La guerre bactériologique, un terme aussi mystérieux qu’effrayant. Pourtant, bon nombre de belligérants ont essayé d’utiliser des armes peu conventionnelles pour parvenir à leurs fins. C’est le cas en particulier du Japon de l’ère Shōwa[1] sur lequel nous revenons ici.
Dans les années 1930, le pays cherche à épargner ses soldats tout en infligeant un maximum de pertes à l’adversaire. Cela fait alors plusieurs décennies que sa politique étrangère est belliciste, tournée vers la conquête de nouvelles terres. Le pays est en quête de grandeur[2] et cherche à rivaliser avec les grandes puissances occidentales[3]. À l’époque, il contrôle une grande part de l’Asie du Nord-Est avec les îles Kouriles[4], le territoire de Taïwan et les îles Pescadores[5], la partie inférieure de l’île de Sakhaline[6] et la péninsule de Corée[7]. On constate donc que la politique coloniale du Japon est en pleine expansion depuis déjà un demi-siècle, constituant une sphère d’influence en Asie, mais aussi dans le monde.
Toutefois, il reste un territoire immense non conquis en Asie du Nord-Est. C’est la Chine, objet de convoitise à la suite d’une première guerre entre les deux puissances en 1894-1895[8]. Néanmoins, le Japon fait face à un réel défi démographique, car le pays ne compte alors que 66 millions d’habitants[9] contre un peu moins de 500 millions[10] pour les territoires chinois[11] qu’il souhaite envahir. Par ailleurs, les espaces à couvrir sont considérables.

Une idée émerge alors au sein de l’armée, celle de tester l’usage de bactéries comme arme dans cette guerre de conquête. L’arme bactériologique n’est pas nouvelle et a déjà été utilisée par le passé à de nombreuses reprises[12]. Sur le papier, le plan semble efficace pour engendrer des pertes massives en étant à l’abri de tout dégât d’ampleur. Le rôle de recherche est assigné à l’unité 731 qui opère dès 1932 et jusqu’à la défaite de 1945. Cette unité, officiellement rattachée au département de purification d’eau, analyse le développement de bactéries et mène des expériences diverses sur des cobayes humains. Ces hommes sont majoritairement chinois, russes ou coréens et sont nommés maruta[13] (« bout de bois » en japonais), le terme montrant le peu de valeur accordée aux prisonniers[14].
Les scientifiques de l’unité 731 nouvellement créée souhaitent utiliser ces bactéries pour décimer les ennemis chinois durant la seconde guerre sino-japonaise. Les chercheurs concentrent leur attention sur des maladies comme la peste, le choléra ou le typhus. Les méthodes envisagées sont alors interdites par le protocole de Genève de 1925, signé par le Japon. Ce dernier, n’ayant pas ratifié le texte n’est pas tenu de le respecter[15].
Cependant, une telle stratégie bactériologique ne va pas sans soulever bon nombre de frictions qui peuvent la rendre moins avantageuse qu’il n’y paraît.

Premier obstacle : propager les bactéries sans être touché
L’idée derrière cette stratégie est de décimer l’ennemi en rendant ses soldats inopérationnels et en saturant ses médecins militaires. Toutefois, la guerre bactériologique est très risquée car la maladie se propage sans faire de distinctions entre les armées. Il faut donc, pour le commandant de l’unité, Ishii Shirō, et ses hommes, trouver un moyen d’éloigner la menace en inoculant les bactéries sans être contaminé par ces dernières.
Plusieurs solutions sont alors envisagées.
- Première option : le largage aérien
Cette solution semble la plus prometteuse pour une guerre bactériologique. Un bombardement à distance sans contact direct, derrière les lignes ennemies, est envisagé. Cela est rendu possible sur le terrain par la supériorité technique des avions japonais sur les engins chinois[16], lorsque leur développement est achevé en 1943[17].
Le Japon dispose alors de nombreux bombardiers capables d’effectuer des vols à haute altitude. On peut citer les Mitsubishi G4M à titre d’exemple[18]. La solution paraît assez fiable pour le Japon, qui lance des recherches dans ce domaine et effectue des essais.
- Deuxième option : les sources d’eau contaminées
La deuxième option consiste à contaminer les sources d’approvisionnement chinoises. En effet, si l’on pense souvent à la supériorité technique de l’armement lorsqu’on évoque une guerre, il faut également se rappeler que la victoire passe aussi par la logistique et l’approvisionnement des différentes armées. En premier lieu, l’eau, ressource précieuse dans une guerre très mobile comme le second conflit sino-japonais. Néanmoins, la mise en place de cette solution exige d’avoir accès aux sources d’eau chinoises. À moins d’avoir des espions au sein de l’armée ennemie, cette possibilité paraît plus complexe à mettre en place ; toutefois, l’armée japonaise effectue des tests en la matière.
