« Si tu veux la paix, prépares la paix » : la Défense Non-Offensive

« Si tu veux la paix, prépares la paix » : la Défense Non-Offensive

Dans l’étude des relations internationales, et particulièrement des questions de Défense[1], la tension entre l’impérieuse nécessité de se protéger et la volonté de maintenir de bonnes relations avec les pays voisins est constante. Tension qui se résume en un paradoxe : un État qui cherche à assurer sa propre sécurité va, nécessairement, s’armer davantage et apparaître comme une menace auprès des autres États qui seraient alors plus à même de prendre des mesures à son encontre. Ainsi, le risque de voir une guerre éclater augmente tandis que les partis souhaitent justement s’en prémunir.

Ce paradoxe s’est illustré de manière très concrète dans l’histoire récente lors de la guerre froide. Les deux puissances que sont les États-Unis et l’Union soviétique, voulant chacune assurer leur sécurité, se sont lancées dans une course à l’armement afin d’être toujours en mesure de répondre à une hypothétique agression du camp opposé. Jusque-là, la dissuasion reposait sur ce principe de provocation : faire l’étalage de ses capacités militaires[2] (et nucléaires) était considéré comme une défense suffisante en signifiant à l’adversaire qu’il avait trop à perdre à mener une action offensive. Cela s’est traduit par de nombreuses crises, provoquées par les signaux confus envoyés par les deux puissances : comment savoir si un missile déployé n’était là qu’à des fins de dissuasion ou à des fins offensives ? Car, depuis l’extérieur, rien ne différencie ces deux actions.

Un blindé lors de l’opération Able Archer 83. Un simple exercice militaire qui, par son réalisme, fit croire à l’État Major Soviétique l’imminence d’une attaque. L’événement illustre bien qu’un exercice de dissuasion et une attaque peuvent paraître très similaires aux yeux d’un observateur extérieur – The National Security Archive

Comment résoudre ce paradoxe ? Certains imaginent naturellement la solution du désarmement : si personne n’est armé, alors personne n’est une menace et il n’y a même plus besoin de se protéger. C’est une idée très séduisante pour l’apaisement des relations internationales, mais qui peine à se réaliser. Dès lors, il faudrait que les États aient un moyen de se protéger, sans pour autant apparaître comme une menace pour leurs voisins. En clair, il faudrait une Défense qui ne puisse pas apparaître comme une offense : il faudrait une Défense Non-Offensive[3].

Ce concept se développe à partir des années 1980. Ce n’est pas un hasard : la période amorce le début de la « Guerre Fraîche »[4], caractérisée par une reprise des tensions entre l’Est et l’Ouest. Ces tensions sont extrêmement vives en Allemagne lors de la crise des euromissiles[5], qui voit se multiplier les manifestations pacifistes dans le pays. C’est dans ce contexte que des universitaires développent cette nouvelle stratégie : pour répondre à la fois à l’impératif de Défense et à l’impératif de non-provocation, afin de se protéger sans pour autant précipiter une autre crise.

Rendre la Défense (strictement) défensive

Partant de ces considérations, la Défense Non-Offensive repose sur deux principes d’organisations des forces armées : elles ne doivent pas constituer une menace, et ne doivent pas non plus offrir une cible pour une attaque[6]. Il est bien question d’éviter le conflit tout en adoptant une attitude non-provocante.

Abordons d’abord le premier aspect. Afin de ne pas être provocant, un État devrait adopter une doctrine de Défense « strictement défensive ». L’expression indique justement que les forces armées ne devraient pouvoir être utilisées qu’à des fins d’autodéfense : la Défense Non-Offensive impose une impossibilité structurelle à mener une attaque (car c’est cette possibilité qui rend un État menaçant).

