saliens rome

La sodalité des saliens : des prêtres-danseurs au service du temps guerrier dans la Rome antique

Présentation du collège salien

La cité de Rome, dès sa naissance, compta des collèges sacerdotaux au sein de son système institutionnel. Parmi ceux-ci, certains étaient dédiés au culte d’une divinité, tandis que d’autres avaient des tâches plus spécifiques à remplir. Dans le domaine de la guerre, plusieurs collèges ou sodalités, selon la prêtrise concernée[1], jouèrent un rôle important, que ce soit dans le déroulement rituel d’une guerre, dans sa conclusion ou d’un point de vue davantage diplomatique. Cet article vous propose dès lors de découvrir une sodalité liée à la guerre et encore peu connue du grand public : les saliens, ou ceux qui furent surnommés les « prêtres-danseurs ».

Origine et mise en place de l’institution sacerdotale

Considéré à la fin de la période républicaine comme une sodalité archaïque, le collège salien[2] était réservé, au même titre que d’autres prêtrises, aux membres patriciens[3] de la population romaine. Chaque membre, patrimi et matrimi[4], était coopté au sein du collège et la charge était viagère. Néanmoins, un membre pouvait quitter le collège en cas d’élection à une magistrature incompatible avec la charge sacerdotale ou s’il était coopté au sein d’un autre collège[5].

Selon la tradition, rapportée par deux auteurs augustéens, Tite-Live et Denys d’Halicarnasse, l’institution salienne fut mise en place à Rome par le roi sabin Numa Pompilius[6]. Bien que les origines du collège soient obscures, il s’agissait certainement d’une institution partagée au sein du monde italique[7], puisque sont attestés des saliens dans les cités d’Albe[8], de Tibur, de Tusculum et de Véies :

« En tout cas, les habitants de Tusculum eurent aussi des Saliens avant les Romains. […] Certains affirment également que les Saliens furent institués par Morrius, roi de Véiès, afin que soit loué par leur chant Halesus, fils de Neptune, qui était le plus ancien fondateur de la famille de ce même roi. »[9]

D’autres saliens sont mentionnées par Servius, notamment dans des cités grecques :

« D’autres encore disent qu’un certain Salius était un Arcadien qui s’était joint aux Troyens et avait mis en place ce divertissement lors des cérémonies. Quelques-uns cependant soutiennent que c’est Dardanus qui institua les Saliens, lesquels s’acquittaient des cérémonies en l’honneur des dieux de Samothrace. »[10]

L’existence de saliens dans le monde grec est toutefois fort improbable et seule une présence au sein de la péninsule italique est avérée.

Le collège mis en place par Numa, à Rome, était composé de douze membres placés sous le patronage de la divinité guerrière par excellence, Mars, et plus spécifiquement Mars Gradivus[11].

Installés sur le Palatin (d’où leur nom de salii Palatinii), l’une des sept collines de Rome, les saliens étaient chargés de diverses missions : accomplir des rites ouvrant et fermant la saison guerrière et garantir la surveillance et la protection d’un bouclier sacré appelé ancile (ancilia)[12]. Selon la légende, l’ancile, don de Jupiter au peuple romain, serait tombé du ciel. Afin d’éviter toute tentative de vol, onze répliques furent produites et les douze furent placées dans la Regia :

« Au moment où le désespoir était général [s.c. Rome était frappée par une maladie[13]], un bouclier d’airain, à ce que l’on raconte, tomba du ciel et vint choir entre les mains de Numa. […] cette arme, disait-il [s.c. Numa], était venue pour le salut de la ville ; il fallait la garder et en faire onze autres exactement pareilles pour l’aspect, la grandeur et la forme, afin que, grâce à la ressemblance, il fût impossible à qui voudrait la voler de reconnaître celle qu’avait envoyée le dieu du ciel [s.c. Zeus]. »[14]

Le mythe est également rapporté par le poète augustéen Ovide :

« Le ciel commença à s’ouvrir en son milieu. La foule leva les yeux en même temps que son roi. Voici que descend un bouclier porté en douceur par une brise légère : le peuple pousse une clameur qui va jusqu’aux astres. Le roi ramasse le présent à terre […] il le nomme ancile, parce qu’il est arrondi de toute part et ne présente aucun angle, quel que soit le côté qui se présente à la vue. Ensuite, se souvenant qu’à ce bouclier est attaché le sort de la souveraineté, il prend une initiative d’une grande habilité : il fait ciseler plusieurs boucliers sur le même modèle, pour tromper quiconque y porterait les yeux par convoitise. » [15]

Représentation de cinq anciles
Représentation de cinq anciles, Helbig Wolfgang, « Sur les attributs des Saliens », dans Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, vol. XXXVII, n° 2, 1905, pp. 205-276, 2005, Wikimedia Commons

Tite-Live et Denys d’Halicarnasse, auteurs de l’époque augustéenne, rapportent la mise en place de douze saliens supplémentaires par le roi suivant, Tullus Hostilius :

« Dans cette circonstance critique [s.c. la défection des Albains lors de la guerre contre les Sabins], Tullus fait vœu de créer douze Saliens et d’élever des temples à Pâleur et Épouvante. »[16]

« Ce combat également demeurant incertain pendant longtemps, Tullus levant les mains au ciel fit vœu aux dieux, s’il remportait ce jour la victoire sur les Sabins, d’instituer des fêtes publiques de Kronos et de Rhéa […] et de doubler le nombre de ceux qu’on nomme les Saliens. »[17]

Ces saliens se distinguaient du premier groupe par la divinité à laquelle ils étaient attachés, à savoir le dieu Quirinus[18], mais aussi par le lieu où ils étaient installés, sur le Quirinal. Servius, quant à lui, distingue les deux groupes en se fondant sur les chants saliens auxquels il eut probablement accès :

« Hostilius augmenta leur nombre ; car il existe deux sortes de Saliens, comme on l’apprend dans leurs chants : les Collini et les Quirinales, institués par Numa ; les Pavorii et la Pallorii, instituées par Hostilius. »[19]

L’existence de saliens attachés aux abstractions divinisées Pavor et Pallor est toutefois inenvisageable d’après ce qui a été conservé par les sources antiques (seul Servius en fait mention)[20]. Les saliens attachés à Quirinus étaient donc qualifiés de salii Collini dans l’épigraphie[21] et de salii Agonenses ou Agonales dans les textes[22].