La solution envisagée est alors une retraite feinte de l’armée nipponne qui laisserait l’armée chinoise reprendre le contrôle d’une terre empoisonnée.
Ainsi, l’historien états-unien Harris Sheldon nous rapporte :
« Des germes de la peste, du choléra et de la paratyphoïde furent utilisés contre les Chinois par dispersion. Les bacilles pesteux furent disséminés au moyen de puces, et les autres directement – par contamination des réservoirs, des puits, des rivières, etc. »[19]
- Troisième option : les rations empoisonnées
Enfin, un dernier véhicule est testé pour propager une épidémie. C’est celui de la nourriture contaminée avec les bactéries[20]. Il s’agit d’un projet similaire à celui évoqué précédemment. L’idée paraît tout aussi séduisante pour les responsables de l’unité 731. Là aussi, on procède à des essais durant le conflit.
Pour atteindre les troupes adverses, les Japonais donnent des rations contaminées aux civils, mais aussi à des prisonniers relâchés volontairement. Ils souhaitent que les premiers contaminés propagent le mal à leurs compatriotes. Les membres de l’unité 731 distribuent à leurs cobayes du chocolat contaminé par l’anthrax, des cookies avec des germes de peste ou encore de la bière contenant le typhus.

Deuxième obstacle : les barrières techniques
Mais les problèmes s’enchaînent pour chacune des solutions envisagées.
Pour les bombes, il faut réussir à faire rentrer les bacilles[21] dans les projectiles et surtout ne pas tuer les souches avec la chaleur de l’explosion. Il n’est donc pas possible d’utiliser des bombes traditionnelles ou tout autre fabrication chargée d’un nombre trop grand d’explosifs. Toutefois, le problème inverse se pose également : en effet, il faut que les bactéries puissent sortir des bombes. Cela sous-tend donc une forme d’explosion ou d’ouverture du réceptacle. Tous ces détails techniques retardent la production et empêchent de fabriquer des armes bactériologiques à un rythme suffisant.
La solution est finalement testée sur le terrain en 1942 à Ningbo, dans l’est de la Chine, avec une première fabrication en céramique. Se trouvent à l’intérieur des puces infectées par le choléra et la peste. La céramique permet de ne pas tuer les souches à l’atterrissage tout en les libérant autour de la zone d’impact. En théorie, la solution paraît toute trouvée pour l’unité 731, avec un matériau peu coûteux qui plus est. Mais, dans la pratique, le résultat est plus que mitigé avec près de 109 victimes civiles[22], une propagation effective, bien que limitée. L’unité 731 poursuit donc ses recherches dans le domaine.
La deuxième solution paraît plus efficace avec des résultats plus concluants. On observe, pour l’empoisonnement d’eau, une contamination massive des troupes adverses[23]. Il reste cependant difficile d’estimer un nombre précis de victimes. L’expérimentation a lieu à Shandong en août 1942 et marque le premier, et sans doute unique, succès stratégique de l’unité 731. Néanmoins, des cas sont rapportés côté japonais, ce qui montre la dangerosité de l’arme bactériologique. On voit ici les limites de la deuxième solution : les maladies n’ont pas de camp. C’est donc un succès en demi-teinte qui n’a pas un impact stratégique tout à fait satisfaisant pour l’armée impériale.
Concernant la contamination de la nourriture, nous n’avons pas de source permettant de témoigner des résultats, ce qui laisse penser que, une fois de plus, ils sont limités.
Troisième obstacle : la fin de la guerre
La fin de la guerre en 1945 met un terme aux expérimentations de l’unité 731, qui ne parvient pas à effectuer des opérations d’ampleur sur le terrain[24]. L’efficacité de l’arme bactériologique nippone n’est donc pas testée à grande échelle et reste au stade d’expérimentation. Il faut donc se garder de voir l’arme bactériologique comme un échec stratégique complet. Le temps a sans doute été le facteur le plus déterminant dans ce manque d’efficacité, davantage que l’impuissance des solutions envisagées.
Concernant les bombes, l’historien Jean-Louis Margolin relate les déboires japonais :
« Celles-ci furent enfin mises au point en 1943-1944, soit un peu tard dans la guerre pour atteindre une fabrication à échelle industrielle. Cependant, à l’été 1945, trois millions de rats assuraient la nourriture d’un milliard de puces pesteuses, et seul le désarroi nippon lié à la rapidité de l’avance soviétique, en août, empêcha leur utilisation. »[25]
On peut donc supposer qu’avec une guerre un peu plus longue et moins défavorable au Japon, ces expérimentations auraient pu servir massivement sur le terrain.

Wikimedia Commons,
Quelle efficacité pour l’arme bactériologique pendant la seconde guerre sino-japonaise ?
