« Par quel miracle suis-je sorti de cet enfer, je me demande encore bien des fois s’il est vrai que je suis encore vivant ; pense donc, nous sommes montés mille deux cent et nous sommes redescendus trois cents ; pourquoi suis-je de ces trois cents qui ont eu la chance de s’en tirer, je n’en sais rien, pourtant j’aurais dû être tué cent fois, et à chaque minute, pendant ces huit longs jours, j’ai cru ma dernière heure arrivée. […] Plus de rires, plus de gaieté au bataillon, nous portons dans notre cœur le deuil de tous nos camarades tombés à Verdun du 5 au 12 mars. »[1] – Gaston
Verdun, aujourd’hui capitale mondiale de la paix, fut l’un des champs de bataille les plus meurtriers de la Grande Guerre durant l’année 1916. Synonyme de combats sanglants et destructeurs, cette bataille marque encore les mémoires à travers les récits de ceux qui l’ont vécue. Cet extrait de la lettre d’un soldat nommé Gaston Biron appartenant au 21e bataillon de chasseurs à pied (BCP), écrite le 25 mars 1916 et destinée à sa mère, témoigne des conditions de vie des soldats, de leurs sentiments intimes face aux combats, du désespoir de voir le conflit se prolonger, la peur face à l’artillerie et de la tristesse de voir les camarades tomber au front. Blessé le 8 septembre 1916, Gaston Baron succomba à ses blessures le 11 septembre 1916 à l’hôpital de Chartres.
De nombreuses correspondances comme celle de Gaston furent échangées durant la guerre. Plus de quatre milliards de lettres furent envoyées, sources essentielles de la micro-histoire de la « Grande Guerre ». Véritable lien avec l’arrière, elles sont essentielles au moral des soldats.
La bataille de Verdun reste, aujourd’hui, le symbole d’une guerre totale et d’une offensive qui se veut décisive pour l’armée allemande, dernière étape ouvrant les portes vers Paris. Véritable champ de bataille à ciel ouvert, son paysage est encore marqué par un paysage éventré par les tirs d’obus lancés plus d’un siècle plus tôt. Les témoignages du conflit se réalisent également à travers les différents sites patrimoniaux, préservés par le département de la Meuse. Comment le patrimoine mémoriel de Verdun permet-il de retracer le déroulement d’une bataille symbolique de la Grande Guerre ? Quelle place occupe-t-il dans le tourisme de mémoire ? Et quel symbole occupe-t-il dans les mémoires ?
Du fort de Douaumont au bois des Caures, des monuments aux morts au Mémorial de Verdun, chaque site permet de reconstruire les destins des soldats, ainsi que, les différents assauts et combats de ce que fut la bataille de Verdun. À travers ces lignes, nous vous accompagnons, sur le chemin du souvenir de la bataille de Verdun à partir des différents sites patrimoniaux de cette célèbre bataille.
La mobilisation générale
Verdun, lieu inéluctable du tourisme de mémoire, accueille chaque année un peu plus de 500 000 visiteurs de diverses nationalités. Ce tourisme mémoriel est défini par l’anthropologue Franck Michel[2] par le sentiment d’un devoir de mémoire à travers l’envie de comprendre, se recueillir et transmettre aux générations futures la bravoure de ces jeunes hommes.
Le 1er septembre 1914, est placardé sur les murs au sein de toutes les circonscriptions, un ordre de mobilisation générale. Adoptée en 1872, la France met en place une armée de circonscription en prenant exemple sur l’armée prussienne. Les réservistes et le matériel sont mobilisés, et les troupes coloniales sont également rassemblées afin d’être affectées en métropole sur ordre du président de la République et concentrent ainsi, 3 580 000 hommes. L’historien Jean-Jacques Becker[3] explique, au sein de son ouvrage L’année 14, que cette mobilisation s’effectue sous le plus grand étonnement général des populations qui ne présentaient ce conflit que comme une guerre lointaine, marqué par l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo.
C’est au sein des espaces ruraux que la surprise est encore plus grande, ne lisant que peu les journaux, ils se virent contraints d’abandonner leur bétail et leurs récoltes. La mobilisation ne s’effectue donc pas la fleur au canon et des manifestations pacifistes s’organisèrent sur tout le territoire, refusant de prendre les armes. Jean Jaurès, figure de ce mouvement, accompagné par le syndicat ouvrier, la CGT, appelèrent à la grève générale. La majorité de la population, quant à elle, se résignait à prendre les armes et s’accrochait à l’espoir que ce conflit ne durerait pas.
