Remarques et avertissements de l’auteur :
- L’article se veut apolitique et utilise selon les recommandations de l’Académie française le terme « la Biélorussie » plutôt que « le Bélarus ». L’adjectif utilisé sera donc « biélorusse ».
- Cet article traite notamment de la collaboration durant la Seconde Guerre mondiale. Il n’a aucune vocation à blanchir ni louer ce comportement. Le but de l’article est de montrer aux locuteurs francophones les vicissitudes et les ambiguïtés de la formation et de l’expression de l’identité nationale biélorusse.
- Les noms biélorusses seront donnés selon la translittération classique de Taraškievič de l’alphabet biélorusse en latin – la Łacinka. Les noms des grand-ducs lituaniens seront donnés sous leur forme lituanienne, suivie de la forme biélorusse entre parenthèses : Mindaugas (Mindoŭh).
- Le texte sera accompagné d’extraits de poèmes et de chants biélorusses traduits en français par l’auteur.
- Pour les dirigeants seront indiquées les dates de règne.
« Dès que je sens dans le cœur inquiet / De la peur pour la patrie, – / Je me rappelle de la sainte Porte de l’Aurore / Et des guerriers sur de redoutables destriers »[1] – ainsi commence l’un des plus célèbres poèmes écrits en langue biélorusse, la Pahonia (1916) de Maksim Bahdanovič. Pourtant, ce texte patriotique peut au départ étonner vu son contenu et son nom – la Pahonia (Vytis en lituanien : représentation héraldique d’un chevalier armé sur un destrier) est l’emblème de l’actuelle République de Lituanie et était, auparavant, celui du Grand-duché de Lituanie, tandis que la Porte de l’Aurore est un monument historique incontournable de Vilnius. Comment dès lors considérer comme patriotique un poème biélorusse louant quelque chose de lituanien ?
En général, c’est depuis cette question paradoxale que l’on commence à aborder en profondeur l’histoire biélorusse, souvent occultée par un plus important rayonnement de ses deux puissants voisins historiques : la Pologne et la Russie. D’ailleurs, ces deux mêmes pays refusaient souvent de reconnaitre toute indépendance culturelle des Biélorusses[2]. De nos jours encore, le débat persiste, même dans une Biélorussie indépendante depuis 1991, pour choisir le point de vue à adopter sur l’histoire des territoires composant aujourd’hui cet État.
Il nous a semblé utile et intéressant de fournir un prompt résumé en français de l’histoire biélorusse à travers ses symboles militaires[3], que l’on conçoit ici très largement : étendards des unités, thèmes guerriers dans des représentations culturelles, détails d’uniformes ou d’emblèmes, appellations et signes de différenciations adoptés par les unités militaires issues des territoires composant l’actuelle Biélorussie. Tous ces éléments, divers et variés par leur nature, constituent une partie importante de l’héritage culturel qu’ont légué à la Biélorussie les soldats qui se sont battus au fil des siècles pour une vie tranquille de leur patrie contre un envahisseur ou même pour leur propre vision du futur durant de sanglantes guerres officieusement ou officiellement fratricides.
Ceci afin de donner les éléments de compréhension de tiraillements culturels que connait encore jusqu’à nos jours ce territoire entre ses origines européennes orientales, manifestées historiquement par la prédominance de la religion orthodoxe, et en même temps son lien étroit et constant depuis les XIIIe-XIVe siècles avec l’Europe occidentale.
Dans le cas biélorusse, d’un point de vue politico-militaire, on peut réaliser une systématisation simple, mais très inégale dans le temps : une longue phase de naissance et d’affermissement de particularités nationales au sein d’États culturellement différents, un cours laps de deux ans, marqué, sur le plan de vue militaire, de nombreuses propositions de symbolique et d’uniforme marquant la volonté d’affirmer une identité propre et une dernière étape, concernant la période contemporaine.
Du cavalier médiéval au cavalier héraldique, la naissance d’un symbole « historique »
« La lumière naquit à Połack »
« La lumière naquit à Połack »[4]. Voilà une phrase que l’on jugerait bien égoïste et prétentieuse si l’on arrache l’expression de son contexte. Cette expression, tirée de l’un des poèmes de Ryhor Baradulin, est bien sûr à prendre au sens figuré et dans le contexte de l’histoire biélorusse. Car c’est bien à Połack[5] que furent posées pour la première fois les prémices d’un État centralisé sur ce territoire par les Kryvičy, l’une des trois tribus slaves constitutrices de la future nation biélorusse[6]. Dévastée et incluse dans la Rus’ de Kiev[7] par saint Vladimir en 980, la principauté adopte le christianisme de rite grec en 988, après le baptême du grand-prince à Chersonèse. L’invocation par les guerriers de l’aide et de la bénédiction divine, manifestée par les prières, mais aussi par la présence[8] sur la hampe et sur l’étendard d’une croix grecque (huit pointes) dorée, contribue à façonner une culture chrétienne orientale sur les territoires de la Rus’ de Kiev, avec le développement en parallèle d’un système féodal[9], caractérisé par les étendards portant le sceau personnel du dirigeant[10].
