Au milieu du XVIe siècle, le Grand-Duché de Lituanie est le plus grand domaine territorial d’Europe. S’étendant de la mer Baltique jusqu’à la Mer Noire, des plaines d’Ukraine aux forêts de Mińsk en Biélorussie, il s’affirme comme un Etat puissant, multiethnique et multiconfessionnel où la légitimité du souverain est fondée sur le vote des grands nobles de toutes ses provinces. Les menaces ancestrales comme celles de l’ordre religieux allemands des Chevaliers Teutoniques[1] ont été éliminées depuis plus d’un siècle, celles plus récentes des Mongols ou des cavaliers Tatars[2] contenues sur les frontières sud. Depuis 1569 et la célèbre Union de Lublin, les deux couronnes de Lituanie et de Pologne se sont d’ailleurs liées pour former la Rzeczpospolita ou République des Deux Nations : l’un des plus grands états d’Europe avec l’Espagne de Philippe II[3].

Pourtant, à l’est, un danger guette cet assemblage politique hétéroclite : l’émergence de la Moscovie comme puissance capable de faire jeu égal avec la Rzeczpospolita…
Dès 1547, la situation se dégrade rapidement avec l’avènement à Moscou d’un nouveau Tsar : Ivan IV dit le Terrible (1530-1584). Les réformes centralisatrices (réforme du clergé, de l’armée, mise en servage des paysans, baisse du pouvoir des grands nobles) qui sont alors adoptées renforcent l’autorité de ce prince qui se veut un chef fort, énergique et incontestable.

Souhaitant mener une politique d’expansion territoriale de grande ampleur, Ivan le Terrible, qui parvient à conquérir d’immenses territoires au sud de la Moscovie à l’image des khanats tatars de Kazan (1552) et d’Astrakhan (1556)[4], va se heurter immédiatement au Grand-Duché de Lituanie sur ses frontières ouest. Son principal objectif : la Livonie – partie des actuelles Lettonie et Estonie – afin d’obtenir une ouverture sur la Mer Baltique. Pour cela, il n’hésite pas à soumettre les derniers représentants de l’ordre religieux des chevaliers de Livonie – derniers héritiers des chevaliers Teutoniques – mais ceux-ci font appel à leurs voisins en 1558 : le Grand-Duché de Lituanie doit réagir à partir de 1562.
Entre-temps, la Suède, le Danemark et la Pologne ont également déclaré la guerre à la Moscovie mais la Lituanie est en première ligne. Ivan le Terrible, poursuivant victorieusement sur sa lancée, organise l’offensive contre le Grand-Duché, prenant assez facilement les grandes villes de Biélorussie comme Witebsk et Polotsk, s’approchant même de la capitale lituanienne de Vilnius en 1564. L’intervention opportune du premier prince de Lituanie, Mikolas Radvila, qui organise une armée de 10 000 hommes -majoritairement des cavaliers- avec ses propres ressources, sauve la Lituanie d’un désastre : agissant avec ruse, il profite d’un surcroît de confiance des Russes pour les entraîner dans une bataille décisive, près de Witebsk, le 26 janvier 1564 à Ula.
Les près de 20 000 Russes sont surpris lors d’une violente attaque des cavaliers lituaniens qui, faisant irruption des bois, taillent en pièces l’armée moscovite. Cette dernière perd son chef et plusieurs milliers de soldats. La classique tactique lituanienne alliant la dynamique des cavaliers nobles avec l’usage judicieux du terrain a encore fonctionné[5].
La reprise en main de Stefan Báthory

Lorsque Stefan Báthory, noble hongrois, prince transylvanien élu roi par les nobles polonais, arrive au pouvoir en Pologne en 1576[6], la situation de l’armée du Grand-Duché de Lituanie est catastrophique : moins de 3000 hommes composent l’ancienne druzhina (garde personnelle) et désormais seule armée du Grand-Duc. Les grands princes du pays cherchent à faire bande à part, refusant parfois de lever des hommes pour les besoins du Grand-Duché. C’est le cas des grandes familles nobles historiques de la Lituanie comme les Radvila ou les Ostrogiškis qui polarisent un important capital militaire et n’hésitent pas à entrer dans des guerres privées internes ou à combattre directement le pouvoir grand-ducal.
