Les technologies civiles dans la guerre d'Ukraine : amateurisme ou ingéniosité ?

Les technologies civiles dans la guerre d’Ukraine : amateurisme ou ingéniosité ?

Contexte Historique

Devenue indépendante après la chute de l’Union Soviétique[1] le 24 août 1991, l’Ukraine souhaita préserver cette autonomie en se rapprochant du bloc de l’Ouest (pays de l’OTAN et États-Unis d’Amérique). Cela s’inscrit globalement dans la tendance des anciens pays du bloc communiste à vouloir se rapprocher de l’Occident pendant leurs transitions (ce fût également le cas pour la Russie d’Eltsine)[2].

Mais le désir de véritable indépendance ukrainienne n’allait pas durer longtemps. L’élection de Vladimir Poutine en 1999 modifie progressivement la relation entre les deux États. Vladimir Poutine, adhérant à une certaine vision de la Russie[3], tente, au fil des ans, d’influer sur la politique ukrainienne pour faire de cet État un territoire russe officieux. Les Américains et leurs alliés de l’OTAN essayent de faire de même par volonté de maintenir la Russie à son niveau de puissance post-fin de l’URSS[4].

C’est ainsi qu’en novembre 2004, une partie du peuple Ukrainien (l’ouest anti-impérialisme russe) décide de s’opposer[5] à la réélection du président pro-russe Viktor Ianoukovytch, ce qui entraîne l’élection du président Viktor Iouchtchenko souhaitant, lui, se rapprocher de l’Union Européenne.

En 2010, Ianoukovytch revient au pouvoir, et amorce en 2013 un éloignement de l’Union Européenne. Cette décision déclenche un nouveau soubresaut populaire : de novembre 2013 à février 2014, le mouvement « Euromaïdan », composé de citoyens ukrainiens opposés au rapprochement avec la Russie, et par extension au président, provoque des émeutes particulièrement violentes, résultant sur la démission de Ianoukovytch et sa fuite en Russie.

Ces évènements n’ont pas d’effet unificateur en Ukraine et, au contraire, divisent profondément la société entre les partisans d’un rattachement à la Russie et les loyalistes attachés à l’indépendance[6] et rejetant l’hégémonie russe. C’est ainsi qu’à partir de février 2014, des révoltes anti-maïdan éclatent dans l’est de l’Ukraine, entraînant la sécession et l’autoproclamation de deux nouvelles républiques au sein du territoire Ukrainien, à savoir la République Populaire de Donetsk (RPD) et la République populaire de Louhansk.

Trois autres événements-clés consacrent l’opposition russo-ukrainienne. Premièrement, l’annexion de facto de la Crimée et de Sébastopol par la Russie en mars 2014. Puis, le premier accord de Minsk du 5 septembre 2014, signé pour faire cesser les combats dans la région du Donbass. Celui-ci devint, de fait, caduque peu de temps après, par le concert de la pression Russe pour l’application de la partie politique du traité, et des conflits entre les séparatistes et les indépendantistes malgré le cessez-le-feu.

Enfin un nouvel accord – dit Minsk II – en date du 11 février 2015 est signé par les chefs d’États français, allemand, ukrainien et russe. Mais celui-ci est lui aussi violé par la reprise des combats entre séparatistes pro-russes et loyalistes ukrainiens[7].

Ces intérêts opposés détériorent donc progressivement les relations russo-américaines et russo-européennes, et initient une escalade des tensions, culminant avec cette situation de guerre.

Considérée par le Kremlin comme partie intégrante du territoire et de la civilisation russe, et comme frontière géostratégique (glacis protecteur) entre la Russie et le reste de l’Europe, l’Ukraine représente un intérêt majeur pour le gouvernement russe actuel.

Sous la justification, par son président, de vouloir « dénazifier » l’Ukraine et par une volonté de se prémunir de la menace d’une adhésion à l’Otan de cette dernière, la Russie entame une invasion de l’Ukraine en date du 24 février 2022.

Ce conflit perdure depuis cinq mois, bien que les ambitions russes, au vu des difficultés rencontrées sur le terrain, semblent avoir été revues à la baisse.

Ces difficultés ont tant à voir avec les objectifs et la préparation russe en amont (insuffisante pour les ambitions stratégiques) qu’avec la résistance des Ukrainiens, qui comme nous allons le voir, redoublent d’ingéniosité pour lutter, même sans expérience militaire ou limitée, en concevant et en utilisant des alternatives innovantes à bas coût.

Ainsi, nous montrerons d’abord quelques exemples de technologies civiles utilisées par des paramilitaires ukrainiens afin de lutter contre les forces russes. Nous aborderons ensuite le cas analogue des utilisations de technologies civiles par des soldats des deux camps. Enfin nous traiterons de l’utilisation de l’OSINT, c’est-à-dire de renseignement en source ouverte, qui se trouve facilité par cette omniprésence de technologies civiles liées au domaine des communications.

