La guerre irrégulière dans la guerre antique : le cas des Lusitaniens (IIe siècle av. J.-C.)

La guerre irrégulière dans l’Antiquité : le cas des Lusitaniens (IIe siècle av. J.-C.)

Statue de commémoration de Viriate à Plaza de Viriato, Zamora en Espagne.
Statue de commémoration de Viriate à Plaza de Viriato, Zamora en Espagne. (Viriato – Zamora (Terror Romanorum) – postée par Tamorlan, le 31/07/2011 modifiée par Malek BERGAOUI, CC BY-SA 3.0, Wikimedia Commons)

La Lusitanie – Cette Province qui a dit non à Rome

Carte de l’invasion romaine en Hispanie de 206 av. J-C. à 133 av. J.-C. ( Invasionromanahispania, posté par NACLE, le 28/05/2017, CC BY-SA 4.0, Wikimedia Commons), https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Invasionromanahispania.svg
Carte de l’invasion romaine en Hispanie de 206 av. J.-C. à 133 av. J.-C. ( Invasionromanahispania, posté par NACLE, le 28/05/2017, CC BY-SA 4.0, Wikimedia Commons)

Région méconnue de l’Antiquité, la Lusitanie fut pourtant un théâtre non négligeable de la résistance à l’expansionnisme romain.

Territoire correspondant approximativement à l’espace géographique de l’actuel Portugal, dans la péninsule ibérique, la Lusitanie était divisée en deux zones, montagneuse au centre et au nord, et de plaines propices à l’agriculture au sud. Difficile à vivre, cette région poussait les Lusitaniens à piller leurs voisins[1], ce qui eut pour effet de faire d’eux un peuple aguerri et rompu à l’art de conduire des batailles. Pour Rome, ce mode de vie perturbait ses intérêts dans la région, provoquant quelques altercations entre ces deux acteurs territoriaux.

En 219 av. J.-C., une invasion de la péninsule ibérique fut ainsi amorcée, suivie par des premiers combats débutant en 194 av. J.-C. jusqu’en 181 av. J.-C., année où les Lusitaniens furent défaits par le préteur romain[2], Tiberius Sempronius Gracchus[3]. Par la suite, vers 155 av. J.-C., ancrés dans leur défiance vis-à-vis de Rome, les chefs Lusitaniens Punicus et Césarus reprirent les hostilités, mais finirent tués sur le champ de bataille, initiant le processus de soumission de leur peuple par les Romains et présageant l’avènement de leur soulèvement sous le commandement de Viriate[4].

C’est donc cet esprit farouche et indomptable et leurs remarquables capacités guerrières, les poussant à défier Rome, qui allait s’avérer crucial dans leur combat face à un ennemi inarrêtable.

Bilan militaire de la République romaine

Carte des possessions territoriales romaines entre 218 av. J.-C. et 117 ap. J.-C. (Extent of the Roman Republic and the Roman Empire between 218 BC and 117 AD, postée par Varana le 24/11/2006, modifié pour la dernière fois par Alexander Vigo le 26/10/2011, CC BY-SA 3.0, Wikimedia Commons)
Carte des possessions territoriales romaines entre 218 av. J.-C. et 117 ap. J.-C. (Extent of the Roman Republic and the Roman Empire between 218 BC and 117 AD, postée par Varana le 24/11/2006, modifié pour la dernière fois par Alexander Vigo le 26/10/2011, CC BY-SA 3.0, Wikimedia Commons)

Cet ennemi inarrêtable, animé par une volonté hégémonique, possédait une puissance égale à ses prétentions.

Les visées de Rome en Méditerranée faisaient d’elle une puissance belliqueuse, au grand dam des tribus d’Ibérie et des autres puissances régionales. Sa plus grande ennemie, et celle qui allait l’obliger à repenser en partie sa façon de faire la guerre, Carthage, était elle aussi une cité en expansion. Les ambitions territoriales romaines s’étendant, également, jusqu’en Hispanie, le conflit entre les deux puissances débutait.

Cette guerre impérialiste, initiée sur plusieurs fronts – contre les Carthaginois, les Lusitaniens et des Grecs principalement[5] – fut compliquée par la distance maritime. Ainsi, Rome fut poussée à mobiliser bien plus de troupes qu’autrefois, et des troupes, qui plus est, à vocation de maintien permanent[6]. Ce changement était majeur : il intronisait la Cité dans un rôle de puissance maritime conquérante. La République Romaine initiait alors sa quête pour le rôle de superpuissance[7].

Ces guerres étaient motivées par trois grands principes : la politique, les nécessités militaires et le désir, pour certains romains, de prouver son utilité à l’État (sa virtus). Ainsi, la motivation économique semble ne pas avoir été la seule justification des guerres romaines[8]. Il semblerait que celle-ci fut bien davantage attribuable aux jeux d’alliances de Rome, qui expliqueraient ses campagnes militaires[9]. Cette justification s’appliquait également à sa position de superpuissance méditerranéenne, qui l’obligeait à assurer sa paix romaine[10], au prix de guerres menées dans un objectif de préservation de l’ordre, son ordre, dans le monde connu. Enfin, démontrer sa virtus à la République Romaine par les faits d’armes était un moyen d’ascension politique et du maintien de son statut au Sénat. C’était également un levier pour s’imposer en tant que force avec laquelle le Sénat serait forcé de composer, ce dont César fut l’un des plus parlants exemples[11].

