Les relations entre la Macédoine et les cités-États grecques au milieu du IVe siècle av. n. è.
Depuis la fin de la guerre du Péloponnèse[1], les cités-États grecques avaient vu se succéder deux cités – Sparte, puis Thèbes – qui imposèrent leur pouvoir hégémonique[2]. Néanmoins, face aux dissensions quasi permanentes, une puissance venue du nord, la Macédoine, avec à sa tête le roi Philippe II (r. 360-336 av. n. è.)[3], s’insinua progressivement dans les relations grecques, jusqu’à s’interposer comme puissance dominante[4]. À l’instar de la Thessalie et de l’Épire, la Macédoine connut au IVe siècle une réorganisation politique qui s’inscrivait dans le dynamisme touchant à l’époque les régions de la Grèce du Nord : les tribus qui peuplaient le territoire se structurèrent en État fédéral[5].
Philippe II, répondant à l’appel des Larissiens de Thessalie en 353 lors de la troisième guerre sacrée[6], intervint auprès de plusieurs cités, annexant certaines d’entre elles, défendant d’autres – comme la cité de Delphes, face aux prétentions des Phocidiens (qui furent d’ailleurs jugés par l’amphictyonie[7], présidée par Philippe[8]) – et, en septembre 346, il présida même les Jeux pythiques, s’imposant comme chef panhellénique[9].
Néanmoins, toutes les cités-États grecques ne voyaient pas d’un bon œil la place accordée au roi macédonien et les relations entre le royaume et les Grecs – surtout les Athéniens – se détériorèrent entre 346 et 340 av. n. è. Acculées par la guerre sacrée, certaines cités-États grecques arrivaient au bout de leurs ressources et Philippe profita de l’occasion pour s’immiscer dans leurs affaires en convoquant un congrès panhellénique (appelé par la suite « amphictyonie ») à Pella[10], afin de trouver un accord entre les cités[11].

En 346 av. n. è., une ambassade athénienne fut envoyée auprès du roi macédonien, à Pella, aboutissant à la « paix de Philocrate »[12]. Athènes était alors divisée en deux camps : d’une part, se trouvaient les partisans du roi, menés par Philocrate et Eschine et, d’autre part, le parti d’un des plus célèbres orateurs athéniens, Démosthène (384-322 av. n. è.)[13]. Ce dernier mena une politique intransigeante en refusant toutes les propositions du roi Philippe, dont la révision du traité et la liquidation du contentieux relatif aux guerres du Péloponnèse. Il mena alors une politique belliqueuse en envoyant des clérouques[14] et un corps expéditionnaire en Chersonèse (343), et il dénonça les interventions directes et indirectes de Philippe dans le Péloponnèse, en Eubée et en Épire[15].
La guerre fut officiellement déclarée par les Athéniens à l’automne 340 et la cité, encouragée par les discours de Démosthène, finit par affronter Philippe et remporter la victoire[16]. Bien qu’il reculât sur le moment, le roi macédonien ne perdit pas de vue ses prétentions sur le monde grec et, profitant d’une nouvelle guerre amphictyonique, il revint sur le devant de la scène[17].
La bataille de Chéronée
En 339 av. n. è., éclata la quatrième guerre sacrée en Grèce centrale, opposant Athènes aux Locriens d’Amphissa. Philippe fut appelé comme chef de guerre par l’amphictyonie à l’automne 339 et il prit la forteresse béotienne d’Élatée, rejetant ainsi la confédération béotienne dans le camp athénien (mené par Démosthène)[18]. Une réunion diplomatique eut lieu entre les deux partis, mais l’intervention de Démosthène, envoyé comme représentant d’Athènes, empêcha tout compromis de paix :
« Le succès de l’orateur fut si grand et si éclatant que Philippe envoya aussitôt des hérauts pour demander la paix, que la Grèce se dressa et se coalisa en vue de l’avenir ; non seulement les stratèges athéniens, mais aussi les béotarques obéissaient à Démosthène et faisaient ce qu’il ordonnait ; son influence prévalait alors dans toutes les assemblées, aussi bien à Thèbes qu’à Athènes. »[19]
Les Athéniens prirent le parti des Thébains et ce fut dans ce contexte qu’au printemps suivant plusieurs combats s’engagèrent. D’abord autour de Delphes, puis en Béotie, l’armée macédonienne affronta, dans un combat décisif, les Thébains et les Athéniens à Chéronée, en août 338 av. n. è.[20].