La montée en puissance de ces grandes familles prend maintenant une ampleur différente avec les régulières vacances du pouvoir dans la capitale Vilnius. Citons l’exemple du prince Kristupas Radvila. Déjà présent à Ula en 1564 sous les ordres de son père Mikolas, il multiplie, à seulement 17 ans, les exploits militaires, augmente ses terres notamment avec le château de Biržai[7] en 1571 et gravit les échelons pour devenir hetman (chef militaire) en 1572, puis seigneur de Trakai (région de Vilnius) à l’arrivée au pouvoir de Báthory.
C’est donc avec lui qu’il faudra compter pour mener les nouvelles troupes lituaniennes. Nouvelles car Báthory amène son lot de modifications sur le plan militaire. En effet, il arrive en Pologne en 1575 avec des idées déjà bien arrêtées sur la façon dont il planifie de réorganiser l’armée. Qu’il s’agisse de la Pologne ou de la Lituanie. Il crée en particulier l’unité d’élite des armées de la Double-République avec le corps des hussards ailés polonais[8] sur le modèle de sa garde hongroise : ces hussards ailés ne se recrutent que dans la noblesse terrienne polonaise ce qui signifie que les propriétaires Polonais de Lituanie ou les nobles Lituaniens peuvent également en faire partie. En Lituanie, Báthory met aussi en place une nouvelle unité de cavalerie sur le modèle des cavaliers tatars de Crimée: les Petyhorcy, cavaliers légers dotés d’une petite cuirasse et d’une lance.
La plupart sont originaires d’une région du Caucase septentrional, la Circassie et ont fui les Mongols.[9] Par ailleurs, Báthory insiste sur la mise en place de levées paysannes pour soutenir l’effort de guerre[10] et augmente le nombre de canons présents dans l’armée. En convaincant les grands nobles de dépenser davantage pour l’effort de guerre, le volume des troupes disponibles s’accroît considérablement. Ainsi, les années 1579-1581 voient le Grand-Duché de Lituanie offrir des contingents très importants : 9500 hommes en 1579, 5650 en 1580 et 5000 en 1581[11].
Enfin, Báthory étoffe encore ses forces armées en faisant recruter des fantassins mercenaires notamment des Hongrois, des Allemands et même des Ecossais. Bénéficiant de commandants de premier choix tels que le grand chancelier polonais Jan Zamoyski, ou encore les Radvila, Mikolas et son fils Kristupas, Báthory peut sérieusement envisager de rentrer en conflit avec la Russie moscovite d’Ivan le Terrible. Une période faste s’ouvre pour les armées lituaniennes.

Báthory fait triompher les armées lituaniennes
A la tête de 40 000 Polono-Lituaniens, Báthory entre en campagne contre la Russie à l’été 1579. Ses objectifs : reprendre Polotsk et la Livonie tout en protégeant une Vilnius menacée. En face, les Moscovites peuvent compter sur 30 000 hommes : Ivan le Terrible qui aurait pu disposer d’une armée beaucoup plus nombreuse a été pris de court. La majeure partie de ses forces militaires se trouve aux confins de ses domaines. Soit au sud vers Kazan pour surveiller les Tatars récemment conquis et toujours turbulents, soit au nord vers Narva pour s’opposer aux velléités offensives des Suédois.

Profitant d’une habile diversion de l’excellent Kristupas Radvila en Livonie avec 2000 cavaliers, Báthory part de Vilnius et se rue vers Polotsk que ses cavaliers lituaniens atteignent début août. Là-bas, 6000 Russes défendent la place, attendant solidement dans les tranchées. Báthory et sa cohorte en débutent le siège le 11 août 1579. Cavaliers lituaniens de Mikolas Radvila, fantassins et canons polonais de Mikolaj Mielecki ainsi que mercenaires allemands et hongrois de Kaspar Bekes alternent assauts directs et opérations indirectes[12], bombardements d’artillerie et mises à feu des palissades de protection en bois. Ils font tomber la ville en moins de trois semaines et, le 30 août, Polotsk redevient lituanienne.