L’importance de l’Artisanat dans la résistance civile ukrainienne

Vidéo présentant des civils ukrainiens préparant barricades et cocktails molotovs
Vidéo présentant des civils ukrainiens préparant barricades et cocktails molotovs, relayée par l’internaute Oswaldo Royett sur twitter, le 27 février 2022 https://twitter.com/oswaldosrm/status/1497758039004299264

Aux premiers jours du conflit, les forces armées paramilitaires commencent à utiliser des armes rudimentaires, que l’on retrouve souvent dans les manifestations et émeutes, pour porter assistance à l’armée régulière.

Sur cette vidéo en date du 27 février 2022 (trois jours après l’invasion russe initiale), on peut observer des ukrainiens fabriquant des barricades anti-chars d’assauts et véhicules de transports (hérissons tchèques), de même que des cocktails molotov.

L’utilisation de ces armes, en particulier à ce stade du conflit, se justifie par la facilité de leurs fabrications, peu coûteuses en moyens, utilisables par presque tout le monde et très utiles pour retarder l’ennemi. C’est notamment le cas des barricades, que les soldats ennemis prennent du temps à déplacer hors des routes, et dont la production est assurée par des volontaires[8].

Vidéo présentant des artisans ukrainiens volontaires, qui fabriquent des barricades anti-chars et transports
Vidéo présentant des artisans ukrainiens volontaires, qui fabriquent des barricades anti-chars et transports, relayée par observers.france24, le 4 Mars 2022. © Kosmos Tabir https://observers.france24.com/en/europe/20220304-ukraine-artists-in-kyiv-work-12-hours-a-day-making-anti-tank-obstacles

De fait, ce sont des armes utiles pour gagner du temps pour l’armée régulière ukrainienne, mais également pour épuiser l’ennemi par l’usure. Le ministère de la Défense ukrainien a, par ailleurs, partagé un guide schématique pour fabriquer des cocktails molotov et expliquer la manière de détruire des véhicules russes avec ceux-ci (voir l’image ci-dessous). Lorsqu’ils sont utilisés contre les points faibles des véhicules ennemis, ces projectiles incendiaires sont, en effet, capables de les détruire. Arme de guerre classique, devenue symbole par excellence de l’arsenal des émeutiers, elle finit par recouvrer sa place parmi l’armement courant en situation de conflit ouvert.

Schéma indicatif des points faibles des transports russes à exploiter avec des cocktails molotov
Schéma indicatif des points faibles des transports russes à exploiter avec des cocktails molotov, partagé par le ministère de la Défense ukrainien sur Twitter, le 28 février 2022 – https://twitter.com/GeneralStaffUA/status/1498225748234182658

Vidéo présentant un couvercle pour grenade fabriqué en 3D
Vidéo présentant un couvercle pour grenade fabriqué en 3D, relayé par le compte twitter Intermarium24 le 17 mai 2022, originaire du compte Telegram @horevica. https://twitter.com/intermarium24/status/1526573681086021633

Des armes plus poussées technologiquement sont également utilisées par les Ukrainiens. Dans la première vidéo, des Ukrainiens ont fabriqué un couvercle en forme de bombe pour drones par impression 3D[9] (stéréolithographie). Ils peuvent ensuite contenir un explosif de type grenade F-1 ou RGD-5, permettant à ladite grenade de gagner en aérodynamisme pour être larguée comme une bombe classique. Ainsi, des drones commerciaux sont transformés en outil de bombardement.

C’est typiquement ce que l’on peut voir dans la seconde vidéo : un drone commercial Phantom 4 Pro en train de larguer une grenade F-1. Utilisable en plus grande quantité (sans spécialement avoir besoin d’un couvercle imprimé en 3D) la combinaison « drone + grenade » permet de multiplier les attaques, tout en limitant les risques pour ses utilisateurs, même si les drones ne peuvent pas couvrir une grande distance[10]. En revanche, ce type de système improvisé reste sensible aux déviations de trajectoire et n’offre pas la précision d’un drone militaire.

Vidéo présentant un drone qui lance une grenade depuis les airs
Vidéo présentant un drone qui lance une grenade depuis les airs, relayée par le compte Twitter Calibre Obscura le 18 mars 2022. https://twitter.com/CalibreObscura/status/1504813418234195976

Les technologies civiles utilisées par des militaires

Des contre-mesures existent cependant pour se prémunir des drones, très présents dans le conflit. Sur ces deux images, des soldats ukrainiens sont, en effet, équipés de brouilleurs de drones EDM4S, conçus pour des engins civils et moins efficaces sur des modèles militaires. Ce n’est toutefois pas un grand problème puisque leur ennemi utilise également de son côté des modèles commerciaux, moins coûteux, mais d’une efficacité relativement comparable[11], en plus de leur flotte militaire

On observe également une tour NST-DDS à droite, destinée à détecter les drones alentours et à signaler leur présence via une alarme. Pour des soldats camouflés, utiliser des brouilleurs portables se trouve être une tactique efficace et à moindre coût. Ces machines peuvent également être récupérées si elles entrent en collision avec un arbre par exemple, sans dommages irréparables.