En outre, l’organisation militaire romaine entretenait une relation symbiotique avec l’esprit aristocratique de la cité. En effet, seuls ceux dont la richesse dépassait un certain niveau étaient envoyés à la guerre. Après cette élimination initiale, s’opérait également une sélection fondée sur l’âge des citoyens, seuls ceux âgés de 17 à 60 ans étaient mobilisables, et au sein de cette tranche d’âge, une séparation supplémentaire s’effectuait entre les iuniores (17-45 ans) et seniores (45-60 ans), et chacun de ces groupes était réparti en centuries[12].

Les citoyens choisis étaient mobilisables tout au long de leur vie. Il existait, certes, un nombre de campagnes maximum pour lesquelles la participation était obligatoire pour les jeunes, mais ceux-ci restaient mobilisables en fonction notamment des nécessités militaro-politiques. Il est à noter que les plus riches pouvaient s’offrir un cheval et occuper alors, si sélectionnés par le sénat (détenteur de l’imperium[13]), les rôles de commandement. Enfin, les soldats étaient constamment entraînés du fait de la gestion mouvante des troupes et de la complexité des manœuvres de l’organisation manipulaire (composée de deux centuries).

Les jeunes étaient, en effet, placés en première ligne, et une rotation s’effectuait avec les deux autres corps. Cette formation appelée Triplex Acies, s’effectuait principalement entre les hastati, les plus jeunes et équipés seulement d’une protection légère au torse, d’un glaive et d’un bouclier semi-cylindrique, ainsi que d’un javelot (appelé pillum), et les principes, mieux armés, d’une cotte de maille, d’un glaive court et de deux javelots. Cependant, il arrivait parfois que la situation requiert la mobilisation des triarii (les plus âgés, les vétérans) qui portaient de lourdes armures en métal, de grands boucliers, des lances et avaient une solide expérience des batailles. Néanmoins, ceux-ci n’intervenaient que très rarement, leur mobilisation signifiant presque toujours la défaite romaine. Les rotations optimales furent ainsi le lot des bons officiers[14].

Schéma de la formation Triplex Acies (Szyk acies triplex, postée par Muzyk98 le 18/08/2016, CC BY-SA 4.0, Wikimedia Commons, légende traduite par Malek Bergaoui)
Schéma de la formation Triplex Acies (Szyk acies triplex, postée par Muzyk98 le 18/08/2016, CC BY-SA 4.0, Wikimedia Commons, légende traduite par Malek Bergaoui)

Le mode de guerre privilégié de Rome et des autres puissances gréco-latines de l’époque était un affrontement ordonné et ritualisé, fondé sur une formation en rangs serrés, représentation de l’unité sociétale[15]. Cependant, Rome savait s’adapter à ses ennemis. Par exemple, dans le cadre de la guerre contre les « barbares »[16], elle adaptait non seulement, ses tactiques en fonction de celles de ses ennemis, mais aussi, plus simplement, quand elle le pouvait. Sa flexibilité militaire n’était donc pas uniquement fondée sur les adversaires qu’elle affrontait, mais également sur sa propre logique de guerre, ce qui était essentiel à la survie et à la victoire de ses armées. Cette capacité à constamment renouveler ses schémas offensifs, n’était donc pas, ainsi, du seul fait de la résistance « barbare », mais également de l’évolution des moyens militaires romains[17], en dehors des guerres puniques et grâce à elles[18].

Bien que la République Romaine, en 150 av. J.-C., n’était pas encore parvenue à pleinement soumettre l’ennemi carthaginois, sa puissance demeurait non négligeable en Méditerranée, particulièrement pour les plus petites puissances de la péninsule ibérique.

Pourtant, un homme allait se dresser face à elle. Son nom ? Viriate.

Viriate, l’homme providentiel

Représentation de Viriate se tenant face aux romains (Viriato, de Ramón Padró y Pedret
Représentation de Viriate se tenant face aux romains (Viriato, de Ramón Padró y Pedret, postée par Totemkin le 28/11/2013, domaine public, Wikimedia Commons)

Des auteurs du camp ennemi, principalement Diodore de Sicile, Appien et Dion Cassius[19], ont fait de Viriate une description que nous pourrions considérer comme mythifiée. Selon eux, Viriate était un homme aux modestes origines, qui devint le chef incontesté de tout un peuple et l’un des chefs de guerre les plus respectés. Il était un Lusitanien qui avait su incarner l’âme de son peuple. Il aurait fait preuve de bien des qualités. Homme des montagnes forgé par la rudesse de cette vie, il était un homme d’une formidable condition physique, au point d’en faire, pour ces auteurs, un être inépuisable. Il était épris de justice, d’égalité, de liberté et était également d’une grande intelligence, ce qui lui fut particulièrement utile pour prendre des décisions complexes rapidement.

