La guerre hors limites

Autour de La guerre hors limites de Qiao Liang et Wang Xiangsui

En Europe, ou plus largement en Occident, la pensée stratégique chinoise est grandement méconnue. Hormis le fameux traité millénaire sur L’art de la guerre de Sunzi[1] (Sūnzi bīngfǎ 孫子兵法) rédigé au Ve siècle avant notre ère, rares sont ceux qui connaissent d’autres travaux de stratégie originaires de la Chine. Sunzi accorde une grande importance à la ruse et aux stratagèmes pour l’emporter sur l’ennemi sans l’affronter frontalement, avec la seule force militaire brute. Compte tenu de la popularité de son écrit et de la méconnaissance de la réflexion stratégique chinoise, nombre de personnes effectuent un double raccourci spécieux en associant la stratégie indirecte à l’essence de la pensée stratégique chinoise. Par opposition, la pensée stratégique occidentale[2] mettrait l’accent sur la recherche de la victoire par la destruction directe des forces de l’ennemi sur le champ de bataille[3].

Ces deux pensées seraient essentiellement différentes et complémentaires entre elles. Nous pensons, au contraire, qu’il n’y a pas un gouffre les séparant. En l’occurrence, ici, nous nous appuyons sur une réévaluation d’un échantillon de la pensée stratégique chinoise contemporaine, La guerre hors limites, écrit par deux colonels de l’armée de l’air chinoise, Qiao Liang et Wang Xiangsui, publié en 1999 pour la première fois et traduit en langue française en 2003[4]. Les conceptions émises dans leur travail semblent effectivement plus proches de la tradition stratégique occidentale. Cette discussion critique de l’œuvre en trois temps fait suite à notre recension de ce même ouvrage publiée précédemment.

Il s’agira dans un premier temps d’examiner la réception de l’œuvre en Chine et à l’étranger. Notamment les éloges et les désapprobations qui en ont été faits, ainsi que la défense des auteurs face à ces critiques. Mais aussi, l’influence directe ou indirecte de ces travaux sur l’élaboration et les orientations de la politique de défense chinoise de cette dernière décennie. L’œuvre a-t-elle été élevée au rang de doctrine par l’Armée populaire de libération (APL – Jiěfàngjūn 解放军) ?

En stratégie, théorie et doctrine sont deux choses différentes : la première est un travail de l’esprit cherchant à dégager des propositions conceptuelles permettant de relier les moyens à la satisfaction des fins, elle doit pour cela parvenir au mieux à saisir la réalité des conflictualités ; la doctrine, en revanche, porte le sceau étatique, puisqu’il s’agit grosso modo de la méthode d’emploi qui inspire, dirige, coordonne l’action du pays[5]. En l’occurrence, notre propos sera ici de déterminer si des éléments conceptuels de La guerre hors limites se retrouvent dans la doctrine d’emploi de l’Armée populaire de libération. Subséquemment, il sera question, sous un angle comparatif et historique, de discuter la pertinence de l’œuvre par rapport à certains autres penseurs de la stratégie. Enfin, nous essaierons de relever quelques cas pratiques d’application de la pensée de La guerre hors limites en relation avec l’actualité internationale.

Réception de l’ouvrage en Chine et à l’étranger

Un livre populaire, mais aussi très critiqué

Le livre La guerre hors limites a reçu une exposition favorable aussi bien en Chine qu’à l’étranger. Les deux auteurs ont été, par-exemple, interviewés par la chaîne américaine CNN, tandis que la BBC a évoqué le livre[6]. Le célèbre journal américain The Washington Post a considéré l’ouvrage comme l’un des livres chinois ayant eu le plus d’influence sur l’Occident ces quarante dernières années[7].

Dans son pays d’origine, l’œuvre a été accueillie auprès des cercles académiques et militaires. Ainsi, selon un article de mai 2000 d’une journaliste chinoise[8] publié dans une revue de finance informatique : « L’ouvrage, intitulé La guerre hors limites, a reçu un accueil très enthousiaste, tant dans le pays qu’au sein de l’APL. Selon [l’auteur] Qiao Liang lui-même, à ce jour, plusieurs généraux lui ont demandé le livre directement. En outre, l’Institut d’économie mondiale de l’Académie chinoise des sciences sociales et l’Académie des sciences militaires ont organisé des séminaires distincts sur le livre »[9].

Plus loin, elle ajoute en faisant l’éloge du livre que : « Les experts et les universitaires de l’Académie chinoise des sciences militaires et de l’Institut de l’économie mondiale de l’Académie des sciences sociales estiment que la valeur de La guerre hors limites réside dans le fait qu’elle se concentre sur la force nationale et militaire réaliste de la Chine et qu’elle prend sincèrement en compte les besoins d’un pays en développement et d’un pays faible, tout en transcendant très intelligemment les “frontières” existantes de la théorie militaire mondiale »[10].

Sun Xiaoying, chercheuse spécialiste de l’Asie du Sud-Est à l’académie des sciences sociales du Guangxi, fait l’éloge de l’influence mondiale du livre en le mettant sur le même pied que les travaux de Sunzi et Mao Zedong[11] dans un article de décembre 2002 d’une revue consacré à l’Asie du Sud-Est : « Il s’agit d’une continuation de la pensée stratégique chinoise qui a eu un impact majeur sur la théorie stratégique mondiale, ou que les stratèges occidentaux ont dû craindre, après des ouvrages stratégiques tels que L’art de la guerre de Sun Tzu et De la guerre prolongée de Mao Zedong »[12].

En revanche, de nombreux commentateurs et critiques chinois et étrangers ont fustigé le livre sur plusieurs points. Il ressort très souvent de ces critiques que le travail théorique des deux officiers chinois manque cruellement d’originalité et d’innovation. D’autres commentaires ont considéré l’ouvrage comme un blanc-seing au terrorisme et au militarisme.

Nous pouvons citer, par exemple, Gao Jianjie, écrivain au sein d’une maison d’édition de la ville de Chongqing, qui dénonce la reformulation de concepts stratégiques anciens sous de nouveaux vocables, dans un article de juin 2000 d’une revue de stratégie et de management : « De nombreux termes et concepts sont créés par l’auteur, mais les concepts[13] créés par l’auteur ne sont pas synonymes d’originalité. De nombreux nouveaux termes ne sont qu’une nouvelle façon d’exprimer d’anciens concepts »[14]. Il est également sévère envers l’applicabilité de la notion de « guerre asymétrique », mentionnée par les deux colonels, qui se rapproche des méthodes du terrorisme. Pour Gao, la « guerre asymétrique » est contraire aux intérêts de la Chine en tant que puissance responsable, c’est plutôt une méthode adaptée aux groupes non étatiques[15].

En outre, même si les deux colonels se sont défendus de prêcher le terrorisme, ils demeurent évasifs quant à ce sujet et leurs dires peuvent laisser à penser qu’elle reste une option envisageable[16]. Gao émet une autre critique : si Qiao et Wang ne cessent de dénoncer l’étroitesse d’esprit de la pensée stratégique jusqu’alors, leur perspective n’en reste pas moins limitée, car elle s’inscrit dans l’inéluctabilité de la guerre. En effet, « Pour les auteurs de La guerre hors limites, la guerre semble inévitable et il n’y a aucun doute sur l’ennemi, ce qui verrouille la recherche militaire dans un domaine restreint »[17].

Qiao et Wang ont publié La guerre hors limites antérieurement aux attaques du 11 septembre 2001 sur les tours jumelles du World Trade Center à New-York. Ils ont subséquemment été critiqués pour avoir fait l’apologie du terrorisme.
Qiao et Wang ont publié La guerre hors limites antérieurement aux attaques du 11 septembre 2001 sur les tours jumelles du World Trade Center à New-York. Ils ont subséquemment été critiqués pour avoir fait l’apologie du terrorisme. Anonyme, 2001/09/11, Librairie du Congrès, Wikimedia Commons

Le commentateur, en déduit que l’ouvrage des deux colonels implique une vigilance renforcée de la société chinoise à l’encontre du militarisme que pourrait susciter les travaux des deux militaires :

« Qiao Liang se considérait comme plus “réaliste” que ses détracteurs académiciens. En réalité, il ne se demande pas s’il faut faire la guerre ou non, mais il est plongé dans ses “combinaisons illusoires” de stratégie militaire. C’est plutôt un des militaire du type du [général] Zhao Kuo[18], un masochiste qui n’a pas vraiment les intérêts du pays et de la nation à cœur[19]. […] Au XXIe siècle, le système de commandement militaire devrait être réformé davantage et le contrôle civil sur l’armée renforcé ; tout en augmentant de manière appropriée les dépenses de défense, les demandes excessives d’expansion des armements devraient être rejetées sous prétexte de tensions internationales ; le thème de l’époque, la paix et le développement, devrait être respecté et la politique établie visant à se concentrer sur la construction économique devrait être fermement mise en œuvre. »[20]

Dans le même registre, mais de façon plus disgracieuse, l’écrivain chinois Zhan Yuxian, pour une maison d’édition, écrit dans un article de juin 1999 :

« [Le livre] ne donne pas l’impression d’avoir créé de nouvelles théories militaires ou de nouvelles méthodes de guerre. Il s’agit plutôt d’un pastiche de tactiques anciennes et de tactiques de la guerre du Golfe. Le problème fondamental est que ce livre “transcende” et, en réalité, nie de nombreux résultats positifs de l’histoire de la civilisation humaine en ce qui concerne les théories militaires de la guerre. De nombreux résultats positifs de la théorie militaire marxiste[21] ont été rejetés. Il est donc inévitable que ce livre soit gravement défectueux. Il est non seulement trompeur, mais aussi préjudiciable à l’image internationale de notre pays. »[22]

Zhan va plus loin encore en remettant en cause le manque d’originalité d’ l’ouvrage en s’appuyant sur une description détaillée des méthodes de guerre de l’Armée impériale japonaise dans son occupation de la Chine entre 1931 et 1945, méthodes se souciant très peu de l’éthique et pouvant être assimilées à un exemple de concrétisation de La guerre hors limites :

« De fait, lors de la guerre d’agression de la Chine[23], les impérialistes japonais avaient déjà pratiqué “la guerre hors limites” et la “guerre omnidirectionnelle” sans tenir compte de l’éthique de la guerre. Les tactiques utilisées comprenaient l’utilisation conjointe des forces terrestres, navales et aériennes ; la mise en place de gouvernements fantoches ; la formation de fausses armées ; l’utilisation du peuple chinois pour combattre le peuple chinois ; la “politique des trois tout” consistant à brûler, tuer et piller ; l’utilisation d’armes biochimiques ; l’expérimentation sur des êtres humains vivants ; la perturbation des finances chinoises ; l’espionnage, la mise sur écoute, l’assassinat ; l’exercice de pressions diplomatiques sur le gouvernement du Kuomintang […] ; l’utilisation de massacres urbains pour créer la terreur ; la dissolution de l’esprit de résistance des Chinois ; la capture de femmes chinoises pour en faire des “femmes de réconfort” et encourager l’ardeur de combattre de l’armée japonaise, etc., tous les moyens imaginables, en fait cela correspond dans “la guerre hors limites” à l’explication de “hors limites” des auteurs. »[24]

En outre, Zhan accuse l’œuvre de « nihilisme historique » (Lìshǐ xūwúzhǔyì 历史虚无主义). Il entend par là que Qiao et Wang ne tiennent pas compte des contributions historiques de la stratégie et de la tactique dans leur ouvrage tout en survalorisant l’influence de la technique dans la manière de penser la guerre :

« En affirmant qu’“une guerre change le monde”, l’auteur nie les lois de la guerre qui ont été dévoilées par la société humaine depuis des millénaires, dans les grandes et les petites guerres, afin de créer un nouveau corpus de théorie militaire. Pour ce faire, l’impact des armes de haute technologie sur la révolution tactique doit être exagéré. »[25]

À l’étranger, notamment aux États-Unis, des critiques partagées relativisent également la popularité du livre. Selon l’analyste américain Josh Baughman du China Aerospace Studies Institute, dans son article « “Unrestricted Warfare” is Not China’s Master Plan », il ne faut pas considérer le livre comme doctrine officielle du gouvernement chinois et du Parti communiste[26] (PCC – Zhōngguó gòngchǎndǎng 中国共产党). En effet, l’écriture du livre n’a pas été commanditée par les plus hautes instances politiques, il n’est donc pas un ouvrage doctrinal. De plus, il a été publié aux éditions littéraires et artistiques de l’Armée de libération, qui publient usuellement de la littérature de divertissement militaire. En outre, Baughman indique que la popularité du livre est surfaite : l’ouvrage a acquis une certaine notoriété en Chine, car le livre avait préalablement obtenu une popularité en Occident et en premier lieu aux États-Unis.

