« La bataille de Grunwald en 1410 figure, à côté de celles de Vienne en 1683 et de Varsovie en 1920, parmi les événements militaires les plus mémorables de l’histoire de la Pologne […] La tradition de Grunwald devint une des composantes qui forgea l’identité nationale polonaise, dont l’importance religieuse et politique ne cessa de croître. »[1]
La bataille de Grunwald, affrontement central dans l’histoire de l’Europe de l’Est, reste aujourd’hui largement méconnue à l’Ouest. Pourtant, elle fut l’une des plus importantes de son temps au vu de ses conséquences au Moyen-Âge, et même bien après, par son rôle dans la construction des identités nationales polonaise, allemande et lituanienne. La bataille de Grunwald (pour les Polonais), également connue sous le nom de bataille de Tannenberg (pour les Allemands) ou encore bataille de Žalgiris (pour les Lituaniens), s’est déroulée le 15 juillet 1410 à 150 kilomètres au sud-est de Gdańsk dans l’actuelle Pologne. Elle opposa l’ordre Teutonique à une alliance menée par le royaume de Pologne et le grand-duché de Lituanie.
Le conflit s’inscrivait alors dans le cadre des luttes d’influence dans la région de la Baltique. Victoire décisive pour l’alliance polono-lituanienne, elle marqua un tournant dans l’équilibre des forces de la région. Si bien qu’elle fut parfois décrite comme l’un des affrontements les plus significatifs du bas Moyen-Âge[2]. Cet article propose de revenir sur le déroulé de la bataille, ses conséquences et son impact dans la construction de l’identité nationale polonaise et allemande afin d’observer comment un affrontement peut être réinterprété à travers le temps.
La bataille de Grunwald : déroulé d’un affrontement aux rebondissements multiples
Une bataille qui s’inscrit dans une lutte économique, religieuse et politique.
La bataille de Grunwald s’inscrivait dans la rivalité entre l’ordre des chevaliers Teutoniques d’une part et le royaume de Pologne et le grand-duché de Lituanie d’autre part. L’objet central de la rivalité concernait le contrôle de la Baltique et de ses ports, notamment celui de Gdańsk (Dantzig pour les Teutons).
L’ordre Teutonique, fondé durant les croisades comme une organisation hospitalière chrétienne s’est progressivement transformé en un ordre militaire. Au XIVe siècle, l’ordre avait établi un État monastique sur la côte baltique. Son objectif premier était la christianisation de l’Europe du Nord-Est, ce qui explique la place géographique du royaume. Cependant, cette volonté initiale d’évangélisation n’était pas la seule, puisque l’ordre avait aussi eu des différends avec des puissances chrétiennes. En 1410, au moment de la bataille, il était dirigé par le grand maître Ulrich von Jungingen. L’historien français Daniel Beauvois note :
« L’État des chevaliers Teutoniques, à cheval sur la Poméranie et la Prusse, ne ressemblait guère à l’État lituano-polonais. Avec seulement trois cent mille habitants, il abritait des forteresses et des villes fortifiées, qui étaient aussi des places commerciales et financières d’envergure européenne. Le grand maître disposait d’une administration très centralisée, grâce à laquelle il pouvait facilement mobiliser une armée bien équipée. »[3]

Le royaume de Pologne, quant à lui, était une puissance significative en Europe centrale, menée par le roi Władysław II Jagiełło. Toujours selon les mots de l’historien français Daniel Beauvois : « L’État lituano-polonais avait une population beaucoup plus importante que celle de tous les États voisins – quatre millions d’habitants – mais cette population était disséminée sur d’immenses espaces et peu mobilisable du fait des privilèges nobiliaires »[4] .
Enfin, la Lituanie dirigée par Vytautas le Grand, englobait des parties de la Russie actuelle et de la Biélorussie. Avec l’union de Krewo de 1385[5], les deux entités s’étaient alliées alors que les tensions entre l’ordre et les États de Pologne et de Lituanie étaient en hausse en raison de différends territoriaux, économiques et religieux. La Pologne était en paix avec l’ordre au début du XVe siècle, mais elle acceptait mal son influence sur le commerce et la navigation des fleuves polonais. Les Teutoniques contrôlaient, de facto, le commerce, puisque le port de Gdańsk se trouvait à l’embouchure de la Vistule. Les tensions n’eurent de cesse de monter et, au début du XVe siècle, l’ordre Teutonique déclara en premier la guerre, se sentant menacé par l’alliance polono-lituanienne.
