à l’aube du VIIe siècle avant notre ère, le dernier chapitre de la préhistoire japonaise se clôt avec le néolithique, connu sous le nom de l’époque Jōmon (縄文). Le Japon entre alors dans l’époque Yayoi (弥生), pendant laquelle se produit progressivement la transition vers la protohistoire. Jusqu’au IIIe siècle de notre ère, l’introduction et le développement de technologies bousculent les communautés humaines qui peuplent l’archipel. La riziculture irriguée améliore la production agraire, garantissant une meilleure stabilité et rentabilité alimentaire ; la métallurgie du bronze, puis du fer, apporte, elle, un outillage plus performant. Cette dynamique s’accentue du milieu du IIIe siècle jusqu’à la fin du VIe siècle, tout au long de l’époque Kofun (古墳), dite des « Grandes tombes ». Dès lors, les techniques acquises se perfectionnent et touchent l’ensemble des domaines de production et de l’artisanat.
Ces innovations, en affinant les moyens et les méthodes par lesquels se réalisent les différentes activités humaines, modifient par la même occasion la conception et l’organisation de la société. L’étude de la violence organisée semble être la plus appropriée pour percevoir cette lente transformation et appréhender la réalité du Japon protohistorique. Durant les époques Yayoi et Kofun, celui-ci se construit en effet par son degré de puissance guerrière, voire ses capacités militaires à partir d’un certain moment. Ce phénomène se confirme dans l’expansion intérieur des cultures étatiques successives du Yamatai puis du Yamato ; ou, dans les relations extérieures avec l’Asie de l’est, variant entre jeu de pouvoir en Corée et recherche de légitimité auprès des dynasties chinoises.
Bien qu’une restitution détaillée et parfaitement authentique reste, faute de données, inenvisageable, il est néanmoins possible de se représenter les formes et les moyens d’expression de cette violence en en étudiant ses instruments. Si l’archéologie nourrie cette investigation par une riche documentation de terrain, elle requiert malgré tout le soutient d’autres disciplines pour lever le voile qui continue d’obscurcir tout un pan de l’histoire japonaise. En effet, la médecine, par le biais de la science de l’autopsie, permet une analyse des « os portant les stigmates de blessures ou de décès » (sasshō jinkotsu 殺傷人骨), vestiges quasi-uniques de conflits armés ou de batailles pendant l’époque Yayoi.
La géoarchéologie éclaire, quant à elle, les grands tertres funéraires de l’époque Kofun, véritable coffre-fort d’informations. L’alliance de ces deux disciplines amène, avec l’anthropologie, à une meilleure analyse des spécificités des guerriers de l’époque Yayoi puis des soldats de l’époque Kofun pour comprendre, in fine, l’organisation militaire, sociétale, politique et culturelle du Japon de ces deux époques.

Le peuple des Wa
Depuis peu, la chronologie de l’époque Yayoi ne cesse d’être bousculée par les nouvelles recherches menées dans l’archipel. D’abord datée aux alentours du III siècle avant notre ère, les archéologues considèrent aujourd’hui qu’il faut remonter juqu’au VIIe siècle avant notre ère pour observer le début de cette culture née d’une rencontre entre de nouveaux arrivants Coréens et des peuplades autochtones de Jōmon. L’époque Yayoi se termine vers la seconde moitié du IIIe siècle de notre ère. Souvent considérée comme opaque, peu documentée, parfois mythique, celle-ci semble pourtant connaître une réalité qui, progressivement, ne cesse de se complexifier : des groupes d’individus sont organisés en communautés, des entités politiques existent, et les activités humaines comme l’agriculture et l’artisanat se développent par l’introduction de nouvelles techniques.
Certaines de ces communautés semblent également entretenir des relations diplomatiques avec la Chine qui, à travers quelques récits, nous livre plusieurs informations sur la situation générale de l’archipel et de son peuple, qu’elle considère alors comme l’un de ses vassaux (gaiban 外蕃). L’Histoire des Han antérieure recense par exemple plus d’une centaine de petits pays envoyant régulièrement des tributs aux commanderies chinoises de Corée. Une anecdote de l’Histoire des Han postérieure, elle, raconte qu’en l’an 57 de notre ère, un chef du pays de Nu (奴) situé dans les environs nord-ouest de Kyūshū, aurait envoyé un présent à la Chine et aurait reçu en retour un cachet en or marqué de l’inscription suivante : « Les Han au roi de Nu des Wa »[1].
La Monographie relatives aux Wei[2] propose une description plus exhaustive, où le mot Wa (倭) apparait à nouveau pour nommer les habitants de l’archipel. Ce terme, signifiant « nain » en chinois, désigne de manière tout à fait figurative les Japonais de cette époque. Selon les informations avancées dans cet ouvrage, le peuple des Wa cultive le riz, le chanvre et élève des vers à soie ; se déplace pieds nus et se teint le corps en rouge ; les funérailles se terminent par des rituels de purification ; il pratique la divination grâce à des craquelures d’os jetés dans le feu ; enfin, leur société serait hiérarchisée, avec l’existence de marques de respect à l’égard des puissants[3].
Les seules traces écrites traitant de cette époque se limitent à ces sources qui nous éclairent sur la vision du peuple des Wa par leur voisin d’Asie de l’est. Or, les informations transmises proviennent souvent de témoignages indirects reposant sur des échanges au sein des commanderies chinoises de Corée. L’archéologie comble ce manque relatif de véracité, en proposant une réalité souvent plus subtile de la culture du peuple ayant vécu durant l’époque Yayoi.
Celle-ci se concentre en deux grands épicentres : le nord de l’île de Kyūshū ainsi que le Kinki, situé dans le japon méridional, actuel Kansai. Les Wa vivent dans des habitations de forme ovale semi-enterrées et commencent à se regrouper en petites communautés sous la forme de hameaux installés le long des cours d’eau. De ces concentrations d’individus se constitue une multitude de petits pays, qui partage un système agricole majoritairement fondé sur la riziculture, couvrant quelques mètres carrés de terrain en pente pour les plus petites et des plaines entières pour les plus imposantes.
