La guerre à distance : reportage auprès des jeunes Ukrainiens à Paris

Le centre de collecte, ou safe point, à la Cité internationale universitaire de Paris – photographie par Alban Wilfert.

Dans les couloirs de la Maison internationale, les chariots roulent à toute vitesse. En ce samedi matin ensoleillé, des jeunes gens s’activent. Un don vient d’être déposé par camionnette, de la part de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), grâce à un contact au bras long. La joyeuse troupe s’affaire à transporter cet empilement de cartons et de valises à travers le bâtiment, jusqu’au centre de collecte aménagé dans une grande salle en rez-de-jardin. Quelques allers et retours où les uns courent ouvrir grand les portes aux autres, qui charrient la précieuse cargaison, destinée à un rangement immédiat dans l’espace backstage du centre, avant un nécessaire tri : une part restera sur place afin d’aller aux réfugiés, une autre sera envoyée en Ukraine. En dix minutes, tout est bouclé. Pourtant, précise en anglais Fatiha*, bénévole dévouée et quelque peu espiègle, c’est un « énorme don » que celui-ci, comme elle n’en avait pas vu depuis longtemps. « Je suis touchée », ajoute-t-elle en français.

C’est que la machine est bien rodée. Le centre de collecte a ouvert il y a déjà plus d’un an, peu après le début de l’invasion russe. La Cité internationale universitaire de Paris, sise dans le 14e arrondissement, a alors pris en charge l’accueil de dizaines d’étudiants ukrainiens contraints de quitter leur pays. La Cité a été créée dans l’entre-deux-guerres et a hébergé, en près d’un siècle, bien des réfugiés. Faute de bâtiment préexistant, c’est une « Maison virtuelle de l’Ukraine » qui a été ouverte, visant à fédérer les ressortissants du pays répartis dans la quarantaine de maisons du vaste campus parisien en une structure unique, en grande partie financée par des mécènes et donateurs. Dans la Maison internationale, bâtiment commun abritant entre autres la bibliothèque et le restaurant universitaire, une grande salle a alors été laissée à la libre disposition des résidents bénévoles soucieux de veiller aux besoins des arrivants ou de venir en aide, de loin, à celles et ceux qui sont restés combattre. Ainsi naquit le centre de collecte, ou « safe point » pour les intimes.

L’Ukraine à Paris

Un drapeau ukrainien participatif au safe point – photographie par Alban Wilfert.

En soie tissée pour les uns, peints sur papier pour les autres, les drapeaux jaunes et bleus sont omniprésents dans le vaste espace, auquel les miroirs disposés le long du mur principal donnent des airs de conservatoire de danse. L’alphabet latin côtoie le cyrillique parmi les slogans, prénoms, toponymes, symboles pacifistes ou anarchistes et autres cœurs qui essaiment sur certains d’entre eux. Comme sur le front, où certains militaires signent leurs bannières pour les envoyer à l’arrière. Mais, ici, ce sont les donateurs et les visiteurs qui signent, pour le plus grand plaisir des prochains visiteurs qui pourront y reconnaître le nom de leur ville, précise Tamara*, doctorante présente à la Cité depuis 2021, que ses pairs bénévoles présentent comme l’une des plus « activistes » d’entre eux. Ces drapeaux ont donc vocation à rester là, ajoute la jeune femme qui arbore, par-dessus son sweat-shirt noir, un petit pendentif de la forme du trident qui apparaît sur les armoiries de l’Ukraine. « Sauf peut-être quand la guerre sera finie ».

Pas de doute, ce safe point est le cœur battant de la communauté ukrainienne de la Cité. Plus encore, c’est un point de ralliement pour un certain nombre de réfugiés installés en région parisienne. Tout y est savamment ordonné. Une fois passé la porte, on observe une carte de l’Ukraine – Crimée comprise, cela va de soi. Aux nombreux vêtements de toutes sortes, classés par sexe et par âge au moyen d’affiches A4 écrites en anglais ou en ukrainien, s’ajoutent chaussures, déguisements, jouets, landaus, DVD et cassettes ou encore une robe de juriste. Quelques enfants s’amusent pendant que les parents ou les grands-parents enfilent des vêtements dans une cabine d’essayage improvisée derrière un rideau. Andreï*, résident qui se rend au centre de collecte pour la deuxième fois, s’extasie en trouvant sur une étagère un exemplaire d’un vieux livre avec lequel il a, petit, appris le français : « C’est ma madeleine de Proust ! ». Des leçons bien retenues.

