Du soldat à l’homme providentiel : vie et mort du boulangisme durant la Troisième République

Du soldat à l’homme providentiel : vie et mort du boulangisme durant la Troisième République

Des campagnes de Jeanne d’Arc durant la guerre de Cent Ans, jusqu’à l’appel du 18 Juin 1940 de Charles de Gaulle, en passant par l’accession au pouvoir de Napoléon, l’histoire française est ponctuée de figures militaires ayant pris les rênes du politique. La figure du militaire comme homme providentiel en temps de crise est un vrai topos historique. C’est celle de l’homme fort s’immisçant dans la sphère politique, se voulant sauveur. Pourtant, il est un homme qu’on oublie souvent, et pour cause, son passage du militaire au politique ne lui a pas réussi : le général Georges Boulanger. Ce dernier fut un officier général, pur produit de la Troisième République, qui parvint pour un temps à se hisser au sommet de l’État, nourrissant vivement les débats politique et littéraire.

La naissance de la Troisième République

Cette troisième République fut proclamée le 4 septembre 1870, alors que le Second Empire de Napoléon III était défait par la Prusse. Elle naquit donc dans la défaite, ce qui lui conféra un caractère illégitime aux yeux d’une partie de l’opinion publique. Le traité de Francfort vint sceller la perte de l’Alsace-Moselle et deux cantons des Vosges, soit 1,5 million d’hectares et 1,5 million d’habitants. La France dut payer la somme colossale de 5 milliards de franc-or à la jeune Allemagne. Cette République, construite autour d’un sentiment d’humiliation profond, se développa dans un contexte où les questions militaires furent prégnantes.

À cet instant, les républicains n’étaient pas majoritaires et bon nombre de monarchistes, de socialistes, de communistes, d’anarchistes, d’impérialistes contestèrent la République telle qu’instaurée, appelant tantôt à une démocratie ouvrière, tantôt au retour d’un souverain. Peu après l’instauration de ce régime, le 30 janvier 1875, fut passé l’amendement Wallon qui instaurait l’élection d’un président pour sept ans et la constitution de deux chambres parlementaires. Ce fut donc l’acte de naissance légal du régime parlementaire. Les républicains parvinrent tout de même à s’imposer au cours de la décennie au détriment des monarchistes[1]. Le contexte économique fut, en outre, assez mauvais avec la « Grande Dépression », qui dura en France de 1873 à 1895 (soit tout le long du boulangisme). La crise fut caractérisée par un marasme économique latent à l’heure où le mouvement ouvrier se développait[2]. Par ailleurs, les débuts de la République furent caractérisés par un certain nombre de scandales politico-économiques.

C’est dans ce contexte particulier qu’émergea la figure du général Boulanger. Le courant politique qui en naquit, dit boulangisme, fut un véritable mouvement d’ampleur dans les années 1880, suscitant bien des fantasmes, que ce soit du côté de ses admirateurs ou de ses détracteurs. Si bien que Boulanger incarna pour un temps la figure de l’homme providentiel, celle d’un sauveur de la nation auprès d’une partie de la population.

La figure de l’homme providentiel, telle que définie par l’historien Jean Garrigues, se caractérise par le positionnement d’une figure comme « sauveur en train de se construire, une attente, un espoir, une invocation […] qui se présente en posture d’extériorité par rapport à un système politique qu’il entend bousculer au nom du peuple »[3].

Napoléon Bonaparte représenté comme le Christ dans une posture d’homme providentiel
Napoléon Bonaparte représenté comme le Christ dans une posture d’homme providentiel. 1840. Jean-Pierre-Marie Jazet. Wikimedia Commons

Cette figure de l’homme providentiel semble complexe à cerner, hétérogène, car remplie de contradictions notoires. Cet article se propose de retracer l’émergence du mouvement boulangiste, sa vie éphémère, sa mort et son influence afin d’étudier les ressorts qui permirent la transformation d’un général républicain en un homme providentiel.

Le boulangisme : émergence d’un mouvement retentissant

Boulanger avant le boulangisme

Georges Boulanger est né dans une famille de la bourgeoisie bretonne en 1837. Il embrassa la carrière militaire en intégrant l’école de Saint-Cyr d’où il sortit diplômé en 1856. Sa carrière militaire fut notable, ponctuée par ses expériences en Italie (1859) où il fut gravement blessé ; en Cochinchine (1861) où il fut également blessé ; en Algérie (entre 1864 et 1867) ; puis contre la Prusse (1870). Il demeura donc avant tout un soldat du Second Empire ayant connu une ascension remarquable. Promu lieutenant-colonel en 1870, puis colonel en 1874, il avait les faveurs de son supérieur hiérarchique, le duc d’Aumale, qui le poussa au grade de général. Il fut promu à l’âge de 43 ans, en 1880. De plus, n’ayant pas participé à la répression de la Commune, car blessé, Boulanger évita la détestation de la frange ouvrière socialiste, communiste et anarchiste qui toucha l’armée.