L’introduction de l’irrigation des rizières est attestée dès cette époque par des traces de systèmes hydrauliques : le site archéologique de Toro, près de Shizuoka, présente certains vestiges de digues construites à l’aide de pieux ou de canaux. Des greniers surélevés les accompagnent. Les prémices d’une structure sociale apparaissent également via une distinction dans les rites funéraires : certains personnages, plus importants, bénéficient d’une sépulture propre ; et, parallèlement, les membres de la famille sont souvent enterrés ensemble, démontrant la conception d’unité familiale comme « cellule sociale »[4].

Les croyances de ce peuple restent difficiles à appréhender. Les données archéologiques recensent la présence de Cloches[5] et de miroirs. Ces derniers invitent en 1998 Francine Hérail, historienne du Japon, à se poser légitimement la question de l’existence d’un culte solaire. Mais, dans l’ouest de l’archipel, un autre type d’objets cristallise une multitude d’interrogations quant à la frontière séparant croyances et usages pratiques dans la vie quotidienne : il s’agit des épées. Francine Hérail, toujours, parle d’outils rituels plutôt que d’instruments de combat, soulignant leur caractère protecteur contre les démons.
En admettant une utilisation rituelle plus large que la simple protection contre des entités maléfiques, cette hypothèse ne s’avère pas invalide. Deux exemples corroborent en effet cette thèse. D’une part, une tombe du département de Nara a livré les ossements d’un couple – un homme et une femme – dont les têtes avaient été coupées et les corps placés respectivement vers l’est et l’ouest[6]. Ces éléments pourraient confirmer la piste du sacrifice humain. D’autre part, des « os portant les stigmates de blessures ou de décès », provoqués par un unique coup d’épée, révèlent plusieurs cas de « décapitation rituelle d’un membre d’une tribu ou ethnie adverse » (shukyū 首級).
Ces preuves précise la thèse de Francine Hérail, en intégrant un usage a priori guerrier des armes pour capturer les adversaires avant de les sacrifier. Toutefois, à la lumière des récentes recherches associant archéologie et science de l’autopsie, le postulat de l’objet rituel semble maintenant assez modeste du fait de la richesse des données qui prouvent une véritable utilisation d’armes à des fins guerrières. L’apparition et développement de la métallurgie du bronze puis du fer chez le peuple Wa – qui se généralise principalement lors de la seconde moitié de la période Yayoi – a également son importance. Même si les matières premières étaient majoritairement importées depuis le sud de la Corée, le métal ainsi récupéré permet progressivement à ce peuple de diversifier ses activités guerrières et développer, in fine, une culture politique faisant un usage organisé de la violence.

Pratiques de la violence organisée avant et pendant la construction du proto-état du Yamatai
La Monographie relatives aux Wei insiste sur la grande quantité de petits pays qui se battent entre eux durant la seconde moitié de l’époque Yayoi[7]. Bien après, les Chroniques du Japon (Nihonshoki 日本書紀) complètent, partiellement et de manière assez mythologique, ces propos en relatant la constitution des premières cours impériales. Si l’on se limitait à ces deux ouvrages, tout porterait à croire que le Japon, après quatre siècles d’absence de luttes armées ou de structures militaires, aurait soudainement découvert la guerre telle qu’elle existe durant l’antiquité.
Force est de constater qu’en fonction des périodes, la violence organisée du japon protohistorique semble protéiforme. Elle passe en effet, durant la période antérieure[8] par un stade de transition, où les combats intègrent de nouvelles méthodes, sans se détacher totalement des modi operandi spécifiques à la fin de l’époque Jōmon. Les autopsies des « os portant les stigmates de blessures ou de décès » trouvés dans le nord de Kyūshū révèlent de nombreuses perforations avec des petits éclats ou morceaux de lames encore incrustés dans le squelette[9]. Des « armes à bout portant », tels que des poignards ou des dagues, sont à l’origine de ces faits de violence archaïque.

Dans la majorité des cas, un combattant menait un duel, agressait sa victime ou l’assassinait probablement dans le cadre d’une trahison[10]. Second scénario – de plus en plus plausible dès la période moyenne[11] –, un premier assaut d’une ou plusieurs volées de flèches précédait un corps à corps par une poignée de combattants qui poursuivaient finalement les fuyards en les attaquant et les achevant dans le dos. Les coups portés au dos, au niveau de la nuque, de la colonne vertébrale ou des vertèbres dorsales sont typiques des premiers siècles de l’époque Yayoi[12]. Le scénario d’attaque en tout petit groupe mêlant armes à courte distance et armes de jet est également attesté par des pointes de flèches en pierre souvent incrustées dans les os des jambes, parfois du torse, retrouvées lors de fouilles sur l’île de Kyūshū[13].

à partir de la période moyenne, et pendant la période postérieure[14], les formes de combat montrent des signes d’évolution. On remarque notamment l’abandon de plus en plus marqué des armes à courte distance, l’apparition d’équipements défensifs, et l’utilisation démultipliée de flèches. Les archéologues, grâce aux médecins légistes, décryptent à nouveau des messages enfouis à l’intérieur d’ossements retrouvés, cette fois-ci, dans la région du Kinki.
Ces os présentent des traces d’une, voire de multiples entailles de lames d’épées, ainsi que des perforations par des pointes de flèches en pierre ou en bronze dans la zone supérieure du corps. Il arrive assez souvent que les deux types de stigmates soient combinés. De quelle manière expliquer cette nouvelle répartition des blessures ? D’une part, l’épée, à simple ou double tranchants, remplace les poignards et les dagues[15]. De tailles variables, entre 40 et 70 centimètres, leur usage devient plus fréquent, même s’il n’est pas encore standardisé en dehors des régions méridionales.
D’autre part, le bouclier, alors nommé okitate (置盾), s’impose comme une protection dorénavant nécessaire face aux volées de flèches adverses. Comme l’indique le terme japonais, composé du caractère « poser » et « bouclier », celui de l’époque Yayoi est statique, massif et ressemble davantage à une barrière en bois consolidée. Il devait ainsi couvrir les jambes, le bassin et la partie inférieure du torse.