Combien d’hommes passèrent par Verdun durant le conflit ? Cette bataille fut une véritable plaque tournante des deux forces armées en opposition, comptant plus de 2,3 millions de soldats ayant combattu sur ce sol. Les forces coloniales, majoritairement mobilisées pour l’offensive de la Somme, furent également présentes, dont le 1er régiment d’infanterie coloniale du Maroc (RICM), forces des troupes ayant permis de reprendre le village de Fort-Devant-Douaumont, accompagné de tirailleurs sénégalais et somaliens. Cette rotation des troupes fut mise en place par le général Pétain afin d’éviter d’épuiser les hommes. Ainsi, les trois quarts des soldats qui constituaient l’armée française passèrent à Verdun. Les soldats ne passèrent que quelques jours en première ligne avant de retourner en deuxième ligne.
Au début de l’année 1914, l’avancée allemande est fulgurante lors de la période de guerre dite de mouvement, mais le front s’enlise des suites de la victoire française de la Marne sur une ligne d’environ 750 à 800 km, de la mer du Nord à la Suisse. C’est le début de la guerre de position à la fin de l’année 1914. Celle-ci laisse place à un combat de prise et reprise de tranchées ennemies où chaque mètre doit-être récupéré et protégé.
Le début des combats
En Haute-Meuse, les Allemands occupent Saint-Rémy, Dommartin-la-Montagne. Les villages des Épargnes et celui d’Herbeuville sont évacués par les troupes françaises. Les combats se tiennent aux lisières des bois qui offrent une protection sommaire pour les soldats. C’est là que se tient le régiment de réserve de Mirande, le 288e régiment d’infanterie (RI) au sein duquel se trouve le lieutenant d’infanterie Alain Fournier. L’ouvrage de L’énigme Alain-Fournier, d’Alain Denizot et de Jean Louis permet de retracer les recherches menées par les historiens et archéologues à partir des archives afin de retrouver l’auteur de l’œuvre Le Grand Meaulnes de 1913.

Le 22 septembre 1914, Alain Fournier et son régiment sont portés disparus au cœur des bois de Saint-Rémy lors d’une attaque envers une unité de la croix rouge allemande. Les archéologues et anthropologues mirent la main sur les archives des directives du 288e RI et réussirent, en 1991, à exhumer les vingt-et-un corps que composait le régiment au sein d’une fosse commune où les soldats allemands les avaient exécutés, puis enterrés.
L’écrivain français repose désormais dans la nécropole nationale de Saint-Remy-la-Calonne, dans la Meuse. Pour les visiteurs souhaitant se rendre sur les traces des affrontements conservées dans les bois de Saint-Rémy, il vous faut vous rendre sur le monument aux morts dédié à Alain Fournier et ses compagnons, réalisé par Henri-Patrick Stein, sur le lieu de leur exhumation au cœur même de la forêt. Aujourd’hui, il est possible de se rendre dans ces bois, à la découverte des sites de la bataille, des tranchées et des abris restants.
Du 16 septembre 1914 au 25 mai 1915, les combats s’effectuèrent vers le bois de Forges et vers Malancourt. Les Allemands réussirent à occuper et à maintenir leur position dans le secteur entre la Meuse et la région sud-est de Vauquois. Au final, le front s’enlise également dans la Meuse.
C’est sur le front occidental que les Allemands tiennent à reprendre leur domination. Ils prévoient de dissocier les ennemis dans l’objectif de les vaincre séparément. Ils lancent alors une grande attaque sur la Somme pour vaincre l’armée anglaise et réfléchissent à une percée afin que l’armée française s’épuise et s’anéantisse sur un seul front : celui de Verdun. Mais alors, pourquoi Verdun ? Choix géographique ? Choix symbolique ? Quelle fut l’envergure des forces en présence ?