L’armée macédonienne était composée, selon les mots de Démosthène, de « troupes légères, cavalerie, archers, mercenaires »[21]. Très mobile et inspirée en partie du « bataillon sacré » de l’armée thébaine d’Épaminondas, l’armée macédonienne possédait un équipement léger, dans lequel se trouvait la sarisse (la lance macédonienne)[22].

Nous ne possédons néanmoins aucun récit contemporain de la bataille, nous contraignant à recourir à des sources plus tardives ayant pu faire l’objet de modifications substantielles des faits[23] :
« Quand les deux adversaires furent prêts pour la bataille, ils se trouvèrent à égalité pour ce qui était du bon moral et de l’ardeur, et même de la bravoure, mais le roi avait l’avantage par le nombre des soldats et par ses capacités comme chef d’armée.
[…] Au lever du jour, comme les armées se rangeaient en bataille, le roi plaça au commandement de l’une de ses ailes son fils Alexandre, un adolescent dont la bravoure et la rapidité d’action étaient évidentes, en plaçant à ses côtés les plus importants de ses officiers. Lui-même, avec les troupes d’élite, avait le commandement de l’autre aile et il disposa les différentes unités de son armée comme le réclamait la situation présente. »[24]
Les Grecs étaient menés sur le champ de bataille par Démosthène, mais selon Plutarque :
« jusque-là il s’était montré homme de cœur, mais dans la bataille elle-même, il ne fit rien de beau ni qui s’accordât avec ses discours : il abandonna son poste, jeta ses armes et s’enfuit de la manière la plus honteuse, sans respecter même, comme le dit Pythéas, l’inscription de son bouclier qui portait en lettre d’or : “À la bonne Fortune.” »[25]
Finalement :
« une rude bataille s’engagea, qui durant longtemps en faisant de part d’autre de nombreux morts, l’espoir de remporter la victoire dans ce combat restant douteux. Mais ensuite, comme il faisait tous ses efforts pour donner à son père une démonstration de bravoure et n’hésitait pas à déployer une ardeur sans borne, et que beaucoup d’hommes valeureux combattaient pareillement à ses côtés, Alexandre fut le premier à rompre le front continu formé par la ligne ennemie et, en leur infligeant de lourdes pertes, il écrasait les combattants rangés en face de lui. Comme ses compagnons d’armes avaient agi de même, le front continu formé par la ligne ennemie fut progressivement enfoncé.
[…] Plus de mille Athéniens tombèrent dans la bataille et on ne fit pas moins de deux mille prisonniers. Pareillement, du côté des Béotiens, beaucoup furent tués et bon nombre capturés. Après la bataille, quand il eut élevé un trophée et consenti aux funérailles des morts, Philippe offrit en l’honneur des dieux des sacrifices d’actions de grâces et récompensa selon leur mérite les auteurs d’actes de bravoure. »[26]
À la suite de sa victoire, Philippe II conclut une paix commune et, l’année suivante, en 337 av. n. è., il forma la ligue de Corinthe, composée de l’ensemble des cités grecques, sauf Sparte, qui refusa de la rejoindre[27].
Il convient de préciser que cette bataille ne fut pas le reflet d’une guerre opposant un bloc grec aux Macédoniens. En effet, de nombreuses cités grecques avaient rejoint le parti de Philippe II, tandis que d’autres étaient restées neutres (Sparte, Argos, Rhodes). Selon l’historien Patrice Brun, « loin donc de constituer un front hellénique semblable aux guerres médiques, il s’agit avant tout d’un conflit entre deux antagonistes impérialistes »[28].

La domination macédonienne ne fit que s’affirmer dans les années suivantes et à la suite de l’assassinat du roi Philippe en 336 av. n. è., le royaume vit l’avènement d’un des hommes les plus célèbres de son histoire, mais aussi de l’Histoire : Alexandre le Grand.
Si vous avez aimé cet article, nous vous conseillons également :
Bibliographie
Amouretti Marie-Claire (éd.), Jockey Philippe (éd.) et Ruzé Françoise (éd.), Le monde grec antique, Vanves, Hachette supérieur, 2017, 351 p.
Baslez Marie-Françoise, Histoire politique du monde grec : des temps homériques à l’intégration dans le monde romain, Paris, Armand Colin, 2015, 318 p.
Brun Patrice, Le monde grec à l’époque classique : 500-323 av. J.-C., Paris, Armand Colin, 2016, 297 p.
Corvisier Jean-Nicolas, Philippe II de Macédoine, Paris, Fayard, 2002, 150 p.