Dès lors, la coalition prit l’initiative et attaqua en pénétrant le territoire de l’ordre avec pour objectif son siège, le château de Malbork, ou Marienbourg, le forçant à rester en retrait. Cette position offensive conférait un avantage notable pour les forces polono-lituaniennes, qui pouvaient maîtriser à leur guise l’effet de surprise via des déplacements constants dans le territoire ennemi. Il est difficile d’évaluer avec exactitude les forces en présence ; l’historien français Daniel Beauvois évoque le chiffre de douze à quinze mille chevaliers pour la Pologne, neuf à treize mille pour la Lituanie et quinze mille pour l’ordre[6]. Du côté des forces polonaises, il y avait majoritairement des chevaliers venus de tout le pays et des mercenaires tchèques. Certaines sources évoquent même la présence de Jan Žižka[7], qui s’illustra plus tard comme général dans les guerres hussites[8].
Les armées lituaniennes étaient, quant à elles, composées de cavalerie légère, avec des forces plus hétérogènes. En effet, les forces du grand-duché de Lituanie provenaient des diverses régions et l’on pouvait trouver des Ruthènes ou des Tatars par exemple[9].
Les forces teutoniques étaient aussi composées partiellement de mercenaires, de Bohême et de Moravie par exemple, avec une formation similaire aux forces polonaises (chevaliers et archers) et des croisés venus de toute l’Europe. Les troupes étaient cependant formées de manière systématique selon des exigences militaires plus rigoureuses.
L’ordre voulut profiter de la séparation des deux armées polonaise et lituanienne pour les battre séparément, mais celles-ci opérèrent une jonction avant la bataille, ce qui vint annihiler les plans teutoniques. Ce dernier se positionna donc autour de Grunwald pour bloquer la route vers le château de Malbork. C’est alors que les deux armées se firent face autour des localités de Grunwald et de Tannenberg[10], terrain choisi par les forces polono-lituaniennes face à l’immobilité de l’ordre.

Débuts de la bataille : l’avantage à l’ordre Teutonique ?
Dès lors, la bataille commença, l’armée de la coalition se positionnant dans les bois avec la cavalerie lituanienne sur sa droite et les chevaliers polonais sur sa gauche. Les meilleures unités de l’ordre faisaient face à la cavalerie lituanienne. Les chevaliers Teutoniques eurent un avantage certain, puisque leurs forces étant plus lourdement armées et davantage concentrés que la cavalerie qui leur faisait face. L’ordre pouvait aussi compter sur de nombreux archers et arbalétriers face aux Lituaniens. Son armée aurait pu attaquer et prendre l’initiative, mais elle ne bougea pas. Selon l’historien Sylvain Gouguenheim, le manque de réussite tient des chevaliers teutoniques aussi à l’attitude défensive de l’ordre : « Ulrich de Jungingen avait adopté une stratégie défensive, en tout cas son action offensive manqua de clarté ; il ne put que réagir aux mouvements de l’ennemi, sans jamais prendre l’initiative, ce qui, au combat, est crucial »[11].
Après avoir subi des bombardements de canons rendus inefficaces par la pluie, la cavalerie lituanienne lança l’assaut la première, mais sa charge fut un échec. Les Lituaniens se retirèrent, poursuivis par une poignée de croisés. Les forces du grand-duché étaient dotées d’armures lamellaires[12], donc plus légères, typique d’un mode de combat et d’équipement plus caractéristique de l’Est de l’Europe. Cela put permettre aux troupes montées de gagner en mobilité. Cependant, cela explique aussi leur vulnérabilité face à la cavalerie lourde teutonique. In fine, cette différence contribua à la fuite des forces lituaniennes. Les Polonais se trouvèrent dès lors acculés dans une position assez défavorable.

Après la fuite des Lituaniens, l’ordre contourna par la droite les forces de la coalition pour les prendre à revers et parvenir à leur commandement dans l’espoir de terminer la bataille. L’armée polonaise était proche de la défaite et l’ennemi avait mis en place avec succès une tactique de double enveloppement. Le roi de Pologne défait, la victoire semblait assurée pour l’ordre. La supériorité numérique de la coalition fut nettement contrebalancée par l’expérience et la discipline des chevaliers de l’ordre.

Le retour de la cavalerie lituanienne
Cependant, la bataille de Grunwald prit une tournure inattendue. La cavalerie lituanienne, qui s’était retirée, revint sur le champ de bataille et mena une charge décisive. Cette offensive illustre la puissance de la manœuvre dans la tactique militaire. La cavalerie prit l’ordre à revers en intervenant sur son flanc exposé. La cavalerie parvint à se procurer un avantage, puisqu’elle divisa les troupes ennemies. Sans la composante lituanienne, l’armée polonaise aurait sans doute manqué de mobilité pour effectuer un mouvement décisif et l’affrontement aurait pu se résumer à un long choc frontal. Cette charge, mal documentée, laisse douter quant aux raisons du retrait précédent de la cavalerie lituanienne. Avait-elle feint une retraite ou véritablement fui avant de revenir sur le champ de bataille ? Faute de source précise[13], il est impossible de tirer des conclusions sur ce point.