Puisque l’on parle de la possibilité, les argumentaires se développent surtout autour de la question du matériel et de l’armement des armées, plutôt qu’aux intentions manifestes[7]. On peut, en effet, faire une distinction entre, d’un côté, l’armement offensif et, de l’autre, l’armement défensif. Le premier renvoie davantage à des équipements de longue portée, capables de mener des frappes sur un territoire étranger, le plus souvent avec des armes responsables d’un niveau élevé de destruction (par exemple : des bombardiers stratégiques, des missiles intercontinentaux etc.). À l’inverse, les armes défensives sont de plus courtes portées et n’ont vocation à être utilisées que sur le territoire national, dans l’éventualité d’une invasion ennemie. Par extension, ces armes sont de plus faibles puissances : un État n’a pas d’intérêt à déployer une trop grande puissance de feu sur son propre territoire.

S’il est vrai que les armements offensifs peuvent être utilisés de manière défensive, leur existence brouille la frontière entre dissuasion et menace. L’armement défensif, quant à lui, est impossible à utiliser dans une attaque, et c’est cette impossibilité qui le rend particulièrement pertinent au regard des promoteurs de la Défense Non-Offensive[8].

À partir de là, c’est une nouvelle conception de la dissuasion qui est élaborée. En effet, il ne s’agit plus de faire « armes égales » avec son adversaire en matière d’armement offensif[9]. Une telle conception de la Défense propose, en effet, une « deterrence by denial » (dissuasion par interdiction), l’idée n’est plus de réaliser un équilibre absolu des forces, mais plutôt un déséquilibre relatif : il faut que la défense de A soit supérieure aux capacités offensives de B et inversement[10].

Schéma résumant le concept de déséquilibre relatif – Romain Devaux – selon les travaux de  MØLLER Bjørn, « Common Security and Non-Offensive Defence as guidelines for defence planning and arms control? », dans International Journal of Peace Studies, vol. 1, n°2, Taipei, The International Peace Research Association, 1996, 117 p., pp. 47-66, p. 53, [en ligne] https://www.jstor.org/stable/41852823 (dernière consultation le 01/02/2023)

Les applications opératives

En souhaitant appliquer le principe de non-provocation, la Défense Non-Offensive a pu se traduire par de nombreux plans d’application. On distingue alors plusieurs archétypes, tous ayant la particularité d’être strictement défensif et de ne nécessiter qu’un nombre limité de forces pour être efficace (tout en étant un minimum dispersé)[11].

Le premier modèle repose sur la défense par forteresse (« stronghold defence »). L’idée est ici d’abandonner toute conception de sanctuarisation du territoire, au profit d’une défense en profondeur, pour concentrer ses efforts dans des endroits clés : les principaux centres politiques et démographiques. In fine, même si une armée adverse venait à pénétrer dans le territoire, elle se retrouverait vite soumise à des contraintes logistiques et d’attrition[12], car incapable de contrôler les principaux nœuds de communication.

Le second modèle repose sur un principe très similaire de défense en profondeur, mais en utilisant cette fois-ci des unités mobiles plutôt que des forteresses éloignées les unes des autres : le modèle « en toile d’araignée » (« spider & web defence »). On trouve cependant des précurseurs à ce modèle bien avant la moindre mention de Défense Non-Offensive[13] (comme Guy Brossolet), mais des auteurs comme Horst Afheldt et Von Bronin vont le réadapter pour le faire correspondre aux standards du concept qui nous intéresse. Tous proposent sensiblement une stratégie basée sur des « technocommando »[14]. Une telle conception suggère l’utilisation de petites unités dispersées sur un territoire (la toile) et équipées de radio ainsi que d’armes antichars.

Ces unités ont alors pour mission de retarder une armée adverse, d’éventuellement contrecarrer les assauts de troupes parachutistes et de produire du renseignement. Menant une forme de guérilla d’un genre nouveau[15], ces premières unités doivent se rendre responsables de l’attrition ennemie en frappant ses lignes logistiques et en l’empêchant de s’organiser. C’est ensuite dans un second temps que sont envoyées les « araignées » : des unités blindés utilisées pour écraser les forces ennemies déjà bien affaiblies.