À la spontanéité des débuts, dictée par la sidération et la hâte, a succédé une organisation minutieuse. Au début du conflit, les résidents, disséminés sur les 34 hectares de la Cité universitaire, se sont pour beaucoup rencontrés lors de manifestations dans Paris qui furent l’occasion de se passer le mot, avec l’aide d’autres étudiants internationaux. Bientôt, alors que les dons affluaient, il a fallu opérer à des tris plus systématiques, en concertation étroite avec les recommandations de l’association Safe, qui vient en aide aux réfugiés.

Tout le monde ne connaît pas le centre de collecte. Lorsque de nouveaux arrivants ukrainiens obtiennent un logement à la Cité, ils sont rapidement amenés à fréquenter le lieu, mais nombreux sont les résidents qui ignorent encore son existence. Clara*, étudiante française à Sciences Po dont c’est la première visite au centre de collecte, propose d’y remédier en affichant des prospectus dans le hall de sa propre résidence.

En une année d’existence, la Maison virtuelle de l’Ukraine a connu la dégradation d’un kakemono à son effigie, disposé à l’extérieur des bâtiments, qui fut recouvert un jour de quelques « Z », mystérieuses lettres peintes sur les véhicules de combat russes au début de l’invasion et symbolisant celle-ci depuis. Toutefois, le centre de collecte, installé dans un espace fermé, n’a jamais été vandalisé. Malgré quelques craintes, pas non plus de tension notable avec les quelques résidents russes de la Cité, dont aucun ne semble avoir manifesté publiquement de soutien à Vladimir Poutine, et dont l’une, opposante politique déclarée, s’est même assez longuement investie dans l’aide aux réfugiés ukrainiens. Au moins, la Cité internationale, pensée dès son origine comme un « campus pour la paix », ne s’est pas transformée en champ de bataille.

C’est désormais une équipe resserrée et cosmopolite qui veille au bon fonctionnement du centre et à la solidarité quotidienne. Il faut dire que les résidents de la Cité sont des étudiants à l’emploi du temps chargé entre cours, apprentissage du français et, pour certains, vie professionnelle. Ainsi, après quelques mois à fonctionner tous les jours, le centre n’ouvre plus ses portes que deux soirs et une matinée chaque semaine. Il n’empêche, quelques-uns sont bien sur le qui-vive « 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », nuance un volubile résident, installé à la « réception » du lieu où il veille à ce que le moindre donateur ou visiteur émarge. Lui affirme ne pas être de ces infatigables, mais espère aider ces derniers à « penser à autre chose qu’à la guerre ».

Les bénévoles forment, avec les visiteurs réguliers, une véritable « communauté », détaille le jeune Philippin qui porte au cou un badge orné d’un logo de la Cité aux couleurs de l’Ukraine et du mot « волонте́р » (« bénévole » en ukrainien). « 99 % » des visiteurs sont Ukrainiens mais « tout le monde est le bienvenu ici », ajoute-t-il, le contrôle des passeports ayant été abandonné pour permettre à d’autres exilés de récupérer de quoi se couvrir. « Dès que tu passes cinq minutes avec des réfugiés ukrainiens, ils cessent d’être des réfugiés ukrainiens : ce sont des personnes qui veulent être traitées pour ce qu’elles sont, des personnes avec des projets, des rêves… Faire partie d’une communauté, c’est comprendre cela », abonde-t-il, s’interrompant parfois pour lâcher un « merci ! » en langue slave aux personnes venues déposer un don.

La guerre au loin, mais au quotidien

Accessoires pour enfants au safe point
Accessoires pour enfants au safe point – photographie par Alban Wilfert.