Toujours est-il qu’une partie des forces teutoniques fut encerclée, dont le grand maître de l’Ordre en personne, qui périt durant la bataille. La mort d’Ulrich von Jungingen vint définitivement sceller le sort de la bataille de Grunwald. Sans chef, l’armée teutonique ne fut plus en mesure de s’organiser correctement. Le reste du commandement de l’ordre et ses dernières forces battirent en retraite, marquant la victoire de la coalition.

Une fois de plus, les sources divergent sur le nombre de morts et de blessés et il est impossible d’en donner une estimation claire. L’hétérogénéité des forces joua sans doute un rôle-clé dans la bataille, non seulement du fait des différences dans le combat entre Polonais, Lituaniens et Teutons, mais aussi parce qu’elle a permis à la coalition de se compléter entre infanterie et cavalerie dans une logique de couverture mutuelle. L’avantage tiré fut particulièrement significatif lors du retour de la cavalerie lituanienne et de sa charge finale.
Conséquences de la bataille en Europe du Nord
L’affaiblissement de l’ordre Teutonique
Après la bataille, l’ordre se trouva en déroute et sans grand maître, celui-ci ayant péri durant l’affrontement. Les restes de l’armée vaincue se replièrent à Malbork du 25 juillet au 19 septembre 1410[14]. La paix de Toruń, ou Thorn en allemand, vint mettre fin au conflit entre l’ordre, le grand-duché de Lituanie et le royaume de Pologne en 1411. Le traité poussa l’ordre à abandonner ses prétentions sur la Samogitie, province dans le giron lituanien, mais le gros des territoires conquis par la Pologne fut rendu aux Teutoniques, à l’exception de Dobrzyn et ses environs. L’ordre parvint donc à négocier une paix relativement favorable sur le plan géopolitique malgré sa défaite militaire. La clémence polonaise fut, par ailleurs, encouragée par sa noblesse soucieuse de faire la paix rapidement[15].
En revanche, les conséquences financières du traité de paix s’avérèrent bien plus importantes pour les Teutons, qui durent payer cinq tonnes d’argent pendant quatre ans[16]. De plus, le nombre limité de chevaliers encore à disposition obligea l’ordre à recourir à des mercenaires pour la défense de ses places fortes, Malbork en premier lieu.
Cette situation était assez délicate puisque l’ordre ne parvint pas à rassembler des ressources financières suffisantes pour se relever complètement de la défaite. Son autorité déclina de manière significative auprès des notables locaux. Auparavant, l’ordre fonctionnait de manière assez verticale, mais avec l’émergence rapide d’une noblesse plus autonome, son pouvoir fut entravé. Preuve la plus éloquente, les villes de la Prusse orientale formèrent la ligue de Prusse à Elbing[17] en 1440 pour protester contre une fiscalité imposée par l’ordre et jugée trop importante[18]. Cette ligue cherchait à s’appuyer sur la Pologne pour se débarrasser des Teutons. Dans cet espoir, elle établit des contacts avec la ville de Cracovie, alors capitale polonaise.
En 1454, un soulèvement eut lieu au sein du territoire de l’ordre et les places fortes, peu défendues, furent rapidement prises par les assaillants. Seules Malbork, Chojnice et Sztum restèrent contrôlés par les Teutoniques. Appelé par les rebelles, le roi de Pologne Casimir IV Jagellon profita de l’occasion pour lui déclarer la guerre et vassaliser les territoires de l’ordre. Ce fut le début de la guerre de Treize Ans (1453-1466).

Au vu de la situation, le roi de Pologne Kazimierz Jagiełło se considérait déjà comme le dirigeant de tout l’État prussien. En effet, l’Ordre ne possédait plus que trois places fortes et son sort semblait être scellé. La guerre aurait donc dû être courte en apparence, mais il n’en fut rien. Le soulèvement populaire avec l’aide du roi de Pologne assiégea Malbork, Chojnice et Sztum. Cependant, les assiégeants ne purent s’emparer que du dernier bastion. Le 18 septembre 1454, une bataille eut lieu près de Chojnice où les armées de l’ordre infligèrent une défaite lourde aux rebelles[19]. Une partie des villes qui s’étaient soulevées revinrent dans son giron, abandonnant la résistance.
Après plusieurs années de statu quo, les armées polonaises reprirent l’avantage à l’aide des cités prussiennes et de mercenaires. En septembre 1462, Casimir Jagellon infligea une lourde défaite aux chevaliers Teutoniques près de Świecino, ou Schwetzin pour les Allemands. Le roi de Pologne sembla comprendre que ses adversaires ne pouvaient tenir du fait de sa situation économique désastreuse et amorça une politique audacieuse. Il racheta les places fortes aux mercenaires engagés par les teutoniques. Ceux-ci n’étaient pas payés de manière régulière et cédèrent volontiers contre une compensation financière. Peu à peu, la Pologne récupéra les territoires de l’ordre monastique et le grand maître Ludwig von Erlichshausen fut contraint d’accepter les pourparlers en 1466, comprenant qu’il ne pourrait pas résister efficacement. C’est en ce sens que Grunwald fut une bataille décisive, mettant les finances de l’ordre à mal pour plusieurs décennies et réduisant considérablement la marge de manœuvre teutonique.
