
Depuis 2016, le nombre d’accords de coopération en matière de défense et de sécurité bilatéraux et multilatéraux a fortement augmenté dans la région Indopacifique, reflétant la reconfiguration des équilibres de puissance et la fragmentation de l’ordre international[1].
En effet, la région est menacée par de nombreuses causes d’instabilité, en premier lieu la remise en question de l’ordre régional et du statu quo par la Chine. De fait, bien que les États-Unis restent un acteur majeur en Indopacifique, ils connaissent depuis les années 2010 un déclin relatif se traduisant par un retour aux tendances isolationnistes. Face à la fin de l’hégémonie américaine, la Chine développe une nouvelle stratégie d’influence, dans le but de devenir le nouveau pôle fédérateur et d’ imposer ses normes. Ces tensions sont, par ailleurs, exacerbées par la rivalité sino-américaine, qui s’est approfondie sous la forme d’une guerre commerciale durant le mandat du président américain Donald Trump (2017-2021).
À cela s’ajoutent la menace nord-coréenne et plus largement celle de la prolifération nucléaire, mais aussi les menaces « non traditionnelles », telles que la piraterie, principalement en mer de Chine et au large des côtes africaines, les groupes terroristes, les catastrophes liées au changement climatique, l’épuisement des ressources maritimes et plus récemment l’impact de la pandémie de Covid-19 qui a encore accru les tensions régionales, en particulier entre la Chine, les États-Unis et l’Australie.
Le terme d’Indopacifique ne représente pas tant une vision géographique qu’une vision politique, permettant d’établir un cadre au développement des objectifs nationaux, notamment par la mise en place de partenariats et d’accords de coopération stratégique. Les limites de l’Indopacifique peuvent donc varier d’un pays à l’autre, mais le Japon en a une vision étendue : il englobe la côte Est de l’Afrique jusqu’aux côtes Ouest du continent américain en passant par l’Australie. Cette délimitation large permet notamment d’inclure les États-Unis, principal allié du Japon, comme acteur régional. L’archipel intègre officiellement le concept 2016, exposant sa stratégie « Free and Open Indo Pacific » (FOIP) lors du discours de Abe Shinzō 安倍晋三, alors Premier ministre, durant la cérémonie d’ouverture de la sixième Conférence internationale de Tōkyō sur le développement de l’Afrique[2].


La FOIP est une stratégie concrète qui s’appuie d’une part sur le principe de « sekkyakuteki heiwashugi »「積極的平和主義」 (« contribution proactive à la paix »), à la base de la stratégie de sécurité nationale établie par une décision du cabinet du 17 décembre 2013[3], et d’autre part sur la « chikyūgi o fukan suru gaikō »「地球儀を俯瞰する外交」 (« politique diplomatique ayant une perspective panoramique mondiale »)[4]. Le but premier de la stratégie FOIP est donc d’établir un environnement propice au développement de liens économiques et diplomatiques, en s’appuyant sur trois piliers : « la promotion de l’État de droit, la liberté de navigation et du libre-échange », « la poursuite de la prospérité économique » et « l’engagement pour la paix et la stabilité »[5].
Ce dernier pilier représente la dimension sécuritaire de la stratégie japonaise. Si le Japon développe cette dernière en mettant en avant principalement la coopération en matière d’aide humanitaire et de réponse aux catastrophes naturelles, elle a pris une importance croissante dans la stratégie, conjointement à l’augmentation des tensions sécuritaires régionales, que le Japon reconnaît dans son livre bleu de la diplomatie 2020 :
「日本を取り巻く安全保障環境は、一層厳しさと不確実性を増している。国際社会におけるパワーバランスの変化が加速化・複雑化する中、国境を越える脅威が増大し、もはやどの国も、一国のみで自国の平和と安全を守ることができなくなっている。」[6]
« L’environnement sécuritaire entourant le Japon devient de plus en plus menaçant et incertain. Les changements dans les rapports de force sur la scène internationale s’accélèrent et deviennent plus complexes tandis que les menaces transnationales augmentent. Aucun pays ne peut plus protéger la paix et la sécurité par lui-même. »
La coopération en matière de défense et de sécurité est donc un enjeu crucial de la stratégie japonaise en Indopacifique, en particulier dans le cadre de la FOIP. L’objectif de cet article sera donc de comprendre comment le développement d’un réseau de partenaires permet au Japon d’œuvrer au maintien d’un équilibre régional qui lui bénéficie. Après nous être intéressés aux problématiques auxquelles cette coopération répond, nous analyserons l’impact de son développement sur la position japonaise dans la région.
