Acte I : l’intrigue
Alors que les rayons du soleil n’ont pas encore percé la froide nuit normande, le connétable de France, Charles de La Cerda, s’écroule dans une chambre de l’auberge « La Truie qui file » de plusieurs dizaines coups de couteau et d’épée. L’homme derrière cet assassinat n’est autre que l’un des plus importants princes du royaume de France par son rang royal et sa filiation capétienne : Charles II de Navarre (1350-1387), nommé par une chronique espagnole du XVIe siècle « le Mauvais ».

Fils de Jeanne II de Navarre et de Philippe III d’Evreux, Charles II nait en octobre 1332 et, par sa filiation maternelle, est le petit-fils du roi Louis X le Hutin. Après la mort de son père en 1343, puis celle de sa mère en 1349, il devient successivement comte d’Evreux et roi de Navarre. Le jeune prince compte alors parmi les personnages les plus importants de la scène politique du royaume de France, grâce à son vaste territoire rassemblant la Normandie et la Navarre.
En février 1352, il épouse Jeanne, une des filles du roi de France Jean II. Sa sœur s’était elle aussi rapprochée du trône de France en célébrant son mariage avec Philippe VI de Valois, le père de Jean II. Force est de constater que la complexité de ce contexte politico-familial aura de terribles répercussions politiques dans les années qui suivent. (ndlr: voir généalogie simplifiée dans les images)
La nuit du 8 janvier 1354, marquée par l’assassinat du favori du roi de France, le connétable Charles de La Cerda (aussi appelé Charles d’Espagne) illustre ces répercussions. Ce crime semble être le premier acte du conflit franco-navarrais (1354-1378). Il est donc intéressant de l’étudier pour ce qu’il est, mais aussi pour comprendre les relations entre le roi de France et celui de Navarre – par l’intermédiaire du connétable de France, favori de Jean II le Bon (1350-1364).
Bien que des épisodes similaires aient pu se produire, le crime politique n’était pas de coutume dans le royaume de France en ce milieu de XIVe siècle, contrairement à d’autres aires géopolitiques. Cet assassinat représente néanmoins une sorte d’acte précurseur pour le crime politique au XVe siècle. Il est également le terreau d’une guerre complexe opposant le roi de Navarre à celui de France, conflit ayant traversé différentes formes et plusieurs périodes. Il est alors particulièrement intéressant de se demander comment et pourquoi Charles de La Cerda fut exécuté par les hommes du roi de Navarre.

Nous tenterons donc de résoudre les tenants et les aboutissants de ce crime en inspectant, avec la loupe de l’historien, les relations tumultueuses qu’entretenaient Charles de Navarre et Charles de La Cerda. Notre étude sera ainsi rythmée par leur querelle et, finalement, l’exécution du favori du roi de France. Concernant l’assassinat, nous nous appliquerons à respecter scrupuleusement les sources primaires narratives, à savoir les chroniques du XIVe siècle, afin de percer la vérité derrière ce récit et de révéler les motivations derrière ce meurtre.
Acte II : une question de rang, d’honneur et de politique
Pour résoudre une affaire de meurtre, l’enquêteur recherche les mobiles et l’arme du crime afin d’émettre des hypothèses. Si Charles de Navarre a publiquement reconnu le crime par lettres, il n’en demeure pas moins qu’une analyse du mobile du crime s’impose : des questions de rang, d’honneur et de politique semblent être à l’origine de l’assassinat du 8 janvier 1354.
L’exécution de Raoul II de Brienne, un casus belli ?
Les origines de la querelle entre les Navarrais et Charles de La Cerda remontent à la fin de l’année 1350. Alors que Jean II est sacré roi de France, de grandes festivités et un tournoi sont organisés à Paris, où se retrouvent toute la noblesse du royaume. Or, un événement vient troubler la fin de ces réjouissances : l’exécution de Raoul II de Brienne (†1350), comte d’Eu et de Guînes, connétable de France, en l’hôtel de Nesle le 19 novembre 1350.
Selon les Grandes chroniques de France, largement favorable aux Valois, il fut « decapité pour tres grans et mauvaises trahisons ». Or, la Chronique des quatre premiers Valois, beaucoup plus proche du milieu aristocratique normand d’où était originaire Raoul de Brienne, stipule que « laquelle mort ce fut douleur, car c’estoit ung des plus courtois, des plus gracieux chevaliers de France et des plus larges. Nul n’osa parler de la cause de sa mort. De laquelle furent troublés grant partie des nobles de France ne oncques ne fut sceu du peuple la cause de sa mort, jasoit ce que plusieurs en parloient et murmuroient. »

Nous ne savons pas réellement qu’elles sont les véritables raisons qui ont motivé cette exécution, car les sources avancent plusieurs hypothèses. Les Grandes chroniques de France, contrairement à la Chronique des quatre premiers Valois, avance la trahison comme une raison à l’exécution. Or, il semblerait que Raoul de Brienne, alors prisonnier des Anglais depuis 1347, soit revenu dans le royaume de France afin de rassembler sa rançon. Pour les Grandes chroniques de France, le connétable s’était vendu à l’ennemi, Edouard III. Mais, il est logique que les deux hommes entretenaient des relations courtoises, ayant tous deux un certain esprit chevaleresque reconnu.