Ainsi, la plupart des drones utilisés sont des engins commerciaux modifiés et non pas du matériel militaire. Ce type d’équipement dispose de plusieurs avantages significatifs : ils sont moins chers et plus accessibles, plus faciles à piloter et nécessitent moins de formation, les pièces de rechange se trouvent facilement (et il y a même des cas d’impressions de pièces en 3D pour les réparer). D’un point de vue purement logistique, leur acheminement n’est pas considéré comme une livraison d’armes et est plus à même d’échapper aux embargos.

Qui dit drone civil, dit logiquement pilotes civils. L’unité Aerorozvidka, créée en 2014 puis intégrée a posteriori aux forces armées, se démarque ainsi par sa composition : ses pilotes de drones sont majoritairement des ingénieurs et des passionnés extérieurs au monde militaire. L’apparition de civils dans les organes militaires est un phénomène de plus en plus présent dans les conflits contemporains : on parle d’une « civilianisation de l’armée »[12]. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce constat. Premièrement, les raisons budgétaires : les civils coûtent moins chers et n’ont pas le même type de contrat que les militaires d’activités (que l’on doit former, soigner, à qui on doit garantir une retraite…) et peuvent très bien les remplacer sur certaines missions.

Deuxièmement : les compétences. On entend par là que les personnes issues du civil ont pu développer des connaissances particulières que des militaires de carrière n’auraient pas forcément acquises. L’unité Aerorozvidka s’ancre parfaitement dans ce deuxième point : les membres ont développé des compétences d’ingénierie et de pilotage durant leur cursus civil puis ont été engagés comme unité militaire. Se pose maintenant la question de la participation directe au conflit. Puisque ces personnes ont perpétré des attaques à l’encontre des forces russes, peut-on encore affirmer que la guerre conventionnelle est le monopole des militaires ?

Un affichage de l’application GisArt for Artillery utilisé par les forces ukrainiennes
Un affichage de l’application GisArt for Artillery utilisé par les forces ukrainiennes
– Photo: pravda.com.ua – https://web.archive.org/web/20201108112507/http://inforesist.org/kak-ukrainskie-programmisty-uvelichili-skorost-otveta-artillerii-v-40-raz/

Parmi les technologies civiles utilisées par les militaires, on trouve également une étrange application qui a révolutionné la façon de demander un appui feu à une batterie d’artillerie. GisArt for Artillery est une application installée sur des smartphones via un site sécurisé. Fonctionnant « comme Uber », elle permet aux unités de solliciter un tir d’artillerie sur une cible désignée[13]. L’intérêt de ce type de logiciel réside dans le temps gagné. Avec un système de communication militaire classique, il pouvait s’écouler entre quinze minutes et une heure entre l’ordre et l’effectivité du tir. Soit une période très longue qui laissait largement le temps à la cible de se déplacer, rendant l’artillerie de précision complètement obsolète.

Mais avec ce GisArt se basant, entre autres, sur le réseau Starlink, l’unité de drone ou de batterie la plus proche recevait la commande en un temps record (entre 30 secondes et 20 minutes) pour traiter la cible. Outre le gain de vitesse considérable, c’est aussi un gain de poids : le smartphone ne pesant que quelques grammes, les radios conventionnelles (pesant plusieurs dizaines de kilos) deviennent obsolètes.

Cependant, bien que cette application soit sécurisée, il n’est pas exclu qu’une attaque informatique rende inutilisable cette innovation. Les technologies civiles ont beau être accessibles, elles sont en général bien moins protégées. Si le tableau que l’on a brossé jusqu’ici fait état d’une grande ingéniosité de la part des belligérants, il ne faut pas occulter les nombreuses occurrences qui relèvent de l’amateurisme et du cruel manque de moyens. On a, par exemple, pu observer des troupes russes utiliser des radios civiles pour certaines de leur communication. Les appareils n’étant ni cryptés ni de « qualité militaire », il a été possible d’écouter leurs échanges[14].

Une Volga Sedan GAZ-24-10 sur laquelle a été montée une mitrailleuse lourde KPVT 14.5 mm, l’arme est téléguidée
Une Volga Sedan GAZ-24-10 sur laquelle a été montée une mitrailleuse lourde KPVT 14.5 mm, l’arme est téléguidée – @UAWeapons ; Twitter – https://twitter.com/UAWeapons/status/1534673557925634048?s=20&t=X_1VRrPWWd0IIxzzkD-2Bg

Au-delà des équipements, on trouve également des véhicules civils modifiés pour l’assaut.