Les objectifs du développement de la coopération en matière de défense
Menaces non traditionnelles et montée en puissance de la Chine : la stabilité régionale en danger
En mer de Chine de l’Est et mer de Chine du Sud, Pékin cherche à remanier l’ordre établi en sa faveur en remettant en cause l’équilibre des puissances, le droit international, et plus largement le système de valeurs politiques et économiques libérales[7]. Cela se traduit par le développement de ses capacités de projection, mais également par la revendication de sa souveraineté sur de nombreux territoires, entre autres avec l’utilisation de la stratégie de « zone grise »[8], dont les îles Senkaku, possédées de fait par le Japon[9].

La Chine emploie par ailleurs une stratégie de déni d’accès et interdiction de zone (A2/AD)[10] en mer de Chine méridionale pour imposer son contrôle, niant le droit à la liberté de navigation. Si le Japon ne possède pas de territoire dans cette zone, il y déploie cependant une présence pour faire face aux velléités expansionnistes de la Chine, en particulier en coopérant avec les États d’Asie du Sud-Est pour renforcer leurs propres capacités de défense.
En outre, la Chine n’est pas le seul État que le Japon perçoit comme une menace à la stabilité régionale. La Corée du Nord, dont les essais nucléaires sont de plus en plus nombreux, est une préoccupation majeure pour le Japon, qui abrite des bases militaires américaines et est à portée des tirs nord-coréens. De plus, la Russie maintient un « bastion » dans l’espace maritime des îles Kouriles, en mer de Chine orientale, qu’elle possède de fait, mais dont la souveraineté est disputée par le Japon. La stratégie russe du bastion est en réalité une forme de stratégie A2/AD, qui a pour but d’imposer son contrôle sur les eaux territoriales des Kouriles et la zone environnante.
Face à ces facteurs déstabilisants, le Japon a renforcé ses capacités de défense, notamment au niveau maritime. Pour assurer la liberté de navigation et le respect des sanctions contre la Corée du Nord, l’archipel a mis en place de nombreuses missions Intelligence, Surveillance, Reconnaissance (ISR)[11], mais ne peut pas garantir seul l’ordre établi. Le maintien des règles internationales, en particulier la liberté de navigation et le respect des espaces maritimes nationaux, est au cœur des accords de coopération stratégique que le Japon développe.
Au-delà des tensions entre États, le pays doit également faire face à l’accroissement des menaces non-traditionnelles, telles que la pêche illicite, la piraterie, le terrorisme, ou encore les catastrophes naturelles.
Plus spécifiquement, le Japon dépend fortement des ressources alimentaires et énergétiques étrangères et 90 % de son activité économique[12] passe par les lignes maritimes de commerce et de communication. Leur sécurisation face aux actes de piraterie est donc un objectif vital. Par exemple, le Japon a renforcé sa présence dans le Golfe d’Aden et le détroit d’Ormuz, zones cruciales pour l’acheminement des ressources énergétiques vers celui-ci.
Depuis sa base militaire à Djibouti installée en 2011, le Japon lutte, avec les autres puissances présentes sur place (la France, les États-Unis, l’Italie et la Chine), contre la piraterie, par des missions d’escorte des pétroliers dans le golfe d’Aden et des missions ISR à but dissuasif.