Contrairement à Louis-Napoléon Bonaparte qui capitalisa sur son nom lors de son élection, Boulanger n’avait ni fortune, ni nom prestigieux[4]. Sa construction passa donc avant tout par l’armée coloniale et la quête de respectabilité dans l’institution alors même qu’elle connaissait une transformation profonde. L’armée coloniale gagna en prestige sous la monarchie de Juillet, la Deuxième République et le Second Empire, avec ses conquêtes coloniales, notamment en Algérie et dans le Tonkin. Si bien que son unité, les tirailleurs algériens, devint une unité de choix dès les années 1860 alors qu’elle était auparavant peu reconnue. Cette ascension fut favorisée par la propagande de l’Empire, soucieux de se donner une image de puissance[5]. Toutefois, après la défaite contre la Prusse, l’image de l’armée était largement ternie. Des politiques furent alors engagées pour réformer un corps d’officier sclérosé et l’institution entière fut questionnée par le nouveau régime républicain. C’est à ce moment que Boulanger se distingua auprès du gouvernement en critiquant le Second Empire et passa dès lors pour un des « officiers de Gambetta », ces militaires réformistes rejoignant les républicains[6]. Ce mouvement de ralliement s’imposa peu à peu, de gré et de force, et recréa un lien certain entre le politique et le militaire[7]. En 1880, Boulanger atteignait le sommet de la hiérarchie en étant nommé général avec l’appui de Clemenceau et de Ferry. Dès lors, il devint un élément clé du gouvernement pour républicaniser l’armée et passa dans la sphère politique. Il se distingua plus tard comme opposant aux expéditions coloniales de Ferry, passant dans le camp des « revanchards »[8], ce qui lui valut l’amitié de Clemenceau.

Il jouissait pareillement d’une grande popularité auprès de l’armée avec une image de général travaillant pour l’amélioration des conditions de vie des soldats. Il fut, par exemple, à l’origine d’une mesure autorisant le port de la barbe[9]. En 1884, il fut envoyé en Tunisie en tant que commandant des troupes d’occupation avec l’appui de Jules Ferry et de Georges Clemenceau (dont il était le camarade au lycée). Si Boulanger s’est d’abord illustré au service de l’Empire, sa carrière s’inscrivit donc par la suite dans un républicanisme exemplaire. Certains militaires furent, au contraire, remerciés, car soupçonnés d’être anti-républicains. Ce ralliement d’apparence à la République lui valut les faveurs des radicaux, fervents républicains anticléricaux[10].

Boulanger parvint à se hisser au ministère de la Guerre en 1886 grâce à ses affinités politiques. Sa ligne d’engagement fut notablement anticléricale et antiallemande. Il fut particulièrement choisi pour continuer à républicaniser l’armée, encore assez favorable aux Bonaparte et aux royalistes pour la plupart du corps des officiers[11]. C’est à partir de ce moment que sa popularité se construisit en dehors du cercle de l’armée coloniale. Boulanger incarna progressivement un homme populaire. S’il n’était pas encore à proprement parler un homme providentiel, il n’en restait pas moins qu’il fut connu de tous comme un homme aimant parader avec son cheval[12]. Ses discours de ministre restèrent marqués par un attachement aux militaires, les décrivant comme modèles de patriotisme et exemples pour la France, comme l’illustre son discours de 1886 devant la Garde républicaine : « Messieurs, si j’inaugure aujourd’hui la salle d’honneur de la Garde républicaine, ce n’est pas seulement parce que vous êtes un corps d’élite, c’est qu’en raison des éléments qui vous viennent de toute l’armée, vous réunissez ainsi le dévouement, les vertus militaires et le patriotisme de l’armée entière… de la France »[13]. Cependant, Boulanger restait issu des rangs de l’armée coloniale ayant soutenu Napoléon III. Il ne fut donc pas exempt de toute suspicion auprès des autres républicains[14].

Caricature de Boulanger en Centaure parue dans le journal La Charge du 9 juin 1889
Caricature de Boulanger en Centaure parue dans le journal La Charge du 9 juin 1889. Auteur inconnu,1989. Wikimedia Commons

L’ascension du « général revanche » : l’émergence du boulangisme

Le boulangisme fut un mouvement qui émergea avec une rapidité et une force surprenante, faisant passer le général Boulanger de l’ombre au-devant de la scène politique en quelques années. Si cette ascension fut d’abord liée à sa carrière militaire remarquable et à son passage au ministère de la Guerre, d’autres facteurs y contribuèrent largement.

La jeune République, qui était fragile, sembla vaciller à plusieurs reprises dans ses premières années. Le chancelier allemand Bismarck plaida pour l’instauration d’un régime parlementaire et notait dans une lettre de 1871 à l’adresse d’un baron allemand :

« Vos appréhensions sur la possibilité d’une revanche de la France ne sont pas fondées. Elles ne le seraient que si cette Nation était unie au dedans […] le gouvernement républicain est, par sa nature même, un dissolvant, un principe de troubles. »[15]

Cette division dont parle Bismarck entre légitimistes, orléanistes, bonapartistes, républicains, conservateurs, radicaux, socialistes, communistes et anarchistes, put créer un terreau fertile pour l’émergence d’un homme providentiel au sein d’un régime contesté de toutes parts ; un homme qui se placerait en unificateur du peuple dans son intégralité, car au-dessus du jeu politique et de ses divisions. La Troisième République, en tant que régime parlementaire, était caractérisée par une instabilité notable avec la chute régulière de gouvernements. Le manque de personnification, dû à la succession des politiciens et à la faiblesse du rôle présidentiel, put donc jouer en faveur d’une personnalité charismatique issue des armées, milieu dont l’image renvoie traditionnellement à l’ordre, et donc à la stabilité. L’historien Jean Garrigues note à cet égard :

« La France démocratique et républicaine, qui s’était construite sur le modèle de la Révolution française, c’est-à-dire sur la souveraineté du peuple exprimée par la voix de ses représentants, a ressenti le besoin de retrouver les figures héroïques de l’histoire de France afin de combler une sorte de manque d’incarnation inhérent au régime parlementaire de la Troisième République. »[16]

De plus, la République était régulièrement éclaboussée par des incidents et des scandales qui renforcèrent l’image de Boulanger, alors qu’il n’était que ministre de la Guerre. D’abord avec l’affaire Schnaebelé, en avril 1887, dans laquelle un espion placé par Boulanger fut arrêté par l’Allemagne, créant un incident entre les deux pays. Cet événement eut un écho notable chez les « revanchards » et les nationalistes qui souhaitaient préparer une nouvelle guerre contre l’Allemagne. Alors que les gouvernements français et allemands tentaient d’étouffer l’incident, Boulanger, au contraire, souffla sur les braises. C’est à partir de cet instant qu’il acquit l’image du « général revanche », celle d’un homme fort prêt à mener une guerre contre l’Allemagne pour récupérer les départements perdus par la France en 1871. Le « général revanche » fut désavoué par son gouvernement, car trop va-t-en-guerre. Boulanger aimait se montrer, ce qui ne plut pas non plus aux différents gouvernements auxquels il prit part. Par exemple, il effectuait de nombreuses tournées en province et participait régulièrement aux cérémonies[17]. En mai 1887, un nouveau gouvernement se constitua sans lui. Boulanger, sorti de son rôle de technicien officiant pour la « républicanisation » de l’armée, sa popularité en devint dérangeante[18].