Damet Aurélie, Le monde grec : de Minos à Alexandre (1700-323 av. J.-C.), Malakoff, Armand Colin, 2020, 326 p.
Diodore de Sicile, Bibliothèque historique. Livre XVI, Paris, Les Belles Lettres, 2016, CCXL & 202 p., texte édité et traduit par Gaillard-Goukowsky Danièle et Goukowsky Paul
Lefèvre François, « Amphictionie », dans Leclant Jean (dir.), Dictionnaire de l’Antiquité, Paris, PUF, 2015, 2389 p., pp. 97-98
Liegeois Liselotte, « Le 4 juillet 362 av. n. è. : la bataille de Mantinée », dans La Revue d’Histoire Militaire, Les Lilas, La Revue d’Histoire Militaire, 2023, [en ligne] https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2023/07/04/le-4-juillet-362-av-n-e-la-bataille-de-mantinee/ (dernière consultation le 10/09/2023)
Liegeois Liselotte, « Le 6 juillet 371 av. n. è. : la bataille de Leuctres », dans La Revue d’Histoire Militaire, Les Lilas, La Revue d’Histoire Militaire, 2023, [en ligne] https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2023/07/06/le-6-juillet-371-av-n-e-la-bataille-de-leuctres/ (dernière consultation le 10/09/2023)
Liegeois Liselotte, « Le 25 avril 404 av. n. è. : la fin de la guerre du Péloponnèse », dans La Revue d’Histoire Militaire, Les Lilas, La Revue d’Histoire Militaire, 2023, [en ligne] https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2023/04/25/le-25-avril-404-av-n-e-la-fin-de-la-guerre-du-peloponnese/ (dernière consultation le 10/09/2023)
Piérard Marcel, « Clérouque », dans Leclant Jean (dir.), Dictionnaire de l’Antiquité, Paris, PUF, 2015, 2389 p., pp. 515-516
Plutarque, Vie de Démosthène, Paris, Les Belles Lettres, 1976, 163 p., texte édité et traduit par Chambry Émile et Flacelière Robert
Villard Laurence, « Démosthène », dans Leclant Jean (dir.), Dictionnaire de l’Antiquité, Paris, PUF, 2015, 2389 p., pp. 656-659
[1] Liegeois Liselotte, « Le 25 avril 404 av. n. è. : la fin de la guerre du Péloponnèse », dans La Revue d’Histoire Militaire, Les Lilas, La Revue d’Histoire Militaire, 2023, [en ligne] https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2023/04/25/le-25-avril-404-av-n-e-la-fin-de-la-guerre-du-peloponnese/ (dernière consultation le 10/09/2023)
[2] Voir, entre autres, Liegeois Liselotte, « Le 6 juillet 371 av. n. è. : la bataille de Leuctres », dans La Revue d’Histoire Militaire, Les Lilas, La Revue d’Histoire Militaire, 2023, [en ligne] https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2023/07/06/le-6-juillet-371-av-n-e-la-bataille-de-leuctres/ (dernière consultation le 10/09/2023) ; Id., « Le 4 juillet 362 av. n. è. : la bataille de Mantinée », dans La Revue d’Histoire Militaire, Les Lilas, La Revue d’Histoire Militaire, 2023, [en ligne] https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2023/07/04/le-4-juillet-362-av-n-e-la-bataille-de-mantinee/ (dernière consultation le 10/09/2023), ainsi que les bibliographies afférentes.
[3] Il succéda en 360 av. n. è. à son frère Perdiccas III. Voir Corvisier Jean-Nicolas, Philippe II de Macédoine, Paris, Fayard, 2002, 150 p.
