La fin du shogunat Tokugawa et la bataille de Hakodate

La fin du shogunat Tokugawa et la bataille de Hakodate

Aussi appelée en japonais bataille du Goryōkaku 五稜郭[1], la bataille de Hakodate mit fin à la guerre du Boshin 戊辰戦争[2] (1868-1869) entre ce qu’il subsistait de l’armée du shogunat Tokugawa 徳川幕府[3] et les forces du nouveau régime impérial, principalement composées de troupes venant des fiefs de Satsuma 薩摩藩 et de Chōshū 長州藩. Elle annonça la chute du régime shogunal des Tokugawa et la Restauration impériale de Meiji. Toutefois, c’est en 1853 que notre affaire commence…

L’arrivée des bateaux noirs et la signature des traités inégaux

Lorsque les Tokugawa décidèrent de « fermer »[4] le Japon (sakoku 鎖国, de 1641 à 1853), il s’agissait avant tout de stabiliser le pays et de le protéger d’influences extérieures, telles que celle du christianisme[5]. Cependant, avec le retour en force des Occidentaux dans la région au XIXe siècle, cet isolement relatif fut remis en cause[6].

En effet, en juillet 1853, les kurofune 黒船, « bateaux noirs », de l’amiral Perry arrivèrent dans la baie d’Edo 江戸[7] afin de transmettre une lettre du président américain, Millard Fillmore. Celle-ci demandait la signature d’un traité commercial[8]. Le shogunat leur étant hostile, les Américains décidèrent de lui laisser un délai de réflexion. Celui-ci s’accompagnait de menaces voilées qui sous-entendaient un ultimatum.

Ce temps de réflexion affaiblit considérablement du point de vue politique le shogunat. En effet, le shōgun Tokugawa hésitait. Constatant l’infériorité de la flotte japonaise face aux Américains, il se tourna vers la cour impériale, composée de l’empereur Kōmei 孝明天皇 et des daimyō 大名[9], afin d’obtenir conseil.

La cour n’avait pas été consultée depuis bien longtemps au Japon. Or, au moment de l’arrivée des bateaux noirs, un courant nationaliste émergeant dans l’archipel voulait rendre à l’empereur son pouvoir, afin de l’ériger en figure centrale du Japon[10]. Le shōgun se concerta alors avec l’un de ces daimyō nationaliste qui lui avisa la lutte, tandis que d’autres l’encouragèrent à gagner du temps. Dans l’ensemble, il y eut néanmoins une absence de volonté collective à résister, ce qui fit que le shōgun céda très rapidement.

Ainsi, en mars 1854, fut signé le traité commercial de Kanagawa 神奈川[11], qui mentionne l’ouverture de deux ports de relâche : Shimoda 下田 et Hakodate. Les bateaux américains pouvaient désormais y recevoir des vivres et du combustible et avaient la garantie d’être bien traités. Les Américains obtinrent également l’ouverture d’un consulat à Shimoda. Ce dernier étant situé dans un coin assez isolé, il fut initialement ignoré par le gouvernement japonais. Toutefois, grâce à son rapprochement avec un proche du shōgun, Ii Naosuke 井伊直弼, le consulat réussit à négocier un second texte, le traité Harris[12]. Celui-ci prévoyait l’ouverture de deux ports supplémentaires : Kōbe 神戸 et Yokohama 横浜.

Lithographie de la seconde visite de l’amiral Perry au Japon, en février-mars 1854 à Kanagawa, où fut alors signé le traité commercial de Kanagawa
Lithographie de la seconde visite de l’amiral Perry au Japon, en février-mars 1854 à Kanagawa, où fut alors signé le traité commercial de Kanagawa, Wilhelm Heine, années 1850, Smithsonian Instituion, Wikimedia Commons

Des traités similaires furent signés avec la France, la Grande-Bretagne, la Russie et les Pays-Bas. Il s’agissait de traités dits « inégaux », surtout à cause de deux clauses, la première étant l’extraterritorialité. La seconde reposait sur le fait que le Japon ne fixerait désormais plus ses droits de douane, permettant aux pays étrangers d’exporter sur l’archipel avec pratiquement aucune taxe.

Ces traités entraînèrent des réactions de protestations envers le shōgun et les étrangers. Des fiefs entrèrent dès lors en contestations contre le régime shogunal, et cela au nom de l’empereur, sur un fond d’idéologie xénophobe.