D’autre part, l’affaire des décorations en octobre 1887 vint renforcer les imaginaires contestataires d’une République véreuse. Le 2 décembre, le président de la République Jules Grévy démissionnait, éclaboussé par un scandale. En effet, son gendre Daniel Wilson fut accusé d’avoir vendu la Légion d’honneur en échange de faveurs personnelles[19]. L’image d’un militaire rejeté par des gouvernements corrompus, qui émergea dans les milieux contestataires, servit la construction du mythe du sauveur, rejeté par les puissants, mais adulé par le peuple. Dès lors, elle opposa, pour une frange de la population, les politiciens corrompus et conspirant contre la France, au vrai peuple incarné par le général Boulanger. L’ancien militaire fut alors supporté par une partie des médias nationalistes et antiparlementaires, avec l’appui notable de la Ligue des patriotes[20] de Paul Déroulède qui avait une large audience. Paradoxalement, Boulanger récolta aussi le soutien d’anciens communards et de communistes avec une forte popularité auprès des franges ouvrières. L’historien Emmanuel Fureix notait à cet égard : « Boulanger coalise les espoirs, tant à gauche qu’à droite. D’anciens communards comme Henri Rochefort se rallient à lui, de même que certains royalistes et bonapartistes »[21].

« La Prise de la Bastille », caricature boulangiste pour le journal La Bombe
« La Prise de la Bastille », caricature boulangiste pour le journal La Bombe. 14 juillet 1889. Paul de Sémant. Wikimedia commons

Bon nombre de facteurs exogènes contribuèrent également à faire émerger un homme providentiel qu’incarna Boulanger. En premier lieu, la montée des nationalismes en Europe. Deux conceptions du nationalisme cohabitaient dans l’Europe des années 1870-1880. La première posait le nationalisme comme volonté de construction d’un État-nation autour d’un peuple, aboutissant par exemple à l’unification italienne ou allemande. La seconde désignait un mouvement prônant le respect des valeurs traditionnelles (la terre, la patrie, la religion), le patriotisme, voire la xénophobie dans des nations souvent plus anciennes. La montée des revendications liées aux identités nationales en Europe put favoriser l’émergence d’une peur française envers ses voisins. D’abord puisque le pays avait depuis peu des voisins italiens et allemands unifiés ; ensuite, parce que ces voisins s’étaient unifiés par la guerre et conservaient des velléités irrédentistes[22].

Le chancelier allemand Bismarck déclara, par exemple, aux lendemains de la victoire allemande sur la France : « Elle [La France] voulait nous arrêter à la ligne du Mein, elle ne nous empêchera pas de nous étendre des Vosges aux Karpathes, de Kiel à Trieste et même à la Haye, à cheval sur la Baltique, la mer du Nord et l’Adriatique. L’empire d’Allemagne avec Berlin pour capitale que Thiers redoutait, est fondé. Le pangermanisme est proche, grâce à l’impuissance de la France républicaine »[23]. Cette pensée pangermaniste s’opposait donc nettement à la paix en Europe avec une conception extensive de la nation basée sur la réunification sous une même bannière de tous les germanophones et des territoires ayant appartenu aux Empires germaniques.

Côté français, les nationalistes se groupaient derrière certaines figures littéraires ou politiques de proue : Déroulède ou Barrès par exemple. Si les pensées divergeaient sur bien des points, elles convergeaient sur la commémoration de la défaite de 1871, la nécessité de reprendre les « provinces perdues »[24], rétablir l’ordre dans un pays failli, supposément décadent et infiltré par des ennemis de l’intérieur. La défaite de 1871 fut donc une pierre angulaire du nationalisme français en cette fin de XIXe siècle. En 1886, Edouard Drumont, figure de proue de l’antisémitisme français, publiait La France juive, livre appelant à contrer la supposée mainmise des juifs sur la France et expliquant la défaite par la responsabilité des juifs : « Un homme a vendu un Dieu qui venait porter au monde des paroles de miséricorde et d’amour, il s’appelait Judas, et il était Juif. […] Un homme, devant les Prussiens, a donné le signal pour renverser sur un lit de fumier le monument de nos vieilles gloires, il s’appelait Simon Mayer[25], et il était Juif »[26].

L’antisémitisme, la xénophobie, les discours bellicistes de Bismarck et le sentiment de décadence ont donc favorisé l’émergence d’une figure providentielle, incarnant l’ordre et la patrie, car issue des rangs de l’armée française, fils de bourgeois breton et ayant appelé à la revanche contre l’Allemagne à de multiples reprises. À ce titre, Boulanger déclara lors d’un entretien qu’il accordait au journal La Presse le premier avril 1888 : « le parlementarisme ne finira ni dans l’imbécillité, ni dans le sang, mais dans la pourriture »[27].