Le cas des technicals est ainsi significatif de l’appropriation des technologies civiles. Ces véhicules originellement civils, souvent des pick-up ou des SUV, ont été modifiés afin de supporter de nombreux types d’armement. Mitrailleuses moyennes ou lourdes, dispositifs antichars et antiaériens, système d’artillerie… Rien ne semble échapper à l’ingéniosité des belligérants. Cet équipement trouve de nombreux intérêts : ces véhicules, de par leur origine civile, sont bien plus faciles à manœuvrer ou à réparer par un personnel inexpérimenté (qu’il soit civil ou militaire de réserve). Ils garantissent également une grande mobilité à des armes dont l’usage est habituellement limité de par leur poids et leur encombrement.[15]

Vidéo présentant une Jeep équipée d’une mitrailleuse
Vidéo présentant une Jeep équipée d’une mitrailleuse, relayée par le compte Twitter Calibre Obscura le 20 Mars 2022, provenant d’une vidéo TikTok postée par le compte @anatoliy_30. https://twitter.com/CalibreObscura/status/1505459763919917059

Sur cette vidéo, qui illustre bien l’utilité des technicals, des soldats de la Force de défense territoriale ukrainienne (réservistes de l’armée ukrainienne) utilisent une mitrailleuse Kalachnikov PKT, dérobée aux forces russes, posée sur une Jeep UAZ-469. L’arme reste stable et conserve une bonne cadence de tir. Particulièrement utile pour des attaques et replis type « hit and run », la Jeep, utilisée dans un cadre militaire, assure un déplacement tout-terrain rapide. On trouve plusieurs intérêts au fait de monter des armes sur des véhicules originellement civils. Tout d’abord la mobilité : une fois installé sur un pick-up, un lance-missile se transforme en artillerie mobile. Dans la cadre de combats urbains, on pourrait également mentionner la meilleure manoeuvrabilité de ce type d’équipement en comparaison avec des blindés de plusieurs tonnes qui peuvent se retrouver coincés sous le feu ennemi entre des barricades.

Image présentant deux soldats ukrainiens avec un vélo électrique équipé d’un NLAW
Image présentant deux soldats ukrainiens avec un vélo électrique équipé d’un NLAW – DANIEL Tonkopi, Facebook, 2022 – https://www.facebook.com/photo/?fbid=5486759144701664&set=pcb.5486763964701182

Autre exemple pertinent : l’utilisation de véhicules civils tout-terrain. Sur cette image, il s’agit de forces spéciales utilisant un vélo électrique Delfast équipé d’un NLAW sur l’arrière. Moins bruyant qu’une moto, ces véhicules associent maniabilité, rapidité d’action et d’évasion, et discrétion utiles aux embuscades (en particulier en terrain boisé). Le NLAW, missile antichar, une fois monté sur un vélo électrique, garantit des attaques éclairs efficaces contre les blindés : il suffit pour ses utilisateurs d’arrêter le véhicule, de sortir l’arme de sa boîte, de tirer puis de repartir aussi vite.

Une omniprésence de technologies civiles facilitant l’OSINT des chercheurs… et des combattants

Cette omniprésence de technologies civiles, particulièrement dans le domaine de la communication, permet à n’importe quel observateur d’analyser le conflit. Les satellites, les drones, les téléphones portables et la multiplication de témoignages photos et vidéos sur les réseaux sociaux garantissent une analyse en temps réel du front. On parle alors de « Renseignement en Source Ouverte », ou OSINT, soit un renseignement qui s’obtient par des sources publiques, ce qui le rend praticable par tout un chacun et en étant parfaitement légal. Sur Internet, les réseaux sociaux sont des outils privilégiés pour ce type de démarche. Ils sont, en effet, une mine d’information rendue publique, (avec le consentement) des utilisateurs.

L’OSINT se décompose ensuite en différentes disciplines : la recherche d’informations primaires, la création de filtrage de presse, etc. Stricto sensu, les premiers services de renseignement faisaient surtout de l’OSINT en apprenant l’état d’une armée via la lecture de la presse étrangère ou par la simple discussion[16]. On peut ensuite le recouper avec d’autres activités, car les informations récoltées peuvent servir dans de nombreux domaines. Ainsi, le conflit ukrainien a montré qu’il était possible de localiser (et bombarder) une unité simplement parce que cette dernière avait diffusé sur Telegram une photographie dont le décor avait trahi leur emplacement[17]. Toujours dans le conflit en Ukraine, l’omniprésence de caméras et de témoignages permet à certains internautes de tenir un état des pertes, photographies à l’appui, et de voir le champ de bataille évoluer en temps réel[18].