L’étape suivante pour Báthory se situe à Velikie Luki, importante ville et forteresse russe au sud de Pskov. La contrôler c’est pouvoir couper la route de la Livonie à Ivan le Terrible. Aussi, Báthory convainc-il les grands nobles d’augmenter les levées d’hommes pour une campagne supplémentaire, porte son armée à 48 000 hommes et, à la mi-juillet 1580, remonte vers le nord en territoire moscovite. En retard, les troupes lituaniennes ne les rejoindront qu’au cours du mois d’août.
Le 27 août 1580, Velikie Luki est en vue et les Russes sont, une nouvelle fois, dépassés : le Prince Vasili Khilkov, commandant des troupes moscovites sur ce front, ne parvient pas à y voir clair dans les intentions de Bathory qui l’aveugle avec ses nuées de cavaliers. Ses troupes, qu’il a préféré garder en réserve, espérant avoir la possibilité de riposter, ne défendent pas les frontières et attendent… La rapidité polono-lituanienne le prenant de cours, elles ne lui seront finalement d’aucun secours…
Le siège en règle de Velikie Luki commence début septembre 1580 : les Polonais du chancelier Jam Zamoyski[13] sont en première ligne tandis que Lituaniens et Hongrois flanquent les opérations de siège. La ville, majoritairement défendue par des palissades en bois, ne peut résister au fracas des canons de Báthory : elle capitule presque sur le champ. Le 20 septembre, le Prince Khilkov tente d’intervenir avec 4000 de ses hommes en prenant la route de Velikie Luki mais il est surpris à Toropets, à quelques 80 kilomètres à l’est de son but, par les 2600 cavaliers polonais du voïvode (gouverneur) de Bratslav[14] (sud de l’Ukraine, près de la Moldavie ottomane), Janusz Zbaraski (1553-1608) : les Russes sont encore sévèrement battus, perdant plus de 800 hommes…

Les deux campagnes de Báthory s’avèrent donc des triomphes. Ulcéré, le Tsar Ivan IV prépare sa revanche. Afin de gagner du temps, ce dernier propose la paix à Báthory, lui offrant même une partie conséquente de la Livonie : refus de Báthory qui exige toute la Livonie dont le précieux port russe de Narva ainsi qu’une indemnité de guerre astronomique de près de 400 000 złotys polonais… Ivan le Terrible entre dans une colère noire : c’est inacceptable. Ce sera donc la guerre !
L’année 1581 s’ouvre sur la décision de Báthory de continuer vers Moscou pour en finir avec la Russie moscovite. Or, les nobles polonais lui annoncent qu’ils ne paieront plus que pour une seule campagne. Aussi, décide-il sagement de sécuriser ses conquêtes et de se concentrer sur la Livonie. Pour ce faire, il vise la renommée ville russe de Pskov. Partant de Polotsk le 21 juillet 1581, Báthory arrive devant Pskov le 24 août. Commence alors un siège interminable face à l’une des plus imposantes forteresses d’Europe orientale. Simultanément, le Tsar, cherchant à faire diversion, mande une armée de plus de 30 000 hommes au sein du Grand-Duché de Lituanie pour qu’elle ravage les régions de Orsza, Witebsk et Mińsk. En réponse, l’Hetman de Lituanie, Kristupas Radvila allait accomplir un des plus grands exploits de l’histoire militaire lituanienne.
Souhaitant se venger de cette incursion russe, Báthory expédie les Radvila, père et fils, en Lituanie, leur ordonnant de répliquer par des raids au moins équivalents. Le vieux père, Mikolas, laissera carte blanche à son fils.