Les découvertes de « boucliers d’appui » du type okitate sont assez nombreuses dans la région du Kinki, tout comme les pointes de flèches que l’on retrouve en très grande quantité. Il serait même possible, selon Fujiwara Satoshi, archéologue japonais, d’avancer que les combats à moyenne et longue distances commençaient à prévaloir au Japon, particulièrement dans cette région méridionale. Depuis quelques années, les chercheurs défendent de plus en plus l’hypothèse de « combats en armée » (shūdansen 集団戦)[16] et proposent le scénario suivant : deux groupes en armes qui se font face installent les « boucliers d’appui » derrière lesquels se protègent les tireurs et les fantassins.
Ces derniers attendent la première flèche censée ouvrir les hostilités. Une, peut-être plusieurs volées de flèches devaient être tirées sur l’ennemi dans le but de causer un maximum de pertes[17]. Cette première étape précède un assaut d’individus armés d’épées ou de lances qui frappent de taille pour blesser ou d’estoc pour porter le coup de grâce. L’« acte de décapitation » (shukyū wo ageru 首級をあげる) semble pratiqué pendant ou après la bataille ; les prisonniers aurait pu être sacrifiés sur les terres du vainqueur ou leurs têtes ramenées comme signe de victoire.

Quoiqu’il en soit, la thèse d’un « combat en armée » où armes à moyenne et longue portées sont simultanément utilisées tend maintenant à convaincre la communauté scientifique et nous amène à reconsidérer le degré de maturité militaire de l’époque Yayoi. D’« affrontements » (sentō 戦闘) plutôt archaïques, l’on arriverait au cours de quelques siècles à des batailles qui renvoient davantage au concept de « guerre » (sensō 戦争) tel qu’on le conçoit aujourd’hui.
Si l’on admet qu’une telle forme de guerre ait pu exister à cette époque, notamment dans la région méridionale du Kinki, il devient possible d’imaginer que des entités politiques exerçant une autorité grandissante et cherchant à accroître leur territoire aient existé. En effet, à la fin du II siècle de notre ère, de nombreux troubles secouent la trentaine de pays qui se partagent l’archipel. Parmi les belligérants, un personnage emblématique apparaît : la reine Himiko (卑弥呼).
Cette femme, sans époux, vivant apparemment isolée et pratiquant la « voie des esprits » (kidō鬼道)[18], gouvernait le pays de Yamatai (yamatai-koku 邪馬台国), situé dans le sud du Kinki au niveau du bassin du Yamato. Pour mettre un terme aux querelles déchirant cette région, plusieurs pays décident de se soumettre à son autorité et la choisissent pour souveraine. Presque aucune source nous explique la raison de cette décision mais, au début du IIIe siècle, le pays de Yamatai, que dirige Himiko par l’intermédiaire de son frère cadet, se retrouve à la tête d’une confédération de 23 petits pays[19].

L’archéologie témoigne de la diffusion de son autorité sur certaines zones géographiques de l’archipel, mais souligne également les frictions que ce phénomène a pu engendrer. Cette nouvelle hégémonie transparaît notamment par l’effort entreprit par Himiko et son frère pour changer les pratiques funéraires. Les dépôts de lances de bronze dans le nord de Kyūshū, et de cloches en bronze dans les régions du Kinki et du Tokai, disparaissent ; les spécificités régionales laissent placent à une uniformisation où les symboles d’antan sont remplacés par des déités ou miroirs d’origine chinoise[20].
Ces nouveaux objets proviennent directement de la cour des Wei (gi 魏) avec laquelle le pays de Yamatai entretient des relations diplomatiques. En 239[21], la reine y envoie un émissaire pour offrir un tribut constitué d’esclaves et de tissu ; en signe de reconnaissance, le titre de « Reine des Wa, amie des Wei » (shingi wa ō 親魏倭王) est accordé à Himiko, ainsi que de nombreux cadeaux, parmi lesquels un sceau en or et cent miroirs.
Cette mission octroie une légitimité sans pareille à Himiko, dès lors reconnue par le souverain d’une puissante dynastie. Néanmoins, des disparités politiques demeurent dans la région du Kinki. Le régime politique de Kawachi, situé au-dessus du bassin du Yamato, semble en effet entretenir des relations tendues avec son puissant voisin. Pour preuve, les fouilles archéologiques démontrent une répartition inégale des miroirs. Les anciens, ornementés de déités ou de formes zoomorphes se comptent par dizaines sur les terres de Kawachi, tandis qu’aucun de ceux d’origine chinoise, arrivés avec le retour de la première mission à la cour des Wei en 240, n’a été retrouvé. Cette différence[22] suscite l’attention des archéologues, car ces derniers savent que les nouveaux miroirs étaient distribués aux puissants de chaque région qui prenaient part aux affaires intérieures du pays de Yamatai[23].
Cette situation politique tendue se déroule pendant la phase la plus avancée du règne de Himiko et semble se complexifier : peu de temps avant sa mort estimée en 250, le pays de Yamatai serait en effet entré en guerre contre le pays de Kuna (kuna-kuni 狗奴国), probablement situé au sud de l’actuelle région de Kumamato. Par ailleurs, un roi inconnu lui aurait succédé mais, ne faisant pas l’unanimité, une jeune fille de la famille de Himiko nommée Toyo (台与) aurait conservé le pouvoir après une autre guerre occasionnant une centaine de victimes[24].
La succession de la reine et la localisation de sa tombe sont encore entourées de zones d’ombre. L’ouvrage intitulé Pei-che (hokushi 北史), rédigé sous la dynastie des Tang (tō 唐), parle d’un grand tertre érigé en son honneur. Les archéologues estiment que le tumulus Hashihaka de la ville de Sakurai dans le département de Nara aurait pu lui être destiné, de par sa taille imposante et la synchronie de sa construction[25].