Sonnō jōi 尊皇攘夷 : « révérer l’empereur et chasser le barbare »

Deux types de réaction se produisirent face à l’arrivée des étrangers. D’un côté, le shogunat et certains fiefs y virent une chance de développer le commerce, mais également, animés d’une véritable curiosité, les savoirs et savoir-faire dans l’archipel. En ce sens, des personnalités furent envoyées en Occident et leurs missions firent l’objet de chroniques. C’est ainsi que de très nombreux éléments du mode de vie occidental furent importés au Japon.

D’un autre côté, plusieurs fiefs (qui envoyaient tout de même des missions eux aussi) essayèrent de renverser le régime shogunal avec pour slogan sonnō jōi, « révérer l’empereur et chasser les barbares ». Le fait de proclamer vouloir chasser le barbare servait surtout à discréditer le shōgun.

De fait, à partir du XVIIIe siècle, le shogunat dut gérer une crise, notamment économique[13], ainsi qu’une famine sur l’archipel. Il tenta de lancer des réformes, qui échouèrent toutes plus ou moins. Le régime subit donc un affaiblissement progressif et un appauvrissement (qui contrastait avec la richesse naissante des marchands). Le shogunat lançait des réformes ayant pour objectif d’obtenir une société idéale hiérarchisée qui redonnerait son prestige aux guerriers et limiterait le pouvoir des marchands avec des lois somptuaires[14]. Toutefois, cela ne fit que fragiliser davantage le régime.

Parallèlement, et comme le shōgun ne contrôlait directement qu’une petite moitié des fiefs, certains daimyō lancèrent eux aussi des réformes, qui, elles, furent efficaces et permirent leur enrichissement. Le fief de Chōshū, ou encore celui de Satsuma, réussirent leurs réformes, car ils prirent conscience de l’essor des marchands et développèrent de nouveaux types de cultures, notamment agricoles, avec des plus-values commerciales.

Quand les Occidentaux débarquèrent sur l’archipel, ces fiefs étaient déjà dans une logique de montée en puissance et ils y virent une occasion d’affaiblir les Tokugawa. Certaines opérations furent alors mises en place dans ce sens, notamment des assassinats.

En 1860, un samurai 侍 du fief de Mito 水戸藩 assassinat Naosuke. Celui-ci avait mené une partie des purges de Ansei 安政の大獄, durant lesquellest des daimyō furent emprisonnés, voire exécutés, car ils contestaient la décision du shōgun de signer le traité commercial avec les Américains (entre autres)[15]. En 1862, des samurai de Satsuma assassinèrent un marchand anglais : son attitude à cheval avait été jugée inappropriée. Chōshū, qui contrôlait le détroit de Shimonoseki 下関海峡, y attaqua des bateaux étrangers à l’aide de canons…

L’année suivante, l’empereur Kōmei lança également des actions contre les étrangers. Néanmoins, son attitude était ambiguë envers le shogunat. Les Tokugawa poussaient l’empereur à signer les traités, mais il s’y refusait, sans pour autant se prononcer pour un renversement total du shogunat. Il souhaitait, au contraire, renforcer les liens qui les unissaient.

En avril 1863, le gouvernement ordonna l’expulsion des étrangers, ce qui conduisit les puissances occidentales à mener des bombardements. Kagoshima 鹿児島市, capitale du fief de Satsuma, fut visée en guise de punition pour l’assassinat du commerçant anglais cité précédemment[16]. La ville de Shimonoseki fut également attaquée. Cette démonstration de force changea les choses.

Les fiefs de Chōshū et de Satsuma s’associèrent alors avec les Occidentaux[17], notamment avec la Grande-Bretagne. Ils avaient compris que, pour chasser le shōgun, l’idéologie anti-étrangers n’était pas efficace lorsque lesdits étrangers avaient une telle force de frappe. Satsuma en profita pour demander un enseignement de la technique de production de leurs canons si puissants. Le shogunat, quant à lui, décida de s’allier à la France[18].