Un Mujahideen utilisant un missile Stinger (américain) en Afghanistan, l’invasion soviétique du pays a dû affronter une guérilla particulière utilisant parfois une puissance de feu jusque-là réservé aux États – auteur inconnu, U.S. National Archives, 1988, GetArchive

Un troisième modèle d’organisation fait la part belle aux fortifications aux frontières. Ce dernier reste cependant peu populaire : outre le fait qu’une telle structure pourrait aisément être contournée[16] (notamment avec des parachutistes), elle pourrait surtout envoyer des signaux offensifs en massant des troupes aux frontières. Ainsi, les partisans de la Défense Non-Offensive préfèrent prôner des modèles de désengagement basé sur la diminution et la dispersion du nombre de forces : suffisamment pour se défendre, mais pas assez pour pouvoir attaquer.

La supériorité, mal comprise, de la défense

Parmi les arguments opérationnels que l’on retrouve le plus souvent, nombreux sont les auteurs qui considèrent que la Défense défensive est, non seulement pertinente, mais également plus efficace que n’importe quelle autre organisation. Ils s’appuient, en effet, sur le postulat que la défense est stratégiquement avantagée par rapport à l’offense[17].

Ainsi, il est commun pour les forces armées de partir du principe qu’il faut trois fois plus d’attaquants qu’il n’y a de défenseurs pour réussir une offensive[18]. Les avantages d’un camp sur la défensive sont nombreux : leurs lignes logistiques sont plus courtes ; leurs communications sont plus aisées ; ils connaissent le terrain ; ils bénéficient de fortification ; ils sont retranchés ; et n’ont pas besoin de s’exposer puisqu’ils n’ont pas besoin d’avancer. De nos jours, cet avantage s’est encore considérablement accru avec l’urbanisation des territoires[19] et les nouvelles technologies de communication et d’information[20].

« Quelques défenseurs bien préparés peuvent tenir face à un grand nombre d’attaquants en ville » – Image schématisant les avantages des défenseurs en fonction des théâtres d’affrontement, John Spencer, 2022, Johnspenceronline

Cette conception n’est pas innovante, elle est même relativement admise par les différents stratégistes, à commencer par Clausewitz. Pourtant, c’est là une erreur d’interprétation du propos de ce dernier[21]. En effet, il précise bien dans son fameux Von Kriege : « Dans la phase finale de la bataille, lorsque l’ennemi a révélé l’entièreté de ses plans et usé la majeure partie de ses forces, le défenseur devrait lancer une offensive, utilisant chaque stratégie permise par l’attaque »[22], avant d’ajouter « Nous insistons sur le fait que l’élément offensif ne devrait jamais être complètement absent »[23]. L’efficacité de toute défense repose effectivement sur l’efficacité de la (contre) attaque qui lui succède, une attaque qui servirait également à reprendre le terrain qui a été perdu, car la Défense Non-Offensive repose justement sur le fait de laisser une partie de son territoire être occupée.

Les partisans de ce modèle pêchent donc particulièrement sur ce point de la contre-attaque, mais des solutions à ce paradoxe ont été trouvées au travers des alliances défensives[24]. L’idée est alors que plusieurs pays forment une alliance tout en appliquant des mesures de Défenses Non-Offensives. En cas d’attaque, les forces des différents partenaires pourraient s’unir pour offrir suffisamment de moyens à une contre-attaque. Ainsi, chaque pays membre serait privé de capacités offensives en temps de paix (rendant ces derniers non-menaçants car incapables de mener une attaque), mais serait en mesure d’effectuer une contre-attaque après avoir mobilisé ses alliés[25]. Mais cette solution reste paradoxale : l’alliance dont il est question devrait nécessairement se doter de capacités de longue portée (donc perçue comme offensive, donc provocante), tandis que c’est bien la capacité à attaquer qui doit être inconcevable dans les descriptions de modèles non-offensifs. Si l’offensive redevient une possibilité, alors, par définition, nous sortons d’une Défense Non-Offensive.