Une autre hypothèse est avancée par Jean le Bel, qui souligne que « le roy avoit esté infourmé d’aucunes amours, lesquelles avoient esté ou debvoient estre entre madame Bonne et le gentil connestable. » Selon le chroniqueur liégeois cette rumeur de la relation entre le connétable et Bonne, la reine de France, s’est largement diffusée. Celle-ci est en tout cas pratique pour Jean II, lui permettant de se placer en victime. Sa femme décédant en 1349 de la peste noire, personne ne pouvait plus d’ailleurs contester cette rumeur.
Enfin, une dernière hypothèse peut être sous-entendue par certains récits, accordant un rôle à Charles de La Cerda dans la décollation du connétable. Il est vrai que le crime profite à ce personnage proche du roi puisqu’il remplace le supplicié. Les Grandes chroniques de France soulignent qu’étaient présents lors de la décapitation « le duc de Bourbon, le conte d’Armaignac, le conte de Monfort [Charles de La Cerda], monseigneur Jehan de Bouloingne, le seigneur de Revel ». S’ajoute à cette hypothèse le fait que Raoul de Brienne n’a pas été jugé, et n’a donc pas pu se défendre devant une cour de justice.
La décapitation du connétable Raoul de Brienne le 19 novembre 1350 est un acte politique qui ouvre le règne de Jean le Bon. Cette exécution a eu des répercussions sur deux niveaux. Tout d’abord, elle a permis à un familier du roi, Charles de La Cerda, d’accroître son rang dans le royaume en devenant connétable. Mais de cette faveur royale née une importante contestation nobiliaire, surtout chez les barons normands et ceux du Nord-Ouest du royaume, familiers du feu comte de Brienne et de Guînes comme pouvait l’être la famille de Picquigny. Ces contestataires trouvent en Charles de Navarre un chef de file. De cet événement né alors une contestation politique à l’encontre de Jean II, mais surtout de Charles de La Cerda.
Charles de La Cerda : un nouveau connétable mal-aimé
Le connétable est, au XIVe siècle, le premier grand officier de la couronne de France par sa qualité de chef de l’armée. Le roi de France y délègue son auctoritas in bello. Charles de La Cerda remplace Raoul de Brienne à cet office, suscitant de fait des oppositions marquées.
A la suite de la décollation du connétable de Brienne, Charles de La Cerda entre pleinement et officiellement dans les faveurs du roi Jean II. En décembre 1350 apparaît un important conflit d’intérêt entre le parti navarrais et le nouveau connétable lorsque Jean fait don à Charles de La Cerda d’anciennes possessions navarraises perdues en 1349, à savoir les châtellenies de Bénon et de Fontenay l’Abattu, en Saintonge. Malgré une origine familiale assez lointaine entre Charles de La Cerda et Charles de Navarre, une querelle politique fait rage entre ces deux personnages dès la fin de l’année 1350.
Selon Jean Deviosse, Charles de La Cerda est victime de Charles de Navarre qui ne cesse de l’humilier à la cour. Le connétable menace de la quitter, car il semble être rongé par la peur : « Bien sentoit messires Charles d’Espagne que li rois de Navare l’avoit grandement contre coer, et s’en tenoit en bien dur parti, et l’avoit remoustré au roy de France. Mais li rois l’en avoit asseguré ». Ces sentiments sont légitimes, car une certaine pression semblait être exercée par les proches du roi de Navarre à la cour de Jean II.
Cette confrontation s’explique tout d’abord par les trop bonnes relations existantes entre le roi de France et son connétable : « en ce temps amoit trés durement le roy Jehan ung gentil chevalier (…) et estoit ses compaigs de toutes choses, et le croyoit devant tout aultre ; si ne sçavoit ce gentil chevalier riens deviser ne convoitier que le roy ne luy donnast tantost ». Ces privilèges ne sont pas acceptés par certains barons normands, et encore moins par Charles II de Navarre. Par exemple, en octobre 1352, Jean II donne à nouveau une ancienne terre navarraise à son connétable, le comté d’Angoulême.
Le connétable se rapproche un peu plus du roi de France en épousant en 1352 Marie de Blois (1345-1404), une de ses cousines. Cette union accroît le rôle politique conféré par Jean II à son connétable, car Marie est la fille de Charles de Blois, l’opposant à Jean de Montfort dans la guerre de succession de Bretagne. Il est intéressant de remarquer que les Grandes chroniques de France – rédigées probablement par Pierre d’Orgemont, chancelier de Charles V – passent sous silence toutes ces intrigues de cours. Cette construction littéraire permet de rendre l’assassinat du connétable sans aucune explication au préalable, et, in fine, de faire du geste de Charles de Navarre un acte démentiel.