Troupes shogunales entraînées par l’armée française
Troupes shogunales entraînées par l’armée française, auteur inconnu, 1868, World Imaging, Wikimedia Commons

Bien que Chōshū ait abandonné l’idée d’expulser les étrangers, ses actions contre le shogunat continuèrent. Dès 1864, les deux parties entrèrent en guerre ouverte et des batailles eurent lieux, notamment autour de Kyōto 京都 en août 1864. Le shōgun entra en campagne militaire entre 1864 et 1866, mais échoua à réprimer le fief rebelle.

L’alliance entre Chōshū et Satsuma finit, en effet, de précipiter la chute du shogunat.

Le Satchō dōmei 薩長同盟 et le début de la guerre de Boshin

Au début de l’année 1866, Chōshū et Satsuma étaient tous deux partisans de la cause impériale, tout en ayant des modes d’action différents. En effet, Chōshū suivait une méthode dure : un conflit ouvert contre le shōgun que le fief tentait de renverser. Tandis que Satsuma était contre les étrangers, mais pour une alliance entre l’empereur et les Tokugawa. Les deux fiefs finirent par s’allier en mars 1866 et former le Satchō dōmei : l’alliance (dōmei) entre Satsuma (sat) et Chōshū (chō).

Il y eut alors un nouveau shōgun : Tokugawa Yoshinobu 徳川慶喜, qui était plus réformiste, plus habile, et qui essaya, dès 1867, de négocier pour sauver le régime en place. En novembre 1867, il déclara la restitution des pouvoirs politiques à l’empereur, le taisei hōkan 大政奉還 ; soit une mesure qui lui servait surtout à gagner du temps et qui faisait du shōgun une sorte de Premier ministre (pouvoir effectif) de l’empereur (pouvoir symbolique)[19].

Photographie de Tokugawa Yoshinobu en uniforme de l’armée française (offert par Napoléon III)
Photographie de Tokugawa Yoshinobu en uniforme de l’armée française (offert par Napoléon III), auteur inconnu, 1867, Sankei, Wikimedia Commons

L’alliance Satchō dōmei tenta alors de précipiter les choses. Le 3 janvier 1868, elle lança une offensive sur Kyōto et prit le contrôle du palais impérial, qui représentait le pouvoir politique au Japon[20]. L’alliance fit rédiger à l’empereur un édit abolissant le shogunat et restaurant l’empire. Cette date marque le début de la Restauration – ou Révolution – de Meiji[21], meiji ishin 明治維新.

Cependant, le pouvoir impérial ne fut pas remis en place immédiatement. Le shōgun n’avait pas dit son dernier mot et débuta ainsi la guerre de Boshin[22]. De janvier 1868 à mai 1869, les troupes de l’alliance affrontèrent celles du shōgun – qui étaient nombreuses, mais mal équipées – les repoussant petit à petit jusqu’au nord de l’archipel et un dernier bastion : la forteresse de Goryōkaku, proche de la ville de Hakodate sur l’île de Hokkaidō 北海道, alors appelée Ezo 蝦夷.

Carte des principales batailles de la guerre de Boshin
Carte des principales batailles de la guerre de Boshin, Hoodinski, 2012, Wikimedia Commons

La République indépendante d’Ezo et la défense de Hokkaidō

En avril 1868, après la reddition du château d’Edo, la scène de la guerre de Boshin se déplaça progressivement de l’île principale de Honshū 本州 à celle, plus au nord, de Hokkaidō[23]. En effet, l’amiral Enomoto Takeaki 榎本武揚 refusa de se rendre et partit se réfugier sur cette île avec les derniers bateaux de sa flotte, quelques milliers de soldats et un certain nombre de militaires français[24]. Ils y débarquèrent en octobre 1868 et s’établirent dans la forteresse de Goryōkaku. Après quelques mésaventures et l’élimination des forces locales (fidèles au nouveau gouvernement de Meiji), la République indépendante d’Ezo fut fondée le 25 décembre 1868, avec Takeaki à sa tête.

Photographie de troupes shogunales transportées vers Ezo
Photographie de troupes shogunales transportées vers Ezo, auteur inconnu, 1868, Tōgō Association, Wikimedia Commons

Non reconnue par le gouvernement de Meiji, la nouvelle république décida de consolider ses défenses autour de la ville de Hakodate afin de prévenir une attaque venant des troupes impériales. L’armée de Takeaki avait à sa tête le commandant en chef Ōtori Keisuke 大鳥圭介, dont le second était le Français Jules Brunet[25]. Elle était composée de quatre brigades, chacune dirigée par un Français[26] disposant de deux seconds japonais : un véritable commandement franco-japonais. À noter qu’Eugène Collache et Henri Nicol, deux ex-officiers de la marine française, rejoignirent aussi l’armée d’Ezo. Le premier fut responsable de la construction de fortifications longeant les volcans entourant Hakodate, le second de la réorganisation de la marine.