La lutte antipiraterie est également un domaine clé de la coopération entre le Japon et ses partenaires. Il participe, par exemple, au programme de développement des capacités de défense au centre d’entraînement de Djibouti (DRTC)[13]. De plus, en Asie, le Japon est membre de l’accord régional de coopération de lutte contre la piraterie et le vol armé de bateaux en Asie qui permet notamment l’échange d’informations sur le sujet entre gouvernements[14]. En outre, en Asie du Sud-Est, le Japon coopère au niveau de l’ASEAN[15] mais aussi sur le plan bilatéral[16] pour renforcer les capacités de réponse aux catastrophes naturelles[17].
La coopération comme outil de la stratégie diplomatique japonaise
Même si le Japon n’utilise pas l’expression de « diplomatie de défense » ou de « diplomatie militaire »[18] dans sa stratégie de défense, de nombreux chercheurs utilisent ces qualificatifs pour décrire la politique de coopération en matière de défense et de sécurité. La première occurrence de cette expression se trouve dans la « Strategic Defence Review » du gouvernement britannique en 1998. Plusieurs définitions de ces termes ont été proposées depuis. Dans le contexte japonais, les chercheurs Nishida Ippeita 西田一平太 et Watanabe Tsuneo 渡部恒雄 définissent la diplomatie de défense comme suit :
「主に平時において、自国の外交・安全保障目的の達成に向けて、国防当局ならびに軍の有する資産を他国との協力に用い、自らに望ましい影響を及ぼすこと。」[19]
« L’utilisation des moyens des autorités de défense et des forces armées en coopération avec d’autres pays, principalement en temps de paix, pour atteindre les objectifs diplomatiques et de sécurité nationaux et pour exercer une influence qui est favorable à leur réalisation. »
Le ministère de la Défense, les forces d’auto-défense (FAD) mais aussi les attachés de défense sont donc utilisés comme outils pour approfondir les liens diplomatiques et concrétiser la stratégie mise en place par le ministère des Affaires étrangères. En effet, dans le cadre de la FOIP, stratégie promue par ce ministère, la coopération en matière de défense et de sécurité entre bien dans la définition faite de la diplomatie de défense, même si cette dernière expression n’est pas officiellement utilisée par l’administration et la classe politique japonaise.
La coopération en matière de défense sert donc plusieurs intérêts. Tout d’abord, le développement d’une coopération militaire peut être un point de départ à une coopération plus vaste. Par exemple, l’accord de coopération stratégique avec l’Europe, qui a pris effet depuis peu dans la région Indopacifique (poussée notamment par la France), s’accompagne d’un accord de coopération économique.
Ensuite, la coopération permet d’introduire plus de transparence dans les relations de défense entre deux pays, au regard de leurs intentions et de leurs capacités. Le développement de la coopération en matière de défense et de sécurité est un outil important dans la construction de relations de confiance et dans le renforcement d’une perception commune de l’environnement sécuritaire[20]. Ce renforcement des liens s’opère avec les pays de la région, mais aussi avec les partenaires occidentaux, comme le Royaume-Uni ou l’Union européenne.
La mise en place d’un réseau de coopération a débuté avant 2016, mais a pris de l’importance depuis qu’elle est intégrée à la FOIP, et cet outil a permis au Japon de s’imposer comme un acteur majeur de la sécurité régionale.
Enfin, la création d’un réseau de partenaires de coopération permet au Japon de diversifier son réseau diplomatique et de gagner en crédibilité dans son rôle de grande puissance internationale, tout en créant un nouvel équilibre dans l’alliance nippo-américaine. En effet, dès sa signature en 1951, l’alliance institue une relation profondément asymétrique, puisque les États-Unis s’engagent à défendre le Japon en cas d’attaque, mais l’inverse n’est pas vraie.
Elle représente un gage majeur de stabilité en Asie mais, depuis la fin de la guerre froide, le Japon s’inquiète de plus en plus d’un repli stratégique des États-Unis, alors même que la Chine se donne les moyens de s’imposer comme puissance stratégique dans la région. Ces inquiétudes ont été un argument dans le développement d’une stratégie de défense nationale et cette prise d’indépendance japonaise a, par ailleurs, été encouragée par les États-Unis, qui reviennent à des positons plus isolationnistes depuis 2008[21].