Le général allemand Falkenhayn sait que les forts sont désarmés pour concentrer l’armement sur le front de la Somme et qu’ils sont dépassés face à cette forme moderne de combat. Une observation aérienne est lancée et Verdun se révèle être un espace géographique calme et mal défendu, offrant un observatoire naturel grâce à ses nombreuses collines. D’après l’historien allemand Holger Afflerbach[4], Verdun avait avant tout une portée politique et symbolique par son statut de ville frontière. L’opération « Gericht »[5] se met en place et doit se conclure par l’ouverture de la route, droit sur Paris.
Le lundi 21 février 1916, vers 7h15, l’offensive est lancée et un déluge d’artilleries s’abat sur le bois des Caures, situé en première ligne. Plus de 2 millions d’obus sont tirés en seulement deux jours, sur ce front boisé d’environ 3 kilomètres de long sur 800 mètres de large en moyenne, par la XXIe division allemande, formée de trois régiments, soit neuf bataillons. Les foudres de l’artillerie retentirent jusque dans les Vosges, à plus de 150 km du lieu de l’attaque.
Le bois des Caures n’est plus qu’un champ de terre où les tranchées sont éventrées, ne laissant plus qu’une vision apocalyptique. Vers 17h, les bombardements finirent par cesser, ne laissant pas la possibilité de survivants, d’après les Allemands. C’est alors pris d’une grande surprise qu’ils virent les chasseurs des 56e et 59e bataillons de chasseurs à pied (BCP), dirigé par le lieutenant-colonel Driant, résister dans un dernier élan de survie. Ces hommes se battirent au corps à corps, baïonnette au fusil parfois à un homme contre huit. C’est au lendemain de cette résistance héroïque que les Allemands préparèrent une nouvelle offensive d’artillerie qui comprenait, cette fois-ci, des obus à gaz. Dans une dernière défense de l’armée française, le lieutenant-colonel ordonna à ses hommes de se replier.
Dans l’action Driant s’effondra, touché d’une balle dans la tête. Sur plus de 1 200 hommes, seulement 80 survécurent à ces deux premières journées, marquant le début d’une longue période de combats acharnés sur Verdun. Cette offensive désespérée permit de retarder le plan Gericht et d’organiser la venue des renforts sur le canton de Verdun.
Aujourd’hui, le paysage du combat du bois des Caures reste encore marqué des blessures nées des affrontements et de l’artillerie. Si la nature a retrouvé sa domination sur les décombres, la ville de Verdun a réussi, à partir de l’accord des ministères, à reboiser ces espaces à l’exception du plateau de Douaumont, site préservé qui témoigne de l’intensité des combats. Un circuit balisé fut construit afin de retracer ce champ de bataille à ciel ouvert, accompagné de panneaux explicatifs pour les visiteurs. C’est sur ce chemin du souvenir que l’on peut apercevoir la tombe du lieutenant-colonel Driant, mais également le monument commémoratif construit en 1922, en hommage aux 56e et 59e régiment de chasseurs à pied.

Le fort de Douaumont et de Vaux
Le fort de Douaumont fut construit à la fin de la guerre franco-allemande de 1870 dans un souci de défense de la nouvelle frontière s’étant établie après la défaite du camp français. C’est le système Séré de Rivières. Dix-neuf forts furent alors érigés appuyés de sept autres ouvrages.
Désarmé par décret en 1915, les canons et les garnisons de soldats occupant le fort sont mobilisés sur le front de la Somme. Ainsi, seuls quelques dizaines de soldats gardent le fort de Douaumont. Placé le plus au nord de la double ceinture défensive, la prise du fort est l’un des objectifs majeurs de l’armée allemande. Situé à 395 m d’altitude, au sud-est du village de Douaumont, il offre une vue imprenable sur le champ de bataille. À la suite de l’offensive allemande à l’orée du bois des Caures, les soldats ne se trouvent plus qu’à quelques kilomètres du fort.
Prenant soin d’éviter le village de Douaumont où se situe le 95e RI français, les Allemands avancent vers l’ouvrage fortifié. Occupé par six artilleurs du 102e régiment d’artillerie (RA), un sergent du génie et cinq hommes de corvée et 57 territoriaux sans liaison avec l’extérieur, ils sont faits prisonniers sans résistance face au pilonnage allemand, le 25 février. Le fort tombe aux mains des Allemands seulement quatre jours après le début de l’offensive. Il fut occupé durant huit mois. Utilisé comme abri pour les troupes, il fut un pivot défensif essentiel. Conçu pour loger 800 hommes, il en accueillit plus de 3 500 soldats allemands et fut approvisionné abondamment en armement.
