Poor Little Belgium : la Belgique neutre au cœur de la bataille des frontières d’août 1914

Il fait chaud en ce matin du 4 août 1914. Un paysan belge de la province de Liège, vivant à quelques kilomètres de la frontière allemande, se lève pour aller travailler dans son champ. Quelle affaire, cette histoire d’ultimatum des Allemands… Il rumine tout en se mettant à son labeur du jour. Quelle ne fut pas sa surprise quand, peu après 9 heures, il voit à l’orée de ses terres les casques à pointes des éclaireurs allemands fondre à toute allure sur le territoire belge…

Comment expliquer qu’en ce matin du 4 août, l’armée allemande viole la neutralité du territoire belge, pourtant garantie par tous ses grands voisins ? Comment la Belgique se trouve-t-elle au cœur de ce conflit de grandes puissances et, à la fin du mois d’août 1914, au cœur des premiers combats de la Première Guerre mondiale sur le front de l’Ouest ?

Par un complexe jeu d’alliances, l’assassinat de l’archiduc austro-hongrois François-Ferdinand aboutit à une guerre littéralement mondiale : le 28 juillet 1914, l’Empire austro-hongrois déclare la guerre à la Serbie, le 1er aout, l’Empire Allemand déclare la guerre à la Russie, et le 3 août à la France. Le 4 août, le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne, et ainsi de suite, jusqu’à toucher l’Empire Ottoman et le Japon. Face à cette cascade de déclarations de guerre, la Belgique mobilise son armée à partir du 31 juillet 1914, par précaution. Elle espère cependant pouvoir garder confiance en ses grands voisins concernant le respect de sa neutralité.

Le choc est donc réel lorsque le 2 août 1914, la Belgique reçoit un ultimatum allemand, lui demandant de laisser passer l’armée du Kaiser par son territoire afin de contrer une attaque certaine de la France par la Belgique : « si la Belgique se déclarait disposée à adopter une attitude de bienveillante neutralité, elle pouvait être assurée de son indépendance et d’une indemnisation complète ». Dans le cas contraire, « l’Allemagne se verrait obligée de traiter la Belgique comme un pays ennemi et de s’en remettre, pour le règlement ultérieur de la relation entre les deux États, à la décision des armes »[1].

Les visions sont d’ores et déjà inconciliables : si l’Empire considère le passage sur le territoire belge comme un droit, dû à son statut, la Belgique estime au contraire qu’il s’agirait d’un viol de sa neutralité. Et si l’on acceptait l’ultimatum ? La réputation du plat pays serait durablement entachée par cette trahison envers les Français. Et en cas de défaite allemande, la Belgique pouvait probablement dire adieu à sa prospérité économique, fortement fondée sur sa centralité et sur les imports et exports avec l’étranger.

De plus, les Belges ont confiance en la France, qui s’était engagée à respecter leur neutralité et qu’elle ne serait amenée à reconsidérer sa décision qu’en cas de changement majeur dans l’équilibre des grandes nations. Ils ont également confiance en l’Angleterre, garante loyale de leur statut . L’Empire laisse douze heures à la Belgique pour se décider.

Le 3 août à 7 heure, cela est chose faite : le Roi et le Gouvernement refusent l’ultimatum. Le roi Albert Ier, en tant que chef de l’armée, annonce que celle-ci répondra par une « résistance opiniâtre » et ajoute : « un pays qui se défend s’impose au respect de tous : ce pays ne périt pas. Dieu sera avec nous dans cette juste cause. Vive la Belgique indépendante ! »[2]. Avec la nouvelle de l’ultimatum et son refus, la Belgique se retrouve en état de guerre : c’est un véritable choc pour la population, sentiment auquel se mêle la trahison de la part d’un pays voisin, la colère, l’angoisse, mais aussi un enthousiasme patriotique de protection de l’« honneur national »[3].