Le problème des civils

Un autre problème persiste dans certains modèles, imaginés par quelques auteurs : la place des civils dans la Défense. En effet, certains proposent une division de l’effort défensif entre d’un côté une défense militaire classique (avec des exemples abordés plus haut dans cet article) et de l’autre une défense paramilitaire ou assurée par des civils[26]. C’est une conception a priori cohérente : ce type d’organisation permet de maximiser son potentiel défensif sans pour autant faire gonfler sa masse d’effectif militaire. Ces unités particulières auraient alors pour mission de rendre l’occupation d’un territoire la plus difficile possible, à l’aide de sabotage, de non-coopération et autres actes de résistance. Il est également possible de communiquer sur cette défense citoyenne, dans une optique de dissuasion, pour signifier à un pays hostile qu’il ne pourra pas tenir un territoire.

Mais cette option est problématique, car elle brouille une distinction centrale dans le droit des conflits : celle entre combattants et non-combattants. Or, c’est précisément cette distinction qui permet aux civils de ne pas être tenus comme hostiles et d’être relativement protégés des affres de la guerre. Pire encore, la Défense Non Offensive se retrouve à faire la promotion de combattants illégitimes, qui ne bénéficient que difficilement des protections prévues par les conventions de Genève ou de la Haye[27]. De plus, tout acte de résistance risque de faire face à de sévères représailles, y compris contre des civils innocents[28]. On trouve une certaine dissonance dans une telle conception de la Défense : d’un côté, les partisans de ce modèle veulent éviter la guerre (et ses souffrances) en étant mû par un certain amour de la paix ; de l’autre, ils peuvent faire preuve d’un certain cynisme en se dérobant au droit international (arguant par exemple que ce dernier n’existe que pour protéger les forces d’occupations et les grandes puissances[29]) et au Jus in Bello[30] pour faire la promotion de la création de milices.

C’est également une exagération de l’efficacité des guérillas. Empiriquement, ces dernières n’ont réussi à libérer un territoire que si elles étaient appuyées par des actions militaires conventionnelles. De plus, la mobilisation des civils n’est pas acquise : nombreux seraient les individus qui, dans une logique rationnelle, refuseraient de mettre leur vie en danger[31] et attendraient patiemment que la libération arrive d’elle-même dans une logique de passager clandestin[32].

Un modèle qui n’est pas universel

Il est communément admis que les modèles de Défense Non-Offensive ne sauraient être interprétés comme des manuels applicables à toutes les situations. En suivant la logique de toute organisation défensive, la règle reste la spécialisation. De manière générale, on peut distinguer trois thèmes sur cette spécialisation[33] : les spécificités du terrain (est-il facile à défendre ?), les spécificités de l’environnement stratégique (y a-t-il des menaces à proximité ?) et les spécificités des intérêts stratégiques par rapport aux grandes puissances (y a-t-il un intérêt à mener une invasion ?). Ainsi, les modèles de Défense Non-Offensive peuvent correspondre à la situation de certains pays, (on cite souvent le cas de la Suisse, de la Norvège ou de la Nouvelle-Zélande)[34], mais pas à d’autres.

Par extension, nombreux sont les États qui n’auraient aucun intérêt à adopter une doctrine défensive. Ainsi, si un pays n’est pas sous la menace d’une invasion, mais qu’il a des intérêts à protéger en dehors de ses frontières (c’est le cas, par exemple, des États-Unis), il est complètement cohérent pour lui de se doter d’une doctrine offensive[35]. De manière générale, les États avec un territoire étendu auront structurellement besoin de se doter de capacités militaires de longue portée pour pouvoir défendre chaque parcelle de terre. On peut citer l’exemple de la Russie qui, avec ses 17 millions de km2 et ses 20 000 km de frontières conjointes avec 16 pays, a nécessairement besoin d’une armée considérable pour sa simple défense (armée qu’il est ensuite possible d’utiliser de manière offensive).

