Le langage populaire est emprunt de termes ou d’expressions issus du champ militaire. Cette contribution culturelle ne passe pas inaperçue, pourtant, certains de ses éléments demeurent inconnus.
C’est le cas de certaines phrases, qu’on se prend à dire ou redire, sans forcément connaître leur origine (tout du moins présumée).
Deux exemples : « j’y suis, j’y reste » et « qui s’y frotte s’y pique ».
Deux formulations faciles à comprendre, somme toute logique. Pourtant, qui connaît les petites anecdotes à leur propos ?
La première remonte à la guerre de Crimée. Lors du siège de Sébastopol, le général de division Mac Mahon s’empara de la forteresse de Malakoff. Alors présent au sommet de celle-ci, un officier vint le prévenir que la position était minée et qu’il fallait donc la quitter. On prêta alors à Mac Mahon cette réponse : « j’y suis, j’y reste ». Le principal intéressé évoqua, quant à lui, une confusion avec un autre événement, quand les Britanniques lui demandèrent s’il pourrait tenir Malakoff. Ce à quoi il aurait répondu que le drapeau tout juste planté au sommet y resterait.

La seconde, « qui s’y frotte s’y pique », ne renvoie pas à un événement particulier, puisque ses origines sont toujours à déterminer et sembleraient plutôt se superposer. Parmi celles-ci, on peut citer la traduction littérale de la devise de la ville de Nancy, Non Inultus Premor, après la victoire contre Charles le Téméraire en 1477, lors de laquelle ce dernier perdit d’ailleurs la vie.

Ces deux phrases découleraient donc de deux événements militaires. Elles se sont popularisées au fil de leurs réutilisations, qui, pour certaines, s’inscrivent toujours dans le cadre militaire, à l’instar de certaines devises. Celles-ci permettent de distinguer les unités en soulignant leurs qualités ou leur historique. « J’y suis, j’y reste » fut ainsi celle du 3e régiment de Zouaves qui participa au siège de Sébastopol, tandis que « qui s’y frotte s’y pique » fut employée par le 26e régiment d’infanterie dont la garnison se situait en périphérie de Nancy.
Chaque unité reprend ainsi des devises (plusieurs unités pouvant avoir la même), certaines sont d’ailleurs employées régulièrement dans la vie de tous les jours sans que soit forcément connues leur (ré)-utilisation ou origine dans le domaine martial. Leur grand nombre implique forcément une multitude d’anecdotes, certaines apportant des précisions historiques.
Cependant, devant cette abondance, on peut être rapidement perdu. Un militaire et héraldiste français, Alban Pérès, s’est donc attelé à la création d’un ouvrage répertoriant les devises des forces armées françaises, avec des explications et, généralement, les illustration des insignes des unités : Devises de l’armée française : de l’Ancien Régime au XXIe siècle. Bien que l’œuvre conviendra davantage à un public précis, cherchant justement ces informations particulières, et aux passionnés d’Histoire militaire, il n’en demeure pas moins une somme intéressante, instructive, à même d’apporter des précisions historiques sur des devises et citations. Pour preuve, les informations utilisées pour cette brève en sont issues !

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Bibliographie :
PÉRÈS Alban, Devises de l’armée française : de l’Ancien Régime au XXIe siècle, Nice, Arcadès Ambo, 2019, 358 p.