Les Allemands continuèrent leur avancée écrasante. L’objectif final du plan Gericht avant la route vers Paris ? La prise de la ville de Verdun. Pour cela, ils firent encore face aux différents forts constituant la ceinture défensive de la Meuse, c’est-à-dire, l’ouvrage de Thiaumont, Fleury-devant-Douaumont, ainsi que les forts de Souville et de Vaux.
Les troupes allemandes se regroupent le 1er juin et pilonnent la structure fortifiée. Les combats débutent au cœur des fossés du fort, mais les Français sont repoussés à l’aide de lances-flammes. De l’autre côté du fort, une brèche est percée et les Allemands arrivent à s’infiltrer dans celui-ci. Les combats s’engagent dans des couloirs restreints et obscurs dans lesquels les fantassins s’affrontent au corps à corps. On se bat à la baïonnette, à la pelle de tranchée, aux grenades et aux lance-flammes. Plus de 600 soldats se retrouvent pris au piège et luttent face à l’avancée allemande au cœur des galeries. La résistance, fragile, se maintient et certains réussissent à s’échapper à travers les interstices créés par les explosions d’obus. Les citernes d’eau sont éventrées par les explosions et les communications téléphoniques sont coupées.
Dans un dernier élan de résistance, le commandant Raynal envoie le dernier pigeon voyageur afin de demander une opération de dégagement. La bague attachée à la patte de ce dernier, il s’envole à travers les gaz asphyxiants et sous les tirs allemands. Il réussit à atteindre la citadelle de Verdun et reçut une bague d’honneur avec citation à l’ordre de la Nation. Surnommé Vaillant, celui-ci s’éteint des suites des inhalations de gaz. Une plaque en son honneur est aujourd’hui présente au sein du fort de Vaux. Comme Vaillant, plus de 300 000 pigeons furent utilisés durant le conflit dans la transmission de renseignements.
La tentative de dégagement du fort demandée par le commandant Raynal fut un échec. Assiégés durant sept jours, épuisés et assoiffés, les soldats français se rendent aux forces allemandes.
Face aux défaites déferlantes sur Verdun, il fut urgent de réorganiser le front. Joffre, commandant en chef des armées puis élevé au rang de maréchal à la fin de l’année 1916, décida de placer un général de 58 ans aux commandes de cette bataille : le général Pétain. Acteur victorieux de la bataille de la Marne, il réussit à percer le front allemand en Artois durant l’année 1915. Spécialiste de la guerre défensive, le général Pétain tient à stopper la progression allemande à l’aide de l’artillerie. Celle-ci doit s’organiser dans un grand ravitaillement massif sur un front désarmé. La « Voie Sacrée » organisée depuis Bar le Duc à Verdun se met progressivement en place, au sein de laquelle passent des milliers de convois d’armements et de soldats. Afin de ne pas épuiser les fantassins, des rotations furent mises en place.
Les Français tiennent leur position malgré les offensives allemandes. La guerre d’usure s’installe. Face au maintien français sur le territoire et la repousse des ripostes allemandes, la contre-offensive se met alors en place afin de récupérer les territoires perdus.
Une première tentative de reprise du fort se solde par un échec au mois de mai. L’offensive sur la Somme joue alors un rôle capital en faveur des Français, qui voient les Allemands contraints de renforcer le front situé plus au nord.
C’est le général Mangin qui est choisi afin de mener la reprise de l’ouvrage. Le 24 octobre après des répétitions au sein d’autres forts, l’assaut débute : le barrage, constitué du 38e régiment d’infanterie coloniale du Maroc et commandé par le lieutenant-colonel Régnier, se forme et parvient à avancer malgré la résistance allemande. Le fort est encerclé et le régiment parvient à y entrer aux alentours de 15h. C’est à la fin de la journée que le fort est repris au prix de la vie de 111 hommes du RICM durant l’affrontement. Le 26 octobre, les Allemands tentèrent d’effectuer deux contre-attaques qui furent repoussées. Pour ce glorieux fait d’arme, le drapeau du RICM reçut la Légion d’honneur.
Le second objectif de Mangin est la réoccupation du fort de Vaux. À partir des analyses des photos aériennes et de l’interrogatoire de prisonniers, le plan de l’opération se constitue. Le 2 octobre, les Français parviennent à intercepter un message radio allemand : le fort doit être évacué par l’armée allemande.
