Il peut paraître étonnant qu’une poignée d’hommes soit parvenue à s’emparer d’un empire aussi vaste et peuplé que l’Empire aztèque. Parmi les raisons avancées d’un tel succès, l’avantage que confèrent les armes espagnoles et la chute démographique due aux maladies (qui aurait d’ailleurs entraîné un refroidissement climatique) se hissent en bonne place. Pourtant, il serait réducteur d’imaginer que la conquête des Amériques n’ait été permise que par ces deux éléments. En effet, l’aventure des conquistadors d’Hernán Cortés fut aussi facilitée par une stratégie diplomatique, mue par la nécessité, et qui renforça grandement les moyens à disposition des conquistadors.
Débarquant sur les côtes de l’actuelle ville de Veracruz au Mexique, qu’il fonde au même moment, Cortés ne dispose alors que d’un demi-millier d’hommes, une centaine de marins, seize chevaux et quatorze pièces d’artillerie. Face à lui, l’inconnu, et derrière lui, les hommes que le gouverneur de Cuba ne tardera pas à envoyer à sa poursuite, et qui finiront par gonfler ses effectifs. Outre l’avantage de l’armement, les hommes de Cortés peuvent aussi compter sur l’aguerrissement des vétérans des guerres d’Italie présents dans leurs rangs. Mais l’expérience, l’appât du gain ou la soif d’aventure ne sont jamais des raisons suffisantes pour pousser des individus à sauter dans l’inconnu. Cortés ordonne donc de faire échouer les navires afin que ses troupes comprennent qu’à défaut d’avancer, c’est la mort qui les attend.
Les premiers contacts avec les populations indiennes consistent généralement en affrontements que les conquistadors remportent facilement, subjuguant ainsi plusieurs tribus. C’est à leur contact et grâce à des traducteurs (dont la Malinche et Gerónimo de Aguilar) que les Espagnols vont acquérir des informations cruciales, notamment géopolitiques. L’Empire aztèque, qui domine la vallée de Mexico et ses environs, est la grande puissance régionale. Néanmoins, celui-ci n’est uni qu’en apparences. Certaines tribus rejettent son autorité, comme celle des Tlaxcaltèques, et voient l’arrivée des Espagnols comme une opportunité de mettre un terme à la domination Mexica (peuple fondateur de l’Empire aztèque).
Fort de ces informations, Cortés joue alors de diplomatie ou de force, en fonction, pour contrebalancer la puissance Mexica, accroître ses alliés et diminuer les risques qu’encourt son expédition. Combattant puis parlementant tour à tour avec les tribus, il parvient ainsi à décupler rapidement ses effectifs, jusqu’à pouvoir mobiliser plusieurs milliers d’auxiliaires autochtones.
Le conquistador aurait d’ailleurs dissuadé ses hommes de commettre des exactions contre les populations locales, puisqu’en les ménageant, celles-ci pourraient plus facilement joindre leurs forces à l’expédition. Les officiers qui désobéirent à ce conseil, somme toute logique, subirent le contrecoup de leur tempérament lors de la Noche Triste, durant laquelle une révolte des Mexicas chassa les Espagnols et leurs alliés de la capitale Tenochtitlan. Cet épisode de violences n’est cependant pas isolé, puisque les conquistadors détruisirent dans cette entreprise de nombreux repères des autochtones, notamment religieux, qu’ils remplaçaient alors par les leurs.
Néanmoins, de quelques centaines de combattants, Cortés se retrouve vite, à force de négociations, de combats et de cadeaux, à la tête d’une armée nombreuse. Celle-là même qui mit fin à l’Empire aztèque le 13 août 1521. L’approche diplomatique, la connaissance de la géopolitique régionale et les effectifs ne sont donc pas à négliger dans ce cas, car comme le disait le général Patton : « Les guerres peuvent être menées par les armes, mais elles sont remportées par les combattants ».
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