Ce type de renseignements peut paraître anodin. Les informations étant trouvées sur Twitter ou sur Telegram, on est loin des grandes images de l’espionnage. Pourtant, l’exemple du mortier russe montre bien que ce type de renseignements peut être utilisé à des fins hostiles. Par extension, il faut alors penser à de nouvelles « défenses » contre le renseignement OSINT. Prenons le cas d’un chercheur qui doit systématiquement anonymiser ses sources s’il travaille sur un conflit étranger, cela pouvant aller jusqu’à l’empêchement de publier un article. Un autre exemple connu : l’interdiction pour des militaires d’utiliser l’application de jogging Strava qui laissait apparaître les contours de bases françaises en publiant leurs parcours[19]. Durant le conflit ukrainien, c’est l’application Tinder qui a pu être utilisé à des fins stratégiques : grâce à la fonctionnalité « personnes dans votre périmètre », il était possible de déduire la position de certaines troupes russes[20].

L’OSINT est donc un précieux outil pour le renseignement (qu’il soit militaire ou à destination de simples chercheurs). Il permet de rechercher des images ou vidéos précises, peu disponibles dans les médias traditionnels. C’est pour cette raison que, dans le cadre de cet article qui traite du cas des technologies civiles dans la guerre en Ukraine, cet outil devient un allié précieux pour obtenir des images de première main. Pas de sensationnalisme, mais un focus sur le réel de la guerre. Rappelons néanmoins que les canaux médiatiques utilisés par les chercheurs OSINT sont également investis par les belligérants. Ainsi, le chercheur doit constamment exercer son esprit critique pour ne pas tomber dans le piège de la propagande ou dans une chambre d’écho.

Conclusion

Les guerres contemporaines semblent redéfinir les moyens de la guerre, en voici l’hypothèse. De conflits conduits par le militaire et la diplomatie traditionnelle, on passe à des conflits plus décentralisés.

L’imbrication des conventions et des usages civils[21] dans le militaire illustrent l’aspect totalisant de la guerre moderne[22]. Dès lors, il ne s’agit aujourd’hui non plus simplement de vaincre, mais surtout de convaincre le monde du juste de notre guerre[23].

Ainsi, l’Internet, réseau centralisant et de convergence des décentralisations des pouvoirs locaux, en nature de « village global »[24], transforme les conflits en champs de batailles protéiformes et mondiaux, et occupe donc cette fonction d’influenceur de masse.

De la technologie civile la plus accessible, le smartphone, découle un monde de l’instantané. Cet aspect du monde actuel, associé aux conflits armés, trouble la notion communément admise de la guerre sans l’altérer essentiellement. Du simple message posté sur les réseaux sociaux[25], résultant en des milliers de partages et de visionnages, à la propagande de guerre classique, les rapports entre civil et militaire deviennent de plus en plus étroits.

Le soft power devient, non plus seulement l’arme des États au travers des grands groupes de divertissement (p. ex. Hollywood)[26] et des médias traditionnels, mais aussi celle des civils qui en deviennent armes et armées.

Cette transformation des moyens de la guerre passe aussi par une révolution[27] de l’utilisation de l’armement. De technologies développées à des fins militaires, aux usages civils qui en dérivent, les outils du monde moderne repassent désormais sous l’emprise du militaire, pour servir l’effort de guerre du citoyen-soldat. Le drone commercial retrouve sa fonction première, tout comme le citoyen se réaccapare son devoir premier[28].

La guerre en Ukraine permet donc d’illustrer, a priori, un changement dans les stratégies capacitaires de la guerre moderne, au travers des changements de moyens, illustrées précédemment.

Lorsque les codes artificiels, plus théoriques que pratiques[29], de la guerre volent en éclats[30], cette dernière retrouve, comme par un coup du sort, sa place dans le quotidien du citoyen qui, en prenant les armes réelles ou numériques, devient un atout intégral et nécessaire au succès des opérations armées.

Cette relation nouvelle, prend effet également dans un autre sens, sous l’appellation de « civilianization »[31] du militaire. Cette dernière s’illustre par différents processus qui la composent, comme l’affectation substitutive d’un personnel civil dans des fonctions autrefois strictement militaires.

Dès lors, ces évolutions dans les procédés de la guerre illustrent parfaitement la thèse clausewitzienne selon laquelle « la guerre est un caméléon qui change de nature à chaque engagement »[32], dont le conflit ukrainien en est une très bonne illustration.