Ses facultés et ses connaissances dans l’art de la guerre ont fait de lui le candidat idéal pour diriger une aussi grande confédération de tribus[20]. Il se conduisait en diplomate quand cela était possible, et en chef autoritaire quand cela était nécessaire, au point de n’avoir suscité, semblerait-il, jusqu’à son assassinat, aucune rébellion, trahison ou désertion. Mais c’était surtout un homme du peuple, proche des siens, qui savait inspirer tant le respect que l’espoir. Enfin, son tempérament pragmatique et sa grande compétence de commandant, toujours selon ses ennemis, l’ont hissé au rang des plus grands adversaires de Rome. Cet esprit ulysséen, est considéré, comme le souligne un historien spécialiste des Lusitaniens, Luis M. Silva, comme un pionnier d’une certaine conceptualisation de la guérilla[21].

Viriate vouait à Rome une haine tenace depuis qu’elle avait trahi la trêve conclue avec les siens. Celle-ci suivait, en effet, un assaut victorieux des forces romaines en Lusitanie, et fut orchestrée par le préteur Servius Sulpicius Galba. Dans un premier temps, Galba convainquit les Lusitaniens de sa bonne foi, en feignant la compassion sur leur sort d’éternels bandits. Puis, en 150 av. J.-C., après leur avoir promis des terres cultivables comme solution mutuellement bénéfique, il massacra 9000 d’entre eux et en fit prisonniers 20 000 autres, après les avoir convaincus de se séparer de leurs armes. Viriate était l’un des rares survivants de cet évènement, et cela le poussa dans une quête de vengeance et de survie pour son peuple, ayant acté l’impossibilité apparente de faire confiance aux Romains[22].

La résistance de Viriate s’apparente donc à une lutte hautement symbolique, à un combat pour la liberté, la souveraineté, la vengeance et plus généralement l’espoir pour son peuple.[23]

Batailles lusitano-romaines : la guérilla comme stratégie payante ?

Carte des possessions territoriales dans la Méditerranée en 218 av. J.-C.
Carte des possessions territoriales dans la Méditerranée en 218 av. J.-C. (Mediterranean at 218 BC-fr, postée par Sdaubert le 18/08/2018, CC BY-SA 4.0, Wikimedia Commons)

La stratégie de Viriate dans la guerre qui l’opposait, lui et son peuple, à la puissance grandissante de Rome, consistait donc en l’utilisation de tactiques de guérilla. Dans une guerre opposant deux ennemis aux degrés de puissance asymétriques, le plus faible doit savoir redoubler d’ingéniosité, de capacité stratégique et tactique pour avoir ne serait-ce qu’une chance de résister, voire de vaincre.

Pour la première grande bataille qui opposait les Lusitaniens aux Romains en 146 av. J.-C. – 10 000 hommes pour chaque camp[24] – la tactique de guerre classique aurait été d’envoyer ses hommes dans une bataille de front. Mais Viriate fut conscient qu’il était préférable de défier l’ennemi dans une configuration qui lui aurait été favorable, il savait qu’il était bien plus malin, et bien moins risqué, de le faire jouer selon ses conditions.

Après avoir rappelé aux siens la perfidie des gens de l’Urbs[25] et s’être fait élire commandant des forces, il décida alors de positionner ses hommes en formation de bataille classique, c’est-à-dire en ligne offensive. Puis, à son signal, il ordonna que ses forces se divisèrent en petits bataillons, traversèrent les lignes ennemies de toutes les directions en route vers la cité de Tribola, pour s’y rassembler par la suite. Il se chargeait, pendant ce temps, avec 1000 de ses meilleurs hommes, d’occuper les forces romaines du préteur d’Hispanie Ultérieur, Caius Vetelius.

Ce plan réussit et Viriate et ses hommes battirent en retraite à chaque assaut romain, durant deux jours, jusqu’à disparaître eux aussi[26]. Bien entendu, Viriate n’avait guère d’autres options. Son génie stratégique relevait surtout de sa manière de mener à bien ses opérations de guérilla contre l’armée romaine. Ainsi, cet événement aurait, effectivement pour lui, des retombées très positives. Après son arrivée à Tribola, il reçut triomphalement l’accueil d’un champion, celle d’un commandant en mesure d’assurer la victoire de ses troupes, dans une situation si désavantageuse. Ce fait d’armes retentit partout en Ibérie, et bientôt, un grand nombre de guerriers barbares viendraient le rejoindre[27]. Le légendaire chef de guerre Viriate venait d’apparaître…

Là où Rome était stratégiquement et tactiquement bien supérieure à la majorité de ses adversaires, particulièrement sur des schémas offensifs classiques (guerre en rase-campagne, siège offensif, siège défensif…)[28], il n’en reste pas moins que l’usage de la tromperie et des subterfuges comme tactique de substitution, pour les ennemis incapables de faire la guerre avec Rome selon ses règles, s’avérait être la meilleure option pour pouvoir lui tenir tête.

