D’abord inter-étatique, la guerre finit par diviser la société française en 1871 : c’est la Commune, les Français s’affrontent, Paris n’étant pas la seule ville à s’insurger. En parallèle, ces épisodes militaires permettent la création du IIe Reich allemand, le point d’orgue de l’unification allemande.

La guerre impériale
Le 19 juillet 1870, Napoléon III (1808-1873) déclare la guerre à la Prusse de Bismarck (1815-1898). L’empereur est entraîné dans ce conflit nécessaire aux plans du chancelier allemand. Ce dernier désirait une guerre contre la France, non pas pour faire chuter l’empire de Napoléon III, mais plutôt pour unifier l’Allemagne autour d’une entité unique. Il délègue la direction des opérations au général Helmuth von Moltke (1848-1916) qui s’entoure d’un état-major hétérogène, mêlant artilleurs, cavaliers et fantassins. Ce dernier imagine un plan d’invasion rapide de la France du Nord-Est, se basant sur trois armées et un mouvement identique.
Chacune des armées possède un état-major et une certaine liberté, contrairement aux forces françaises. Le chemin à parcourir se fait sur un même axe pour les 1re, 2e et 3e armées. La 1re doit être un pivot en basculant lentement d’Est en Ouest. Les deux autres manœuvrent dans un premier temps vers le Sud, puis dévient vers le Nord-Ouest. La 1re armée devient l’enclume, les deux autres sont le marteau. L’objectif militaire prussien est d’envelopper l’armée française pour l’anéantir le plus rapidement. [N.B. : Cette stratégie allemande inspirera celles appliquées en 1914 et en 1940].
Le stratagème est une réussite : la France est débordée de toute part et n’arrive pas à réagir. En effet deux écoles s’affrontent sur le terrain. Par exemple, les Français découvrent, contre leur gré, une nouvelle manière de faire la guerre à la bataille de Wissembourg (4 août 1870). Les Prussiens placent une artillerie performante et moderne (canons en acier Krupp, se chargeant par la culasse) en soutien, ils disposent la cavalerie sur les ailes afin de faire plier ou pivoter les forces adverses, et déploient l’infanterie au centre qui délivre un feu nourri. En France, la doctrine d’utilisation de l’infanterie est bien différente : les guerres de colonisation (Afrique, Asie, Mexique) sont des conflits où l’armée française excelle en tirailleurs (évoluer en tirailleurs ne signifie pas privilégier le choc, mais le feu ; c’est le fait de tirer de manière fréquente sans forcément devoir attendre un ordre).

Cette tactique ne peut réussir face à une armée moderne prussienne. Deux jours plus tard, le 6 août à la bataille de Frœschwiller, Mac-Mahon, ses 48 000 hommes et ses 107 canons qui ont la particularité de se charger par la bouche, affrontent 170 000 prussiens armés de 342 canons Krupp qui en outre, se chargent par la culasse. La résistance française est notable mais le maréchal Mac-Mahon doit battre en retraite, laissant Strasbourg seule face aux Allemands le 9 août. La ville alsacienne se défend jusqu’au 28 septembre. L’avancée allemande continue tout au long du mois d’août, malgré des faits d’armes français à l’image du sacrifice de la cavalerie à Reichshoffen.
Fin août, le prince Charles-Frédéric de Prusse encercle Metz où se trouve le gros de l’armée française avec, à sa tête le maréchal Bazaine. Mieux équipé et plus nombreux que les Allemands, ce dernier se rend avec ses 175 000 hommes et ses 500 canons le 28 octobre 1870. Cet abandon est vu comme une haute trahison et Bazaine comparaîtra d’ailleurs devant un tribunal.
Le 2 septembre, Napoléon III capitule. Le 4, il abdique. Même si ce n’était pas son objectif premier, la Prusse a renversé en quelques semaines le IIe Empire.

La guerre nationale
Suite à la capitulation, un très lourd tribut de guerre est demandé (un milliard de francs or) ainsi que de grandes concessions territoriales : l’Alsace et la Moselle. Mais, si l’empire a voulu un arrêt des combats, beaucoup de Français le refusent. Une guerre nationale commence, avec une résistance (comme avec les corps-francs menant une guérilla face aux Allemands) et la tentative de faire renaître une armée, nationale dorénavant. Le 4 septembre, un gouvernement dit de défense nationale est constitué. Il quitte Paris et se dirige vers Bordeaux pour des raisons de sécurité. Cette délocalisation est très mal perçue par les Parisiens, expliquant les événements du printemps 1871 : la Commune de Paris. Avec la capitulation de Bazaine, la France n’a plus d’armée d’active.
Le gouvernement cherche alors à lever une nouvelle armée, c’est alors qu’il contracte un emprunt très vite recouvert grâce à la banque américaine Morgan ; Gambetta s’appuie sur les préfets espérant lever entre 500 000 et 600 000 hommes (260 000 dans les faits) pour acheter du matériel et des armes à l’étranger et pour encadrer les hommes, puis les réservistes sont appelés et un grand nombre d’entre eux promu aux grades d’officiers. Deux objectifs apparaissent alors : le premier est de libérer Paris, le second est d’entretenir la guerre en province. Pour y parvenir, l’armée française se divise en trois sections. Chacune parvient à remporter de légers succès, quoique exceptionnels, comme la Défense de Belfort par le colonel Denfert-Rochereau qui refuse de se rendre. Mais la victoire n’est pas au rendez-vous malgré les efforts français.
Paris est assiégée malgré sa garnison de 500 000 hommes en armes ainsi que la garde nationale mobile comprenant 115 000 hommes, 300 000 de la garde nationale sédentaire, 30 000 des restes de l’active et 12 000 marins. Ces derniers sont l’élite de ce demi-million grâce à leur motivation et leur possession de canons modernes de 160 mm qui se chargent par la culasse, placés sur des barges sur la Seine. En face, le général Moltke a 180 000 hommes et ne veut pas entrer dans Paris : il l’assiège. La famine se propage. Les chiens, les rats, les pigeons et les animaux de la ménagerie du jardin des plantes sont mangés par les Parisiens.

En parallèle, le 18 janvier, Bismarck proclame l’unité allemande dans la galerie des glaces : le roi de Prusse, Guillaume Ier, devient empereur du nouveau Reich allemand. Le 28 janvier 1871, un armistice est signé, la France est vaincue. En février, Paris est démilitarisée, les Allemands l’envahissent et défilent. L’armée allemande a vaincu l’armée d’un empire, puis d’une nation.
Cette guerre aura eu des répercussions sur le long terme pour les deux nations belligérantes. L’Allemagne connut une unification politique et confirma sa puissance militaire. Stratégiquement, elle développe une doctrine qui resta d’actualité jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. La France est, après la guerre, sous le choc. Elle n’a plus qu’un mot en tête : la vengeance. Ce conflit a développé un patriotisme important et une nouvelle manière de voir la guerre. Cet épisode marque aussi la naissance de la IIIe République, la plus longue qu’ait connue la France (elle disparaît le 10 juillet 1940).
Mais les événements ne se terminent pas avec cette défaite. Le pire reste à venir : une guerre civile d’une rare violence sous les yeux des Allemands. C’est la Commune.
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