Au vu de l’expérience japonaise, on peut tout de même être amené à douter de l’efficacité des bactéries dans une guerre. En effet, la production et l’utilisation sont risquées, coûteuses en argent comme en recherches, et les résultats sont incertains. Les essais de l’unité 731 ne sont donc pas vraiment concluants pour l’armée si l’on adopte un point de vue stratégique. Mais cela s’explique aussi, comme mentionné auparavant, par la fin de la guerre en 1945. Il ne faut pas conclure hâtivement que la bactérie est tout à fait inintéressante du point de vue stratégique dans tout type de guerre. En témoigne la récupération des recherches de l’unité 731 par les forces soviétiques et américaines après la guerre.
Alan Vanderbrouck, professeur à l’université de Floride, rapporte à ce sujet :
« Le gouvernement des États-Unis a activement cherché à dissimuler les expériences humaines du Japon après la guerre. Le général Douglas MacArthur, commandant suprême des forces alliées au Japon, a émis des ordres pour offrir aux scientifiques japonais une protection contre les poursuites pour crimes de guerre en échange de données scientifiques sur les armes biologiques, et les chefs d’État-major interarmées à Washington D.C ont sanctionné ces ordres. »[26]
Une chose est certaine, pour les deux camps, la stratégie fait fi de la moralité. Ces recherches sont gardées pour servir dans le cas d’un futur affrontement côté américain ou soviétique. Quant à Ishii Shirō, le commandant de l’unité, il n’a pas été jugé et connaîtra le même destin que bien des hauts scientifiques nazis : un pardon américain au bénéfice de sa science[27].
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[1] L’ère Shōwaest la période de 1926 à 1989 où l’empereur Hirohito est à la tête du Japon. On peut la séparer en deux parties bien distinctes, la première dont nous parlons ici s’étend jusqu’en 1945. Le Japon mène alors une politique fondée sur une idéologie nationaliste et expansionniste. Le gouvernement cherche à acquérir de nouvelles terres au nom de la supériorité japonaise et de la supposée protection des peuples, notamment vis-à-vis du voisin chinois.
[2] Depuis la fin du XIXe siècle, le pays souffre d’un certain complexe au regard de l’Occident. Il souhaite rejoindre la table des grandes puissances internationales. Peu à peu, il s’affirme, en particulier lors de la guerre russo-japonaise (février 1904 – septembre 1905) où il parvient à vaincre une puissance du vieux continent. Néanmoins, le pays enchaîne les déceptions. C’est particulièrement le cas après la Première Guerre mondiale. Le Japon y prend part et ses demandes sont peu considérées. On assiste alors à la montée d’une rancœur vis-à-vis des puissances occidentales, européennes et américaine.
[3] DOGLIA Arnaud, « Les violences de masse japonaises et leurs victimes pendant la “guerre de Quinze Ans” (1931-1945) », dans Mass Violence & Résistance, Paris, Sciences Po, 2011, [en ligne] https://www.sciencespo.fr/mass-violence-war-massacre-resistance/fr/document/les-violences-de-masse-japonaises-et-leurs-victimes-pendant-la-guerre-de-quinze-ans-1931-19.html (dernière consultation le 05/03/2023)
[4] Le Japon récupère la souveraineté des îles en 1875 d’un commun accord avec la Russie en signant le traité de Saint-Pétersbourg.
[5] Tous les deux acquis en 1895 après la première guerre contre la Chine avec le traité de Shimonoseki.
[6] Partie acquise lors de la guerre russo-japonaise et le traité de Portsmouth de 1905.
[7] La Corée est sous protectorat japonais depuis 1905, également depuis le traité de Portsmouth, et elle est totalement annexée en 1910.
[8] Cette guerre est une lutte de pouvoir entre les deux puissances rivales pour contrôler le territoire coréen. Elle marque un tournant : la Chine, historiquement dominante dans la région lors des siècles précédents, perd sa place au profit du Japon. On peut notamment voir ce changement par la perte d’influence de la langue chinoise dans les relations diplomatiques entre les deux pays. Elle est délaissée au profit de l’anglais plus couramment parlé au Japon.
[9] « Population by sex (as of October 1 of Each Year) -Total population (from 1920 to 2000) », dans e-Stat, Tōkyō, Official Statistics of Japan, 2000, [en ligne] https://www.e-stat.go.jp/en/stat-search/files?page=1&layout=datalist&toukei=00200524&tstat=000000090001&cycle=0&tclass1=000000090004&tclass2=000000090005&tclass3val=0 (dernière consultation le 23/02/2023)
[10] CARTIER Michel, « Croissance démographique et répartition de la population chinoise: 1880-1990 », dans Espace Populations Sociétés, vol. 13, n°2, Lille, Université de Lille, 1995, pp. 153-263, p. 209, [en ligne] https://www.persee.fr/doc/espos_0755-7809_1995_num_13_2_1691 (dernière consultation le 25/02/2023)
[11] Il convient de noter qu’on parle ici de la totalité de la population chinoise, mais celle-ci est alors loin d’être unie car elle est divisée en de multiples factions comme celle du Guomindang, du Parti Communiste Chinois (PCC) ou encore de l’État fantoche du Mandchoukouo, sous contrôle japonais dès 1932.