Rome connaissait l’usage des tactiques de guérilla, qu’elle appliqua elle-même contre l’ennemi carthaginois[29]. Toutefois, les Lusitaniens, sous le commandement et la grandeur stratégique apparente[30] de Viriate, y étaient davantage expérimentés du fait de leur inventaire opérationnel (leurs capacités, leurs effectifs militaires et l’avantage du terrain), les poussant, puisqu’ils ne pouvaient faire autrement, à pratiquer mieux que les Romains la stratégie et les tactiques de guérilla.

Cette maîtrise de la stratégie du faible au fort, dirions-nous, s’illustra particulièrement au cours de deux batailles les opposant aux Romains.

Carte des batailles et conquêtes romaines en Hispanie, IIe siècle av. J.-C
Carte des batailles et conquêtes romaines en Hispanie, IIe siècle av. J.-C (Iberia 196aC – Carpetania 193-179 aC, postée par Paulusburg le 02/03/2014, CC BY-SA 3.0, Wikimedia Commons)

Carte de la Carpétenie, IIe siècle av. J.-C.
Carte de la Carpétenie, IIe siècle av. J.-C. (Carpetenia-Ciudades, postée par Paulusburg le 14/04/2014, CC BY-SA 3.0, Wikimedia Commons)

Viriate et ses hommes progressèrent méthodiquement en territoire ibérique, avec comme première destination la Carpétanie[31], où ils firent du Mons Veneris[32] leur quartier général. Arrivé à Segóbriga en fin 146 av. J.-C., Viriate envoya des hommes libérer les troupeaux de bétail, attirant ce faisant vers l’extérieur l’ennemi qui se trouvait à l’intérieur de la forteresse de la ville, jusque dans une embuscade où ils se firent massacrer[33].

En 141 av. J.-C., le nouveau Consul de Rome, Quintus Fabius Maximus Servilianus, succédant à son frère Maximus Aemilianus, tenta de pousser Viriate à une bataille directe sur de vastes plaines, mais échoua et décida d’assiéger la ville d’Erisane, alors alliée à Viriate. Ce dernier et ses hommes parvinrent à s’infiltrer dans la nuit noire au sein des murs de la ville et, l’aube venue, à tuer les soldats romains positionnés dans les tranchées de circonvallation. S’ensuivit un combat direct entre les forces lusitaniennes et romaines qui résulta en une victoire lusitanienne, poussant, pour cette raison, les forces de Servilianus à battre en retraite dans le désordre et la confusion.

Les hommes de Viriate, de grands cavaliers, profitèrent alors de l’occasion pour les repousser vers une zone sans échappatoire au sommet d’une grande colline étroite, les contraignant à se rendre[34]. Malgré cette victoire, et pour des raisons que nous ne pouvons que supposer[35], Viriate fut conduit en 140 av. J.-C. à demander la signature d’un traité de paix avec les Romains, que ceux-ci acceptèrent, du moins en apparence[36]

Comme nous venons de le voir, Viriate savait utiliser le terrain et ses hommes à son avantage en faisant fi des conventions de la guerre réglée. C’est ainsi que les tactiques de harcèlement, d’embuscade ou encore d’attaque par surprise de nuit se transformaient en un véritable arsenal militaire efficace.

Néanmoins, bien que de nature non-conventionnelle et donc peu prévisible, l’art tactique irrégulier de Viriate se scella paradoxalement, lui aussi, dans sa propre orthodoxie. En effet, sa manière d’attaquer son ennemi avec des méthodes irrégulières, systématiquement du même type, donna à la guérilla façon Viriate un caractère tactiquement régulier.

Viriate fit usage du harcèlement non seulement sur les champs de bataille, à l’échelle tactique, mais aussi au niveau stratégique, celui de la conduite de la guerre. À l’image d’un ressac, Viriate et les siens n’ayant pas été toujours victorieux, des trêves de facto advinrent à plusieurs reprises, accentuant le caractère temporisateur de cette guérilla[37].

Cette férocité au combat des Lusitaniens témoigne de la grande volonté qui les animait dans le combat face aux Romains. Alimenté par la trahison de ces derniers, le désir de vengeance et de protection de leur souveraineté territoriale fut un carburant adéquat et optimal pour l’exécution d’une guérilla efficace et durable. La complexité logistique de l’établissement de troupes permanentes très éloignées du territoire romain (particulièrement par la mer) et du commandement de celles-ci auraient pu permettre aux Lusitaniens, avec les opérations de guérilla visant à user ceux-ci, de forcer les Romains à se retirer d’Hispanie, au moins temporairement, afin de limiter leurs pertes[38].