Pendant la période kiévienne, s’illustre dans l’histoire de Połack le règne du prince Usiasłaŭ (1044-1068 ; 1071-1101). Bien qu’ayant laissé peu d’impact sur la symbolique militaire, il est important de mentionner ce prince, dont la vie s’inscrit dans un combat illustrant la singularité de la principauté de Połack : la lutte entre les descendants d’Iziaslaŭ de Połack et les descendants de Yaroslav de Kiev. Certes, il n’est pas pertinent de parler de volonté d’indépendance par sentiment national, ce terme étant inapplicable au Moyen Age. Toutefois, cette lutte[11] illustre, outre des enjeux de pouvoir à Kiev, une forte volonté d’autonomie locale, qui justifiera par la suite une politique plus indépendante, caractérisée notamment avec un rapprochement de plus en plus étroit avec les populations baltes, en particulier pendant les XIIe et XIIIe siècles.
Le XIIIe siècle sonna la fin des États purement slaves sur le territoire de la future Biélorussie, qui ont décliné avec l’ensemble de la Rus’ de Kiev, jusqu’au point de ne plus pouvoir s’unir face à un voisin devenu trop puissant.
Les Biélorusses, fiers héritiers de la gloire des chevaliers de l’Europe … de l’Est ?
Pendant ce temps, à l’Ouest, sur les rives du fleuve Nioman, grandissait en puissance le Grand-duché[12] de Lituanie, fondé par Mindaugas (Mindoŭh : 1236-1263). Cet État constitue une étape fondamentale dans le développement de l’identité biélorusse. D’abord, brièvement, parce que se posa la distinction par rapport aux russes et ukrainiens[13]. Ensuite, parce qu’alors est créé un blason qui marquera profondément la symbolique militaire biélorusse. Il s’agit de l’emblème du grand-duché, appelé en biélorusse Pahonia (biél. Poursuite ; francisé en Pahonie).

Cette représentation, en termes simples, d’un cavalier armé sur un destrier, galopant vers la gauche, tenant une épée dans sa main droite et un bouclier dans sa main gauche ne s’est affirmée[14] que pendant les règnes de Jogaila (Jagaiła : 1377-1386 env.) et Vytautas (Vitaŭt : 1392-1430). Ce blason devient prépondérant dans le Grand-duché : le chroniqueur polonais Jan Długosz rapporte dans ses Annales que lors de la bataille de Grunwald du 15 juillet 1410, qui se solde par une victoire majeure des chevaliers polonais et lituaniens contre l’Ordre teutonique, la Pahonia fut utilisée par trente (sur quarante) bannières lituaniennes, avec des variations de couleurs du cheval et du caparaçon en fonction de l’origine de l’enseigne[15]. Parmi ces trente, se trouvaient les soldats issus des districts de recrutement de Połack, Viciebsk, Pinsk, Navahrudak[16] et autres. Cet emblème bien guerrier fut ensuite transposé dans l’administration civile, devenant le blason unique de l’ensemble du Grand-duché[17], auquel finirent par s’identifier tous ses habitants. Mais le temps avançait, et vers la fin du XVIIIe siècle, l’existence même de la République des Deux Nations[18], dont la Lituanie était un État fédéré à part égale avec la Pologne, fut contestée.
Le dilemme du XIXe siècle : abandonner, figer ou enrichir l’identité d’un État disparu ?
À la fin du XVIIIe siècle, la République des Deux Nations s’épuise dans les luttes intestines et disparait de la carte politique européenne de manière définitive en 1795, après l’échec de l’insurrection de Kasciuška de 1794. Se trouvant incorporés définitivement[19] dans l’Empire russe, les Biélorusses vont voir se développer deux manières différentes de porter leur identité.

À noter ici la présence de la Pahonia et du nom « biélorusse », preuve que les contemporains liaient les deux (Wikimedia Commons).
La première est la voie russophile. Conformément au courant zapadnorussiste, les Biélorusses se voient reconnaitre une sorte de sous-identité au sein d’une seule et unique identité panrusse, appliquée à tous les Slaves de l’Est. De ce fait, le pouvoir impérial a agi de manière double : l’assimilation était ardemment souhaitée, comme en témoigne la décision d’Alexandre Ier du 12 décembre 1812[20], mais une histoire propre, antérieure au rattachement à la Russie, est reconnue. Ainsi, par exemple, a été créé en 1803 un « régiment biélorusse de hussards », reprenant sur son insigne une Pahonia, placée sous l’aigle bicéphale impériale[21] (ci-contre, version de 1903[22]). De pareils procédés s’observent pour le régiment des hussards de Hrodna ou le régiment lituanien de la garde impériale, composé en partie par des recrues biélorusses[23].
La symbolique militaire biélorusse commence alors à s’enrichir des traditions russes, comme la couleur verte des uniformes, qui est surement celle qui est actuellement la mieux conservée et la plus visible dans la symbolique militaire actuelle.
Toutefois, le rattachement à l’empire russe n’a pas suscité l’unanimité, en particulier au sein de l’aristocratie, qui se sert de la première occasion qui se présente à elle pour prendre les armes – Napoléon. Cinq bataillons de cavalerie[24] sont donc créés et portent un uniforme de style polonais, mais avec, encore une fois, la Pahonia, placée sur la shapska soit au centre d’une aigle polonaise, soit seule. De cette manière, on peut constater que l’usage de ce cavalier héraldique médiéval était devenu une condition sine qua non d’auto-identification pour les populations de l’ancien Grand-duché.