Du côté de l’armée impériale, une flotte fut rassemblée autour d’un navire de guerre acheté aux États-Unis, le Kōtetsu 甲鉄艦. Elle partit d’Edo (renommée Tōkyō en septembre 1868) le 9 mars 1869 en direction du Nord.

Photographie du Kōtetsu, alors encore appelé USS Stonewall
Photographie du Kōtetsu, alors encore appelé USS Stonewall, U.S. Navy, Naval History and Heritage Command, 1865, Wikimedia Commons

Après un premier affrontement dans la baie de Miyako 宮古湾 le 20 mars, l’armée impériale débarqua à Hokkaidō le 9 avril avec environ 7 000 hommes, éliminant petit à petit les défenses adverses, notamment à Futamataguchi 二股口, jusqu’à atteindre les forteresses de Goryōkaku et celle de Benten Daiba 弁天台場.

La bataille de Hakodate

Plan de la forteresse de Goryōkaku, auteur inconnu, XIXe siècle, Wikimedia Commons

Après quelques escarmouches et raids nocturnes entre fin avril et début mai, à 4 heures du matin le 11 mai, la nouvelle armée impériale commença son attaque totale contre Hakodate, par la terre et par la mer.

En effet, les troupes gouvernementales avaient envoyé des navires de guerre dans la baie de Hakodate. Les combats opposant les différents vaisseaux firent rage entre le 4 et le 10 mai, sans qu’aucun vainqueur ne se distingue. Chaque partie y perdit des navires.

Sur la terre, Ōtori avait placé de l’infanterie et des troupes de guérilla au nord de la forteresse. Le 11 mai, 4 000 soldats de l’armée gouvernementale vinrent à leur rencontre. Malgré l’appui de l’artillerie, Ōtori dut se retirer au Goryōkaku à la nuit tombée.

Par ailleurs, 700 hommes de la nouvelle armée impériale avaient débarqué derrière le mont Hakodate le 11, sous le couvert de la nuit. Certains partirent du côté nord-ouest et menacèrent l’arrière de Benten Daiba, d’autres prirent l’ouest et escaladèrent le mont pour en atteindre son sommet. Les gardes qui y étaient postés furent surpris et s’enfuirent. À l’aube, le mont était pris.

Les forces impériales qui l’occupaient en profitèrent alors pour attaquer la flotte adverse dans la baie, mais aussi le corps des officiers d’entraînement qui gardaient la ville de Hakodate. Ces derniers tentèrent de résister en renforçant la défense à Benten Daiba, mais en vain : l’attaque fut écrasante. L’armée d’Ezo perdit la ville qui, vers 11 heures, était déjà envahie.

Le lendemain, la forteresse de Goryōkaku fut à son tour la cible de tirs navals. Cependant, Enomoto refusait toujours de se rendre.

La flotte impériale japonaise attaquant les rebelles à [Hakodate]
La flotte impériale japonaise attaquant les rebelles à [Hakodate], William Henry Webster et The Illustrated London News, 1869, The Illustrated London News, Wikimedia Commons

Le 16 mai, les officiers de la République indépendante d’Ezo opposèrent une dernière résistance. Néanmoins, après une heure de combat, la garnison de l’avant-poste se retrouva détruite. Dans la soirée, Enomoto finit par demander une trêve jusqu’au lendemain matin à 7 heures, ce que la partie gouvernementale accepta. Durant la nuit, le commandement de la République indépendante d’Ezo en vint à la décision de se rendre. Enomoto tenta de se donner la mort afin de prendre la responsabilité de la défaite, mais il fut stoppé.

Le lendemain, soit le 17 mai, les rebelles présentèrent une reddition inconditionnelle. Le 18, environ un millier d’hommes présents dans la forteresse se rendirent. Les Français, quant à eux, s’étaient enfuis sur un navire de guerre français.