Rédigé par Malek Bergaoui & Romain Devaux

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ZARIFIAN Julien, « LES RELATIONS ENTRE LES ETATS-UNIS ET LA RUSSIE DEPUIS LA CHUTE DE L’URSS LA RECHERCHE PERPÉTUELLE D’UN “RYTHME DE CROISIÈRE” », dans Annuaire français de relations internationales, vol. XIII, Paris, Centre Thucydide, 2012, 920 p., pp. 479-494, [en ligne] https://www.afri-ct.org/wp-content/uploads/2015/02/31_Rubriques_Zarifian.pdf (dernière consultation le 08/07/2022)


[1] TRUCHLEWSKI Zbigniew, « L’Ukraine postsoviétique : d’une transition à l’autre ? », dans Les Études de la Nouvelle Europe, Colombes, Association Nouvelle Europe, 2007, 22 p., [en ligne] http://www.nouvelle-europe.eu/images/stories/ene_transition_ukraine.pdf (dernière consultation le 08/07/2022)

[2] ZARIFIAN Julien, « LES RELATIONS ENTRE LES ETATS-UNIS ET LA RUSSIE DEPUIS LA CHUTE DE L’URSS LA RECHERCHE PERPÉTUELLE D’UN “RYTHME DE CROISIÈRE” », dans Annuaire français de relations internationales, vol. XIII, Paris, Centre Thucydide, 2012, 920 p., pp. 479-494, [en ligne] https://www.afri-ct.org/wp-content/uploads/2015/02/31_Rubriques_Zarifian.pdf (dernière consultation le 08/07/2022)

[3] LERIDON Margaux, « Épisode 4/4 : Eurasisme : la Russie au centre du jeu », dans De l’idée à l’action : quatre doctrines géopolitiques, Paris, Société Nationale de Radiodiffusion Radio France, 2021, 59 min, [en ligne] https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/cultures-monde/eurasisme-la-russie-au-centre-du-jeu-3498401 (dernière consultation le 07/07/2022)

[4] SAUVAGE Grégoire, « Crise en Ukraine : l’Otan a-t-elle « trahi » la Russie en s’élargissant à l’Est ? », dans France 24, Issy Les Moulineaux, France Médias Monde, 2022, [en ligne] https://www.france24.com/fr/europe/20220129-crise-en-ukraine-l-otan-a-t-elle-trahi-la-russie-en-s-élargissant-à-l-est (dernière consultation le 07/07/2022) ; ZAJEC Oliver, « Je ne crois pas que l’on puisse diviser le monde en bons et en méchants : Nicholas Spykman et l’influence réelle du codage géopolitique sur la stratégie américaine de containment », dans Relations internationales, n°162, Paris, Presses Universitaires de France, 2015, 208 p., pp. 95-110, [en ligne] https://www.cairn.info/revue-relations-internationales-2015-2-page-95.htm (dernière consultation le 07/07/2022) ; EMPEREUR Jean-Claude, « Atlantisme et eurasisme : encerclement et contre-encerclement du monde au XXIe siècle », dans La Revue Politique et Parlementaire,n°1082, Paris, La Revue Politique et Parlementaire, 2017, [en ligne] https://www.revuepolitique.fr/atlantisme-et-eurasisme-encerclement-et-contre-encerclement-du-monde-au-xxie-siecle/ (dernière consultation le 07/07/2022) ; GARDNER Hall, « Point de vue. Ukraine : un nouveau plan », dans Politique américaine, n°30, Paris, L’Harmattan, 2018, 206 p., pp.167-185, [en ligne], https://www.cairn.info/revue-politique-americaine-2018-1-page-167.htm (dernière consultation le 07/07/2022)

[5] AREL Dominique, « La face cachée de la Révolution orange : l’Ukraine et le déni de son problème régional », dans Revues d’études comparatives Est-Ouest, vol. 37, n°4, Paris, NecPlus, 2006, 279 p., pp. 11-48, [en ligne] https://www.persee.fr/doc/receo_0338-0599_2006_num_37_4_1788 (dernière consultation le 07/07/2022)

[6] Relative. Le rapprochement vers l’Ouest devient nécessaire et/ou voulu par ces ukrainiens et le gouvernement opposé aux prétentions russes.

[7] DA SILVA Luca, « Guerre en Ukraine : chronologie des événements », dans Toute l’Europe, Paris, GIE Toute l’Europe, 2022, [en ligne] https://www.touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/guerre-en-ukraine-chronologie-des-evenements/ (dernière consultation le 07/07/2022) ; HAMANT Hélène, « Les accords de Minsk et la crise ukrainienne. Paix et sécurité européenne et internationale », Nice, Université Côte d’Azur, 2016, 26 p., [en ligne] https://hal-univ-lyon3.archives-ouvertes.fr/hal-01735902/file/Psei%204.14.pdf (dernière consultation le 07/07/2022)

[8] BIZOT Olivia, « Ukraine: Artists in Kyiv work 12 hours a day making anti-tank obstacles », dans The Observers, Paris, France 24, 2022, [en ligne] https://observers.france24.com/en/europe/20220304-ukraine-artists-in-kyiv-work-12-hours-a-day-making-anti-tank-obstacles (dernière consultation 07/07/2022)

[9] VERMA Pranshu, « How the 3D-printing community worldwide is aiding Ukraine », dans The Washington Post, Washington D. C., The Washington Post Company, 2022, [en ligne] https://www.washingtonpost.com/technology/2022/06/12/3d-printers-ukraine-war-supplies/ (dernière consultation le 07/07/2022) ; ATHERTON Kelly D., « Ukraine experiences the future of war », dans C4isrnet, Arlington, Sightline Media Groupe LLC, 2019, [en ligne] https://www.c4isrnet.com/unmanned/2019/03/20/ukraine-forces-encountered-3d-printed-drone-bombs/ (dernière consultation le 07/07/2022)

