By S.Sgt. Albert R. Simpson. Department of Defense : fleurs pour l'armée

L’opinion publique américaine sur la guerre du Vietnam

L’opinion publique américaine sur la guerre du Vietnam fût marquée par le passé et est toujours en permanente évolution. Il faut prendre en considération de nombreux enjeux sociétaux et politiques pour en saisir toute la complexité.

En 1954, la conférence de Genève met un terme à la guerre d’Indochine et partage provisoirement le Vietnam en deux zones. Dès 1956, la zone Sud-Vietnam refuse d’organiser les élections, en vue de réunifier le pays, par peur d’une « montée communiste ». Dans un contexte de guerre froide, le Nord-Vietnam est soutenu par l’URSS et la Chine, tandis que le Sud-Vietnam est soutenu par les États-Unis. En janvier 1962, à Saïgon, au Sud-Vietnam, un commandement militaire américain est créé afin de soutenir le gouvernement aux prises avec l’insurrection du Front national de libération du Sud Viêt Nam, plus communément appelé Viet Cong. C’est en 1964 que le conflit prend une nouvelle impulsion et fait basculer pleinement le pays dans une guerre « officielle » avec la signature par le Congrès américain d’une autorisation d’envoyer l’US Army sur le sol vietnamien.

Vietnam
Terry Fincher/Getty Images

Avant cette date, les journaux et autres médias américains s’intéressent peu au conflit. Les informations sur ce sujet sont perdues au milieu des actualités mondiales. En 1962, quelques critiques commencent à apparaître, la plupart indignés par les méthodes qualifiées de « peu démocratiques » du régime de Ngô Ðình Diệm, ainsi que par sa « mainmise » sur le pays. La vague de contestation contre le président et sa famille commence à être rapportée par les médias américains. On peut notamment citer l’exemple célèbre de l’immolation du bonze Hòa thượng Thích Quảng Đức le 11 juin 1963. La presse se fait alors écho de la spirale infernale dans laquelle s’enivrent les États-Unis et le Sud-Vietnam.

Photographie de Thích Quảng Đức s’immolant, Malcolm Browne, 1963, Wikimedia Commons
Photographie de Thích Quảng Đức s’immolant, Malcolm Browne, 1963, Wikimedia Commons

Une première forme de contestation sociale apparaît aux États-Unis à l’été 1964, lorsqu’une quarantaine d’étudiants, issus d’un groupuscule prochinois, manifeste contre l’engagement américain au Vietnam. Les bombardements de zones rurales en février 1965 dérangent une partie de la population : elle ne remet pas en cause la guerre, mais les moyens utilisés contre une région jugée « sous développée » par rapport à la puissance militaire américaine. Les sondages montrent qu’en décembre 1965, 7 % de la population se montre favorable à un retrait total, tandis que 65 % estime qu’il faut tenir pour éviter une victoire communiste.

Après 1967, de vives manifestations résonnent aux États-Unis. Elles prennent source chez les étudiants, majoritairement blancs, issus des classes bourgeoises. Ils sont rejoints rapidement par de nombreux artistes, comme Jane Fonda. Jimmy Hendrix, quant à lui, dédicaça un de ses morceaux aux déserteurs américains lors d’un concert…

Department of the Army.Star Collection, DC Public Library : manifestation
Department of the Army.Star Collection, DC Public Library : manifestation

Les afro-américains sont particulièrement touchés par ce conflit. Cette communauté est conscrite de manière disproportionnée. Mais l’opinion de ce groupe n’est pas homogène : elle est influencée par de nombreux facteurs. Certains individus, en s’engageant, ont vu dans ce conflit un moyen de faire reconnaître leurs droits, car le pays était alors en plein mouvement des droits civiques. Pour d’autres, l’armée était perçue comme une possibilité d’accès à des formations et à un nouveau statut social par le diplôme. Il faut aussi souligner l’attachement d’une grande partie de cette communauté au président Johnson.

Néanmoins, un mouvement de contestation s’engage de plus en plus dans la lutte contre la guerre, avec de grands noms, tels que Martin Luther King, Malcolm X ou encore Mohamed Ali.

Photographe inconnu : soldats blessés
Photographe inconnu : soldats blessés

Envoyés et revenus au fil de l’engagement puis du désengagement américain, les vétérans sont mal perçus dans une partie de la société hostile à la guerre. De nombreux préjugés apparaissent les concernant : marginaux, junkies, violents, alcooliques… ce qui rend leur retour et leur réinsertion complexes. Il faut attendre 1982 pour qu’un monument aux anciens combattants du Vietnam, « The Vietnam Veterans Memorial », soit inauguré à Washington D.C. Dessus, sont inscrits les 58 000 noms des soldats décédés dans cette guerre dans l’ordre chronologique et non alphabétique.

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