Ma vie sous le règne de Hitle

Ma vie sous le règne d’Hitler – Günter ALLISCH

Cette recension a préalablement été publiée dans la lettre n°14 BIS de la Commission Française d’Histoire Militaire en avril 2022. Nous partageons ce texte avec leur autorisation et celle de l’auteur, Michel LOUSTAU.

Préfacé par le caporal Germain Nault, du régiment de la Chaudière, ce livre raconte les tribulations d’un Berlinois, né à La Charité en 1920, jusqu’en 1945, et l’on y retrouve l’esprit de la célèbre trilogie de Hans Hellmut Kirst, 08/15, où le héros, Asch, réussit à naviguer sans dommage au milieu des « juteux » obtus et des nazis jusqu’au-boutistes. Enfant pauvre, Günter Gallisch vit avec sa mère, abandonnée par son mari, à Wedding-la-Rouge, bastion du KPD où schupos et SA ne s’aventuraient qu’à leurs risques et périls. Sur trente familles de son immeuble, seuls trois hommes avaient un emploi régulier. Apprenti et nageur de haut niveau, il a refusé d’être embrigadé dans la Hitlerjugend. Il raconte La nuit de Cristal (novembre 1938), le saccage et le pillage des boutiques juives, les Juifs emmenés en camion à Oranienburg-Sachsenhausen, la grande synagogue en flammes. Ses voisins, les Schwartz, parvinrent à survivre, cloîtrés chez eux, jusqu’aux bombardements de 1945[1].

Enrôlé dans la Kriegsmarine en 1940, il souhaitait partir en Méditerranée, mais s’est retrouvé en Norvège où il a servi dans les unités de défense côtière, d’Oslo au Cap Nord, jusqu’à Kirkenes. Il décrit les rapports des Allemands avec les Norvégiens, peu amènes avec les hommes, « Quisling » compris, nettement plus chaleureux avec les belles Norvégiennes esseulées. Il évoque ses démêlés avec un maître d’équipage, triste sire venu du camp disciplinaire de Héla – l’équivalent allemand de l’Ile d’Oléron et de Fort-de-France où croupissaient les « peaux de lapins », fusiliers de discipline de la Royale[2]. La vision de la Kriegsmarine présentée ici n’est pas la même que celle du film Le Bateau dédié à l’U-Boot Waffe…

En 1945, Günter Gallisch, croyant rentrer chez lui, a refusé de rester chez les Norvégiens comme armurier. Las ! Livré par les Anglais aux Américains puis aux Français, il a travaillé trois ans comme prisonnier de guerre en France, puis six ans comme civil, avant d’émigrer au Québec avec son épouse française et leur fils. Ce témoignage d’un « mataf » dessalé et désabusé se lit avec beaucoup d’intérêt.

Michel LOUSTAU secrétaire général de la Commission Française d’Histoire Militaire

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Bibliographie :

ALLISCH Günter, Ma vie sous le règne d’Hitler, Bernay, City, 2020, 380 p.


[1]ALLISCH Günter, Ma vie sous le règne d’Hitler, Bernay, City, 2020, 380 p., pp. 136-149

[2] Ibid., p. 310

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