Affiche de Jules Chéret pour le livre La France juive d'Édouard Drumont
Affiche de Jules Chéret pour le livre La France juive d’Édouard Drumont. 1892. Wikimedia Commons

Le boulangisme apparut donc comme un mouvement à même de redonner de l’espoir aux déçus de tous bords, qu’ils viennent de la Commune ou des franges les plus nationalistes et antisémites. Le général réalisa autour de sa personne une fusion de l’antisémitisme ouvrier anticapitaliste et de l’antisémitisme catholique. En cela, Boulanger incarna en son temps une forme d’espoir au milieu des crises, une porte de sortie favorable, capable de coaliser les imaginaires les plus divers. S’il utilisa cette aura, elle fut en partie créée par ses partisans qui jouèrent un rôle notable dans la construction de l’homme providentiel.

Vie et mort du boulangisme : la figure de l’homme providentiel au défi de l’exercice du pouvoir

Essor et succès du mouvement boulangiste

Dès son renvoi du gouvernement en 1887, Boulanger profita de sa notoriété pour développer sa personnalité politique après avoir travaillé sa figure de militaire. Il fut rapidement présenté sans son consentement lors d’élections partielles dans le département de la Seine en mai 1887. Ce fut Henri Rochefort, dirigeant du journal ouvrier l’Intransigeant, qui appela à voter pour le général. Ce dernier recueillit la somme de 38 000 voix, confirmant sa popularité dans les milieux ouvriers[28]. À la même époque, émergea au sein des classes populaires le terme de « brav’ général » pour désigner Boulanger. Le mouvement plaisait à une partie des ouvriers, car il sembla à ses débuts regrouper les préoccupations sociales (défense du peuple contre les patrons), l’antimaçonnisme et l’antisémitisme ouvrier. Boulanger n’avait pas le droit de se présenter, moins encore d’être élu, puisque toujours général au sein de l’armée. Ce succès électoral imprévu fit émerger des craintes au sein du gouvernement et le général fut muté à Clermont-Ferrand pour étouffer l’affaire.

Pourtant, cette décision ne créa pas l’effet escompté par le gouvernement. En effet, lors du départ du général en gare de Lyon, une foule de partisans boulangistes se réunit, l’exhortant à ne pas quitter Paris. Certains de ces partisans plaidant ouvertement pour un coup d’État. Cet événement, bien qu’il n’aboutisse pas à un renversement du pouvoir, effraya les républicains modérés et les radicaux, tant au gouvernement que dans la presse.

D’autant plus que le général Boulanger ne fut pas tout à fait étranger aux agitations, puisqu’il finançait généreusement des organes de presse faisant sa publicité, avec des fonds provenant notamment des milieux royalistes et bonapartistes. En 1888, il mena une entrevue avec le prince Napoléon Jérôme Bonaparte. Cet entretien secret entérina le soutien des franges contestataires royalistes et bonapartistes à Boulanger, qui fut alors présenté comme un homme de paille utilisable pour préparer le retour d’un monarque ou d’un empereur. Ces milieux conservateurs et réactionnaires disposant de nombreuses ressources financières, l’aura médiatique du général s’en trouva renforcée.

La même année, le général fut définitivement rayé des rangs de l’armée pour avoir été présenté, une nouvelle fois, sur une liste aux élections locales[29]. Dès lors, l’ascension politique de Boulanger fut légalement rendue possible, alors même que sa popularité se confirmait. Sous la Troisième République, un candidat avait la possibilité de se présenter dans plusieurs circonscriptions, ce qui permit à Boulanger de se faire élire par divers électorats, testant sa popularité à droite comme à gauche, dans les milieux ouvriers comme bourgeois. Ces premiers résultats électoraux, plutôt favorables dans l’ensemble, apportèrent au mouvement boulangiste une assise, une légitimité par les urnes. Le mouvement trouvait son crédit dans une forme de césarisme, plébiscitant les électeurs de différentes circonscriptions par les urnes.

Le programme boulangiste était nécessairement large et imprécis, pour ne pas perdre une partie de ses soutiens. Il s’articulait autour de trois termes : « dissolution, révision, constituante ». Il y avait donc une incertitude absolue en cas d’élection sur la suite des événements. Le programme boulangiste était en rupture avec le gouvernement et assurément antiparlementaire, sans pour autant prendre une direction précise dans la conduite du changement. Ce paradoxe fut nécessaire pour concilier des éléments inconciliables, dans une forme de syncrétisme. Ainsi, les communards, comme Rochefort, voyaient en Boulanger un précurseur de la démocratie populaire, alors que les royalistes le voyaient comme annonciateur d’un retour à la royauté. Comme le note l’historien Michel Winock : « L’idéologie boulangiste, si elle existe, est donc d’abord négative »[30]. C’est-à-dire qu’elle se construit contre certaines idées : contre la république parlementaire, contre les élites, contre les étrangers et les supposées traîtres ; non en faveur d’un programme avec de réelles mesures.

Affiche pour le général Boulanger à l’occasion des élections de janvier 1889
Affiche pour le général Boulanger à l’occasion des élections de janvier 1889. Imprimerie Belon. 1889. Wikimedia Commons

Toutefois, l’approbation de la figure du général Boulanger fut très loin d’être unanime et les contestataires ne se trouvaient pas uniquement au gouvernement. L’opposition vint aussi de certains socialistes, par exemple le communard Benoît Malon, directeur de la Revue socialiste, qui déclarait en avril 1888 : « Chaque fois qu’en France on est entré dans cette voie, on est tombé dans les fondrières du despotisme et de l’invasion. Sont-ils donc déjà si oubliés ces noms funèbres : Brumaire et Waterloo, Décembre et Sedan ? […] nous sommes en présence de l’irruption torrentielle de tous les mécontentements, de toutes les déceptions, de toutes les colères, de toutes les espérances qui fermentaient dans les masses »[31]. De même chez l’écrivain et homme politique socialiste Eugène Fournière, qui dénonçait l’apparition d’un prétendu sauveur, incarnant la patrie[32].