L’œuvre a su capter l’attention des lecteurs américains parce qu’il s’agit de l’un des rares écrits de pensée militaire chinoise traduit en anglais et dans d’autres langues européennes. Il arrive à point nommé, quand les États-Unis sont confrontés aux attaques d’Al-Qaïda[27]. Par ailleurs, certains médias populaires américains ont interprété le livre comme une stratégie officielle chinoise visant à soumettre les États-Unis. En somme, le livre a réussi de façon opportune à captiver le lectorat américain.

La défense de Qiao Liang et Wang Xiangsui

Dans un article d’octobre 1999, paru dans la revue Économie et politique mondiales (Shìjiè jīngjì yǔ zhèngzhì 世界经济与政治)[28], Qiao Liang exprime explicitement les raisons qui l’ont amené à prendre la plume. De prime abord, son intention était de faire une description de l’évolution de la guerre et de ses règles dans un contexte de mondialisation et de révolution technologique. Leur ouvrage La guerre hors limites n’a pas de visée programmatique, il ne constitue pas un plaidoyer pour que la Chine ait recours à outrance aux opérations non-militaires, sauf si les intérêts de la Chine sont en jeu :

« Nous avons introduit le concept de “guerre non militaire” uniquement pour souligner une telle tendance et non pour dire que nous préconisons que la Chine le fasse. Bien sûr, en tant que réaliste politique, il est de notre droit, […] si nous sommes confrontés à une situation de vie ou de mort pour notre pays, d’envisager de faire tout ce qui est en notre pouvoir […]. Nous ne préconisons pas, comme certains l’entendent, l’utilisation de tous les moyens hors limites dans n’importe quelle situation… »[29]

Leur intention a plutôt été de faire preuve de réflexion et de créativité afin de compenser le manque de puissance par des stratagèmes :

« Ce que nous disons, c’est que lorsqu’on n’est pas aussi fort que les autres, il faut être plus imaginatif, plus créatif et plus ingénieux. […] C’est par cette stratégie, cette créativité, que l’on espère compenser le manque de force. »[30]

En outre, paradoxalement, si les États-Unis affichent un décalage entre le perfectionnement technique de leurs armes et le retard dans la réflexion stratégique associée, ils ont été les premiers à conduire concrètement une guerre dans tous les domaines selon Qiao :

« Les frappes américaines contre l’Irak, contre la République fédérale de Yougoslavie et contre Ben Laden lui-même ont depuis longtemps cessé d’être purement militaires ; la guerre des médias, le contrôle de la presse, les embargos commerciaux et les frappes financières, telles que le gel des avoirs de l’ennemi, ont été utilisés en même temps que des actes de guerre et de manière plus approfondie que dans tout autre pays. […] les rapports du ministère américain de la défense citent depuis longtemps ces tactiques extra-guerrières comme des aspects importants de la sécurité nationale. […] Alors, pourquoi ne pas en parler, puisque les Américains le font déjà ? »[31]

chars américains dans la capitale irakienne Bagdad en novembre 2003
Des chars américains dans la capitale irakienne Bagdad en novembre 2003. Déclenchée unilatéralement par les États-Unis, l’invasion de l’Irak dans le cadre de l’opération Iraqi Freedom est une violation flagrante du droit international. HOUGHTON John L., 2003/11/13, US Air Force, Wikimedia Commons

Même si les deux auteurs vouent une fascination pour la puissance américaine, ils n’en restent pas moins virulents à son égard, dénonçant un double standard des Américains. Notamment en matière de droit international et de droit de la guerre, c’est-à-dire le lawfare ou l’utilisation détournée du droit pour promouvoir les intérêts américains. En revanche, pour le colonel Qiao, prenant parti pour son pays, ce n’est pas le cas de la Chine qui est, toujours selon lui, une puissance responsable et respectueuse du droit international. Interpréter La guerre hors limites comme irrespectueuse des règles de la guerre et de l’éthique relève d’une lecture intentionnellement erronée visant à démoniser la Chine :

« Utiliser des normes différentes dans des situations différentes, suivre les règles ou les enfreindre dans des situations différentes, suivre l’éthique ou l’enfreindre, c’est ce que les Américains font encore et encore. L’éthique de la guerre, elle aussi, est constamment observée et violée par des nations puissantes comme les États-Unis. Je crains qu’il ne s’agisse plus d’une erreur d’interprétation involontaire, mais d’une déformation délibérée, lorsque certains nous accusent de prôner la violation de toutes les règles sur la base de nos accusations et de notre analyse de ce phénomène. […] Aujourd’hui, c’est la Chine, et non un autre pays qui établit des règles, qui respecte le mieux les règles de la guerre internationale. »[32]

Cette dernière phrase est à relativiser puisque les auteurs de l’ouvrage sont officiers dans l’APL.

Pour se défendre des accusations de prôner le terrorisme, Qiao met justement en avant le fait que les moyens non militaires exposés dans leur livre sont moins létaux (ce sont les fameuses « armes adoucies »[33]), moins à même de faire couler le sang que le terrorisme et la guerre conventionnelle :

« Car c’est précisément “la guerre hors limites” qui est plus humaine et plus compatissante que la guerre purement militaire. Beaucoup de gens ne se rendent pas compte de cela, ils voient simplement que nous préconisons d’aller au-delà des règles et de les enfreindre, et ils supposent que si vous enfreignez les règles, vous allez dans le sens du terrorisme. Ils assimilent le non-respect du terrorisme à la violation des règles dans le contexte de “la guerre hors limites”, qui préconise en fait d’aller dans le sens de la démilitarisation, de la non-létalisation, de la violation des règles dans ce domaine. »[34]

Enfin, pour mieux se défaire de cette critique de violation des règles, ils soulignent que, si les principes de la guerre changent, les règles et l’éthique de la guerre ne sont jamais fixées pour de bon mais évoluent :

« Les principes de la guerre changent, les règles aussi. Il n’y a pas de règles immuables de la guerre ni d’éthique immuable de la guerre. Il n’y a pas de règles de guerre immuables ni d’éthique de guerre immuable. »[35]

Dans une interview en 2005, les deux militaires reprennent le même argumentaire pour répondre plus ou moins aux mêmes critiques tout en développant certains points[36]. Ils réfutent le narratif de « menace chinoise » et de profession du terrorisme qui a été associé au livre. Pour ces deux colonels, ces narratifs fabriqués par les médias occidentaux servent une stratégie de diabolisation de la Chine par une puissance étrangère[37] (les États-Unis) et dénotent une lecture erronée de leur travail :

« Si vous lisez La guerre hors limites, vous verrez que la plupart des incidents terroristes que nous citons dans le livre sont le fait d’une puissance hégémonique. La conclusion devrait être que les puissances hégémoniques menacent le monde, que l’hégémonie d’un pays menace le monde. D’où vient la menace chinoise ? »[38]

Le double standard américain, notamment en matière de règles de droit international, c’est-à-dire imposer des règles à autrui sans s’y soumettre soi-même, est une fois de plus souligné par les colonels[39]. Leur travail n’est dirigé contre aucun ennemi désigné, si ce n’est ceux qui menacent les intérêts chinois, affirment les deux officiers :

« Si nous devons répondre à la question de savoir qui est l’ennemi de La guerre hors limites, la réponse est très simple : quiconque envahit la Chine, quiconque nuit aux intérêts nationaux de la Chine ! »[40]

Certes, les critiques concernant la politique étrangère arbitraire des États-Unis demeurent recevables et légitimes – comme pour n’importe quel autre pays –, puisqu’il s’agit d’une question de perspective. Néanmoins, celle-ci est d’autant renforcée ici par la partialité et le nationalisme des deux officiers. La République populaire de Chine (RPC) n’aurait-elle pas elle-même des desseins hégémoniques au-delà des discours officiels clamant le contraire ? La question mérite d’être posée. Or, les deux colonels ne remettent jamais en question la politique étrangère de leur pays.

Les revendications territoriales de la RPC en mer de Chine méridionale sont perçues par ses voisins asiatiques et les États-Unis comme des tentatives d’asseoir l’hégémonie de la Chine en Asie de l’Est
Les revendications territoriales de la RPC en mer de Chine méridionale sont perçues par ses voisins asiatiques et les États-Unis comme des tentatives d’asseoir l’hégémonie de la Chine en Asie de l’Est. Voice of America, 2012/07/31, Wikimedia Commons

Face à la critique selon laquelle La guerre hors limites aurait dénaturé l’essence de la guerre, les auteurs reconnaissent que l’humanité a trouvé d’autres façons que la voie des armes pour régler les controverses[41]. Même si, théoriquement, il est possible de s’affranchir des limites, en réalité ce n’est pas le cas :

« En théorie, il n’y a pas de tabou à aller au-delà des limites. Cependant, en réalité, la transcendance illimitée n’est ni possible ni réalisable. Toute transcendance ne peut avoir lieu qu’à l’intérieur de certaines limites, […] [elle] n’est pas la même chose que l’infini, mais plutôt une finitude élargie. »[42]

Ce qui n’est pas sans rappeler les dires du stratège et théoricien militaire prussien Carl Von Clausewitz quand il évoque une « montée aux extrêmes »[43], théoriquement imaginable (le concept pur de la guerre), mais en réalité difficilement atteignable du fait de facteurs modérateurs.

missile Tomahawk
Le missile de croisière américain Tomahawk est un exemple « d’arme adoucie » car il peut atteindre sa cible avec un haut niveau de précision. US Navy, 2002/11/02, Wikimedia Commons

Il a également été reproché aux auteurs de s’affranchir de la moralité, ce sur quoi les deux militaires ont réagi : les guerres hors du domaine militaire seraient moins sanglantes, notamment du fait des « armes adoucies ». De plus, Qiao et Wang posent des limites à l’éthique, ils soulignent qu’un positionnement pacifiste serait dangereux pour la collectivité alors qu’il n’y a aucun signe annonciateur d’une disparition prochaine de ce phénomène qu’est la guerre[44].

La pensée de La guerre hors limites et la politique de défense chinoise

Il est difficile de déterminer si les travaux de Qiao et de Wang, ainsi que les discussions qu’ils ont engendrées dans leur pays, ont eu une influence directe auprès du Parti communiste chinois, notamment au niveau de la Commission militaire centrale[45] (CMC – Zhōngyāng jūnshì wěiyuánhuì 中央军事委员会) du parti et de l’État. Pour des raisons de sécurité nationale, les discussions qui ont cours au sein de cette institution ne sont pas rendues publiques. Néanmoins, dans plusieurs documents officiels publiés par le Conseil d’État du gouvernement chinois destinés au public étranger, nous retrouvons maints éléments et concepts se rapportant au contenu de La guerre hors limites. Par exemple, le livre blanc sur la stratégie militaire chinoise de 2015 mentionne le concept de « sécurité nationale holistique[46] », c’est-à-dire une vision de la sécurité nationale élargie plutôt floue, sans que ses contours aient été bien délimités :

« Dans les nouvelles circonstances, les questions de sécurité nationale auxquelles la Chine est confrontée englobent beaucoup plus de sujets, s’étendent sur une plus grande échelle et couvrent une période plus longue qu’à n’importe quel moment de l’histoire du pays. Sur le plan interne et externe, les facteurs en jeu sont plus complexes que jamais. Il est donc nécessaire de maintenir une vision holistique de la sécurité nationale, d’équilibrer la sécurité intérieure et extérieure, la sécurité du territoire et des citoyens, la sécurité traditionnelle et non traditionnelle, la sécurité de subsistance et de développement, ainsi que la sécurité de la Chine et la sécurité commune du monde. »[47]

L’espace cyber et le spatial sont clairement mentionnés comme des domaines de compétition stratégique présentant de nouvelles menaces auxquelles les forces armées chinoises doivent être préparées[48], ce qui n’est pas sans rappeler les nombreuses mentions par les deux colonels des dangers et de la facilité de mener des cyberattaques. Le document dénote également la prégnance des technologies de l’information sur le caractère de la guerre : « La forme de la guerre accélère son évolution vers l’informatisation »[49].

Plus important encore, nous pouvons relever dans les principes observés par l’APL une terminologie relative à la combinaison de divers moyens et de méthodes, à la lutte multidirectionnelle[50], à la flexibilité et à la mobilité. Il est indiqué que l’APL va « mettre en œuvre la vision globale de la sécurité nationale […] persévérer dans la coordination étroite des activités politiques, militaires, économiques et diplomatiques, et faire face de manière positive à l’ensemble des menaces qui pèsent sur la sécurité du pays […] s’efforcer de prendre l’initiative stratégique dans la lutte militaire, planifier de manière proactive la lutte militaire dans toutes les directions et dans tous les domaines […] utiliser des stratégies et des tactiques axées sur la flexibilité et la mobilité, faire jouer pleinement l’efficacité globale des opérations conjointes, concentrer les forces supérieures et faire un usage intégré de tous les moyens et méthodes opérationnels… »[51].