Pourtant, et même si leur résistance fut farouche et admirable, la parenthèse lusitanienne finit par se refermer[39] pour nous donner l’histoire que nous connaissons aujourd’hui. C’est ainsi que Viriate fut assassiné dans son sommeil en 139 av. J.-C., par trois de ses lieutenants qu’il considérait comme les plus loyaux. Il les avait envoyés à Rome pour négocier la paix, mais ceux-ci succombèrent, en effet, aux manipulations du consul, Quintus Servilius Caepio, pensant qu’ils pourraient obtenir des garanties, pour eux-mêmes et les leurs, de sa part, s’ils exécutaient Viriate[40].

Ce qu’il manquait peut-être à Viriate pour préserver sa vie et sa guérilla, c’était d’inspirer autant la crainte que le respect.

Viriate assassiné
Viriate assassiné (Madrazo Viriatus HighRes, postée par Stefan Bellini le 27/01/2013, domaine public, Wikimedia Commons)

Néanmoins, il nous paraît important d’insister sur les qualités de Viriate et de sa guérilla. Issu d’un peuple enhardi par la montagne, et dont le mode de vie fut adapté en conséquence (banditisme), Viriate jouissait naturellement des forces qui lui seraient essentielles dans la conduite de sa guerre. Débrouillardise, adaptabilité constante, très fort esprit de corps, formation guerrière empirique, les tribus de Lusitanie étaient déjà une force certaine. Cette robustesse, combinée avec l’intelligence stratégique et tactique de Viriate, fit des Lusitaniens, des ennemis tenaces à ne pas sous-estimer. La force de la guérilla de Viriate tenait donc tant à sa personne qu’à la terre qui l’a vu, avec les siens, grandir et se forger. De cette analyse surgit un questionnement sur les guérillas : le terrain est-il destin ?

Toutefois, si la guérilla peut constituer un bon moyen de remporter des batailles face à un ennemi coriace, elle n’assure pas forcément de remporter la guerre. La durée du combat, son organisation, ses moyens, ses objectifs sont autant de paramètres à prendre en compte pour l’emporter.

Dans ce cadre, et à travers cette analyse du contexte antique lusitano-romain, il apparaît quelques failles dans cette utilisation de la guérilla au stade embryonnaire, failles qui sont néanmoins très instructives pour pouvoir penser l’irrégularité en tant que forme de guerre mais aussi pour pouvoir penser la guerre, plus globalement, et comprendre les nécessités essentielles à sa pratique.

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Bibliographie

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[1] SILVA Luis M., The Lusitanian War: Roman Conquest of Lusitania 155 BCE – 139 BCE, Bloomington, Authorhouse, 2020, 493 p., pp. 105-106 et 293-300

[2] Magistrat de Rome, de rang sénatorial, chargé de rendre justice dans la cité, ou de gouverner une province sous domination de la République.

[3] Ibid., op. cit., p. 293 et pp. 308-309

[4] Ibid., pp. 301-307 et pp. 309-312

[5] Cela ne dura pas, et lorsque Viriate devint commandant, la deuxième guerre punique – où Carthage était à son sommet de puissance – s’était déjà achevée depuis 201 av. J.-C., soit 55 ans avant la première grande bataille menée par Viriate en 146 av. J.-C. La troisième guerre punique s’achevait, elle, la même année que cette première bataille, cet avantage ne se maintint donc qu’environ un an. Les Lusitaniens et Viriate devaient alors probablement subir la force d’une armée romaine moins divisée et affaiblie, ce qui accentuerait la grandeur militaire de Viriate et de son peuple. « La deuxième guerre punique », dans Roma-Latina, Paris, Prima Nocte SAS, [en ligne] http://roma-latina.com/pages/republique4.html (dernière consultation le 02/07/2022) ; BRISSON Pierre-Luc, « Rome et la troisième guerre punique : unipolarité méditerranéenne et dilemme de sécurité au IIe siècle a.C. », dans Mélanges de l’École française de Rome – Antiquité, vol 131, n°1, Rome, École française de Rome, 2019, 257 p., p. 177-199, [en ligne] https://journals.openedition.org/mefra/6980 (dernière consultation le 29/06/2022) ;

SILVA Luis M., op. cit., p. 340 ; CZARNOCKI LUCHESCHI Alvise, « Les Guerres Macédoniennes de 214 à 148 », dans Antikforever, Joël Guilleux, [en ligne] http://antikforever.com/guerres_batailles/guerres/guerres_macedoniennes.htm (dernière consultation le 02/07/2022)

[6] COSME Pierre, « Chapitre 3. L’armée en campagne (IIIe-IIe siècles av. J.-C.) », dans COSME Pierre, L’armée romaine. VIIIe s. av. J.-C. – Ve s. ap. J.-C, Paris, Armand Colin, 2021, 304 p., pp. 29-44, pp. 29-30, [en ligne] https://www.cairn.info/l-armee-romaine–9782200620998-page-29.htm?contenu=resume (dernière consultation le 29/06/2022)

[7] LE BOHEC Yann, Histoire des guerres romaines, Paris, Tallandier, 2017, 608 p., pp. 108-109, pp. 125-126 et p. 149

[8] Ibid., pp. 46-47

[9] Ibid.