Cette tombe est d’autant plus importante qu’elle constitue le premier processus de maintien d’un ordre politique après la mort d’une figure royale. En édifiant un tertre à sa reine, puis des tombes satellites tout autour pendant le IVe siècle, le pays de Yamatai perpétue une autorité qu’il juge légitime dans la zone du bassin de Yamato. Cette tombe marque aussi une transition entre deux époques. Elle clôt l’époque Yayoi, premier chapitre de la protohistoire japonaise, où la violence organisée prend le tournant d’une guerre à l’allure encore imparfaite. Elle ouvre enfin l’époque Kofun – des grandes tombes – pendant laquelle s’affirme l’État du Yamato et les prémices d’une organisation militaire au Japon.
D’un pays à un état, du Yamatai au Yamato
à la mort de la reine Himiko, le pays de Yamatai se trouve dans une position difficile : à l’intérieur de ses frontières, il subit à deux reprises des guerres pour des questions de pouvoir et de succession ; à l’extérieur, sa légitimé vacille avec la mort de l’empereur Wu en 290, qui entraîne le déclin des Jin de l’ouest et des commanderies chinoises de Corée[26]. Après une dernière mission envoyée à la cour des Wei en 265, tout contact finit par être rompu, et plus aucune source chinoise ne mentionne la situation politique et militaire du pays de Yamatai.
Il faut attendre la fin du IVe siècle pour que ces dernières parlent à nouveau de l’archipel, où se développent les premiers signes d’un état centralisé. Si l’emplacement du royaume de la reine Himiko divise encore les chercheurs, celui des « Cinq rois des Wa » (wa no go ō 倭の五王)[27] ne pose presque aucune difficulté[28]. Ces cinq souverains de l’époque Kofun auraient régné sur l’État du Yamato (大和) tout au long du Ve siècle de notre ère, situé au niveau du Japon méridional, à savoir la région du Kinki, ainsi que sur le nord de l’île de Kyūshū. Ils répondaient au nom de San pour l’empereur Nintoku (讚-仁徳), Chin pour l’empereur Hanzei (珍-反正), Sai ou Sei pour l’empereur Ingyō (清-允恭), Kō pour l’empereur Ankō (興-安康) et enfin Bu pour l’empereur Yūryaku (武-雄略)[29].
L’histoire dynastique, elle, devient relativement véridique à partir du règne de Nintoku dont le dernier descendant direct serait Burestu (武烈). La succession s’effectuait parmi la fratrie, les oncles ou les neveux, avec de temps à autres l’intervention des grands clans qui, pour certains, bénéficiaient du privilège de marier leurs filles au prince[30].
Seule l’origine de l’État du Yamato soulève encore des questions. Selon la mythologie japonaise, sa naissance remonterait à une rivalité entre les descendants de la déesse Amaterasu (天照) et les héritiers de Susano no mikoto (須佐之男命). Ces derniers, représentés par la divinité terrestre Ōkuninushi (大国主) auraient cédé pacifiquement leur droit en faveur de la déesse solaire, autrement dit la dynastie du Yamato[31].
En réalité, peu d’informations archéologiques, objets ou traces écrites, relatent la création de cet état. Certains chercheurs y voient la continuité du pays de Yamatai, s’ils estiment l’origine de ce dernier dans le Kinki ; d’autres, convaincus que l’île de Kyūshū ait été le berceau du royaume de Himiko avancent la diffusion vers l’est de la culture de l’époque Yayoi. Quoiqu’il en soit, dès la seconde moitié du Ve siècle, la souveraineté des chefs de l’État du Yamato s’étend de l’actuelle région du Kantō à l’est au sud de Kyūshū.
Soldats, empereurs et clans : la formation d’un État centralisé
Deux inscriptions sur des épées mentionnant l’empereur Yūryaku de l’état du Yamato et attestent de son rayon d’autorité ; une première, exhumée à Kumamoto dans le kofun Edafunayama, et une seconde retrouvée à Saitama dans le kofun Inariyama[32]. Ces armes permettent de comprendre, en partie, le fonctionnement de ce gouvernement. Il devait en réalité s’agir d’une gouvernance indirecte, où les chefs locaux allaient servir auprès des souverains et recevaient une épée, en reconnaissance de leur fidélité et comme symbole de leur autorité régionale. Les grandes tombes et les trésors archéologiques qu’ils renferment sont l’une des sources privilégiées pour comprendre l’organisation de la société de cette époque.
L’ère des cinq rois des Wa coïncide, par exemple, avec la période de construction du groupe de kofun Furuichi-mozu situé dans la plaine d’Osaka[33]. Au de-là du fait que celui-ci pourrait regrouper les kofun des empereurs Ōjin (応神) ou Nintoku, de nombreuses petites tombes satellites regorgeant d’armes, d’armures, d’outils agraires, de poterie ou d’objet rituels, s’y trouvent.

Localisé dans la ville de Fujiidera, le kofun de Nonaka s’intègre dans ce groupe, mais reste relativement petit (chaque côté mesure 40 mètres de longueur) en comparaison des grandes tombes pouvant atteindre les 200 mètres. Pas moins de onze armures de fer ont été excavées, dont trois présentant des particularités tout à fait inédites.
Tandis que les armes fabriquées en fer apparaissent dès l’époque Yayoi, les armures en fer, elles, n’émergent qu’à partir de la seconde moitié du IIIe siècle[34]. Celles-ci semblent déjà standardisées, car elles sont morphologiquement similaires de l’est au sud de l’archipel. Le kofun de Nonaka nous livre deux types de panoplies. Bénéficiant de la nouvelle technologie du rivetage, la première armure constitue l’équipement défensif standard du fantassin de cette époque. Ce dernier porte une cuirasse, une protection au niveau de la nuque et des épaules. Le bas de son corps est recouvert d’une jupe de fer. Il est aussi équipé d’un casque à visière ajouré rectangulaire décoré d’un bol inversé. L’ensemble pèse environ six kilogrammes, et s’accompagne d’une épée à simple tranchant[35].