De fait, si les résidents ukrainiens échangent collectivement sur des boucles de messagerie instantanée, il y est désormais plus souvent question de la vie quotidienne à Paris et des divers déboires que connaissent ces demandeurs d’asile face à la machine administrative française que des dernières nouvelles du front. Et on y parle en ukrainien. Malgré la relative diversité des langues maternelles des résidents venus de différentes régions, la question ne s’est pas posée.

Pour Natalia*, russophone de naissance, « quelque chose s’est passé » sur le plan linguistique, une « identification » de l’Ukraine à la langue ukrainienne dans laquelle, depuis son arrivée à la Cité, elle échange systématiquement avec ses compatriotes. « J’ai mon propre pays et ma propre culture, la culture c’est la langue ! », ajoute avec enthousiasme cette élève du cours Florent qui a récemment commencé, contre ses habitudes, la lecture d’une traduction ukrainienne d’Une maison de poupée d’Henrik Ibsen, « pour soutenir [s]on peuple ». Le russe n’est plus désormais que la langue dans laquelle elle communique avec sa famille, notamment avec sa grand-mère restée à Odessa. Au contraire d’Andreï, dont le beau-père portant l’uniforme a récemment été déployé dans le Donbass, à l’est du pays, Natalia ne s’inquiète plus tant pour elle ou pour ses connaissances restées sur place dont elle voit régulièrement les stories sur les réseaux sociaux : la ville côtière de la mer Noire est selon elle « l’endroit le plus sûr » du pays aujourd’hui.

« Oui, parce qu’Odessa veut faire partie de la Russie de toute façon, non ? », commente, un rien malicieux, Andreï. Une petite blague typique de l’ouest du pays, sous-titre immédiatement le jeune homme de 24 ans qui est né à Lviv et a fait ses études à Kyiv avant d’arriver à Paris dans les premiers mois de l’invasion. Odessa, qui est plus proche géographiquement de la Moldavie et de la Roumanie que de la Russie, a cette réputation de ville pro-russe. Il faut dire qu’elle a été fondée à la toute fin du XVIIIe siècle par l’impératrice Catherine II, dans la colonie de peuplement de la Nouvelle-Russie, un nom auquel fait encore fréquemment référence Vladimir Poutine dans ses objectifs affichés d’invasion. La ville, à conquérir plutôt qu’à détruire, est longtemps restée moins dévastée par la guerre que beaucoup d’autres.

La plaisanterie n’en serait pas une venant de certains, fait comprendre Natalia, qui précise que, en Ukraine, certains la mépriseraient de continuer à faire usage de la langue de Tolstoï. Blague à part, Andreï reconnaît qu’il est parfois « compliqué » de parler ukrainien étant donné ses réflexes de penser en russe. Mais « l’impact » de l’entourage qui est le leur depuis le début de la guerre le pousse à faire l’effort. Un effort de guerre ?

Pavel*, qui n’a pas été le dernier à sourire au trait d’humour d’Andreï, se reconnaît toutefois dans ces propos. « Certains de mes amis refusent de parler russe maintenant », déclare cet ancien étudiant en droit à Kyiv qui précise continuer d’échanger avec d’autres en russe, une langue qui « n’est pas seulement la langue des soldats, et tous les Russes ne sont pas des tueurs ». Après des décennies de régime soviétique où l’usage du russe aux côtés de l’ukrainien relevait de la norme, la question linguistique est devenue politique, voire militaire, avec la guerre. Dès 2014, avec l’annexion de la Crimée par Vladimir Poutine, une loi portée au parlement de Kyiv proposant de déchoir le russe et les diverses langues minoritaires du pays de leur statut de langue régionale qui permettait leur emploi dans l’administration, la justice ou l’enseignement a fait l’objet de vifs débats, divisant une population en grande partie bilingue. La loi ne fut finalement pas menée à son terme. Près d’une décennie plus tard, les réfugiés ukrainiens n’hésitent plus. Et quelques-uns des bénévoles français ont commencé à apprendre l’ukrainien.