Présentation de Rome et de ses collines durant le règne de Romulus (VIIIe siècle av. n. è.)
Présentation de Rome et de ses collines durant le règne de Romulus (VIIIe siècle av. n. è.), Augusta 89, 2018, Wikimedia Commons

Enfin, sans que l’on dispose de suffisamment d’informations sur ceux-ci, des saliens placés sous le patronage d’Hercule sont également évoqués par le poète augustéen Virgile[23] :

« Alors, les Saliens, autour des feux sacrés, se rangent pour les chants, les tempes couronnées de rameaux de peupliers, ici le chœur des jeunes gens, là celui des vieillards, ils chantent la gloire et les hauts faits d’Hercule. »[24]

Ce passage fit l’objet d’un commentaire de Macrobe, auteur et commentateur du IVe siècle de notre ère, qui fait dialoguer ses personnages sur deux erreurs commises, selon eux, par Virgile :

« En effet, il [s. c. Virgile] a attribué des Saliens à Hercule, prêtres uniquement consacrés à Mars dans les temps anciens et il mentionne des couronnes de peuplier, alors que, autour du Grand Autel, seul le laurier est utilisé pour se ceindre la tête, à l’exclusion d’un autre feuillage. »[25]

L’attribution de saliens à Hercule apparaît donc aux yeux du commentateur comme une erreur commise par le poète augustéen, ce qu’attesterait l’absence de toute mention de ce type.

Rôle et place du collège salien dans le paysage institutionnel romain

Les saliens sont principalement connus pour les danses qu’ils effectuaient lors de leurs rites[26] qui ouvraient (en mars) et concluaient (en octobre) la saison guerrière à Rome[27]. Au mois de mars, ces prêtres sortaient les ancilia de la curia saliorum (sur le Palatin) et ils traversaient la ville, en s’arrêtant à certains endroits :

« Il [s.c. le roi Numa] choisit également douze Saliens en l’honneur de Mars Gravidius et leur donna comme costume distinctif une tunique brodée et par-dessus la tunique, une plaque de bronze sur la poitrine. Il les chargea de porter les boucliers tombés du ciel, qu’on nomma ancilia, en chantant des hymnes accompagnés de bonds rythmiques et de danses sacrées. »[28]

Cette danse, caractéristique et attachée à cette prêtrise, intéressait déjà les auteurs antiques. Certains, comme Varron[29], y voyaient même une origine étymologique commune entre le verbe danser (saltire) et salien :

« Les Saliens, tirent leur nom de saltire (danser) parce que, chaque année, sur le Comitium, au cours de leurs cérémonies rituelles, la coutume les oblige à le faire. »[30]

Lors de l’ouverture de la saison guerrière, les boucliers sacrés étaient sortis de la Regia en date du 1er mars. Bien que certaines dates intermédiaires pourraient être évoquées, passons directement au 19 mars, jour de l’exécution de la danse et de la purification des armes (lustratio). À la tête du groupe des saliens se trouvait un magister, directement suivi par le praesul et le vates[31]. Selon un rythme ternaire, les prêtres-danseurs frappaient, à l’aide de bâtons, leurs ancilia tout en chantant – les carmina étaient davantage des prières d’invocation aux divinités que des chants « de loisir » – et en dansant. Quelques fragments de ces chants archaïques ont été conservés et principalement transmis par Varron[32]. Le premier extrait semble reposer sur plusieurs manuscrits différents, d’où les deux traductions ici proposées :

« Consevius lève-toi ! Oui, ouvre toutes les issues ! Sois complaisant ! Maintenant qu’il nous écoute ! Tu es le bon créateur, bon ou bienfaisant, et de loin le meilleur de ces rois. »[33]

« Glorieux Consévius, fais tourner toutes choses, Patulcius ; tu es l’unique, tu es le portier, Janus ; tu es le bon Créateur, le bon Janus. Il viendra, de loin le meilleur des rois. »[34]

Deux autres extraits ont été conservés :

« Chantez-le, le père des dieux, suppliez le dieu des dieux. »[35]

« Lorsque tu tonnes, dieu de la lumière, devant toi tremblent tous les dieux qui t’ont entendu là tonner. »[36]

Rédigés dans un latin archaïque, les chants saliens n’étaient plus compréhensibles pour les Romains, y compris pour les saliens eux-mêmes, à la fin de la période républicaine :

« […] et les vers des Saliens, qui sont à peine compris de leurs prêtres mêmes. »[37]

Grâce à une notice de Festus, il est attesté que les prières du chant étaient adressées à l’ensemble des divinités :

« Étaient dénommés axamenta les ‘chants’ des Saliens composés par les prêtres Saliens, pour l’ensemble des dieux. En effet, les lignes composées pour les dieux en particulier recevaient le nom de ces dieux, comme les compositions en l’honneur de Janus, en l’honneur de Junon, en l’honneur de Minerve. »[38]

Concernant la danse rythmée en trois temps, Tite-Live la mentionne explicitement dans un extrait cité précédemment (I, 20, 4) : « Il les chargea de porter les boucliers tombés du ciel qu’on nomme ancilia en chantant les hymnes accompagnés de trois pas cadencés et d’une danse cérémonielle (canentes carmina cum tripudiis sollemnique saltatu) »[39]. Le terme tripudium[40] ne désignait toutefois pas uniquement les danses exécutées par les saliens. En effet, c’était également une façon particulière de réciter les carmina chez les Frères arvales et une pratique divinatoire, contrôlée par le collège augural, consistant à observer l’appétit des poulets sacrés[41].