Au gouvernement, Jules Ferry parlait en cette même année 1888 d’un « général à la bolivienne »[33]. Il y avait donc une peur certaine du césarisme chez les républicains[34], quelques années après la chute du Second Empire. La figure de l’homme providentiel, si elle coalisa les espoirs, mais également les craintes chez les socialistes internationalistes, les radicaux, les modérés…

La fin du général Boulanger et du boulangisme

Le 27 janvier 1889, Georges Boulanger triompha avec une large victoire à l’élection partielle dans le département de la Seine, alors bastion symbolique de la République. Avec 240 000 voix en sa faveur, le général fut élu à l’Assemblée. Après son succès électoral, certains partisans comme Rochefort ou Déroulède plaidaient pour un coup d’État, alors que d’autres comme son ami Dillon l’appelaient à la modération. Le général, pris entre deux visions contradictoires, ne put se résoudre à faire un coup d’État pour renverser la République. Cette décision éroda immédiatement ses soutiens. Le général perdit en partie son image d’homme providentiel, vu comme un indécis et un peureux par ses plus ardents partisans. Les monarchistes commencèrent à douter de sa crédibilité et s’en distancèrent alors peu à peu, lui faisant perdre une manne financière essentielle.

Tableau de Jean-Eugène Buland, Propagande
Tableau de Jean-Eugène Buland, Propagande. 1889. Collections du musée d’Orsay. Wikimedia Commons

Profitant de l’inaction du général, le gouvernement passa à l’offensive avec l’ouverture d’une enquête judiciaire contre Boulanger, l’accusant de complot et de détournement de fonds. Ernest Constant, alors au ministère de l’Intérieur, lança dans le même temps une virulente campagne antiboulangiste. En avril 1889, des rumeurs d’une arrestation prochaine se répandirent dans Paris et un mandat d’arrêt fut émis contre Boulanger. Ce dernier ne prit pas la peine de se défendre et prit peur. Il préféra s’exiler à Bruxelles avec sa maîtresse malade. Son départ pour Bruxelles affaiblit considérablement le mouvement boulangiste, lui faisant perdre ses soutiens et son aura auprès des électeurs. Le mouvement boulangiste, acéphale, se retrouva sans boussole claire. Boulanger avait bel et bien perdu son leadership charismatique d’homme providentiel.

Une fois à l’étranger, Boulanger ne put plus revenir sans risquer l’arrestation en raison d’une loi du Sénat qui menaçait le général de le déporter dans une forteresse[35]. Les élections d’octobre confirmèrent la perte de souffle boulangiste avec une lourde défaite pour la quasi-totalité des candidatures, au profit des candidats républicains. La défaite électorale raviva les tensions entre les différentes franges du mouvement, opposant monarchistes et républicains radicaux et multipliant les départs. Arthur Dillon, fidèle ami du général, avait déjà rompu avec le mouvement en septembre, lui qui apportait des financements royalistes très importants pour le mouvement.

En 1891, alors que la perte de vitesse du boulangisme se poursuivait, le général, épuisé, se suicida sur la tombe de sa défunte maîtresse, Marguerite de Bonnemains. La mort du dirigeant mit un terme définitif au mouvement, qualifié dès lors d’aventure éphémère à la fin tragi-comique dans la presse française. Le boulangisme ne dura donc que quelques années, comme le montrait l’évolution des suffrages dans une circonscription telle que celle du Nord. Le 15 avril 1888, Boulanger l’emporta très largement dans la circonscription avec 172 000 voix, représentant peu ou prou 64 % des votants, mais il y perdit largement un an plus tard[36]. Pourtant, la figure boulangiste n’en resta pas moins l’une des plus marquantes de la Troisième République. Son héritage se perpétua des années après dans les milieux politiques comme dans les milieux littéraires.

L’appel au soldat de Maurice Barrès : l’homme providentiel dans la littérature nationaliste

Le cas de l’écrivain nationaliste Maurice Barrès fut l’une des sources les plus notables sur le mouvement, puisque l’auteur participa en son temps au mouvement comme député boulangiste (1889), avant d’être élu à l’Académie française en 1906. Avec la trilogie du Roman de l’énergie national, lexaltation du sentiment intérieur et l’appel au « Moi », Barrès développa, autour de la figure du général Boulanger, l’idée d’un nationalisme sentimental, xénophobe et antiparlementaire. Ce nationalisme s’articula autour de la dénonciation de la supposée décadence de la démocratie et de l’influence des élites et du « parti germanophile »[37]. Barrès permit donc de contribuer à la postérité de Boulanger comme homme providentiel, en écrivant sur le mouvement, dix ans après sa fin. En effet, le deuxième volet de la trilogie, L’appel au soldat, fut publié en 1900 et décrivit très directement l’ascension, puis la fin du général Boulanger. Le décalage entre la publication du livre et le mandat de Barrès comme député boulangiste expliqua partiellement la nostalgie romanesque dans l’ouvrage. D’autant plus que le grand-père Jean-Baptiste Barrès avait légué le goût du militaire à son petit-fils en écrivant un récit sur son passage dans la Grande Armée que Maurice Barrès publia bien plus tard.

L’auteur vit en Boulanger l’une des figures du « culte de l’enracinement[38] » de l’individu dans sa terre natale et sa patrie avec une défense du régionalisme. L’appel au soldat fut donc, en son temps, un récit glorifiant le boulangisme. Ce dernier y est abordé avec le point de vue de jeunes étudiants parisiens, cherchant un chemin de vie loin de leur Lorraine natale. Certains de ces étudiants se lancèrent dans la politique, notamment aux côtés du général Boulanger et de son ami Dillon, ce qui est l’objet du deuxième volet de la trilogie barrésienne.