Kristupas Radvila emmène avec lui 3000 cavaliers lituaniens et tatars[15] : 1000 viennent de sa propre compagnie personnelle tandis que les autres sont issus de celle de son géniteur.
Avec ces cavaliers d’élite, Radvila se lance dans un raid inédit à travers la Russie moscovite. Son objectif : collecter des renseignements et semer la terreur dans la région de Rjev au nord-ouest de Moscou. Parti de Witebsk le 5 août 1581, Radvila se dirige vers le nord-est pour récupérer les levées de Smolensk rassemblées par le voïvode de cette ville, le très haut en couleur Filon Kmita, 51 ans, et sorte de pendant polonais du Taras Bulba de Nikolai Gogol[16]. Depuis plus de 25 ans, ce grand chef de guerre mène une guerre implacable contre la Moscovie et les Polono-lituaniens ont souvent loué son aide précieuse comme en 1564 lorsque, grâce à son entremise, Mikolas Radvila, sauve Vilnius de l’invasion russe. Par ses raids dévastateurs à l’intérieur des terres moscovites, Kmita s’est forgé une réputation sans faille et une solide expérience.


C’est lui qui guidera son cadet[17], l’intrépide Kristupas Radvila sur ces terres qu’il connaît presque par cœur. En effet, n’a-t-il pas, en 1568, lui, Filon Kmita, chevauché jusqu’à Wiazma, à moins de 230 kilomètres de Moscou ? Kmita a aussi activement œuvré pour l’acquisition et le regroupement d’informations concernant les mouvements des troupes d’ Ivan le Terrible . Données qu’il livra à Báthory. Homme de confiance, Kmita connaît les zones de passage sécurisées, les gués qui permettent de traverser fleuves et rivières, les villes à éviter, celles à rançonner et détient même des plans de la région. Atout non négligeable en cette époque où les cartes sont rares.
Ayant uni ses troupes à celles de Kmita, Radvila possède maintenant une armée de 6000 à 7000 cavaliers : les Moscovites n’ont qu’à bien se tenir !
Entre la fin du mois d’août et le début du mois de septembre, Radvila et Kmita sont inarrêtables… Ayant mis à sac la région de Smolensk, ils remontent vers Rzhev et arrivent devant la Volga le 25 août 1581 après un périple de plus de 420 kilomètres effectué en seulement trois semaines. La Volga est rapidement traversée, des villes brûlées, du butin ramassé tandis que chaque troupe russe essayant de s’opposer à eux sera systématiquement renversée ou mise en fuite.

Divisant ensuite leurs forces, Radvila et Kmita ravagent le pays par ordre de trois colonnes distinctes et évitent soigneusement le combat avec d’importantes forces moscovites lancées à leurs trousses qui en perdent alors la tête… Comment stopper ces cavaliers lituaniens aussi légers que l’air ?
Le 14 septembre, l’épilogue de ces raids aurait pu, avec davantage d’audace, être spectaculaire. Arrivant en vue de Staritsa, l’avant-garde tatar de la colonne de Radvila fait remonter la nouvelle : la résidence d’été du Tsar Ivan le Terrible semble faiblement gardée donc vulnérable… Va-t-on tenter de capturer le Tsar en personne ? A moins de quatre kilomètres avec ses milliers de cavaliers, Radvila, pour la première fois, hésite : trop engagé à l’intérieur des terres, il craint de donner dans un combat car il redoute que le Tsar soit trop fortement défendu. Il pourrait subir des pertes préjudiciables pour la suite… Aussi fait-il sonner la retraite…
Pourtant, le Tsar Ivan le Terrible n’est, en fait, gardé que par 700 fantassins. Lorsqu’on lui annonce que les cavaliers lituaniens tatars sont en vue, cet homme à la santé mentale de plus en plus fragile manque de sombrer, pousse de hauts cris et précipite son épouse et ses enfants dans une voiture attelée pour fuir les sabres et les lances lituaniennes. Cet épisode ainsi que les soucis engendrés par la guerre contre Báthory ont gravement affaiblit son état psychologique puisque le 19 novembre 1581, lors d’une dispute avec sa femme, il tue par inadvertance et d’un coup de sceptre son fils aîné, prince héritier de Russie, Ivan Ivanovitch. Il ne s’en remettra jamais.