Après la défaite de Napoléon, les indépendantistes se sont encore soulevés par deux fois : en 1830 et en 1863[25]. Si la première ne laissa que peu de traces dans l’histoire biélorusse, la seconde amena une petite révolution. En effet, Kastuś Kalinoŭski[26] (1838-1864), qui était en charge du gouvernement provisoire (insurrectionnel) de Lituanie, a imposé comme mot de passe sur les anciens territoires slaves du Grand-duché la question et la réponse suivantes : « – Qui aimes-tu ? – J’aime la Biélorussie ». On retrouve ici la dualité propre à cette période : traditionnellement, le terme Biélorussie a été utilisé dès le XVIe siècle par les Russes pour parler de territoires biélorusses incorporé dans leur État, alors que les indépendantistes préféraient parler de Lituanie. Ainsi, le terme Biélorussie s’ancre non seulement parmi les russophiles, mais également parmi les indépendantistes, alors que Kastuś Kalinoŭski entrait, après son exécution en 1864, dans la légende comme un défenseur du peuple biélorusse[27].
L’enfer de la guerre civile russe : un kaléidoscope d’opportunités[28]
La République populaire biélorusse, un projet éphémère mais riche en nouveautés
Frères, nous approchons du bonheur :
Que le tonnerre tonne encore plus fort !
Nous ferons naitre dans les sanglants malheurs
De notre République le corps ![29]
C’est en 1917, pendant la Grande guerre et les Révolutions russes que commence notre prochaine étape dans l’étude de la symbolique militaire dans l’histoire biélorusse. En effet, à peine les troubles à Petrograd débouchaient sur un Gouvernement provisoire que la Biélorussie tentait de se doter de symboles. Le 25 mars 1917 se tient le premier congrès biélorusse et un an après jour pour jour, le 25 mars 1918, la République populaire biélorusse officialisait le drapeau blanc-rouge-blanc[30]. Selon l’une des versions de sa création, il fut conçu par Klaŭdzi Duž-Dušeŭski[31] conformément aux exigences de l’héraldique européenne, à savoir en conformité avec les couleurs dominantes du blason. Or, le blason choisi était la Pahonia, où dominaient le rouge et le blanc.

La mesure, même provisoire, connut une application directe sur le champ de bataille. Par décision du 24 octobre 1917 du Conseil central militaire biélorusse (biél. Цэнтральная беларуская вайсковая рада) les soldats se revendiquant biélorusses pouvaient porter un ruban blanc-rouge-blanc[32].
En soi, il s’agit ici simplement d’une consécration par un État, fut-ce éphémère, d’une continuité historique. Mais il y a un petit détail qui mérite pourtant toute notre attention. Il s’agit de la terminologie. Pour la première fois, il y a eu une tentative de personnaliser l’héritage du Grand-duché pour faire ressortir un particularisme biélorusse. On le constate à travers le projet de décorations étatiques, plus précisément la Croix biélorusse de Połack[33], destinée tant aux militaires qu’aux civils. On remarque immédiatement que le nom renvoie au duché médiéval. Mais pourquoi Połack ? Au départ, la croix, dont la version finale (ci-contre à gauche)[34] possède deux barres parallèles de longueur égale ce qui la rend similaire à la croix lituanienne de Vytis, devait rassembler à une relique nationale biélorusse : la croix (ci-contre à droite)[35] de sainte Eŭfrasińnia de Połack. Réalisée en 1161 et considérée comme un « chef-d’œuvre de notre [=biélorusse] culture médiévale »[36], vénérée tant par les orthodoxes que les catholiques[37], cette croix permettait de donner un sens à l’ensemble du passé biélorusse pour affirmer dans le présent leur identité[38].


Ainsi, la République populaire biélorusse a tenté d’unifier, tant sur le plan civil que dans ses dispositions militaires la symbolique du Grand-duché de Lituanie avec la période qui le précède, qui a également été fondamentale dans l’affirmation d’une identité biélorusse.
« Pour notre liberté et pour la vôtre »[39] : les Biélorusses dans les armées voisines
N’est pas morte la Patrie, ni la gloire, ni la liberté,
Et à nous, amis biélorusses, sourira le destin,
Périront nos ennemis comme la rosée du matin,
Et règneront les Biélorusses dans leur contrée ![40]
Pourquoi donc entonner en biélorusse un chant calqué (et, dans le cas du premier couplet, pourrait-on même dire plagié) sur l’hymne national ukrainien et ce au sein d’un régiment de l’armée lituanienne ? La réponse à cette question est simple : n’ayant pas eu le temps d’affirmer son autorité auprès de la population, la République populaire biélorusse, portée qui plus est par les baïonnettes prussiennes qui étaient loin de susciter l’adhésion de la population, n’a même pas eu le temps d’organiser une milice (et surtout pas une armée) face à une armée bolchévique très motivée et nombreuse.
Dès lors, les Biélorusses se retrouvaient morcelés : une très faible minorité se trouvait sur le territoire letton, une minorité historique plus importante vivait dans la région de Vilnius et le reste se trouvait sur la ligne de front constamment changeante entre les Polonais et les Russes. Dans cette situation, pour s’attirer si pas l’amour, du moins l’approbation de la population, les belligérants établissaient des unités nationales biélorusses. Leur uniforme, faute d’en avoir fixé un pendant l’époque de l’éphémère République, était essentiellement celui de l’armée dans laquelle il se trouvaient. D’un point de vue de la symbolique, en tout cas, cela ne variait nulle part : tant la BVK[41] que le régiment spécial en Lituanie ou les Missions diplomatico-militaires dans les Pays baltes arboraient la Pahonia. Tous les officiers la portaient sous une forme ou une autre (colorée/en bronze, sur un disque ou un écu…) en tant que cocarde sur leur casquette[42] et au sein de la BVK elle était même présente sur les galons en 1919[43]. Ci-contre, une photographie de 1919[44] représentant un bataillon de hussards à Hrodna, ville de la Biélorussie occidentale située de nos jours presque sur le point de rencontre entre les frontières de la Biélorussie, de la Pologne et de la Lituanie, portant des drapeaux blanc-rouge-blanc et avec une Pahonia affichée sur le balcon.