La seconde panoplie est un modèle rare et inédit : une cuirasse rigide munie d’un col recouvrant l’arrière du torse et du cou. Celle-ci est accompagnée d’un casque en cuir tout aussi surprenant. Trois petites sections connexes en bronze s’élèvent en effet de son fait et le terminent dans une forme de coque de bateau. Cette combinaison n’utilise pas la nouvelle technologie du rivet, mais joint les différentes plaques de fer grâce à des lacets de cuir. Sa singularité de n’arrête pas là, puisqu’une épée à double tranchant y est associée. Les archéologues pensent que cette panoplie et sa « cuirasse colletée » devait appartenir à une unité spéciale de l’armée du Yamato, ou peut-être à des personnages d’une fonction supérieure[36]. En tout, on en compte une vingtaine au Japon, retrouvées entre 1913 et 2002.

Sa forme suscite particulièrement l’attention des chercheurs, puisqu’elle concentre une suite de problématiques qui complique la compréhension de son usage et de sa signification. Au-delà d’une conception complexe nécessitant de nombreux composants, ses extensions incurvées vers les aisselles au niveau des épaules et son col semi-cylindrique ne traduisent pas une ergonomie maximale pour le combattant. Car, en toute logique, ces deux éléments auraient entravé les mouvements du haut du corps.
De plus, elle n’utilisait que des plaques rectangulaires. Son origine est aussi des plus obscure. Les premières remonteraient à la toute fin du IIIe siècle. Sa forme d’oiseau nourrit l’hypothèse d’un lien avec une très ancienne cuirasse rituelle d’une forme identique ou d’une armure en bois datant de l’époque Yayoi découverte sur le site de Sasai à Fukuoka[37]. Leur production aurait continué sur une centaine d’années. Interpréter un tel artefact demeure un exercice difficile, sinon risqué. Certains archéologues avancent que ce type de cuirasses appartenait à des figures importantes entretenant d’étroites relations avec l’État du Yamato, car elles ont presque toutes été retrouvées enterrées avec un très grand nombre de cuirasses standards. Autre hypothèse, elles auraient appartenues à des gardes ou des guerriers de haut rang[38].

Les armes présentent également des évolutions par rapport à l’époque précédente. La majorité des épées[39] mesure entre 80 et 90 centimètres de longueur. Celles à double tranchants se limitent quant à elles à 64 centimètres en moyenne. Cette dernière catégorie se démocratise avec le temps. Instrument du cavalier comme du fantassin, des lances sont également en usage pendant l’époque Kofun, le fer mesurant environ 20 centimètres de longueur pour 2,9 de largeur. Enfin, l’impressionnant nombre de flèches – 740 fers de flèches trouvés à Nonaka[40] – prouve à nouveau, par leurs spécificités relativement communes, une standardisation des instruments de guerre de l’époque Kofun et, de facto, les capacités comparativement démultipliées de l’État du Yamato à détenir un arsenal militaire conséquent.
Des chercheurs, tel que Tanaka Shinsaku, envisagent en effet le dépôt funéraire de la tombe de Nonaka comme les traces d’une garnison régionale. Fujita Kazutaka soutient également cette thèse en ajoutant que les artefacts d’armes et armures s’intégraient dans un arsenal officiel administré par l’occupant du tertre. Le dépôt serait alors symbolique afin de prouver la puissance de l’État du Yamato. Cette piste semble la plus cohérente, d’autant plus que la chambre funéraire numéro 1 de Nonaka laisse croire que l’occupant ait été un officier de l’armée du Yamato : trois armures colletées accompagnent les armures rivetées. Au vu du caractère prestigieux de cette cuirasse, il va sans dire qu’il s’agissait probablement d’une élite guerrière proche du souverain.

La stratégie sociopolitique de l’État du Yamato se dévoile à travers ces vestiges du passé. Le gouvernement avait très probablement développé un système fondé sur une hiérarchisation incluant des possibilités de promotion des chefs locaux. Ces derniers devaient se charger d’appliquer la politique martiale en vigueur en matière de production, de distribution et d’utilisation des armes et armures[41]. Cette gestion démontre la puissance étatique des dirigeant du Yamato, au même titre que la maîtrise des innovations techniques en métallurgie et l’acquisition d’une grande quantité de fer prouve leur ascendant sur le reste de l’archipel.
Or, leur champ d’action politique ne se limitait pas seulement au Japon. Les cinq rois des Wa auraient tous entretenus des relations diplomatiques avec la Chine en envoyant régulièrement des missions à la cour des Song en 421, 425, 438, 443, 462, 478 et 479. La première et la dernière date sont particulièrement importantes : en 421, le roi San reçoit le titre de « Général pacificateur de l’est, roi du pays des Wa » (antō shōgun wakoku ō 安東将軍和国王)[42] ; en 479, les Ji confirment le titre précédent et en octroie un nouveau au roi Bu des Wa, qu’ils nomment « général chargé de pacifier diverses régions de la Corée ».
Ces distinctions s’inscrivent dans un jeu de politique extérieur résolument audacieux que mène l’État du Yamato en Corée. Depuis le début du IVe siècle, il s’intéresse en effet tout particulièrement au contexte géopolitique de la péninsule et œuvre activement, en se positionnant comme protecteur du pays de Kudara face aux pays de Kōkura et Shiragi. Il soutient le premier lors de batailles ou de guerres, actions pour lesquelles le roi de Kudara envoie une arme à sept pointes en remerciement au roi des Wa[43].
L’intérêt pour cette région provient d’abord de l’incapacité du Yamato à extraire et produire du fer, matière première alors massivement importée depuis le sud de la Corée. Maintenir des relations avec l’un des trois pays lui est indispensable. De même, certaines connaissances en métallurgie lui font encore défaut. Bien que produite au Japon, les armures de fer du Ve siècle nécessitent le plus souvent le savoir-faire d’artisans venus de Corée qui transmettent aussi des techniques d’aménagement des sols et d’artisanat. Enfin, la Corée représente un passage vers la Chine des Song, auprès de laquelle l’État du Yamato espère gagner en légitimité en se plaçant comme un allié militaire de Kudara.

Au Ve siècle, l’État de Yamato étend ainsi son autorité politique sur une majeure partie du Japon, peut mener des opérations militaires en Corée et entretient des relations diplomatiques avec la Chine. On sait aussi que vers la seconde moitié de ce siècle, le gouvernement maniait déjà les caractères chinois pour son fonctionnement interne[44]. Selon Francine Hérail, une seule question demeure : ce passage de la protohistoire à l’histoire doit-il marcher de pair avec l’élaboration d’une mythologie dynastique ?
