La bataille du pont d’Arcole qui a lieu du 15 au 17 novembre 1797 se déroule lors de la première campagne d’Italie (2 avril 1796 au 10 décembre 1797) menée par Napoléon Bonaparte lui-même. Depuis le début de l’été, une garnison autrichienne était assiégée à Mantoue. Située à 45 km à vol d’oiseau, la ville de Vérone prenait alors un intérêt stratégique pour les Autrichiens qui devaient emprunter cette route afin de rejoindre Mantoue.
Pour ce faire, le commandant autrichien Josef Alvinczy – vétéran de la guerre de Sept Ans – avait une coalition rassemblée sous ses ordres et sous ceux du général autrichien Davidovitch. Ses troupes arrivant du Frioul et celles du second général venues du Tyrol devaient se rejoindre à Vérone. Les commandants français, Napoléon en premier lieu, avaient conscience qu’une fois Vérone et Mantoue aux mains des Autrichiens, tous les efforts qu’ils avaient fournis lors de ce début de campagne seraient vains. L’Italie serait à la merci de l’ennemi, la péninsule serait perdue.
La route de Vérone, que Josef Alvinczy devait prendre, était coincée entre les montagnes du Tyrol au nord, et les terrains marécageux du confluent de l’Adige et l’Alpone au sud. Sachant que ce terrain était fort peu praticable par une armée, le général français comprenait néanmoins qu’ici, plus que partout ailleurs, la supériorité numérique autrichienne ne serait d’aucune aide à Alvinczy. Bien au contraire, elle pourrait même se révéler être un obstacle.
La bataille du pont d’Arcole, qui s’étalait déjà sur trois jours, fut précédée de quelques combats préliminaires. Le 5 novembre, Bonaparte, accompagné d’Augereau, rejoint Masséna à Vincence. Le lendemain, ils se retirent sur l’Adige tandis que les Autrichiens, qui se portaient sur Trévise et Bassano s’arrêtent à Caldiero, à deux jours de marche de Vérone. Le 8 novembre, Napoléon est, quant à lui, à Vérone. Le 12 novembre enfin, les Français attaquent Caldiero. La place passe des mains d’une armée à l’autre à plusieurs reprises. Il ne s’agit que d’efforts infructueux pour les Français qui, la nuit tombée, abandonnent la ville aux Autrichiens.

Napoléon Bonaparte se doit alors de réfléchir vite et d’agir en conséquence. Davidovitch avait attaqué la veille avec un franc succès les troupes françaises non loin de Rivoli. La menace d’une réunion des deux armées à Vérone se fait de plus en plus pressante. Le général prend une décision audacieuse, celle de surprendre Alvinczy en se retranchant sur ce terrain marécageux à flanc de montagne. Ainsi, il fait camper l’armée française avec la droite appuyée sur les marais d’Arcole et fait occuper deux têtes de pont, celle de Legnano et celle d’Arcole. Alors que les événements se concentrent sur cet élément qu’est le pont, il s’agissait initialement d’un simple moyen de se rendre à Villanova afin de bloquer et affamer les troupes autrichiennes.
Le 15 novembre au matin, Napoléon et ses hommes longent la rive droite de l’Alpone, atteignent Arcole et son pont mesurant 4 mètres de large sur 25 de long. Celui-ci est alors gardé par un millier de Croates armés de deux canons. Les Français tentent de forcer le passage mais sont pris sous le feu non seulement des canons croates mais aussi des armées autrichiennes situées sur l’autre rive. Les commandants Vernes, Lannes et Verdiers sont blessés. Augereau prend leur suite et mène un nouvel assaut avec les quelques troupes encore rangées. Napoléon arrive en personne et, comme dans la scène dépeinte par Horace Vernet dans son tableau La bataille du pont d’Arcole, saisit à l’instar d’Augereau un drapeau et harangue ses troupes pour les encourager à poursuivre l’offensive.

Malgré ses efforts, il fut peu suivi. Napoléon, à découvert, doit sans doute son salut au cessez-le-feu ordonné par un Autrichien, qui, voyant tant de gradés face à lui, cru à l’arrivée de parlementaires, et non d’hommes armés, venus pour se battre. L’armée française est dans un désordre complet. Napoléon Bonaparte bat en retraite mais ses hommes prennent ce geste pour un ordre d’abandonner leur positions et s’enfuient donc dans la confusion la plus totale. C’est alors que le général français tombe dans le marécage boueux. Lui qui, quelques moments auparavant, avançait en tête de ses hommes vers l’ennemi, n’attendait plus que l’aide de son frère pour s’extirper de la rivière. L’armée avait alors perdu trop d’hommes, entre autres le général Vignolles et l’aide de camp Muiron. La situation était dangereuse pour les Français qui se repliaient sur Ronco.

Le 16 novembre, plusieurs attaques ont lieu. Masséna prend l’ascendant sur la colonne du général Provera, Napoléon aussi prend d’assaut les Autrichiens. De son côté, Vaubois tient toujours en échec Davidovitch. Les troupes sont épuisées, la situation ne bouge pas, mais l’armée part à nouveau au combat le lendemain. Vient enfin le 17 novembre. Napoléon est confiant en apprenant que les troupes autrichiennes ont été vivement affectées par les combats et que leur supériorité numérique n’est plus aussi inquiétante qu’au début de l’offensive. Il ne laisse qu’une demi-brigade à Ronco et mène ses troupes au combat. Augereau attaque le flanc autrichien qui se portait sur Ronco. Napoléon a enfin accès à la route de Vérone. Face aux positionnements français, Josef Alvinczy, qui avait déjà reculé sur Villanova, ordonne la retraite sur Vicence. La France est enfin victorieuse.
Par sa topographie, cette bataille était avant tout une affaire de fantassins et dans une moindre mesure de cavalerie. L’artillerie ne pouvait être que très peu exploitée. Arcole vit trois jours de guerre de mouvements, d’embuscades et d’escarmouches, davantage que de batailles en ordre rangé. L’issue de ces journées n’était pas jouée d’avance, car comme le raconte Louis Bonaparte (le frère de Napoléon), les troupes françaises étaient en piteux état. Le jeune général évoque la situation des soldats n’ayant ni vivres ni vêtements, n’ayant plus aucune envie de se battre et qui attendaient un prompt cessez-le-feu. Napoléon Bonaparte a su cependant tirer d’eux leurs dernières forces, afin d’arracher une victoire incertaine face aux Autrichiens. Les dégâts humains furent équivalents, chaque camp perdant environ 6 000 à 7 000 hommes.
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