[4] Amouretti Marie-Claire (éd.), Jockey Philippe (éd.) et Ruzé Françoise (éd.), Le monde grec antique, Vanves, Hachette supérieur, 2017, 351 p., p. 256
[5] Damet Aurélie, Le monde grec : de Minos à Alexandre (1700-323 av. J.-C.), Malakoff, Armand Colin, 2020, 326 p., pp. 156‑157
[6] Quatre guerres sacrées eurent lieu entre 600 et 338 av. n. è. Il ne s’agissait pas de guerres religieuses, contrairement à ce que l’adjectif « sacré » laisserait à penser. Une guerre sacrée était une guerre durant laquelle l’un des belligérants était l’amphictyonie pyléo-delphique, c’est-à-dire l’association de cités et de peuples qui s’occupaient, en commun, du sanctuaire de Delphes. Voir ibid., pp. 161-162
[7] Selon la définition de François Lefèvre, il s’agit d’un « regroupement de peuples voisins ou proches d’un sanctuaire qui leur est commun et dont ils partagent l’administration. » Il y eut plusieurs associations de ce type dans l’histoire grecque antique, mais celle réunie autour du sanctuaire d’Apollon à Delphes (l’amphictionie pyléo-delphique) est la mieux documentée. L’amphictionie était chargée de l’entretien du sanctuaire, de l’organisation des concours Pythiques ou encore du contrôle des biens d’Apollon. Voir Lefèvre François, « Amphictionie », dans Leclant Jean (dir.), Dictionnaire de l’Antiquité, Paris, PUF, 2015, 2389 p., pp. 97-98
[8] Baslez Marie-Françoise, Histoire politique du monde grec : des temps homériques à l’intégration dans le monde romain, Paris, Armand Colin, 2015, 318 p., p. 188
[9] Amouretti Marie-Claire (éd.), Jockey Philippe (éd.) et Ruzé Françoise (éd.), op. cit., p. 256 ; Damet Aurélie, op. cit., p. 161
[10] Lieu où se trouvait la cour du roi macédonien depuis le règne d’Archélaos (413-399 av. n. è.). Voir ibid., p. 158
[11] Baslez Marie-Françoise, op. cit., p. 188
[12] À la suite de cette ambassade, Démosthène accusa Eschine de corruption et un procès eut lieu. Quelques années après, en 343 av. n. è., Philocrate, qui avait conclu la trêve avec Philippe II, fut condamné à mort par contumace. Voir Brun Patrice, Le monde grec à l’époque classique : 500-323 av. J.-C., Paris, Armand Colin, 2016, 297 p., p. 77 ; Damet Aurélie, op. cit., pp. 162-163
[13] Il fut l’un des orateurs les plus célèbres de l’histoire d’Athènes. Il s’apposa publiquement à Philippe II dès 352 av. n. è., qu’il identifia comme une grave menace pour Athènes. Voir Villard Laurence, « Démosthène », dans Leclant Jean (dir.), Dictionnaire de l’Antiquité, Paris, PUF, 2015, 2389 p., pp. 656-659 ; Brun Patrice, op. cit., p. 76-77
[14] Il s’agit de citoyens athéniens envoyés occuper des terres étrangères. Ils recevaient des lots de terre à entretenir, mais ils n’en étaient pas les propriétaires et ils pouvaient être remplacés périodiquement. Les clérouquies sont distinguées des fondations coloniales. Voir Piérard Marcel, « Clérouque », dans Leclant Jean (dir.), Dictionnaire de l’Antiquité, Paris, PUF, 2015, 2389 p., pp. 515-516
[15] Baslez Marie-Françoise, op. cit., p. 189
[16] Amouretti Marie-Claire (éd.), Jockey Philippe (éd.) et Ruzé Françoise (éd.), op. cit., pp. 256‑257
[17] Ibid., p. 257
[18] Baslez Marie-Françoise, op. cit., p. 189
[19] Plutarque, Vie de Démosthène, 18, 3, Paris, Les Belles Lettres, 1976, 163 p., p. 34, texte édité et traduit par Chambry Émile et Flacelière Robert : « Οὕτω δὲ μέγα καὶ λαμπρὸν ἐφάνη τὸ τοῦ ῥήτορος ἔργον, ὥστε τὸν μὲν Φίλιππον εὐθὺς ἐπικηρυκεύεσθαι δεόμενον εἰρήνης, ὀρθὴν δὲ τὴν Ἑλλάδα γενέσθαι καὶ συνεξαναστῆναι πρὸς τὸ μέλλον, ὑπηρετεῖν δὲ μὴ μόνον τοὺς στρατηγοὺς τῷ Δημοσθένει, ποιοῦντας τὸ προσταττόμενον, ἀλλὰ καὶ τοὺς βοιωτάρχας, διοικεῖσθαι δὲ καὶ τὰς ἐκκλησίας ἁπάσας οὐδὲν ἧττον ὑπ´ ἐκείνου τότε τὰς Θηβαίων ἢ τὰς Ἀθηναίων. »
[20] Baslez Marie-Françoise, op. cit., p. 189
[21] Troisième Philippique, 49.
[22] Damet Aurélie, op. cit., p. 160
[23] Le récit de Théopompe, auteur contemporain de Philippe II et ayant vécu à la cour de Pella, a malheureusement été perdu.