PMRMaeyaert, Statue équestre d’Albert Ier, le « roi soldat », 2010
PMRMaeyaert, Statue équestre d’Albert Ier, le « roi soldat », 2010

Car la Belgique est déterminée à défendre sa neutralité par les armes s’il le faut. Mais alors en pleine réorganisation militaire, son armée ne fait pas le poids face à l’écrasante invasion allemande : seulement 20 % des hommes en âge d’être mobilisés le sont (en France, ce sont 89 %)[4]. De très nombreux volontaires de guerre s’ajoutent à cela. Rapidement, l’armée, et plus particulièrement le génie, se préparent à parer une invasion allemande : les ponts et les tunnels sont détruits, des arbres abattus sur les routes afin de ralentir l’avancée allemande. Les forts de Liège, Namur et Anvers sont préparés.

Si dès le 3 août la Belgique attend, l’Empire allemand est, quant à lui, prêt depuis longtemps : depuis la guerre franco-allemande de 1870, suite à la montée des nationalismes, et peut-être, comme le prédit Bismarck, « à cause d’une quelconque bêtise dans les Balkans »[5]. A partir de 1905, le plan Schlieffen, pensé par le général von Schlieffen[6], prévoit une guerre en deux temps : tout d’abord, il s’agirait d’attaquer à l’Ouest l’ennemi de toujours, la France. L’idée est donc d’envoyer le gros des troupes allemandes à travers la Belgique et le Luxembourg afin d’éviter la ligne de défense française le long de la frontière franco-allemande et ensuite, tout droit vers Paris et la capitulation française.

Cette victoire rapide permettrait ensuite de renvoyer une majorité des troupes vers l’Est et le péril russe. En 1914, c’est donc le plan Schlieffen-Moltke[7] qui est mis en application, impliquant le viol du territoire belge, dont la neutralité avait pourtant été garantie par l’Empire allemand en 1839[8]. Chez ses voisins français, la Belgique se trouve également au cœur des stratégies, notamment avec le plan XVII datant de 1913 et qui prévoit l’augmentation des forces françaises et leur concentration aux frontières franco-belge et franco-allemande, et une éventuelle invasion de la Belgique si cela s’avérait nécessaire.

Le 4 août à 9 heure, selon le plan Schlieffen-Molkte, les troupes du général Otto von Emmich franchissent la frontière belge par la route d’Eupen et Malmédy, et s’engouffrent vers l’intérieur du pays[9]. Face à l’invasion allemande de la Belgique, le général Joffre, commandant en chef de l’armée, met en place le plan XVII. L’aile droite de l’armée allemande traversant la Belgique, l’armée française se porte à la frontière franco-belge et franco-allemande afin de la contrer[10]. Le corps expéditionnaire britannique se dirige vers Mons. Les troupes sont en place : la bataille des frontières commence et avec elle les premiers affrontements sur le front de l’Ouest. Celle-ci se déroule du 7 au 23 août 1914, et comprend l’ensemble des combats ayant lieu entre la ville de Mons et l’Alsace-Lorraine, sur un front d’environ 180 kilomètres.

Lvcvlvs (auteur), Carte de la bataille des frontières, 2013
Lvcvlvs (auteur), Carte de la bataille des frontières, 2013

Des affrontements ont lieu en Alsace, en Lorraine et dans les Vosges, mais aussi, ce qui nous intéresse ici, sur le territoire belge. La 5e armée française rencontre la 2e armée allemande lors de la bataille de Charleroi (21-23 août), l’aile gauche de la 5e armée et le corps expéditionnaire britannique rencontrent la 1re armée allemande lors de la bataille de Mons le 23 août. Alors que la 3e armée allemande fonce à travers le sud du sillon Sambre-et-Meuse vers Givet, les 3e et 4e armées françaises affrontent les 4e et 5e armées allemandes, se livrant un combat sans merci lors de la bataille des Ardennes (21 au 23 août)[11].

Certains combats y sont particulièrement sanglants, notamment à Rossignol et Luchy, dans le Sud du Luxembourg belge, amenant d’ailleurs à considérer le 22 août 1914 comme l’un des jours les plus sanglants pour le contingent français avec environ 27 000 morts[12]. Ces multiples batailles aboutissent à une défaite et une retraite rapide des armées françaises du 22 au 24 août, sacrifiant des troupes pour ralentir l’avancée allemande afin de laisser le temps aux français et aux britanniques de se replier en ordre correct vers le territoire hexagonal. Ce sacrifice et ce repli bien géré permettent d’ailleurs en grande partie la victoire franco-britannique de la Marne, première grande défaite allemande.

