Les Compagnons d’Ancelin

Dans le village de Pia, tout près de Perpignan, une joyeuse compagnie de fins bretteurs arpente, paraît-il, toute l’Occitanie. Vêtus de leur cotte de mailles et protégés par leur heaume, cervelières ou chapel de fer, Les Compagnons d’Ancelin se tiennent toujours prêts à croiser le fer dans des combats chorégraphiés, pour le plaisir d’un public en quête d’Histoire. En 2020, La Revue avait donc mené son enquête et a interrogé Luc Cioli (alias Ancelin de Mauléon), le chevalier à la tête de ces acteurs-évocateurs ayant le désir de se rapprocher de la reconstitution.

Luc, tout comme ses comparses, est avant tout un passionné, dont l’intérêt pour la reconstitution ne date pas d’hier. Tout commence il y a quelques années, avec un petit stand médiéval sur un marché d’époque avec Les Compagnons du Chêne ardent : « C’est en participant à cet événement que je suis véritablement tombé dedans ; j’y ai plongé tout entier et me suis passionné pour la réalisation de cotte de mailles. Après un an de confection, je pouvais enfin enfiler ma première tenue. Il ne suffisait plus que d’une rencontre avec les chevaliers du roi d’Aragon pour que je me lance ensuite pleinement dans la reconstitution et le combat médiéval », raconte Luc, ou Ancelin lorsqu’il revêt sa tenue de chevalier.

Bien que les débuts se révèlent parfois difficiles, notamment à cause de certaines erreurs liées au respect des tenues et des armements, Luc poursuit son chemin : il lit, cherche, analyse, décortique et examine sous toutes les coutures les chevaliers des XIIe au XIIIe siècles. Deux-trois ans s’écoulent, et le voici bientôt prêt pour une nouvelle aventure : en 2016, il décide de créer sa propre troupe, celle qu’il dirige encore aujourd’hui, Les Compagnons d’Ancelin.

Les Compagnons d'Ancelin

Ces derniers, au nombre de quinze, sont spécialisés dans la reproduction de combats médiévaux chorégraphiés. Des reconstitueurs donc, mais aussi des acteurs et des médiateurs, pour lesquels chaque combat est l’occasion de créer une véritable interaction avec le public :

« Nous essayons toujours de faire participer un maximum les gens qui viennent nous voir. Par exemple, nous confions aux adultes des armes d’hast en les plaçant en première ligne et nous nous amusons à les faire crier en chargeant. Pour les enfants, nous avons même créé un atelier de catapultes à bonbons, ou de mini combats avec les parents grâce à des épées en mousse. Il y en a pour les petits comme pour les grands, tout cela dans une ambiance festive et didactique », explique Luc Cioli.

Les Compagnons d'Ancelin

Au-delà de cet aspect plutôt bon enfant, et derrière la scène, ces performances demandent néanmoins un véritable entraînement, rigoureux et hebdomadaire, notamment lorsqu’il est question de reconstitution de grandes batailles :

« J’ai bien mis un an à apprendre les règles, les mouvements et à acquérir les automatismes. Nous suivons aussi un entraînement régulier, où nous commençons par nous échauffer, puis nous revoyons les attaques et les différentes parades, avant de travailler sur les chorégraphies. Comme dans tout sport, il faut maîtriser les gestes techniques, tout en développant une certaine culture du fairplay. Je me suis lancé deux ou trois fois dans des combats plus pêchus, lors de grandes batailles avec une centaines de combattants dans chaque camp ; on est assez content et fier de soi lorsqu’on tient le choc. Néanmoins, j’ai vraiment préféré me tourner vers les combats chorégraphiés. Je ne suis pas un “grand violent” pour ma part », confie-t-il par un trait d’humour.

Mais il ne faudrait pas croire que Les Compagnons d’Ancelin n’aient qu’un atout dans leur manche ! Si le combat médiéval occupe une place importante, le public peut trouver auprès d’eux la reconstitution de nombreuses autres activités de l’époque. Ils proposent, en effet, une haubergerie où ils expliquent la fabrication des cottes de mailles, un atelier didactique sur l’archerie avec différents types de flèches, arcs et arbalètes, mais aussi un atelier sur l’hygiène ou la cuisine au Moyen-Âge. Tout un programme qui s’est même enrichi en termes de tenues, puisque ces reconstitueurs incarnent depuis peu des chevaliers aragonais, pour le plaisir des plus grands comme des plus petits.

Les Compagnons d'Ancelin

Ainsi, Ancelin de Mauléon et ses compagnons ont la culture de la proximité avec le public et du partage : « Nous expliquons toujours les choses avec beaucoup d’humour, car nous transmettons d’abord une passion, celle de la mémoire, du jeu et de l’apprentissage », conclut Luc Cioli. Une belle initiative, donc, dans le monde de la reconstitution, qui mérite de trouver à chaque fois son public.

Et si vous souhaitez vous lancer dans la reconstitution et que vous habitez leur région, ils n’attendent que vous !

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