Tite-Live distingue donc trois phases dans le rite salien : le chant des carmina, les trois pas cadencés et enfin la « danse sautée »[42]. Denys d’Halicarnasse fournit quelques détails supplémentaires quant au déroulement du rite :

« Tous ces saliens ont pour fonction de danser et de chanter des hymnes en l’honneur des divinités de la guerre. Ils ont une fête qui tombe à l’époque des Panathénées[43], au mois qu’on appelle mars. Elle est célébrée en public et dure de nombreux jours, durant lesquels ils promènent leurs danses à travers la ville, au forum, sur le Capitole, et en de multiples autres lieux tant publics que privés. […] Aux accents d’une flûte, ils se livrent tout armés à des mouvements cadencés, tantôt en chœur, tantôt à tour de rôle, et tout en dansant, ils chantent des hymnes ancestraux. »[44]

Enfin, les derniers témoignages sur la danse des saliens que nous présenterons sont ceux de Plutarque et de Servius :

« Leur danse consiste surtout dans le mouvement des pieds, qu’ils déplacent avec grâce, en dessinant des évolutions et des figures variées sur un rythme rapide et saccadé qui met en valeur leur force et leur agilité. »[45]

« Les saliens entouraient les autels en faisant le tripudium ; tandis qu’ils dansaient armés à la manière ancienne après la victoire des Tiburtins sur les Volsques. »[46]

À l’occasion de l’accomplissement de ces rites, les saliens

« portent des tuniques de couleurs variées qu’ils ceignent d’un baudrier de bronze et sur lesquelles ils agrafent une robe striée et bordée de pourpre que les Romains appellent trabea[47] (c’est un vêtement qui leur est propre et qui marque chez eux une considération toute particulière). Ils ont la tête coiffée de ce qu’on nomme un apex : il s’agit d’un haut bonnet de laine dont la pointe forme un cône. […] Chacun d’eux a une épée à la ceinture, tient dans la main droite une lance, une verge ou un autre objet du même genre, et porte de la main gauche un bouclier thrace. Ce dernier a une forme allongée qui rappelle un losange et comporte une échancrure des deux côtés. »[48]

Les prêtres-danseurs n’étaient pas les seuls à porter l’ancile et la trabea, puisque selon Aulu-Gelle, qui cite Virgile, les augures en portaient également :

« “Et lui, avec l’insigne augural de Quirinus, vêtu de la courte trabée, il siégeait, et de la gauche il portait le bouclier.” »[49]

S’ajoutaient, à l’équipement salien, soit un bonnet (surmonté d’un apex), soit un casque, ainsi qu’une épée et une lance[50].

Représentation d’un salien équipé de la trabea, d’une baguette et d’un apex (bonnet pointu)
Représentation d’un salien équipé de la trabea, d’une baguette et d’un apex (bonnet pointu), A. Rich, Dictionnaire des Antiquités romaines et grecques (1883), 2008, Wikimedia Commons

En dépit des éléments présentés jusqu’à présent, tous les chercheurs modernes ne s’accordent pas à attribuer au collège salien un rapport avec le monde guerrier. L’historien allemand Jorg Rüpke fait ainsi partie de ceux qui contestent cette hypothèse, considérant que nous ne disposons pas, à l’heure actuelle, d’éléments suffisants dans les matériaux antiques (sources littéraires, inscriptions, numismatique et représentations figurées) pour établir avec certitude un rapport entre ces prêtres et la guerre[51].

Un aperçu des saliens dans l’histoire romaine : de la République à l’Empire (509 av. n. è. – 476 de n. è.)

Durant la période républicaine

Dans l’Ab urbe condita de Tite-Live, les saliens ne sont mentionnés qu’à quatre reprises, dont deux fois durant la période royale, lorsque l’auteur relate la mise en place de l’institution[52]. La première mention livienne des saliens durant la période républicaine n’est en réalité qu’une énonciation de la charge (IV, 54, 7). Cet épisode relate des évènements datés de 409 av. n. è. et s’inscrit dans un contexte politique trouble. Alors que le peuple, réuni dans les comices, devait choisir ses nouveaux magistrats, son choix se porta principalement sur les plébéiens, dont trois représentants furent élus[53]. Face à une telle décision populaire, les sénateurs patriciens réagirent en manifestant leur mécontentement :

« Il fallait renoncer, dans ces conditions, à élever des enfants, qui, chassés du rang de leurs ancêtres, se verraient dépossédés par d’autres de leurs dignités et relégués, comme saliens ou comme flamines, dans les seules fonctions de sacrificateurs publics, sans aucune autorité, ni grande, ni petite. »[54]

La charge salienne est considérée comme dénuée d’intérêt par les patriciens, ce qui donne une idée de la conception qu’en avaient les Romains, du moins selon le point de vue de Tite-Live. En effet, pour rappel, Tite-Live était un auteur du siècle augustéen (Ier siècle de n. è.) et, à ce titre, on peut se demander si le contexte religieux et culturel de cette époque n’a pas influencé son récit. Autrement dit, il est possible que les saliens aient été relégués à une fonction sans intérêt sous Auguste, mais que ce n’eut pas été le cas en 408 av. n. è.

L’époque de la deuxième guerre punique (218-201 av. n. è.) représente un tournant majeur dans l’histoire de la religion romaine[55]. Durant cette période, on connaît quelques saliens célèbres. Le premier est mentionné par Valère Maxime, dans ses Faits et dits mémorables[56] :

« L’ombre que tant de consulats si renommés jettent sur Lucius Furius Bibaculus l’empêche presque d’inscrire après Marcellus l’exemple qu’il fournit, mais sa piété filiale ainsi que ses scrupules religieux méritent un éloge dont il ne faut pas le priver. Il était préteur quand sur l’ordre de son père, qui présidait le collège des Saliens, il accepta de porter les boucliers sacrés en se faisant précéder de ses six licteurs, alors que sa magistrature lui donnait le privilège d’être exempté de cette obligation. »[57]

Un autre salien est mentionné par Tite-Live et il s’agit du célèbre consul Publius Cornelius Scipion, dit l’Africain[58] :

« Ensuite, on s’arrêta quelque temps sur l’Hellespont, car il se trouvait que les jours où l’on meut les anciles et qui interdisent les voyages venaient d’échoir. Ces jours-là, P. Scipion, tenu par un scrupule religieux encore plus personnel parce qu’il était salien, s’était séparé de l’armée et son absence à elle seule expliquait qu’on s’attardât à l’attendre. »[59]

Grâce à ces deux passages, on constate que l’extrait de Tite-Live mentionné précédemment, faisant de la fonction salienne une charge sans intérêt, est probablement une projection de son présent augustéen dans son récit. Le cas échéant, comment justifier que près de deux siècles après, un célèbre homme politique, issu d’une vieille famille patricienne (les Scipions), ait exercé de façon scrupuleuse la charge salienne ?