Sur le territoire belge, une série de batailles a encore lieu, lors de ce qu’on appelle « la course à la mer » entre septembre et décembre 1914. L’armée belge, ayant perdu successivement les forts de Liège, de Namur et d’Anvers, effectue repli sur repli face à la machine de guerre allemande. Conjointement avec les unités françaises et britanniques, l’armée belge parvient à maintenir un petit résidu national derrière l’Yser suite à l’inondation de la plaine par un astucieux jeu d’écluses. Les batailles de l’Yser et d’Ypres, victoires allemandes mais symboles de la résistance des armées de l’Entente, signent la fin de la guerre de mouvement, le front s’enlisant alors pour quatre ans.

Si l’invasion de la Belgique est particulièrement meurtrière pour les militaires de tous bords, elle l’est également pour les civils : les soldats allemands sont en effet frustrés par le refus de l’ultimatum et par la résistance opposée par l’armée belge lors de l’invasion. Bien que presque anecdotique à l’échelle de la bataille des frontières et de la guerre, la résistance des Belges surprend les Allemands et les ralentis : le retard infligé par la défense de Liège les exaspère également. Liège se trouve, en effet, sur la route de la France et est entourée par une ceinture de douze forts. Le 5 août, la bataille de Liège commence et les troupes allemandes sont tenues en échec durant deux jours.

Ce désagrément surprenant leur inflige sur le plan Schlieffen un retard qui se compte cependant en heures, ou de maximum deux jours selon les historiens. Dès le 7, les premiers forts tombent, permettant à certaines troupes d’avancer tandis que d’autres s’attaquent aux forts résistant toujours. La bataille de Liège se termine le 16 août avec la prise du dernier fort. Ce retard surprend et énerve cette armée allemande six fois supérieure en nombre à l’armée belge, mieux équipée, mieux organisée, et s’attendant à balayer cette dernière sans trop de difficultés.

Les tensions sont également exacerbées par la psychose des francs-tireurs : traumatisés par la guerre de 1870, les Allemands sont persuadés que la population civile est remplie de francs-tireurs, soit des civils armés voulant s’en prendre aux troupes ennemies contre toutes les lois de la guerre. Enervés, excités, angoissés et parfois ivres, partout où l’invasion est ralentie, ils déchaînent leur furie sur les civils belges : des villages et des villes entiers sont brûlés, comme la ville de Louvain et sa bibliothèque, détruisant des milliers de livres et des centaines de vies. Au total, environ 5500 à 6000 civils belges sont tués lors de l’invasion[13], lors de massacres dans des villes martyres telles Andenne-Seilles où 262 civils sont tués, à Tamines avec 383 civils assassinés, et Dinant qui perd 10 % de sa population avec 685 morts[14].

 Townsend F. H., « Bravo, Belgium! », dans Punch, 12 août 1914
Townsend F. H., « Bravo, Belgium! », dans Punch, 12 août 1914

Cette résistance de l’armée, de même que l’invasion et le massacre des civils vaudra à la Belgique le surnom de Poor Little Belgium et la reconnaissance internationale pour sa bravoure face à une cause presque perdue, allant même jusqu’à comparer la résistance des forts de Liège aux Thermopyles antiques[15] ! Suite à cette terrible bataille des frontières, commence alors une période inédite de quatre années d’occupation par l’ennemi allemand, régime oppressif et liberticide durant lequel toutes les violences et exactions seront permises. Mais ça, c’est encore une autre histoire

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Bibliographie

« US humanitarian relief for “poor little Belgium” », dans Focus on Belgium. People, stories, facts and figures, Bruxelles, Federal Public Service Foreign Affairs, Foreign Trade and Development Cooperation of the Kingdom of Belgium, 2018, [en ligne] https://focusonbelgium.be/en/facts/us-humanitarian-relief-poor-little-belgium (dernière consultation le 08/07/2021)

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LEMAY Benoît, « Du plan Schlieffen au plan Molkte : mythes et réalités des plans de guerre allemands et de la responsabilité du Reich dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale », dans Guerres mondiales et conflits contemporains, n°252, Paris, Presses Universitaires de France, 2013, 148 p., pp. 27-46, [en ligne] https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2013-4-page-27.htm (dernière consultation le 16/07/2021)

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TURBÉ Gérard, Août-septembre 1914 : Les armées en guerre, Louviers, Ysec, 2019, 359 p.