Mais cette guerre civile, il faut s’en rappeler, fut gagnée par les Rouges. La question des raisons de ceci peut légitimement naitre, mais elle fait partie d’un débat à part ne nous concernant pas ici. Les paysans ne comprenaient pas l’enjeu d’une nouvelle guerre juste après un conflit mondial meurtrier et se sont, pour la très grande majorité, soit abstenus de prendre part au conflit, soit engagés dans l’Armée rouge. Celle-ci ne prêtait pas attention au caractère national de ses combattants, ce qui explique une prédominance d’inscriptions en russe et une application inconditionnelle d’un uniforme commun – pour la première fois, des étoiles rouges font leur apparition dans les uniformes biélorusses.
Et lorsqu’approcha l’heure de la nouvelle épreuve, chacun fut confronté à sa conscience et ses convictions pour faire son choix.
Le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale : des symboles récents et glorieux plutôt qu’anciens et ternis
Collaborer : des symboles d’espoir national ou des attributs de bourreaux infernaux ?
Tant dans les jours beaux du bonheur,
Que dans les jours bruns du malheur,
Du premier cri rappellez-vous :
« La Biélorussie est avant tout ! »[45]
Le phénomène de la collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale a connu beaucoup de facettes en Biélorussie[46]. Comme dans le cas de tous les mouvements de collaboration, chacun avait ses raisons de servir l’occupant, mais leur étude n’est pas dans notre sujet. En ce qui nous concerne, on peut relever un phénomène majeur du point de vue de la symbolique nationale : la création en 1944 de la BKA (Biełaruskaja Krajovaja Abarona ; biél. Défense régionale biélorusse). Contrairement aux autres unités collaborationnistes biélorusses, la BKA avait comme particularité, d’après ses fondateurs[47], de devenir une armée nationale biélorusse après une victoire allemande. Cette différence se remarque dans le choix des grades et insignes : contrairement aux unités biélorusses de la SS[48], la BKA portait sur le col non pas des insignes de grade, mais des insignes rouges avec une croix blanche à six pointes[49], héritage du Grand-duché et, en conséquence logique, de l’éphémère République de 1918, qui signalaient uniquement l’appartenance nationale de l’unité. Leurs galons portaient sur eux non pas des étoiles du modèle allemand, mais des représentations de centaurée, fleur nationale biélorusse[50]. Quant à la Pahonia, elle fut placée comme cocarde[51]. Cette forte biélorussisation de tous les insignes militaires s’explique notamment par la présence au sein des collaborationnistes de nombreux officiers[52] des temps de la guerre civile, qui ne voulaient pas perdre, pour ainsi dire, l’opportunité de créer une armée nationale. Objectivement, il faut bien admettre que ces projets demeurent la version la plus aboutie d’une symbolique purement biélorusse, au point que dans les années 1990, plusieurs projets avaient repris leurs propositions, comme l’utilisation des centaurées[53] ou des insignes de col à la croix blanche à six pointes pour la garde d’honneur[54].
Mais se pose la question : à quel prix ? Voulant coute que coute acquérir l’indépendance nationale et la reconnaissance d’une identité propre, les civils et surtout les militaires qui ont choisi la collaboration avec l’occupant n’ont réussi qu’à ternir les symboles qu’ils ont employés et défendus, en s’associant aux massacres perpétrés contre la population, fut-ce directement, comme dans le cas de la police, responsable de la traque des résistants, ou non. Le désir d’indépendance se retrouva, pour une écrasante majorité de la population, noyé par les exactions et la barbarie. Les rappels de ces moments tragiques ne sont pas notre sujet, mais à titre de pur exemple, on peut citer que pour seulement quelques tués dans les combats contre les résistants le 13 décembre 1942, furent exécutés 142 des 165 habitants du village de Trahimovičy (région de Hrodna) et toutes les maisons sauf une furent brûlées[55]. Ainsi, la Seconde Guerre mondiale a été un traumatisme énorme pour les populations biélorusses, qui explique l’assimilation de la symbolique traditionnelle et historique au nazisme et ses horreurs.
Quelle place aux symboles historiques dans l’Armée biélorusse aujourd’hui ?
Gloire à toi, nom radieux de notre terre,
Gloire à toi, union fraternelle des peuples !
Notre aimée mère-Patrie,
Éternellement vis et fleuris, ô Biélorussie ![56]
Pour les Biélorusses, la période soviétique d’après-guerre[57] devint une période associée à la paix, vu que les conflits auxquels participait l’Armée Rouge pendant la Guerre froide n’avaient jamais eu lieu sur le territoire biélorusse, ce qui constituait pour la population locale une période de paix durable. Le lien avec l’époque soviétique était également étroit grâce à la participation de la majorité de la population soit au mouvement de la résistance, soit sur la ligne de front pendant la Grande guerre patriotique, appellation retenue en Russie comme en Biélorussie pour désigner la période de la Seconde Guerre mondiale entre le 22 juin 1941 et le 8/9 mai 1945. Après le conflit mondial, les combattants d’origine biélorusse ont combattu sous les symboles soviétiques sans relâche durant la guerre froide, le dernier conflit majeur étant l’Afghanistan.