Rien n’est plus sûr. En effet, à partir du début du VIe siècle, la généalogie de la dynastie du Yamato semble marquée d’incertitude. La succession de l’empereur Keitai (継体) après la mort de Burestu paraît par exemple suspecte, en ce sens où une règle prévoyait la radiation des registres de la maison impériale après la sixième génération d’un empereur[45]. Une telle imprécision laisse croire une potentielle ingérence dans les affaires impériales par de puissants clans. Certains historiens pensent que cette anomalie a pu être à l’origine de certains passages de la mythologie japonaise[46].
Cet épisode traduit la réalité de la société de l’époque Kofun. Son organisation repose sur un système partagé entre plusieurs entités sociales et politiques qui gravitent autour du gouvernement de l’État du Yamato. La première est celle des clans (uji 氏). Ils descendent des chefs de communautés agricoles archaïques, et détiennent une certaine influence auprès de la cour, en fonction de leur degré d’autorité locale. Le clan obéit à un chef (uji no kami 氏上) et possède des représentants (ujibito 氏人). De multiples branches le composent, dans certains cas si nombreuses que le titre honorifique de Kabane (姓)[47] est accordé à celles qui appartiennent à la maison du souverain du Yamato[48].
à partir du VIe siècle, les rivalités entre les grands clans commencent à se complexifier et à devenir plus violentes, notamment après un revers militaire en Corée – peu documenté mais apparemment attesté. Quatre clans principaux composent la nébuleuse des puissants : les Nakatomi (中臣) en charge des affaires religieuses ; les Ōtomo (大伴) et les Mononobe (物部) liés aux affaires militaires ; et les Soga (蘇我)[49]. Ces derniers jouent un rôle important dans l’état du Yamato. Notables des régions méridionales, ils sont connus comme les protecteurs des immigrés artisans introduisant de nouvelles techniques, et détiennent le privilège de pouvoir marier leurs filles aux princes.
Un autre groupe sociale participe à la vie du Yamato, les artisans au service des clans (be 部). Il en existe pour toutes les activités pratiquées à cette époque : les fabricants de joyaux (tamatsukuri-be 玉造部), les potiers (haji-be 土師部), les agriculteurs (minashiro-be 御名部). Ceux-ci fournissent la nourriture et les produits de la vie quotidienne en travaillant soit sur les terres contrôlées par les souverains du Yamato (miyake 屯倉) soit sur celles des grands clans (tadokono 田荘)[50]. Toujours selon Fracine Hérail, à cette époque, l’appartenance à une catégorie sociale prime a priori sur la propriété et la répartition du territoire.
Bien qu’il semble pérenne, l’état du Yamato – ainsi que son système politique, social, militaire et diplomatique – vit ses dernières années à partir de la seconde moitié du VIe siècle. L’événement déclencheur qui initie un changement majeur de paradigme est l’introduction du Bouddhisme. Rédigée un siècle plus tard, « La Première biographie du Prince Shōtoku-taishi » (jōgu shōtoku hō ō teisetsu 上宮聖徳法王帝説) date l’arrivée de cette nouvelle religion en 538 et Les Chroniques du Japon en 552[51].
La réaction à adopter face au bouddhisme divise profondément les clans : les Soga, proches des immigrés patronnent les premiers temples ; tandis que les Nakatomi et les Mononobe s’y opposent catégoriquement. Ne parvenant à aucun compromis, une guerre éclate entre les Soga et les Mononobe. Ces derniers sont défaits à la bataille de Teibi no ran (丁未の乱) en 587. Les Soga, victorieux, firent assassiner l’empereur Sushun (sushun tennō崇峻天皇), et intronisent pour la première fois une femme : l’impératrice Suiko (suiko-tennō 推古天皇)[52].

Conclusion
Qu’il s’agisse de l’époque Yayoi ou de l’époque Kofun, de nombreuses armes, armures, équipements défensifs attestent que le pays de Yamatai, et ensuite l’état du Yamato, pratiquaient la guerre d’une manière différenciée. Avant le troisième siècle de notre ère, les os et leurs stigmates sont les meilleures sources que les archéologues aient en leur possession.
à partir de la seconde moitié du IIIe siècle, les chambres funéraires des grandes tombes nous livrent, petit à petit, les traces matérielles d’un passé guerrier en pleine évolution. Car, c’est bien une lente et profonde transformation que vit le Japon protohistorique de ces époques. Les méthodes et les moyens s’uniformisent, se complexifient, pour enfin se structurer en une forme toujours plus proche de notre concept de guerre régulière où deux armées se font face. Il reste néanmoins quasi-impossible d’affirmer que l’état du Yamato possédait déjà une véritable structure militaire. Celle-ci semble reposer davantage sur l’influence des élites locales ou des clans.
Le changement de paradigme guerrier, même s’il doit rester nuancé et mesuré, accompagne, voire sous-tend une réelle mutation sociétale, où des entités peuvent désormais pratiquer la guerre à des fins de domination politique, territoriale, culturelle ou religieuse grâce aux nouveaux instruments mis à leur disposition. C’est exactement se qui se produit à la fin de l’époque Kofun, où les Soga réussissent à vaincre les Mononobe lors d’une campagne militaire pour s’imposer politiquement et assurer l’épanouissement du Bouddhisme. Avec l’introduction de cette religion venue du continent, l’état du Yamato disparait, bientôt remplacé par un ordre nouveau, fondé sur de grandes réformes législatives qui façonnent toute l’antiquité japonaise jusqu’au XIIe siècle : l’état régi par les codes, du prince Shōtoku-taishi.