Dans la continuité de ces principes, les capacités de l’APL sont en pleine redéfinition. D’une part, au niveau du modèle des unités militaires chinoises qui transitionne vers plus de modularité et de mobilité et donc des unités plus petites. D’autre part, dans la doctrine d’emploi de ces forces qui met en valeur le combat multidirectionnel sur plusieurs théâtres et au sein d’opérations combinées[52].

En outre, un autre document officiel sur la politique de défense chinoise intitulé la « Défense nationale de la Chine dans une ère nouvelle », datant de 2019, établit que la grande priorité de la modernisation de l’APL est d’œuvrer en faveur d’une mécanisation et informatisation poussée dans le cadre de la « Révolution dans les Affaires militaires avec des caractéristiques chinoises »[53]. Paradoxalement, alors que Qiao et Liang avaient dénoncé la technologisation à outrance des forces armées américaines, l’armée chinoise arpente un chemin similaire à celui qu’ont emprunté les forces américaines au cours des années 1990, en mettant l’accent sur l’intégration poussée des technologies de l’information aux forces militaires. Le facteur scientifique et technique a relégué le facteur humain au second rang, le qualitatif l’emporte sur le quantitatif[54]. Le même document réaffirme le virage technologique du visage de la guerre : « La guerre évolue vers une guerre informatisée et la guerre intelligente se profile à l’horizon »[55].

Ce document conserve une continuité avec sa version antérieure, « La Défense nationale de la Chine en 2010 », notamment lorsqu’il s’agit de souligner l’importance de la transition vers l’informatisation pour les forces armées chinoises et la réorganisation qualitative de celles-ci pour plus d’efficacité[56]. Cependant, il insiste davantage sur un emploi des forces dans un environnement multi-dimensionnel. La grande nouveauté de ce document actualisé réside dans la création de trois nouvelles branches de l’armée[57] : la Force des Fusées (huǒjiàn jūn 火箭军), en charge de la dissuasion nucléaire et remplaçant la Seconde artillerie (dìèr pàobīng 第二炮兵) ; la Force de soutien stratégique (Zhànlüè zhīyuán bùduì 战略支援部队), qui a la tâche de soutenir les autres composantes de l’APL sur le plan informationnel et technologique, notamment dans l’espace cyber ; la Force de soutien logistique combinée (Hòuqín bǎozhàng jūn 后勤保障军) qui s’occupe de l’approvisionnement logistique de l’APL.

chasseur chinois de cinquième génération FC-31
Le chasseur chinois de cinquième génération FC-31 en cours de développement dont le design présente des ressemblances avec son homologue américain F-35. Avec le chasseur J-20, le porte-avions Fujian, le système de géolocalisation Beidou, le missile intercontinental JL-3, etc., il incarne le bond technologique de la Chine dans le domaine militaro-industriel. Tianjian 2 (天剣2), 2014/11/07, Wikimedia Commons

La littérature destinée aux officiers chinois est un autre indice pertinent qui indique un rapprochement de la pensée stratégique chinoise officiellement inculquée et celle de La guerre hors limites. L’ouvrage de référence La science de la stratégie militaire (Zhànlüè xué 战略学), rédigé par des officiers chinois et publié par l’Université de la défense nationale de l’APL de la Chine (Zhōngguó rénmín jiěfàngjūn guófáng dàxué 中国人民解放军国防大学) dans sa version de 2020, évoque une conception globale des moyens stratégiques désacralisant l’unicité des moyens militaires :

« Les moyens stratégiques se fondent sur la puissance militaire, et comprennent également une puissance globale incluant les forces politiques, économiques, diplomatiques, scientifiques et technologiques, culturelles, géographiques et autres. Il peut s’agir d’une puissance réelle ou potentielle, d’une puissance dure ou d’une puissance douce. Son mode d’action peut être une action militaire de guerre ou de non-guerre ; il peut s’agir d’une action de dissuasion ou d’un combat réel. »[58]

Nous retrouvons la même focalisation sur « l’informatisation » (évoquée 145 fois), la « multi-dimensionnalité » (22 fois), le « multi-domaine » (57 fois), les « opérations combinées intégrées » (33 fois). Il est aussi question de formes de guerres moins courantes comme la « guerre d’opinion publique » (3 fois) , la « guerre psychologique » (10 fois) et la « guerre légale » (3 fois).

Ce manuel, qui est communément lu par les officiers chinois dans le cadre de leur formation théorique, a connu de nombreuses éditions ces trente dernières années. Les deux dernières éditions connues, datant respectivement de 2017 et de 2020, sont des révisions de l’édition de 2015. Elles demeurent très similaires entre elles et placent l’emphase sur « l’informatisation » (Xìnxīhuà 信息化) et « l’intelligentisation »[59] (Zhìnénghuà 智能化)[60].

Toutefois, l’édition de 2020 apporte certains changements notables par rapport à l’édition précédente, elle met davantage l’accent sur le travail politique en temps de guerre, c’est-à-dire le travail des esprits par la propagande et le contrôle de l’information, entre autres, afin d’accroître la convergence de pensée des combattants, la détermination de combattre, la solidité des organisations du PCC et l’affaiblissement de la détermination de l’ennemi[61]. La nécessité de « l’intelligentisation » est encore soulignée avec des descriptions détaillées des « guerres locales informatisées »[62] et des « équipements intelligents »[63] des différentes composantes de l’APL[64]. Les concepts opérationnels ont légèrement évolué avec une transition des « opérations combinées intégrées » (Yītǐhuà liánhé zuòzhàn 一体化联合作战) aux « opérations combinées intégrées multi-domaines » (Duōyù yītǐhuà liánhé zuòzhàn 多域一体化联合作战) [65].

Le triptyque « guerre d’opinion publique » (Yúlùn zhàn 舆论战), « guerre psychologique » (Xīnlǐ zhàn 心理战) et « guerre légale » (Fǎlǜ zhàn 法律战), dont la version de 2020 insiste sur leur coordination, se retrouve également dans les éditions de 2013 et de 2015 de La science de la stratégie militaire[66]. Ces trois formes de guerre non cinétiques se rattachent au concept des « trois guerres » (Sān zhàn 三战) et au concept de « pouvoir discursif » (Huàyǔ quán 话语权) qui vise à manipuler un narratif[67].

Pour synthétiser grosso modo : la « guerre d’opinion publique » souhaite contrôler la vox populi par la propagande et la maîtrise de l’information afin de conserver un soutien sociétal tout en parvenant à créer un narratif qui serait en défaveur de l’adversaire. La « guerre légale », quant à elle, vise à une utilisation flexible du droit international et des conflits armés tout en plaçant l’adversaire dans une situation confrontationnelle avec le droit, voire en situation d’illégalité. Enfin, la « guerre psychologique » cherche à agir sur la psyché et les émotions de l’ennemi tout en sauvegardant la pureté psychologique et idéologique du pays et des troupes qui en font usage. Elle s’appuie sur la propagande sous ses différentes formes.

Étude de La guerre hors limites par rapport à d’autres écrits stratégiques dans le temps

Selon Josh Baughman, chercheur américain au China Aerospace American Institut, La guerre hors limites n’a rien d’innovant et manque d’originalité. Les idées exposées dans le livre ont clairement été déjà avancées dans d’autres écrits américains contemporains de l’ouvrage. Historiquement, l’idée de conduire une guerre par des moyens non militaires a déjà été largement postulée nombre de fois par des stratèges de la Chine antique comme Sunzi, les Mongols, les Byzantins, etc.[68]. Nous nous proposons ici de déceler de manière plus approfondie quelques points de similarité entre les propositions théoriques avancées par les deux colonels chinois et celles soulevées par des stratèges occidentaux antérieurement.

Comparaison avec la pensée stratégique européenne des XVIIIe et XIXe siècles

Qiao et Wang font le constat que nous sommes entrés dans l’ère de la technique, que celle-ci a révolutionné les armes et qu’il faut en conséquence élaborer de nouvelles conceptions théoriques sur la stratégie et la manière de conduire la guerre. « Au fond, la révolution de la technologie militaire est une révolution des formes et des méthodes de combat. »[69] Cette proposition est loin d’être originale et a déjà été émise par d’autres stratèges bien avant, notamment par l’officier britannique Henry Lloyd (1729-1783) au service des Habsbourg et du tsar de Russie et du théoricien français de la stratégie et de la tactique Jacques de Guibert (1743-1790).

Henry Lloyd étaye que les différences de conception de la guerre chez les peuples antiques et modernes diffèrent du fait des armes utilisées. En somme, les actions guerrières sont plus violentes et décisives chez les Anciens par rapport aux Modernes du fait de la nature des armes de corps-à-corps face aux armes à feu :

« Les principes d’une guerre active[70], quoique sur la défensive, étaient peu connus des anciens ; Jugurtha et Sertorius me semblent les seuls généraux de l’Antiquité qui en aient senti toute l’étendue, et qui les aient mis en pratique ; mais il n’y a point de guerre chez les anciens qu’on puisse comparer, pour la vigueur et l’activité, à la dernière guerre en Allemagne, la guerre de Sept Ans, où nous avons vu, dans le cours de deux campagnes, plus de batailles que les anciens n’en donnèrent dans l’espace d’un siècle entier. Et cependant, les résultats furent bien différents. […] Cette différence immense ne vient cependant que de la différence entre la nature des armes des anciens et celle des modernes, qui nécessite à conduire les guerres d’une manière également différente. […] Il faut conclure, de tout ce que nous venons de dire, que pour une armée qui n’a que des armes à feu, les mouvements sont lents et les actions indécises : elle prête davantage aux développements de la science et du talent ; mais ses opérations les plus heureuses ne peuvent guère s’appliquer qu’à la guerre défensive. Des troupes, armées de piques, ont des mouvements plus rapides, et leurs actions sont plus décisives ; elles donnent moins à la science que les premières, mais elles sont singulièrement propres à la guerre offensive. »[71]

Le comte de Guibert[72], quand il dressait le développement de l’art militaire en Europe, disait qu’il fallait conduire la guerre selon de nouveaux principes parce que les armements et les hommes avaient changé :

« On cita toujours les anciens et on ne s’aperçut pas qu’il y avait deux mille ans entre les anciens et nous, qu’il fallait d’autres principes, parce que les armes, les constitutions et surtout la trempe des âmes, n’étaient plus les mêmes. […] Je dis que la science de la guerre moderne, comparée avec celle des anciens, est plus vaste et plus difficile. Ce n’est pas cependant qu’elle soit plus parfaite et plus lumineuse sur tous les points. Elle a fait des progrès à quelques égards. À d’autres, elle s’est étendue et compliquée, aux dépens de sa perfection. Nos armes à feu sont supérieures aux armes de jet des Anciens. La science de l’artillerie l’emporte sur leur balistique, nos fortifications sur les leurs. Les places s’assiègent et se défendent. Voilà les progrès modernes… »[73]

Les armées européennes du XVIIe utilisaient encore largement la pique au côté du mousquet comme nous l’indique cette illustration de l’infanterie française sous Louis XIII, avant d’opter définitivement pour le mousquet le siècle suivant. La stratégie militaire évolue concomitamment à la transformation technique de l’armement. DAVID Gustave, 1830, dans MARBOT Alfred de, Costumes militaires francais depuis l'organisation des premières troupes règulières en 1439 jusqu'en 1789
Les armées européennes du XVIIe utilisaient encore largement la pique au côté du mousquet comme nous l’indique cette illustration de l’infanterie française sous Louis XIII, avant d’opter définitivement pour le mousquet le siècle suivant. La stratégie militaire évolue concomitamment à la transformation technique de l’armement. DAVID Gustave, 1830, dans MARBOT Alfred de, Costumes militaires francais depuis l’organisation des premières troupes règulières en 1439 jusqu’en 1789, Wikimedia Commons

Pour Qiao et Wang, « les règles de la victoire existent bel et bien. Elles sont là. Elles accompagnent chacune des guerres de l’humanité comme un être invisible »[74]. Néanmoins, pour Clausewitz, il n’y a pas de théorisation de l’essence de la guerre : « [é]tant donné la nature même du sujet, il faut se dire qu’il est strictement impossible d’exercer l’art de la guerre en ayant recours au système d’une doctrine positive, comme si on l’avait muni d’un échafaudage, d’un soutien extérieur sur lequel le chef pourrait toujours s’appuyer »[75]. La théorie de la guerre de Clausewitz ne constitue pas un manuel de règles à appliquer la lettre mais au plus : « [e]lle doit éduquer l’esprit du futur chef de guerre, ou plutôt guider son auto-éducation, mais elle ne doit pas l’accompagner sur le champ de bataille »[76].

Il est impossible d’établir des lois scientifiques de la guerre, parce qu’elle est un « véritable caméléon, la guerre change de nature avec chaque cas particulier et, si l’on prend en compte tous ses modes d’êtres qui sont les siens […] on y retrouve la violence originelle de son élément faite haine et d’hostilité […] le jeu des probabilités et du hasard, qui en font un libre jeu de l’esprit ; et sa nature subordonnée d’instrument politique… »[77].