[10] « En Ukraine, des drones de loisir transformés en distributeurs de grenades », dans Metro, Bruxelles, ROSSEL & Cie S. A.,2022, [en ligne] https://fr.metrotime.be/monde/en-ukraine-des-drones-de-loisir-transformes-en-distributeurs-de-grenades (dernière consultation le 07/07/2022)

[11] MISHCHENKO Taras, « 110 Lithuanian EDM4S anti-drone rifles for the Armed Forces », dans Mezha.Media, Mezha.Media, 2022, [en ligne] https://mezha.media/en/2022/06/13/110-lithuanian-edm4s-anti-drone-rifles-for-the-armed-forces/ (dernière consultation le 07/07/2022) ; KADAM Tanmay, « SkyWiper – Ukraine Flaunts Its Futuristic Counter-Drone Rifle That Can Identify, Track & Disrupt Enemy UAVs », dans The EurAsian Times, Toronto, The EurAsian Times, 2022, [en ligne] https://eurasiantimes.com/skywiper-ukraine-flaunts-its-futuristic-counter-drone-rifles/ (dernière consultation le 07/07/2022)

[12] SCHMITT Michael N., « “Direct participation in hostilities” and 21st century armed conflict », dans Crisis Management and Humanitarian Protection,Berlin, Berliner Wissenschafts-Verlag, 2004, 734 p., pp. 505-529, [en ligne] https://www.uio.no/studier/emner/jus/humanrights/HUMR5503/h09/undervisningsmateriale/schmitt_direct_participation_in_hostilties.pdf (dernière consultation le 23/07/2022)

[13] LANGLOIT Philipe, « L’innovation par le bas, vainqueur en Ukraine ? L’exemple de Gis Art Artillery », dans Défense et Sécurité Internationale, HS n°84, Paris, Areion, 2022, 98 p., pp. 26-28

[14] COURTOIS Caurentin et HORN Alexandre, « Pourquoi tout le monde peut écouter les échanges stratégiques de l’armée russe en Ukraine », dans Libération, Paris, SARL Libération, 2022, [en ligne] https://www.liberation.fr/international/pourquoi-tout-le-monde-peut-ecouter-les-echanges-strategiques-de-larmee-russe-en-ukraine-20220322_LSPBZ72IDVC4JGZB35A5DPNGQ4/#:~:text=Sur%20le%20front%20ukrainien%2C%20certaines,accessibles%20sur%20les%20ondes%20hertziennes (dernière consultation le 24/07/2022)

[15] Si vous souhaitez en apprendre plus sur les technicals, voir DEVAUX Romain, « Les technicals en Ukraine : symboles d’une guerre (ir)régulière », dans La Revue d’Histoire Militaire, Les Lilas, La Revue d’Histoire Militaire, 2022, [en ligne] https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2022/07/20/les-technicals-en-ukraine-symboles-dune-guerre-irreguliere/ (dernière consultation le 23/07/2022)

[16] LAURENT Sébastien, Politiques de l’ombre : État, renseignement et surveillance en France, Paris, Fayard, 2009, 700 p.

[17] LOEK Aurélie, « L’armée ukrainienne fait exploser un méga-mortier après avoir repéré sa position à la télévision russe », dans TF1info, Boulogne-Billancourt, SCS LA CHAINE INFO – LCI, 2022, [en ligne] https://www.tf1info.fr/international/guerre-l-armee-ukrainienne-fait-exploser-un-mega-mortier-2s4-apres-avoir-repere-sa-position-a-la-television-russe-2220661.html (dernière consultation le 23/07/2022)

[18] On peut citer en exemples les comptes twitter de @UAWatcher, @oryxspioenkop ou encore @RALee85.

[19] Notamment pour des militaires français au Mali. « Des sites militaire sensibles en Irak ou au Mali dévoilés par… une application de fitness », dans Middle East Eye, Londres, Middle East Eye Ltd, 2018, [en ligne] https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/des-sites-militaire-sensibles-en-irak-ou-au-mali-devoiles-par-une-application-de-fitness (dernière consultation le 28/07/2022)

[20] COHEN Claudia, « En Ukraine, des soldats russes localisés grâce à des applications de rencontres », dans Le Figaro, Paris, Société du Figaro, 2022, [en ligne] https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/en-ukraine-des-soldats-russes-localises-grace-a-des-applications-de-rencontres-20220307 (dernière consultation le 23/07/2022)

[21] Règles du jeu social civil (comportements, expressions, humour spécifique) et outils de ce jeu (technologies informatiques).

[22] Au sens du concept anglo-saxon de modern warfare.