Malgré ces dynamiques, l’alliance reste au cœur de la stratégie du Japon, qui ne peut pas espérer maintenir un système libéral seul face à la montée en puissance de la Chine et la menace nord-coréenne. De fait, la nécessité d’approfondissement de l’alliance est mentionnée dans la stratégie de défense nationale de 2013[22] et Tōkyō prend depuis lors de nombreuses initiatives dans l’alliance, avec pour objectif de maintenir les États-Unis ancrés dans la région, tout en construisant une position nationale plus indépendante.
Quel est l’impact concret du développement de la coopération en matière de défense et de sécurité ?
Le Japon de devient un acteur majeur de la sécurité régionale
Depuis l’arrivée d’Abe Shinzō au poste de Premier ministre en 2012, le Japon a adopté une politique de diversification de ses liens diplomatiques et stratégiques. Il a notamment revitalisé l’alliance quadrilatérale avec les États-Unis, l’Australie et l’Inde. Avant tout diplomatique, cette alliance possède un volet de coopération stratégique et constitue un outil significatif pour maintenir l’équilibre des puissances en Indopacifique[23].
Bien qu’il y ait des différences au niveau politico-militaire entre les quatre puissances sur la position à adopter face à la Chine, le « Quad » a entrepris de nombreuses actions au niveau opérationnel. Les différents exercices militaires conjoints, notamment les exercices annuels Malabar comprenant des manœuvres sous-marines, de surface et aéronavales, ont renforcé l’interopérabilité dans la lutte anti-sous-marine, la lutte antipiraterie, les opérations de déminage, de surveillance maritime et de réponse aux catastrophes naturelles[24].
De plus, le partage d’informations, qui concerne principalement la connaissance du domaine maritime (Maritime Domain Awareness, MDA), permet aux quatre puissances de collaborer dans la surveillance des mers en couvrant à eux quatre l’entièreté de l’Indopacifique de manière continue. Dans le cadre du Quad, il n’y a pas encore de développement de l’interopérabilité par le transfert et le partage de technologie, mais le Japon et l’Australie possèdent de nombreux équipements américains, ce qui facilite la coopération lors des exercices conjoints, même si le matériel indien est encore à 62 % d’origine russe[25].
En dehors du Quad, le Japon élabore des coopérations en matière de sécurité maritime avec d’autres puissances occidentales, dont la France depuis 2013 et l’Union européenne depuis 2021.
La coopération entre la France et le Japon en matière de sécurité est institutionnalisée par le partenariat d’exception[26] et les deux pays développent des projets concrets en faveur de la paix, de la stabilité et de la prospérité. La stabilité de la région est au cœur de la stratégie du Japon et la France est, parmi les pays d’Europe, le partenaire le plus évident dû à sa forte présence militaire, notamment à Djibouti et en Polynésie française. De son côté, la coopération avec le Japon est, pour la France, partie intégrante du renouveau de son engagement dans la région.
Au niveau stratégique, la coopération se concentre sur l’interopérabilité et le partage d’informations et de technologies. Le Japon et la France ont donc conduit des exercices militaires conjoints bilatéraux, par exemple en 2015, lorsque la frégate de surveillance Vendémiaire et la frégate japonaise Abukuma ont participé à un entraînement commun en mer de Chine orientale. De plus, l’accord d’acquisition et de soutien logistique (ACSA), signé en 2018 et entré en vigueur en 2019, a pour but de faciliter leur coopération lors d’exercices conjoints, d’opérations de maintien de la paix ou d’actions humanitaires et de secours à la population[27].