De la même manière, « beaucoup d’Ukrainiens détestent » ceux des leurs qui ont fait le choix de quitter le pays, ajoute Pavel. Ce grand gaillard est parti pour la France après deux mois à vivre dans le tourment des « tirs de roquettes » sur la capitale et la crainte que les « sirènes » n’annoncent un bombardement atomique, des appréhensions qui l’ont finalement persuadé de quitter le pays comme le lui conseillait sa mère. Sans l’avoir souhaité au départ, il reconnaît aujourd’hui que c’était « une bonne idée ». À Paris, même s’il est, dit-il, « difficile de se rendre compte que notre famille et nos amis peuvent mourir à tout moment », et même si l’inquiétude reste présente, l’heure n’est plus aux réveils en larmes, au suivi frénétique de l’actualité des combats et aux appels quotidiens aux proches. Ceux-là mêmes veulent lui épargner un excès de stress. Cette guerre, « on l’accepte », déclare le jeune homme qui fait parfois des dons au gouvernement ukrainien et à la PrivatBank, premier établissement financier du pays. Lui qui projette de revenir en Ukraine, mais seulement une fois que la guerre sera terminée, s’estime heureux : « en Ukraine, on souffre plus que moi ». Ici, « il faudrait qu’on aille tous de l’avant, la vie continue ».

L’action plutôt que la résignation

Cette attitude semble assez communément partagée. Si on parlait ainsi de la guerre, ce serait « douloureux », continue Pavel, « en particulier pour ceux dont de nombreux amis sont morts en Ukraine », c’est pourquoi le sujet reste assez rare sur les applications de messagerie. En plus d’un an de guerre, chacun a traversé des moments de peur pour ses proches, des peurs parfois réalisées. La guerre, tous la vivent et, plus d’un an après, tous semblent vivre avec. Une expérience commune qui fonde, plutôt qu’un désespoir collectif, une attitude d’empathie pudique qui est de mise au safe point. Chacun a désormais conscience de ce que peut traverser un autre, explique Maryna*, dont la ville natale de Dnipro a été bombardée la veille et qui garde malgré tout le sourire. La jeune femme aux cheveux mi-longs précise avoir besoin, lorsque ce genre de choses arrive, de « cesser ce qu’elle est en train de faire » pour prendre des nouvelles de ses proches, avant de « souffler »… et de retourner au safe point pour reprendre son engagement bénévole, « c’est bon contre le stress, et mieux vaut utiliser cette énergie à bon escient ! ».

La peur et l’inquiétude ne sont pas absentes, mais elles tendent à rester confinées dans un cadre privé. Fatiha, à qui il arrive de passer des week-ends entiers dans l’espace « backstage » du centre de collecte pour faire l’inventaire des dons sur papier et sur Excel, reconnaît que la petite pièce abrite aussi parfois quelques bénévoles venus « pleurer » une mauvaise nouvelle, loin des regards. Ressortissante d’un pays arabe en guerre, l’étudiante estime s’aider elle-même en aidant d’autres réfugiés, dont il ne faudrait pas mettre à mal un moral déjà fragile.

Vêtements, drapeaux ukrainiens et porte vers l’espace backstage – photographie par Alban Wilfert.

Cependant, la solidarité envers ces derniers ne fait pas tout. Pour certains des bénévoles les plus actifs, l’engagement se fait aussi en direction du front. Dans les premiers jours du conflit, l’idée de retourner sur place pour combattre ou pour rejoindre leur famille a bel et bien traversé l’esprit des quelques Ukrainiens déjà logés à la Cité, qui se comptaient alors sur les doigts de la main. Il y a bien eu un sentiment d’impuissance lié à la distance des hostilités, qui donnait une forme de fatalité aux mauvaises nouvelles. Mais les jeunes gens en sont revenus. En effet, la mise en place du safe point, à laquelle Tamara a participé dès le début, a permis d’y remédier. Quand se présentent de nouveaux arrivants, partis à la hâte d’Ukraine après la destruction de leur maison, on leur donne des couvertures, mais on n’oublie pas de conserver vêtements chauds, nourriture déshydratée ou produits d’hygiène à destination des localités ravagées comme des « points chauds » du front. Ainsi, dès le 17 mars 2022, moins d’un mois après le lancement de l’invasion, 300 kilos de fournitures ont pu être envoyés à Tchernivtsi, ville de l’ouest du pays assez mal desservie et à laquelle peu d’aide était jusqu’alors parvenue.