Par ailleurs, le respect que montre le consul dans l’exercice de sa fonction est parfaitement démontré par le fait qu’il « s’était séparé de l’armée » pour des raisons religieuses.

Les saliens étant les gardiens du temps sacré de la guerre, ils rythmaient celui-ci en ouvrant la saison guerrière en mars et en la concluant en octobre. Tite-Live mentionne ici que des jours de fêtes, célébrées par les saliens, tombaient en pleine campagne. Durant ces jours, ils avaient interdiction de voyager. C’est pour cette raison que Scipion, retenu par cette interdiction religieuse, fut contraint de se retirer de son armée[60].

L’Africain ne fut pas le seul homme célèbre à avoir exercé la charge et d’autres noms nous sont parvenus, comme le consul Appius Claudius Pulcher.

Ce dernier a certainement été coopté au plus tard en 167 av. n. è.[61]. Seul Macrobe le cite, dans le livre III des Saturnales :

« Mais pourquoi parler des comédiens, quand Appius Claudius, qui obtint les honneurs du triomphe, et qui, jusque dans sa vieillesse, fut prêtre salien, se fit un titre de gloire d’être, parmi ses collègues, celui qui dansait le mieux ? »[62]

La longévité de Claudius Pulcher au sein du collège salien est néanmoins présentée comme exceptionnelle par les auteurs anciens. Il apparaît, en effet, qu’en dépit du fait que la charge sacerdotale ait été viagère, le collège salien connut un taux de renouvellement de ses membres important[63].

L’historien Jorg Rüpke, qui a fait un recensement de tous les prêtres romains, répertorie des saliens durant toute la période républicaine, puis impériale, jusqu’au IVe siècle de n. è. au moins[64].

Des évènements particuliers peuvent également rappeler l’existence des saliens, comme lors de l’année 101 av. n. è., lorsque les anciliae furent agités avant une guerre :

« Il est mentionné que les boucliers sacrés furent agités avec bruit avant que la guerre des Cimbres fût terminée. »[65]

Sous l’Empire

La survivance du collège salien durant la période impériale est parfaitement attestée dans les sources littéraires et épigraphiques. Sans proposer un inventaire de tous les saliens de l’époque impériale, on note que pratiquement tous les empereurs – hormis ceux ayant subi la damnatio memoriae – ont été cooptés saliens avant, ou pendant leur règne.

Cela a débuté avec Auguste, dont le nom fut ajouté au chant des saliens :

« Mon nom fut inclus, par sénatus-consulte, au chant salien […] »[66]

Tacite, auteur de la fin du Ier siècle de n. è., relate également que l’empereur Germanicus reçut, lui aussi, l’honneur de voir son nom ajouté au chant des saliens[67] :

« Chaque sénateur, selon la force de son affection pour Germanicus ou de son imagination, inventa et fit voter des honneurs : son nom serait célébré dans le chant des Saliens »[68]

Bien qu’aucun témoignage de l’accomplissement des rites saliens durant la période impériale n’ait été conservé, la présence des inscriptions permet d’attester la survivance du collège et, par conséquent, de l’importance, même si elle n’était que symbolique, qu’accordaient encore les Romains au respect des traditions en matière de réglementation du temps sacré de la guerre.

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Bibliographie

Sources primaires

Abrégés des livres de l’Histoire romaine de Tite-Live. Tome XXXIV, Paris, Les Belles Lettres, 1984, CXXIV & 144 p., texte édité et traduit par Jal Paul

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Denys d’Halicarnasse, Antiquités romaines, Paris, Les Belles Lettres, 2004, XIX et 303 p., texte traduit par Fromentin Valérie et Schnäbele Jacques

Denys d’Halicarnasse, Antiquités Romaines. Livre III, Paris, Les Belles Lettres, 2002, XXV & 352 p., texte édité et traduit par Sautel Jacques-Henri

Macrobe, Les Saturnales. Livres I-III, Paris, Les Belles Lettres, 2004, XXV & 364 p., texte traduit par Guittard Charles

Ovide, Fastes, Paris, Les Belles Lettres, 1993, LXIX & 163 p., texte édité et traduit par Schilling Robert

Plutarque, Vie de Numa, Paris, Les Belles Lettres, 1957, LIV & 415 p., texte édité et traduit par Chambry Émile, Flacelière Robert et Juneaux Marcel

Quintilien, Institutions oratoires. Tome I. Livre I, Paris, Les Belles Lettres, 1975, CXXIV & 187 p., texte édité et traduit par Cousin Jean

Res Gestae Divi Augusti. Hauts faits du divin Auguste, Paris, Les Belles Lettres, 2007, CXXXII & 117 p., texte édité par Scheid John

Servius, Commentaire sur l’Énéide de Virgile. Livre VIII, Paris, Les Belles Lettres, 2022, 824 p., texte édité et traduit par Lafond Muriel

Sexti Pompeii Festi De verborum significatu quae supersunt cum Pauli epitomeDe la signification des mots de Sextus Pompeius Festus avec l’abrégé de Paul Diacre »), Stuttgart, Teubner, 1913, XXVIII & 573 p., texte édité par Lindsay Wallace M.

