Complot a l'Italienne

Complot à l’italienne : la destitution de Mussolini – SANGUEDOLCE Alexandre

Cette recension a préalablement été publiée dans la lettre n°14 BIS de la Commission Française d’Histoire Militaire en avril 2022. Nous partageons ce texte avec leur autorisation et celle de l’auteur, Michel LOUSTAU.

Cette tragédie en cinq actes – un heureux choix de l’auteur – relate les événements survenus à Rome le samedi 24 juillet et le dimanche 25 juillet 1943. Le débarquement allié en Sicile (10 juillet) et le bombardement de Rome par l’US Air Force (19 juillet) ont donné des ailes à ceux qui veulent escamoter le fascisme pour sauver l’Italie et le trône de Victor-Emmanuel III : Grandi, Bottai, le maréchal De Bono, Ciano, gendre du Duce… Celui-ci, durant ces dix heures dramatiques passées dans l’étuve de la salle du Papagallo du Palais de Venise, apparaît à ses fidèles – Scorza, Galbiati – comme lucide mais passif et sans illusions. La « motion Grandi » obtient 19 voix sur 28, mais le dictateur ne se résout pas, au grand dam de sa femme Donna Rachele et de sa maîtresse Claretta Petacci, à faire arrêter les hiérarques félons, ni à appeler la 1re division cuirassée des Chemises noires M, dotée de Panzer III et IV et de canons d’assaut[1].

Entré chef du gouvernement à la Villa Savoia, Mussolini en sort prisonnier des carabiniers, et la reine Hélène, énergique Monténégrine, pressent que ce guet-apens ne portera pas bonheur à la monarchie de Savoie qui n’a plus que trois ans à vivre. Quant au « ras » de Crémone, Farinacci, leader du fascisme radical, exfiltré par les allemands à Rastenburg le 27 juillet, il est peut-être le seul homme qui ait osé, devant des nazis médusés, assener au Führer des vérités désagréables[2].

Dans sa postface, Olivier Pigoreau met avec justesse le doigt sur une réalité peu étudiée par la plupart des historiens, Bernard Plouvier excepté : la part non négligeable, dans la défaite du Reich, de la trahison d’une partie des dignitaires de l’état-major et de la diplomatie. à Rome, l’ambassadeur von Mackensen n’avait cessé d’envoyer des rapports lénifiants sur la situation dans la Péninsule. Mussolini et Hitler ne sont pas allés au terme de leur révolution, contrairement à Staline. Un 25 juillet 1943 et un 20 juillet 1944 étaient impensables en URSS, et pour cause[3].

Michel LOUSTAU secrétaire général de la Commission Française d’Histoire Militaire

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Bibliographie :

SANGUEDOLCE Alexandre, Complot à l’italienne : la destitution de Mussolini, Paris, Konfident, 2020, 230 p.


[1] SANGUEDOLCE Alexandre, Complot à l’italienne : la destitution de Mussolini, Paris, Konfident, 2020, illustrations pp. 102-103

[2] Ibid., pp. 210-213

[3] Ibid., p. 226

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