Bifurquant vers le nord-ouest, se rapprochant du siège de Pskov et de l’armée de Báthory, Radvila, rejoint par Kmita, oblique ensuite vers Novgorod, brûlant sur son chemin les demeures des nobles russes. Puis, il atteint enfin les environs du lac Ilmen (ou lac de Novgorod) qui borde la ville de Novgorod. Là, Radvila remporte une énième victoire face à un parti de 1500 Russes, capture leur prince et met à sac la ville de Staraya Russa[18].
Radvila, Kmita et Báthory sont réunis le 22 octobre 1581 devant Pskov. Les cavaliers lituaniens et polonais de Radvila – qui gagne ici-même son surnom de Perkunas, “la foudre” en lituanien – ont réussi l’exploit de parcourir, en un peu plus de trois mois, 1400 kilomètres derrière les lignes ennemies, semant la terreur, désorganisant les levées d’hommes et empêchant finalement le Tsar d’amener des renforts devant Pskov assiégée.
Le bilan des campagnes de Sefan Báthory

Pourtant, Pskov ne devait jamais tomber. Avec ses murs de briques et de pierre de sept mètres d’épaisseurs, sa garnison de 10 000 hommes, ses 40 canons lourds et ses 39 bastions : l’obstacle semble infranchissable pour Báthory[19]. Laissant le commandement à son fidèle second, le grand-chancelier polonais Jan Zamoyski, Báthory quitte le siège le 1er décembre 1581 pour chercher des renforts que les nobles lui refuseront. De toute façon, il est trop tard. Un armistice est conclu et une trêve signée en janvier 1582 avec Ivan le Terrible.
Cependant, le grand vainqueur de la guerre est incontestablement Báthory. Le Grand-Duché de Lituanie connaît alors une expansion substantielle : les territoires perdus face à Ivan le Terrible comme Witebsk ou Polotsk sont tous reconquis, de nouveaux sont gagnés à l’image de la ville russe de Velij et le Grand-Duché s’étend à l’Est comme jamais il ne le fera plus. L’armée lituanienne atteint un âge d’or qui va se poursuivre tout au long du XVIIe siècle.
Báthory a su mobiliser des troupes avec une ampleur sans précédent et surtout instaurer des tactiques innovantes, alternant raids et offensives en force, mêlant les influences orientales (rapidité, force de frappes et ruse des cavaliers) et occidentales (apport technologique des canons, mercenariat et usage de l’infanterie pour les sièges). Grâce à lui, d’illustres chefs ont pu s’épanouir. Chez les Polonais, citons simplement le futur Hetman, conquérant de Moscou en 1612 et héros de son pays, Stanisław Żołkiewski (1547-1620). Côté lituanien, on ne peut qu’évoquer, de nouveau, Kristupas Radvila et bientôt le très fameux Jonas Chodkevičius qui, avec ses hussards ailés, s’apprête à faire trembler tous les pays d’Europe du nord, notamment la Suède…
Quand à Ivan le Terrible, maître d’un pays ruiné, ravagé par trente ans de guerre sur ses terres les plus riches et maintenant menacé par les Suédois au nord et les Tatars au sud, en butte à une partie de son aristocratie, devenu quasiment fou, il ne résiste pas à ce formidable désaveu de sa politique de grandeur et meurt peu de temps après, à seulement 50 ans, le 28 mars 1584, lors d’une partie d’échecs, dans des circonstances pour le moins mystérieuses…
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Sources
-Kiaupa Žigymantas, The history of Lituania: before 1795, 2000, 402 p.
-Kupisz Dariusz, The Polish-Lituanian military in the reign of King Stefan Bathory (1576-1586), dans Warfare in Eastern Europe (1500-1800), Brill, Boston, 2012, 363 p.