En outre, le Japon a tout intérêt à mobiliser d’autres puissances occidentales en Indopacifique, même si elles n’y ont pas, ou peu, de présence territoriale. Le Japon a donc amorcé sa coopération stratégique avec l’Union européenne en signant l’accord de partenariat stratégique (SPA) en 2021. La même année, il débute les négociations pour un accord de coopération avec le Royaume-Uni, qui venait d’annoncer son « tilt » vers l’Indopacifique. Même si ces coopérations ne sont pas encore pourvues d’actions concrètes, elles sont pour le Japon de nouveaux outils pour s’imposer en tant que puissance maritime régionale et moteur du renforcement et du développement du système libéral en Indopacifique.
Le développement de la politique de coopération donne aussi au Japon l’occasion de renforcer son importance comme partenaire des pays de l’ASEAN. L’objectif est de proposer un système alternatif, basé sur les règles du droit international, à celui de la Chine. Ils coopèrent principalement sur les questions de sécurité maritime en mer de Chine du Sud. De nombreux pays de la zone entretiennent des relations complexes avec la Chine, étant économiquement dépendants, tout en entretenant une relation conflictuelle au niveau diplomatique et stratégique, notamment sur les questions de souveraineté territoriale en mer de Chine du Sud[28].

Par ailleurs, la relative neutralité du Japon dans le conflit sino-américain en fait un partenaire de choix pour les membres de l’ASEAN, qui souhaitent maintenir la « centralité de l’ASEAN »[29], et ne pas encourager un jeu politique divisé entre les deux grandes puissances que sont la Chine et les États-Unis[30]. Le Japon a par ailleurs pris des initiatives dans cette coopération avec la publication de la « vision Vientiane » en 2016, expliquant les priorités de la coopération de défense. Cette annonce a été accueillie favorablement par l’ASEAN, et mise à jour en 2019. Dans ce cadre, peu d’exercices militaires conjoints sont menés, dû à la volonté de maintien de la neutralité, ainsi qu’aux capacités militaires limitées des États d’Asie du Sud-Est. Notons néanmoins l’exercice de garde-côte multinational conduit par le Japon et les Philippines en 2017, incluant les garde-côtes de l’Indonésie, de la Malaisie et du Vietnam ainsi que des États-Unis[31]. Dans le contexte de tensions accrues en mer de Chine du Sud depuis 2016, cet exercice, qui avait pour objectif d’améliorer les capacités de défense des eaux territoriales, a envoyé un message clair de lutte contre les stratégies chinoises de déni d’accès et de zone grise.
Par ailleurs, le Japon contribue au renforcement des capacités de défense des pays de la zone par le transfert de technologie, ainsi que le financement d’équipement de défense. Il a par exemple financé l’achat de dix vaisseaux de patrouille par le gouvernement des Philippines en 2016. L’investissement japonais dans le renforcement des capacités des États de l’ASEAN permet à ces derniers de développer leurs propres opérations de défense, que celles-ci concernent la lutte antipiraterie ou la dissuasion de potentielles intrusions de vaisseaux paramilitaires ou de pêche.
Les limites de la coopération de défense à l’avancée des intérêts japonais
Le développement de la coopération de défense, que cela soit par des exercices conjoints ou par l’échange d’informations et de technologies, exige la planification, la coordination et l’évaluation de ces projets. Par ailleurs, une coopération réellement efficace, basée sur une compréhension mutuelle, nécessite la formation du personnel militaire aux enjeux diplomatiques et une connaissance des intérêts et de la culture des pays avec lesquels elle a lieu. Ceci permet de faciliter la coopération lors des exercices militaires conjoints et de fait développer rapidement l’interopérabilité. Or, même si le Japon fait des efforts en ce sens, la coordination entre les différents niveaux d’action et la formation des personnels militaires doit encore progresser[32].
Les pays du Quad, par exemple, partagent la volonté de faire contrepoids aux velléités expansionnistes chinoises, mais n’ont pas de vision commune de l’ordre régional. L’Inde et le Japon, entre autres, coopèrent assez peu sur le plan bilatéral, et ont donc une compréhension mutuelle limitée des intérêts de chacun. En outre, si le Japon, les États-Unis et l’Australie souhaitent maintenir l’ordre régional et international actuel, dans lequel les États-Unis jouent un rôle de leadership important, l’Inde a critiqué le maintien de cette situation géopolitique à de multiples reprises. Si l’Inde, en tant que démocratie, ne veut pas d’un ordre international mené par une puissance autoritaire comme la Chine, elle souhaite amender l’ordre existant pour mieux favoriser son développement en termes d’influence sur la scène régionale et internationale. Le manque d’une vision commune au-delà de l’opposition aux ambitions chinoises pose des limites à la coopération.
