Le 8 novembre 1950, le conseil de sécurité de l’ONU adopta sa résolution 88 visant à inviter un représentant de la République populaire de Chine à assister aux discussions en rapport avec l’intervention militaire des forces onusiennes sur la péninsule coréenne. Depuis sa libération du joug japonais à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la péninsule est divisée en deux États. Le Nord communiste soutenu par l’URSS, et le Sud libéral influencé par les États-Unis. Or, le 25 juin 1950, le premier ministre de la Corée du Nord, Kim Il-Sung (1912-1994), envoya ses troupes au-delà du 38e parallèle alors utilisé comme frontière afin de conquérir son voisin du Sud et de réunifier les deux Corées.

Les États-Unis, craignant d’une part le développement de l’influence de Joseph Staline (1878-1953) en Asie, et se réjouissant d’une autre de pouvoir se confronter au communisme, proposèrent dès le 27 juin une résolution au conseil de sécurité de l’ONU afin d’apporter un soutien militaire à la Corée du Sud face à leur agresseur. L’URSS boycottant alors le conseil et ne pouvant donc pas utiliser son droit de veto, la résolution fut acceptée, et les troupes américaines débarquèrent sur la péninsule à la fin du mois de juin. Le 7 juillet, une nouvelle résolution du conseil de sécurité de l’ONU fut votée : durant le mois de septembre, les forces onusiennes se joindraient aux Américains, et ceux-ci auraient la charge de l’opération militaire.
Néanmoins, les Américains, menés par le général Douglas MacArthur (1880-1964), subirent un important revers et ne parvinrent pas à interrompre l’avancée nord-coréenne et, le 30 juillet, la zone contrôlée par les forces américaines et sud-coréennes se limita au périmètre de Pusan. Durant le mois d’août et la première moitié de celui de septembre, les États-Unis continuèrent la lutte et résistèrent aux assauts nord-coréens sur Pusan.

Le 15 septembre, les troupes onusiennes lancèrent la véritable contre-attaque en débarquant vers Incheon, près de Seoul, la capitale sud-coréenne alors aux mains de l’ennemi du Nord. En l’espace d’une dizaine de jours, les troupes onusiennes, sud-coréennes et américaines déjà présentes parvinrent à mettre en déroute l’armée nord-coréenne. Le 28 septembre, ils reprirent notamment Séoul. La situation initiale fut totalement inversée lorsque, le 1er octobre, les troupes sud-coréennes traversèrent le 38e parallèle et envahirent la Corée du Nord. Certain d’une victoire rapide, MacArthur demanda à Kim de capituler et, le 7 octobre, les troupes américaines entrèrent en Corée du Nord. L’Assemblée Générale de l’ONU autorisa le jour même ses troupes à continuer l’assaut dans le Nord. La capitale Pyongyang fut prise le 19 octobre.
Toutefois, face à cette progression américaine, la République populaire de Chine avait décidé d’intervenir. Ainsi, le 16 octobre, près de 270 000 « Volontaires du Peuple », des troupes chinoises se déclarant indépendantes des ordres de Pékin, mais suivant bel et bien ses ordres, étaient entrés en secret en Corée du Nord. À partir du 26 octobre, ces troupes entrèrent en contact et engagèrent le combat avec les forces onusiennes et sud-coréennes. Le 5 novembre, MacArthur informa l’ONU de l’intervention « non-officielle » chinoise sur la péninsule coréenne.

Ainsi, lorsque le 8 novembre 1950, la République populaire de Chine fut invitée à participer aux discussions concernant la péninsule coréenne, cela n’était pas pour reconnaître cette grande puissance, alors représentée à l’ONU par Taiwan, mais bien pour tenter d’entraver les communistes dans leur avancée sur la péninsule. Néanmoins, les Volontaires du Peuple continuèrent leur assaut sur les troupes onusiennes, et parvinrent à les faire battre en retraite au début du mois de décembre. À la suite de l’intervention chinoise et durant les années qui suivirent, la situation s’équilibra et une ligne de front se forma à peu près au niveau du 38e parallèle : un retour au statu quo ante bellum s’effectuait.
Dès le mois de juin 1951, les différents partis envisageaient un armistice et commencèrent à négocier la paix et des échanges de prisonniers, la guerre entra dans une sorte d’immobilisme autour de la ligne de front. Cependant, ce n’est qu’après la mort de Staline le 5 mars 1953 que les négociations aboutirent et, le 27 juillet de la même année, un cessez-le-feu fut signé. Une zone démilitarisée fut formée et constitue encore de nos jours une frontière entre les deux États. Elle coupe le 38e parallèle en diagonale, fait 249 km de long et 4 km de large. Les deux territoires sont quelque peu équivalents à ce qu’il en était avant la guerre, qui fit environ 2,5 millions de morts selon l’ONU, dont près de 2 millions de civils coréens.
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