Portrait de Maurice Barrès par Jacques-Émile Blanche
Portrait de Maurice Barrès par Jacques-Émile Blanche. 1895. Wikimedia Commons

Barrès mit en scène des personnages divers qui retranscrivirent l’atmosphère de l’époque, tout en incluant des éléments semi-autobiographiques. À ce titre, l’ouvrage montra nettement la récupération de l’héritage boulangiste dans les franges les plus conservatrices de la politique française du début du XXe siècle, en développant bon nombre de prises de position politiques à travers la littérature. L’un des personnages, nommé Roemerspacher, incarne par exemple le sentiment xénophobe présent chez les nationalistes : « mais à cette date, c’est toute la France, dans toutes ses cellules, qui désire repousser des éléments venus de ses dehors »[39]. Ce passage montre la reconstruction a posteriori du boulangisme, comme mouvement qui devait arriver, qui devait sauver la France.

Quant à Boulanger, il fut décrit par Barrès en des termes nettement élogieux, contribuant à modeler la postérité d’un général bon et intègre : « Sa physionomie montrait quelque chose de très impérieux et à côté quelque chose de très bon. Dualité qui se retrouvait dans sa conduite : il prenait des décisions audacieuses, il exigeait de ses subordonnés une soumission absolue et en même temps il se montrait bienveillant et vite affectueux »[40].

Le culte de l’armée y fut aussi abordé, opposant l’institution à des élites corrompues, vision propre aux boulangistes et aux antiparlementaires : « Mais aujourd’hui, le seul adversaire, c’est l’étranger ; le seul gouvernement, c’est le chef de l’armée, celui que les villes, les villages et les casernes, les ateliers et, sur le passage des voitures, les bergers isolés dans les champs acclament aux cris de “Vive Boulanger” »[41].

L’imaginaire de l’homme providentiel y fut très largement mobilisé pour justifier l’engagement des personnages de Barrès dans le mouvement boulangiste : « Il faut toujours une traduction plastique aux sentiments des Français qui ne peuvent rien éprouver sans l’incarner dans un homme »[42], puis « Les traits naturels de Boulanger ne comptaient plus ; par la force du désir des masses, il venait de subir une transformation »[43].

Pourtant, même chez Barrès, on retrouva la dimension tragi-comique propre au général, qui fut décrit dans le livre comme un personnage indécis et naïf. Ainsi, on put y lire un dialogue mettant en scène Boulanger face à ses propres doutes : « Et si j’échouais ? Je serais impardonnable d’avoir gâté par un caprice, qui ne rentre pas dans notre méthode, une campagne si magnifiquement conduite […]. Pourquoi voulez-vous que j’aille conquérir illégalement un pouvoir où je suis sûr d’être porté dans six mois par l’unanimité de la France.[44] », ou encore « Dans ce rôle, Boulanger parait inférieur. Sous une affectation d’imperturbable confiance, il tâtonne. Il apporte dans la politique de l’esprit de décision plutôt qu’un esprit juste. Il se laisse compromettre par ses agents et mener par ses humeurs »[45].

Finalement, le portrait que dressait Barrès était celui d’un général modeste, semi-martyr et dépassé par ses ambitions. Ainsi, il dénonça le parlementarisme en posant Boulanger comme la victime des combines du gouvernement, négligeant la responsabilité que le général eut dans la montée des inquiétudes autour de sa figure : « Boulanger accepte sans une plainte cette nécessité, toujours la même à travers les siècles pour les chefs populaires. Seulement, d’heure en heure, il monte au deuxième étage, jusqu’à la chambre où souffre madame de Bonnemains. Il y a quelque chose de tragique dans le spectacle de cet homme, pâle, cette nuit, et qu’ils [les parlementaires] tueront, réfutant minutieusement les plus infâmes combinaisons de leurs calomnies »[46].

L’appel au soldat s’acheva sur la scène de suicide du général Boulanger, mettant fin à la popularité restante du mouvement et terminant l’aventure des jeunes lorrains dépeint dans le livre ; donc, par analogie, de Barrès lui-même : « Onze heures et demie ! L’ouvrier a quitté son travail pour aller déjeuner. Le Général, masqué par le buisson, la colonne et le petit sapin, s’assied à terre, le dos appuyé contre la pierre tombale [de sa défunte maîtresse], et se décharge son revolver sur la tempe droite »[47].

Postérité politique d’un mouvement boulangiste éphémère

L’héritage politique du boulangisme fut tout aussi marquant. En premier lieu puisqu’il confirma l’émergence de la figure populiste en France, après le Premier et le Second Empire[48]. En effet, le général fut, pendant un temps, à même de mobiliser les masses de manière directe grâce à sa figure d’homme providentiel et à ses soutiens multiples. Sa carrière militaire lui conférant l’image d’un homme fort et intègre, il sut regrouper au sein d’un même mouvement des opposants aux régimes aux aspirations contraires. Dans une société marquée par un sentiment antiparlementaire, notamment inspiré par la naissance du régime dans la défaite de 1870 et les scandales comme celui des décorations, Boulanger se positionna comme une figure politique à part, contre les élites traditionnelles. La capacité du boulangisme à transcender les clivages représenta une rupture notable avec les formes classiques de militantisme sous les régimes précédents.

D’autre part, le mouvement boulangiste connut une postérité certaine dans les mouvements de droite radicale. Si son héritage chez les progressistes fut plus maigre, il précéda chez les conservateurs et réactionnaires la naissance d’un nationalisme revanchard et antisémite. Il confirma également la recomposition du paysage politique avec l’affaiblissement du royalisme et l’affermissement de la république comme le notait Emmanuel Fureix : « La droite royaliste sort diminuée de ces années de République conservatrice, à laquelle certains modérés préfèrent se rallier dans une conjonction des centres. Une nouvelle droite se développe en revanche, nationaliste, revancharde et antiparlementaire, pour partie héritière du boulangisme »[49].

