques qu’on aimerait soulever, comme la relation entre Bayinnaung et De Soares. En outre, la date de ce jugement et cette mort n’ont pas été recensées.

[32] Comprendre : n’ayant pas changé de camp au profit des Toungo pour l’appât du gain.

[33] N.B. : Effectivement, les mercenaires portugais ne furent pas les seuls mercenaires au Siam : on relate aussi des mercenaires javanais, minangkabaus (deux peuples de l’Indonésie actuelle, les premiers se situant à java et les seconds à l’Ouest de Sumatra), turcs, japonais, malais… De nombreux ouvrages de la bibliographie relatent ce fait.

[34] Mot polysémique d’origine malaise désignant, de façon simplifiée, un état de folie destructrice.

[35] Mort qui enclenchera le déclin du royaume Toungo.

[36] Dont on doute définitivement de l’implication d’architectes français pour cette forteresse ayant l’apparence des constructions atypiques opérées par le célèbre ingénieur français Sébastien le Prestre de Vauban !

[37] Michel, 2004 p. 86. Car la main d’œuvre y est trop précieuse pour entretenir une armée régulière.

[38] Notamment Diogos Soares, qui pourrait être affilié à la famille Soares de Albergaria dont Lopo Soares de Albergaria, gouverneur de l’Inde Portugaise en 1505 faisait partie : Voir armoirie de Diogo. Mais cela nécessitant vérification historique, on considérera davantage pour preuve son amitié avec Martim Afonso de Sousa, un administrateur colonial aux Indes portugaises.

[39] Voir l’introduction de Cabaton.

[40] Voir António Henrique Rodrigo de Oliveira Marques, Histoire du Portugal et de son empire colonial, Karthala Editions, 1998.

[41] Trakulhun. Ou Yuan Phaï dans tous les cas. On doit garder en tête que le format épique du récit romantise très probablement les faits.

[42] Et aussi le Cambodge ainsi que le Champa au XVIe siècle, bien que les affrontements contre ces royaumes puissent être considérés minoritaires.

[43] Ou “Néerlandais”. L’usage de “Hollandais” est préféré dans l’article pour la raison que la Hollande étant la plus connue des provinces des sept Provinces-Unies. C’est d’ailleurs par le nom d’Hollandais, davantage que de Néerlandais, que les sources du monde malais nommeront les personnages venant des Provinces-Unies. En effet, en malais, les Provinces-Unies sont appelées “Belanda”, mot venant de Hollande (Nederland étant Netherland). Cependant, les sources anglaises utilisent quasiment exclusivement le nom de “Dutch”. En Europe continentale, le terme Hollandais est aussi souvent utilisé pour des raisons historiques : avant l’indépendance des Provinces-Unies, Amsterdam, dans la province de Hollande, était le port commercial le plus utilisé. Les marchands des provinces néerlandaises étaient donc dénommés Hollandais par habitude.

[44] Agent de la VOC mais aussi mercenaire, dont le récit, trouvable en bibliographie, ne manque pas d’intérêt afin de connaître l’ethos du personnage de Ripon et ainsi lire un des rares témoignages directs de mercenaire de la période moderne.

[45] Voir Cabaton.

[46] Cité dans l’article de Trakulhun, p. 4.

[47] Voir Cabaton, p. 42. Ou « manu dewata » en javanais. Oiseau dont la légende disait ne pas posséder de pattes, ne jamais se nourrir et en vol perpétuellement. Ce mythe est rompu par les naturalistes étudiant les espèces sur place. La légende de “l’Oiseau de Dieu” n’existait seulement par le fait que les chasseurs les mutilaient!

[48] Trakulhun p. 8 : Malgré que les armes occidentales vendues dans le marché non-européen fussent de moindre qualité que celles vendues dans l’Ancien Continent.

[49] Bien que l’article se concentre sur le Siam, Champa et la Birmanie, on peut aussi voir qu’à la même période, les portugais ont durablement changé l’art de la guerre japonais, voir l’article de Steve Serafino.

[50] Trakulhun, p. 9

[51] Voir Cabaton.

Une réflexion sur “Mercenaires en Asie du Sud-Est péninsulaire : le Siam, un cas d’école

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