Toutefois, Qiao et Liang semblent plus proches de Clausewitz qu’on ne le pense, lorsqu’ils précisent qu’on ne peut faire une application mécanique des « règles de la victoire » et qu’il incombe au stratège d’en faire une application raisonnée :

« […] l’important c’est d’en saisir l’essence et d’en appliquer le principe et non d’utiliser des idées sans les avoir assimilées, ni de les imiter aveuglément d’une manière grotesque. […] Le secret de la victoire réside dans l’utilisation correcte des règles, y compris la règle latéral-frontal. »[78]

Nous pourrions y voir une référence détournée au « coup d’œil » du général de Clausewitz et Jomini. Selon Clausewitz :

« ce concept [le coup d’œil] ne signifie rien d’autre que la rapide reconnaissance d’une vérité, d’ordinaire invisible à l’esprit ou discernable seulement après longs examen et réflexion. »[79]

Le génie napoléonien est l’incarnation parfaite de l’idée de « coup d'œil » de Clausewitz, la sagacité de l’Empereur transcendant le brouillard de guerre et l’aptitude à en tirer profit face à l’adversaire sont l’un des secrets des victoires de Napoléon, par-delà une bonne érudition théorique
Le génie napoléonien est l’incarnation parfaite de l’idée de « coup d’œil » de Clausewitz, la sagacité de l’Empereur transcendant le brouillard de guerre et l’aptitude à en tirer profit face à l’adversaire sont l’un des secrets des victoires de Napoléon, par-delà une bonne érudition théorique. FRANQUE Joseph, Sa Majesté l’Empereur, Le matin de la bataille de la Moskowa, 1812, M.S. Rau Antiques, Wikimedia Commons

Comparaison avec la pensée stratégique occidentale du XXe siècle

L’officier d’infanterie britannique Basil Henry Liddell Hart (1895-1970), les généraux français André Beaufre (1902-1975) et Lucien Poirier (1919-2013) sont connus pour avoir mis en valeur la stratégie indirecte reposant sur une combinaison de moyens militaires et extra-militaires. Ils anticipent ainsi la désacralisation du militaire et la méthode combinatoire tant mise en avant par Qiao et Wang.

Basil Henry Liddell Hart, adepte de la stratégie indirecte, ne prône pas la recherche de la décision militaire par la bataille, mais aspire à fragiliser l’ennemi par des mouvements tournants produisant une double dislocation physique et psychologique. Il met l’accent sur une conception plus ouverte de la stratégie, qui ne se limite pas à livrer bataille à l’ennemi. En revanche, elle vise à obtenir un avantage stratégique affaiblissant celui-ci :

« Il appartient normalement au gouvernement, responsable de la stratégie d’une guerre, de décider si oui ou non la stratégie doit apporter sa contribution à la recherche d’une décision militaire, de même que le moyen militaire n’est qu’un des moyens visant aux fins de la grande stratégie […] – de même la bataille n’est que l’un des moyens visant à la fin que poursuit la stratégie. […] son but véritable ne sera pas tant de chercher la bataille que de rechercher une situation stratégique si avantageuse que si elle ne produit pas elle-même la décision, sa poursuite par la bataille permettra à coup sûr d’y parvenir. En d’autres termes, l’objectif de la stratégie, c’est la dislocation : sa conséquence sera soit la dissolution de la force ennemie, soit sa rupture plus facile dans le combat. La dissolution peut impliquer dans une certaine mesure le combat, mais sans que ce combat ait le caractère d’une bataille. »[80]

La décorrélation du militaire et de la guerre n’est pas sans rappeler les travaux sur la stratégie indirecte du général français André Beaufre (1902-1975) :

« la stratégie indirecte apparaît comme l’art de savoir exploiter au mieux la marge étroite de liberté d’action échappant à la dissuasion par les armes atomiques et d’y remporter des succès décisifs importants malgré la limitation parfois extrême des moyens militaires qui peuvent y être employés. »[81]

En d’autres termes, Beaufre a une vision moins étroite de la victoire qui ne s’assimile pas à la victoire par des moyens militaires : « La stratégie indirecte est celle qui attend l’essentiel de la décision des moyens autres que la victoire militaire »[82].

La guerre dans tous les espaces, par tous les moyens, dans tous les domaines n’est pas sans rappeler la théorie des crises à l’ère nucléaire du général français Lucien Poirier écrite en 1975[83]. Poirier poursuit dans la continuité de Beaufre, ils se réfèrent tous deux aux limitations imposées par les arsenaux nucléaires à l’expression de jeux de puissance décontenancés. La dissuasion nucléaire excluant les affrontements armés à grande échelle entre puissances nucléaires, les États luttent désormais par les manœuvres crisogènes exploitant la liberté d’action laissée à leur disposition par la dissuasion nucléaire en tirant profit de tous les moyens qu’ils ont à disposition et à une échelle multiscalaire :

« La crise de l’âge nucléaire s’inscrit dans une dimension globale pour les puissances nucléaires et, singulièrement pour les super-grands : le succès de l’un, dans la manœuvre d’une crise locale, peut gravement modifier leurs positions relatives (facteurs de puissance et de vulnérabilité) au sein du système international. Son échec sur le théâtre de crise initiale peut inciter l’autre à provoquer ailleurs une autre crise, d’abord par souci de rétorsion, mais surtout afin d’introduire de nouvelles données dans la négociation (crise induite).

Elle présente aussi un caractère unitaire constant puisque, par-delà la dialectique des manœuvres stratégiques, elle intéresse les projets politiques et affecte les visées immédiates et lointaines des États impliqués ; puisque toutes les composantes de la stratégie intégrale – forces économiques, culturelles et militaires – sont sollicitées pour faire la décision ; puisqu’à l’occasion d’une crise locale, tout le contentieux existant entre les États impliqués peut être mise en question dans la négociation ; puisque, enfin tous les théâtres sont liés : le théâtre des opinions intérieures, le théâtre local où la crise s’est amorcée, le théâtre mondial pour le phénomène de contagion.

C’est pourquoi la manœuvre de crise de l’âge nucléaire est de la compétence politique, stratège suprême, intégral. Pour contrôler l’action, il doit pouvoir décider des mesures militaires apparemment mineures mais politiquement signifiantes. Nous assistons à la dépossession du stratège militaire dont certaines décisions, considérées naguère comme de simple exécution, seront désormais prises par le politique. En effet, le but de crise peut évoluer si rapidement qu’il s’avère nécessaire de moduler les voies-et-moyens de ce but stratégique en fonction d’une information fugace, aussi diverse que tous les domaines d’activité intéressés par la crise, et que le centre politique, seul, peut recueillir et traiter en temps utile. »[84]

Le théoricien américain Bernard Brodie (1910-1978), pionnier de la stratégie à l’ère nucléaire, émet une idée similaire quant au conditionnement du visage de la guerre et de la stratégie par la technique. L’année suivant le bombardement atomique du Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, il écrivait que le caractère de la guerre avait changé et qu’en conséquence, les politiques militaires des États devraient évoluer :

« Nous savons par avance que la guerre, si elle éclate, sera très différente de ce qu’elle a été dans le passé, mais ce que nous voulons savoir, c’est dans quelle mesure et de quelles façons. L’étude de ces questions devrait nous aider à trouver les conditions qui gouverneront la recherche de la sécurité dans l’avenir et la possibilité d’application des mesures proposées pour poursuivre cet objectif. En tout état de cause, nous savons que ce n’est pas la simple existence de l’arme mais plutôt ses effets sur le caractère traditionnel de la guerre qui détermineront les ajustements auxquels les États procéderont dans leurs relations réciproques. »[85]

Ce postulat a été repris par tous les théoriciens de la stratégie nucléaire aussi bien dans le camp américain, soviétique, français etc.

La pensée de La guerre hors limites et ses similarités dans la réflexion stratégique russe et américaine

Comme établi précédemment, les conceptions évoquées dans le traité de stratégie de Qiao et de Wang ne sont pas uniques du point de vue historique. Il n’est nullement surprenant que, récemment, d’autres grandes puissances militaires comme la Russie ou les États-Unis aient fait état de réflexions stratégiques émanant de hauts gradés qui demeurent communes en plusieurs points à celles exprimées par les deux officiers chinois.

Ainsi, nous retrouvons beaucoup de points communs entre les idées exposées dans La guerre hors limites et le discours de 2013 du chef d’état-major russe Valery Vasilyevich Gerasimov[86]. Il y a les mêmes allusions à une transformation du visage de la guerre, à une défocalisation sur le militaire, à une combinaison de moyens militaires et non militaires, à un virage technologique des conflits et des armées contemporaines. Pour citer quelques commonalités de son discours :

-« Les “règles de la guerre” elles-mêmes ont changé. Le rôle des moyens non militaires dans la réalisation d’objectifs politiques et stratégiques s’est accru, et dans de nombreux cas, leur efficacité a dépassé le pouvoir de la force des armes. L’orientation des méthodes de conflit appliquées a changé dans le sens d’une large utilisation de mesures politiques, économiques, informationnelles, humanitaires et autres mesures non militaires – appliquées en coordination avec le potentiel de protestation de la population. »[87] ;

-« Un autre facteur influençant l’essence des moyens modernes de conflit armé est l’utilisation de complexes automatisées modernes d’équipement militaire et de recherche dans le domaine de l’intelligence artificielle. »[88] ;

-« Les nouvelles technologies de l’information ont permis de réduire considérablement les écarts spatiaux, temporels et informationnels entre les forces et les organes de contrôle. […] Les différences entre les niveaux stratégique, opérationnel et tactique, ainsi qu’entre les opérations offensives et défensives, s’effacent »[89]. Ce n’est pas sans rappeler le paragraphe des deux colonels sur « l’ajustement et contrôle du processus complet »[90] et la « combinaison hors degrés »[91].

En outre, Qiao Liang et Wang Xiangsui ne cessent de souligner que la guerre ne sera plus limitée au conflit militaire traditionnel et qu’elle ne sera plus l’apanage des militaires, mais pourra impliquer quiconque : le hacker ou le financier par exemple. Cela n’est pas sans rappeler la pensée sur la « guerre hybride » de Frank Hoffman, ancien lieutenant-colonel du corps des marines américains, avec son emphase sur le rôle du personnel combattant irrégulier et la combinaison du régulier et de l’irrégulier et des modes d’action au niveau stratégique, opérationnel et tactique :

« Cependant, les guerres hybrides sont bien plus que de simples conflits entre des États et d’autres groupes armés. C’est l’application des différentes formes de conflit qui distingue le mieux les menaces ou les conflits hybrides. Cela est d’autant plus vrai que les guerres hybrides peuvent être menées à la fois par des États et par toute une série d’acteurs non étatiques. Les menaces hybrides intègrent une gamme complète de modes de guerre, y compris des capacités conventionnelles, des tactiques et des formations irrégulières, des actes terroristes incluant une violence et une coercition aveugles, et des désordres criminels. Ces activités multimodales peuvent être menées par des unités distinctes, voire par la même unité, mais elles sont généralement dirigées et coordonnées sur le plan opérationnel et tactique au sein de l’espace de combat principal afin d’obtenir des effets synergiques dans les dimensions physiques et psychologiques du conflit. Ces effets peuvent être obtenus à tous les niveaux de la guerre. Ainsi, la compression des niveaux de guerre est compliquée par une convergence simultanée des modes. »[92]

Des mercenaires de la société militaire privée russe Wagner, un acteur non-étatique instrumentalisé par l’État russe dans la défense de ses intérêts
Des mercenaires de la société militaire privée russe Wagner, un acteur non-étatique instrumentalisé par l’État russe dans la défense de ses intérêts. Source inconnu, Droits Réservés, Nice Matin

Cas pratique d’application de la pensée de La guerre hors limites parmi les événements contemporains

En 2005, dans les mots mêmes de Qiao Liang et Wang Xiangsui, il y a d’ores et déjà des exemples d’opérationnalisation de leur pensée :

« Il suffit d’observer la création récente du fonds de stabilité de centaines de milliards de nouveaux dollars taïwanais pour le marché boursier de Taïwan et les efforts du gouvernement américain pour prévenir la guerre de l’information. Il est facile de voir qu’il existe une approche opérationnelle de la guerre de l’information. C’est simplement que dans ce livre, nous nous concentrons sur la clarification théorique et la formulation d’idées, mais pas sur des programmes spécifiques. Tant que les idées sont bonnes, il n’est pas difficile d’élaborer un plan. »[93]

