Cette recension a préalablement été publiée dans la lettre n°14 BIS de la Commission Française d’Histoire Militaire en avril 2022. Nous partageons ce texte avec leur autorisation et celle de l’auteur, Michel Lousteau.
En 1812, les États-Unis ont failli disparaître sous les coups des Red Coats. La jeune république ne comptait en 1783 que 87 soldats réguliers, et l’effectif de l’US Army s’élevait en 1802 à 3 220 militaires, sans cavalerie, jugée trop onéreuse par le président Jefferson. Divisés entre les partis fédéraliste et démocrate-républicain, les États-Unis abritent encore 450 à 500 000 loyalistes, et 70 000 se sont réfugiés au Canada. Sans égards pour la neutralité de Washington, la Royal Navy a capturé et enrôlé de force 10 000 matelots et citoyens américains. Le 22 juin 1807 une frégate anglaise tire sans sommation sur un vaisseau de l’US Navy. Arguant du soutien britannique à la Confédération indienne du chef shawnee Tecumseh, le président Madison obtient le 18 juin 1812 du Congrès une déclaration de guerre au Royaume-Uni[1] .
Avec 7 000 hommes, les Américains font face à 5 200 réguliers britanniques renforcés par 10 000 miliciens canadiens et par les tribus indiennes. Les échecs américains dans la zone des Grands Lacs sont compensés par les succès de la petite US Navy sur l’Océan où les corsaires des deux nations s’affrontent. En 1813, les Américains reprennent Détroit et Tecumseh est tué ; ils entrent dans York (Toronto) et l’incendient. Le 26 octobre, les Anglo-Canadiens et les Mohawks du lieutenant-colonel Charles de Salaberry écrasent les 4 000 hommes de Wade Hampton à Châteauguay. Le 11 novembre, les 8 000 Américains de Wilkinson sont culbutés à Crysler’s Farm ; Montréal est sauvée.
Pour les deux belligérants, l’année 1814 est décisive. Les Anglais ont 4 250 hommes dont 2 500 vétérans des guerres napoléoniennes. Le 24 août, Washington est prise et livrée aux flammes, mais Baltimore tient bon. Dans le sud, les Creeks sont battus en Alabama. Les négociations de Gand envisagent le retour au statu quo ante bellum et un traité de paix est signé le 24 décembre, sans pour autant mettre fin aux hostilités. Une flotte anglaise se présente devant La Nouvelle-Orléans, où les Créoles et les flibustiers « Baratariens » de Jean et Pierre Lafitte se rallient à Andrew Jackson, conseillé par le général Jean Humbert (1767-1823). Les Anglais essuient un échec qui leur coûte le tiers de leur effectif[2].
Secrétaire d’état à la Guerre en 1814, James Monroe est élu président en 1820 et définit en 1823 sa doctrine qui exclut désormais les puissances européennes du Nouveau Monde. La guerre de 1812-1815 a posé les bases du nationalisme étatsunien qui deviendra impérialiste avec Alfred T. Mahan et Théodore Roosevelt.
Michel LOUSTAU secrétaire général de la Commission Française d’Histoire Militaire
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Bibliographie
ROUSSILLON Sylvain, L’Autre guerre d’indépendance. 1812, histoire de la deuxième guerre américaine, Éditions de L’Artilleur, 2020, 192 p.
[1] ROUSSILLON Sylvain, L’Autre guerre d’indépendance. 1812, histoire de la deuxième guerre américaine, Éditions du Toucan ; L’Artilleur, 2020, 192 p., p. 35
[2] Ibid., p. 160