Le 19 octobre 1466 fut signée la deuxième paix de Toruń, cette fois-ci avec une domination incontestable de la Pologne. L’ordre accepta de prêter allégeance à celle-ci, passant sous sa vassalité, et une partie de ses terres fut directement annexée. S’il est possible d’établir un lien direct entre la première paix de Toruń et la seconde, il serait toutefois exagéré de dire que la bataille de Grunwald fit disparaître l’ordre à elle seule… Certes, elle y a contribué de manière indirecte en l’affaiblissant de manière durable, mais d’autres causes comme la christianisation de la région, la montée en puissance des royaumes voisins et la lente sécularisation des ordres religieux ont aussi pu jouer.
La Pologne-Lituanie : nouvelle puissance européenne
Sous le règne du roi Ladislas II Jagellon, la Pologne s’affirma comme puissance de premier rang au détriment des Teutoniques. Cela tint en partie à la restructuration politique, à l’essor culturel autour de Cracovie et au développement du commerce grâce à la récupération du port de Gdańsk. Avec l’affaiblissement progressif de l’ordre, la Pologne et la Lituanie purent regagner du terrain en Europe du Nord, respectivement autour de Gdańsk et de la Samogitie.
Peu après la bataille de Grunwald, les deux pays confirmèrent leur proximité avec l’union de Horodło[20]. Cette union engagea un rapprochement entre les noblesses et boyards des deux pays. Une partie des familles nobles lituaniennes reçut des armoiries polonaises en guise de reconnaissance. Après la mort du grand-duc de Lituanie, Vytautas, en 1430, le fils de Ladislas II Jagellon fut élu duc, marquant un peu plus l’installation de l’influence polonaise en Lituanie. Plus tard, c’est ce même Casimir qui accéda au trône polonais. Dès lors, Casimir IV incarna personnellement l’union des deux entités. Sous son règne, la Pologne mit définitivement sous tutelle l’ordre avec la création d’un État autonome, celui de la Prusse royale.
La noblesse polonaise acquit une place centrale dans le nouvel État. Son pouvoir était tel qu’elle approuvait chaque nouveau roi lors des successions. Le royaume de Pologne n’était donc pas héréditaire comme dans les autres monarchies européennes. Cependant, le rôle nobiliaire allait bien au-delà de la simple succession royale, puisque les magnats polonais dirigeaient les affaires du pays, sous l’impulsion de l’évêque Oleśnicki sous le règne de Ladislas II. L’homme de robe de Cracovie sauva la vie du roi à Grunwald selon l’un des premiers chroniqueurs de la bataille, Jan Długosz[21].
Dès lors, il gagna en influence jusqu’à assurer la régence après la mort du roi, montrant l’étendue du pouvoir des notables religieux. C’est notamment sous son impulsion que Ladislas III, un autre Jagellon, accéda au trône hongrois[22]. Il voyait la plus grande menace chez les ottomans, qui commençaient tout juste à conquérir l’Europe, et poussa la Pologne à intervenir aux côtés de la Hongrie à Varna en 1444[23]. Dans le même temps, le roi polonais intrigua également pour récupérer le trône tchèque. En écartant la menace au nord, la bataille de Grunwald a donc libéré le champ pour une intervention de la Pologne au sud et à l’ouest.

La bataille de Grunwald dans la construction des identités nationales
Grunwald, pierre angulaire de la mémoire polonaise
La bataille de Grunwald ne fut pas seulement un événement-clé du XVe siècle. Par-delà son déroulement et ses conséquences, elle fit l’objet d’une réinterprétation aux XIXe et XXe siècles, au service des constructions nationales polonaise, allemande et lituanienne.
En effet, le XIXe siècle marqua l’émergence d’une certaine forme de nationalisme à travers l’Europe où la Pologne fit figure de cas particulier[24]. À partir de 1772, le pays fut partagé et disparut totalement en 1795 (à l’exception de Cracovie), envahi par la Prusse, l’Autriche et la Russie. Dès lors, les réactions furent multiples. Si certains Polonais choisirent l’exil, d’autres s’accommodèrent parfaitement de la nouvelle situation. D’autres encore cherchèrent à perpétuer la mémoire d’une Pologne indépendante, tantôt sur un ton lyrique, tantôt belliciste. L’identité nationale polonaise se développa par le bas, sans appareil d’État, et se répandit dans un territoire partagé à travers des réseaux souterrains ou des salons en exil, à Paris et à Londres principalement.