Cette place accordée à Charles de La Cerda ébranle la politique structurelle de la maison d’Evreux-Navarre dans sa quête d’accroissement du pouvoir. En effet, selon l’historien Raymond Cazelles, « le nouveau connétable s’est interposé dans le jeu très habile joué par la maison de Navarre depuis l’avènement des Valois. Ce jeu s’est joué sur deux terrains : celui de l’accroissement territorial de la famille de Navarre et celui des compromissions et des fidélités. Charles d’Espagne a divisé les familles que Charles le Mauvais, et sa mère avant lui, s’étaient attachées. »
Or, Charles de Navarre ne parvient pas à endiguer correctement la puissance croissante du rang de son adversaire. En n’étant pas le favori du roi, Charles de Navarre se sent politiquement spolié. Ce n’est pas sans essayer que ce dernier cherche à recouvrer son rang et sa place de prince des lys : nous avons à ce titre son mariage avec Jeanne de France, fille de Jean II en février 1352. Mais cette entreprise ne suffira pas.
Acte III : le conflit entre Charles de La Cerda et les frères de Navarre
La décollation de Raoul de Brienne et les tumultueuses relations entre Charles de Navarre et le connétable Charles de La Cerda ont donné naissance à un conflit entre ledit connétable et Charles, Philippe et Louis : les trois frères de Navarre.
Le meurtre du favori de Jean II peut surprendre, malgré les dissensions qui existaient avec la famille de Navarre, puisqu’aucune guerre n’avait été déclarée et que le crime politique n’était pas monnaie courante dans le royaume (hormis avec le comte de Brienne). Dans cette société de l’honneur où le rang est important, Charles de La Cerda faisait défaut au roi de Navarre.
La dispute entre le connétable et Philippe de Navarre
Pour le chroniqueur Jean Froissart (1337-1410), c’est le manquement au rang et la rancœur par rapport au lignage qui justifient pour les Navarrais leur opposition au connétable de France :
« Quant li rois Charles de Navarre et messire Phelippes ses frères veirent que li rois Jehans leur eslongoit leur hyretage, et l’avoit donnet à un homme qui ne leur estoit de sang ne de linage, si en furent durement courouciet, et en manecièrent couvertement le dit connestable ; mais il ne li osoient faire nulle felonnie, pour le cause dou roy qu’il ne voloient mies couroucier, car li rois de Navare avoit sa fille à femme, et savoit bien que c’estoit l’omme dou monde, apriès ses enfans, que li rois amoit le mieulz. Si se couva ceste hayne un grant temps.»
Froissart dresse deux tableaux. Tout d’abord, le profond mécontentement des deux frères de Navarre au sujet de leur héritage qu’ils jugent bafoués, et de son octroi à un homme de plus faible lignage princier, Charles de La Cerda. Dans un second temps, le chroniqueur de Valenciennes explique que l’injustice créée par Jean le Bon ne portera pas de préjudice au connétable, car sa fille s’est mariée avec Charles de Navarre en février 1352.
Or, la faveur de La Cerda débute bien avant, en décembre 1350, lorsqu’il reçoit les anciennes possessions navarraises de Bénon et de Frontenay l’Abattu, et en janvier 1351 avec l’octroi de l’office de connétable. Mais ces possessions ne sont pas d’une grande importance pour les Navarrais en comparaison avec le don du comté d’Angoulême en octobre 1352 au connétable. En outre, Froissart présente Charles de Navarre comme un prince qui se maitrise face au pouvoir royal uniquement à cause de l’amour que possède Jean II à l’égard de sa fille Jeanne.

Mais la maitrise de la situation par Charles de Navarre, qui « couva ceste hayne un grant temps », s’estompe au cours du mois de décembre 1353. Il apprend par un de ses chevaliers que son frère Philippe de Navarre (†1363) s’est retrouvé dans une confrontation verbale violente face au connétable et en présence du roi Jean. La Chronique des quatre premiers Valois dresse le récit le plus complet sur cet épisode :
« En cest temps, meust discension à la court du roy de France entre le roy de Navarre, monseigneur Philippe de Navarre son frere contre Charles d’Espaingne connestable de France ; et y out grosses parolles dictes en la presence du roy Jehan, entre lesquelles Charles d’Espaigne desmenti [briser, rompre, mettre en pièce, destituer] monseigneur Philippe de Navarre. Et quant le dit messire Philippe ouy soy desmentir, lors il sacha [tire] son coustel en voult ferir Charles d’Espaigne. Et comme le roy Jehan vit ce, il vint à monseigneur Philippe et tint et si lui dit : « Comment ! beau cousin, vous fault il sacher armes en ma chambre ? » Et lors se parti de la court Charles d’Espaigne. Et comme il se partoit, monseigneur Philippe de Navarre lui dit que oncques filz de roy ne fu desmenti qui fust si chierement comparé et que bien se gardast des enfans de Navarre. Et Charles d’Espaigne respondi qu’il ne doubtoit eulx ne leur povoir. Par tant se partirent de la court du roy de France le roy de Navarre et monseigneur Philippe son frere et alerent en leur terre qu’ilz avoient en Normendie. »
Le chroniqueur divise l’action en trois parties, expliquant ainsi la suite de l’histoire, à savoir l’assassinat de La Cerda. Tout d’abord, le connétable profère des remontrances sévères à l’égard de Philippe de Navarre, comte de Longueville, devant le roi Jean II. Selon l’historien Bruno Ramiez de Palacios, « le connétable diffama publiquement le roi de Navarre, le traitant de faux monnayeur, et d’autres insultes ».