Ayant en tête les exemples récents de leurs compatriotes qui se sont illustrés dans les nombreuses guerres, il n’est pas étonnant de voir que dès 1993, les étoiles de style soviétique (mais argentées) sont de retour dans les projets de galons, essayant de réunir au mieux les traditions historiques (drapeau blanc-rouge-blanc, officiel entre 1991 et 1995) et l’héritage soviétique. La question est tranchée en 1996[58], lorsqu’est adopté l’uniforme actuel, qui ne varie plus substantiellement jusqu’à nos jours. Les modifications postérieures ne sont rien de plus que des simples corrections ponctuelles. Sa symbolique est très claire : les galons avec une pointe en forme de trapèze sont hérités de l’armée impériale russe, alors que les étoiles (désormais dorées) et les autres éléments de l’uniforme (comme les insignes de col) proviennent de l’armée soviétique.
Toutefois, il faut noter que même un uniforme à éléments empruntés peut évoluer jusqu’à devenir une part de plein droit de la conscience nationale. Cela peut se faire simplement par le temps qui passe, mais aussi par des modifications stylistiques. On peut citer le très ambitieux exemple de la volonté de Moscou de créer vers la fin de la Seconde Guerre mondiale des armées véritablement nationales, dont l’uniforme, taillé sur le modèle russe, serait reprendrait visuellement les symboles de la nation. Le projet[59] de la BAA (Biełaruskaja asobnaja armija : biél. Armée particulière biélorusse) ne verra jamais le jour, mais laissera des projets très intéressants, qui utilisent tant les couleurs traditionnelles biélorusses (rouge et blanc) que des éléments d’habit national.
Ensuite, regardant de plus près, on peut également constater que l’on appelle aussi parfois à une symbolique traditionnelle locale, ancrée dans la nature. Par exemple, l’usage du chêne, dont les premières utilisations dans la Biélorussie indépendante remontent au projet de 1993, établissant comme cocarde pour les Forces intérieures l’emblème national ceint d’une couronne de feuilles de chêne[60]. Actuellement, sur l’emblème officiel des forces armées biélorusses (ci-contre)[61], il y a une partie d’une couronne de feuilles de chêne et l’uniforme du maréchal de Biélorussie possède sur le col une grande feuille de chêne dorée. Ce choix place la symbolique militaire biélorusse non seulement dans les pas de l’Armée rouge ou dans une parenté avec les actuelles Forces armées de la Fédération de Russie, mais la lie également à un symbole très européen de force et de bravoure. De plus, ce n’est pas la première fois que le chêne apparait dans les unités biélorusses, car il fut dans les années 1920 également le symbole d’une organisation de saboteurs anticommunistes, Zialony dub (biél. Chêne vert), et fut également envisagé dans les projets des collaborationnistes pour servir, porté sur le col de l’uniforme, d’insigne des généraux de la BKA[62]. On ne saurait évidemment pas parler de continuité, ce qui serait absolument faux, mais il est intéressant de voir que les choix pour illustrer l’identité nationale dans les forces armées peuvent se tourner, indépendamment des positionnements idéologiques, vers des symboles identiques.

Il serait également malhonnête de ne pas mentionner que la Pahonia, dont l’utilisation fut effectivement abandonnée depuis 1996, est non seulement reconnue en tant qu’héritage culturel, mais a également trouvé sa place dans la symbolique actuelle, puisqu’elle est présente sur l’emblème du corps des cadets (élèves-officiers) de Viciebsk. De la même manière, il faut noter qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale Moscou réflechissait très sérieusement à la constitution de véritables
La symbolique militaire a joué un rôle qui lui est bien propre dans l’histoire biélorusse, en illustrant les affiliations culturelles et politiques de ce peuple au fil du temps. Actuellement, les Forces armées de la République de Biélorussie combinent un héritage pluriséculaire, issu de traditions diverses : on y retrouve des symboles naturels, voire païens, comme le chêne ; l’écu du Grand-duché de Lituanie, qui est un élément clé de l’identité biélorusse ; mais également un fort héritage russe et soviétique, cher à ceux qui savent également honorer la mémoire de tous les soldats qui sont tombés en remplissant leur devoir envers leur patrie, fut elle privée de souveraineté pendant un temps et nonobstant l’aspect idéologique. Plutôt que de chercher à opposer entre eux les divers pans de l’histoire militaire biélorusse, en cherchant à rejeter en bloc un passage pour une raison ou une autre, il conviendrait peut-être mieux d’en étudier la richesse et la diversité, afin de cerner l’histoire de ce pays et les sacrifices consentis en son nom.
Si vous avez aimé cet article, nous vous conseillons également :
Bibliographie
Sources
Document N°2450, Belorusskie buržuaznye nacionalisty (rus. Nationalistes bourgeois biélorusses), École supérieure du KGB près le Conseil des Ministres de l’URSS, 1957, déclassifié par les archives centrales du service de sécurité de l’Ukraine en 2008.
Instruments de travail
BARYS S., Biełaruskija pieśni i himny (biél. Chants et hymnes biélorusses), Minsk, A. M. Varaksin, 2012.
TARASAŬ K., Kryž pamiaci, mieč liosu. Karotki spis vojnaŭ, strataŭ, represijaŭ, jakija zviedała Biełaruś za tysiačahoddzie. (biél. Croix de la mémoire, épée du destin. Courte liste des guerres, pertes, répressions, qu’a connu la Biélorussie en un millénaire), Minsk, Liakuna, 2001.
Ouvrages généraux
ARLOŬ Ul., Ad Połacku pačaŭsia svet (biél. La lumière naquit à Polack), Minsk, Ryftur, 2005.