C’est dans ce contexte que la bataille de Grunwald fut mobilisée après des siècles d’oubli relatif pour conserver le souvenir d’une Pologne glorieuse. Les romantiques en exil firent de l’ordre Teutonique une métaphore de l’oppression[25] à travers la dénonciation de l’invasion et des conditions brutales d’occupation par le tsar ou la Prusse dans la majorité des cas. L’art dans toutes ses formes servit de véhicule à la mémoire de la bataille de Grunwald, notamment avec des œuvres valorisant l’héroïsme polonais comme le livre Les Chevaliers Teutoniques d’Henryk Sienkiewicz, roman biographique exaltant la chevalerie polonaise à Grunwald publié en 1900.
Les exemples les plus marquants furent sans doute les œuvres du peintre Jan Matejko à la fin du XIXe siècle. Resté à Cracovie, il représenta à travers ses œuvres l’histoire polonaise en la glorifiant. Avec une vision patriotique, Matejko utilisa Grunwald comme pilier par excellence de l’histoire polonaise pour affirmer face aux puissances occupantes que la Pologne n’était pas en train de mourir[26]. Déjà renommé de son vivant, sa toile ayant pour sujet Grunwald en 1878 eut un écho considérable dans les milieux polonais.

Matejko utilisa sa toile pour représenter plusieurs temporalités dans la bataille de Grunwald. Au centre, la bataille et les étendards : en blanc, celui des Teutoniques qui chute ; en rouge, celui de la Pologne droit et flottant. Il y a également un parallèle établi entre la mort d’Ulrich von Jungingen, symbolisant la fin de l’ordre, et le regard confiant et vainqueur du grand-duc Vytautas. Ainsi, Matejko utilisa sa peinture au service de la mémoire d’un pays disparu. Elle galvanisa les esprits, rencontrant un succès certain en son temps[27]. Aujourd’hui encore, Grunwald reste aux côtés du siège de Vienne[28] de 1683 l’un des événements majeurs du roman national polonais.
Grunwald ou Tannenberg ? L’histoire militaire au service du nationalisme allemand
La bataille de Grunwald fit aussi couler beaucoup d’encre en Allemagne, particulièrement à partir du XIXe siècle. Après un relatif oubli, le nationalisme allemand se réappropria également la bataille, appelée Tannenberg outre Rhin. Elle fut dépeinte comme une véritable humiliation pour le prestige allemand, et servit à légitimer le démembrement de la Pologne a posteriori. Ainsi, si pour les Polonais la bataille fut un instrument pour faire vivre la mémoire nationale, elle fut au contraire un instrument pour réprimer les velléités indépendantistes du côté allemand.
C’est alors qu’un lien entre le Deuxième Reich allemand et l’ordre Teutonique s’établit avec la reprise des couleurs blanches et noires et des symboles comme la croix teutonique. En 1914, l’empereur Guillaume Il remit la croix de fer à l’ordre du jour en la transformant en décoration pour ses armées. La comparaison entre le Reich et l’ordre devint notable avec la montée du bellicisme en Europe, l’Allemagne s’érigeant comme défenseuse d’une certaine pureté morale, voire raciale[29]. Le grand maître de l’ordre, Ulrich von Jungingen, fit figure de martyr pour les nationalistes, incarnant la supposée pureté germanique face aux païens slaves. Ainsi, la bataille de Grunwald devint aussi l’une des pierres angulaires de la mémoire pour l’Allemagne et en particulier pour les défenseurs du pangermanisme[30].

Durant la Première Guerre mondiale, la mémoire de cet affrontement fut d’autant plus revivifiée par les belligérants. Dès 1914, l’Allemagne connut quelques déconvenues. En effet, le plan Schlieffen de 1905, qui prévoyait d’écraser la Belgique et la France afin de libérer le front de l’Ouest pour se concentrer sur le front russe, fut mis en échec. L’Allemagne était prise en étau entre les Français, les Anglais et les Belges à l’ouest et les Russes à l’est. Dès le mois d’août 1914, ces derniers étaient parvenus aux environs de Königsberg en Prusse orientale, mettant en difficulté la huitième armée allemande débordée. Le général von Hindenburg, chef de l’état-major allemand à l’est, fit transférer des soldats du front de l’Ouest aidé par le général Ludendorff.
Le plan allemand était simple, il s’agissait de couper les deux armées russes s’approchant de l’Allemagne. Le 26 août 1914, les troupes allemandes attaquèrent l’une des deux armées russes au sud de Tannenberg, non loin du lieu de la bataille de 1410. Après plusieurs jours de combat, la moitié de l’armée russe fut anéantie et l’autre moitié quitta définitivement la Prusse orientale, donnant lieu à une victoire allemande retentissante.