Ces accusations devant le roi de France mettent Philippe de Navarre dans une grande colère. Il se défend verbalement puis physiquement en sortant une arme blanche. Jean II essaye alors de calmer les deux adversaires. Mais il est étonnant d’observer la résolution du conflit. Selon le chroniqueur, Philippe semblait défendre son honneur en attaquant physiquement le connétable.
Or, juste une parole du roi parvient à calmer les esprits très échauffés. Cet événement décide Charles de La Cerda à fuir la cour de son protecteur. Des menaces de Philippe de Navarre le rattrapent dans sa fuite. Charles de La Cerda est donc doublement prévenu par le frère du roi de Navarre : dans la chambre du roi puis lors de son départ. Les deux frères de Navarre décident à leur tour de quitter la cour du roi afin de rejoindre leurs terres normandes, et peut-être de préparer une riposte afin de rétablir leur honneur. La chronique ne fait pas mention d’une réconciliation, la paix n’est donc pas rétablie entre les deux ennemis.
Le passage à l’acte : vers l’exécution (hypothèses scientifiques)
« La réparation de l’honneur blessé est une nécessité impérieuse dans la société médiévale. Les moyens d’y parvenir sont cependant multiformes. La forme la plus normale est sans doute de faire subir à l’offenseur ce que l’on a subi soi-même ». Cette normalité ne paraît pas être respectée le 8 janvier 1354 lorsque les Navarrais viennent occire Charles de La Cerda dans une auberge à Laigle, en pays d’Ouche. Il semblerait donc que ce soit pour une question d’honneur et de querelle politique que Charles de Navarre répond à un conflit latent depuis plusieurs années par un crime politique.
Cependant, Philippe Charon semble expliquer différemment les circonstances qui auraient motivé cette action. Il ne voit pas une question d’honneur mais un calcul politique afin que Charles de Navarre puisse agrandir ses possessions et développer son influence. Enfin, pour Raymond Cazelles, l’assassinat s’explique surtout à cause du rang, rejoignant de fait la problématique de l’honneur .
Il existe donc plusieurs hypothèses sur les motivations de Charles de Navarre et son passage à l’acte. Certains historiens ont dressé une histoire chronologique et factuelle des événements. Mais, en croisant les sources afin d’établir un récit, des éléments manquent à leur réflexion. Observons alors les chroniques évoquant cet assassinat afin de mieux le comprendre.
Acte IV : le meurtre, la construction d’un discours dans les chroniques
La discorde apportait la dispute. La dispute engendrait la querelle. De cette querelle Charles de La Cerda perdait la vie. Précédemment, nous avons étudié les motivations présumées qui ont poussé le roi de Navarre à tuer le connétable de France. A ce titre, nous nous sommes intéressés aux recherches historiques sur la question. A présent, observons l’assassinat en utilisant les sources primaires sur l’événement afin d’en tirer un récit des plus précis.
Nombreuses sont les chroniques (récit chronologique des événements, généralement subjectif car l’auteur focalise son intérêt sur une personne ou sur les qualités) à développer un récit de l’assassinat du connétable Charles de La Cerda par le roi Charles de Navarre et ses hommes en cette nuit du 8 janvier 1354. Chacune apporte une certaine vision de l’événement car elles ont un public et des objectifs différents. Nous analyserons alors la Chronique normande du XIVe siècle, les Chroniques de Jean Froissart et les Grandes chroniques de France. Nous consacrerons la prochaine et dernière partie sur l’assassinat de Charles de La Cerda par Charles de Navarre sur le très riche récit fait par la Chronique des quatre premiers Valois (1327-1393).

La Chronique normande du XIVe siècle : noircir l’image de Charles de Navarre
La Chronique normande du XIVe siècle ne s’étend pas sur les circonstances précises de la mort : « Bientost aprés avint que le roy Charles de Navarre, qui mout durement haioit Charles d’Espaigne, qui estoit connestable de France, fist tuer le dit connestable en son lit en la ville de Laigle. »
Pour l’auteur anonyme de la chronique, l’action menée par Charles de Navarre provient de la haine qui dicte ses passions. La haine est un péché qui découle du vice de colère, en opposition à la vertu cardinale de tempérance. Thomas d’Aquin démontre dans la Somme théologique qu’il y a différentes formes de colère (voir Somme théologique, IIa-IIae, q.158, a.2, conclusion). De cette définition scolastique, la colère qui semble être à l’origine du meurtre de Charles de La Cerda relève du péché.