Conclusion

La Défense Non-Offensive, si elle reste très intéressante d’un point de vue théorique et propose de nouvelles solutions aux problèmes internationaux de sécurité, a du mal à surmonter ses paradoxes inhérents. Conçue par des universitaires en Étude de la Paix, elle semble mal résister à l’épreuve de la guerre. Ces modèles rencontrent ainsi de nombreux problèmes au niveau opératif. Et même si quelques succès ont pu être observés[36], leur application reste problématique, entre une place controversée des civils et une mauvaise compréhension de ce qui rend une défense efficace. Le modèle pèche également dans sa prétention d’universalité : même s’il a vocation à vouloir résoudre la guerre dans le monde, il n’est pas applicable par tous.

Pourtant, derrière ce modèle, se cache une nouvelle conception de la sécurité qui, elle, est aujourd’hui partagée. L’apparition de la Défense Non-Offensive correspond, en effet, à un glissement stratégique majeur au sein des relations internationales : on commence à évoquer une sécurité globale, et non plus simplement une sécurité nationale, avec une emphase mise sur la coopération entre les États.

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Bibliographie

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[1] À des fins de clarté pour le lecteur, le terme « Défense », écrit avec une majuscule, fait référence au monde de la Défense, c’est-à-dire à l’organisation des forces armées. Le terme « défense », tout en minuscule, renvoie quant à lui à la stratégie défensive, celle que l’on oppose à l’offense. Par extension, il est tout à fait possible de parler de « Défense offensive », ou de « Défense défensive ».

[2] On parle alors de « signalement stratégique ».

[3] Le concept apparaît parfois sous d’autres appellations : Défense non provocante, Défense non agressive, Défense défensive, etc.

[4] La Guerre Fraîche fait référence à une période de la guerre froide rompant avec la Détente qui la précède. Elle se caractérise par une remontée des tensions entre les deux blocs à partir de la fin des années 1970 : on situe souvent le début de cette borne chronologique à l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS en 1979 ou à l’élection du néoconservateur Ronald Reagan en 1981.

[5] La Crise des euromissiles s’étend de 1977 à 1987. Dans un fort contexte de tension, l’Union soviétique décide de déployer des missiles SS-20 en Europe de l’Est. En réponse, l’OTAN déploie des missiles Pershing de l’autre côté du rideau de fer. La crise se résout finalement par la signature d’un traité de démantèlement des armes nucléaires de portée intermédiaire.

[6] MØLLER Bjørn, « Common Security and Non-Offensive Defence as guidelines for defence planning and arms control? », dans International Journal of Peace Studies, vol. 1, n°2, Taipei, The International Peace Research Association, 1996, 117 p., pp. 47-66, p. 51, [en ligne] https://www.jstor.org/stable/41852823 (dernière consultation le 01/02/2023)

[7] GALTUNG Johan, « Les formes alternatives de défense : l’exemple européen », dans Études internationales, vol. 20, n°3, Québec, École supérieure d’études internationales de l’Université Laval, 1989, 970 p., pp. 625–645, p. 626, [en ligne] https://doi.org/10.7202/702545ar (dernière consultation le 01/02/2023)

[8] Il convient toutefois de rappeler que cette distinction, entre les armes offensives et les armes défensives, est parfois floue : nombreux sont les équipements qui pourraient rentrer dans les deux catégories (notamment les blindés ou les pièces d’artilleries qui sont des équipements mobiles).

[9] C’est le principe de « deterrence by punishment » : la dissuasion par sanction, où l’on menace l’ennemi de représailles en cas d’attaque.

[10] MØLLER Bjorn, op. cit., p. 53

[11] Ibid., p. 55

[12] L’attrition désigne surtout la perte de matériel et l’épuisement (physique comme moral) des troupes qui subissent des problèmes de ravitaillement.