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Bibliographie
Francine Hérail, Histoire du Japon des origines à la fin de Meiji, Société Franco-japonaise de Paris, publications orientalistes de France, 1998
Fujiwara Satoshi 藤原哲, Origines de la guerre et de l’état dans l’archipel (nihon rettō ni okeru sensō to kokka no kigen 日本列島における戦争と国家の起源), Doseisha, 2018
Fujiwara Satoshi 藤原哲, Tactiques employées dans les combats de l’époque Yayoi (yayoi jidai no sentō senjutsu 弥生時代の戦闘戦術), Association Japonaise d’Archéologie, n°18, 2004
Nakagawa Tomomi 中川朋美, Nakao Hisashi 中尾央, Yamaguchi Yuji 山口雄治, Matsumoto Naoko 松本直子, Matsugi Takehiko 松儀武彦, La guerre durant la période moyenne de l’époque Yayoi : liens entre os et comportements populationnels (Yayoi jidai chūki ni okeru sensō – jinkotsu to jinkō taido no kankei kara 弥生時代中期における戦争-人骨と人口態度の関係から), Association de l’information et d’archéologie, vol. 24 N°1-2, 2019
Fujiwara Satoshi 藤原哲, Organisation militaire et société de l’époque Yayoi et de l’époque Kofun (yayoi jidai to kofun jidai no gunji soshiki to shakai 弥生時代と古墳時代の軍事組織と社会), Collège doctoral de recherches avancées, section des sciences de la littérature, thèse doctorale n°1859, n°18, 2016
Teruhiko Takahasi, Tatsuo Nakakubo, Joseph Ryan, Naoya Ueda, Le kofun de Nonaka et l’âge des cinq rois de Wa : le gouvernement et l’armée du Japon du V siècle (Nonaka Kofun and the Age of the Five Kings of Wa : The Government and Military of 5th-Century Japan), Graduate Schools of Letter, Humanity and social science series, Presses de l’université d’Osaka, Université d’Osaka, 2014
Dictionnaire historique du Japon, Himiko, Librairie Kinokuniya, n°7, 1981, p. 148, [en ligne] https://www.persee.fr/doc/dhjap_0000-0000_1981_dic_7_1_890_t2_0148_0000_2
Dictionnaire historique du Japon, Yamatai-koku, Librairie Kinokuniya, n°20, 1995, p. 79, [en ligne] https://www.persee.fr/doc/dhjap_0000-0000_1995_dic_20_1_955_t1_0079_0000_2
[1] Francine Hérail, Histoire du Japon des origines à la fin de Meiji, Société Franco-japonaise de Paris, publications orientalistes de France, 1998, p. 36
[2] Le texte relate des faits datant de la fin du IIe siècle et de la première moitié du III siècle de notre ère. Les informations qui se trouvent dans ce texte, précise Francine Hérail, ne sont sûrement pas de « première main ». Ce texte n’est en effet pas l’œuvre de personnes ayant directement observé les Wa. Les informations provenaient sûrement des habitants des commanderies chinoises de Corée. Voir Francine Hérail, Histoire du Japon des origines à la fin de Meiji, Société Franco-japonaise de Paris, publications orientalistes de France, 1998, p. 37
[3] Histoire du Japon des origines à la fin de Meiji, Société Franco-japonaise de Paris, publications orientalistes de France, 1998, p. 37
[4] Ibid.
[5] Dans la région du Kinki, des cloches ont été retrouvées enterrées loin des lieux de vie, pratique liée à certains rites pour obtenir la pluie ou repousser les épidémies. Voir Francine Hérail, Histoire du Japon des origines à la fin de Meiji, Société Franco-japonaise de Paris, publications orientalistes de France, 1998, p. 36
[6] Fujiwara Satoshi 藤原哲, Tactiques employées dans les combats de l’époque Yayoi (yayoi jidai no sentō senjutsu 弥生時代の戦闘戦術), Association Japonaise d’Archéologie, n°18, 2004, p. 40
[7] Francine Hérail, Histoire du Japon des origines à la fin de Meiji, Société Franco-japonaise de Paris, publications orientalistes de France, 1998, p. 38
[8] La période antérieure de l’époque Yayoi (zenki 前期) dure du IIIe au Ier siècle avant notre ère
[9] Fujiwara Satoshi 藤原哲, Tactiques employées dans les combats de l’époque Yayoi (yayoi jidai no sentō senjutsu 弥生時代の戦闘戦術), Association Japonaise d’Archéologie, n°18, 2004, p. 41
[10] Ibid., p. 41
[11] La période moyenne de l’époque Yayoi (chūki 中期) dure du Ier siècle avant notre ère au Ier siècle de notre ère.
[12] Fujiwara Satoshi 藤原哲, Tactiques employées dans les combats de l’époque Yayoi (yayoi jidai no sentō senjutsu 弥生時代の戦闘戦術), Association Japonaise d’Archéologie, n°18, 2004, p. 42
[13] Ibid., p. 45
[14] La période postérieure de l’époque Yayoi (kōki 後期) dure Ier au IIIe siècle de notre ère.
[15] Ibid., p. 40
[16] Le terme japonais, s’il est traduit littéralement, désigne des « combats en groupe ».
[17] Même si le corps des flèches en matériaux organiques a aujourd’hui disparu, il reste la pointe de flèche. Les flèches de l’époque Yayoi utilisent des matériaux assez divers, pierre, bronze, ossement, et l’objectif est de de transpercer (tsuku).