L’emploi par le chroniqueur du verbe « haioit » a une explication théologique, mais nous pouvons remarquer que ce terme dépasse le vice de la colère pour un péché beaucoup plus grave. Cet usage sémantique par le chroniqueur pourrait alors noircir un peu plus Charles de Navarre, qui ne parvient pas à se contrôler au point de développer le péché de haine. Le roi de Navarre n’est donc pas un prince chevalier car il ne parvient pas à se contrôler.
Les Chroniques de Jean Froissart : le roi de Navarre n’est pas chevaleresque
Jean Froissart utilise aussi ce langage pour définir la relation des frères de Navarre à l’égard de La Cerda : « Si se couva cest hayne un grant temps ». Il n’accorde que quelques lignes au récit de l’assassinat du connétable. Contrairement à la Chronique normande du XIVe siècle, le chroniqueur de Valenciennes nous apprend que le connétable « fu là trouvés des gens le roy de Navare qui le demandoient, et qui avoient fait bastis agais [embuscade, piège] sur lui, desquelz, tant qu’à ceste fois et à ce fait, uns cousins des enfans de Navare, qui s’appelloit li Bascles de Maruel, estoit souverains et chapitainne. »
Nous avons des éléments supplémentaires pour comprendre comment l’action s’est déroulée : elle était préméditée et n’est pas le cas d’un homme isolé. La préméditation d’un crime n’est pas mise en avant par Froissart, nous la comprenons à la lecture du texte. Pour les hommes du XIVe siècle, la préméditation d’un péché tel que le crime est particulièrement grave (voir Somme théologique, Ia-IIa, q.73, a.10). Le chroniqueur cherche-t-il à la cacher ? Sa chronique est écrite pour un public aristocrate et chevalier, connaissant les codes culturels et religieux. Il est donc probable que cet auditoire remarque les malversations du roi de Navarre et en tire un jugement.
Les Grandes chroniques de France : Charles de Navarre est l’unique coupable
Les Grandes chroniques de France construisent le récit différemment. Il est plus fourni et fait du roi de Navarre le véritable et l’unique assassin.
« L’an de grace mil CCC LIII, le huitiesme jour de janvier, assés tost après le point du jour, monseigneur Charles, roy de Navarre et contes d’Evreux, fist tuer en la ville Laigle, en Normandie, en une hostelerie, monseigneur Charles d’Espaigne, lors connestable de France. Et fu le dit connestable tué en son lit, par pluseurs gens d’armes que le dit roy de Navarre y envoia, le quel demoura en une granche au dehors de la dite ville de Laigle, jusques à tant que ceuls qui firent le dit fait retournerent par dervers li. Et en sa compaignie estoient, si comme l’en dist, monseigneur Phelippe de Navarre, son frere, monseigneur Jehan, conte de Harecourt, monseigneur Loys de Harecourt, son frère, monseigneur Godefroy de Harecourt, leur oncle, et pluseurs autres chevaliers et autres, tant de Normandie comme Navarrois et autres. »
Si nous observons uniquement le récit de l’assassinat du connétable, nous remarquons qu’il entame un chapitre de la chronique sur Jean II le Bon, sans aucune explication au préalable sur l’action qui va se produire. Les chapitres précédents ne font nullement mention des différends qui existent entre les Navarrais et le connétable de France. Il est intéressant d’observer dans cet extrait de la chronique la position occupée par Charles de Navarre. Il est à la base de l’action : « fist tuer », « pluseurs gens d’armes que le dit roy de Navarre y envoia ». La mort du connétable est de sa volonté. Contrairement aux récits des chroniques que nous avons étudié précédemment, deux précisions sont apportées sur les circonstances de la mort. Tout d’abord, la présence indirecte du roi de Navarre, se trouvant en retrait dans une « granche », une métairie.
Puis, l’entourage du roi de Navarre est précisé. Nous retrouvons des chevaliers d’origines normandes et navarraises, ce qui représente bien le pouvoir territorial de la maison d’Evreux-Navarre ; ainsi que d’importants barons de Normandie. Ils ont tous une raison commune de détester Charles de La Cerda, à savoir son potentiel rapport à la décollation de Raoul de Brienne, aristocrate normand, en novembre 1350.
Le récit de l’assassinat du connétable ouvre le cinquième chapitre de la chronique. Précédemment, il était question d’un duel opposant le duc de Lancastre au duc de Brunswick en décembre 1353 à Paris. Il est intéressant de mettre en relation ces deux chapitres, qui semblent être mis parallèle afin d’établir un miroir du bon et du mauvais prince. La cause de la rivalité entre les deux ducs est similaire à celle qui existe entre Philippe de Navarre et Charles de La Cerda : « pour paroles que le dit duc de Lanclastre devoit avoir dites du dit duc de Bresvyc ».