Enfin, le Japon possède des moyens militaires limités face à un environnement de plus en plus hostile. La Chine accroît ses tentatives de déstabilisation régionale, en particulier en mer de Chine méridionale, et le Japon manque de moyens pour pouvoir agir si la situation dérivait en un conflit ouvert. Notons que la récente intensification des manœuvres chinoises dans la région, telles que la reprise en main de Hong-Kong ou l’augmentation des incursions dans l’espace aérien de Taïwan, sont prises en compte par le Japon qui a annoncé doubler son budget à la défense, qui représentera alors 2 % de son PIB. Cette décision montre donc bien la volonté japonaise de développer une stratégie de défense nationale, au-delà de la coopération de défense avec les pays voisins et ses alliés.
En conclusion, la coopération en matière de défense de sécurité est développée par le Japon dans le cadre de la FOIP dans le but de répondre aux menaces non-traditionnelles, mais aussi à l’instabilité créée par la montée en puissance de la Chine et afin de faire avancer les intérêts diplomatiques japonais à travers un réseau de partenaires. Cette politique de coopération a permis au Japon de s’imposer comme un acteur prééminent dans l’environnement sécuritaire en Indopacifique.
Cependant, la coopération ne suffit pas à elle seule à atteindre les objectifs fixés par la stratégie de sécurité nationale. Par exemple, tous les partenaires du Japon n’ont pas la même vision de l’environnement régional, ce qui peut mener à des impasses dans la coopération. D’autre part, l’intensification des menaces régionales et le désengagement relatif des États-Unis dans la région appellent au renforcement de ses propres capacités militaires, en parallèle de la politique de coopération, dans l’objectif de prendre son indépendance stratégique et maintenir la maîtrise de la mer face à la montée en puissance de la Chine.
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[1] MUNIER Frédéric et TELLENNE Cédric, « Tableau géopolitique du monde au début du XXIe siècle : un nouvel ordre mondial ? », dans DELAMOTTE Guibourg (dir.) et TELLENNE Cédric (dir.), Géopolitique et géoéconomie du monde contemporain : puissance et conflits, Paris, La découverte, 2021, 632 p., pp. 113-130
[2] ABE Shinzō 安倍晋三, TICAD VI kaikai ni atatte abe shinzō nihonkoku sōri daijin kichō enzetsu TICAD VI開会に当たって・安倍晋三日本国総理大臣基調演説 (« Discours du Premier ministre S.E.M. Shinzo ABE Cérémonie d’ouverture de la sixième Conférence internationale de Tōkyō sur le développement de l’Afrique (TICAD VI) »), Nairobi, Kenyatta International Convention Centre (KICC), 2016, [en ligne] https://www.mofa.go.jp/mofaj/afr/af2/page4_002268.html (dernière consultation le 27/06/2022)
[3] Naikaku kanbō 内閣官房, kokka anzen hoshō senryaku ni tsuite 国家安全保障戦略について (« À propos de la sécurité nationale et de la stratégie »), Tōkyō, Naikaku kanbō 内閣官房, 2013, 32 p., [en ligne] https://www.cas.go.jp/jp/siryou/131217anzenhoshou/nss-j.pdf (dernière consultation le 27/06/2022)
[4] Gaimushō 外務省, « Heisei nijūkyū-nen do kaihatsu kyōryoku jūten hōshin » 平成29年度開発協力重点方針 (« Priority Policy for Development Cooperation FY2017 »), dans Ministry of Foreign Affairs of Japan, Tōkyō, Gaimushō, 2017, 13 p., [en ligne] https://www.mofa.go.jp/mofaj/gaiko/oda/files/000245509.pdf (dernière consultation le 27/06/2022)
