Robert, duc de Normandie, lors du siège d'Antioche, 1097-1098 ; J.J. Dassy, 1850, « Croisades, origines et conséquences. »

La première croisade (1095-1099)

Ce qu’on appela a posteriori « La première croisade » est un appel au pèlerinage armé pour délivrer le Saint-Sépulcre lancé par Urbain II en 1095 lors du Concile de Clermont. Le discours du pape reste assez vague, car il n’a été transcrit que quatre ans plus tard par quatre témoins différents, lorsque cette première Croisade prit fin, en 1099.

La première Croisade est-elle une bataille entre chrétiens et musulmans ? Non. La réalité est beaucoup plus complexe que cela. Les musulmans, comme les chrétiens, ne sont pas divisés en communautés distinctes. À l’intérieur de ces deux religions, on retrouve de nombreuses divergences théologiques et culturelles. Cependant, il ne faut pas imaginer deux mondes coupés l’un de l’autre. Cette première Croisade n’est pas un simple affrontement entre deux religions, elle mélange des aspects politiques et des groupes religieux plus complexes : alors que les Fatimides (chiites) ne s’étaient pas opposés aux pèlerinages, les Turcs seldjoukides (sunnites), qui ont conquis les territoires de ces derniers, massacrent les pèlerins, entraînant ainsi la réaction armée chrétienne.

Les Fatimides virent alors les croisés comme d’éventuels alliés dans leur lutte contre les Turcs. Toutefois, lors du siège de Jérusalem par les forces chrétiennes en juin 1099, la ville est à nouveau entre les mains des Fatimides après qu’ils l’aient reprise aux Seldjoukides. Les alliés hypothétiques deviennent alors des ennemis. On retrouve par ailleurs différentes communautés chrétiennes dans l’ensemble de l’Orient qui ne dépendent pas de Rome, mais qui reconnaissent chacune leurs propres patriarches. L’Orient apparaît donc comme hétéroclite.

Robert, duc de Normandie, lors du siège d'Antioche, 1097-1098 ; J.J. Dassy, 1850, « Croisades, origines et conséquences. »
Robert, duc de Normandie, lors du siège d’Antioche, 1097-1098 ; J.J. Dassy, 1850, « Croisades, origines et conséquences. »

Autre idée reçue : les forces croisées, une armée de chevalier en marche ? Préjugé. Dans ce pèlerinage qui dura quatre ans, on retrouve des chevaliers, mais aussi un ensemble de civils (non-combattants, femmes, enfants) car la « ferveur » de la croisade a touché toutes les couches de la société. Les femmes sont d’ailleurs au centre de nombreuses interrogations et fantasmes. Elles accompagnent leurs maris ou la foule. Elles ont alors un rôle de lavandière, « d’infirmière », ou de réconfort. Lors du siège d’Antioche (novembre 1097 à juin 1098), une famine s’abat sur les croisés. Les clercs jugent les femmes responsables de la colère des cieux, et souhaitent les écarter de la croisade, qu’ils souhaitent plus sainte. On retrouve par ailleurs des femmes « guerrières », qui ont pris les armes, comme l’évoquent certains textes de Guillaume de Tyr.

Enfin, les pèlerins, une foule en délire ? L’idée de la folie collective à l’abord de Jérusalem et du Saint-Sépulcre est une idée largement répandue, encore de nos jours. Il ne faut néanmoins pas ignorer le facteur religieux de la ville. Il existe en effet un syndrome, « le syndrome de Jérusalem », qui provoque des bouffées délirantes issues du choc émotionnel provoqué par les lieux Saints.

Plusieurs sujets aux thématiques fortes et très intéressantes, mettant à terre certaines idées reçues.

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