Les deux ducs décident de régler leur différend de manière à rétablir la justice, avec l’ordalie du duel judiciaire. Cette pratique du recours aux armes a minima visait à rétablir un équilibre. L’homme doit défendre son corps, ses biens et son honneur. Ici, les deux ducs s’affrontent en duel afin de réparer l’honneur en faisant pression sur l’adversaire par le biais d’une guerre réduite au duel, afin de revenir à la voie naturelle de la paix. Ce schéma n’est pas suivi par les Navarrais dans leur opposition à Charles de La Cerda puisqu’ils l’assassinent et ne recherchent pas le rétablissement de la paix par la voie de guerre.
Les frères de Navarre ne sont donc pas chevaleresques en comparaison aux ducs de Lancastre et de Brunswick. Enfin, le roi de France Jean II se positionne dans ce duel comme un faiseur de paix par une figure médiatrice : « le Roy prist la besoigne sur li et les mist à acort. » Charles le Mauvais est représenté en opposition à Jean le Bon par son attitude belliqueuse, ne cherchant pas à calmer son frère, au contraire.
Le rédacteur des Grandes chroniques de France pour le règne de Jean II, probablement Pierre d’Orgemont, fidèle et serviteur de la dynastie des Valois, a peut-être dressé intentionnellement un récit où tout semble s’opposer avec celui qui suit, notamment sur l’image du prince : l’un est pacificateur, chevalier et médiateur, l’autre est belliqueux, injuste et meurtrier. L’opposition se retrouve également dans le règlement du conflit : le duel prévu dans le premier récit permet de limiter les dégâts et de se placer du bon côté du droit et du jugement de Dieu, alors que l’assassinat d’un homme tiré de son sommeil dans le second récit est beaucoup plus incriminable.
Acte V : le meurtre vu par la Chronique des quatre premiers Valois : un récit riche
Précédemment nous avons observé différentes chroniques – à savoir celles de Froissart, les Grandes chroniques de France et la Chronique normande du XIVe siècle – afin d’analyser le récit de l’assassinat du connétable de France Charles d’Espagne par les hommes de Charles de Navarre dans la nuit du 8 janvier 1354 à Laigle en Normandie. Afin de clore cette étude nous allons porter notre attention sur une chronique d’une très grande importance par sa richesse et les détails qui enrichissent son propos : la Chronique des quatre premiers Valois.
Composée à la fin du XIVe siècle, elle s’intéresse aux années 1327 à 1393. Son rédacteur nous est cependant resté inconnu. Il s’agirait probablement d’un Rouennais, familier de Robert d’Alençon évêque de Rouen. Il est favorable à la cause populaire, assez critique à l’égard de Philippe VI et surtout de Jean II, et plutôt favorable à la cause navarraise. Il est aisé de comprendre ces appréciations particulières puisque les Normands étaient – pour une grande partie – hostiles à Jean II (voir à ce sujet la partie 1 de cette chronique avec l’assassinat du connétable Raoul de Brienne par Jean II en novembre 1350). Enfin, l’auteur de la Chronique des quatre premiers Valois est particulièrement bien documenté : il utilise la mémoire orale ainsi que les Grandes chroniques de France de Pierre d’Orgemont.

La Chronique des quatre premiers Valois doit retenir notre attention pour sa multitude de détails. Elle propose une analyse des sentiments et des émotions des protagonistes. Le passage étant particulièrement long, nous allons ici le résumer et l’étudier en plusieurs temps. C’est pourquoi, nous allons depuis cette chronique nous intéresser au rôle et aux ressentis de chacun des personnages jouant dans la scène.
Du côté des agresseurs navarrais, nous pouvant dissocier deux mouvements : celui du roi de Navarre et celui des autres. En effet, Charles de Navarre reste en retrait mais demeure l’élément déclencheur de l’exécution :
« vint monseigneur Pierres de Sauqueville au dit monseigneur Philippe de par le roy de Navarre son frere qui l’attendoit, lequel lui mandoit que hastivement il se delivrast ».
Pierres de Sauqueville, simple envoyé du roi de Navarre, vient répondre de l’impatience de son seigneur au sujet de l’exécution qui traîne en longueur. Cette action témoigne de la préméditation faite par Charles de Navarre, ne laissant aucune chance au connétable. Cependant, la déposition de Friquet de Fricamps du 5 mai 1356 semble nuancer le propos et accabler le Bascon de Mareuil. Ici, le roi de Navarre ne semble pas vouloir la mort du connétable, et qu’il fut touché en apprenant par le Bascon que l’exécution avait eu lieu.
Mais les dires de Friquet de Fricamps sont assez problématiques puisqu’il se contredit quelques lignes au-dessus en affirmant que Charles de Navarre veut la mort du connétable. Quoiqu’il en soit, c’est de cette préméditation et de l’incapacité pour le favori du roi de se défendre que cet assassinat peut être considéré comme un « attentat politique » (expression empruntée à Françoise Autrand, Charles V, Fayard, p.126).