Par ailleurs, le mouvement boulangiste contribua au corpus idéologique du maurrassisme et, plus tard, à celui des ligues. D’abord avec la centralité de la revanche contre l’Allemagne, mais encore et surtout avec l’idée d’une influence étrangère qui mènerait la France à une supposée décadence. C’est ce que notait également l’historien et politologue Jean Touchard : « Après la défaite et l’annexion de l’Alsace-Lorraine, se développe un nouveau nationalisme cocardier, antiparlementaire, antisémite, protectionniste et conservateur, qui est né d’une réflexion sur la décadence et les conditions d’une revanche »[50]. C’est en 1892 dans un article du Figaro, que le terme de nationalisme fut réintroduit par Maurice Barrès lui-même avec un sens nouveau, pour affirmer la primauté des intérêts nationaux sur tous les autres enjeux politiques[51]. Le nationalisme se tourna alors vers l’extérieur à la recherche de puissance et d’influence et vers l’intérieur à la recherche de supposés ennemis.

Les héritages du boulangisme furent particulièrement visibles lors de l’affaire Dreyfus dans laquelle certains anciens députés boulangistes s’illustrèrent par leur défense fervente de l’armée et leurs violents discours de condamnation antisémites. C’est notamment le cas de l’écrivain Maurice Barrès qui devint la figure de proue du nationalisme et qui déclarait peu après l’éclatement de l’affaire Dreyfus : « Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race »[52]. Le culte de l’armée et des généraux, comme figures de droiture face à une République jugée faible et corrompue, se retrouva quelques décennies plus tard lors des procès de Dreyfus. La défense de l’armée fut le cheval de bataille des anti-dreyfusards, attachés à l’ordre et à la patrie[53]. L’armée fut vue comme la seule institution capable d’engager un sursaut national et moral[54]. Enfin, la dénonciation de l’antiparlementarisme et le populisme du mouvement boulangiste se retrouva tout au long de l’histoire de la Troisième République, du scandale des décorations de 1887 jusqu’à l’affaire Stavisky[55] en 1934.

Caricature publiée par la ligue antisémite Jeunesse antisémitique, parue à l’occasion de l’affaire Dreyfus
Caricature publiée par la ligue antisémite Jeunesse antisémitique, parue à l’occasion de l’affaire Dreyfus. Charles Huard. 1898. Wikimedia Commons

Par ailleurs, sur le plan électoral, le boulangisme laissa une marque notable puisque le général fut l’un des premiers hommes politiques à personnaliser sa campagne au lieu de la fonder sur des idées. Plus encore, il utilisa des slogans simples et accessibles (« dissolution, constituante, révision »), marquant le passage d’une politique où le vote était influencé par les notables locaux (instituteurs, châtelains, curés…), à une politique plus populaire. En outre, cette innovation fut renforcée par le large usage de la presse par Boulanger et son utilisation de l’affichage de masse pour séduire les électeurs.

L’échec du boulangisme contribua directement à modeler la troisième République et son fonctionnement, par exemple, avec la modification des lois électorales et l’interdiction de se présenter dans plusieurs circonscriptions à la fois. Plus encore, cet échec du mouvement démontra les limites des alliances politiques opportunistes et de la figure de l’homme providentiel en politique.

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[1] FUREIX Emmanuel, Le siècle des possibles : 1814-1914, Paris, Presses universitaires de France, 2014, p. 140

[2] Ibid., p. 159

[3] GARRIGUES Jean et ROUSSELLIER Nicolas, « La figure de l’homme providentiel », dans Études : revue de culture contemporaine, n°4291, Paris, Société d’édition de revues, 2022, 144 p., pp. 33-42, [en ligne] https://shs.cairn.info/revue-etudes-2022-3-page-33? (dernière consultation le 31/10/2024)

[4] PROVIDENCE Matthieu, « Boulanger avant le boulangisme : un officier colonial tombé en République », dans Politix, n°72, Louvain-La-Neuve, De Boeck Supérieur, 2005, 180 p., pp. 155-179, [en ligne] https://shs.cairn.info/revue-politix-2005-4-page-155?lang=fr (dernière consultation le 14/05/2024)

[5] Ibid.

[6] Ibid.

[7] Ibid.

[8] Le courant revanchard se trouvait majoritairement incarné par les radicaux (dont Clemenceau), les monarchistes et les bonapartistes. Le mouvement était motivé par le désir de revanche contre l’Allemagne après la défaite de 1870-1871 et la perte de l’Alsace Moselle. Au contraire, les colonialistes (incarnés par Ferry) cherchaient à développer l’influence de la France par le biais d’expéditions coloniales en Afrique et en Asie, reléguant la question allemande au second plan.

[9] HISTONY, « Le général Boulanger : premier “ni de gauche, ni de droite ?” – Veni Vidi Sensi #10 » Betton, ADHUC, 2017, 45 min 41 s, 10 min 30 s, [en ligne] https://www.youtube.com/watch?v=px0dXSD1250 (dernière consultation le 09/05/2024)

[10] PROVIDENCE Matthieu, art. cit., pp. 155-179

[11] Ibid.

[12] HISTONY, op. cit., 8 min 44 s

[13] BOULANGER Georges, Discours à la Garde républicaine du 11 décembre 1886, 1886, 139 p., [en ligne] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5469574f.texteImage (dernière consultation le 21/10/2024)

[14] PROVIDENCE Matthieu, art. cit., pp. 155-179

[15] VON BISMARCK Otto, Opinion de Bismarck sur la République, l’Empire et les Bourbons en France : lettre attribuée au prince, Auxerre, Imprimerie de la Bourgogne, 1874, 18 p., pp. 1-6, [en ligne] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5456557q/f2.image (dernière consultation le 08/01/2025)

[16] GARRIGUES Jean, art. cit., pp. 49-58

[17] PROVIDENCE Matthieu, art. cit., pp. 155-179

[18] Ibid.