Cette bataille passa à la postérité sous le nom de Tannenberg, rappelant ainsi la première bataille de Tannenberg ou de Grunwald en 1410. Selon l’historien Sylvain Gouguenheim, l’idée de nommer la bataille sous le nom de Tannenberg proviendrait de Max Hoffmann, l’aide de camp du général Ludendorff, qui y voyait l’opportunité rêvée de raviver la mémoire nationale en vengeant l’affront de 1410[31]. Pourtant, la bataille de 1914 s’est déroulée à près de 40 kilomètres de celle de 1410, mais le nom de Tannenberg servit la propagande allemande et l’effort de guerre. Le général Von Hindenburg, récupérant le succès de l’attaque, écrivit triomphalement « L’infortune de 1410 est vengée sur le champ de bataille d’autrefois »[32].
Cette victoire allemande servit longtemps aux milieux nationalistes et militaristes pour justifier de la supériorité de l’armée allemande, alimentant avec la deuxième bataille de Tannenberg le mythe du « coup de poignard dans le dos »[33]. Le général von Hindenburg se servit de son aura militaire, de son image de sauveur de la nation pour accéder à la présidence du Reich de 1925 à 1934.
Bien après la Première Guerre mondiale, la bataille resta dans les mémoires comme un souvenir vivace. Un mémorial fut d’ailleurs construit par la république de Weimar en 1924 pour célébrer la victoire de Tannenberg. Les funérailles du général von Hindenburg s’y déroulèrent douze ans plus tard, marquant l’apogée de la récupération de la bataille de Grunwald par les Allemands. Il s’agissait de l’armée russe et non des Polonais en 1914 mais, pour les racialistes allemands, peu importait, car il s’agissait surtout d’une victoire contre des Slaves qui vengeait les Allemands.
Cette politique fut aussi récupérée par les nazis dès leur accession au pouvoir pour justifier leurs conquêtes avec la notion « d’espace vital »[34]. Dans la continuation de la guerre de 1914-1918, les Slaves furent décrits comme ennemis héréditaires, comme « sous-hommes » par le régime hitlérien. La politique mémorielle de Grunwald fut finalement peu à peu abandonnée par l’Allemagne avec la cessation des combats avec la Pologne et la Russie après la Seconde Guerre mondiale.

Que retenir de la bataille de Grunwald de 1410 ?
Bien que peu connue en Europe de l’Ouest, la bataille de Grunwald a marqué l’histoire du continent. Non seulement de l’Europe médiévale, mais aussi contemporaine. Premièrement en 1410 à travers l’un des affrontements les plus notables dans la région, ce qui a restructuré les forces en faveur du royaume de Pologne et du grand-duché de Lituanie.
Puis, lors des XIXe et XXe siècles où la bataille donna lieu à des réappropriations et instrumentalisations ayant été intégrées à la construction de différents États-nations. Cette interprétation servit à entretenir la mémoire polonaise dans un contexte dans lequel le pays était partagé. Du côté de l’Allemagne, la bataille fut récupérée pour alimenter un discours pangermaniste, racialiste et nationaliste de lutte contre la supposée infériorité slave. Le cas de Grunwald est ainsi l’illustration parfaite non seulement de l’impact que peut avoir une bataille sur les nations, mais aussi des enjeux mémoriels autour de l’histoire militaire.
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[1] Cité dans GOUGUENHEIM Sylvain, « Introduction », dans Tannenberg : 15 juillet 1410, Paris, Tallandier, 2012, 285 p., pp. 15-18, [en ligne] https://www.cairn.info/tannenberg–9782847349726-page-15.htm (dernière consultation le 22/01/2024)
[2] Le Bas Moyen Âge, période allant approximativement du XIe au XVe siècle, est marqué par des changements socio-économiques et culturels significatifs en Europe. Cette époque voit l’essor des villes, le développement du commerce, et les prémices des constructions nationales.
[3] BEAUVOIS Daniel, La Pologne des origines à nos jours, Paris, Éditions Seuil, 2010, 527 p., p. 57
[4] Ibid.
[5] L’union de Krewo, signée le 14 août 1385, établit une alliance politique et dynastique entre la Pologne et la Lituanie par le mariage de Jogaila, grand-duc de Lituanie, avec la reine Hedwige de Pologne. Cet accord, marquant le début de la christianisation de la Lituanie, posa les fondations d’une union durable entre les deux pays, renforçant leur position contre l’ordre Teutonique et influençant profondément l’histoire de l’Europe centrale et orientale. Britannica. (2024). Union of Krewo.
[6] BEAUVOIS Daniel, op. cit., p. 58.