Enfin, le 27 juin 1869, Enomoto se rendit officiellement, se soumettant à l’empereur Meiji, signant donc la fin de la République indépendante d’Ezo. Le Japon était de nouveau un empire unifié[27] et les réformes impériales de la « révolution » de Meiji pouvaient continuer.

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Bibliographie :

AKAMATSU Paul, Meiji-1868 : révolution et contre-révolution au Japon, Paris, Calmann-Lévy, 382 p.

BEASLEY William Gerald, The Meiji Restoration, Stanford, Stanford University Press, 1973, 513 p.

HALL John Whitney et SAKATA Yoshio, « The Motivation of Political Leadership in the Meiji Restoration », dans The Journal of Asian Studies, vol. 16, n°1, Durham, Duke University Press, 1956, 178 p., pp. 31-50, [en ligne] https://www.jstor.org/stable/2941545 (dernière consultation le 01/09/2023)

HERAIL Francine (dir.), Histoire du Japon : des origines à nos jours, Paris, Hermann, 2009, 1413 p.

PRESSEISEN Ernst Leopold, Before Aggression: Europeans Prepare the Japanese Army, Tucson, University of Arizona Press, 1965, 163 p.

SANSOM George, A History of Japan: 1615-1867, Stanford, Stanford University Press, 1978, 258 p.

SERAFINO Steve, « Les derniers samouraïs : une histoire de la modernisation de l’armée japonaise », dans La Revue d’Histoire Militaire, Les Lilas, La Revue d’Histoire Militaire, 2018, [en ligne] https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2018/09/24/les-derniers-samourais-une-histoire-de-la-modernisation-de-larmee-japonaise/ (dernière consultation le 01/09/2023)

SOUYRI Pierre-François, Nouvelle histoire du Japon, Lonrai, Perrin, 2010, 627 p.

WILSON George, « Plots and Motives in Japan’s Meiji Restoration », dans Comparative Studies in Society and History, vol. 25, n°3, New York, Cambridge University Press, 1983, pp. 405-556, pp. 407-427, [en ligne] https://www.jstor.org/stable/178622 (dernière consultation le 01/09/2023)

YASUOKA Akio 安岡昭男 (dir.), Bakumatsu ishin dai jinmei jiten 幕末維新大人名辞典 (« Dictionnaire des grands noms de la fin du shogunat et de la Restauration »), vol. 1, Tōkyō, Shinjinbutsu Ōraisha, 2010, 718 p.

YASUOKA Akio 安岡昭男 (dir.), Bakumatsu ishin dai jinmei jiten 幕末維新大人名辞典 (« Dictionnaire des grands noms de la fin du shogunat et de la Restauration »), vol. 2, Tōkyō, Shinjinbutsu Ōraisha, 2010, 715 p.


[1] Nom de la forteresse où se déroula la bataille.

[2] Litt. « guerre de l’année du dragon ».

[3] Le shogunat est un système politique avec à sa tête un shōgun 将軍 dirigeant (en général) de facto l’empire du Japon. Il est assimilé à un régime militaire et féodal. Le Japon connut trois shogunats : de Kamakura 鎌倉幕府 (1192-1333), de la lignée Ashikaga 足利幕府 (1338-1573) et de la lignée Tokugawa 徳川幕府 (1603-1868).

[4] Les Japonais demeuraient en contact avec le reste du monde, notamment grâce au commerce avec les Hollandais à Nagasaki 長崎. Il y avait également des contacts avec la Chine et la Corée au moyen d’ambassades.

[5] BEASLEY William Gerald, The Meiji Restoration, Stanford, Stanford University Press, 1973, 513 p., pp. 74-76

[6] Pour les Américains, le Japon se trouvait sur leur route commerciale avec la Chine. L’archipel représentait un formidable port de relâche. Quant aux Russes, ils commençaient à ressentir une pression venant de l’archipel, malgré de bons rapports voisins depuis la fin du XVIIIe siècle sur la côte ouest de la Sibérie et à Sakhaline. Les anglais, eux, victorieux de la guerre de l’Opium (1839-1842) et ayant obtenu Hong Kong avec le traité de Nankin, envisageaient d’étendre davantage leur influence en Asie ; tandis que les Français étaient présents dans les îles Ryūkyū 琉球 (Okinawa 沖縄) dans les années 1840. Tous cherchaient à entrer en contact avec le Japon. Voir ibid., pp. 76-89 et AKAMATSU Paul, Meiji-1868 : révolution et contre-révolution au Japon, Paris, Calmann-Lévy, 382 p., pp. 107-119

[7] Actuelle Tōkyō 東京.