C’est le 298e, ainsi que le 118e RI qui sont chargés de la reprise du fort. Au matin du 3 novembre, à 1h, les troupes s’immiscent dans le fossé du fort. Ils parviennent aisément à s’introduire dans l’ouvrage fortifié et à en prendre possession. À 3h, l’avis d’occupation du fort est émis au poste de commandement du colonel du 118e RI.
Le fort de Douaumont et celui de Vaux sont des sites qui témoignent encore aujourd’hui de la vie des soldats durant la guerre à partir des chambrées, l’ancien emplacement des cuisines, des postes de commandement ainsi que des différentes scènes de combats ayant pu impacter les structures que peuvent visualiser les visiteurs. Véritable structure défensive, il est possible d’observer la tourelle 155 du fort de Douaumont. Les audioguides permettent d’accompagner les visiteurs à travers les récits des soldats ayant occupé les forts, agrémentés de photos, vidéos et documents d’archives. Le fort de Vaux, quant à lui, possède encore le poste du commandement, l’infirmerie, le poste de télécommunication, le pigeonnier ainsi que la casemate de Bourges avec ses deux canons 75[6]. Les deux forts accueillent chaque année plus de 45 000 personnes.
Au cœur du parcours du souvenir, près du fort de Douaumont, se tient un monument érigé en 1920 par l’architecte André Ventre et inauguré par le président de la République, Alexandre Millerand. Premier monument construit sur le site de Verdun, la tranchée des baïonnettes abrite les sépultures de sept fantassins français inconnus. Les 11 et 12 juin 1916, les soldats du 137e RI se battirent entre le bois Morchée et la ferme de Thiaumont. Touchés par l’artillerie, les Allemands enterrèrent les 21 corps dans une partie de la tranchée délaissée en laissant dépasser les fusils des sépultures sommaires afin de marquer l’emplacement d’une fosse commune.
Parmi ces soldats, seuls quatorze furent identifiés et placés dans la nécropole nationale de Douaumont. Une dalle de béton couvre, aujourd’hui, les sept croix des soldats inhumés où furent déposés à leurs côtés, des fusils et des baïonnettes brisées. Ce monument fut classé, le 20 septembre 2023, au patrimoine mondial de l’UNESCO parmi les 139 sites mémoriels de la Première Guerre mondiale.


Le mémorial de Verdun
C’est au sein du mémorial de Verdun, inauguré en 1967 et bâti sur l’emplacement de l’ancienne gare de Fleury-devant-Douaumont, à l’initiative et en présence de M. Maurice Genevoix, président fondateur du Comité national du souvenir de Verdun, que vous plongerez au cœur du champ de bataille à partir de l’exposition des sources témoignant des combats[7]. Le rez-de-chaussée du mémorial est dédié à l’expérience des combattants en première ligne.
Les obus et leurs éclats exposés au sein du mémorial démontrent le basculement dans une toute nouvelle ère technologique, alimentée par une révolution industrielle qui permet de mettre au point la construction d’environ 13 000 obus par jour dans les usines. Lors d’un combat figé, les obus représentent une arme redoutable permettant d’atteindre le fond des tranchées ennemies. Symbole majeur de la Première Guerre mondiale, ces obus tranchèrent les chairs par leur acier brisé en éclats, pour certains par leurs billes de shrapnel ou encore brûlèrent les poumons et les yeux lorsqu’il s’agissait d’obus à gaz.
En dix mois de combat et sur seulement 200 km², pas moins de 53 millions d’obus furent tirés sur le front de Verdun, dont 30 millions du côté allemand. Cette arme redoutée reste à l’origine d’un traumatisme profond pour ces soldats qui ne cessèrent d’entendre siffler l’arrivée d’un obus, prêt à exploser sur le no man’s land. Indissociables des visages mutilés, qualifiés ensuite de « gueules cassées », ils marquèrent également les paysages, meurtris et déboisés.