[5] Gaimushō 外務省, « Free and Open Indo-Pacific Basic Thinking Material », dans Ministry of Foreign Affairs of Japan, Tōkyō, Gaimushō, 5 p., [en ligne] https://www.mofa.go.jp/files/000430632.pdf (dernière consultation le 27/06/2022)
[6] Gaimushō 外務省, « 2019 nen no kokusai jōsei to nihongaikō no tenkai » 2019年の国際情勢と日本外交の展開 (« Situation internationale en 2019 et développement de la diplomatie japonaise »), dans Gaikōseisho 2020 外交青書2020 (« Livre bleu diplomatique 2020 »), Tōkyō, Gaimushō, 2020, pp. 10-22, [en ligne] https://www.mofa.go.jp/mofaj/gaiko/bluebook/2020/pdf/pdfs/1_2.pdf (dernière consultation 27/06/22)
[7] MOTTE Martin, « La stratégie, les relations internationales et le système international », dans DE LESPINOIS Jérôme, MOTTE Martin, SOUTOU Georges-Henri et ZAJEC Olivier, La mesure de la force : traité de stratégie de l’École de guerre, Paris, Tallandier, 2018, 414 p., p. 30
[8] Dans ce cas l’expression de zone grise désigne les incursions chinoises dans les eaux territoriales d’autres pays, dont le Japon, dans le but de créer une situation de forte tension, sans pour autant créer un conflit ouvert.
[9] KANEHARA Nobukatsu 兼原信克, Anzenhoshō senryaku 安全保障戦略 (« Stratégie de défense et de sécurité »), Tōkyō, Nihon keizai shuppan honbu 日本経済新聞出版, 2021, 429 p., p. 229
[10] Cette stratégie dite A2/AD consiste à restreindre voire empêcher les forces de l’adversaire de pénétrer et/ou de manœuvrer dans la zone concernée.
[11] L’objectif de ces missions est d’observer et de récolter des informations sur les activités des autres acteurs en mer, en particulier de ceux perçus comme de potentielles menaces. Dans le cas du Japon, les missions ISR observent en autres les activités de la Chine, de la Russie, de la Corée du Nord et des groupes de piraterie trans-nationaux.
[12] Japan Maritime Self Defense Force, « Mission of JMSDF », dans Japan Maritime Self Defense Force, Tōkyō, [en ligne] https://www.mod.go.jp/msdf/en/about/role/ (dernière consultation le 27/06/2022)
[13] Gaimushō 外務省, Jiyūde akareta indotaiheiyō ni muketa nihon no torikumi 自由で開かれたインド太平洋に向けた日本の取組 (« Les efforts du Japon pour un Indo-Pacifique libre et ouvert »), Tōkyō, Gaimushō, 9 p., [en ligne] https://www.mofa.go.jp/mofaj/files/100056238.pdf (dernière consultation le 27/06/2022)
[14] ReCAAP ISC, « About ReCAAP Information Sharing Centre, combating maritime robbery, sea piracy », dans ReCAAP, Singapour, ReCAAP ISC, [en ligne] https://www.recaap.org/about_ReCAAP-ISC (dernière consultation le 27/06/2022)
[15] « Association of Southeast Asian Nations », fondée en 1967, cette association économique et politique comprend le Brunei, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, le Myanmar, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam.
[16] Par exemple avec le Bangladesh, le Pakistan, les Maldives, les Philippines, le Sri Lanka, la Thaïlande ou encore le Vietnam.
[17] Gaimushō 外務省, Jiyūde akareta indotaiheiyō ni muketa nihon no torikumi 自由で開かれたインド太平洋に向けた日本の取組 (« Les efforts du Japon pour un Indo-Pacifique libre et ouvert »), loc. cit.