Pour Sun Xiaoying, l’ouvrage phare de Qiao et de Wang permet de décrypter la crise financière asiatique[94], un cas pratique d’application de La guerre hors limites. Cette crise financière de la fin des années 1990 a frappé de nombreuses économies d’Asie en pleine croissance, sollicitant l’aide du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale qui, en échange de prêts, ont exigé des mesures de libéralisation de l’économie. La crise financière asiatique avait déjà été brièvement évoquée par Qiao et Wang dans leur livre dans le cadre de leur conceptualisation de la « guerre financière »[95]. Cependant, Sun, à la différence des deux officiers, interprète la crise financière asiatique selon une approche davantage marxiste. En effet, cette crise aurait été structurellement orchestrée par les pays riches, avec les États-Unis au premier chef qui ont modelé le système économico-financier de l’après-guerre à leur image :

« Quelle est l’essence de cette soi-disant “convergence avec les intérêts de la communauté internationale” ? Ce sont les intérêts et les valeurs américains. Après la guerre froide, la politique étrangère des États-Unis a été guidée par un nouvel ensemble de convictions, à savoir que les marchés libres et la libre circulation des capitaux apporteraient la croissance économique et la prospérité au monde, et que l’accroissement de la richesse et la libre circulation de l’information conduiraient inévitablement à la démocratie. Chaque gouvernement n’a pas la force d’arrêter cette tendance. »[96]

La liberté de marché et la liberté de circulation du capital ont donc comme justification affichée de conduire à la prospérité de tous y compris des plus pauvres[97]. La crise financière asiatique, dont le financier Georges Soros aurait été un instigateur[98], a permis un pillage sans effusion de sang et un transfert des richesses des pays frappés par la crise vers des pays riches :

« Tout au long de l’histoire, presque tous les pillages à grande échelle ont été accompagnés d’effusions de sang. Par rapport à d’autres formes de pillage à grande échelle, le pillage financier violent a pour avantage d’éviter les effusions de sang. Toutefois, il n’est pas moins destructeur qu’une guerre. La concentration des richesses dans les pays d’Asie du Sud-Est au profit des pays riches pendant la crise est le résultat direct de la crise financière en Asie du Sud-Est – la violence financière. »[99]

Évolution du PIB/habitants de six économies asiatiques entre 1995 et 2000. La crise financière asiatique de 1997 a durement affecté la croissance de ces économies émergentes
Évolution du PIB/habitants de six économies asiatiques entre 1995 et 2000. La crise financière asiatique de 1997 a durement affecté la croissance de ces économies émergentes. ROSER Max, 2022/02/19, Our World in Data, Wikimedia Commons

Plus récemment, pour Zhong Sheng, les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont fait usage de La guerre hors limites pour renverser la montée en puissance de la Chine[100]. Zhong Sheng (nom de plume) est un commentateur de l’actualité internationale travaillant pour le célèbre journal Le Quotidien du Peuple (Rénmín rìbào 人民日报) affilié au PCC. Les vues exprimées par le commentateur demeurent naturellement orientées en faveur de la position chinoise et très critiques envers les États-Unis. Ainsi, Zhong Sheng perçoit la guerre commerciale lancée par les États-Unis instaurant des mesures protectionnistes du marché américain comme une élévation des barrières douanières afin de résorber le déficit commercial avec la Chine ; ou encore, toujours selon lui, la guerre informationnelle et médiatique avec l’élaboration de fausses informations visant à créer, selon lui, un narratif anti-chinois : l’histoire de la puce chinoise RFID permettant le vol de secrets d’industriels américains, l’ingérence chinoise dans les élections américaines comme une application pratique par les États-Unis du livre de Qiao et de Wang.

Les exemples concrets précédents évoquaient surtout l’utilisation de La guerre hors limites par les États-Unis. Néanmoins, la RPC ne s’est pas abstenue de l’employer, notamment sur le plan diplomatique avec le lancement d’une « guerre diplomatique » (Wàijiāo zhàn 外交战) mettant en œuvre la « diplomatie du loup guerrier » (Zhànláng wàijiāo 战狼外交). Cette nouvelle stratégie aurait été lancée à la fin du mois de mars 2020 par le président chinois Xi Jinping (习近平) en réponse à la dégradation des relations sino-américaines[101]. Elle exige des diplomates chinois une démonstration de leur « esprit combattant » (Dòuzhēng jīngshén 斗争精神). Il ne s’agit plus uniquement de poster des communiqués officiels sur internet, mais de s’en prendre en personne aux journalistes et aux critiques. Il est donc question d’une posture offensive visant à protéger l’intérêt du pays (notamment vis-à-vis de Taïwan), obtenir davantage de compréhension et de soutien à l’international et contrer le discours anti-chinois[102].

La diplomatie chinoise abandonne donc la posture de profil bas qu’elle menait quand le pays était dans sa phase d’ouverture et de développement économique initiale sous Deng Xiaoping (邓小平) dans l’attente d’un moment opportun pour révéler son talent (Tāoguāngyǎnghuì 韬光养晦), dans les années 1980. Le moment opportun est considéré comme étant arrivé sous la présidence de Xi, où la Chine, confortée par sa montée en puissance, adopte une politique étrangère plus affirmative. Selon un sondage du journal chinois Global Times (Huánqiú shíbào 環球時報), 71,2 % de la population chinoise soutient la « diplomatie du loup guerrier »[103]. Ce soutien de la société chinoise trouve ses prémisses dans la pensée du « Rùguānxué (入关学) » apparue en 2019 sur les réseaux sociaux chinois, littéralement « l’apprentissage de la traversée du col » en référence à l’invasion des Mandchous qui parvinrent à passer la Grande Muraille de Chine et à renverser la dynastie des Ming en instaurant celle des Qing[104]. Cette expression sous-entend de faire de même en remplaçant les États-Unis à la tête de l’ordre international et par là même de modifier les règles et normes internationales en faveur de la Chine.

Parmi les protagonistes notables de cette « diplomatie du loup guerrier »[105], nous pouvons citer l’ambassadeur chinois aux États-Unis, Qin Gang (秦刚), puis éphémère ministre des Affaires étrangères[106], qui a fait plusieurs déclarations dans le Washington Post en réponse à la visite de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, à Taïwan[107] : « Le principe d’une seule Chine fait partie de l’ordre international d’après-guerre et du consensus international. Les États-Unis se sont toujours considérés comme un “pays modèle” en matière de respect de l’ordre international et devraient naturellement adhérer au principe d’une seule Chine »[108]. Ou encore : « Certaines forces aux États-Unis utilisent Taïwan comme un pion contre la Chine. Permettre à cette situation de se développer continuera à exacerber les tensions entre les deux rives du détroit, à perturber davantage les relations sino-américaines et à nuire gravement aux intérêts de l’Amérique »[109]. Qin Gang a fait preuve d’un activisme diplomatique en multipliant les déclarations sur Twitter et sur les chaînes de télévision américaines.

En outre, l’ambassadeur chinois en France, Lu Shaye (卢沙野), dont le ton est moins mesuré que celui de Qin Gang, a régulièrement défrayé la chronique par ses déclarations publiques controversées. Il est l’archétype du « diplomate loup guerrier », il se dit en même être honoré de figurer en tête de liste des « diplomates loups guerriers » dans une interview donnée au Global Times pour subséquemment expliquer sa mission :

« En tant que diplomates, nous avons la responsabilité de défendre les intérêts et la dignité de notre pays. Le peuple chinois est satisfait et approuve, et le grand public des pays occidentaux est compréhensif et solidaire, seules les forces occidentales anti-chinoises sont agacées et furieuses, qu’elles le soient ! »[110]

Il a déclaré, par-exemple, dans une interview télévisée de la chaîne LCI du 21 avril 2023 à propos des exercices militaires de l’APL dans le détroit de Taïwan que[111] : « Nous ne sommes pas la menace, nous sommes la partie menacée », en ajoutant plus loin que « l’intégrité du territoire chinois est menacée par les forces séparatistes de Taïwan et de certains pays occidentaux »[112]. De même, il justifie l’action armée contre Taïwan en dernier recours, car c’est la Chine qui décide du destin de Taïwan : « Ce sont les Chinois qui décident du sort de Taïwan. Toutes les mesures possibles seront prises si une réunification pacifique n’est pas possible », tout en affirmant la souveraineté historique de la Chine sur Taïwan : « Taïwan appartient à la Chine depuis l’Antiquité. Les deux côtés du détroit de Taïwan appartiennent à la même Chine, c’est l’histoire et la situation actuelle »[113]. Par suite, l’ambassadeur nie la souveraineté des républiques post-soviétiques et perd son sang-froid, s’énervant lorsque le journaliste français, Darius Rochebin, aborde les politiques intérieures catastrophiques et meurtrières de Mao[114].

La « diplomatie du loup guerrier » a eu des résultats mitigés, car elle a terni l’image de la Chine à l’étranger en tant que puissance se voulant respectueuse de l’ordre international et ne cherchant pas l’hégémonie. Ce qui amène un journaliste taïwanais à dire que cette stratégie diplomatique va évoluer vers une « diplomatie du loup guerrier 2.0 » dont les visées demeureraient inchangées, mais dont la tactique se rapprocherait plus de l’agent secret que du diplomate en usant de l’espionnage, « opérations non diplomatiques » et de « propagande noire »[115]. La stratégie diplomatique initiale ne serait plus soutenable compte tenu des problèmes économiques auxquels le pays est confronté sur la scène extérieure, du fait de la guerre commerciale, et sur la scène intérieure, du fait des retombées négatives du COVID-19, la Chine avait ainsi relâché sa politique sanitaire face à la pression populaire[116].

Les polémiques provoquées par cette « diplomatie du loup guerrier » pourraient s’avérer contre-productives pour les ambitions internationales de la Chine, surtout quand elles s’appuient sur le tissage de partenariats, comme c’est le cas des nouvelles routes de la soie. Le projet des nouvelles routes de la soie (Yīdàiyīlù 一带一路 ou encore BRI en anglais pour Belt & Road Initiative), lancé par le président Xi en 2013, peut figurer comme un exemple de stratégie globale s’apparentant à La guerre hors limites. Cette stratégie ambitieuse vise à renforcer l’interconnectivité planétaire entre la Chine et le reste du monde (environ une centaine de pays) par la construction d’infrastructures de transport comme des ports, des voies ferrées, des câbles sous-marins, etc.[117]. Un programme dont l’échelle des coûts avoisinerait le trillion de dollars[118]. Ce plan est porteur de nombreuses opportunités économiques et commerciales pour la Chine et les partenaires de ce projet[119]. Elle est une aubaine pour l’économie chinoise, très dépendante des exportations, dont la croissance ralentit d’année en année. Toutefois, les enjeux dépassent de loin les seules retombées économiques, il est question d’impulser une « mondialisation à la chinoise »[120].

Wang Shangwei, conférencier à la faculté de sciences politiques de l’Université de la défense nationale de l’APL de Shanghai, Xia Bin et Yang Jie conférenciers à la base de formation logistique de l’armée de l’air chinoise à Shanghai, nous livrent davantage d’informations sur les enjeux stratégiques et les obstacles de cette idée des nouvelles routes de la soie.

Il s’agit plus précisément de reconfigurer l’ordre international avec la Chine comme centre en établissant une « communauté de destin » (Mìngyùn gòngtóngtǐ 命运共同躰) face à l’hégémonie américaine[121]. Elle engloberait une triple communauté économique, politique et culturelle. La communauté économique comptant beaucoup de pays en développement permettrait de renforcer l’internationalisation de la monnaie chinoise, le renminbi (人民币), et d’affronter la puissance de l’économie américaine. La communauté politique permettrait d’obtenir une cohérence des systèmes et des conceptions sur le plan politique de la part de pays très hétérogènes, par la création d’un système international centré sur la Chine et ses valeurs. La communauté culturelle renforcerait les échanges civilisationnels pour davantage de stabilité dans les relations internationales. Par ailleurs, le projet des nouvelles routes de la soie serait l’occasion pour la Chine de refaçonner les normes du droit international et les organisations internationales, toutes deux d’inspiration occidentale[122]. Qu’il s’agisse des normes de droit privé ou de droit public, ou des institutions internationales, la Chine pourrait transmettre ses propres conceptions et sa vision des relations internationales face aux règles établies qu’elle considère biaisées en faveur des Américains et des Européens.

En somme, il s’agirait de renforcer le « pouvoir discursif » chinois en formant et en transférant des juristes de talent dans des organismes internationaux. Enfin, elle contribuerait à renforcer la « profondeur stratégique » (Zhànlüè zòngshēn 战略纵深)[123] de la Chine en permettant le déploiement des technologies chinoises les plus avancées comme la 5G, dans les pays qui n’en sont pas encore équipés. De plus, ce projet offrirait la possibilité à la Chine de se positionner en tant que pourvoyeuse de stabilité face aux tensions et au terrorisme en misant sur le développement économique, en jouant un rôle de médiateur et de coordinateur pour assurer la sécurité. Qui plus est, ce plan permettrait à la Chine d’instaurer une défense collective selon une vision chinoise de la sécurité et de la stratégie. Concrètement, cela passerait par l’établissement de bases militaires dans les pays partenaires pouvant accueillir les forces armées chinoises. L’installation très récente d’une base militaire chinoise à Djibouti est dans ce sens un jalon. Gwadar au Pakistan, Alexandrie en Égypte, Naples en Italie pourraient être les prochaines étapes[124].