C’est au sein de ce paysage parfois enduit de boue que les hommes se battent et s’enlisent. Les bottes de tranchées témoignent des conditions météorologiques éprouvantes que devaient affronter les fantassins. Exposées au rez-de-chaussée du mémorial, elles témoignent de la difficulté des combats où les conditions climatiques jouent contre les fantassins de la première ligne. « La gadoue », surnom donné à la boue, emprisonnait les jambes de soldats. Le froid perce les corps et détruit le moral des troupes. L’humidité rendait les tranchées insalubres. Les engelures, véritable danger pour les hommes provoquaient la « maladie du pied de tranchée »[8] par l’infection de celles-ci, pouvant aller jusqu’à la gangrène.
Le site en ligne du mémorial vous permet également, par un long travail de recherches des historiens, de suivre des destins de combattants, d’infirmières… des témoignages poignants et justes qui donnent une voix et un visage à ceux qui étaient sur le front lors de ces 300 jours de combats. Des témoignages que l’on retrouve non pas au travers des mots, mais des seuls objets personnels tels qu’une malle exposée au mémorial. Celle d’un instituteur, célèbre par son ouvrage La guerre des boutons, publié en 1912.
Louis Pergaud, sous-officier au 166e régiment d’infanterie de Verdun, laisse derrière lui une parcelle de sa vie à travers ses biens personnels, tels que des chaussures, crayon, écharpe, boîte de cigarettes… Il meurt au cours d’un combat dans la Woëvre le 7 avril 1915 et son corps ne fut pas retrouvé.
Le mémorial a mis en place une scénographie réalisée par Christian Le Conte et Geneviève Noirot, qui plonge le visiteur dans le contexte et le déroulement du conflit à travers des dispositifs audiovisuels et des cartes animées accessibles à tous. Ce site est un lieu incontournable qui accueille plus de 140 000 visiteurs chaque année. Il permet de comprendre les aspects stratégiques, le déroulement des assauts ou encore l’expérience des soldats dans la tourmente de la guerre.

L’ossuaire de Douaumont et les nécropoles nationales
C’est un jour de décembre que s’achève la bataille de Verdun. Les troupes françaises en sortent victorieuses, mais à quel prix ? Une avancée de quelques km pour une totalité de 163 000 soldats morts pour la France. Le bilan humain du côté allemand se chiffre à 143 000 morts. Des chiffres qui semblent abstraits, mais qui s’illustrent aux seins des nombreuses sépultures qui ornent les dix-neuf nécropoles nationales de la Meuse. Au sein de ces nécropoles qui recouvrent 39 hectares, seuls 56 110 militaires français reposent, accompagnés de 7 580 soldats inconnus.
Cette guerre de dimension industrielle laisse disparaître les corps qui, pour certains, trop abîmés, ne peuvent être identifiés. Des découvertes dans le secteur de la Meuse sont toujours réalisées à partir des recherches menées par les historiens et archéologues. En effet, c’est en 2015 qu’un ouvrier a découvert des ossements sur le chantier du Mémorial de Verdun. Trois corps de soldats furent exhumés et une plaque fut identifiée au nom de Claude Fournier, sergent au 134e RI, né à Colombier-en-Brionnais et tué à l’ennemi le 4 août 1916 sur le champ de bataille. Il est encore difficile à ce jour de déterminer auquel des trois corps appartenait la plaque d’identification.
À la fin de la guerre, l’évêque de Verdun, Mgr Ginisty demande la construction d’un sanctuaire pour les soldats inconnus. Les premiers restes non identifiés recueillis sont placés dans une chapelle provisoire.
Aujourd’hui, l’Ossuaire aménagé sur le champ de bataille, accueille environ 130 000 corps non identifiés de soldats français et allemands. Ses murs sont ornés par les noms de 4 000 soldats disparus et vous trouverez sur la façade principale du monument, les blasons de 147 villes, régions et pays donateurs ayant participé au financement de l’édifice. Devant l’ossuaire, se trouve l’immense nécropole nationale de Douaumont où reposent plus de 16 000 soldats français. Il est également possible, si vous souhaitez vous rendre sur la sépulture d’un aïeul, de trouver son emplacement à partir du site internet officiel de l’ossuaire5.
L’ossuaire de Douaumont est également un site mémoriel de symbole de paix entre les deux nations, marqué par la célèbre poignée de main entre le président François Mitterrand et le chancelier Helmut Kohl en 1984 en hommage aux soldats tombés au combat. En 2016, lors du centenaire de la bataille, une seconde rencontre entre deux dirigeants, le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel, célébrait la paix en Europe.