-Kupisz Dariusz, Pskow 1581-1582, Bellona, 2006, 219 p.
-Perrie Maureen & Pavlov Andrei, Ivan the Terrible, Profiles in Power, Rountledge, New York, 2003, 248 p.
-Plasserand Yves (dir.), Histoire de la Lituanie, Armeline, Crozon, 2009, 507 p.
-Stone Daniel, The Polish-Lithuanian State 1386-1795, University of Washington Press, Seattle, 2001, 339 p.
-Projet Magnus Ducatus Lithuaniae, http://www.mdl.projektas.vu.lt/
-Encyclopédie lituanienne en ligne : https://www.vle.lt/straipsnis/kristupas-radvila-perkunas/
Notes
[1] Référence à la célèbre victoire des Polono-Lituaniens de Tannenberg-Grunwald en 1410 : le brillant ordre allemand des chevaliers Teutoniques alors dominant dans la région s’y effondre.
[2] Les Mongols avaient vu leur invasion de la Lituanie brisée en 1362 notamment lors d’une bataille devenue presque légendaire en Ukraine. Leurs successeurs, les Tatars, avaient certes battu les Lituaniens en 1395 mais avaient surtout compris qu’il valait mieux de bonnes relations de voisinage.
[3] Philippe II, roi d’Espagne de 1555 à 1590.
[4] Ces khanats étaient des principautés mongoles musulmanes, derniers résidus des conquêtes de Gengis Khan au XIIIe siècle.
[5] Les Lituaniens sont alors passés maîtres depuis près de 200 ans des stratégies indirectes consistant à surprendre l’adversaire ou à lui faire croire des faux mouvements pour ensuite contre-attaquer. La bataille de Tannenberg, victoire décisive sur les Teutoniques en 1410 l’illustre parfaitement.
[6] Et donc en Lituanie par le jeu de l’Union de Lublin qui allie les deux couronnes.
[7] Ville située dans le nord de la Lituanie ethnique.
[8] Unité de cavalerie lourde dont les membres sont munis de casques et de cuirasses. Armés d’une lance et portant des sortes d’ailes dans le dos : le bruit de ces dernières, s’amplifiant avec le nombre lorsqu’ils chargeaient, devenait terrifiant pour l’adversaire.
[9] Avec le temps, des Lituaniens et des Tatars rejoindront cette unité typique.
[10] Les grands nobles polonais et lituaniens étaient tout à fait opposés au fait d’armer les paysans par peur d’une révolte ultérieure et refuseront de le faire dans la plupart des cas.
[11] Ces dépenses militaires mettront à mal les finances du Grand-Duché de Lituanie.
[12] Les Lituaniens étaient passés maîtres dans les opérations indirectes pour couper les approvisionnements possibles de la ville assiégée: embuscades, pillages et opérations subversives étaient fréquentes.
[13] Jan Zamoyski (1542-1605), homme politique et militaire polonais de grande envergure. Chancelier de Bathory, il est l’un de ses soutiens essentiels dans ses réformes.
[14] Ville du centre sud-ouest de l’Ukraine alors lituano-polonaise près de la frontière avec la Moldavie ottomane.
[15] Les Tatars lituaniens sont des lointains descendants des Mongols. Installés en Crimée, ils sont venus s’implanter en Lituanie à l’appel du Grand-duc Vytautas en 1395-1400. Ce dernier leur promettait des terres en échange d’un service militaire dans son armée. Depuis, les Tatars lituaniens ont toujours servi avec grande loyauté les grands-ducs et princes de Lituanie.
[16] Taras Bulba, célèbre roman historique russe de Nikolaï Gogol paru en 1843 et mettant en scène un emblématique chef cosaque épris de liberté, aussi fort que rusé.
[17] Radvila a alors 34 ans.
[18] Alors la quatrième ville de Moscovie derrière Moscou, Pskov et Novgorod.
[19] Stefan Báthory ne disposait, pour réduire la ville que de 14 000 fantassins et seulement 20 pièces lourdes.