[18] PATALANO Alessio, « Japanese Military Diplomacy », dans BROWN James, DELAMOTTE Guibourg et DUJARRIC Robert, The Abe Legacy: How Japan Has Been Shaped by Abe Shinzō, Lanham, Lexington Books, 2021, 316 p., pp. 107-124
[19] NISHIDA Ippeita 西田一平太 et WATANABE Tsuneo 渡部恒雄, Bōei gaikō to wa nani ka – heiji ni okeru gunji-ryoku no yakuwari, 防衛外交とは何か-平時における軍事力の役割 (« Qu’est-ce que la diplomatie de défense – Le rôle des forces militaires en temps de paix »), Tōkyō, Keisō Shobō 勁草書房, 2021, 320 p., p. 7
[20] COTTEY Andrew et FOSTER Anthony, « Reshaping Defense Diplomacy: New roles for military cooperation and assistance », dans Adelphi Paper, n°365, Oxford, Oxford University Press for International Institute for Strategic Studies, 2004, 84 p.
[21] PAJON Céline, « L’alliance nippo-américaine, le Japon reprend la main », dans Guibourg Delamotte (dir.) Le Japon dans le monde, Paris, CNRS éditions, 2019, 251 p., pp. 97-112
[22] Kokka anzenhoshō kaigi 国家安全保障会議, Kokka anzenhoshō senryaku 国家安全保障戦略 (« stratégie de sécurité nationale »), Tōkyō, 2013, 32 p. [en ligne] https://www.cas.go.jp/jp/siryou/131217anzenhoshou/nss-j.pdf (dernière consultation le 27/06/22)
[23] KANEHARA Nobukatsu 兼原信克, Anzenhoshō senryaku 安全保障戦略 (« Stratégie de défense et de sécurité »), Tōkyō, Nihon keizai shuppan honbu 日本経済新聞出版, 2021, 429 p., p. 259
[24] HANEDA Ryosuke, « The Role of U.S.-Japan-Australia-India Cooperation, or the “Quad” in FOIP: A Policy Coordination Mechanism for Rules-Based Order », dans Strategic Japan Working Papers Series, Tōkyō, Center for Strategic & international Studies, 2020, 17 p., p. 12 [en ligne] https://csis-website-prod.s3.amazonaws.com/s3fs-public/FINAL_Working%20Paper_Ryosuke%20Hanada.pdf (dernière consultation le 27/06/22)
[25] Ibid., p. 13
[26] Partenariat de coopération signé entre la France et le Japon en 2013 et renouvelé en 2019. Il couvre la coopération en matière de sécurité et de défense mais aussi la coopération culturelle.
[27] GENUA Melissa, « France – Japon : 160 ans de relations – Le Japon, invité d’honneur au défilé du 14 juillet 2018 », dans La France au Japon, Paris, Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, 2018, [en ligne] https://jp.ambafrance.org/-160e-anniversaire-des-relations-franco-japonaises- (dernière consultation le 27/06/2022)
[28] Les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, l’Indonésie et le Brunei ont tous des disputes territoriales avec la Chine en mer de Chine méridionale. Même si les Philippines ont gagné contre la Chine dans le procès concernant leur dispute territoriale sur plusieurs îles et récifs en mer de Chine du Sud, la Chine continue ses opérations de déni d’accès.
[29] Inscrite dans la charte de l’ASEAN, cette expression signifie que l’organisation a pour objectif d’être le centre de l’architecture de la région Asie-Pacifique. Dans ce cadre, elle s’oppose donc aux initiatives qui pourraient fracturer la coopération régionale et exclure ou antagoniser un ou des acteurs de la région.
[30] NISHIDA Ippeita 西田一平太, WATANABE Tsuneo 渡部恒雄, op. cit., p. 14
[31] BRADFORD John, « Japan Takes the Lead in Western Pacific Maritime Security », dans Asia Policy, vol. 16, n°2, Seattle, The national bureau of Asian research, 2021, 151 p., pp. 81-102, p. 88
[32] NISHIDA Ippeita 西田一平太, WATANABE Tsuneo 渡部恒雄, op. cit., p. 18