Quel fut l’impact de la guerre sur les civils de Verdun ?
Témoignage d’une guerre totale, nombreux sont les villages disparus dans l’atrocité des combats et de l’artillerie tels que Beaumont-en-Verdunois, un village regroupant 186 habitants en 1911 ou encore le bourg d’Ornes situé en première ligne de l’offensive. Au total, neuf villages furent réduits à néant, ne laissant derrière eux plus que des vestiges. Les habitants furent évacués vers Verdun en 1914, mais certains se refusaient d’abandonner le peu qu’ils possédaient et périrent sous les éclats d’obus ou furent capturés par l’armée allemande.
Il est possible de se rendre sur la route de ces villages détruits tels que Fleury-devant-Douaumont, proche du fort de Douaumont, et qui comptait 422 habitants en 1913. Victime des bombardements allemands, le village n’est plus fait que de ruines au sein desquelles les combats furent rages, alternant les possessions françaises, puis allemandes, à seize reprises du mois de juin au mois d’août 1916, jusqu’à sa prise définitive par le régiment colonial du Maroc. Fleury-devant-Douaumont fut classé en « zone rouge » à la fin de la guerre, interdisant toute activité dans la zone, en raison de restes de cadavres ou munitions et fut décrété « mort pour la France » en 1918.
Des allées et bornes matérialisent aujourd’hui les rues et maisons de cet ancien village. La chapelle Notre-Dame de l’Europe fut érigée en 1934 et ornée de vitraux, réalisés par Jacques Gruber, rendant hommage aux fantassins. Elle représente le symbole des valeurs de paix de l’Union européenne.
Le village de Bezonvaux est également accessible, classé lui aussi « mort pour la France », il ne reste plus que la banalisation des différents emplacements des commerces et maisons autrefois debout, et qui témoignent de la guerre. Le site officiel du tourisme de Verdun a mis à disposition un circuit des villages détruits au sein duquel les visiteurs peuvent se rendre en suivant des balises tout en écoutant des vidéos de présentation des sites. Ce parcours historique permet de reconstruire au fil des indications ce que furent ces villages et la vie de ceux qui y logeaient avant leurs bombardements.
La route du souvenir de Verdun met en lumière les différents assauts, destins, stratégies qui se sont déroulés durant cette année 1916. Symbole de paix entre les deux nations, Verdun offre également de nombreuses expositions en lien avec l’actualité. À l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024, l’office du tourisme du Grand Verdun met en lumière les sportifs, hommes et femmes ayant participé à la bataille. Voyage pédagogique, Verdun est également un lieu de mémoire pour ces visiteurs venus découvrir ces sites patrimoniaux.
Pourtant, le nombre de visiteurs s’essouffle depuis la crise de la Covid-19. Alors, comment attirer de nouveau les populations ? Quelle place détiennent les sites patrimoniaux dans le devoir de mémoire ? Traces de l’histoire ou atout de divertissement, quelle est la frontière entre la pédagogie et le « dark tourism »[9] de marketing ? Les différents sites historiques du chemin du souvenir restent, avant tout, un témoignage essentiel, un contact direct, de ce que fut la bataille de Verdun.