[24] Diodore de Sicile, Bibliothèque historique. Livre XVI, 85, 6 et 86, 1, Paris, Les Belles Lettres, 2016, CCXL & 202 p., pp. 113-114, texte édité et traduit par Gaillard-Goukowsky Danièle et Goukowsky Paul : « ἀμφοτέρων δὲ πρὸς τὴν μάχην εὐτρεπῶν γενομένων τοῖς μὲν φρονήμασι καὶ ταῖς προθυμίαις, ἔτι δὲ ταῖς ἀνδραγαθίαις ἐφάμιλλοι καθειστήκεισαν, τῷ δὲ πλήθει καὶ τῇ κατὰ τὴν στρατηγίαν ἀρετῇ προεῖχεν ὁ βασιλεύς. […] Ἅμα δ’ ἡμέρᾳ τῶν δυνάμεων ἐκταττομένων ὁ μὲν βασιλεὺς τὸν υἱὸν Ἀλέξανδρον, ἀντίπαιδα τὴν ἡλικίαν ὄντα, διάδηλον δὲ τὴν ἀνδρείαν καὶ τὴν ὀξύτητα τῆς ἐνεργείας ἔχοντα, κατέστησεν ἐπὶ θάτερον τῶν κεράτων, παρακαταστήσας αὐτῷ τῶν ἡγεμόνων τοὺς ἀξιολογωτάτους : αὐτὸς δὲ τοὺς ἐπιλέκτους ἔχων μεθ’ ἑαυτοῦ τὴν ἡγεμονίαν εἶχε τοῦ ἑτέρου μέρους καὶ τὰς κατὰ μέρος τάξεις οἰκείως τοῖς παροῦσι καιροῖς διεκόσμησεν. »
[25] Plutarque, Vie de Démosthène, 20, 2, op. cit., pp. 35-36 : « Μέχρι μὲν οὖν τούτων ἦν ἀνὴρ ἀγαθός· ἐν δὲ τῇ μάχῃ καλὸν οὐδὲν οὐδ´ ὁμολογούμενον ἔργον οἷς εἶπεν ἀποδειξάμενος, ᾤχετο λιπὼν τὴν τάξιν, ἀποδρὰς αἴσχιστα καὶ τὰ ὅπλα ῥίψας, οὐδὲ τὴν ἐπιγραφὴν τῆς ἀσπίδος ὡς ἔλεγε Πυθέας αἰσχυνθείς, ἐπιγεγραμμένης γράμμασι χρυσοῖς· ἀγαθῇ τύχῃ. »
[26] Diodore de Sicile, XVI, 86, 2-3 et 5-6, op. cit., p. 114 : « Γενομένης δὲ μάχης καρτερᾶς ἐπὶ πολὺν χρόνον καὶ πολλῶν πιπτόντων παρ’ ἀμφοτέροις μέχρι μέν τινος ὁ ἀγὼν ἀμφιδοξουμένας εἶχε τὰς ἐλπίδας τῆς νίκης. Μετὰ δὲ ταῦτα τοῦ Ἀλεξάνδρου φιλοτιμουμένου τῷ πατρὶ τὴν ἰδίαν ἀνδραγαθίαν ἐνδείξασθαι καὶ φιλοτιμίας ὑπερβολὴν οὐκ ἀπολείποντος, ὁμοίως δὲ καὶ πολλῶν αὐτῷ συναγωνιζομένων ἀνδρῶν ἀγαθῶν πρῶτος τὸ συνεχὲς τῆς τῶν πολεμίων τάξεως ἔρρηξε καὶ πολλοὺς καταβαλὼν κατεπόνει τοὺς καθ’ αὑτὸν τεταγμένους. […] τῶν δ’ Ἀθηναίων ἔπεσον μὲν ἐν τῇ μάχῃ πλείους τῶν χιλίων, ἥλωσαν δ’ οὐκ ἐλάττους τῶν δισχιλίων. ὁμοίως δὲ καὶ τῶν Βοιωτῶν πολλοὶ μὲν ἀνῃρέθησαν, οὐκ ὀλίγοι δ’ ἐζωγρήθησαν. Μετὰ δὲ τὴν μάχην ὁ Φίλιππος τρόπαιον στήσας καὶ τοὺς νεκροὺς εἰς ταφὴν συγχωρήσας ἐπινίκια τοῖς θεοῖς ἔθυσε καὶ τοὺς ἀνδραγαθήσαντας κατὰ τὴν ἀξίαν ἐτίμησεν. »
[27] Damet Aurélie, op. cit., p. 164
[28] Brun Patrice, op. cit., p. 79