[10] Pax Romana, concept utilisé pour parler de la période de paix du temps de l’Empire romain du Ier siècle au IIe siècle après J.-C, qui acte la nature de superpuissance de ce dernier, seul légitime et en mesure de faire la loi dans ses régions conquises.

[11]Ibid., pp. 43-49

[12] Unité administrative et tactique composée de soixante à quatre-vingts soldats obéissant à un « centurion » (gradé). COSME Pierre, « Chapitre 2. Le soldat citoyen (Ve-IIIe siècles av. J.-C.) », dans COSME Pierre, op. cit., pp. 17-28, pp. 17-18, [en ligne] https://www.cairn.info/l-armee-romaine–9782200620998-page-17.htm (dernière consultation le 29/06/2022)

[13] Signifie « Commandement ». Il s’agit du pouvoir suprême accordé aux magistrats romains (préteurs ou consuls), comprenant le pouvoir militaire en dehors de Rome et le pouvoir civil à l’intérieur de celle-ci. YOUNI Maria, « Violence et pouvoir sous la Rome républicaine : imperium, tribunicia potestas, patria potestas », dans Dialogues d’histoire ancienne, vol. 45, n°1, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2019, 316 p., pp. 37-64, p. 3 ; pp. 8-14, [en ligne] https://www.cairn.info/revue-dialogues-d-histoire-ancienne-2019-1-page-37.htm (dernière consultation le 29/06/2022)

[14] COSME Pierre, « Chapitre 2. Le soldat citoyen (Ve-IIIe siècles av. J.-C.) », art. cit.,, pp. 20–24 ; LE BOHEC Yann, op. cit., pp. 62 et 88

[15] HOLEINDRE Jean-Vincent, « 3 – L’hoplite et le stratège », dans HOLEINDRE Jean-Vincent, La ruse et la force : une autre histoire de la stratégie, Paris, Perrin, 2017, 468 p., pp. 59-80, pp. 60-61, [en ligne] https://www.cairn.info/la-ruse-et-la-force–9782262070465-page-59.htm (dernière consultation le 29/06/2022)

[16] Signifie « étranger », prend un sens particulier dans les conceptions romaines de la « civilisation » (peuple et culture développée) et dans leur rhétorique, où il est péjoratif, car exprimant « extérieur à Rome » et donc à sa nature civilisatrice. Les guillemets indiquent donc ici que nous nous plaçons du point de vue romain lorsque nous utilisons ce terme. NDIAYE Emilia, « L’étranger “barbare” à Rome : essai d’analyse sémique », dans L’Antiquité Classique, t. 74, Paris, Association l’Antiquité classique, 2005, 726 p., pp. 119-135, [en ligne] https://www.persee.fr/doc/antiq_0770-2817_2005_num_74_1_2567 (dernière consultation le 08/07/2022)

[17] BOSSIO Evan, CHASE Robert, DYER Justin, HUANG Stephanie, PATEL Marmik et SIEGEL Nathan, HISTORICAL EVOLUTION OF ROMAN INFANTRY ARMS AND ARMOR, Worcester, Worcester Polytechnic Institute, 2018, 128 p., pp. 25-29, [en ligne] https://web.wpi.edu/academics/me/IMDC/IQP%20Website/reports/1718/rome.pdf (dernière consultation le 29/06/2022) ; DE KLEIJN Gerda, DE LIGT Luuk et HEKSTER Olivier, « Roman Manpower Resources and the Proletarianization of the Roman Army in the Second Century BC », dans DE BLOIS Lucas (éd.) et LO CASCIO Elio (éd.), The Impact of the Roman Army (200 B.C. – A.D. 476): Economic, Social, Political, Religious and Cultural Aspects, Brill, Boston / Leiden, 2007, 589 p., pp. 3-20, [en ligne] https://library.oapen.org/bitstream/handle/20.500.12657/38152/9789047430391_webready_content_text.pdf (dernière consultation le 29/06/2022) ; CÉBEILLAC-GERVASONI Mireille, « Chapitre 12 – La politique étrangère : du protectorat à la conquête », dans CHAUVOT Alain (dir.), CÉBEILLAC-GERVASONI Mireille (dir.) et MARTIN Jean-Pierre (dir.), Histoire romaine, Paris, Armand Colin, 2014 (1re éd. 2003), 480 p., pp. 107-119, [en ligne] https://www.cairn.info/histoire-romaine–9782200290771-page-107.htm (dernière consultation le 29/06/2022) ; SANZ Anthony-Marc, « La République romaine et ses alliances militaires : pratiques et représentations de la “societas” de l’époque du “foedus Cassianum” à la fin de la seconde guerre punique », thèse d’archéologie et de préhistoire, Paris, Université Panthéon-Sorbonne – Paris I, 2013, 600 p., pp. 49-52, pp. 168-181, pp. 183-187, pp. 193-199, pp. 205-208, p. 271 et pp. 353-466, [en ligne] https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00839121/document (dernière consultation le 29/06/2022)