[19] PALMER Michael, « Scandale à l’Élysée : quand le Président est poussé à la démission », dans RetroNews, Paris, BnF-Partenariats, 2017, [en ligne] https://www.retronews.fr/edito/scandale-lelysee-quand-le-president-est-pousse-la-demission (dernière consultation le 04/11/2024)

[20] La Ligue des patriotes fut une organisation politique fondée en 1882 par Paul Déroulède, elle réunit les nationalistes français notamment autour du mécontentement économique et politique et sur le sentiment antisémite et antiallemand.

[21] FUREIX Emmanuel, op. cit., p. 159

[22] Revendication de territoires considérés comme appartenant à une nation pour des raisons historiques, culturelles ou linguistiques, mais se trouvant sous la souveraineté d’un autre État. Par exemple, l’Alsace pour la Prusse avant 1870 ou la Corse et Nice pour l’Italie après l’unification achevée par la prise de Rome en 1870.

[23] VON BISMARCK Otto, op. cit., p. 18

[24] Terme désignant les départements passés sous souveraineté allemande après le traité de Francfort de 1871. ARNOLD Matthieu, « Compte-rendu de : TURETTI Laurence, Quand la France pleurait l’Alsace-Lorraine. Les “provinces perdues” aux sources du patriotisme républicain 1870-1914, Strasbourg, La Nuée Bleue, 2008 », dans Revue d’Histoire et de Philosophie religieuses, vol. 90, n°1, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2010, 123 p., pp. 117, [en ligne] https://www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_2010_num_90_1_1458_t9_0117_0000_1 (dernière consultation le 11/01/2025)

[25] Communard accusé d’avoir remplacé le drapeau français par un drapeau rouge, symbole de l’anarchisme et du communisme, lors de la Commune de Paris.

[26] DRUMONT Édouard, La France juive : essai d’histoire contemporaine, vol. 1, Paris, C. Marpon & E. Flammarion, 1886, 579 p.

[27] GARRIGUES Jean, art. cit., pp. 49-58

[28] HISTONY, op. cit., 13 min 40 s

[29] Ibid., 17 min 03 s

[30] WINOCK Michel, « Le boulangisme, un populisme protestataire », dans Après-demain, n°43, Paris, Fondation Seligmann, 2017, 56 p., pp. 34-36, [en ligne] https://doi.org/10.3917/apdem.043.0034 (dernière consultation le 27/05/2024)

[31] WINOCK Michel, art. cit.

[32] Ibid., pp. 34-36

[33] PROVIDENCE Matthieu, art. cit., pp. 155-179 ; les termes utilisés par Jules Ferry pour qualifier le général Boulanger font référence aux fréquents coups d’État militaires en Bolivie au XIXᵉ siècle, assimilant Boulanger à un dangereux militaire, prêt à livrer la France au chaos pour une aventure politique personnelle.

[34] HISTONY, op. cit., 25 min 30 s

[35] Ibid., 29 min

[36] JOLY Bertrand, « Les ligues dans le Nord et le Pas-de-Calais, du boulangisme à l’affaire Dreyfus », dans Revue du Nord, n°370, Villeneuve d’Ascq, Association Revue du Nord, 2007, 220 p., pp. 295-305, [en ligne] https://shs.cairn.info/revue-du-nord-2007-2-page-295?lang=fr (dernière consultation le 12/04/2024)

[37] NAY Olivier, Histoire des idées politiques : la pensée politique occidentale de l’Antiquité à nos jours, Malakoff, Armand Colin, 2016, p. 355

[38] Attachement profond et sentimental à la terre natale d’individus étudiant à Paris, vus comme des exilés, des « déracinés ».

[39] BARRÈS Maurice, Le roman de l’énergie nationale, vol. II, Paris, La délégation des siècles, 1900, p. 37

[40] Ibid., p. 39

[41] Ibid., p. 43

[42] Ibid., p. 43

[43] Ibid., p. 48

[44] Ibid., p. 184

[45] Ibid., p. 199

[46] Ibid., p. 378

[47] Ibid., p. 479

[48] WINOCK Michel, art. cit., pp. 34-36

[49] FUREIX Emmanuel, op. cit., p. 162

[50] TOUCHARD Jean, Histoire des idées politiques : 2 – Du XVIIIe siècle à nos jours, Presses universitaires de France, 1958, p. 691

[51] NAY Olivier, op. cit., p. 351

[52] RIOUX Jean-Pierre, « Maurice Barrès : “ma soumission à mon innéité” », dans Mil neuf cent : revue d’histoire intellectuelle (Cahiers Georges Sorel), n°11, Paris, Société d’études soréliennes, 1993, 206 p., p. 101, [en ligne] https://www.persee.fr/doc/mcm_1146-1225_1993_num_11_1_1090 (dernière consultation le 08/01/2025)

[53] LEBRUN Jean (prod.), « Les antidreyfusards et les antidreyfusistes – Épisode 3 », dans La Marche de l’histoire, Paris, Société nationale de radiodiffusion Radio France, 2019, 28 min, [en ligne] https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-marche-de-l-histoire/les-antidreyfusards-l-affaire-dreyfus-episode-4-1464588 (dernière consultation le 24/11/2024)

[54] NAY Olivier, op. cit., p. 351

[55] L’affaire Stavisky est une crise économique et politique qui éclata en 1934 alors qu’un escroc (Stavisky) est retrouvé mort. La cause officielle évoqua un suicide, bien que cette appellation ait fait l’objet de controverses, alimentant l’antiparlementarisme et la défiance envers la République.

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