Le projet pharaonique des nouvelles routes de la soie se décomposant en un volet terrestre et maritime afin de décupler les échanges internationaux entre la Chine et le reste du monde. STEINBUKA Inna, MURAVSKA Tatyana et KUZNIEKS Andris, Cooperation Formats of China and Europe: Synergies and Divergences, 2017/01, Researchgate
Le projet pharaonique des nouvelles routes de la soie se décomposant en un volet terrestre et maritime afin de décupler les échanges internationaux entre la Chine et le reste du monde. STEINBUKA Inna, MURAVSKA Tatyana et KUZNIEKS Andris, Cooperation Formats of China and Europe: Synergies and Divergences, 2017/01, Researchgate

Pour synthétiser, ces routes de la soie sont un exemple adéquat d’une stratégie indirecte mettant de côté l’aspect militaire pour dominer autrui et donc par corrélation, son principal ennemi : les États-Unis pour la Chine. Par des propositions diplomatiques et économiques s’étalant sur le long terme, elle vise à obtenir une dépendance économique qui déboucherait sur un assujettissement politique.

Cependant, de nombreux défis et obstacles se dressent sur la voie de la réalisation de cette stratégie téméraire. Nous pouvons citer le coût financier astronomique du projet, les risques liés à des investissements dans nombre d’économies partenaires peu développées, d’autant plus qu’une vingtaine d’entre elles entretiennent des relations militaires étroites avec les États-Unis, le terrorisme qui frappe nombre de pays partenaires, la diffusion d’un narratif anti-chinois amplifiée à l’ère d’internet, la potentielle transgression des normes internationales actuelles[125]. Pour le magazine britannique The Economist, la diplomatie chinoise a failli dans sa tâche de maintenir un voisinage amical du fait de la politique étrangère affirmative et arrogante du président Xi[126]. Dans ces conditions, la Chine parvient difficilement à fédérer ses voisins autour de ses initiatives, comme le projet des nouvelles routes de la soie.

Nous avons précédemment évoqué les deux notions théoriques de « guerre d’opinion publique » et de « pouvoir discursif » figurant dans la littérature chinoise de la stratégie. Ces concepts sont opérationnalisés dans le cadre d’une stratégie discursive de la Chine en Afrique francophone[127]. Dirigée par le Département de la propagande (Xuānchuánbù 宣传部) du PCC, les médias chinois francophones (Radio Chine Internationale, CGTN Français, Xinhua) offrent à un lectorat africain francophone une couverture de l’actualité internationale, très orientée en faveur des positions officielles chinoises et russes. Ces deux puissances, qui ont noué un partenariat stratégique, se coordonnent dans la diffusion de l’information. Ensemble, elles s’essaient à gagner les esprits des Africains, les incitant subrepticement à se détacher des anciennes puissances coloniales européennes pour se rapprocher de la Chine et de la Russie.

Concomitamment, la Chine compose des relais discursifs par la formation de politiciens africains[128]. Qu’il s’agisse de politiciens du Mozambique ou de cadres sud-africains du Congrès national africain (ANC), voire même de révolutionnaires algériens du Front de libération nationale (FLN), le PCC dispense, dans le pays d’origine ou en Chine, des formations en administration publique, en politiques publiques et en idéologie politique. Ainsi, la Chine fait la promotion d’un contre-modèle de développement en opposition au modèle « occidental » de la démocratie libérale et de l’économie de marché. Néanmoins, le modèle de développement chinois, aussi couronné de succès soit-il, n’est pas aisément réplicable. Elle joue également sur son passif de pays semi-colonisé, de pays du « Tiers-monde » et de pays non-aligné pour se rapprocher de l’Afrique. Du fait de l’asymétrie de puissance entre la Chine et les pays africains, bilatéralement, il est très difficile pour ces derniers d’infléchir la politique de la Chine à leur égard. Ainsi, ce programme de formations profiterait davantage à la RPC qu’aux pays de ce continent en accroissant son influence.

En guise de conclusion

Après avoir longuement discuté de la portée de l’œuvre et relativisé les apports de son édifice conceptuel, nous convenons qu’il serait inadéquat de qualifier la pensée de La guerre hors limites comme un pilier de la culture stratégique chinoise, un édifice théorique distinctif de la manière chinoise de faire la guerre. Que ce soit chez les Occidentaux, les Russes ou les Chinois, des conceptions semblables ont pu naître sans qu’il y ait eu forcément un échange préalable d’idées entre l’Est et l’Ouest. Nous réfutons l’idée fondamentale comme quoi la pensée stratégique « occidentale » mettrait davantage l’accent sur la rencontre frontale et le choc des volontés, à l’opposé de son homologue « orientale », qui adopterait plutôt la voie détournée pour triompher. Nous tenons plutôt pour hypothèse une tendance à l’unification des conceptions stratégiques dans toutes les civilisations, à une convergence des réflexions vers la stratégie globale au sens large mettant en œuvre une combinaison des moyens et des méthodes, qu’ils soient militaires, diplomatiques, politiques, économiques, culturels, etc., dans tous les domaines, sur tous les espaces, sur tous les plans, dans tous les théâtres. Cette unification ne serait-elle pas due à la mondialisation de la civilisation technologique sur tous les continents ?

Nous notons une emprise de plus en plus marquée de la pensée stratégique par les sciences et techniques, cela pose un risque pour le développement de cette pensée. C’est-à-dire que le théoricien et le stratège demeurent enfermés dans leur réflexion liée à un cadre technico-scientifique dont ils ne pourraient s’affranchir, engendrant ce dont Qiao et Wang dénonçaient dans leur livre : l’étroitesse d’esprit du penseur de la stratégie. Cela mettrait à mal l’autre pilier de la réflexion stratégique : l’apport des travaux prospectifs se distinguant par une plus grande liberté, source d’originalité et d’innovation.

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[1]L’auteur est communément transcrit en Sun Tzu en langue française et anglaise, nous suivons le système de transcription pinyin donc nous le transcrivons en Sunzi.

[2]Par souci de simplification, nous subsumons les différentes réflexions stratégiques émanant de Français, de Britanniques, d’Allemands, d’Américains, etc., dans un ensemble « occidental », mais il ne faut pas nier que chacun de ces peuples a pensé et pense la stratégie différemment et qu’il n’existe pas à proprement parler une pensée stratégique dite « occidentale ».

[3]C’est le principal thème de réflexion du travail de Jean-Vincent Holeindre dans La ruse et la force : une autre histoire de la stratégie, Paris, Perrin, 2017, 464 p., qui rejette l’idée d’un « modèle occidental de la guerre ».

[4]Nous avons utilisé l’édition suivante : QIAO Liang et WANG Xiangsui, La Guerre hors limites, Paris, Payot & Rivages, 2006, 309 p.

[5]Notre définition se rapproche de celle donnée par le général Lucien Poirier, à savoir que la doctrine militaire « procède […] d’un choix calculé dans la pluralité des doctrines existantes » et « en extrait une représentation et une conception privilégiées de l’action actuelle et future. Elle pose les fondements et les linéaments de la pensée de l’agir collectif […] ». Elle suit le « travail préalable des théoriciens, […] elle filtre leur production pour n’en retenir que les éléments jugés utiles par les instances politiques et stratégiques en exercice » (citée dans DURIEUX Benoît (dir.), JEANGÈNE VILMER Jean-Baptiste (dir.) et RAMEL Frédéric (dir.), Dictionnaire de la guerre et de la paix, Paris, Presses Universitaires de France, 2017, 1360 p., p. 403.

[6]SHALIN 沙琳, « “Chāo xiàn zhàn” zhèndòng chāo xiàn » “ 超限战”震动超限 (« La guerre hors limites fait trembler par-delà les limites »), Guǎngdōng jīnróng diànnǎo 广东金融电脑 Guangdong Financial Computer (« Ordinateur financier du Guangdong »), n°2000/05, Guangzhou, Gāi kān, 2000, 80 p., pp. 61-62, [en ligne] https://chn.oversea.cnki.net/KCMS/detail/detail.aspx?dbcode=CJFD&dbname=CJFD2000&filename=HNRD200005023&uniplatform=OVERSEA&v=DMhtooi1KRoYoaATNmqvAY2i33Tt4H3euvFd5TVBISiIte0m_k7u6YgySvP5vPBC (dernière consultation le 19/06/2023) (traduction personnelle)

[7]LIU Jie 刘洁, « Wǔqì de wēishè hé lǐlùn de wēishè——dú “chāo xiàn zhàn” » 武器的威慑和理论的威慑——读《超限战》 (« Dissuasion par les armes et dissuasion par la doctrine – Lecture de La guerre hors limites »), dans Zhōngguó tóuzī 中国投资 (« Investir en Chine »), n°2013/03, Beijing, Zhōngguó tóuzī zázhìshè, 2013, 142 p., pp. 80-81, [en ligne] https://oversea.cnki.net/KCMS/detail/detail.aspx?dbcode=CJFD&dbname=CJFD2013&filename=ZGTZ201303045&uniplatform=OVERSEA&v=GV7eZu7cfdM3wRvOsJiaw3essqxxYOIw2YbTRc5neXEwyuMe5XBISQN-PWPWf7e8 (dernière consultation le 19/06/2023) (traduction personnelle)

[8]La plupart des auteurs chinois cités dans notre article sont difficilement identifiables, y compris en effectuant des recherches sur l’internet chinois. Nous devons donc nous résigner à laisser peu d’informations concernant leur personne.

[9]SHALIN, art. cit, p. 61 (traduction personnelle)

[10]Ibid., p. 61 (traduction personnelle)

[11]Mao Zedong a beaucoup écrit sur la stratégie militaire. Parmi ses œuvres phares figurent : Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine (1936), Problèmes stratégiques de la guerre de partisans contre le Japon (1938), De la guerre prolongée (1938).

[12]SUN Xiaoying 孙小迎, « Yòng “chāo xiàn zhàn” de sīwéi jiědú “yà zhànzhēng” hòu de dōngnányà——dōngnányà jīnróng wéijī hé “9·11” kǒngbù xíjí shìjiàn qiánhòu de dōngnányà shèhuì » 用“超限战”的思维解读“亚战争”后的东南亚——东南亚金融危机和“9·11”恐怖袭击事件前后的东南亚社会 (« Interpréter l’Asie du Sud-Est après la “guerre asiatique” à l’aune de La guerre hors limites – Les sociétés d’Asie du Sud-Est avant et après la crise financière et les attaques terroristes du 11 septembre »), dans Dōngnányà zònghéng 东南亚纵横 Around Southeast Asia (« À travers l’Asie du Sud-Est »), n°2002/12, Nanning, Dōngnányà zònghéng biānjíbù, 2002, 64 p., pp. 22-27, [en ligne] https://chn.oversea.cnki.net/KCMS/detail/detail.aspx?dbcode=CJFD&dbname=CJFD2002&filename=DLYZ200212006&uniplatform=OVERSEA&v=AX_bkAPSfgzOLgfW3ZBEYOFz0bjjnd5i5LNuNtujK4vsrlaJuMglZYPpPlhiMtxm (dernière consultation le 19/06/2023) (traduction personnelle)

[13]Dans le texte original, l’auteur réutilise plusieurs fois de suite les idéogrammes “concept” et “terme”.

[14]GAO Jianjie 高健杰, « Zhànlüè sīwéi de shèhuì xiàoyòng——guānyú “chāo xiàn zhàn” jí qí xiànxiàng » 战略思维的社会效用——关于《超限战》及其现象 (« L’utilité sociale de la pensée stratégique – La guerre hors limites et ses phénomènes »), dans Zhànlüè yù guǎnlǐ 战略与管理 (« Stratégie et management »), n°2000/3, Beijing, Zhànlüè yù guǎnlǐ zázhìshè, 2000, 119 p., pp. 109-114, [en ligne] https://chn.oversea.cnki.net/KCMS/detail/detail.aspx?dbcode=CJFD&dbname=CJFD2000&filename=ZYGL200003016&uniplatform=OVERSEA&v=2KXTrYJlxtyeqr_l9oRPcCi0nsNr8NnHyGbQNMnmZrJ_VxiwoU2GeOuwdGQSMdNQ (dernière consultation le 19/06/2023) (traduction personnelle)

[15]Ibid., p. 110 (traduction personnelle)

[16]Gao Jianjie s’appuie sur une interview de Qiao Liang par un journaliste. Qiao Liang insinue que le premier ministre britannique Tony Blair et les États-Unis professent le terrorisme en suggérant que si ces deux pays peuvent le pratiquer, la Chine pourrait en faire autant (GAO Jianjie, ibid., p. 111). Cependant, dans une interview ultérieure plusieurs années après, ils indiquent clairement qu’ils ne soutiennent pas le terrorisme en affirmant que : « La lutte contre le terrorisme a toujours été notre point de vue ». À noter que pour eux, la signification du terrorisme est celle d’instiller la terreur. Nous parlons plus en détail de cette interview de 2005 plus loin dans notre article.