Notes

[1] DE SCHAEPDRIJVER Sophie, La Belgique et la Première Guerre mondiale, Bruxelles, P.I.E.-Peter Lang, 2004, 334 p., p. 57, traduit en français par MARNIX Vincent et SPITAELS Claudine (documents pour l’histoire des francophones, 1379-4108 ; 4).

[2] Extrait du discours du roi Albert au Parlement, dans DE LICHTERVELDE Louis, « Le 4 août 1914 au Parlement belge », dans Revue des Deux Mondes (1829-1971), vol. 44, n°1, Paris, Revue des Deux Mondes, 1918, 240 p., pp. 182-201, pp. 191-192, [en ligne] https://www.revuedesdeuxmondes.fr/article-revue/le-4-aout-1914-au-parlement-belge/ (dernière consultation le 16/07/2021)

[3] DE SCHAEPDRIJVER Sophie, op. cit., p. 65

[4] GUBIN Eliane, « Guerre 1914-1918 », dans GUBIN Eliane (dir.) et JACQUES Catherine (dir.), Encyclopédie d’histoire des femmes : Belgique, XIXe-XXe siècles, Bruxelles, Racine, 2018, 655 p., pp. 266-273, p. 267

[5] ANDRÉ Michel, « 1914-1918 : une tragédie ou un crime ? », dans Books, Paris, BOOKS SAS, 2013, [en ligne] https://www.books.fr/1914-1918-une-tragedie-ou-un-crime/ (dernière consultation le 08/07/2021)

[6] Le comte Alfred von Schlieffen (1833-1913) est un général prussien à l’origine du plan portant son nom. Il n’en surveille cependant pas l’application puisqu’il décède en 1913 à Berlin.

[7]Il s’agit du plan de Schlieffen repris et modifié par son successeur comme chef d’État-Major, Moltke. Ce dernier reprend et adapte régulièrement le plan jusqu’au début de la guerre. La principale modification est de ne pas violer le territoire des Pays-Bas pour des raisons économiques. LEMAY Benoît, « Du plan Schlieffen au plan Molkte : mythes et réalités des plans de guerre allemands et de la responsabilité du Reich dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale », dans Guerres mondiales et conflits contemporains, n°252, Paris, Presses Universitaires de France, 2013, 148 p., pp. 27-46, p. 34, [en ligne] https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2013-4-page-27.htm (dernière consultation le 16/07/2021)

[8] Lemay Benoît, op. cit.

[9] DE SCHAEPDRIJVER Sophie, op. cit., p. 70

[10] TURBÉ Gérard, Août-septembre 1914 : Les armées en guerre, Louviers, Ysec, 2019, 359 p., pp. 28-32 et 36-38

[11] PORTE Rémy, « Frontières, batailles des », dans COCHET François (dir.) et PORTE Rémy (dir.), Dictionnaire de la Grande Guerre : 1914-1918, Paris, Robert Laffont, 2008, 1120 p., p. 451

[12] PAILLOT Christian, « 22 août 1914. Le jour le plus meurtrier de l’histoire », dans Médecins de la Grande Guerre, P. Loodts, 2014, [en ligne] https://www.1914-1918.be/la_france_22_aout_1914.php (dernière consultation le 15/07/2021)

[13] HORNE John et KRAMER Alan, German Atrocities, 1914: A History of Denial, New Haven, Yale university press, 2001, 608 p. p. 74

[14] FRANÇOIS Aurore, Les évènements du mois d’août 1914 à Dinant. Essai sur la genèse d’un massacre et réflexions autour de la culture de guerre, coll. « Archives générales du Royaume: Etudes sur la Première Guerre mondiale », Bruxelles, Archives générales du Royaume, 2001, 161 p., p. 19

[15] « US humanitarian relief for “poor little Belgium” », dans Focus on Belgium. People, stories, facts and figures, Bruxelles, Federal Public Service Foreign Affairs, Foreign Trade and Development Cooperation of the Kingdom of Belgium, 2018, [en ligne] https://focusonbelgium.be/en/facts/us-humanitarian-relief-poor-little-belgium (dernière consultation le 08/07/2021)