[23] Par exemple, l’offensive du Têt dans la guerre du Vietnam.

[24] ROY Patrick, « LE MÉDIUM EST LE MESSAGE DANS LE VILLAGE GLOBAL : LE VRAI MESSAGE DE MARSHALL McLUHAN », dans Aspects sociologiques, vol. 7, n°1, Québec, Université Laval, 2000, pp. 38-48, [en ligne] https://www.aspects-sociologiques.soc.ulaval.ca/sites/aspects-sociologiques.soc.ulaval.ca/files/uploads/pdf/Volume_7_no_1/roy2000.pdf (dernière consultation le 07/07/2022) ; ROY Patrick, « LE “RETOUR” DE MARSHALL MCLUHAN: RÉ-EXPLICATION ET POSITIONNEMENT DE SA “THÉORIE” », Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’université Laval, Québec, Université Laval, 1999, 149 p., [en ligne], https://www.collectionscanada.gc.ca/obj/s4/f2/dsk1/tape9/PQDD_0008/MQ42007.pdf (dernière consultation le 07/07/2022)

[25] BISHARA Hakim, « Ukrainians Wage a Meme War Against Russia », dans Hyperallergic, New York, Hyperallergic, 2022, [en ligne] https://hyperallergic.com/716738/ukrainians-wage-a-meme-war-against-russia/ (dernière consultation le 07/07/2022) ; EMIR Can, « Ukraine videos show with vivid realism that social media is how we see war now », dans Interesting Engineering, San Francisco, Interesting Engineering, 2022, [en ligne] https://interestingengineering.com/ukraine-invasion-videos-social-media (dernière consultation le 07/07/2022)

[26] MALKA Penelope, « La martialisation de la culture américaine à l’écran : élément révélateur de l’identité des États-Unis face à l’émergence de nouveaux pôles d’attraction mondiaux ? », dans Questions Géopolitiques, Paris, Faculté de Sciences Sociales et Économiques 2021, [en ligne] https://geopolri.hypotheses.org/2661 (dernière consultation le 07/07/2022) ; DAGNAUD Monique, « Le cinéma, instrument du soft power des nations », dans Géoéconomie, n°58, Paris, Éditions Choiseul, 2011, 152 p., pp. 21-30, [en ligne] https://www.cairn.info/revue-geoeconomie-2011-3-page-21.htm (dernière consultation le 07/07/2022)

[27] Cycle accompli.

[28] DAVID Jean-Michel, « La République des citoyens », dans L’Histoire, n°234, Paris, Société d’éditions scientifiques, 1999, [en ligne] https://www.lhistoire.fr/la-république-des-citoyens (dernière consultation le 07/07/2022)

[29] TENENBAUM Elie, « Qu’est-ce que la guerre irrégulière ? », dans Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe, Paris, Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe, 2021, [en ligne] https://ehne.fr/fr/encyclopedie/thématiques/guerres-traces-mémoires/fronts-de-guerre/qu’est-ce-que-la-guerre-irrégulière%C2%A0 (dernière consultation le 07/07/2022)

[30] Notamment la distinction civil – militaire.

[31] KELTY Ryan, « Civilianization of the Military: Social-Psychological Effects of Integrating Civilians and Military Personnel », Thèse dirigée par l’Université de Maryland, College Park, University of Maryland, 2005, 218 p., pp. 1-23, [en ligne] https://www.researchgate.net/publication/34468389_Civilianization_of_the_Military_Social-Psychological_Effects_of_Integrating_Civilians_and_Military_Personnel (dernière consultation le 02/07/2022) ; MASON Simon Jonas Augusto et WENGER Andreas, « The civilianization of armed conflict: trends and implications », dans International Review of the Red Cross, vol. 90, n°872, Cambridge, Cambridge University Press, 2008, 1055 p., pp. 835-852, [en ligne] https://www.icrc.org/en/doc/assets/files/other/irrc-872-wenger-mason.pdf (dernière consultation le 02/07/2022)

[32] RATIER Francis, « La paix est un délire », dans BROUSSE Marie-Hélène (dir.), La psychanalyse à l’épreuve de la guerre, Paris, Berg International, 2015, 263 p., p. 137 ; Citation originelle de VON CLAUSEWITZ Carl, De la guerre, Paris, Perrin, 2014, 448 p., p. 58 : « Véritable caméléon, la guerre change de nature avec chaque cas particulier et, si l’on prend en compte tous ses modes d’êtres qui sont les siens, si l’on considère ses caractéristiques fondamentales, elle est faite d’une merveilleuse trinité. On y retrouve la violence originelle de son élément faite de haine et d’hostilité, qui opèrent comme un instinct naturel aveugle ; le jeu des probabilités et du hasard, qui en font un libre jeu de l’esprit ; et sa nature subordonnée d’instrument politique, par laquelle elle appartient à l’entendement pur. »

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