[18] Guerres opposant les Romains aux Carthaginois, divisées en trois périodes, de la première guerre punique à la troisième, résultant en la victoire de Rome à la fin de cette dernière. Le personnage très connu d’Hannibal Barca, s’est notamment illustré dans la deuxième guerre punique, en tant que commandant des forces carthaginoises, causant de sérieuses difficultés aux romains. LE ROUX Patrick, « Chapitre 1 – Les guerres romaines (206-16 av. n. è.) », dans LE ROUX Patrick, La péninsule Ibérique aux époques romaines (fin du IIIe s. av. n. è. – début du VIIe s. de n. è.), Paris, Armand Colin, 2010, 410 p., pp. 19-50, pp. 28-29, [en ligne] https://www.cairn.info/la-peninsule-iberique-aux-epoques-romaines–9782200268336-page-19.htm (dernière consultation le 29/06/2022) ; LE BOHEC Yann, op. cit., p. 101, p. 110 et pp. 195-197 ; SCHAEFER Timothy Edward, « The Second Punic War: The Turning Point of an Empire », honors thesis, Dayton, University of Dayton, 2015, 46 p., pp. 17-26, [en ligne] https://ecommons.udayton.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1064&context=uhp_theses#:~:text=The%20nearly%2020%20year%20war,an%20exemption%20of%20military%20service (dernière consultation le 29/06/2022)

[19] SILVA Luis M., op. cit., pp. 261-281, p. 323

[20] Ensemble de tribus lusitaniennes, rassemblées en unité populaire et territoriale, autour de la gouvernance de Viriate. Comprend également les tribus autochtones alliées temporaires, telles que les Celtibères, les Arvaques, les Belli, les Titii et les Lusones (ces tribus peuvent être considérées comme appartenant aux Celtibères). Cette alliance en 143 av. J.-C., engendrée par le chef religieux celtibère anti-romain Olyndicus – « Olyndicus [chef des Celtibères] agitant une lance d’argent qu’il prétendait envoyée du ciel, s’était, par son allure de prophète, gagné les esprits de tous.», CROMBET Pierre, « Florus, Tableau de l’Histoire romaine de Romulus à Auguste , I, 33 », dans ROUSSEL Guillaume, Encyclopédie de l’Arbre Celtique Guillaume Roussel, [en ligne] https://encyclopedie.arbre-celtique.com/olyndicus-9504.htm (dernière consultation le 11/07/2022) – et Viriate, donna naissance à ce que nous appelons la guerre de Numance.

[21] SILVA Luis M. op. cit., pp. 270-281 et pp. 289-291

[22] Ibid., pp. 316-320

[23] Son influence et son pouvoir de persuasion auraient été tels qu’il serait d’ailleurs à l’origine de la guerre de Numance opposant Celtibères et Romains – BOUTET Michel-Gérald, Québec, 2016, Academia, [en ligne] https://www.academia.edu/29965205/Les_Celtibères (dernière consultation le 11/07/2022) Ibid., pp. 345-346 ; GROUT James, « The Celtiberian War and Numantia », dans Encyclopaedia Romana, James Grout, [en ligne] https://penelope.uchicago.edu/~grout/encyclopaedia_romana/hispania/celtiberianwar.html (dernière consultation le 02/07/2022)

[24] SILVA Luis M. op. cit.,p. 323

[25] Signifie « ville » en latin. Avec une majuscule, désigne la cité de Rome, « la ville d’entre toutes les villes ».

[26] Ibid., pp. 322-325 ; MORRIS James, « The battle of Tribola, 147 BCE », dans Mogsymakes, James Morris, [en ligne] https://mogsymakes.net/the-battle-of-tribola-147-bce/ (dernière consultation le 02/07/2022)

[27] Appien, Histoire Romaine, t. II, livre VI, dans REMACLE Philippe et al., L’Antiquité Grecque et Latine du Moyen-Âge, Phillipe Remacle, 102 p., p. 62, [en ligne] http://remacle.org/bloodwolf/historiens/appien/iberique.htm (dernière consultation le 07/07/2022)

[28] LE BOHEC Yann, op. cit., pp. 50-55

[29] La tactique de « terre Déserte » est à distinguer de celle dite de la « terre brûlée ». Dans le premier cas, l’objectif est de mettre hors de portée de l’ennemi, biens et soldats, dans le second d’empêcher l’ennemi d’accéder aux ressources du pays en les détruisant par voie incendiaire au maximum. Quintus Fabius Maximus Verrucosus, l’utilisateur notoire historique de la première, avait été nommé dictateur (détenteur de l’imperium) pour lutter contre Hannibal et ses forces lors de la seconde guerre punique, en 217 av J.-C., où il fit usage de cette pratique de temporisation. Ce qui ne fut, néanmoins, pas du goût du sénat, mais qui contribua, par la suite, à la déroute des forces carthaginoises. ERDKAMP Paul, « POLYBIUS, LIVY AND THE “FABIAN STRATEGY” », dans Ancient History, vol. 23, Louvain, Peeters Publishers, 1992, 323 p., pp. 127-147, [en ligne] https://www.jstor.org/stable/44079478 (dernière consultation le 06/07/2022) ; HYS René, « Bataille de Leuctres 371 av. JC – Analyse tactique », dans Rene-Hys, René Hys, [en ligne] https://rene-hys.fr/analyse-tactique-bataille-de-leuctres-371-av-jc/ (dernière consultation le 02/07/2022)