Tacite, Annales, Paris, Les Belles Lettres, 1974, LXII & 201 p., texte édité et traduit par Wuilleumier Pierre

Tite-Live, Histoire romaine. Livre I, Paris, Les Belles Lettres, 1961, CXXXII & 270 p., texte édité par Bayet Jean et traduit par Baillet Gaston

Tite-Live, Histoire romaine. Livre IV, Paris, Les Belles Lettres, 1954, VIII & 258 p., texte édité et traduit par Baillet Gaston

Tite-Live, Histoire romaine. Tome XXVII. Livre XXXVII, Paris, Les Belles Lettres, 2003, CXXXIII & 273 p., texte édité et traduit par Engel Jean-Marie

Valère Maxime, Faits et dits mémorables. Tome I. Livres I-III, Paris, Les Belles Lettres, 1995, 339 p., texte édité et traduit par Combès Robert

Varron, De Lingua Latina. Livre V, Paris, Les Belles Lettres, 1954, VI & 377 p., texte édité et traduit par Collart Jean

Varron, La Langue Latine. Tome III. Livre VII, Paris, Les Belles Lettres, 2019, XLVIII & 109 p., texte édité et traduit par Flobert Pierre

Virgile, Énéide. Tome II. Livres V-VIII, Paris, Les Belles Lettres, 2018, XII & 368 p., texte édité et traduit par Perret Jacques

Sources secondaires

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Rüpke Jorg, Fasti sacerdotum: die Mitglieder der Priesterschaften und das sakrale Funktionspersonal römischer, griechischer, orientalischer und jüdisch-christlicher Kulte in der Stadt Rom von 300 v. Chr. bis 499 n. Chr.Fasti sacerdotum: les membres des sacerdoces et le personnel sacré des cultes romains, grecs, orientaux et judéo-chrétiens de la cité de Rome de 300 av. J.-C. à 499 ap. J.-C. »), vol. 1, Wiesbaden, Franz Steiner, 2005, 646 p.

Rüpke Jorg, Peace and War in Rome. A religious construction of Warfare, Stuttgart, Franz Steiner, 2019, 361 p.


[1] Plusieurs sodalités sacerdotales existaient à Rome (les saliens, les fétiaux, les luperques, les Frères arvales, etc.). Ils constituaient des sortes de petits collèges, figurant aux côtés des grands collèges sacerdotaux (le collège pontifical et le collège augural étant des collèges majeurs, tandis que les quindecemviri sacris faciundis et les septemviri epulones étaient des collèges mineurs).

[2] La principale référence sur ce collège, aujourd’hui datée, est l’ouvrage de Cirilli René, Les prêtres danseurs de Rome : étude sur la corporation sacerdotale des Saliens, Paris, Librairie Paul Geuthner, 1913, 186 p.

[3] Les patriciens représentent un faible pourcentage de la population romaine. Selon la tradition, il s’agissait des descendants des compagnons du premier roi, Romulus.

[4] Chaque membre, au moment de sa cooptation, devait avoir son père et sa mère en vie. Voir Denys d’Halicarnasse, Antiquités romaines, II, 71  ; Festus, De verborum significatu quae supersunt cum Pauli epitome, Stuttgart, Teubner, 1913, XXVIII & 573 p., p. 282, texte édité par Lindsay Wallace M. ; Hild J.-A., « Salii », dans Daremberg Charles (dir.) et Saglio Edmond (dir.), Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, vol. 4, Paris, Librairie Hachette, 1911, 1601 p., p. 1015 ; Linderski Jerzy, « Salii », dans Brill’s new Pauly: Encyclopaedia of the Ancient World, vol. 12, Boston/Leiden, Brill, 2008, LV p. & 1004 col., col. 886

[5] C’est par exemple le cas s’il était élu flamine (prêtre attaché à une divinité en particulier) ou coopté au sein du collège pontifical. Voir Hild J.-A., opcit., p. 1015

[6] Tite-Live I, 20, 4 ; Cicéron, De Republica, 2, 14 ; Plutarque, Vie de Numa, 13

[7] Hild J.-A., opcit., p. 1017

[8] CIL VI, 2170 et 2171 à titre d’exemples.

[9] Servius, Commentaire sur l’Énéide de Virgile. Livre VIII, VIII, 285, Paris, Les Belles Lettres, 2022, 824 p., pp. 89-90, texte édité et traduit par Lafond Muriel : « Habuerunt sane et Tusculani Salios ante Romanos. […] Quidam etiam dicunt Salios a Morrico, rege Veientanorum, institutos, ut Halesus, Neptuni filius, eorum carmine laudaretur, qui eiusdem regis familiae auctor ultimus fuit. »

[10] Servius, op. cit., pp. 89-90 : « Alii dicunt Salium quendam Arcadem fuisse, qui Troianis iunctus hunc ludum in sacris instituerit. Nonnulli tamen hos a Dardano institutos volunt, qui Samothracibus diis sacra persoluerent. »

[11] Mars Gradivus, « celui de la grêle ». Servius dit à ce propos : « En effet, lorsqu’il se déchaîne, Mars porte le nom de Gradivus, lorsqu’il est paisible, celui de Quirinus. Enfin à Rome deux temples lui sont dédiés, l’un, de Quirinus, à l’intérieur de la ville, en tant que gardien paisible, l’autre sur la voie Appienne à l’extérieur de la ville, près d’une porte, en tant que combattant, c’est-à-dire Gradivus (Mars enim cum saeuit Gradivus dicitur, cum tranquillus est Quirinus. Denique in urbe duo eius templa sunt : unum Quirini intra urbem, quasi custodis et tranquilli, aliud in Appia via extra urbem prope portam, quasi bellatoris, id est Gradivi). » Voir Baudou Alban (éd.) et Clément-Tarantino Séverine (éd.), Servius. À l’école de Virgile. Commentaire à l’Énéide Livre I, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2015, 479 p., pp. 208-209

[12] Guittard Charles, « Carmen » et prophétie à Rome, Turnhout, Brepols, 2007, 369 p., p. 68

[13] Selon Plutarque, il s’agissait d’un genre de peste.

[14] Plutarque, Vie de Numa, 13, 2-3, Paris, Les Belles Lettres, 1957, LIV & 415 p., p. 199, texte édité et traduit par Chambry Émile, Flacelière Robert et Juneaux Marcel : « ἀθυμούντων δὲ τῶν ἀνθρώπων ἱστορεῖται χαλκῆν πέλτην ἐξ οὐρανοῦ καταφερομένην εἰς τὰς Νομᾶ πεσεῖν χεῖρας. […] τὸ μὲν γὰρ ὅπλον ἥκειν ἐπὶ σωτηρίᾳ τῆς πόλεως, καὶ δεῖν αὐτὸ φρουρεῖσθαι γενομένων ἄλλων ἕνδεκα καὶ σχῆμα καὶ μέγεθος καὶ μορφὴν ἐκείνῳ παραπλησίων, ὅπως ἄπορον εἴη τῷ κλέπτῃ δι´ ὁμοιότητα τοῦ διοπετοῦς ἐπιτυχεῖν. »