[17]Ibid., p. 112 (traduction personnelle)

[18]Zhao Kuo (趙括) était un général de l’État de Zhao en -260 de notre ère, pendant la période des Royaumes combattants. Il a dirigé une armée de 400 000 hommes (il s’agit certainement d’une exagération) vers l’annihilation lors de la bataille de Changping (長平之戰) face à l’État de Qin.

[19]Ibid., p. 111 (traduction personnelle)

[20]Ibid., p. 114 (traduction personnelle)

[21]Il s’agit sans doute des écrits de stratégie de Lénine ou de Mao Zedong sur la guerre révolutionnaire.

[22]ZHAN Yuxian 詹玉仙, « Yī běn cúnzài yánzhòng quēxiàn de shū——píng “chāo xiàn zhàn——duì quánqiú huà shídài zhànzhēng yǔ zhàn fǎ de xiǎngdìng” » 一本存在严重缺陷的书——评《超限战——对全球化时代战争与战法的想定》 (« Un livre sérieusement imparfait – Critique de La guerre hors limites – S’interroger sur la guerre et la manière de faire la guerre à l’aune de la mondialisation »), dans Shèhuì kēxué lùntán 社会科学论坛 (« Tribune des sciences sociales »), n°1999/Z1, Héběishěng shèhuìkēxuéjiè liánhéhuì, 1999, 110 p., pp. 108-110, [en ligne] https://chn.oversea.cnki.net/KCMS/detail/detail.aspx?dbcode=CJFD&dbname=CJFD9899&filename=SKLU1999Z1032&uniplatform=OVERSEA&v=VFpo2D_UqjI6eUfSBc7tmCKhYVJZfmhL9GAJeYf3VWs2fiLL1bwhgvjr8HrdUI7y (dernière consultation le 19/06/2023) (traduction personnelle)

[23]L’auteur fait référence à la guerre sino-japonaise de 1937-1945 qui a terriblement marqué la mémoire nationale chinoise.

[24]Ibid., p. 110 (traduction personnelle)

[25]Ibid., p. 110 (traduction personnelle)

[26]BAUGHMAN Josh, « “Unrestricted Warfare” is Not China’s Master Plan », dans Air University, Montgomery, China Aerospace Studies Institute, 2022, 11 p., [en ligne] https://www.airuniversity.af.edu/Portals/10/CASI/documents/Research/CASI%20Articles/2022-04-25%20Unrestricted%20Warfare%20is%20not%20China’s%20master%20plan.pdf (dernière consultation le 13/06/2023)

[27]Qiao et Wang font référence plusieurs fois dans La guerre hors limites aux terroristes dont Oussama Ben Laden et Al-Qaïda ou encore Aum Shinrikyō dans leur conceptualisation de la « nouvelle guerre terroriste ». Certes Al-Qaïda n’avait pas encore frappé le World Trade Center lors de l’écriture  et de la publication du livre mais le groupe avait déjà commis des attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie.

[28]QIAO Liang 乔良, « Wǒmen wèishéme yào xiě “chāo xiàn zhàn” » 我们为什么要写《超限战》 (« Pourquoi nous avons écrit La guerre hors limites »), dans Shìjiè jīngjì yǔ zhèngzhì 世界经济与政治 (« Économie et politique mondiales »), n°1999/10, Beijing, Zhōngguó shèhuì kēxué chūbǎnshè, 1999, 80 p., pp. 68-71, [en ligne] https://chn.oversea.cnki.net/KCMS/detail/detail.aspx?dbcode=CJFD&dbname=CJFD9899&filename=SJJZ199910016&uniplatform=OVERSEA&v=UykP-myZyAOkprL-K4MfaOuvcxdsbn7nhiMVUo3SlafhuzbsInU_c1jK0-g2srno (dernière consultation le 19/06/2023) (traduction personnelle)

[29]Ibid., p. 69 (traduction personnelle)

[30]Ibid., p. 70 (traduction personnelle)

[31]Ibid., p. 69 (traduction personnelle)

[32]Ibid., p. 70 (traduction personnelle)

[33]Dans La guerre hors limites, les auteurs considèrent les armes informatiques (les virus par exemple), les armes électromagnétiques, les armes lasers ou encore les missiles guidés comme des « armes adoucies ».

[34]Ibid., p. 70 (traduction personnelle)

[35]Ibid., p. 69 (traduction personnelle)

[36]QIAO Liang 乔良 et WANG Xiangsui 王湘穗, « Tāmen céng jīngzhǔn yùyánle “9.11” Dà bēijù——wǒmen zhǔzhāng kǒngbù zhǔyì ma?“Chāo xiàn zhàn” zuòzhě quánwēi quánshì “chāo xiàn zhàn » 他们曾精准预言了“9.11”大悲剧——我们主张恐怖主义吗?《超限战》作者权威诠释“超限战” (« Ils ont prédit avec justesse la tragédie du 11 septembre – Faisons-nous l’apologie du terrorisme ? Les auteurs de La guerre hors limites expliquent “La guerre hors limites” avec autorité »), dans Guójì zhǎnwàng 国际展望 World Outlook (« Perspectives mondiales »), n°2005/11, Shanghai, Guójì zhǎnwàng zázhìshè, 2005, non paginé, [en ligne] https://chn.oversea.cnki.net/KCMS/detail/detail.aspx?dbcode=CJFD&dbname=CJFD2005&filename=GJZW200521018&uniplatform=OVERSEA&v=x-7n6OmkoPFGKTTlIOLqDqIEqCjt5z044gQXuBb7FQDVGfgc9c8RxSJnbwNFSlID (dernière consultation le 19/06/2023) (traduction personnelle)

[37]Ibid., p. 86 (traduction personnelle)

[38]Ibid., p. 86 (traduction personnelle)

[39]Ibid., p. 88 (traduction personnelle)

[40]Ibid., p. 88 (traduction personnelle)

[41]Ibid., p.88 (traduction personnelle)

[42]Ibid., p.87 (traduction personnelle)

[43]VON CLAUSEWITZ Carl, De la guerre, Paris, Payot & Rivages, 2014, 368 p., pp. 26-27

[44]QIAO Liang et WANG Xiangsui, op. cit., p. 89 (traduction personnelle)

[45]Il s’agit de l’organe suprême de direction des forces armées chinoises avec le président chinois à sa tête.

[46]Selon le renseignement canadien, elle « combine sécurité intérieure et extérieure. […] En RPC, les termes intérieur et extérieur renvoient aussi à la composition même du PCC. Le Parti protège un espace d’idées qu’aucune frontière géographique ne limite. La sécurité nationale ne protège pas la Chine à l’extérieur du Parti communiste, elle la protège uniquement sous la direction du Parti. » Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), La Chine à l’ère de la rivalité stratégique, Ottawa, Service canadien du renseignement de sécurité, 2018, 175 p., [en ligne] https://www.canada.ca/content/dam/csis-scrs/documents/publications/Liaison-recherche-SCRS-Rapport-de-la-Chine-mai-2018-fr.pdf (dernière consultation le 12/08/2023)

[47]The State Council Information Office of the People’s Republic of China, « China’s Military Strategy », dans China Military, Beijing, China Military, 2015, [en ligne] http://eng.chinamil.com.cn/DOCUMENTSPUBLICATIONS/10053010.html (dernière consultation le 24/06/2023)

[48]« L’espace extra-atmosphérique est devenu un enjeu majeur dans la compétition stratégique internationale. Les pays concernés développent leurs forces et instruments spatiaux, et les premiers signes de militarisation de l’espace sont apparus. […] La Chine se tiendra au courant de la dynamique de l’espace extra-atmosphérique, fera face aux menaces et aux défis en matière de sécurité dans ce domaine, et sécurisera ses ressources spatiales afin de servir son développement économique et social national et de maintenir la sécurité de l’espace extra-atmosphérique.

Le cyberespace est devenu un nouveau pilier du développement économique et social et un nouveau domaine de la sécurité nationale. La concurrence stratégique internationale dans le cyberespace devenant de plus en plus féroce, de nombreux pays développent leurs forces militaires cyber. La Chine, qui est l’une des principales victimes des attaques de pirates informatiques, est confrontée à de graves menaces pour la sécurité de sa cyberinfrastructure. Le cyberespace pesant de plus en plus lourd dans la sécurité militaire, la Chine accélérera la mise en place d’une force cybernétique et renforcera ses capacités de connaissance de la situation dans le cyberespace, de cyberdéfense, de soutien aux efforts du pays dans le cyberespace et de participation à la coopération cybernétique internationale… », ibid.

[49]Ibid.

[50]C’est-à-dire, celle qui ne repose pas sur un unique vecteur d’attaque s’élançant dans une unique direction vers l’ennemi, mais cherchant à frapper l’adversaire de plusieurs façons sur différentes trajectoires.

[51]Ibid.

[52]Par-exemple, il est écrit à propos de l’armée de terre : « Conformément aux exigences stratégiques des opérations mobiles et de l’offensive et de la défense multidimensionnelles, l’armée de l’APL (AAPL) continuera à se réorienter de la défense de théâtre vers la mobilité trans-théâtre. En construisant de petites unités multifonctionnelles et modulaires, l’AAPL s’adaptera aux tâches à accomplir dans différentes régions, développera la capacité de ses forces de combat à des fins différentes et construira une structure de forces de combat pour les opérations conjointes. L’AAPL renforcera ses capacités à mener des opérations précises, multidimensionnelles, transthéâtrales, multifonctionnelles et durables. » Ibid.

[53]Xinhuanet, « China’s National Defense in the New Era », dans China Military, Beijing, China Military, 2019, [en ligne] http://eng.chinamil.com.cn/DOCUMENTSPUBLICATIONS/10053011.html (dernière consultation le 24/06/2023)

[54]« La réforme de la taille, de la structure et de la composition des forces est une étape essentielle de l’optimisation de la structure organisationnelle militaire et de l’établissement d’une structure de force armée moderne aux caractéristiques chinoises. Conformément à l’instruction d’optimiser les structures, de développer des forces de type nouveau, d’ajuster les proportions et de réduire les effectifs, l’APL s’efforce de passer d’un modèle de quantité et d’échelle à un modèle de qualité et d’efficacité, et de passer d’un modèle à forte intensité de personnel à un modèle à forte intensité scientifique et technique. » Ibid.

[55]Ibid.

[56]The State Council Information Office of the People’s Republic of China, « China’s National Defense in 2010 », dans China Military, Beijing, China Military, 2011, [en ligne] http://eng.chinamil.com.cn/DOCUMENTSPUBLICATIONS/10053008.html (dernière consultation le 27/06/2023)

[57]Xinhuanet, art. cit.

[58]ZHAO Tianliang (dir.), The Science of Military Strategy, Montgomery, China Aerospace Studies Institute, 2020, 466 p., traduit du chinois en anglais par China Aerospace Studies Institute rattaché à l’US Air University, [en ligne] https://www.airuniversity.af.edu/Portals/10/CASI/documents/Translations/2022-01-26%202020%20Science%20of%20Military%20Strategy.pdf (dernière consultation le 27/07/2023)

[59]Un article en anglais pour ceux qui veulent en savoir davantage sur « l’intelligentisation » de l’armée chinoise : « “Intelligentization” and a Chinese Vision of Future War », dans The Mad Scientist Laboratory blog, Washington D. C., Department of the Army, 2019, [en ligne] https://madsciblog.tradoc.army.mil/199-intelligentization-and-a-chinese-vision-of-future-war/ (dernière consultation le 14/08/2023)

[60]WUTHNOW Joel, « What I Learned From the PLA’s Latest Strategy Textbook », dans China Brief, vol. 21, n°11, Washington, D. C., The Jamestown Foundation, 2021, 33 p., pp. 6-13, [en ligne] https://jamestown.org/program/what-i-learned-from-the-plas-latest-strategy-textbook/ (dernière consultation le 24/06/2023)

[61]Ibid.

[62]Il s’agit de guerres localisées dans un espace bien précis, sous-entendant relativement peu étendu dans des conditions où l’information s’avère être le déterminant critique du conflit.

[63]Il s’agit de matériel militaire équipé de capteurs, receveurs, transmetteurs, microprocesseurs afin de pouvoir acquérir des données, en recevoir, en envoyer ou les traiter. En bref, ils sont dits intelligents, car ils sont capables de générer de l’information et de la mettre à profit pour son utilisateur.