[30] Selon la narration de ses exploits militaires contée par ses ennemis, uniques sources primaires écrites traitant de ce conflit.

[31] RODRÍGUEZ García Gonzalo, « Viriato y Numancia III: Un Guerrero y un Druida », dans La Forja y la Espada, La Forja & la Espada, 2016, [en ligne] https://gonzalorodriguez.info/viriato-numancia-parte-iii/ (dernière consultation le 06/07/2022)

[32] Signifie la colline de Vénus, massif montagneux ou chaîne de montagnes dont la localisation exacte reste débattue par les spécialistes, certains la placent à Sierra de San Vicente à Tolède, d’autres à Sierra de San Pedro, Cáceres, et quelques-uns la placent à Sierra de la Serenita à Gredos.

[33] SILVA Luis M., op. cit., pp. 332-336

[34] Ibid., pp. 349-352

[35] Ibid., pp. 353-358

[36] Ibid., pp. 359-360 et pp. 367-369

[37] Ibid., p. 341, p. 344, p. 347 et p. 348

[38] COSME Pierre, « Chapitre 3. L’armée en campagne (IIIe-IIe siècles av. J.-C.) », art. cit., pp. 30-32, [en ligne] https://www.cairn.info/l-armee-romaine–9782200620998-page-29.htm?contenu=resume (dernière consultation le 29/06/2022) ; CÉBEILLAC-GERVASONI Mireille, « Chapitre 13. Rome et l’Italie. État des lieux », dans CHAUVOT Alain (dir.), CÉBEILLAC-GERVASONI Mireille (dir.) et MARTIN Jean-Pierre (Dir), Histoire romaine, Paris, Armand Colin, 2019 (1re éd. 2003), 516 p., pp. 120-137, pp. 121-122, [en ligne] https://www.cairn.info/histoire-romaine–9782200622909-page-120.htm (dernière consultation le 29/06/2022)

[39] Un an avant son assassinat, Viriate, en position de faiblesse, traite avec les Romains pour signer un traité de paix, en 140 av. J.-C. L’une des raisons théorisée de la volonté de Viriate de conclure cet accord, est la montée des tensions entre les différentes tribus, qui s’expliquerait par l’épuisement des forces tant en terme d’effectifs que du moral, après une guerre aussi longue (six ans au moment de la signature, sous le commandement de Viriate, bien plus longtemps en dehors de son commandement). Certaines tribus étant d’ailleurs tombées sous contrôle romain. L’ambition « nationaliste » de Viriate de créer un territoire Lusitanien uni aurait donc été compromise par cet état de fait (en plus de la puissance romaine, qui l’aurait très probablement empêché d’arriver à ses fins). Parmi les suggestions dans l’ouvrage de Silva, nous retrouvons également l’idée que cette unité des différentes tribus ne tenait que grâce à la personne de Viriate. Nous pouvons donc considérer qu’il en avait également conscience, et que cela motivait la signature du traité de paix. Nous pouvons supposer qu’il avait la volonté de ne plus simplement résister à Rome (la guérilla comme stratégie, auto-justifiée), mais désormais de construire un état de droit garantissant l’unité des tribus en dehors de son seul règne. Ce qu’il ne pouvait visiblement plus accomplir, avec l’ascendant politico-militaire que lui aurait procuré une victoire contre les romains et donc un armistice en sa faveur. Il aurait ainsi été contraint de compter sur le sens de l’honneur romain pour arriver à ses fins et donc de signer le traité de paix, tel une tragédie grecque. SILVA Luis M., op. cit., pp. 351-352

[40] Ibid., pp. 368-372 ; Selon les légendes, ces mêmes hommes auraient été par la suite exécutés par les romains, soit car Rome ne tolérait pas qu’un général soit tué par ses soldats, ou tout simplement car elle ne payait pas les traîtres. Eutrope, Abrégé de l’Histoire romaine, livre IV, Paris, Garnier Frères, 1865, 449 p., traduit par DUBOIS Nicolas-Auguste et POMMIER Amédée, [en ligne] https://fr.wikisource.org/wiki/Eutrope_-_Livre_IV (dernière consultation le 03/07/2022)

3 réflexions sur “La guerre irrégulière dans l’Antiquité : le cas des Lusitaniens (IIe siècle av. J.-C.)

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