[7] MARK Joshua, « Jan Žižka », dans World history encyclopedia, Godalming, World History Publishing Ltd, 2021, [en ligne] https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-20234/jan-zizka/ (dernière consultation le 08/03/2024)
[8] Les guerres hussites sont des séries de croisades menées par les seigneurs du Saint-Empire romain germanique, du royaume de Hongrie et par l’Église catholique contre les disciples de Jan Hus en Bohême entre 1420 et 1434. Le mouvement hussite souhaitait réformer la foi chrétienne, perçue comme trop éloignée de ses intentions originelles. Jan Žižka s’est battu aux côtés des hussites comme chef militaire.
[9] Le recours au mercenariat étant tout à fait courant au Moyen-Âge, on pouvait régulièrement trouver des armées multilingues et multi-ethniques, voire parfois multiconfessionnelles, comme c’est le cas ici avec les Tatars qui sont musulmans. Cette stratégie des mercenaires permettait de lever une armée entraînée sans avoir à l’entretenir de manière permanente. La présence de musulmans dans l’armée de la coalition a été utilisée par les Teutoniques pour discréditer la Pologne, royaume chrétien.
[10] D’où l’autre nom de la bataille, aussi nommée bataille de Tannenberg par les Allemands et Zalgiris par les Lituaniens.
[11] GOUGUENHEIM Sylvain, « La Grande Bataille », dans Tannenberg : 15 juillet 1410, Paris, Tallandier, 2012, 285 p., pp. 215-220, p. 215, [en ligne] https://www.cairn.info/tannenberg–9782847349726-page-215.htm (dernière consultation le 22/01/2024)
[12] Une armure lamellaire est composée de petites plaques de cuir ou de métal assemblées et superposées, leur utilisation remonte à l’Antiquité, appréciées pour leur grande mobilité. Elle reste toutefois moins protectrice qu’une armure de plates.
[13] Il est difficile d’aborder la bataille de Grunwald et son déroulé avec certitude. Que ce soit au niveau des effectifs, de la tactique ou de l’état d’esprit des combattants, les sources sont postérieures et souvent partisanes. Si bien que les récits polonais auront tendance à gonfler le chiffre des chevaliers de l’Ordre, ceux lituaniens à glorifier la charge de cavalerie et ceux allemands à gonfler le chiffre des chevaliers polonais. Cela est particulièrement notable avec les sources du XIXe siècle, s’inscrivant dans un contexte où les nations cherchaient à se placer dans le sillage d’une histoire qui leur était favorable en la romançant.
[14] THIRIET Damien, « Marienbourg/Malbork : Les Chevaliers teutoniques », dans Histoire et mémoire en Pologne, Cracovie, Damien Thiriet, 2008, [en ligne] https://www.normalesup.org/~dthiriet/Malbork/teutoniques.html (dernière consultation le 08/03/2024)
[15] DIEZ Y ACOSTA Emma, « L’Ordre des chevaliers teutoniques et la Pologne, deux représentations de la chrétienté en conflit », dans La Revue d’Histoire Militaire, Les Lilas, La Revue d’Histoire Militaire, 2019, [en ligne] https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2019/10/09/lordre-des-chevaliers-teutoniques-et-la-pologne-deux-representations-de-la-chretiente-en-conflit/ (dernière consultation le 08/03/2024)
[16] « Battle of Tannenberg (1410) », dans New World Encyclopedia, Seoul, Unification Church, [en ligne] https://www.newworldencyclopedia.org/entry/Battle_of_Tannenberg_(1410) (dernière consultation le 08/03/2024)
[17] La scission de la Ligue de Prusse, aussi nommée ligue contre la violence, avec les Chevaliers Teutoniques résulte majoritairement de tensions socio-économiques et politiques liées à la gouvernance et à la taxation de l’ordre sur les villes administrées.
[18] STACHNIK Paweł, « Wojna trzynastoletnia. Jak Polska złamała krzyżacką potęgę? » (« La guerre de treize ans (1454-1466). Comment la Pologne a-t-elle brisé la puissance teutonique ? »), dans WielkaHistoria, Cracovie, Ingens Media, 2020, [en ligne] https://wielkahistoria.pl/wojna-trzynastoletnia-1454-1466-jak-polska-zlamala-krzyzacka-potege/ (dernière consultation le 04/03/2024)
[19] Ibid.
[20] The Editors of Encyclopædia Britannica, « History of Poland-Jagiellonians », Britannica, Chicago, Encyclopædia Britannica, Inc., 1998, [en ligne] https://www.britannica.com/place/Poland/The-states-of-the-Jagiellonians (dernière consultation le 13/03/2024)
[21] « Zbigniew Oleśnicki. Szara eminencja średniowiecznej Polski » (« Zbigniew Oleśnicki. Éminence grise de la Pologne médiévale »), dans Polskie radio, Warsaw, Polskie Radio S.A., [en ligne] https://polskieradio.pl/39/156/artykul/1308525,zbigniew-olesnicki-szara-eminencja-sredniowiecznej-polski (dernière consultation le 13/03/2024)
[22] Ladislas III de Pologne fut un monarque de grande importance pour la Pologne et la Hongrie. Il accéda au trône de Pologne en 1434 et devint roi de Hongrie et de Croatie en 1440, illustrant les liens étroits entre la Pologne et la Hongrie. Son règne fut surtout marqué par son engagement dans la lutte contre l’Empire ottoman, culminant dans sa participation à la croisade qui mena à la bataille de Varna en 1444 où il trouva la mort.