Philippe de Navarre, le frère de Charles, est celui qui mène l’opération sur le terrain : « Monseigneur Philippe de Navarre lors vint à l’uis de la chambre où estoit logié le dit connestable et commença à hurter à l’uis ». Une fois entré dans la chambre du connétable, il lui tient ces paroles : « Charles d’Espaigne, mal desmentis Philippe filz de roy. » En menant l’action et en apostrophant ainsi le connétable, Philippe agit en réponse à la violente dispute survenue devant Jean II quelques semaines plus tôt. Par ailleurs, nous pouvons remarquer la haute estime qu’il a de son rang en s’indiquant « filz de roy ».
Enfin, la chronique fait une dernière mention de Philippe de Navarre dans ce récit de l’exécution de Charles de La Cerda : « monseigneur Philippe estoit tant yré et enflammé que en rien ne le voulloit ouir ne escouter ». Nous retrouvons ici la colère que nous avons précédemment vu dans la Chronique normande du XIVe siècle au sujet de Charles de Navarre. Or, cette colère s’était transformée en haine. Ici, le frère de Charles de Navarre semble resté maître de lui-même malgré la colère qui l’habite. Le chroniqueur, appréciant particulièrement Philippe de Navarre, semble relativiser et légitimer le comportement du comte de Longueville.
Cette hypothèse semble se confirmer par la suite du récit : nous restons sur cette hésitation de Philippe, animé par la colère, alors qu’un de ses hommes occis Charles de La Cerda. Ce dernier manque de prudence selon le chroniqueur en venant depuis Paris en Normandie sans une grande escorte : « chevaucoit desgarny de gens d’armes et vint en la ville de Laigle en Normendie. » Cette arrivée en l’auberge de Laigle est apprise par le parti des Navarrais, qui « sceurent par leur endictes ».
Quelqu’un les a donc prévenus. Qui ? Peut-être un vassal du roi de Navarre, comme le Bâtard de Mareuil, un béarnais au service du roi de Navarre et se trouvant dans les alentours. Ou bien, un homme au service du connétable qui le trahit ? Il est vrai que dans la chambre un événement étrange a lieu. Alors que Philippe de Navarre et ses hommes attendent impatiemment devant la porte, en essayant de la forcer, elle s’ouvre depuis l’intérieur : « Lors fut ouvert l’uis par ung de ceulx de la chambre du dit connestable ». Est-ce Jehan de Meleun qui partageait la chambre avec le connétable de La Cerda ? Cette situation devient insoutenable pour ce dernier, qui n’a plus aucune issue : l’auberge est gardée par une trentaine de cavaliers aux ordres des Navarrais. Caché sous son lit, il est retrouvé par ses ennemis. Alors que Philippe de Navarre l’apostrophe,
« s’agenouilla le connestable les mains jointes devant monseigneur Philippe de Navarre en lui priant qu’il eust mercy de lui et qu’il seroit son serf racheté et que de son pesant d’or il se raenconneroit et oultre sa terre quitte lui clamoit et que outre mer s’en yroit sans jamais retourner. »
N’ayant plus de solution de repli, le connétable se vend en personne pour essayer de sauver sa vie. Dans un geste de soumission totale, il offre sa fortune et sa personne à Philippe de Navarre. Enfin, il reconnait la volonté de son adversaire navarrais de retrouver sa terre. Ce discours est une oraison de Charles de La Cerda demandant la grâce de son ennemi. Il semblerait même que c’est une forme de plaidoyer que nous pourrions retrouver dans un discours visant à rétablir la paix entre deux partis.
L’un des barons normands au service du roi de Navarre, le comte Geoffroi de Harcourt (†1356), apostrophe alors Philippe de Navarre au sujet de Charles de La Cerda : « Sire, se de ce vous veult baillier bons hostages, ayes pitié de lui ». Le plaidoyer du connétable semble avoir touché cet important aristocrate normand, qui mande la pitié pour ledit connétable. Philippe de Navarre n’a pas le temps de réagir, puisque l’envoyé du roi de Navarre, Pierre de Sauqueville, intervient directement après dans le récit fait par la chronique. Nous ne savons donc pas si, malgré la colère qui l’anime, Philippe aurait répondu au connétable de manière favorable. Après l’intervention de Pierre de Sauqueville, Charles de La Cerda est tué :
« Lors le Bascon de Mareul et Radigo et quatre servans occistrent le dit Charles d’Espaigne connestable de France. Et l’occist de sa main et de son espée le dit Bascon de Mareul. Car il lui lança et bouta tout oultre parmi le corps ; et tant engoisseusement, villainnement et abohominablement l’apareillerent qu’ilz lui firent quatre vingt plaies.»