[12] Par exemple, lors du siège de Caffa en 1347, où les Mongols de la Horde d’or propulsent des cadavres pestiférés dans la ville assiégée. Voir WHEELIS Mark, « Biological Warfare at the 1346 Siege of Caffa », dans Emerging Infectious Disease, vol. 8, n°9, Atlanta, National Center for Infectious Diseases, 2002, [en ligne] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2732530/ (dernière consultation le 05/03/2023)
[13] WALLACE David et WILLIAMS Peter, La guerre bactériologique : les secrets des expérimentations japonaises, Paris, Albin Michel, 1990, 372 p., p. 52, traduit par ALBECK Raymond
[14] Ce manque de considération peut être expliqué par l’idéologie du régime, fondée sur la supposée supériorité japonaise. Les Coréens et les Chinois sont perçus comme inférieurs, ce qui facilite d’autant plus leur utilisation comme cobayes, les déshumanisant.
[15] Le protocole n’est ratifié qu’en 1945, après la fin de la guerre, en particulier en raison du développement d’armes bactériologiques pendant cette dernière.
[16] L’exemple type de cette supériorité technique est la bataille de Shanghai où l’aviation chinoise est plus nombreuse mais moins performante. Rapporté par HENRIOT Christian, « The Battle of Shanghai (January–March 1932): A Study in the Space-time of War », dans The Journal of Military History, vol. 85, n°1, Lexington, The Society for Military History, 2021, 308 p., pp. 76-94, [en ligne] https://shs.hal.science/halshs-03253428/document (dernière consultation le 23/02/2023)
[17] MARGOLIN Jean-Louis, « Guerre bactériologique et cobayes humains : l’Unité japonaise 731 », dans Témoigner : Entre histoire et mémoire, n°131, Bruxelles, Centre d’études et de documentation Mémoire d’Auschwitz, 2020, 168 p., pp. 52-65, p. 5, [en ligne] https://journals.openedition.org/temoigner/9383 (dernière consultation le 01/03/2023)
[18] Ces bombardiers ont prouvé leurs capacités en effectuant notamment des raids sur le territoire australien en 1942.
[19] Ibid., p. 261
[20] SHELDON Harris, « Japanese biomedical experimentation during the World War II era », dans Military Medical Ethics,vol. 2, Falls Church, Office of the Surgeon General, 2003, pp. 463-506, p. 487, [en ligne] https://www.laguardia.edu/maus/files/ethics-ch-16.pdf (dernière consultation le 05/03/2023)
[21] Les bacilles désignent un type de bactéries spécifique à la forme de bâtonnets.
[22] WATTS Jonathan, « Japan ‘bombed city with plague’ », dans The guardian, Londres, Guardian Media Group, 2002, [en ligne] https://www.theguardian.com/world/2002/aug/28/artsandhumanities.japan (dernière consultation le 25/02/2023)
[23] Rapporté par MARGOLIN Jean-Louis, art. cit., p. 7 ; issu de SHELDON Harris, art. cit., p. 487
[24] La fin de la guerre met définitivement un terme aux expérimentations, mais les troupes se retirent bien avant de bon nombre de territoires. C’est le cas dans le Pacifique face aux Américains et en Chine face aux Soviétiques et aux résistants.
[25] MARGOLIN Jean-Louis, art. cit., p. 5
[26] « The United States government actively sought to cover-up Japan’s human experiments after the war. General Douglas MacArthur, Supreme Allied Commander in Japan, issued orders to offer Japanese scientists protection from war-crimes prosecution in exchange for scientific »,VANDERBROOK Alan, « Imperial Japan’s Human Experiments Before And During World War Two », Orlando, University of Central California, 2013, 89 p., p. 55, [en ligne] https://stars.library.ucf.edu/cgi/viewcontent.cgi?referer=https://www.google.com/&httpsredir=1&article=3588&context=etd (dernière consultation le 01/03/2023)
[27] Cette politique a été menée par les États-Unis et l’URSS pour conserver les avantages technologiques ennemis allemands et japonais. Les Américains et les Soviétiques ont pu développer leurs propres politiques. C’est particulièrement le cas dans le domaine de l’armement et dans la fuséologie avec des figures éminentes du IIIe Reich et de l’Empire japonais. On peut notamment citer Wernher von Braun côté allemand qui travaille pour le IIIe Reich jusqu’en 1945 et qui, par la suite, est impliqué dans les programmes de la NASA pour emmener des hommes en orbite, puis sur la lune.