[15] Ovide, Fastes, III, 371-382, Paris, Les Belles Lettres, 1993, LXIX & 163 p., pp. 77-78, texte édité et traduit par Schilling Robert : « A media caelum regione dehiscere coepit. Summisere oculos cum duce turba suo. Ecce levi scutum versatum leniter aura dedicit : a populo clamor ad astra venit. Tollit homo munus caesa prius ille iuvenca […] idque ancile vocat, quod ab omni parte recisum est quaque notes oculis, angulus omnis abest. Tum, memor imperii sortem consistere in illo, consilium multae calliditatis init : plura iubet fieri simili caelata figura, error ut ante oculos insidiantis eat. »

[16] Tite-Live, Histoire romaine. Livre I, I, 27, 7, Paris, Les Belles Lettres, 1961, CXXXII & 270 p., p. 45, texte édité par Bayet Jean et traduit par Baillet Gaston : « Tullus in re trepida duodecim vovit Salios fanaque Pallori ac Pavori. »

[17] Denys d’Halicarnasse, Antiquités Romaines. Livre III, III, 32, 4, Paris, Les Belles Lettres, 2002, XXV & 352 p., p. 65, texte édité et traduit par Sautel Jacques-Henri : « ἰσορρόπου δὲ κἀκείνης τῆς μάχης ἐπὶ πολὺν χρόνον διαμενούσης ἀνατείνας εἰς τὸν οὐρανὸν τὰς χεῖρας ὁ Τύλλος εὔξατο τοῖς θεοῖς, ἐὰν νικήσῃ τῇ τόθ´ ἡμέρᾳ Σαβίνους, Κρόνου τε καὶ Ῥέας καταστήσεσθαι δημοτελεῖς ἑορτάς […] καὶ τὸν τῶν Σαλίων καλουμένων διπλασιάσειν ἀριθμόν. »

[18] Dubourdieu Annie, « Saliens », dans Leclant Jean (dir.), Dictionnaire de l’Antiquité, Paris, PUF, 2015, 2389 p., p. 1941

[19] Servius, op. cit., p. 89 : « Horum numerum Hostilius addidit ; nam duo sunt genera Saliorum, sicut in saliaribus carminibus invenitur : Collini et Quirinales, a Numa instituti, ab Hostilio vero Pavorii et Pallorii instituti. »

[20] Hild J.-A., opcit., p. 1015

[21] Par exemple : CIL VI, 1515 ; CIL VIII, 1182 ; CIL IX, 1123.

[22] Agonenses chez Varron (Lingua Latina, VI, 14), Agonales chez Denys d’Halicarnasse (Antiquités Romaines, III, 32, 4) et Tite-Live (I, 27, 4). Voir Estienne Sylvia, « Saliens », dans Thesaurus Cultus et Rituum Antiquorum, vol. V. Personnel of cult. Cult instruments, Los Angeles, The J. Paul Getty Museum, 2005, XIX & 420 p., p. 85 ; Linderski Jerzy, opcit., col. 886

[23] Pour une étude approfondie du passage de Virgile, voir Miller John F., « Virgil’s Salian Hymn to Hercules », dans The Classical Journal, vol. 109, no 4, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2014, pp. 385-512, pp. 439‑463, [en ligne] https://www.jstor.org/stable/10.5184/classicalj.109.4.0439 (dernière consultation le 21/05/2023)

[24] Virgile, Énéide. Tome II. Livres V-VIII, VIII, 285, Paris, Les Belles Lettres, 2018, XII & 368 p., p. 57, texte édité et traduit par Perret Jacques : « Tum Salii ad cantus incensa altaria circum populeis adsunt evincti tempora ramis, hic iuvenum chorus, ille senum, qui carmine laudes Herculeas et facta ferunt. »

[25] Macrobe, Les Saturnales. Livres I-III, III, 12, 1, Paris, Les Belles Lettres, 2004, XXV & 364 p., p. 227, texte traduit par Guittard Charles : « Nam et Salios Herculi dedit, quos tantum Marti dicavit antiquitas, et populeas coronas nominat, cum ad aram Maximam sola lauro capita et alia fronde non vinciant. »

[26] On peut citer, à titre d’exemple : Bloch Raymond, « La danse guerrière dans l’Italie primitive », dans Revue de l’Histoire des Religions, vol. 153, no 1, Paris, PUF, 1958, pp. 119-148, pp. 138‑140, [en ligne] https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1958_num_153_1_8995#rhr_0035-1423_1958_num_153_1_T1_0140_0000 (dernière consultation le 21/05/2023) ; Bloch Raymond, « Sur les danses armées des Saliens », dans Annales, vol. 13, no4, Paris, Armand Colin, 1958, pp. 625-829, pp. 706‑715, [en ligne] https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1958_num_13_4_2778 (dernière consultation le 21/05/2023) ; Martínez-Pinna Nieto Jorge « La danza de los Salios, rito de integración en la curia » (« La danse des Saliens, rite d’intégration dans la curie »), dans Archivo Español de Arqueología (« Archives espagnoles d’archéologie »), vol. LIII, n°141-142, Madrid, Universidad de la Rioja, 1980, 222 p.,, pp. 15‑20, [en ligne] https://www.proquest.com/openview/cdcc2fdae76ff16feacd53076f144020/1?cbl=1818179&pq-origsite=gscholar&parentSessionId=vILs4wSOTMGYCBnXT5%2FqUOb0x5wHvr3B54XB%2FbEXU8A%3D (dernière consultation le 21/05/2023) ; Prescendi-Morresi Francesca, « Trois pas vers les dieux. Le tripudium entre danse et divination », dans Schlapbach Karin (dir.), Aspects of Roman Dance Culture. Religious Cults, Theatrical Entertainments, Metaphorical Appropriations, Stuttgart, Franz Steiner, 2022, 340 p., pp. 65‑84

[27] L’hypothèse de l’accomplissement de rites saliens au mois d’octobre ne repose que sur un témoignage, celui de Varron (Lingua Latina, VI, 22). Voir Rüpke Jorg, Peace and War in Rome. A religious construction of Warfare, Stuttgart, Franz Steiner, 2019, 361 p., p. 25

[28] Tite-Live, op. cit., I, 20, 4, p. 33 : « Salios item duodecim Marti Gradivo legit, tunicaeque pictae insigne dedit et super tunicam aeneum pectori tegumen ; caelestiaque arma, quae ancilia appellantur, ferre ac per urbem ire canentes carmina cum tripudiis sollemnique saltatu iussit. »

[29] Grammairien romain du Ier siècle av. n. è.