Chef de bande entre 1350 et 1353, ce béarnais appelé Jean de Sault puis le Bascon de Mareuil (†1364) porte les premiers coups au connétable, avec un certain Radigo et des acolytes. Les précisions du chroniqueur rendent la mort sauvage et violente. Comme nous l’avons vu précédemment, le rôle de Philippe de Navarre est minimisé par la chronique, ne le rendant pas esclave de sa haine et potentiellement à l’écoute du plaidoyer de Charles de La Cerda. L’insistance faite par le chroniqueur sur la manière dont ce dernier périt va dans ce sens.
D’une querelle politique née un conflit structurel entre la maison des Evreux-Navarre et le pouvoir royal. L’assassinat du connétable et favori du roi, Charles de La Cerda, le 8 janvier 1354 par les Navarrais et des seigneurs normands est l’élément qui fait passer la querelle en conflit. Entre 1350 et 1353, les relations entre le connétable et les enfants de Navarre étaient tumultueuses : Charles considérait que son rang et sa place dans le gouvernement du royaume n’étaient pas respectés et Philippe, son frère, s’était retrouvé au cœur d’une violente dispute avec le connétable devant Jean II, en décembre 1353.
Les Navarrais décidèrent alors de régler leurs différends et de rétablir leur honneur en assassinant leur adversaire. Cet « attentat politique » mérite une étude importante car il est le tournant dans les relations entre le parti navarrais et celui du roi. Il est alors intéressant d’observer comment les nombreuses chroniques mettent différemment en scène l’assassinat. Certaines sont brèves, d’autres s’attardent sur des actions mettant en avant les caractéristiques émotionnelles des protagonistes. L’assassinat de Charles de La Cerda a fait naitre en janvier et février 1354 une importante activité diplomatique pour chacun des partis, où les Navarrais tentent de justifier et légitimer leur acte.
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Sources primaires
Les Grandes Chroniques de France, Chronique des règnes de Jean II et de Charles V, publiée par la Société de l’Histoire de France par Roland DELACHENAL, Tome I pour le règne de Jean II (1350-1364), Paris, Librairie Renouard, 1910
Crónica de los Reyes de Navarra, Diego Ramirez de Aualos de la Piscina, “capitula Nueve del Libro Quinto”, ms. de la Biblioteca de la Universidad de Navarra, (Biblioteca UN)
Chronique normande du XIVe siècle, publiée pour la société de l’histoire de France par Auguste et Emile MOLINIER, Paris, Librairie Renouard, 1882
Chronique des quatre premiers Valois, publiée pour la Société de l’Histoire de France par Siméon LUCE, Paris, Jules Renouard, 1862
Chronique de Jean le Bel, publiée pour la Société de l’Histoire de France, par Jules VIARD et Eugène DEPREZ, Tome second, Paris, librairie Renouard, 1905
Chroniques de Jean Froissart, publiées pour la société de l’histoire de France par Siméon LUCE, Paris, J. Renouard, 1873
SECOUSSE Denis-François, Recueil de pièces servant de preuves aux mémoires sur les troubles excités en France par Charles II, dit le Mauvais, roi de Navarre et comte d’Evreux, 1756
Sources secondaires
AUTRAND Françoise, Charles V : le Sage, Paris, Fayard, 1994
BÉRIAC-LAINÉ Françoise et GIVEN-WILSON Chris, Les prisonniers de la bataille de Poitiers, Paris, Honoré Champion, 2002
CAZELLES Raymond, Société politique, noblesse et couronne sous Jean le Bon et Charles V, ouvrage publié avec le concours du CNRS, Librairie Droz, Genève-Paris, 1982
CAZELLES Raymond. « Le Parti navarrais jusqu’à la mort d’Etienne Marcel ». in. Bulletin philologique et historique du Comité des travaux scientifiques, t. II, 1960, pp. 839-869. – II, 1960, pp. 839-869
CHARON Philippe, Princes et principautés au Moyen Âge, l’exemple de la principauté d’Evreux, 1298-1412, Paris, Ecole des Chartes, 2014
CHARON Philippe, « Révoltes et pardons entre Charles II de Navarre et la dynastie des Valois », in. Violences souveraines au Moyen Âge, Travaux d’une école historique sous la dir. de F. FORONDA, C. BARRALIS et. B. SERE, Paris, PUF, 2010 ; pp. 205-216
DELACHENAL Roland, Histoire de Charles V, Tome I (1338-1358), Paris, Librairie Alphonse Picard & Fils, 1909
DEVIOSSE Jean, Jean le Bon, Paris, Fayard, 1985
RAMIREZ DE PALACIOS Bruno, Charles dit le Mauvais, Roi de Navarre, comte d’Evreux, prétendant au trône de France, Ed. La Hallebarde, 2015
RAMIREZ VAQUERO E., « Estratégias diplomaticas del rey de Navarra en el transito al siglo XV », Guerre y diplomacia en la Europa occidental, 1280-1480, Actas de la XXXI semana de Estudios Medievales de Estalla, 19 a 23 de julio de 2004, Pamplona, 2005, pp. 373-421