ARLOŬ Ul., Iliustravanaja Historyja. Kraina Biełaruś (biél. L’histoire illustrée. Le pays Biélorussie), Martin, NEOGRAFIA, 2003.
KRAUCEVIČ A., SMOLENČIUK A., TOKT’ S., Belorusy, naciâ Pograničʹâ (rus. Biélorusses, une nation de la Frontière), Vilnius, Université humaniste européenne, 2011.
Ouvrages spécialisés
KLEIN A., Banderia apud Grunwald (lat. Bannières à Grunwald). Polish banners at Grunwald (1410), Lodz, Alexander, 2000.
LACHAR V., Voiennaâ istoriâ Belarusi (rus. Histoire militaire de la Biélorussie), Minsk, Charvest, 2018
LACHAR V., Voiennaâ simvolika belorussov. Znamëna i mundiry (rus. Symbolique militaire biélorusse. Étendards et uniformes), Minsk, Charvest, 2014.
ŠNEK Ul., Biełaruskaja Krajovaja Abarona . Uniforma i adznaki. Ilustravany albom. (biél. BKA. Uniforme et signes. Album illustré), Melbourne, Édition du Front de Libération biélorusse, 1984. [Cet ouvrage a été rédigé par Ul. Šnek, major de la BKA, collaborationniste pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est utilisé uniquement à des fins de recherche, vu son utilité particulière dans le domaine uniformologique, et son utilisation ne signifie pas une adhésion aux idées qui y sont exprimées]
[1]«Толькі ў сэрцы трывожным пачую / За краіну радзімую жах, — / Ўспомню Вострую Браму сьвятую / I ваякаў на грозных канях». BARYS S., Biełaruskija pieśni i himny (biél. Chants et hymnes biélorusses), Minsk, A. M. Varaksin, 2012, p. 173.
[2]Parmi les penseurs polonais, l’exemple le plus célèbre et récent historiquement est sûrement celui de Roman Dmowski, chef de la Endecija dans la Pologne de l’entre-deux-guerres ; du côté russe, l’absorption des Biélorusses était justifiée, du temps de la Russie impériale, par la théorie du zapadnorussisme, qui considérait les Biélorusses et les Ukrainiens comme une composante d’un seul et unique peuple russe (cette conception a été reprise officieusement à l’époque soviétique et est très bien illustrée par le document destiné aux futurs membres du KGB, qui admet certes l’existence d’un « peuple biélorusse », mais condamne en même temps les tentatives de « propagande de la particularité du peuple biélorusse par rapport au peuple russe », p5).
[3]Ce qui implique que des éléments politiques ou culturels pourtant majeurs seront, dans la présente étude, laissés de côté afin de ne pas surcharger le contenu.
[4]ARLOŬ Ul., Ad Połacku pačaŭsia svet (biél. La lumière naquit à Połack), Minsk, Ryftur, 2005, p. 15.
[5]La Chronique (russe) des temps passés affirme l’existence de Połack déjà en l’an 862, ce qui fait la ville aussi ancienne que Novgorod, première capitale russe.
[6]Avec les Drygavičy au sud (centre à Turaŭ) et les Radimičy à l’Est (actuels Homel et Mahiloŭ).
[7]Premier État ayant rassemblé les Slaves orientaux sous l’autorité, plus ou moins directe, d’un grand prince, tirant son nom de sa capitale, Kiev. Il est à noter que les contemporains parlaient uniquement de la « Rus’ » ou de la « terre Rus’ ». Le terme Rus’ de Kiev est donc une expression historiographique.
[8]LACHAR V., Voiennaja simvolika belorussov. Znamëna i mundiry (rus. Symbolique militaire biélorusse. Étendards et uniformes), Minsk, Charvest, 2014, pp. 7-9.
[9]La Rus’ de Kiev était dirigée par un grand prince de la dynastie Riourikide qui accédait au trône par ancienneté et non pas par primogéniture. Chaque membre mâle majeur de la dynastie devait posséder une terre, ce qui amena au fil des décennies à un morcellement de plus en plus important et à l’érosion de l’autorité centrale.
[10]Contrairement à l’Europe occidentale, les Riourikides n’employaient pas des blasons, mais plutôt des sceaux personnalisés pour chaque nouveau prince.
[11]Pouvant déboucher sur des batailles sanglantes, comme la prise de Novgorod par Usiasłaŭ en 1066 ou sa défaite face aux descendants de Yaroslav à la bataille de la Nemiga en 1067 et la conséquente destruction de Miensk, à la frontière sud de la principauté.
[12]Entre 1251 et 1263 royaume, après le couronnement de Mindaugas en tant que « Rex Lituaniarum » après sa conversion au catholicisme.
[13]Ces derniers étant appelés « Ruthènes ». Est très intéressant le fait que la langue de chancellerie était qualifiée de « ruthène » (Adam Mickiewicz parle de « rusniaque » dans le second tome de son cours sur les Slaves au Collège de France en 1840), alors que les ancêtres des Biélorusses, dont c’était pourtant aussi la langue, n’étaient pas qualifiés ainsi. En effet, on constate que ces derniers étaient considérés (et se considéraient, ce qui est plus important) comme Litviny (biél. Ceux de Lituanie), ce qui se confirme par le fait que Gediminas (Hedymin) ne s’attribua le titre de « duc des Lituaniens et de nombreux Ruthènes » qu’après la prise de Kiev (1324), donnant au pays son nom entier : Grand-duché de Lituanie, de Ruthénie et de Samogitie. Au fil du temps, le terme « Litviny » a commencé à être employé pour les catholiques du Grand-duché, Baltes ou Slaves, tandis que « Rusiny » (Ruthènes) est devenu un facteur d’identification pour les orthodoxes, même si les frontières pouvaient être souples. Ainsi, l’auteur de la première traduction de la Bible en langue biélorusse, Francysk Skaryna, indique être un Litvin dans ses documents à l’université de Cracovie en 1506 (ce qui s’explique par sa naissance sur le territoire du Grand-duché), mais en tant que Rusin à l’université de Padoue en 1512 (ce qui peut indiquer le fait qu’il soit un Slave oriental). Or, sa foi nous demeure inconnue, donc le critère religieux a ses limites.