[30] Varron, De Lingua Latina. Livre V, V, 85, Paris, Les Belles Lettres, 1954, VI & 377 p., pp. 54-55, texte édité et traduit par Collart Jean : « Salii ab salitando, quod facere in Comitio in sacris quotannis et solent et debent. »

[31] Alors que la figure du magister est présente dans d’autres sodalités (les Frères arvales), les fonctions de praesul et de vates sont une particularité du collège salien. Voir Guittard Charles, opcit., pp. 62‑63

[32] Chapot Frédéric (dir.) et Laurot Bernard (dir.), Corpus de prières grecques et romaines, Turnhout, Brepols, 2001, 446 p., pp. 231‑232 ; Pierre Maxime, Carmen : étude d’une catégorie sonore romaine, Paris, Les Belles Lettres, 2016, 330 p., p. 123

[33] Varron, La Langue Latine. Tome III. Livre VII, VII, 26, Paris, Les Belles Lettres, 2019, XLVIII & 109 p., pp. 11-12, texte édité et traduit par Flobert Pierre : « Cozeui oborieso ! Omnia vero adpatula, comis es. Iam cusiad nes ! Duonus cerus es, duonus manusue et pomelios eum recum. »

[34] Chapot Frédéric (dir.) et Laurot Bernard (dir.), op. cit., p. 231 : « Cozeui adoriose, omnia vertitod, Patulti ; oenus es iancus, Ianus, es, duonus Cerus es, duonus Ianus. Veniet potissimum melios eum recum. »

[35] Varron, VII, 26, op. cit., p. 12 : « Divum em patrem cante, divum deo supplicate. »

[36] Chapot Frédéric (dir.) et Laurot Bernard (dir.), op. cit., p. 231 : « Quonne tonas, Leucesie, prai tet tremonti quot ibei tet dinei audiisont tonase. »

[37] Quintilien, Institutions oratoires. Tome I. Livre I, I, 6, 40, Paris, Les Belles Lettres, 1975, CXXIV & 187 p., p. 115, texte édité et traduit par Cousin Jean : « […] et Saliorum carmina vix sacerdotibus suis satis intellecta. »

[38] Festus, op. cit., p. 3, traduction de Guittard Charles : « Axamenta dicebantur carmina Saliaria, quae a Saliis sacerdotibus componebantur ; in universos <deos omnes> composita. Nam in deos singulos versus ficti a nominibus eorum appellabantur, ut Ianuli, Iunonii, Minervii. »

[39] Tite-Live I, 20, 4, op. cit., p. 33 : « caelestiaque arma, quae ancilia appellantur, ferre ac per urbem ire canentes carmina cum tripudiis sollemnique saltatu iussit. »

[40] L’étymologie du terme est la suivante : tris et pes. Tripudium pourrait donc être traduit par « trois pieds ». Le tripudium consistait « à frapper les pieds par terre en composant des unités de trois ». Voir la définition proposée par Prescendi-Morresi Francesca, op. cit., p. 66

[41] Ibid., p. 65

[42] Ibid., p. 71

[43] Il s’agit des jours de fête en l’honneur de Minerve, les Quinquatria (19-23 mars).

[44] Denys d’Halicarnasse, II, 70, 1-2 et 5, Paris, Les Belles Lettres, 2004, XIX et 303 p., p. 201, texte traduit par Fromentin Valérie et Schnäbele Jacques : « οὗτοι πάντες οἱ σάλιοι χορευταί τινές εἰσι καὶ ὑμνηταὶ τῶν ἐνόπλων θεῶν. Ἑορτὴ δ´ αὐτῶν ἐστι περὶ τὰ Παναθήναια ἐν τῷ καλουμένῳ Μαρτίῳ μηνὶ δημοτελὴς ἐπὶ πολλὰς ἡμέρας ἀγομένη, ἐν αἷς διὰ τῆς πόλεως ἄγουσι τοὺς χοροὺς εἴς τε τὴν ἀγορὰν καὶ τὸ Καπιτώλιον καὶ πολλοὺς ἄλλους ἰδίους τε καὶ δημοσίους τόπους […] Κινοῦνται γὰρ πρὸς αὐλὸν ἐν ῥυθμῷ τὰς ἐνοπλίους κινήσεις τοτὲ μὲν ὁμοῦ, τοτὲ δὲ παραλλὰξ καὶ πατρίους τινὰς ὕμνους ᾄδουσιν ἅμα ταῖς χορείαις. »

[45] Plutarque, Vie de Numa, 13, 8, op. cit., p. 200 : « Ἡ δὲ ἄλλη τῆς ὀρχήσεως ποδῶν ἔργον ἐστί· κινοῦνται γὰρ ἐπιτερπῶς, ἑλιγμούς τινας καὶ μεταβολὰς ἐν ῥυθμῷ τάχος ἔχοντι καὶ πυκνότητα μετὰ ῥώμης καὶ κουφότητος ἀποδιδόντες. »

[46] Servius, op. cit. : « Salii sunt, qui tripudiantes aras circumibat. Saltabant autem ritu veteri armati post victoriam Tiburtinorum de Volscis. »

[47] La trabea a une forme dérivée de la toga, se différenciant uniquement par sa couleur pourpre. Elle était portée par les saliens et les membres de l’ordre équestre. À l’époque royale, elle était portée par le roi, puis par les consuls qui ne la sortaient que pour certaines occasions spéciales (par exemple, pour l’ouverture du temple de Janus). Voir Estienne Sylvia, opcit., p. 86