[18] Le kidō, ou kouei-dao, était une sorte croyance à caractère magique se rapprochant du chamanisme. Selon le Dictionnaire historique du Japon, Himiko devait être, à la base, une prêtresse (miko kanji) de cette religion. Voir : Dictionnaire historique du Japon, Himiko, Librairie Kinokuniya, n°7, 1981, p. 148
[19] Dictionnaire historique du Japon, Himiko, Librairie Kinokuniya, n°7, 1981, p. 148
[20] Francine Hérail, Histoire du Japon des origines à la fin de Meiji, Société Franco-japonaise de Paris, publications orientalistes de France, 1998, p. 52
[21] L’an 2 de l’ère Jing-tch’ou, ou en japonais keisho (景初). Une autre mission fut envoyée en 243. Voir : Dictionnaire historique du Japon, Yamatai-koku, Librairie Kinokuniya, n°20, 1995, p. 79
[22] Le phénomène du manque de miroirs à Kawachi est lié à la différence de développement des kofun entre les deux zones géographiques : si l’on regarde la répartition des kofun sur la bassin du Yamato et les terres de Kawachi, on prend conscience d’un développement à deux vitesse. Les premiers kofun apparaissent à Kawachi qu’à partir de la fin du IIIe siècle et le début du IVe siècle et ne mesurent pas plus de 60 mètres. En comparaison, pour la zone le long des rivières Kizu et Yodo, sur la route nord depuis le bassin du Yamato jusqu’à la mer intérieur Seto, a montré un développement complètement différent ; dans cette région, de tombes rondes en forme de trou de serrure d’environ 100 mètre ont été construit de manière continuelle depuis le début de la période Kofun comme Okamotoyama de la ville de Takatsuki. Encore une fois, dans ces tertres, beaucoup de nouveaux miroirs ont été trouvé. Voir les exemples des kofun Manai, dans la ville de Tondabayashi et de Tamateyama, dans la ville de kashiwara, cité dans Nonaka Kofun and the Age of the Five Kings of Wa : The Government and Military of 5th-Century Japan, pp. 52-54
[23] Teruhiko Takahasi, Tatsuo Nakakubo, Joseph Ryan, Naoya Ueda, Le kofun de Nonaka et l’âge des cinq rois de Wa : le gouvernement et l’armée du Japon du V siècle (Nonaka Kofun and the Age of the Five Kings of Wa : The Government and Military of 5th-Century Japan), Graduate Schools of Letter, Humanity and social science series, Presses de l’université d’Osaka, Université d’Osaka, 2014, p. 52
[24] Francine Hérail, Histoire du Japon des origines à la fin de Meiji, Société Franco-japonaise de Paris, publications orientalistes de France, 1998, p. 37
[25] Teruhiko Takahasi, Tatsuo Nakakubo, Joseph Ryan, Naoya Ueda, Le kofun de Nonaka et l’âge des cinq rois de Wa : le gouvernement et l’armée du Japon du V siècle (Nonaka Kofun and the Age of the Five Kings of Wa : The Government and Military of 5th-Century Japan), Graduate Schools of Letter, Humanity and social science series, Presses de l’université d’Osaka, Université d’Osaka, 2014, p. 54
[26] Francine Hérail, Histoire du Japon des origines à la fin de Meiji, Société Franco-japonaise de Paris, publications orientalistes de France, 1998, p. 38
[27] Teruhiko Takahasi, Tatsuo Nakakubo, Joseph Ryan, Naoya Ueda, Le kofun de Nonaka et l’âge des cinq rois de Wa : le gouvernement et l’armée du Japon du V siècle (Nonaka Kofun and the Age of the Five Kings of Wa : The Government and Military of 5th-Century Japan), Graduate Schools of Letter, Humanity and social science series, Presses de l’université d’Osaka, Université d’Osaka, 2014, p. 7
[28] La localisation de la reine Himiko fait l’objet de tous les débats dans le milieu de la recherche archéologique. Deux traditions s’opposent : ceux qui soutiennent que le Yamatai se situe dans le sud du Japon, en soulignant les résultats des fouilles archéologiques ; et ceux qui préfèrent placer le Yamatai dans le Kinki, dans le bassin du Yamato afin de souligner la continuité présumée entre les le pays de la reine Himiko et l’État du Yamato.
[29] Francine Hérail, Histoire du Japon des origines à la fin de Meiji, Société Franco-japonaise de Paris, publications orientalistes de France, 1998, pp. 45-46
[30] Ibid., p. 46
[31] Ibid., p. 44
[32] Ibid., p. 45
[33] Teruhiko Takahasi, Tatsuo Nakakubo, Joseph Ryan, Naoya Ueda, Le kofun de Nonaka et l’âge des cinq rois de Wa : le gouvernement et l’armée du Japon du V siècle (Nonaka Kofun and the Age of the Five Kings of Wa : The Government and Military of 5th-Century Japan), Graduate Schools of Letter, Humanity and social science series, Presses de l’université d’Osaka, Université d’Osaka, 2014, p. 8
[34] Ce n’est qu’à partir de la fin du IVe siècle et tout au long du Ve siècle que l’inhumation des armures apparait comme un rite funéraire réservé aux élites. Le kofun de Nonaka, à ce titre, est représentatif de cette phase intermédiaire de l’époque Kofun, aussi surnommé « le siècle des armures ».
[35] Teruhiko Takahasi, Tatsuo Nakakubo, Joseph Ryan, Naoya Ueda, Le kofun de Nonaka et l’âge des cinq rois de Wa : le gouvernement et l’armée du Japon du V siècle (Nonaka Kofun and the Age of the Five Kings of Wa : The Government and Military of 5th-Century Japan), Graduate Schools of Letter, Humanity and social science series, Presses de l’université d’Osaka, Université d’Osaka, 2014, pp. 20-22
[36] Ibid., p. 72
[37] Ibid.
[38] Ibid.
[39] Le kofun de Nonaka a livré 153 épées à un tranchant, 116 à double tranchant et 3 lances.
[40] Teruhiko Takahasi, Tatsuo Nakakubo, Joseph Ryan, Naoya Ueda, Le kofun de Nonaka et l’âge des cinq rois de Wa : le gouvernement et l’armée du Japon du V siècle (Nonaka Kofun and the Age of the Five Kings of Wa : The Government and Military of 5th-Century Japan), Graduate Schools of Letter, Humanity and social science series, Presses de l’université d’Osaka, Université d’Osaka, 2014, p.29
[41] Ibid., p. 59
[42] Francine Hérail, Histoire du Japon des origines à la fin de Meiji, Société Franco-japonaise de Paris, publications orientalistes de France, 1998, p. 46
[43] Ibid.
[44] Ibid.
[45] Ibid., pp. 48-49
[46] Ibid.
[47] Titre honorifiques en vigueur.
[48] Francine Hérail, Histoire du Japon des origines à la fin de Meiji, Société Franco-japonaise de Paris, publications orientalistes de France, 1998, p. 51
[49] Ibid.
[50] Ibid., p. 52
[51] Ibid.
[52] Ibid., p. 54
Une réflexion sur “Des combattants du Yamatai aux soldats du Yamato : une brève histoire militaire du Japon protohistorique”