[14]Nous laissons de côté les étapes de la formation du blason qui seraient trop encombrantes pour le récit.
[15]KLEIN A., Banderia apud Grunwald (lat. Bannières à Grunwald). Polish banners at Grunwald (1410), Lodz, Alexander, 2000, p. 110 ainsi que LACHAR V., Op. Cit., p. 16.
La représentation graphique est l’emblème de la voïvodie (unité administrative) de Minsk : sa particularité est la couleur blanche du cheval et un caparaçon rouge. Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b8/Banner_of_Miensk_Voivodeship.svg/1920px-Banner_of_Miensk_Voivodeship.svg.png
[16]La composition ethnique des bannières nous est, malheureusement, inconnue, mais il paraît peu vraisemblable qu’au Moyen Age la bannière ne soit pas composée, au moins en grande partie, par les habitants du district de recrutement dont elle porte le nom.
[17]Article 12 du Statut de 1588.
[18]État fédéral fondé par l’Union de Lublin de 1569, conséquence de l’union dynastique existant déjà depuis l’Union de Kreva de 1385 entre les deux États.
[19]En effet, les territoires biélorusses étaient progressivement incorporés à la Russie dès le XVII siècle avec l’affaiblissement constant de la République des Deux Nations.
[20]« Un tel peuple, possédant depuis la nuit des temps une même langue et issu d’une même tribu avec les Russes, nulle part ni jamais ne saura être aussi heureux et loti que lorsqu’il fusionnera dans un tout uni avec la puissante et belle Russie » (KRAUCEVIČ A., SMOLENČIUK A., TOKT’ S., Belorusy, naciâ Pograničʹâ [rus. Biélorusses, une nation de la Frontière], Vilnius, Université humaniste européenne, 2011, p147).
[21]LACHAR V., Voennaâ istoriâ Belarusi (rus. Histoire militaire de la Biélorussie), Minsk, Charvest, 2018, p206.
[22]https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5f/Husar_7_belorus.jpg
[23]Ibid., pp. 208-211.
[24]Quatre d’uhlans et un de chasseurs à cheval. (Ibid., « Voiennaja simvolika », p. 127).
[25]Pour l’historiographie polonaise, 1863 est l’année de l’insurrection de janvier 1863, mais pour l’histoire biélorusse, elle est souvent associée à une seule personne : Kastuś Kalinoŭski. Entre autres, il édita la première gazette moderne en biélorusse Mużyckaja prauda (biél. La vérité du paysan), afin d’inciter à l’insurrection non seulement la bourgeoisie et l’aristocratie, mais également la paysannerie.
[26]Photographie ci-contre consultable sur https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/69/Kastuś_Kalinoŭski._Кастусь_Каліноўскі_%28G._Bonoldi%2C_1863%29.jpg/258px-Kastuś_Kalinoŭski._Кастусь_Каліноўскі_%28G._Bonoldi%2C_1863%29.jpg
[27]Il suffit d’observer à ce sujet l’existence de chants populaires l’acclamant comme « notre guerrier », « le guerrier biélorusse Kastuś Kalinoŭski » (BARYS S., Op. Cit., pp. 35-36).
[28]Seront traités de manière prépondérante dans cette partie, par souci de clarté et de concision, les forces antibolchéviques. Le choix s’explique par le fait que la doctrine communiste mise sur l’internationalisme et, reconnaissant au moment de la Révolution l’existence de différences d’identité, elle se limite à un simple usage de la langue nationale, refusant tout lien avec le passé et avec l’histoire, déclarés sombres et opprimants. Ainsi, la très intéressante tentative du LitBel (République socialiste lituano-biélorusse) n’avait pour drapeau qu’un simple étendard rouge. Pareil pour les unités des armées révolutionnaires.
[29]Dernier couplet de de la « Marche guerrière », décrétée hymne de la République populaire biélorusse (auteur M. Kravcoŭ). Ibid., p. 177.
[30]Ci-contre, consultable sur https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/5/50/Flag_of_Belarus_%281918%2C_1991–1995%29.svg/1920px-Flag_of_Belarus_%281918%2C_1991–1995%29.svg.png
[31]LACHAR V., Op. Cit., p. 53.
[32]Ibid., p. 136.
[33](biél. Połacki biełaruski kryž, projet de Kastuś Jezavitaŭ du 21 décembre 1919, la version retenue étant celle de Lavon Vitan-Dubejkoŭski en janvier 1920).
[34]https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/23/Полоцький_Білоруський_хрест.png
[35]https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/1c/Evfrosiniya_cross.jpg/1280px-Evfrosiniya_cross.jpg La représentation date de 1863.
[36]ARLOŬ Ul., Iliustravanaja Historyja. Kraina Biełaruś (biél. L’histoire illustrée. Le pays Biélorussie), Martin, NEOGRAFIA, 2003, p. 74.
[37]ARLOŬ Ul., Op Cit., p. 64.
