Film réalisé par Antoine Fuqua en 2003, Les larmes du soleil met en scène le sauvetage d’une médecin américaine en mission humanitaire au Nigéria, par les US Navy Seals dirigés par le lieutenant Waters. Mais, durant l’opération, les militaires doivent faire face au refus de la médecin de les accompagner s’ils refusaient de sauver l’ensemble des patients. S’engageant dans la forêt d’un pays en proie à une guerre civile, l’unité d’élite chargée du sauvetage doit donc discrètement acheminer les survivants vers la frontière nigéro-camerounaise, tandis qu’ils sont poursuivis par des rebelles nigérians. La docteure Kendricks et ses patients sont finalement acheminés vers un camp de réfugiés, avant l’arrivée de l’armée américaine.
Reçue de manière assez mitigée, cette œuvre de Fuqua n’en souligne pas moins la dichotomie qui peut exister entre le devoir militaire (intervention armée) et le devoir moral (aide humanitaire) au cours d’une intervention humanitaire.

En droit international, l’intervention humanitaire se définit comme une action armée dans le but d’empêcher de graves violations des droits humains. Elle peut être engagée par un État, un groupe d’États ou bien une coalition internationale sur un territoire étranger pour protéger des populations locales de la violation de droits humains (tortures, génocides…).
L’intervention humanitaire est encadrée par le chapitre 7 de la Charte des Nations Unies qui prévoit les interventions armées en dernier recours en cas de rupture ou de menace de la paix internationale. Cette action doit bénéficier du principe de légitimité aux yeux du Conseil de sécurité de l’ONU, seule instance à disposer de la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Pour autant, en pratique, l’avis de cette instance est peu sollicité pour mettre en place une intervention.
Cependant, les interventions humanitaires peuvent être sujettes à controverses bien qu’elles soient légalement acceptables si toutes les conditions d’application du chapitre 7 sont réunies. En effet, leur application peut contrevenir aux principes fondamentaux du droit international. Dans un premier temps, il y a le droit d’ingérence. Ce dernier repose sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et celui de ne pas s’ingérer dans les affaires internes d’un État. L’intervention humanitaire d’un groupe d’État ou bien d’une coalition sur le sol d’une autre nation peut être considérée comme une violation de ce principe. Cela ouvre la voie à des violation de la souveraineté des pays par d’autres pour des raisons stratégiques, politiques ou économiques.
Dans le cadre d’interventions militaires, il existe aussi un dilemme moral qui s’applique, car des civils peuvent en mourir. Ceci paraît quelque peu contradictoire lorsque l’opération militaire est justifiée par l’argument d’aide humanitaire.
Diverses interventions ont marqué l’histoire de la communauté internationale par leurs controverses, telles que celle de l’OTAN au Kosovo en 1999 ou celle française au Rwanda en 1994. Ainsi pour la première intervention, il a été reproché la trop forte implication du politique dans l’intervention militaire, ce qui a provoqué une inadéquation des moyens employés pour les missions. Quant au génocide au Rwanda, l’intervention de la France a été perçue comme un parti pris dans le conflit, au point de demander aux Casques Bleus de prendre la relève.


Les larmes du soleil souligne ainsi, à sa manière, la difficulté de défendre les droits humains par des moyens militaires, et de la nécessité d’une réglementation claire des interventions humanitaires au niveau international.
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Filmographie :
FUQUA Antoine, Les larmes du soleil, États-Unis, Revolution Studios / Cheyenne Enterprises / Columbia Pictures, 2003, 121 min