[64]Ibid.

[65]Ibid.

[66]KANIA Elsa, « The PLA’s Latest Strategic Thinking on the Three Warfares », dans China Brief, vol. 16, n°13, Washington, D. C., The Jamestown Foundation, 2016, 19 p., pp. 10-14, [en ligne] https://jamestown.org/program/the-plas-latest-strategic-thinking-on-the-three-warfares/ (dernière consultation le 24/06/2023)

[67]Ibid.

[68]BAUGHMAN, Josh, op. cit.

[69]QIAO Liang et WANG Xiangsui, op. cit., p. 167

[70]Par « guerre active », Henry Lloyd entend une guerre prolongée se caractérisant par des manœuvres et des campagnes constituant plusieurs séries de décisions, ce sont les guerres des Modernes. A contrario, la guerre antique a une temporalité plus courte et se résout sur la base d’une décision unique.

[71]LLOYD Henry, Tableau des armées du XVIIIe siècle, cité dans CHALIAND Gérard, Anthologie mondiale de la stratégie, Paris, Robert Laffont, 1990, 1523 p., p. 716

[72]Jacques de Guibert (1743-1790) est un grand penseur de la stratégie, certes moins connu que Clausewitz et Jomini, il figure comme un grand classique dans l’historiographie de la pensée stratégique en France.

[73]GUIBERT (De) Jacques, Essai général de tactique, cité dans CHALIAND Gérard, Anthologie mondiale de la stratégie, Paris, Robert Laffont, 1990, 1523 p., pp. 737-740

[74]QIAO Liang et WANG Xiangsui, op. cit., p. 214

[75]VON CLAUSEWITZ Carl, op. cit., p. 134

[76]Ibid., p. 137

[77]VON CLAUSEWITZ Carl, De la guerre, Paris, Perrin, 2014, 448 p., p. 58

[78]QIAO Liang et WANG Xiangsui, op. cit., p. 240

[79]VON CLAUSEWITZ Carl, De la guerre, cité dans CHALIAND Gérard, Anthologie mondiale de la stratégie, Paris, Robert Laffont, 1990, 1523 p., pp. 844-845

[80]LIDDELL HART Basil, La stratégie d’approche indirecte, cité dans CHALIAND Gérard, Anthologie mondiale de la stratégie, Paris, Robert Laffont, 1990, 1523 p., pp. 1174-1175

[81]BEAUFRE André, La stratégie indirecte à l’ère nucléaire, cité dans CHALIAND Gérard, Anthologie mondiale de la stratégie, Paris, Robert Laffont, 1990, 1523 p., p. 1402

[82]Ibid., p. 1401

[83]POIRIER Lucien, Éléments pour une théorie de la crise, cité dans CHALIAND Gérard, Anthologie mondiale de la stratégie, Paris, Robert Laffont, 1990, 1523 p., pp. 1441-1442

[84]Ibid.

[85]BRODIE Bernard, Le nucléaire : l’arme absolue, cité dans CHALIAND Gérard, Anthologie mondiale de la stratégie, Paris, Robert Laffont, 1990, 1523 p., p. 1249

[86]DUNOUHAUD Cécile et CHEVASSUS LUDOVIC, « Le général Gerasimov et la vision russe des guerres menées par les Occidentaux – 2013 », Clio-Texte, Paris, [en ligne] https://clio-texte.clionautes.org/general-gerasimov-et-vision-russe-des-guerres-menees-par-occidentaux-2013.html (dernière consultation le 13/06/2023)

[87]Ibid.

[88]Ibid.

[89]Ibid.

[90]QIAO Liang et WANG Xiangsui, op. cit., pp. 292-294

[91]Ibid., pp. 271-275

[92]HOFFMAN Frank, « Hybrid Warfare and Challenges », dans Joint Forces Quarterly, n°52, Washington, D. C., National Defense University Press, 2009, 168 p., pp. 34-39, [en ligne] https://smallwarsjournal.com/documents/jfqhoffman.pdf (dernière consultation le 13/06/2023)

[93]QIAO Liang et WANG Xiangsui, op. cit., p. 88 (traduction personnelle)

[94]« Il est donc plus conforme à l’époque d’interpréter la crise financière en Asie du Sud-Est en pensant à La guerre hors limites, et il est plus propice au maintien de la sécurité de l’économie mondiale, de la paix dans le monde et de la tranquillité sociale en comprenant plus clairement la vérité de la crise. », SUN Xiaoying, art. cit., p. 24 (traduction personnelle)

[95]QIAO Liang et WANG Xiangsui, op. cit., pp. 88-91

[96]SUN Xiaoying, art. cit., p. 24 (traduction personnelle)

[97]Ibid., p. 24 (traduction personnelle)

[98]Les accusations visant George Soros dans la crise financière asiatique de 1997 ont largement été relayées par de nombreux médias de tout pays, dont les journaux français comme Les Echos. SINGER Ariane, « George Soros, accusé numéro un par les responsables asiatiques », dans Les Echos, Paris, Les Echos SAS, 1997, [en ligne] https://www.lesechos.fr/1997/07/george-soros-accuse-numero-un-par-les-responsables-asiatiques-1046354 (dernière consultation le 14/07/2023)

[99]SUN Xiaoying, art. cit., p. 25 (traduction personnelle)

[100]ZHONG Sheng 钟声, « Cóng màoyì zhàn dào yúlùn zhàn dào wǔlì wēixié wú suǒ bùyòng měiguó qìtú yòng “chāo xiàn zhàn”“bān dǎo zhōngguó” » 从贸易战到舆论战到武力威胁无所不用 美国企图用“超限战”“扳倒中国”(一)(« Des guerres commerciales aux guerres d’opinion en passant par les menaces de recours à la force, les États-Unis tentent d'”abattre la Chine” par une “guerre hors limites” (I). »), dans Zhōngguó jūnzhuǎnmín 中国军转民 (« Chine : des militaires aux civils »), n°2018/10, Beijing, Zhōngguó jūnzhuǎnmín zázhì shè, 2018, 91 p., pp. 88-91, [en ligne] https://chn.oversea.cnki.net/KCMS/detail/detail.aspx?dbcode=CJFD&dbname=CJFDLAST2019&filename=ZJZM201810034&uniplatform=OVERSEA&v=sojF4BBrvnGb-vVU85RGvWDY6WJn1n0SdBPWeqXtnGbx177KEaXDpqGB6KSqVQSx (dernière consultation le 19/06/2023) (traduction personnelle)

[101]XI Yizhe 冼義哲, « Zhōngguó nèiyōu wàihuàn cuīshēng chū de `zhàn láng wàijiāo 2.0′, Xiànzài huì zhuǎnxiàng ma ? » 中國內憂外患催生出的「戰狼外交2.0」,現在會轉向嗎 ? (« Les problèmes internes et externes de la Chine ont donné lieu à la “diplomatie du loup guerrier 2.0”, est-elle maintenant en transition ?, dans Tiānxià 天下 Commonwealth Magazine (« Sous le ciel – Magazine du Commonwealth »), Taipei, Tiānxià, 2023, [en ligne] https://opinion.cw.com.tw/blog/profile/309/article/13236 (dernière consultation le 29/06/2023) (traduction personnelle)

[102]Ibid. (traduction personnelle)

[103]Ibid. (traduction personnelle)

[104]Ibid. (traduction personnelle)

[105]Il y en a d’autres, comme les anciens portes-paroles du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian (赵立坚) et Hua Chunying (华春莹).

[106]Qin Gang a occupé le poste de ministre des Affaires étrangères de la RPC pendant seulement une demi-année avant d’être évincé courant juillet 2023 par Wang Yi (王毅), qui occupait précédemment ce même poste pendant une dizaine d’années. BBC, « Qíngāng: Zhōngguó réndà chángwěi huì juédìng miǎn qù qí wàijiāo bùzhǎng yī zhí, rènmìng wáng yì wèi wàizhǎng » 秦刚:中国人大常委会决定免去其外交部长一职,任命王毅为外长 (« Qin Gang : le comité permanent de l’APN décide de le démettre de ses fonctions de ministre des affaires étrangères et nomme Wang Yi au poste de ministre des affaires étrangères », dans BBC News Chinese, Londres, British Broadcasting Corporation, 2023, [en ligne] https://www.bbc.com/zhongwen/simp/chinese-news-66276701 (dernière consultation le 06/08/2023) (traduction personnelle)

[107]Zhixinwen 直新闻, « Guǎn yáo: Táihǎi yìtí yúlùn zhàn zhōngguó shíxiàn “huǒlì yāzhì” » 管姚:台海议题舆论战中国实现“火力压制”, (« Guan Yao : la Chine réussit à “supprimer la puissance de feu” dans la guerre d’opinion sur les questions relatives au détroit de Taïwan »), dans 163.com, Hangzhou, NetEase, 2022, [en ligne] https://www.163.com/dy/article/HEJS8DDH0514FGV8.html# (dernière consultation le 29/06/2023) (traduction personnelle)

[108]Ibid. (traduction personnelle)

[109]Ibid. (traduction personnelle)

[110]Ibid. (traduction personnelle)

[111]Radio Taiwan International, « Zhàn láng bēngkuì! Lú shā yě chēng zhōngguó rén juédìng táiwān mìngyùn shòu fǎng shīkòng qiāng zhǔchí rén méi dúshū » 戰狼崩潰!盧沙野稱中國人決定台灣命運 受訪失控嗆主持人沒讀書, (« Le loup de guerre s’effondre ! Les Chinois décident du sort de Taïwan dit Lu Shaye en pleine interview qui perd son sang froid et crie que l’animateur n’a pas étudié »), dans Radio Taiwan International, Taipei, Radio Taiwan International, 2023, [en ligne] https://www.rti.org.tw/news/view/id/2165586 (dernière consultation le 29/06/2023) (traduction personnelle)

[112]Ibid.

[113]Ibid.

[114]L’intégralité de l’interview est visionnable ici : M.G, « VIDÉO – “C’est le peuple chinois qui décide du destin de Taïwan”, affirme l’ambassadeur de Chine en France », dans TF1 Info, Boulogne-Billancourt, SCS La chaine info – LCI, 2023, [en ligne] https://www.tf1info.fr/international/video-c-est-le-peuple-chinois-qui-decide-du-destin-de-taiwan-affirme-l-ambassadeur-de-chine-en-france-en-interview-sur-lci-2254881.html (dernière consultation le 16/07/2023)

[115]XI Yizhe, art. cit. (traduction personnelle)

[116]Ibid. (traduction personnelle)

[117]DE GRANDI, Michel, « Nouvelles routes de la soie : le vrai plan de Xi Jinping », dans Les Echos, Paris, Les Echos SAS, 2018, [en ligne] https://www.lesechos.fr/2018/02/nouvelles-routes-de-la-soie-le-vrai-plan-de-xi-jinping-983666 (dernière consultation le 17/07/2023)

[118]Ibid.

[119]Ibid.

[120]Ibid.

[121]WANG Shangwei 王尚伟, XIA Bin 夏斌 et YANG Jie 杨婕, « Jījí yìngduì dāngjīn guójì huánjìng xià de chāo xiàn zhàn » 积极应对当今国际环境下的超限战, (« Réagir positivement à La guerre hors limites dans l’environnement international d’aujourd’hui »), dans Xīn xībù 新西部 New West (« Le nouvel ouest »), n°2019/32, Beijing, Zhōngguó xuéshù qíkān, 2019, 170 p., pp. 50-51, [en ligne] https://cnki.net/KCMS/detail/detail.aspx?dbcode=CJFD&dbname=CJFDLAST2019&filename=XXBL201932030&uniplatform=OVERSEA&v=GXMJNtswMnAu1On-z0SejSswqA9Pbojj4rreqzPJDNIin942dFX6aIdI0XSe8tTM (dernière consultation le 17/07/2023) (traduction personnelle)

[122]Ibid., p. 51

[123]Ibid., p. 51

[124]Ibid., p. 51

[125]Ibid., p. 50

[126]The Economist, Neighbourhood botch, vol. 448, n° 9354, 2023/07/08

[127]MIHOUBI Selma, « Les médias chinois, auxiliaires de la propagande russe en Afrique francophone », dans Institut national de l’audiovisuel (Ina), Bry-sur-Marne, Institut national de l’audiovisuel, 2023, [en ligne] https://larevuedesmedias.ina.fr/medias-chinois-relais-propagande-russe-afrique-francophone-ukraine-poutine (dernière consultation le 17/07/2023)

[128]Radio France international, « La Chine en Afrique, une “amie” qui vous veut du bien? », Nanterre, France Médias Monde, 2022, [en ligne] https://www.rfi.fr/fr/afrique/20221017-la-chine-en-afrique-une-amie-qui-vous-veut-du-bien ( dernière consultation le 17/07/2023)

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