[38]En effet, les Lituaniens gardèrent en 1918 et en 1991 sur l’écu de Vytis une croix aux barres identiques, alors que les Biélorusses optèrent en 1991 pour une croix inégale, celle de Eŭfrasińnia de Połack.
[39]Slogan fréquemment employé par les insurgés polonais, lituaniens, biélorusses et ukrainiens durant le XIXe siècle. Bien qu’anachronique pour les années 1920, il illustre pourtant l’esprit des unités anti-bolchéviques, faibles en nombre et en hommes, constituées au sein des armées voisines.
[40]Premier couplet du chant du régiment spécial biélorusse de l’armée lituanienne en 1920 (BARYS S., Op. Cit., 2012, p. 47).
[41]Biełaruskaja Vajskovaja Kamisyja (biél. Commission militaire biélorusse). Unité formée au sein de l’armée polonaise entre 1919 et 1920.
[42]Seulement au sein de l’armée lituanienne les Biélorusses portaient des képis semblables aux modèles français, mais il s’agissait plutôt d’un shako fort réduit en proportions qu’un képi bien droit.
[43]Les informations sur les uniformes sont issues de LACHAR V., Op. Cit., pp. 139-151.
[44]https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b8/BNR_Grodno.jpeg
[45]Dernier couplet de l’hymne de l’Union de la jeunesse biélorusse (SBM), organisation fondée par les autorités collaborationnistes lors de la Seconde guerre mondiale sur le modèle des Hitlerjugend (BARYS S., Op. Cit., 2012, p. 185).
[46]Pour ne citer que quelques-uns des organismes de collaboration : Conseil central biélorusse (BCR. Administration civile dirigée par Radaslaŭ Astroŭski, délégué au Premier congrès biélorusse et membre de l’insurrection de Slutsk de 1920), Union de la jeunesse biélorusse (SBM), …
[47]ŠNEK Ul., Biełaruskaja Krajovaja Abarona. Uniforma i adznaki. Iliustravany albom. (biél. BKA. Uniforme et signes. Album illustré), Melbourne, Édition du Front de Libération biélorusse, 1984. Cet ouvrage a été rédigé par Ul. Šnek, commandant de la BKA, collaborationniste pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est utilisé uniquement à des fins de recherche, vu son utilité particulière dans le domaine uniformologique, et son utilisation ne signifie pas une adhésion aux idées qui y sont exprimées.
[48]30e division SS « Weissruthenien » (all. Biélorussie), également fondée en 1944. Les grades, leurs galons respectifs et leurs insignes de col correspondaient, comme dans toutes les unités SS, au modèle allemand.
[49]Visibles ci-contre (même si les galons montrent qu’il s’agit plutôt d’un uniforme SS) sur une photographie d’auteur inconnu de Barys Rahula, chef des unités collaborationnistes de la région de Navahrudak. https://upload.wikimedia.org/wikipedia/be/thumb/9/9f/Барыс_Рагуля.jpg/200px-Барыс_Рагуля.jpg
[50]Projet adopté en avril 1944 selon Viktor Lachar (LACHAR V., Op. Cit., p. 192).
[51]Ordre du 18 mars 1944 (Ibid., p. 191).
[52]Comme, par exemple, le précité en note de bas de page Kastuś Jezavitaŭ, qui fut du temps de la République populaire biélorusse ministre des affaires militaires et dirigeant de la mission diplomatico-militaire en Lettonie et Estonie (c’est-à-dire le commandant suprême de toutes les unités biélorusses auprès des armées de ces pays).
[53]Projet de 1992 de V. Hajsienk (Ibid., pp. 207-209).
[54]Projet de 1992 de N. Kupava (Ibid., p. 216).
[55](rus.) NOVIK V., « Treba žyc, jak nabiažyc » (Biél. expr., Il faut vivre selon le temps). La Grande guerre patriotique dans les souvenirs des habitants du village biélorusse Malaja Vola, in : « Ouest-Est ». Annuaire pratique, Histoire et archéologie, 2010, p. 150.
[56]Refrain de l’hymne officiel de la République de Biélorussie depuis le 3 juillet 2002 (BARYS S., Op. Cit., 2012, p. 164).
[57]Moins évident de faire le même constat pour la période de l’entre-deux guerre, qui vit, notamment dans les années 1937-1938 des répressions de masse de l’intelligentsia biélorusse (ainsi que du clergé et des habitants de certains villages) qui s’organisait peu à peu en RSS de Biélorussie (parmi les personnalités les plus connues fut, par exemple, exécuté le 6 mai 1937 Branislaŭ Taraškievič, linguiste, traducteur et auteur d’une proposition de systématisation de la grammaire et de l’orthographe biélorusse, qui continue d’être utilisée par certains jusqu’à aujourd’hui). [TARASAŬ K., Kryž pamiaci, mieč liosu. Karotki spis vojnaŭ, strataŭ, represijaŭ, jakija zviedała Biełaruś za tysiačahoddzie. (biél. Croix de la mémoire, épée du destin. Courte liste des guerres, pertes, répressions, qu’a connu la Biélorussie en un millénaire), Minsk, Lakuna, 2001].
[58]Ordre du Ministre de la Défense n°174 du 17 mai 1996 (LACHAR V., Op. Cit., p. 218).
[59]Ibid., p. 173
[60]Ibid., « Voiennaâ », p. 336
[61]https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/14/Armed_Forces_of_Belarus_emblem.png
[62]Illustrations et détails présents dans ŠNEK Ul., Op. Cit.