[23] La bataille de Varna, qui eut lieu le 10 novembre 1444, constitua une confrontation majeure entre les forces chrétiennes de la ligue de Varna et l’Empire ottoman. L’alliance chrétienne, comprenant notamment des troupes polonaises, hongroises, valaques et bohémiennes, était dirigée par le roi de Pologne et de Hongrie, Ladislas III Jagellon. La bataille marqua la défaite de la chrétienté et l’échec de la croisade lancée par le pape Eugène IV contre les ottomans.
[24] En Europe, il convient de différencier le nationalisme du XIXe siècle de celui des XXe et XXIe siècles. Le nationalisme du XIXe siècle est à prendre au sens premier du terme, à savoir la volonté de faire nation, de construire une identité qui n’existe pas encore complètement pour certains pays. Il s’agit donc plus d’un mouvement politique qui revendique le droit de former une nation pour un peuple et non pas une exaltation d’une nation et de ses valeurs comme supérieurs aux autres telle que connue plus tard.
[25] THIRIET Damien, « Marienbourg/Malbork : Les Chevaliers teutoniques », art. cit.
[26] « Jan Matejko – życiorys i twórczość mistrza malarstwa historycznego » (« Jan Matejko – biographie et œuvres du maître de la peinture historique »), dans Lazienki Krolewskie, Warsaw, Muzeum Łazienki Królewskie, [en ligne] https://www.lazienki-krolewskie.pl/pl/aktualnosci/jan-matejko-zyciorys-i-tworczosc-mistrza-malarstwa-historycz (dernière consultation le 06/02/2024)
[27] THIRIET Damien, « Matejko : la Bataille de Grunwald », dans Histoire et mémoire en Pologne, Cracovie, Damien Thiriet, 2008, [en ligne] http://www.normalesup.org/~dthiriet/Grunwald/obraz.html (dernière consultation le 14/03/2024)
[28] Le rôle de la Pologne dans le siège de Vienne de 1683 alimenta tout autant le roman national polonais. Le roi Jean III Sobieski de Pologne mena une offensive victorieuse qui brisa le siège ottoman de Vienne, qui avait commencé le 14 juillet 1683. Cette victoire symbolique marqua l’arrêt de l’expansion politico-religieuse des Ottomans en Europe, symbole fort pour une Pologne catholique.
[29] NURDIN Jean, « Chapitre V. L’idée d’Europe à l’époque bismarckienne », dans Le rêve européen des penseurs allemands (1700-1950), Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2003, 296 p., pp. 91-146, [en ligne] https://doi.org/10.4000/books.septentrion.53850 (dernière consultation le 08/03/2024)
[30] Le pangermanisme est une idéologie politique et culturelle ayant émergé au XIXe siècle en Allemagne. Cette idéologie prônait l’unification de tous les germanophones en un seul État. Elle reposait notamment sur l’idée que ces peuples partageaient non seulement une langue, mais aussi une culture et une histoire communes.
[31] GOUGUENHEIM Sylvain, « Victoire sur le passé », dans Tannenberg : 15 juillet 1410, Paris, Tallandier, 2012, 285 p., pp. 11-14, [en ligne] https://www-cairn-info.ressources-electroniques.univ-lille.fr/tannenberg–9782847349726-page-11.htm (dernière consultation le 19/04/2024)
[32] HAPPE Frédéric, « La fulgurante contre-attaque de Tannenberg et le mythe Hindenburg », dans Le Temps, Genève, Le Temps SA, 2014, [en ligne] https://www.letemps.ch/monde/fulgurante-contreattaque-tannenberg-mythe-hindenburg (dernière consultation le 19/04/2024)
[33] Ce mythe apparaît en Allemagne après la Première Guerre mondiale dans les milieux nationalistes et revanchards. Après la défaite, il alimente les rhétoriques bellicistes, avançant que l’armée allemande et ses généraux n’auraient pas été vaincus mais auraient été trahis par ses élites, notamment politiciens et révolutionnaires.
[34] Le concept d’espace vital est une notion centrale dans l’idéologie nazie prônant l’expansion à l’est pour laisser au peuple germanique la capacité de se développer. Le concept venait alors justifier les invasions, exterminations et déplacements de populations sous prétexte d’un besoin territorial légitime du peuple allemand.

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