Une sélection est systématiquement effectuée dans les biens rassemblés et, à l’heure actuelle, c’est environ une fois par mois que sont acheminés des aliments déshydratés et des produits d’hygiène, mais aussi de la nourriture pour bébés ou pour animaux de compagnie, autant de denrées désormais difficiles à se procurer près du front, le tout moyennant une attention soutenue aux dates d’expiration et de péremption. « On ne s’attendait pas à devoir faire autant de paperasse et de statistiques », confesse Tamara. S’occuper d’un réseau logistique à destination d’un pays en guerre, c’est aussi cela.

La doctorante est désormais convaincue d’être plus utile de là où elle est que si elle décidait de retourner sur place. « Où que tu sois, tu peux trouver le moyen d’être utile », argumente-t-elle : après plus d’un an à animer le centre de collecte, elle sait comment aider depuis sa position. À l’été 2022, elle est bien retournée en vacances quelque temps dans sa région d’origine, à l’ouest du pays. Ce lieu n’était pas sujet à l’invasion, mais la guerre se laissait percevoir « dans l’atmosphère », entre le retentissement des sirènes et une attitude « différente » des habitants. Tamara se sent donc, désormais, « plus attachée » à ce qui se fait à Paris, et en meilleure position pour aider, étant en contact régulier avec des organisations actives sur le sol ukrainien.

Cet état d’esprit fait visiblement consensus puisque, si plusieurs ont un temps connu la tentation du retour au pays ou y pensent encore parfois, aucun n’a, de mémoire de résident, concrétisé un tel projet. Et si quelqu’un venait à franchir le pas ? « Ce serait le choix de la personne et on ferait tout pour l’aider, on lui donnerait de quoi subvenir à ses besoins essentiels », affirme Tamara sans se décontenancer. La volonté est là, et les moyens aussi : il est ainsi déjà arrivé qu’une épouse de militaire ukrainien vienne chercher des vêtements à envoyer à son mari, de même qu’un bénévole soucieux d’appuyer son frère sur le front. La question n’est pas taboue. Et, là où il y a de quoi aider des exilés, il y a de quoi aider des volontaires.

Toutefois, à l’heure où les fausses nouvelles sur le conflit essaiment sur la toile, la participation à l’effort de guerre passe également, pour ces jeunes gens, par le partage d’informations sur les réseaux sociaux. Informations pratiques visant à donner à chacun la possibilité d’aider les réfugiés, mais aussi informations sur les hostilités sont au cœur de l’engagement de Maryna. La jeune femme a pris la route de l’exil dès le premier jour du conflit et, une fois arrivée à Paris, n’a pas tardé à passer de visiteuse du centre de collecte à bénévole. Lorsque des attaques ont lieu près de chez elle, elle s’informe d’abord auprès de sa famille, avant d’aller chercher les « informations officielles » de la ville et de les diffuser à ses quelques centaines de followers. Un petit air de Radio Londres 2.0, mais plus individuel qu’organisé, chacun usant pour cela de ses propres moyens, sans que le safe point et ses coulisses ne se transforment en quartier général improvisé.

Un type d’informations tient particulièrement à cœur à Maryna : celles qui concernent les prisonniers de guerre ukrainiens, maltraités par les forces russes. Un sujet d’autant plus sensible que, explique-t-elle, ceux qui sont finalement libérés n’en parlent guère, afin d’éviter de mettre en danger les autres. En Ukraine, « les journalistes le savent », assure-t-elle. Faire connaître cette réalité à l’étranger, c’est déjà sensibiliser à la cause ukrainienne, contribuer à garantir au pays un soutien international. C’est que, rappelle-t-elle sous l’œil approbateur de Tamara, « il nous faut plus d’armes ».

* Les prénoms ont été changés.

Si vous avez aimé cet article, nous vous conseillons également :

Laisser un commentaire