[48] Denys d’Halicarnasse, II, 70, 2-3, op. cit., p. 199 : « χιτῶνας ποικίλους χαλκαῖς μίτραις κατεζωσμένοι καὶ τηβέννας ἐμπεπορπημένοι περιπορφύρους φοινικοπαρύφους, ἃς καλοῦσι τραβέας (ἔστι δ´ ἐπιχώριος αὕτη Ῥωμαίοις ἐσθὴς ἐν τοῖς πάνυ τιμία) καὶ τὰς καλουμένας ἀπίκας ἐπικείμενοι ταῖς κεφαλαῖς, πίλους ὑψηλοὺς εἰς σχῆμα συναγομένους κωνοειδές […] Παρέζωσται δ´ ἕκαστος αὐτῶν ξίφος καὶ τῇ μὲν δεξιᾷ χειρὶ λόγχην ἢ ῥάβδον ἤ τι τοιοῦθ´ ἕτερον κρατεῖ, τῇ δ´ εὐωνύμῳ κατέχει πέλτην Θρᾳκίαν· ἡ δ´ ἐστὶ ῥομβοειδεῖ θυρεῷ στενωτέρας ἔχοντι τὰς λαγόνας ἐμφερής. »

[49] Aulu-Gelle, Nuits attiques. Tome II. Livres V-X, V, 8, 1, Paris, Les Belles Lettres, 1978, XV & 228 p., p. 11, texte édité et traduit par Marache René : « ‟Ipse Quirinali lituo parvaque sedebat. Subcinctus trabea laevaque ancile gerebat.” »

[50] Estienne Sylvia, opcit., p. 86

[51] Rüpke Jorg, op. cit., p. 26

[52] Tite-Live I, 20, 4 ; I, 27, 7 ; IV, 54, 7 et XXXVII, 33, 7.

[53] Sur les quatre questeurs, seul K. Fabius Ambustus est patricien. Voir Broughton Thomas Robert Shannon, The magistrates of the Roman Republic. Volume I : 509 B.C.-100 B.C., New York, American Philological Association, 1951, XIX & 578 p., pp. 77‑78

[54] Tite-Live, Histoire romaine. Livre IV, IV, 54, 7, Paris, Les Belles Lettres, 1954, VIII & 258 p., pp. 87-88, texte édité et traduit par Baillet Gaston : « negare, si ea ita sint, liberos tollendos esse, qui pulsi maiorum loco cernentesque alios in possessione dignitatis suae, salii flaminesque nusquam alio quam ad sacrificandum pro populo sine imperiis ac potestatibus relinquantur. »

[55] Voir par exemple Lacam Jean-Claude, Variations rituelles : les pratiques religieuses en Italie centrale et méridionale au temps de la deuxième guerre punique, Paris, De Boccard, 2010, 400 p.

[56] Ouvrage rédigé au Ier siècle de n. è. en l’honneur de l’empereur Tibère. Les Faits et dits mémorables sont une sorte de compilation des hauts faits d’hommes républicains, en matière de politique, de religion ou encore de diplomatie.

[57] Valère Maxime, Faits et dits mémorables. Tome I. Livres I-III, I, 9, Paris, Les Belles Lettres, 1995, 339 p., p. 103, texte édité et traduit par Combès Robert : « Obruitur tot et tam illustribus consulatibus L. Furius Bibaculus exemplique locum vix post Marcellum invenit, sed pii simul ac religiosi animi laude fraudandus non est. Qui praetor a patre suo collegii Saliorum magistro iussus sex lictoribus praecedentibus arma ancilia tulit, quamvis vacationem huius officii honoris beneficio haberet. »

[58] Consul en 205 et en 194 av. n. è., Scipion a participé, en tant que tribun militaire, à la bataille de Cannes (216 av. n. è.) opposant Rome aux troupes carthaginoises. Broughton Thomas Robert Shannon, opcit., p. 237

[59] Tite-Live, Histoire romaine. Tome XXVII. Livre XXXVII, XXXVII, 33, 6-7, Paris, Les Belles Lettres, 2003, CXXXIII & 273 p., p. 53, texte édité et traduit par Engel Jean-Marie : « Stativa deinde ad Hellespontum aliquamdiu habuerunt, quia dies forte quibus ancilia moventur, religiosi ad iter, inciderant. Idem dies P. Scipionem propiore etiam religione, quia Salius erat, diiunxerant ab exercitu ; causaque et is ipse morae erat, dum consequeretur. »

[60] Hild J.-A., opcit., p. 1015

[61] Broughton Thomas Robert Shannon, opcit., p. 436

[62] Macrobe, op. cit., III, 14, 14 : « Sed quid loquor de histrionibus, cum Appius Claudius, vir triumphalis qui Salius ad usque senectutem fuit, pro Gloria obtinuerit quod inter collegas optime saltitabat ? »

[63] Estienne Sylvia, opcit., p. 85

[64] Rüpke Jorg, Fasti sacerdotum: die Mitglieder der Priesterschaften und das sakrale Funktionspersonal römischer, griechischer, orientalischer und jüdisch-christlicher Kulte in der Stadt Rom von 300 v. Chr. bis 499 n. Chr. (« Fasti sacerdotum: les membres des sacerdoces et le personnel sacré des cultes romains, grecs, orientaux et judéo-chrétiens de la cité de Rome de 300 av. J.-C. à 499 ap. J.-C. »), vol. 1, Wiesbaden, Franz Steiner, 2005, 646 p.

[65] Abrégés des livres de l’Histoire romaine de Tite-Live. Tome XXXIV, LXVIII, 10, Paris, Les Belles Lettres, 1984, CXXIV & 144 p., p. 87, texte édité et traduit par Jal Paul : « Ancilia cum strepitu mota esse, antequam Cimbricum bellum consummaretur, refetur. »

[66] Res Gestae Divi Augusti. Hauts faits du divin Auguste, 10, 1, Paris, Les Belles Lettres, 2007, CXXXII & 117 p., p. 10, texte édité par Scheid John, traduction personnelle : « Nom[en me]um [sena]tus c[onsulto inc]lusum est in saliare carmen […] ».

[67] Cet honneur fut également accordé à Drusus (Tacite, Annales, IV, 9).

[68] Tacite, Annales, II, 83, 1, Paris, Les Belles Lettres, 1974, LXII & 201 p., p. 136, texte édité et traduit par Wuilleumier Pierre : « Honores, ut quis amore in Germanicum aut ingenio validus, reperti decretique : ut nomen eius Saliari carmine caneretur »

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