Léonard de Vinci : un génie aux multiples facettes

Le 2 mai 1519 décédait à Amboise (Touraine), au château du Clos Lucé, l’une des figures emblématiques de la Renaissance italienne puis française : Léonard de Vinci. Il a également eu un rôle important pour l’évolution de l’art de la guerre en étant un talentueux ingénieur militaire.

Né en avril 1452 dans la République florentine, en Toscane, il se place sous la protection de l’artiste Andrea del Verrocchio. Entre 1482 et 1499, il est au service de la famille milanaise des Sforza où il réalise ses premiers chantiers artistiques importants (par exemple sur le dôme de la cathédrale de Milan). C’est à cette époque que l’artiste entame des projets techniques et militaires, comme des maquettes de cités fortifiées. Or, l’épisode des guerres d’Italie amène le roi de France Louis XII à prendre le duché de Milan en 1499 et à chasser son duc, Ludovico Sforza.

Léonard de Vinci rentre alors au service des Vénitiens comme architecte et ingénieur militaire dès mars 1499. Ces derniers lui demandent de renforcer Venise face aux potentielles attaques navales ottomanes. À ce titre, il imagine plusieurs formes de protections, dont une défense amphibie – du jamais vu – avec la création d’un scaphandre à casque. Léonard est appelé par la suite auprès des grands de toute l’Italie : Florimond Robertet, César Borgia, Isabelle d’Este, le mathématicien Luca Pacioli, ou encore Nicolas Machiavel.

Son génie militaire se développe au cours de ces décennies. Par exemple, à la fin de l’année 1503, il retourne à Florence afin de développer des systèmes militaires existants, voire d’en imaginer de nouveaux. À ce titre, il dessine des arquebuses, une bombarde qui pourrait se charger par la culasse[1], ou encore des antiques engins de sièges comme la catapulte ou la baliste. En parallèle, il aliène pour un temps la peinture religieuse ou princière pour la représentation de scènes de guerre, comme la fresque de « La bataille d’Anghiari Doria », peinte entre 1503 et 1505.

Louis XII revient en Italie du Nord en 1509, où il passe par Milan au mois de mai. Léonard de Vinci y avait aménagé l’année précédente. Le roi de France le prend dans ses troupes pour sa qualité d’ingénieur militaire, puis se dirige vers… Venise ! Les Vénitiens se portent vers les Français et l’affrontement a lieu lors de la bataille d’Agnadel, le 14 mai 1509. C’est une victoire décisive de l’armée du roi de France. Cette dernière restera dans le Milanais jusqu’en 1512, et laissera au génie florentin la possibilité de se consacrer à la science pure au cours de cette période.

En 1515, François Ier succède à son oncle Louis XII. Il poursuit la politique de son prédécesseur en Italie, où il reprend le Milanais suite à sa victoire à Marignan. Il place sous sa protection Léonard de Vinci, et lui demande un certain nombre d’ouvrages d’art. Le mécène l’installe en 1516 en Touraine, au Clos Lucé, à proximité du château royal d’Amboise. Le sexagénaire florentin concentre son énergie au développement des châteaux, comme celui de Romorantin et un plan ambitieux pour le château de Chambord, notamment pour son escalier. Mais il meurt avant la réalisation de ces projets, le 2 mai 1519, à l’âge de 67 ans.

Léonard de Vinci a donc été un personnage éclectique par ses nombreux domaines d’études : peintre, sculpteur, homme de lettres, ingénieur… Son important savoir dans diverses disciplines lui a permis de faire évoluer l’art de la guerre par le développement technologique. Les autorités italiennes et françaises avaient compris son génie. À ce titre, il a imaginé et parfois réalisé de nombreux objets militaires : des vaisseaux volants s’inspirant des ailes d’un oiseau ; des armes de jets comme une catapulte à ressort ; des armes défensives d’approches comme des chars blindés en forme de tortue ; ou encore des plans de forteresses comprenant quatre paliers défensifs.

Pour aller plus loin :

ARASSE Daniel Arasse, Léonard de Vinci : le rythme du monde, Paris, Hazan, 2011, 543 p.

BOUCHERON Patrick (dir.) et GIORGIONE Claudio (dir.), Léonard de Vinci : la nature de l’invention (exposition, Paris, Cité des Sciences et de l’Industrie, 23 octobre 2012-18 août 2013), Paris, Universcience, 2012, 191 p.

Historia, n°865, Paris, Les Éditions Croque Futur, 2019

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[1] Il faut attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour voir les canons se chargeant par la culasse apparaître en Europe, comme le Krupp allemand ou l’artillerie de marine française.

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