[13] On en trouve déjà des traces dès les années 1950 dans le projet « Pentomic » américain. Il reposait sur une organisation des armées là aussi fondée sur la dispersion, mais qui était alors irréalisable car les technologies de l’époque n’étaient pas assez développées (un obstacle qui, justement, n’est plus d’actualité dans les années 1980). Battle Order, « Why America’s Nuclear Army Failed / Pentomic », Battle Order, 2021, 15 minutes 43 secondes, [en ligne] https://www.youtube.com/watch?v=LrnsFmwiV_M (dernière consultation le 03/02/2023)

[14] GATES David, Non-Offensive Defence – an alternative strategy for NATO ?, New York, St. Martin’s Press, 1991, 205 p., p. 63

[15] Le concept de « techno guérilla » apparaît d’ailleurs pour désigner une forme de guérilla utilisant des nouvelles technologies garantissant une puissance de feu jusque-là jamais vu dans les stratégies irrégulières.

[16] Nombreux sont ainsi les contre-argumentaires citant en exemple la ligne Maginot comme mauvais élève.

[17] MØLLER, op. cit., p. 53

[18] On retrouve d’ailleurs ici l’argument de la pertinence de diminuer ses effectifs dans une logique strictement défensive : il n’y a pas d’utilité à être plus nombreux que l’ennemi.

[19] La guerre urbaine est réputée comme la plus coûteuse du point de vue d’un attaquant.

[20] DREEDBERG Sydney, « Three reasons why defense us beating offense un Ukraine – and why it matters for Taiwan », dans Breaking Defense, New York City, Breaking Media Inc., 2022, [en ligne] https://breakingdefense.com/2022/04/three-reasons-why-defense-is-beating-offense-in-ukraine-and-why-it-matters-for-taiwan/ (dernière consultation le 05/02/2023)

[21] GATES David, op. cit., p. 104

[22] Cité par David Gates. Ibid., p. 105

[23] Ibid.

[24] MØLLER Bjorn, op. cit., p. 58

[25] Il est également possible d’imaginer qu’une telle opération ait lieu sous le mandat des Nations unies.

[26] GALTUNG Johan, op. cit., p. 629

[27] Ces deux conventions sont les principales invoquées lorsque l’on parle de droit des conflits. Les conventions de la Haye (1899 et 1907) se concentrent sur la protection des soldats, tandis que les conventions de Genève (1949 et protocoles additionnels) sont davantage écrites dans une volonté de protéger les civils.

[28] GATES, op. cit., p. 111

[29] GALTUNG, op. cit., p. 631

[30] Jus in Bello est une locution latine qui désigne le « juste dans la guerre », c’est-à-dire les bonnes pratiques des soldats.

[31] GATES, op. cit., p. 112

[32] Le paradoxe du passager clandestin (free rider), désigne une situation où un individu refuse de payer un certain prix, pour arriver à une certaine situation, en partant du principe que quelqu’un d’autre finira bien par payer à sa place et que sa contribution individuelle n’ajoutera de toute façon rien. Si chaque individu se met à penser comme lui, alors la situation espérée n’arrivera tout simplement pas.

[33] KAY LENG DEREK Teo, « The viability of Non-Offensive Defense as a strategy for national security », dans Pointer: Journal of the Singapore Armed Forces, vol. 38, n°4, Singapour, Ministère de la Défense Singapourien, 2012, 74 p., pp. 26-34, [en ligne] https://www.mindef.gov.sg/oms/imindef/publications/pointer/journals/2012/v38n4.html (dernière consultation le 01/02/2023)

[34] Ibid.

[35] GALTUNG, op. cit., p. 636

[36] Des succès qui sont d’ailleurs liés à des aspects de l’organisation qui n’ont rien à voir avec la volonté d’être « non offensif ». Nous vous renvoyons, par exemple, à ce qui a été observé dans la stratégie de défense ukrainienne dans un article précédemment publié sur notre site : DEVAUX Romain, « Les technicals en Ukraine : symboles d’une guerre (ir)régulière », dans La Revue d’Histoire Militaire, Les Lilas, La Revue d’Histoire Militaire, 2022, [en ligne] https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2022/07/20/les-technicals-en-ukraine-symboles-dune-guerre-irreguliere/ (dernière consultation le 09/02/2023)


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