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Bibliographie :
« Douaumont – Vaux, Fort de Douaumont », dans Tourisme Grand Verdun, Verdun, SEML Touristique du Grand Verdun, [en ligne] https://www.tourisme-verdun.com/sejour/post/fort-de-douaumont (dernière consultation le 31/07/2024)
« Douaumont – Vaux, Fort de Vaux », dans Tourisme Grand Verdun, Verdun, SEML Touristique du Grand Verdun, [en ligne] https://www.tourisme-verdun.com/decouverte/post/fort-de-vaux (dernière consultation le 31/07/2024)
« Fort de Douaumont », dans Land of Memory, Liège, Fédération du Tourisme de la Province de Liège, [en ligne] https://www.landofmemory.eu/sites-historiques/fort-douaumont/ (dernière consultation le 30/07/2024)
« La forêt de Verdun, gardienne des combats de la guerre et du front », dans Office national des forêts, Maisons-Alfort, Office national des forêts, [en ligne] https://www.onf.fr/onf/connaitre-lonf/+/1375::les-forets-au-front-la-foret-de-verdun-gardienne-des-combats-de-la-guerre.html (dernière consultation le 28/07/2024)
« Le soldat », dans Ossuaire de Douaumont, Douaumont, Fondation de l’Ossuaire de Douaumont, [en ligne] https://www.verdun-douaumont.com/soldat/#retrouver (dernière consultation le 27/07/2024)
« Le tourisme de mémoire, un enjeu national », dans Chemins de mémoire, Paris, Direction de la mémoire, de la culture et des archives, [en ligne] https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/revue/le-tourisme-de-memoire-un-enjeu-national#:~:text=Ainsi%2C%20la%20fr%C3%A9quentation%20des%20sites,%25%20par%20rapport%20%C3%A0%202013) (dernière consultation le 30/07/2024)
« Les collections du Mémorial de Verdun », dans Mémorial de Verdun, Champ de bataille, Verdun, Mémorial de Verdun, [en ligne] https://memorial-verdun.fr/museecollections/la-visite/les-collections (dernière consultation le 31/07/2024)
« Les destins de Verdun », dans Mémorial de Verdun, Champ de bataille, Verdun, Mémorial de Verdun, [en ligne] https://memorial-verdun.fr/museecollections/destins-de-verdun (dernière consultation le 30/07/2024)
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[1] GUÉNO Jean-Pierre, Paroles de poilus : lettres et carnets du front (1914-1918), Paris, Librio, 2012, 189 p., p. 102
[2] Interview de l’anthropologue Franck Michel dans LEFÈVRE Ambre, « Comment le tourisme s’empare des sites de mémoire de guerre », dans Ouest France, Rennes, Société Ouest-France, 2019, [en ligne] https://www.ouest-france.fr/normandie/assises-de-la-normandie/comment-le-tourisme-s-empare-des-sites-de-memoire-et-de-guerre-6222614 (dernière consultation le 01/08/2024)
[3] BECKER Jean-Jacques, L’année 14, Paris, Armand Colin, 2004, 319 p., pp. 121-152
[4] AFFLERBACH Holger, « Planning Total War? Falkenhayn and the Battle of Verdun, 1916 », dans CHICKERING Robert (éd.) et FÖRSTER Stig (éd.), Great War, Total War: Combat and Mobilization on the Western Front, 1914-1918, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, pp. 113-132, [en ligne] https://www.cambridge.org/core/books/abs/great-war-total-war/planning-total-war-falkenhayn-and-the-battle-of-verdun-1916/59DB99A13FFF71853A9756D8855F0D11 (dernière consultation le 01/08/2024)
[5] Nom de code donné à l’offensive sur Verdun qui littéralement se traduit par « tribunal », ou bien « Jugement dernier » à partir de l’expression « jüngste Gericht ». Commandée par le général von Falkenhayn, chef d’état-major des armées allemandes, qui voit la défense française déficiente, l’opération doit se solder par la prise de Verdun et l’ouverture de la voie menant à Paris.
[6] « Douaumont – Vaux, Fort de Douaumont », dans Tourisme Grand Verdun, Verdun, SEML Touristique du Grand Verdun, [en ligne] https://www.tourisme-verdun.com/sejour/post/fort-de-douaumont (dernière consultation le 31/07/2024)
[7] « Les collections du Mémorial de Verdun », dans Mémorial de Verdun, Champ de bataille, Verdun, Mémorial de Verdun, [en ligne] https://memorial-verdun.fr/museecollections/la-visite/les-collections (dernière consultation le 31/07/2024)
[8] Maladie provoquant des ulcères nécrotiques, provoqués par une exposition des pieds à l’humidité, à l’insalubrité et au froid. Mal traitée, la gangrène s’installe conduisant à l’amputation des pieds. Répandue durant la Première Guerre mondiale et causée par l’exposition météorologique des soldats, ainsi qu’aux conditions de vie sommaire au sein des tranchées, cette maladie fut surnommée « la maladie du pied des tranchées ».
[9] DELACOUR Hélène, VIRGILI Sandrine, et al., « “Des flammes à la lumière” : 100 ans de dark tourism autour du champ de bataille de Verdun », 31e conférence de l’AFM, Marrakech, Université de Lorraine, 2015, 21 p., [en ligne] https://ideas.repec.org/p/hal/journl/hal-01697928.html (dernière consultation le 01/08/2024)

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