[8] SOUYRI Pierre-François, Nouvelle histoire du Japon, Lonrai, Perrin, 2010, 627 p., pp. 425-429

[9] Seigneur d’une province.

[10] Kokutai 国体 : essence de la nation incarnée par l’empereur.

[11] Aussi appelé Nichibei washin jōyaku 日米和親条約, « traité de paix et d’amitié entre le Japon et les États-Unis », ou Kanagawa jōyaku 神奈川条約, « traité de Kanagawa ». Sur les négociations des traités inégaux, voir ibid., pp. 127-132 et BEASLEY William Gerald, op. cit., pp. 98-116

[12] Du nom du consul américain Townsend Harris.

[13] La société était en mutation durant l’époque Edo 江戸時代 (1603-1868). Elle était de plus en plus urbaine et marchande. La ville d’Edo atteignit alors un million d’habitants, ce qui était en partie dû à la double résidence (entre le fief et Edo) des daimyō imposée par le shōgun (les familles devant toujours rester à Edo en otage). Cette période vit la naissance d’une classe marchande riche, souvent même plus que les seigneurs. Ces derniers devaient pouvoir assurer un train de vie faste, avec deux résidences, et empruntèrent donc de l’argent auprès des marchands. La société de classe idéale (guerrier > paysan > artisan > marchand) fut alors chamboulée et le pouvoir fut incapable de suivre fiscalement ces évolutions (les taxes étaient toujours sur la terre et les récoltes, les marchands étaient en dehors de ce système).

[14] Il fut, entre autres, interdit aux marchands de porter de la soie ou d’afficher leur richesse.

[15] HALL John Whitney et SAKATA Yoshio, « The Motivation of Political Leadership in the Meiji Restoration », dans The Journal of Asian Studies, vol. 16, n°1, Durham, Duke University Press, 1956, 178 p., pp. 31-50, pp. 42-43, [en ligne] https://www.jstor.org/stable/2941545 (dernière consultation le 01/09/2023) ; WILSON George, « Plots and Motives in Japan’s Meiji Restoration », dans Comparative Studies in Society and History, vol. 25, n°3, New York, Cambridge University Press, 1983, pp. 405-556, pp. 407-427, p. 415, [en ligne] https://www.jstor.org/stable/178622 (dernière consultation le 01/09/2023)

[16] Ibid., p. 413

[17] HALL John Whitney et SAKATA Yoshio, art. cit., pp. 46-47

[18] Sur la réformation de l’armée shogunale et l’alliance avec la France, voir PRESSEISEN Ernst Leopold, Before Agression: Europeans Prepare the Japanese Army, Tucson, University of Arizona Press, 1965, 163 p.

[19] WILSON George, art. cit., p. 415

[20] Pour le déroulement des évènements du 3 janvier 1868, voir AKAMATSU Paul, op. cit., pp. 268-273

[21] Du nom de l’ère Meiji (1968-1912) durant laquelle eurent lieu ces événements. Ce fut également le nom posthume que prit l’empereur Mutsuhito 睦仁.

[22] Pour la guerre du Boshin, voir ibid. pp. 279-284

[23] BEASLEY William Gerald, op. cit., pp. 292-299

[24] Dont Jules Brunet et André Cazeneuve.

[25] Sur le rôle des officiers et sous-officiers « rebelles » français, notamment Jules Brunet, voir PRESSEISEN Ernst Leopold, op. cit.

[26] François Bouffier, André Cazeneuve, Arthur Fortant et Jean Marlin.

[27] Néanmoins, de fortes oppositions aux politiques gouvernementales continuèrent d’apparaître dans les années qui suivirent, notamment en 1877 dans le fief de Satsuma, où une insurrection armée menée par le célèbre Saigō Takamori 西郷 隆盛 naquit. SERAFINO Steve, « Les derniers samouraïs : une histoire de la modernisation de l’armée japonaise », dans La Revue d’Histoire Militaire, Les Lilas, La Revue d’Histoire Militaire, 2018, [en ligne] https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2018/09/24/les-derniers-samourais-une-histoire-de-la-modernisation-de-larmee-japonaise/ (dernière consultation le 01/09/2023)

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